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Quel est le point commun entre JCVD, Street Fighter et Michael Jordan ? Ce sont des légendes ! 
Entouré d’experts triés sur le volet, Sébastien Abdelhamid vous invite Dans La Légende.

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Transcription
00:00 Bonjour à tous et bienvenue dans La Légende.
00:02 Dans La Légende, c'est l'émission qui retrace l'histoire de vos émotions.
00:06 On parle de cinéma, de jeux vidéo, de manga, de littérature, de sport.
00:11 On parle de culture.
00:12 Et pour la première fois, et oui, c'est la première fois,
00:15 on n'a pas n'importe qui pour parler de sport,
00:17 puisqu'on va parler du roi Zizou.
00:20 [Générique]
00:31 Et pour parler de Zinedine Zidane, a.k.a. Zizou,
00:35 je suis tellement heureux parce que j'ai un plateau de malade
00:38 et je vais commencer avec M. Roland Courbis.
00:43 Alors, on aurait pu faire une émission spéciale pour toi, sur toi, un documentaire.
00:48 Il faut qu'on fasse ça, Roland. Bienvenue. Merci d'être là avec nous.
00:52 - Ça me fait un plaisir réciproque parce que, bon,
00:56 tout ce qui concerne Zizou, je ne suis pas tellement original,
00:59 mais ça ne me laisse pas indifférent du tout.
01:01 - Tellement heureux que tu sois là.
01:03 À tes côtés, on a Maxime de SoFoot. Bienvenue.
01:05 Très content que tu sois là aussi.
01:07 - Merci pour l'invitation. Je ne suis pas aussi légendaire que mon voisin,
01:10 mais bon, je vais essayer d'apporter ma petite touche.
01:12 - Il brille sur tout le monde. Il brille sur nous tous.
01:15 - On a eu l'occasion de se connaître. C'est un faux modeste.
01:19 - Très bien. Et à tes côtés, on a Paul. Bienvenue.
01:21 Humoriste, journaliste aussi.
01:24 - Mais pareil que Maxime, j'ai l'impression que c'est nous.
01:26 On est là pour écouter Roland qui va nous raconter,
01:28 "En fait, c'est moi qui l'ai lancé. Je suis son deuxième papa et tout."
01:32 Et nous, on va être comme ça et on va l'écouter parler.
01:34 - Mais on est là pour kiffer. - Ça va être magnifique.
01:35 - C'est ça, le principal. Bon, alors, rentrons dans le vif du sujet.
01:39 On va commencer par le début.
01:40 Bah, la jeunesse de Zidane.
01:43 [Musique]
01:49 Messieurs, Zidane, il est donc dans une famille avec plusieurs enfants.
01:54 Comment... Est-ce que vous connaissez un petit peu, on va dire,
01:58 l'éclosion du Zidane vraiment tout jeune et son amour pour le football ?
02:03 Roland, peut-être tu...
02:04 - Oui, disons que tout ce qui se passe du côté de Marseille
02:07 ne me laisse pas indifférent.
02:09 C'est un jauvinisme.
02:11 Et c'est vrai que donc, j'ai des relations avec la SECAN.
02:17 La SECAN, à l'époque, c'est un club qui a un centre de formation monstrueux.
02:23 - Très réputé. - Avec des gens très compétents.
02:26 Pour vous donner une idée, il y a un concours de circonstances
02:29 qui fait que, dans cette époque-là, dans le centre de formation,
02:33 on aurait pu faire jouer en même temps un dénommé Mikou,
02:38 un dénommé Vira, un dénommé Zizou et un dénommé...
02:45 Bon, j'ai oublié le quatrième, mais ça va me revenir.
02:48 Ça aurait pu faire un milieu extraordinaire.
02:52 Et donc, il y a un jeune du côté des quartiers nord de Marseille
02:58 qui joue à Septembre, mais il y en a deux, trois qui sont intéressants
03:03 pour la cellule de recrutement de la SECAN.
03:08 Et le gars qui s'occupe de la cellule de recrutement de la SECAN
03:12 va voir un autre joueur qui joue avec Zizou.
03:15 Et comme souvent, ça se passe dans le métier de recruteur,
03:19 ce jour-là, il voit quand même un dénommé Zinedine Zidane,
03:25 pas facile avec tous ces Z, là.
03:27 Donc Zinedine Zidane, être quand même assez talentueux
03:35 pour justement le noter et aller le revoir.
03:38 Et finalement, il est récupéré par le club de la SECAN
03:42 dans ce centre de formation.
03:44 Donc je suis au courant qu'il y a à la SECAN
03:47 un jeune Marseillais des quartiers nord,
03:49 qui en plus, c'est le quartier où je suis né,
03:53 qui est du côté de la SECAN.
03:56 Et après, on peut passer à autre chose.
03:58 – Il a quel âge ? Avant d'arriver à Cannes,
04:01 entre septembre et Cannes, il a 14, 15 ans ?
04:04 – 15 ans, 16 ans grand maximum.
04:08 Et moi, quand je me retrouve, par concours de circonstances,
04:12 avec Alain Aflelou, qui récupère les Girondins de Bordeaux,
04:18 qui me choisit pour l'accompagner, alors qu'il est là depuis un an
04:25 et qui vient de vivre la remontée des Girondins de Bordeaux
04:28 qui avait été rétrogradée administrativement.
04:31 On se retrouve avec Alain Pedretti pour traiter un transfert
04:37 d'un milieu qui nous intéresse, un petit gaucher, Jean-François Daniel.
04:43 Et donc on se retrouve à Cannes,
04:46 et à un certain moment de la conversation,
04:50 je demande "Et où vous en êtes avec Marseille ?"
04:53 J'ai vu dans les journaux qu'il y avait Oman Beyik et Zinedine Zidane
04:58 que vous transférez à Marseille, et il me répond "Ben oui, ça devait se faire,
05:05 mais finalement ça ne se fait pas".
05:08 Ah bon, donc, évidemment, quand j'entends ça…
05:11 – Roland il enregistre, il ne parle pas, il ne dit rien.
05:14 – Oui, mais je ne fais pas qu'enregistrer, j'écrase le pied d'Alain Aflelou,
05:19 et Alain Aflelou, en ce qui concerne les affaires et les négociations,
05:22 il n'y a pas besoin de lui écraser tous les orteils…
05:25 – Ah, il voit bien, il a les yeux en face des troupes.
05:27 – Il voit bien qu'un dénommé Zinedine Zidane
05:29 peut être intéressant pour les Girondins de Mordeau.
05:31 Il enchaîne tout de suite la négociation,
05:34 je me rappelle, nous sommes dans une période où c'est le franc,
05:38 donc là, il demande le prix, on lui dit 5 millions de francs,
05:45 il fait une contre-proposition à 3 millions,
05:47 ça se fait finalement à 3 millions et demi.
05:50 Moi, par curiosité, je demande pourquoi Marseille ne le prend pas,
05:55 il me répond "ben, ils le trouvent trop lent".
05:57 – Juste 3 millions de francs, aujourd'hui, ça fait 450 000 euros, c'est ça ?
06:02 – Oui, ce n'est pas grand-chose.
06:03 – Aujourd'hui, c'est…
06:05 – Mais à l'époque, le marché actuel, c'est ridicule.
06:07 – C'est il y a 30 ans, les amis.
06:08 – C'est intéressant de le dire, les mecs qui nous regardent sur YouTube.
06:11 – Oui, le contexte économique, mais on est passé un petit peu vite sur Cannes,
06:13 à Cannes, il se fait remarquer déjà, Zidane ?
06:16 – Ah ben oui, c'est d'ailleurs pour ça qu'il fait quelques matchs en première division,
06:21 il marque un but contre le Paris Saint-Germain,
06:24 qui donc le fait connaître un petit peu plus.
06:28 Il y a Luis Fernandez qui est son entraîneur à l'époque,
06:32 évidemment, il en dit le plus grand bien,
06:35 donc on a vu quelques images, même si nous ne sommes pas dans l'époque d'aujourd'hui,
06:40 où on voit aujourd'hui le moindre petit détail quand il y a un but,
06:45 là, ce n'est pas tout à fait pareil, mais on récupère ce jeune joueur.
06:50 Au niveau du fait qu'on ait pu le considérer comme lent du côté de Marseille,
06:56 je donne une précision, bon, des conneries, on en fait tous,
07:00 mais là, le fait de dire lent, oui, dans le gestuel, il est lent,
07:07 mais ce qui est quand même extraordinaire chez lui,
07:13 c'est que dans la réflexion, dans la décision et dans l'anticipation,
07:18 c'est monstrueux, là, il va très très vite,
07:21 il va même beaucoup plus vite que monsieur Tout-le-Monde
07:25 en ce qui concerne ses qualités de footballeur,
07:29 donc ça se fait et ensuite, nous débarquons ensemble du côté de Bordeaux.
07:36 - Alors Maxime, tu peux nous parler un petit peu de Cannes
07:39 avant que Roland rapatrie Zidane ?
