Aujourd’hui nous accueillons Victoria Abril sur le canapé des invités pour sa nouvelle pièce, Drôle de genre, où elle incarne une personne transgenre. Celle-ci nous partage son goût pour l’incarnation des personnages hors-normes qu'elle souhaite mettre en avant.
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00:00 Nous sommes de retour sur le plateau de Télématin avec notre invitée qui pour nous s'est levée.
00:04 On sait l'effort qu'elle a fait. Merci Victoria Abril. Bonjour Victoria.
00:09 De rien, je vous pardonne.
00:11 C'est très gentil de t'en proposer sur scène.
00:13 Hier soir, vous venez nous parler de cette pièce drôle de genre qui a été le carton de la saison précédente,
00:18 qui revient depuis mercredi pour trois mois. C'est au Théâtre Antoine à Paris.
00:23 Jusqu'au 13 mai.
00:24 Voilà, et ce sera ensuite place à une grande tournée à partir de septembre.
00:29 Victoria, on est d'accord que cette pièce, lorsqu'on vous a proposé de la reprendre,
00:32 vous ne pouviez pas dire non parce que c'est un rôle incroyable, étonnant.
00:36 C'est un rôle que j'ai cherché en 2019.
00:42 Je l'ai trouvé. On allait le jouer en 2020.
00:45 Le Covid est arrivé. Jupiter nous a fermé le théâtre pendant 16 mois.
00:50 On a attendu jusqu'à 21, mais il y avait les pas sanitaires et tout ça.
00:55 Donc on a dit qu'on attendait 2022, que tout ça, ça sera fini.
00:59 Et ça y est. Pas du tout.
01:03 Il y a les doubles vaccinés qui n'ont pas fait la troisième, qui n'ont pas pu venir.
01:07 Donc c'est pour ça qu'on fait reparis pour que tout le monde puisse voir,
01:13 enfin tous ceux qui n'ont pas pu le voir l'année dernière.
01:17 Bon, la bande-annonce est très bien faite. Vous allez tout comprendre.
01:19 Ça s'appelle drôle de genre, aux côtés notamment du formidable Lionel Astier.
01:23 Regardez.
01:25 Non, mais tu comprends pas ce que je t'ai dit, François.
01:28 J'ai un cancer de la prostate.
01:30 Eh ben, on s'en fout. On est plus fort que la prostate.
01:33 François, je suis un homme.
01:40 Oui. Pardon.
01:44 François, j'ai t'en suppli. Calme-toi.
01:50 Mais comment tu veux que je me calme ? Ma femme est un bonhomme.
01:54 Déjà, on dit une transsexuelle, pas un.
02:00 Alors crois-moi, c'est pas ça le problème.
02:02 C'est une comédie, mais il y a du fond.
02:07 L'horreur n'empêche pas de réfléchir.
02:09 Est-ce que c'est aussi ce qui guide vos choix ?
02:11 Absolument. Absolument. C'est un film.
02:15 Un film. On dirait un film dans le monde.
02:18 Mais ça pourrait d'ailleurs.
02:21 D'ailleurs, c'est même écrit. Mais en fait, pas du tout.
02:23 C'est Jade Rose Parker qui joue aussi ma fille.
02:28 Qui joue votre fille dans la pièce, qui est l'autrice de cette pièce.
02:30 Qui est fan de l'univers d'Amaudevard.
02:34 Et qui l'avait écrite.
02:35 Elle l'avait pas écrite en pensant à moi.
02:37 Elle l'a écrite en pensant à elle.
02:38 Et donc, oui.
02:42 En plus, c'est tout ce qu'il nous faut maintenant.
02:45 C'est une tragique comédie.
02:47 Mais avec un format vau-de-ville moderne.
02:50 Qui, Jérémie Lipman, a mis en scène.
02:53 C'est une météo en scène de Jérémie Lipman.
02:55 Qui est incontournable à Paris.
02:56 Incontournable.
02:57 Donc, le résultat, c'est un de mes plus beaux rôles de ma vie.
03:01 On danse. Il y a de la musique.
03:02 On danse classique, contemporain.
03:05 Et puis surtout, c'est un appel à la tolérance.
03:11 Par rapport à l'identité, évidemment.
03:16 Moi, je m'appelle Carla, mais avant j'étais Carlo.
03:19 Il y a quelques noms dits dans un couple.
03:22 Mais c'est vrai que là, ça met un gros.
03:26 - Il est costaud.
03:28 Vous avez dit, Victoria, j'aime jouer des personnages qui sortent du quotidien.
03:31 Parce que ça vous ennuierait autrement ?