07:42 - Directement, en même temps, c'est le moment où il est mieux connu,
07:44 mais en fait, Zidane, c'est une fratrie, ils sont cinq,
07:48 le grand frère c'est Jamel, qui vivait, quand on a fait le reportage,
07:52 c'était le seul à habiter encore la Castellane,
07:54 à être gardien d'un des bâtiments,
07:56 même si le bâtiment B dans lequel il habitait n'existe plus,
07:58 un des seuls, ensuite il y a Farid, son frère qui a fait du judo,
08:02 qui a été connu en judo.
08:03 - Si je peux te couper, tu m'en excuses ?
08:05 - Pas de souci.
08:06 - En ce qui concerne Farid, qui aujourd'hui, malheureusement, est décédé,
08:11 moi j'ai eu le plaisir de le connaître,
08:13 parce qu'il était très proche de Michel Moulin,
08:16 qui a réussi dans les affaires, et qui était quand même aussi un gars,
08:21 il est toujours passionné, d'ailleurs peut-être futur président de la FEDE,
08:27 donc Michel Moulin m'a toujours dit que Nordine
08:32 était peut-être pas inférieur à Zizou en ce qui concerne...
08:36 - C'est la légende, il était meilleur.
08:38 - Il avait les qualités de footballeur, ce qui est quand même énorme.
08:41 - C'est le troisième, c'est Nordine du coup, avec qui il jouait beaucoup,
08:44 il jouait sur le bitume, c'était son grand frère,
08:46 et en fait Nordine était un peu la star,
08:49 tous les potes, ils nous racontent que c'était Nordine la star,
08:51 et qu'en fait la vraie idole, au-delà d'Enzo Francescoli,
08:53 c'était Nordine, le grand frère de Yazid, qui était un peu son idole.
08:57 Et pourquoi il n'a pas été pris ?
08:58 Parce qu'il était un peu plus sanguin que son frère,
09:01 il y a Ausserre, Sochaux et Saint-Etienne qui étaient sur lui,
09:04 mais ça ne s'est jamais fait,
09:05 et en fait c'est marrant, c'est un de ses copains, Yvon,
09:07 qui raconte qu'il pense que Yazid était déjà beaucoup plus efficace dans son jeu,
09:12 même quand il jouait sur du bitume,
09:13 et l'autre chose, il l'associe, je ne sais pas si c'est vrai ou pas,
09:16 mais comme son frère a fait du judo,
09:18 et donc il explique que Zidane avait un peu plus de maîtrise,
09:22 et que c'est peut-être pour ça qu'il a percé,
09:23 c'est une théorie d'un de ses potes, mais qu'on a bien aimé, nous,
09:26 et c'est comme ça que Zidane après s'est fait remarquer,
09:28 il a fait l'A.S. Forresta, Saint-Henri, Septem,
09:31 il s'est fait repérer, il a fait plein de plateaux,
09:33 le Krebs d'Aix-en-Provence, et puis après il va à Cannes.
09:36 - Mais quand il est à Cannes, est-ce que dans le monde du football,
09:39 on sait déjà que c'est un crack ?
09:41 - Moi je ne pense pas, c'est Coach qui va dire,
09:44 parce que c'est lui qui a le mieux vécu cette époque,
09:46 mais tu ne dis jamais qu'il va être un bon.
09:47 - Talentueux au quai.
09:49 - Toi tu as vu déjà ?
09:51 - Pas à ce point.
09:53 - Mais tu as vu, il y a quelque chose de différent.
09:57 - C'est ça que j'ai pu voir, tout le monde aurait fait pareil que moi.
10:00 - Mais il le remplaçait, il le remplaçait au bout de 30 minutes à Bordeaux au début.
10:03 - Oui, pas tous les matchs quand même.
10:06 - C'est ce qu'on a retenu dans le livre,
10:07 c'est qu'il se faisait souvent, le public de Parc-les-Scures,
10:09 prenait ça un peu pour de la nonchalance,
10:11 parce qu'il était un peu nonchalant, il ne l'était pas encore,
10:13 et en fait pour lui faire comprendre,
10:15 le Coach le faisait sortir assez tôt dans les matchs.
10:17 - Si tu veux, on avait quand même une relation assez sympa et assez proche,
10:24 mais en ce qui concerne Zizou du côté de Cannes,
10:29 c'était un gars qui était considéré comme un des meilleurs joueurs
10:34 qui ait pu passer par Cannes, mais par contre,
10:37 de là à penser à une carrière internationale,
10:41 oui, à la limite, pourquoi pas,
10:43 puisqu'on le voyait bien dans la catégorie des futurs bons,
10:46 voire même des futurs très bons, mais des futurs grands,
10:49 c'est-à-dire la catégorie des Maradona, des Platini, là non, sincèrement non,
10:58 et encore moins dans la catégorie des futurs entraîneurs,
11:02 donc ça on en parlera peut-être après,
11:04 s'il y a vraiment un joueur que je ne voyais pas faire entraîneur prochainement,
11:09 et là il m'a vraiment pris à contre-pied avec une feinte de frappe,
11:13 je ne m'en suis pas remis en tant que l'ancien défenseur que j'étais.
11:17 - Mais ce qu'expliquait Jean Fernandez, son coach de l'époque,
11:19 c'est que contrairement à ses coéquipiers,
11:21 qui étaient peut-être un peu plus de talent pour certains,
11:24 en fait il était tout de suite très, très intéressé par le foot,
11:27 en fait il explique qu'il voyait souvent ses coéquipiers venir le chercher,
11:30 souvent en mobilette, avec une petite copine derrière pour sortir,
11:33 et lui il refusait de sortir, il n'y avait que le ballon,
11:35 et déjà c'est déjà à cette époque-là qu'il a rencontré sa femme Véronique,
11:39 dans le foyer pour mineurs de Cannes,
11:42 il a rencontré et Véronique dans ce foyer-là,
11:44 ils se sont croisés pendant un an et demi, ils ne se sont pas parlé,
11:46 c'est Véronique qui lui a parlé la première,
11:48 et son adjointe toujours qui est Béthonie,
11:50 il l'a aussi croisé à la SCannes, aussi dans ce foyer-là,
11:53 donc en fait c'est vrai que c'est toujours quelqu'un de très, très fidèle,
11:56 et pour lequel je pense que la SCannes a beaucoup compté.
11:59 - Disons que c'est parfait,
12:00 parce que là je n'aurais pas pu rentrer mieux que dans tous ces détails,
12:05 et pour en revenir aussi à la vision qu'on pouvait avoir,
12:09 oui, la vision d'un futur très bon joueur, mais pas à ce point-là,
12:15 à cette époque-là, dans disons la vision d'un joueur de 15-16 ans,
12:22 il y a une marge de progression qui existe, qu'on ne connaît pas,
12:25 et qu'on va la vivre tranquillement,
12:29 d'ailleurs une connerie qui n'a pas été faite,
12:31 et que j'essaie, je dis bien modestement, de combattre,
12:35 pour essayer d'être utile toujours dans le football
12:39 qui m'a accompagné depuis l'âge de 8 ans,
12:42 c'est de faire gaffe, quand on a 16 ans,
12:45 on n'est pas prêt pour jouer dans le très haut niveau,
12:48 vouloir faire battre des records en disant,
12:50 lui il a joué à 16 ans et demi, plus 3 jours et 4 heures,
12:55 et il a battu le record de lui, mais oui, on bat les records,
12:58 et puis après à 29 ou 30 ans, on a l'exemple avec Luxembourg,
13:03 on a l'exemple avec Paganelli, on a l'exemple avec Pogba,
13:06 à 29 ans, ils ont 38 ans sur le plan physiologique,
13:10 parce qu'à 16 ans on ne peut pas aller contre nature,
13:13 sauf si on est un extraterrestre, les ligaments ne sont pas encore bien terminés,
13:17 le cartilage non plus, on joue en première division,
13:22 et ça c'est une énorme connerie qui n'a pas été faite avec Gizou.
13:28 – C'est ce que tu as essayé de faire aussi avec Zidane,
13:30 tu as essayé de le préserver physiquement.
13:32 – Oui, mais il n'avait pas 16 ans et demi quand je l'ai,
13:34 moi il a déjà 19 ans, malgré ce, il y avait quand même…
13:37 – Physiquement il était…
13:38 – Quand on regarde morphologiquement, il a disons les jambes un petit peu arcées,
13:43 ce qui est pas mal pour un footballeur,
13:46 et disons au niveau des genoux, on peut avoir l'inquiétude d'une certaine fragilité,
13:56 donc je pense qu'il faut le muscler, ce qui a été fait du côté de Cannes,
14:01 ce qui a été fait du côté de Bordeaux, et ce qui a été fait après du côté de l'Ayou,
14:06 en plus des entraînements qui étaient nettement au-dessus
14:12 sur le plan de l'intensité que ce qu'on faisait en France,
14:16 mais ça ne veut pas dire qu'ils ont raison surtout du côté de l'Ayou,
14:21 et que nous on est des stupides.
14:23 – Non, non, bien sûr.
14:24 – Il faut que tu saches Roland et que les gens qui nous regardent sachent
14:26 que Sébastien est le plus grand fan de la Juve qui existe ici en France,
14:29 donc quand on arrivera au chapitre de la Juve…
14:31 – Ah oui, on va se faire plaisir, mais là justement,
14:34 donc Cannes, donc qui commence à se faire un petit nom,
14:37 mais comme tu disais Roland et Maxime, c'est pas encore,
14:40 et tu disais aussi Paul, on ne prévoit pas la super star qu'il va être,
14:46 on voit un joueur talentueux.
14:48 – Oui, mais excuse-moi de te couper, ce qui est quand même important
14:50 sur le plan football, c'est que tout le monde me le présente
14:54 comme un numéro 10, je ne suis pas contre,
14:57 mais je préfère le faire un petit peu reculer dans un 8,
15:02 un 8 à côté d'un véritable 6 que nous avons en plus à Bordeaux
15:07 avec Lucas qui ressemble un petit peu au profil de Didier Deschamps,
15:11 c'est-à-dire un gars que je surnommais "le maçon"
15:14 parce qu'il était toujours en train de boucher les trous quand il y avait des trous,
15:18 et Zizou, c'est un 8 qui devenait 10 quand nous avions le ballon,
15:23 ce qui ne l'a pas empêché, malgré que je lui coupais certains moments de match,
15:31 de marquer pour sa première saison une dizaine de buts en tant que numéro 8.
15:36 – Ce qui est énorme, par rapport à Verratti par exemple, c'est 10 buts de plus sur 10 ans.
15:42 – Ce joueur-là, je me disais, c'est un futur numéro 10,
15:45 mais le mettre numéro 10 tout de suite, je pense que ça aurait été une connerie.
15:49 La question que l'on peut se poser et la réponse que nous n'avons pas,
15:54 même si j'ai ma petite idée pour ce qui est de la réponse,
15:57 c'est que s'il n'y a pas ce concours de circonstances
16:00 qui fait qu'on se retrouve avec Alain Aflelou du côté de la SCAN
16:04 pour Jean-François Daniel, et au lieu d'aller à Marseille,
16:08 le Marseille de tapis avec Jean-Pierre Bernays, Jean-Fernandes, Gauthals,
16:14 donc qu'il a trouvé là, c'est très bien qu'il ait trouvé là,
16:18 et je pense qu'être venu à Bordeaux, plutôt que de retourner à Marseille,
16:23 retrouver ses amis d'enfance, qui allaient évidemment être très heureux de le voir,
16:28 je ne sais pas s'il aurait fait la même carrière,
16:31 même si quand je dis je ne sais pas, j'ai quand même mon idée,
16:35 je pense que c'est mieux qu'il soit passé 4 ans du côté de Bordeaux
16:39 avant d'aller à la Youve, plutôt que de retourner à l'OM tout de suite.
16:43 – Je pense aussi, et question par rapport à la personnalité de Zizou de l'époque,
16:47 le Zizou de l'époque, tu disais, il est, j'allais dire introverti,
16:51 mais je ne sais pas si c'est véritablement le terme,
16:53 mais en tout cas il est focus sur le football,
16:55 Roland, toi c'est cette personnalité-là que tu trouves à Cannes
16:59 et que tu ramènes à Bordeaux ?
17:01 – Ah oui, au départ on voit quelqu'un de timide,
17:05 il y a aussi là un autre concours de…
17:08 – C'était Neymar, il faisait des TikTok.
17:10 – Il y a un autre concours de circonstances,
17:12 d'ailleurs je ne sais pas si le titre, je ne vais pas faire votre boulot,
17:16 ça ne serait pas "concours de circonstances" ce qui concerne Zizou,
17:20 parce qu'il y a un coup de chance qui est extraordinaire
17:24 pour son intégration et pour son adaptation,
17:26 parce qu'on ne va pas non plus, même si les Girondins de Bordeaux
17:30 ne sont pas aussi énormes qu'un L'Olympique de Marseille
17:34 ou un Paris Saint-Germain, ça reste quand même les Girondins de Bordeaux
17:38 qui est très proche des plus grands clubs de notre pays.
17:41 – Très bon club de Ligue 2 aujourd'hui.
17:43 – Et de se retrouver avec un dénommé "Dugarry Christophe",
17:49 dit Duga, je pense que ça ne pouvait pas être mieux
17:53 puisqu'il s'était connu dans les U14 ou les U15,
17:57 donc en équipe de France des jeunes,
18:02 et le fait d'avoir Duga qui l'attendait
18:06 et qui lui a facilité l'intégration…
18:09 – Et lui qui était beaucoup plus extraverti…
18:12 – Tout le contraire, et tu sais très bien que quand on est différent,
18:16 c'est valable aussi pour les footballeurs dans une équipe,
18:20 on est différent, on peut être très complémentaire,
18:23 quand on se ressemble beaucoup, on n'est pas très complémentaire,
18:26 et là effectivement, je peux te dire aussi,
18:29 puisque vous êtes passionné dans le moindre détail,
18:32 j'organisais par habitude, autant sur un plan technique,
18:38 pour progresser les tennis-ballon,
18:41 mais il y a plusieurs façons de jouer au tennis-ballon,
18:43 moi je suis contre le 3 contre 3,
18:45 même si ça arrange les entraîneurs, je suis pour le 2 contre 2,
18:50 et le 2 contre 2, alors là, je regardais,
18:55 parce que je passais un petit peu à droite à gauche,
18:57 pour voir un petit peu ce qui se passait dans les trucs,
19:00 c'était chaque fois, mais alors, chaque fois, peut-être une fois,
19:04 parce qu'il y en a un qui était peut-être fatigué,
19:06 c'était ce duo-là qui gagnait le tournoi de tennis-ballon des 2 contre 2,
19:12 mais ils étaient tout simplement injouables,
19:15 et donc les voir jouer au tennis-ballon,
19:18 ce n'était pas seulement le travail que je faisais en tant que coach,
19:23 je me régalais de les voir jouer au tennis-ballon,
19:26 c'était quelque chose d'énorme,
19:29 je ne sais pas si on peut faire mieux que ces deux-là.
19:31 - Est-ce que c'était à l'occasion d'un tennis-ballon
19:33 que tu as trouvé le surnom de Zizou ?
19:37 Parce que c'est toi qui es le père du sport,
19:40 avant c'était Ziz, et après ?
19:42 - Là aussi, c'est un concours de circonstances,
19:44 c'est parce que je ne l'ai pas fait à spray,
19:46 dans le sens qu'évidemment, j'ai l'habitude de moi,
19:49 de te donner un petit peu des surnoms,
19:52 mais je les donne par affection,
19:55 par exemple, on s'appelle Marcel,
20:00 oui, Marcel, c'est gentil de s'appeler Marcel,
20:03 mais si par exemple, dans une relation affective,
20:06 je peux t'appeler Zélou,
20:08 ben je t'appelle Zélou, pareil pour Didier, Didou,
20:11 et là, Zinedine, Zidane, là je me grattais la tête,
20:15 je disais "donc tes parents, qui s'appellent déjà Zidane,
20:19 ils t'ont appelé Zinedine, ouais, ben pourquoi pas,
20:23 c'est pas interdit, et donc, et ton surnom c'est Yazid,
20:28 mais excusez-moi, si je t'appelle Yazid,
20:31 j'ai pas l'impression de t'appeler,
20:33 j'ai l'impression de t'engueuler,
20:35 alors que je ne t'appelle pas pour t'engueuler,
20:37 donc on va quand même Ziz, Zizou,
20:42 je ne vais pas l'appeler Zizouné,
20:44 parce que là c'est un petit peu exagéré,
20:46 après ça va faire des jaloux.
20:48 – Si tu avais été né en 1928 sur l'arc de Triomphe, tu aurais Zizouné,
20:50 Zizouné président, c'était nul.
20:52 – Alors Zizou, je trouvais que ça allait très bien,
20:54 mais jamais je pense que ça va lui rester,
20:57 et que ça va devenir le joueur qu'il a pu devenir avec Zizou,
21:05 et c'est sûr que je suis très heureux d'être celui qui,
21:08 sans le faire exprès, ait eu donc…
21:10 – Tu as mis un mot dans toute la bouche des Français,
21:13 même Macron il n'a pas réussi à faire ça, tu vois, donc bravo,
21:16 j'ai une question Roland, sur Christophe Dugarry, Zizou,
21:20 il y a une légende qui dit que,
21:22 une légende que Dugas s'est un petit peu instauré lui-même,
21:26 qu'il s'il avait voulu, il aurait pu être plus fort que Zizou.
21:32 – Non, ça c'est tout simplement impossible,
21:35 par contre on mélange beaucoup de choses,
21:39 que j'ai essayé, sans fausse modestie,
21:42 de rectifier tout au long de ma carrière,
21:46 il faut faire la différence entre habileté technique,
21:50 c'est-à-dire adresse, donc il y a les Harlem Globetrotters,
21:54 mais les Harlem Globetrotters,
21:56 ils n'ont pas pour autant été des… – Chambres d'ambrosie, bien sûr.