03:34 Si c'était des personnages de la vie de tous les jours, que vous fréquentez, etc.
03:37 - Je ne sors pas du lit. Je ne me lève pas.
03:39 - Ah, vous voulez bien. D'accord.
03:40 - C'est pour ça que je ne me lève pas.
03:41 - Vous faites la grâce, par contre.
03:42 - Non, non, non. J'ai la cherché.
03:43 J'ai cherché ces transsexuels.
03:45 C'est parce que, je vais vous raconter,
03:48 si je suis actrice aujourd'hui,
03:51 c'est parce qu'il y a 45 ans,
03:53 Vicente Aranda m'a proposé de jouer Cambio de Sexo.
03:57 - On a l'affiche, le film !
03:59 - Et le film, il est sorti,
04:01 ressorti à Paris avec du copy, restauré, magnifique.
04:05 Mais magnifique.
04:06 - Parce que dans Cambio de Sexo, ce film...
04:08 - C'était un garçon qui voulait être une fille.
04:10 - Vous jouiez évidemment les deux rôles.
04:11 Donc le garçon voulait devenir une fille.
04:12 - Oui, mais elle perdait la vie dans l'opération,
04:17 dans les blocs opératoires.
04:18 Donc je me suis dit, 45 ans plus tard,
04:20 "Merde, il faut trouver une transsexuelle."
04:24 Mais avec 60 ans qu'il a eu le temps de vivre.
04:27 Et voilà.
04:29 Et j'ai tombé sur Drogue des Genres,
04:31 grâce à Pascal Guillaume.
04:33 Et voilà.
04:34 Et à partir de ce moment-là, on a joué toutes...
04:36 Ça a été un succès en Provence comme à Paris,
04:40 malgré toutes les emmerdes.
04:42 Et c'est pour ça qu'on a attendu deux ans
04:44 pour pouvoir la jouer,
04:45 mais on va la jouer pendant deux ans.
04:47 - Entre Cambio de Sexo et cette pièce,
04:50 aujourd'hui, il y a évidemment une magnifique carrière
04:52 et des films marquants,
04:53 notamment ce rôle dans "Gazon de Maudit",
04:55 aux côtés de Josiane Balasco, un rôle de lesbienne.
04:58 Il y a Irving Chabat également.
04:59 Est-ce que vous vous souvenez des réactions
05:01 au moment de la sortie du film ?
05:03 - Au moment de la sortie du film, non.
05:04 Mais je peux te dire que même "Gazon de Maudit",
05:07 même il y a 25 ans,
05:09 il y avait trop de l'avance.
05:10 À tel point... Ah, tu es jolie, t'es citronne !
05:13 À tel point que mon agent,
05:17 qui était l'agent de Josiane Balasco,
05:21 quand il a lu le scénario, il m'a dit
05:22 "Tu ne vas pas faire ça !"
05:23 - Voilà, c'est ça.
05:24 On vous a dit "Il ne faut pas y aller, c'est ça..."
05:27 - "Ah non, tu ne vas pas faire ça !"
05:28 - Et oui, il ne faut pas vous dire ça.
05:30 - Et là, j'ai dit "Comment ça, je ne vais pas faire ça ?"
05:32 J'ai appelé Josiane, je lui ai dit "Sans problème",
05:36 et Josiane m'a dit "On va passer les vacances chez moi
05:40 dans les sous de la France
05:41 pour que je réécris un petit peu les dialogues,
05:46 les dialogues pour que ça soit plus comme tu parles."
05:49 Et voilà, et ça a été...
05:52 - Un film incroyable, on est d'accord que...
05:53 - Incroyable !
05:54 Ça fait les tours du monde.
05:55 - Voilà, et dans votre filmographie,
05:56 il est important ce film "Gazon de Maudit".
05:58 - Hyper important !
05:59 - Il a contribué à votre notoriété en France, chez nous.
06:01 - Absolument, absolument.
06:03 Bon, c'était après Almodovar,
06:05 donc Almodovar était arrivé avant.
06:07 - Mais être aux côtés de Chabat et de Balasco,
06:09 c'était incroyable !
06:10 - Ah bah, c'était incroyable !
06:11 Mais ça, bon, j'y faisais déjà,
06:13 le petit théâtre que je faisais,
06:15 je le faisais avec les Splendides, avec l'équipe.
06:19 - Bien sûr !
06:20 - Et c'était "Nuit d'ivresse", "Nuit d'ivresse" avec...
06:22 - Ah oui, la pièce de Balasco !
06:23 - La pièce de Balasco avec Gérard Junior.