22:00 – Donc quand nous avons l'habileté technique,
22:05 ok, Dugas peut dire, et on peut dire de Dugas
22:10 qu'il avait la même habileté technique qu'un dénommé Zizou,
22:15 c'est-à-dire que ce sont des joueurs que quand ils font un contrôle,
22:18 tu as l'impression que le ballon est un chewing-gum,
22:20 plouf, donc ça arrête, mais par contre,
22:23 en ce qui concerne après la vision du jeu,
22:26 en ce qui concerne après l'intelligence de la passe,
22:30 en ce qui concerne après le flair que l'on peut avoir
22:33 pour se retrouver au premier poteau,
22:35 plutôt qu'au deuxième poteau ou vice-versa pour un attaquant,
22:39 quand on regarde l'habileté technique de Dugas,
22:43 ses possibilités physiques, parce qu'être aussi grand
22:46 que lui et aller aussi vite, c'est très rare,
22:48 le jeu de tête, on peut être très grand
22:51 et ne pas avoir un bon jeu de tête,
22:52 il avait un jeu de tête extraordinaire,
22:54 par contre le flair devant les buts,
22:56 c'était tout le contraire pour moi d'un Deleonis
23:00 que j'avais pu connaître et qui se trouvait lui toujours
23:04 au premier poteau quand il fallait être au premier poteau,
23:06 semblant d'aller au premier poteau pour aller au deuxième et tout,
23:10 ces qualités-là de flair et de vision des choses
23:14 ou de sentir les choses, Dugas ne les avait pas,
23:17 donc ne mélangeons pas les choses,
23:19 Dugas étant en retrait de Zizou,
23:22 pas sur l'habileté technique, là c'est égal,
23:25 sur le flair, des dernières passes et des avant-dernières passes,
23:30 quand on regarde les stats de Dugas,
23:34 avec toutes les qualités qu'il pouvait avoir
23:36 et qu'on regarde le nombre de buts,
23:39 on comprend quand même que là il y a eu une lacune,
23:42 heureusement, quand je dis heureusement,
23:44 c'est que Dugas sinon aurait été dans la même catégorie
23:47 des grands, énormes joueurs,
23:49 alors que moi je le mets dans la catégorie
23:51 des très bons joueurs mais pas des grands joueurs.
23:53 – Platini raconte qu'au début la juve, il voulait Dugarry
23:56 et qu'en fait c'est Platini qui a conseillé au président Agnelli
24:00 de plutôt prendre Zidane, donc c'est ce que raconte Platini,
24:03 donc il serait deux à avoir soufflé le non.
24:05 – Voilà parce qu'on va y venir après,
24:08 Roland a une histoire par rapport à ça.
24:10 – Une anecdote sur le prénom aussi,
24:12 c'est que c'est son papa Smaïl qui raconte dans son autobiographie
24:15 qu'on avait lu pour faire le livre,
24:17 qu'en fait à la base il ne devait pas s'appeler Zinedine,
24:20 son papa Smaïl et sa maman Malika s'étaient mis d'accord pour Yazid,
24:23 et en fait il raconte que c'est une voisine de leur immeuble à Castellane
24:28 qui a convaincu Malika de l'appeler plutôt Zinedine,
24:30 et en fait ils se sont rendus compte un peu de leur erreur après,
24:33 donc en fait sur l'état civil c'est Zinedine,
24:35 à la maison c'était Yazid,
24:37 et puis après le monde grâce à Coach Corbis l'a connu sous le nom de Zizou,
24:40 mais à la base il n'aurait jamais dû s'appeler Zizou parce qu'il devait s'appeler Yazid,
24:43 c'est grâce à une voisine que finalement il s'appelle Zizou.
24:45 – Mais d'ailleurs ce que tu dis, je te rajoute un truc,
24:47 c'est que son surnom ce n'était pas Zinedine, c'était justement Yazid,
24:52 alors donc le prénom qu'il aurait dû avoir,
24:57 et ce prénom, bon je salue tous les Yazids,
25:01 mais moi dans le relationnel, Yazid !
25:06 Donc je ne m'imaginais pas le voir…
25:09 – Non, puisqu'en plus c'est un deuxième prénom,
25:11 donc ce n'est pas forcément son surnom pour toi.
25:13 – Oui, mais c'était son surnom, quand par exemple je l'appelle Zizou par habitude,
25:19 c'est disons parce que je ne veux pas l'appeler Zinedine,
25:24 c'est trop long déjà, mais encore pas non plus Yazid,
25:30 donc c'est pour ça, le surnom de Yazid,
25:34 je suis désolé, c'est peut-être prétentieux, mais il ne me convient pas.
25:37 – Moi je trouve que tu critiques beaucoup les prénoms pour un mec qui s'appelle Roland quand même.
25:40 – Roland avec deux L, je te répare, donc deux L, c'est pour quoi ?
25:44 C'est pour voler. – D'accord, merci pour cette précision.
25:47 – Sinon le verbe voler peut faire passer à autre chose.
25:51 – Mais justement quand il est à Bordeaux,
25:53 Zizou va aussi connaître sa première sélection en bleu,
25:56 comment il est appelé en bleu justement ?
25:59 – En vrai il fait toutes les sélections jeunes avant,
26:01 il fait les 16 ans, les 18, enfin les 20 ans, je dis un peu au hasard,
26:05 mais c'est ça, il fait 16, 18, 20, il y a une forme de logique à le faire venir,
26:11 et il y a ce fameux premier match que vous allez mieux raconter que moi.
26:14 – Le premier match si je me rappelle bien, il se passe, coïncidence,
26:18 – Encore ? – Encore, là c'est plus coïncidence,
26:21 c'est concours de circonstance, donc on peut dire concours de circonstance,
26:24 c'est coïncidence, une fois de plus il se passe à Bordeaux.
26:27 – Chez lui donc, dans son stade, devant sa famille.
26:31 – Chez lui, et l'équipe de France je crois est en train de perdre 2-0,
26:36 – 2-0 contre la Public Tchèque.
26:38 – Quand il rentre, et donc il le fait rentrer en cours de match,
26:43 et on ne peut pas dire qu'il a raté sa rentrée,
26:48 il marque deux buts et donc l'équipe de France s'en sort avec ce match-là.
26:55 Et là vous vérifierez, – Des beaux buts,
26:58 – Des beaux buts magnifiques, notamment le premier du gauche,
27:02 et on s'aperçoit aussi que son pied gauche,
27:05 il était quand même assez à droite aussi du pied gauche,
27:08 il y a cette reprise de volée contre l'Evercusen en plus de ça,
27:11 au lieu de marquer ce but-là dans un match banal,
27:18 il le marque tout simplement en finale de la championnique,
27:22 et au lieu d'être le cinquième but de 5-0, c'est le but de la victoire,
27:25 donc là-dessus on ne peut pas lui reprocher quand même
27:28 d'avoir du nez et d'avoir de la réflexion.
27:31 – Est-ce que tu penses qu'il était ambidextre ?
27:33 Del Bosquet disait qu'il était ambidextre,
27:35 donc qu'il pouvait tirer des deux pieds aussi bien.
27:37 – C'est-à-dire que non, quand même pas,
27:39 qu'il puisse avoir un pied gauche suffisamment à droite pour dire,
27:46 par rapport à la normale, il est beaucoup plus à droite de son pied gauche
27:52 que beaucoup de droitiers, n'oublions pas que quand il est à droite,
27:55 quand on est gaucher, on est moins à droite de son pied droit
27:59 qu'un droitier de son pied gauche, et lui, n'oublions pas aussi
28:03 que quand on est droitier, on a quand même le pied d'appui,
28:07 qui est quand même un pied d'appui qu'on va pouvoir se servir en tant que droitier,
28:12 et quand on fait une reprise de volée comme ça a été le cas,
28:16 on ne pourra jamais savoir, mais j'ai une petite idée là aussi,
28:19 ce qu'il aurait pu se passer s'il avait fallu faire la même reprise de volée
28:24 avec comme pied d'appui le pied gauche qui est quand même moins bon que le pied droit,
28:28 donc ce geste, il est parfait. – Exactement, surtout que tu as l'équilibre parfait,
28:33 et je suis sûr que si c'est l'autre pied d'appui, l'équilibre n'est pas parfait.
28:36 – Eh bien ça aurait été beaucoup plus difficile, mais pour en revenir donc à…
28:41 – L'équipe de France, la Public Check. – À l'équipe de France,
28:43 il y a un truc que vous allez pouvoir vérifier,
28:46 qui alors, sans réponse au moment où je me passe, c'est que,
28:51 aimer, je ne dis pas qu'on puisse considérer ça comme une connerie,
28:58 mais comme une anomalie, et que si je pouvais avoir la réponse,
29:01 et profiter de votre émission pour que vous me la donniez,
29:04 c'est que je crois me rappeler, et d'ailleurs,
29:08 comme je n'ai pas ma langue dans la poche, et que déjà à l'époque,
29:13 j'essayais quand même de réfléchir un petit peu sur des choses que je trouvais anormales,
29:19 il n'est plus sélectionné pendant 4 matchs, et moi avec mon humour et mon…
29:24 – Après ce match-là, il y a 2 buts ?
29:26 – Oui, mon ironie habituelle, je disais "il est con ce Zizou, il va marquer 2 buts",
29:32 et à ce moment-là, maintenant il ne le sélectionne plus,
29:35 il y a une certaine jalousie, il y a quoi dans ce truc-là ?
29:38 Ou alors il aurait fallu qu'il en marque 3,
29:40 il aurait fallu que l'équipe de France gagne à 3-2, 2-2 ça ne suffisait pas,
29:43 donc évidemment ce sont des critiques ironiques,
29:47 mais sans ironie, je n'ai toujours pas compris comment ça pouvait se faire
29:53 qu'après avoir marqué 2 buts en rentrant en cours de match,
29:57 on puisse ne pas être sélectionné dans les 4 matchs.
29:59 – Sur une première sélection.
30:00 – Alors, il y a peut-être la possibilité que je me sois trompé,
30:05 parce que ce truc-là, j'en ai reparlé il y a quelques années de ça,
30:11 et je me rappelle qu'on m'a dit "mais non Roland, tu te trompes",
30:13 et je n'ai pas eu le temps de vérifier.
30:15 – On va vérifier.
30:16 – Vous regarderez, mais sans prétention, je pense que je ne me trompe pas.
30:21 – Et après ces 2 buts, là Zidane, ça ne devient pas juste
30:27 un gros espoir du championnat de France,
30:31 ça devient aussi quelqu'un qui commence à compter
30:34 dans les esprits pour l'équipe de France aussi.
30:36 – C'est Emmez Jacké qui le place, enfin il mise tout sur lui en fait,
30:41 pour le Euro de 96 déjà il le garde alors qu'il est blessé,
30:44 il a un accident de voiture à Bordeaux, il a un hématome énorme sur les fesses,
30:48 il a joué à 70-70% de son niveau, mais il l'a fait jouer titulaire,
30:53 il est passé à côté de l'Euro finalement, il marque ses 2 tirs au but,
30:56 il passe totalement à côté, et parce qu'en fait,
30:58 il faut savoir quand même qu'Emmez Jacké, il se passe de Ginola,
31:00 il se passe de Cantona, et il place ses espoirs dans Zidane.
31:04 – Et à cette époque-là, l'équipe de France n'est pas du tout
31:07 l'équipe de France post-98, c'est-à-dire que personne ne croit
31:10 en l'équipe de France à ce moment-là, avec tu dis, Ginola, Cantona…
31:15 – Et d'ailleurs, l'emmerdeur de tournée en rond que je suis,
31:19 assez souvent, et je le reconnais, à cette époque j'avais noté
31:25 ce que vient de nous dire notre ami, que Cantona, avec ce qu'il fait à Manchester,
31:31 et Ginola, ce qu'il fait à Newcastle, ne soit pas sélectionné
31:36 dans notre équipe de France, dans un euro qui se passe en Angleterre,
31:41 ben là, je n'avais pas la réponse, et par contre, j'ai quand même combattu
31:47 ce qu'on a pu dire, parce que l'équipe de France était allée en demi-finale,
31:52 et qui avait perdu au tir au but contre… – La République tchèque ?
31:56 – Ben encore, finalement, c'est les tchèques qui nous suivent,
31:59 ce n'est pas les tchèques sans provision, donc…
32:01 – Ils veulent ton tarot ! – Les concurrents, ouais !
32:05 Et en ce qui concerne les commentaires que j'ai pu combattre,
32:09 c'est que Aimé Jacquet a eu la bonne idée de ne pas prendre,
32:15 parce qu'on a réussi notre euro, et moi, je ne sais pas si…
32:20 je suis un génie, des fois, je peux dire, excusez-moi de ne pas être un génie,
32:26 ou excusez-moi d'être un génie, c'est-à-dire qu'on est au courant de savoir,
32:31 et on sait déjà ce qui se serait passé avec Cantona et Ginola,
32:35 la possibilité de gagner l'euro avec Ginola et Cantona,
32:39 ça ne vient pas dans nos réflexions, excusez-moi que là,
32:43 je n'ai pas la réponse, de la même façon que quand on me dit
32:47 qu'on a réussi notre euro, que nous avons organisé avec cette défaite
32:51 contre le Portugal, dans une équipe de France sans Benzema,
32:55 pour moi, c'était un échec cet euro, parce qu'après avoir rencontré
32:59 la Roumanie, l'Albanie, la Suisse, l'Islande, ah oui, l'Allemagne,
33:08 en demi-finale à Marseille, qui avait 24 heures de moindre récupération,
33:12 qui avait joué les prolongations contre l'Italie,
33:15 et de voir qu'on rate cet euro, et ce jour-là, peut-être que j'ai porté la scumoune,
33:21 parce que j'ai dit qu'on n'aura peut-être pas la possibilité
33:24 d'être champion d'Europe de très longtemps, pendant de longues années,
33:32 et là j'ai l'impression que pour le moment, j'ai porté la scumoune,
33:37 et j'attends toujours qu'on soit champion d'Europe,
33:39 mais peut-être que dans un an et demi, j'aurai la possibilité de pouvoir me dire
33:44 que tiens, je me suis inquiété pour rien.
33:46 – L'avenir nous le dira, donc Zizou, Jacques, il faut aussi recontextualiser,
33:53 parce que Jacques, après l'euro 96, il n'est pas apprécié, il est détesté,
33:57 avant même la Coupe du Monde, il est complètement détesté,
34:00 personne ne croit en l'équipe de France,
34:02 parmi les Français, honnêtement, personne ne croyait en l'équipe de France,
34:05 mais on va y revenir.
34:06 Donc comment ça évolue après pour Zizou à Bordeaux,
34:09 parce qu'il reste un petit moment à Bordeaux.
34:10 – 4 ans.
34:11 – 4 ans, il prend de l'envergure, du poids…
34:14 – En 96 surtout, avec l'épopée européenne,
34:16 où il met ce lob de 40 mètres contre le Betis-Séville,
34:20 où il sort le Milan-A.C. en demi-finale,
34:22 il perd finalement en finale, mais en fait cette année-là,
34:25 je crois, j'ai relu le livre juste avant,
34:28 Bordeaux finit 16e et lui finit meilleur joueur du championnat de France,
34:32 alors que son équipe finit 16e.
34:33 – Ah le contraste, il est fou.
34:34 – Parce qu'en fait, du coup, ils ont surtout regardé ce parcours,
34:37 où il a été superbe en Coupe d'Europe,
34:39 il sort le Betis-Séville, il fait ce lob-là,
34:42 et il sort le Milan-A.C.
34:43 et du coup il finit quand même meilleur joueur du championnat.
34:45 – Le Betis-Séville, c'est vraiment un match marquant,
34:47 et pour moi, un match charnière pour la carrière de Zizou.
34:50 – C'est son but, surtout.
34:51 – C'est là où toute l'Europe se dit, enfin, arrêtez-moi si je me trompe.
34:56 – Il marque du centre, et du gauche en plus.
34:58 – Encore avec le pied d'appui droit.
35:00 – J'ai l'impression que là, ça éveille la curiosité de toute l'Europe à ce moment-là.
35:04 – Je pense que c'est là aussi où les…
35:06 le championnat de France, je pense que Roland me coupera,
35:10 mais je pense que c'est surtout sur la scène européenne
35:12 et là où ils ont performé, qu'il s'est fait connaître en fait,
35:15 et notamment en Italie, parce que je ne pense pas qu'ils regardaient tous les matchs,
35:18 mais après les réseaux déjà étaient à l'époque bien en place,
35:21 mais c'était moins qu'aujourd'hui,
35:22 donc pour se faire vraiment connaître, il y avait la Coupe d'Europe.
35:25 – Et à ce moment-là, l'Italie, c'était le meilleur des championnats, on peut le dire,
35:29 il y avait une hégémonie et un parterre de stars dans les années 90,
35:34 au milieu des années 90 et après jusqu'à la fin des années 90,
35:37 où vraiment l'Italie, c'était quelque chose d'incroyable.
35:40 Roland, comment la Juve manifeste son intérêt pour Zizou ?
35:46 – Ben disons que ce que je peux savoir et me rappeler aussi,
35:52 parce qu'il y a des choses que je peux oublier,
35:55 je me rappelle aussi qu'il y avait eu une habilité
35:59 en ce qui concerne le métier d'agent d'Alain Migliaccio,
36:04 et quand je dis habilité, c'est d'arriver à convaincre un Zizou
36:12 de venir bosser avec lui, à une certaine époque,
36:19 quand nous l'avons récupéré du côté de Bordeaux,
36:22 il avait un agent qui était, disons, un agent, je dirais, moyen,
36:30 et qui en plus de ça, lui prenait 10% sur ses revenus,
36:36 je ne me rappelle plus du nom de son agent,
36:39 même si je m'en rappelais, je ne me rappellerais plus,
36:41 donc on avait quand même rendu service à Zizou avec Alain Aflelou,
36:47 de pouvoir lui conseiller que pour le moment,
36:52 il ne prenne pas d'agent qui puisse être libéré de son agent
36:57 pour ne plus être ponctionné de ces 10%
37:01 compte tenu que Zizou avait eu son salaire de doublé
37:04 du côté des Girondins de Bordeaux par rapport à ce qu'il gagnait à Cannes,
37:09 donc doubler le salaire c'était quand même à l'époque énorme,
37:12 et aussi Alain Aflelou avait convoqué son agent
37:17 pour lui donner une certaine somme d'argent correspondant
37:21 à 10% du contrat de 4 ans de Zizou
37:28 pour pouvoir être tranquille… – Acheter la liberté de l'agent.
37:33 – Voir après l'agent qui pouvait l'aider à l'accompagner dans sa carrière.
37:40 Et là Alain Mignaccio a été très malin,
37:44 ce qui évidemment avec mes habitudes de pouvoir taquiner Chambray,
37:48 ça ne m'a pas échappé puisque je connaissais Alain Mignaccio
37:52 qui a été un des agents qui est arrivé dans une période
37:58 où il n'y avait vraiment pas beaucoup d'agents,
38:00 il y avait peut-être dans le football français
38:02 une dizaine d'agents… – Ah c'était le boss, l'agent des agents.
38:05 – Voilà pour 300 joueurs, là aujourd'hui il y a 300 agents,
38:08 je ne dirais pas… – Puisqu'il y a un autre marché de transfert,
38:10 c'est avant Bussman… – Et donc les arguments d'Alain Mignaccio,
38:15 c'est ce qui m'a permis de le chambrer,
38:18 Véronique, vous vérifierez si je dis des bêtises,
38:24 était attiré par l'Espagne, et Alain Mignaccio
38:30 avait donné comme argument qu'il avait des relations
38:33 avec le Barça et le Real Madrid,
38:36 qui pouvaient donc permettre à Azizou de rêver
38:43 et de faire profiter Véronique de ce rêve.
38:49 Et quand évidemment, je rencontre sans le faire esprit
38:54 les responsables de la Juve à Cortina Dampedzo,
38:59 on est au mois de décembre, et donc ces gens-là avec Moji Betega…
39:07 – Alors des très grands dirigeants de la Juve,
39:09 Luciano Moji a eu des problèmes par la suite,
39:12 mais moi j'ai approfondi ce bépaudit encore.
39:14 – Il y avait aussi les responsables de l'Inter,
39:17 il y avait les responsables d'Arigosa de Milan,
39:21 donc on se trouvait dans cet endroit-là,
39:23 qui est un endroit en plus magnifique,
39:26 et ils profitaient, et là-dessus on n'avait pas
39:31 les mêmes possibilités que dans notre époque,
39:33 ils profitaient de ma présence pour justement me poser des questions
39:37 sur Wilton, sur Dugarry, on n'avait pas tous ces moyens aujourd'hui,
39:42 les stats, les dada, les pas dada, les mages, les data,
39:46 toutes ces conneries, enfin non, pas ces conneries,
39:48 tous ces progrès qu'après…
39:50 – Ça c'est les connards de soft-foot ça !
39:52 [Rires]
39:53 On en est loin des stats lourds.
39:55 – Tout ces petits détails qu'il y a pu y avoir,
39:59 et donc en ce qui concerne Zizou,
40:05 Alain Migliaccio a réussi quand même à profiter, entre guillemets,
40:13 de ce qui se passait du côté de la Juve,
40:16 je pense, sans fausse modestie, avoir filé un sacré coup de main,
40:23 ce qui m'a permis de féliciter Alain Migliaccio avec ironie,
40:28 en lui disant, bon, félicitations parce que,
40:32 avoir quand même discuté avec Zizou et Vero,
40:39 Vero et Zizou plutôt, et leur avoir fait comprendre
40:42 que dans ta géographie, à toi, Turin c'est en Espagne,
40:48 sincèrement, bravo, et tu récupères là un sacré joueur,
40:56 mais si des fois tu peux me payer un restaurant, sous-entendant,
41:02 peut-être s'il y a même autre chose que de me payer un restaurant,
41:05 j'accepterais, mais j'ai malheureusement pas eu ce restaurant.
41:11 – Ah ouais, même pas un McDo.
41:13 – Et c'est pour ça que je me permets de pouvoir le dire,
41:16 je ne sais même pas si Zizou est au courant.
41:18 – Ah ouais, c'est fou ça.
41:19 – Donc bon, c'est comme ça, mais attention,
41:22 ce n'est pas qu'Alain Migliaccio est radin,
41:24 c'est que certainement il a dû oublier, ça peut arriver à tout le monde,
41:27 mais le problème c'est qu'après, j'ai filé un coup de main
41:29 de la Juve au Real Madrid, que je vous expliquerai tout à l'heure,
41:32 décidément…
41:33 – Ah oui, c'est pas si mal, mais c'est vraiment bon.
41:34 – Pendant que là tu as le mec, le mec qui le fait venir à Bordeaux,
41:37 le mec qui œuvre un peu pour qu'il aille à la Juve,
41:39 et le mec qui œuvre un peu pour qu'il aille au Real.
41:41 – Et pour qu'il s'appelle Zizou. – Et pour qu'il s'appelle Zizou.
41:43 – Et pour remettre dans le contexte la Juve de l'époque…
41:45 – Je ne vais pas faire ce que je te dis, concours de circonstances,
41:47 coïncidences.
41:48 – Et pour remettre dans le contexte de l'époque,
41:50 attention, la Juve du milieu des années 90,
41:53 c'est quand même une grosse grosse machine,
41:56 c'est un club mythique évidemment, je ne dis pas ça parce que c'est le club de mon cœur,
42:00 mais c'est un club qui est très installé
42:02 et qui va aussi faire des éclats sur la scène européenne à cette époque.
42:08 – Disons que ça a quand même été passionnant,
42:12 et aujourd'hui ça me fait énormément plaisir d'en reparler,
42:16 c'est que, en ce qui concerne les discussions que je pouvais avoir
42:21 avec nos amis italiens, qui en ce qui concerne football, passent,
42:29 des fois peut-être ça peut être, à juste titre,
42:32 être un petit peu au-dessus de la moyenne,
42:36 j'essayais de faire comprendre à la Juve, à Cortina Dampez,
42:41 que ce joueur-là était intéressant,
42:44 évidemment par des qualités, encore une marge de progression énorme,
42:50 puisqu'on progresse à tout âge pour moi, et à tous les postes,
42:54 que ce soit président, que ce soit directeur sportif,
42:56 que ce soit joueur, que ce soit entraîneur, que ce soit kiné, enfin bref.
42:59 Et donc j'avais développé comme argument,
43:04 et c'était tout simplement pas des arguments pour que ça se fasse,
43:08 puisque je n'étais pas son agent, le seul truc que je pouvais avoir
43:13 comme récompense, c'est un cadeau de la Juve,
43:16 si justement, ce qui en plus a été le cas, un an après,
43:22 il y a au moins quelqu'un qui m'a fait un cadeau
43:24 dans les plaidoiries que j'ai pu faire, en ce qui concerne Zizou,
43:28 une petite somme d'argent, qui était quand même assez sympa,
43:34 et qui m'a permis à moi de continuer ma vie en étant généreux,
43:38 à droite, à gauche, et ça, ça fait de longues années
43:42 que ça se passe comme ça.
43:44 Donc j'étais quand même assez content,
43:47 mais avant de parler de la récompense que j'ai pu avoir
43:50 du côté de la Juve, il y a aussi les arguments que j'ai pu développer.
43:56 Et la Juve ne voulait pas prendre Zizou parce qu'ils avaient déjà Del Piero,
44:03 et là, j'essayais de faire comprendre que Zizou,
44:12 je l'avais utilisé comme numéro 8, c'est-à-dire que si moi,
44:16 sans être un génie, j'ai pu l'utiliser à Bordeaux
44:20 comme un numéro 8, il n'y a aucune raison et aucun règlement
44:24 que ça ne puisse pas se passer du côté de la Juve.
44:30 Et pour moi, jouer derrière Del Piero et avoir en plein cœur d'une équipe,
44:34 quelle que soit l'organisation de cette équipe,
44:36 un Zidane et un Del Piero, je leur ai rajouté,
44:40 et là, j'ai peut-être porté la scoumoune à Del Piero,
44:43 ou peut-être donc... – Il s'en est remis.
44:47 – C'est que trois semaines, ils disent, bon allez, ok,
44:52 cet argument, il n'a peut-être pas tort le français,
44:58 et Moji, il se met le doigt comme ça, il me dit,
45:02 j'ai décidé et j'ai compris ce que nous allons faire.
45:07 Je dis, oh, tu m'inquiètes, alors vas-y, dis-moi le quand même.
45:11 Il me dit, on va le récupérer et on va l'échanger contre,
45:16 je ne me rappelle plus quel joueur, un très bon milieu, évidemment,
45:20 du côté de l'Inter, et en plus l'Inter était à Cortina, à Dampierge aussi.
45:26 Je dis, mais vous êtes quand même têtu,
45:28 je suis en train de te dire que tu peux faire jouer les deux,
45:32 je peux me tromper, mais une de mes phrases préférées,
45:35 c'est que je peux aussi ne pas me tromper, et si par exemple,
45:38 avec les ambitions que vous avez, les objectifs que vous avez,
45:41 vous êtes à la yoube, donc si par exemple Del Piero,
45:45 qui est quand même le monstre-là, technique, celui qui fait le jeu,
45:51 qui est au carrefour de tout, venait à se blesser,
45:55 eh bien tu n'as qu'à faire monter d'un cran Zidane.
45:57 Il me dit, ça je n'y avais pas pensé, je dis, mais vous mes amis italiens,
46:04 vous n'avez pas pensé, mais vous êtes tellement intelligents
46:07 que dans ma jeunesse, je vous ai surveillés
46:11 et je vous ai aussi récupérés en me disant,
46:16 tiens vous faites même des débats pour savoir
46:19 s'il faut faire jouer Rivera plutôt que Mazzola.
46:24 Eh bien ça, ce débat-là, pour arriver à le faire sans penser
46:27 à un seul instant qu'il n'y avait aucun règlement
46:29 qui interdisait qu'ils puissent jouer tous les deux,
46:31 je vous applaudis, mes mains elles sont faites aussi pour applaudir,
46:36 donc je vous applaudis, donc là, tu es en train de m'expliquer que…
46:41 eh bien j'ai dit, bravo, ça je n'y avais pas pensé,
46:45 et là il commence à réfléchir, il doit se dire,
46:48 bon il ne dit pas que des conneries ce français-là, ce Roland,
46:53 allez, on va le récupérer.
46:54 Et trois semaines après, Del Piero se blesse
46:57 et Zizou monte d'un cran et continue à faire ses progrès
47:03 jusqu'au moment, on en parlera certainement tout à l'heure,
47:06 où il y a eu un départ, et sans le faire exprès, de la Juve à Madrid,
47:11 où là je t'expliquerai ce que j'ai pu faire pour lui rendre service.
47:15 – Avec plaisir, donc on arrive à la Juve, la grande équipe européenne,
47:20 donc ça passe un step par rapport à Bordeaux,
47:22 qui était une grande équipe du championnat de France
47:24 et qui avait un parcours européen, mais là on a vraiment un mastodonte.
47:28 Comment ça se passe, la première année de Zizou à Thura elle est compliquée.
47:32 – Elle est très compliquée, Agnelli dit même, avant qu'il arrive,
47:36 parce qu'il voit son euro où il se loupe,
47:38 il dit à Platini, est-ce que c'est ce joueur-là,
47:41 j'espère que je ne vais pas récupérer le Zidane de l'euro de 96,
47:44 et au début c'est très difficile pour lui, l'E.P.I. a confiance en lui,
47:49 donc il le laisse sur le terrain, mais Agnelli est très mécontent,
47:52 et d'ailleurs Agnelli, au final, son passage à la Juve,
47:55 il a moins marqué que son passage au Real Madrid quand même,
47:58 mais ces premières années c'est difficile pour lui, les entraînements…
48:01 – C'est surtout la première année qui est compliquée.
48:03 – Oui, mais même la deuxième finalement,
48:04 il perd le championnat contre l'Inter à la dernière journée.
48:08 – Oui, mais en termes de… personnellement, Zizou à partir de la deuxième année,
48:12 son jeu commence vraiment à imprégner…
48:14 – Mais il y a un truc que vous ne dites pas encore,
48:16 parce que je ne vous ai pas laissé le temps,
48:18 c'est aussi ces six premiers mois à la Juve qui font que Zinedine Zidane
48:23 devient le Zinedine Zidane qu'on a connu après, moi je suis persuadé.
48:26 – Il a compris quelque chose là-bas.
48:27 – C'est l'exigence au taf… – Physique, physique, bien sûr.
48:31 – Il a compris que maintenant, il n'allait plus sur le terrain pour jouer,
48:34 il allait sur le terrain pour gagner, Zizou s'est devenu un tueur,
48:37 il y a les fameuses anecdotes où il vomit à la fin de l'entraînement
48:39 parce qu'il n'a jamais connu ce type d'entraînement.
48:41 – Ça, on me l'a confirmé d'un autre joueur, de Nicolas Anelka,
48:44 qui m'a dit "la Juve, c'est les entraînements les plus durs que j'ai jamais vu".
48:48 – Et moi je suis persuadé que ces six mois-là dont on parle de manière un peu négative,
48:51 en fait c'est reculer pour mieux sauter, en fait c'est ça qui fait que derrière,
48:54 ça devient, il passe de joueur très talentueux à tueur international
49:00 et meilleur joueur européen de l'histoire et vainqueur de la Coupe du Monde,
49:04 de l'Euro, vainqueur de la Ligue des Champions, c'est devenu un tueur en fait,
49:07 c'est devenu un mec qui gagne en fait.
49:08 – Et puis là-bas il était avec Deschamps.
49:09 – Exactement, on ne dit pas, Deschamps, attention, à la Juve,
49:12 il a un rôle très important, un rôle ingrat, mais important,
49:15 qui n'est pas forcément mis en lumière, mais quand on regarde la Juve jouer,
49:19 on voit à quel point il est important, il est entouré.
49:22 Et il a une relation forte aussi avec la direction de la Juve, avec le président,
49:26 il est, au départ il y a des doutes, mais après tout de suite, il est adopté.
49:31 – Il y a un truc marrant, c'est qu'il y a aussi une espèce de superstition,
49:35 je sais que toi Roland parfois tu es un peu là-dessus aussi,
49:38 où tu sais, il perd deux finales d'affilée je crois,
49:41 deux finales de Coupe d'Europe d'affilée, si je ne dis pas de bêtises,
49:45 et il dit au président, putain j'espère que je ne suis pas le chat noir,
49:49 ça ne vous dit rien cette anecdote ?
49:51 – Ça me dit quelque chose mais…
49:52 – Et le président lui dit, non, non, t'inquiète,
49:55 et jusqu'au moment où il arrive au Réal, il dit à Florentino,
49:59 je te promets président, je ne suis pas le chat noir, je ne suis pas le chat noir,
50:02 et il marque la reprise face à l'Evercoutte.
50:04 – Oui, par rapport à la Coupe d'Europe, parce que, évidemment,
50:06 j'annonce tout de suite, on n'aura pas le temps de terminer toute l'émission,
50:08 on fera une partie 2 si vous êtes disponible pour revenir pour la partie 2,
50:12 on va s'arrêter à l'arrivée au Réal,
50:14 parce que ça serait manquer de respect à Zizou de bâcler tout le reste,
50:19 mais oui, parce que il va courir après,
50:22 et l'Ajuve va courir après la Coupe d'Europe avec Zizou.
50:25 – Pour ce qui est de la vision de Platoche, de Michel Platini,
50:30 en ce qui concerne Zizou, je pense aussi qu'il a dû rappeler,
50:34 certainement au dirigeant de l'Ajuve, que lui aussi,
50:38 l'assisté pour le premier mois, ça n'a pas été facile du tout,
50:44 et en ce qui concerne Zizou, effectivement, je suis d'accord sur le fait
50:49 qu'il est monté d'un cran en ce qui concerne l'intensité des entraînements,
50:57 cette arrivée de la créatine qui était interdite à l'époque en France,
51:04 mais qui finalement n'est pas quand même un dopage,
51:08 comme on a pu le dire à une certaine époque.
51:10 – C'est autorisé maintenant, on vante libre en France.
51:13 – Après, il y a quand même l'Ajuve qui reste un club un petit peu particulier,
51:22 avec certaines histoires un petit peu bizarres,
51:27 mais on n'est pas là pour parler de l'Ajuve, on est là pour parler de Zizou.
51:31 – Non parce que là, Roland, je vais chialer.
51:34 – Toi qui es un grand spécialiste, il est titulaire à cette époque-là à l'Ajuve ?
51:38 – Oui, il est titulaire, Maxime, tu pourras confirmer, il est titulaire,
51:41 et moi en fait, à cette époque-là, pour vous raconter un petit peu mon histoire
51:44 avec Zizou et avec la Juve, à la base je n'aime pas le foot,
51:47 à la base je suis né dans les années 80, j'aime le basket,
51:50 je suis touché par quelques épopées, notamment l'OM en 93, etc.
51:56 mais on n'avait pas les modes de diffusion qu'on avait aujourd'hui,
51:58 donc je n'avais même pas Canal+, etc.
52:00 Et à un moment donné, il y a le Mondial, je vois Badgio jouer,
52:04 et là, ça fait "bim" dans ma tête,
52:07 je commence à voir la Juve sur TF1 en Ligue des Champions,
52:11 au-delà de Badgio, je vois Del Piero, et là je tombe amoureux de la Juve,
52:14 et Zidane arrive à la Juve, et là pour moi ça change tout,
52:17 c'est-à-dire que je n'ai qu'une équipe, je suis monomaniaque, c'est la Juve.
52:20 C'est vraiment… Et à cette époque-là,
52:23 moi je vais chez un pote qui a le Télétext,
52:27 donc c'est l'ancêtre de l'ancêtre de l'ancêtre d'Internet,
52:31 parce qu'on ne voyait pas les matchs,
52:32 on voyait juste les matchs européens dans Ligue des Champions,
52:35 parce qu'on pouvait les voir gratuitement,
52:36 ou sur Canal, parfois, avec l'équipe du dimanche à l'époque,
52:39 on voyait les résumés.
52:40 Donc moi je regardais soit France Football, soit le Télétext,
52:43 pour voir à chaque fois si on avait la composition d'équipe,
52:45 si Zizou avait joué,
52:46 des fois j'attendais une semaine et demie avant d'avoir les résultats des matchs,
52:49 c'était fou.
52:50 Mais il est titulaire, mais surtout, il y a un truc,
52:53 il va avoir vraiment un rôle complémentaire
52:58 avec plusieurs cadres de l'équipe,
53:00 on le dit avec Deschamps, mais même avec Del Piero,
53:02 avec Del Piero il y a une entente vraiment particulière qui se crée
53:06 et qui est extrêmement forte,
53:08 après il y a Inazagi aussi,
53:09 ça va être tout un dispositif,
53:13 pas forcément autour de Zidane, mais avec Zidane,
53:16 qui fait que la Juve, à ce moment-là,
53:18 malgré les échecs européens, c'est quand même très très fort.
53:22 - Ils l'ont protégé, et Lippi raconte qu'à l'époque,
53:25 Zidane vient le voir, il est tellement dans le doute au début,
53:28 qu'il lui demande "Pourquoi Mister, vous ne me mettez pas sur la touche chez Udyr,
53:33 parce que j'ai confiance en toi ?"
53:34 Et finalement, suite à cette discussion-là,
53:36 je crois que c'est le match d'après,
53:37 c'est ce que Lippi raconte, je ne sais pas si c'est pour la légende,
53:39 mais il raconte qu'il marque et que ça a été son déclic,
53:42 et que finalement, lui-même, Zidane s'est posé la question
53:44 de savoir pourquoi il restait titulaire.
53:46 - Mais il y a un fameux match contre le Milan, justement, non ?
53:49 - Je me demande si ce n'est pas celui-là, mais pareil,
53:51 je n'ai pas envie de dire de bêtises,
53:52 mais il y a un match déclic où il marque, et finalement, après, il est lancé.
53:55 Et par rapport à Del Piero, nous, dans le livre,
53:58 il y a une superbe photo un peu mythique,
54:00 c'est une photo qui tourne pas mal sur les réseaux sociaux,
54:02 - Avec Del Piero et Zidane ?
54:04 - Ils sont dans une pizzeria d'autoroute, il y a Del Piero qui est avec sa copine,
54:07 et t'as Zidane qui commence à manger sa petite pizza
54:10 qu'il a achetée sur une pizzeria d'autoroute,
54:12 et en fait, ils sont rentrés ensemble dans un événement
54:15 qui était pour une marque, et ils s'arrêtent sur cette arère d'autoroute,
54:18 et tu vois dans cette photo-là qu'ils sont plus que juste des coéquipiers,
54:21 et je pense qu'ils l'ont mis bien aussi, l'entourage l'a mis bien.
54:24 - Moi, quand j'en parle avec Del Piero,
54:26 parce que j'ai le plaisir de pouvoir parler avec Del Piero,
54:28 quand je lui parle de Zizou, il y a toujours dans ses yeux,
54:32 ses yeux, il brille, c'est vraiment...
54:34 Et on voit que, je veux pas non plus extrapoler,
54:37 mais je ressens Del Piero comme quelqu'un de super sincère,
54:40 et c'est un des footballeurs les plus...
54:42 - Mais tu parles en quelle langue ?
54:43 - Les plus smarts en anglais.
54:45 Les plus smarts et gentils, vraiment, sincèrement,
54:47 que j'ai pu rencontrer.
54:49 J'ai plein de photos à l'appui,
54:51 je vais souvent le voir dans son restaurant en plus, etc.
54:54 Et vraiment, j'ai l'impression qu'il y a une fraternité,
54:59 vraiment, entre les deux, et je pense que Zidane,
55:01 il avait besoin, ce qu'il a trouvé avec Dugary à Bordeaux,
55:04 il avait besoin aussi de retrouver un petit peu de ça à la Juve,
55:08 parce que sans ça, peut-être que ça aurait pas vraiment matché.
55:13 - Roland, quand Zizou va à la Juve,
55:17 t'es encore en contact avec lui ?
55:19 - Oui, un petit SMS de temps en temps et tout,
55:23 mais bon, il fait sa carrière, il fait sa vie,
55:27 je suis vraiment attentif à tout ce qui se passe
55:30 du côté de la Juve comme résultat,
55:32 mais on n'a pas, si tu veux, une relation où on est très très proche,
55:36 on s'est même perdu un petit peu de vue
55:39 par rapport, disons, à moi, à une vie privée compliquée,
55:42 des emmerdes, des malades,
55:46 et lui, je suivais évidemment avec beaucoup d'attention
55:51 et beaucoup d'affection ce qui se passait,
55:53 et après, comme je t'ai dit tout à l'heure,
55:55 j'ai rendu encore un service à Alain Mégachaud
55:59 dans le transfert de la Juve à...
56:02 - Au Réal.
56:04 - Au Réal, puisque là, Agnès n'était pas très contente
56:07 de certaines déclarations,
56:09 et voulait le punir en restant une année de plus
56:13 jusqu'au bout de son contrat,
56:15 ce qui était quand même assez sévère,
56:19 et donc là, j'ai fait intervenir des personnes
56:23 qui étaient très proches de Gianni Agnelli
56:26 que j'avais eu le plaisir moi aussi de connaître,
56:29 et donc Gianni Agnelli avait compris,
56:33 avec cette personne qui lui avait fait comprendre
56:37 qu'avec l'argent de Zizou,
56:39 il pourrait quand même affêter deux ou trois bons joueurs.
56:42 - Notamment Pavel Nedved.
56:44 - Ce n'était pas deux ou trois bons joueurs.
56:46 - Pour expliquer, c'est que s'il le punit vraiment
56:48 et qu'il l'oblige à aller jusqu'à la fin de son contrat,
56:50 derrière, il part pour zéro euro,
56:52 alors qu'à l'époque, il part un an avant,
56:54 mais pour un transfert record à l'époque.
56:56 - Sachant que ça faisait déjà un an
56:58 qu'il y avait des rumeurs
57:00 depuis un an de son départ pour Madrid.
57:02 - Oui.
57:03 - Et on disait que son épouse, justement,
57:05 était un peu plus éloignée,
57:07 et donc il avait un peu plus de pouvoir.
57:09 - Oui, et là, si tu veux,
57:11 la plaidoirie de la personne
57:14 à qui j'ai demandé d'intervenir
57:17 auprès de Gianni Agnelli,
57:20 qui s'appelait d'ailleurs la comtesse Ciccone,
57:25 cette personne-là lui avait fait comprendre,
57:29 les arguments que je lui avais un petit peu donnés,
57:32 qu'avec Zizou, il pouvait prendre
57:34 et ne récupérer pas la Juve,
57:36 au contraire même qu'il renforcerait.
57:38 Et ces deux ou trois joueurs,
57:40 finalement, ils ont été trois,
57:42 c'est tout simplement Bouffon dans les buts,
57:44 Thuram comme défenseur
57:46 et Nedved comme milieu offensif ou attaquant.
57:48 Et ça, ce record de transfert de Zizou
57:51 a permis à la Juve de récupérer ces trois joueurs.
57:54 - Vous mettez sur combien ?
57:56 500 millions de francs ?
57:58 Quelque chose comme ça, non ?
58:00 - Non, je crois que c'était 75 millions d'euros
58:04 - On était déjà en euros là.
58:06 - Non, on était en francs encore à l'époque.
58:08 - Non, on était en euros je crois.
58:10 - J'ai cherché mais pour moi c'est moins.
58:12 - 75 millions d'euros.
58:14 - Ah !
58:16 - Voilà, c'est ça.
58:18 - Je me suis pas trompé.
58:20 - Bravo, 75 millions d'euros.
58:22 - Tu me demandes sur ces 75 millions d'euros
58:24 comment j'ai pu avoir,
58:26 malheureusement je peux te dire zéro.
58:28 - Le Real, ils n'ont pas été cools là.
58:30 Tu vois la Juve, on a été sympa.
58:32 - Non, mais il y a eu une oublie,
58:34 il a des oublis.
58:35 Et d'ailleurs je me rappelle d'un truc,
58:37 ça m'avait fait sourire,
58:39 il m'avait dit,
58:41 je me suis fait faire marron dans la transaction,
58:43 je n'ai même pas pris un euro en ce qui concerne
58:45 ma commission d'argent.
58:47 Oh, qu'est-ce que c'est triste ça !
58:49 - Ça t'a rappelé des trucs ?
58:51 - Ça m'a rappelé que je ne suis pas naïf
58:54 au point de croire des conneries comme ça.
58:56 Me prendre pour aussi naïf,
58:58 c'est plus excellent encore que de rien ne m'avoir donné.
59:02 - Alors on va terminer là,
59:04 parce qu'on n'a même pas parlé
59:06 du Mondial 98, etc.
59:08 On n'a même pas terminé la Juve,
59:10 on reviendra si vous êtes disponible
59:12 pour une deuxième partie.
59:14 En tout cas c'est évidemment passionnant,
59:16 j'ai l'impression qu'on peut en faire 5 parties sur Zizou.
59:18 Messieurs, merci énormément
59:20 et à bientôt pour la partie 2.
59:22 Et nous, on se retrouve très bientôt
59:24 pour un nouvel épisode de Dans la Légende.
59:28 Sous-titrage ST' 501
59:32 *Musique*

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