Ça vous regarde - 49.3 sur la réforme des retraites : déni de démocratie ?

  • l’année dernière
LE GRAND DÉBAT / 49.3 sur la réforme des retraites : déni de démocratie ?
Jeudi 16 mars 2023, après un suspense haletant, la Première ministre Elisabeth Borne a dégainé le 49.3 sur la réforme des retraites. Lors de son discours, l'ambiance est chaotique dans l'hémicycle. La gauche chante en choeur la Marseillaise et brandit des affiches sur lesquelles sont inscrits « Démocratie » et « 64 ans c'est non ». Les députés du Rassemblement national tapent sur leurs pupitres. Quant à la majorité, une quarantaine d'élus se lèvent et l'applaudissent. Après ce passage en force, la Première ministre risque-t-elle son poste ?

Invités :
- Anne-Charlène Bezzina, constitutionnaliste
- Victor Catteau, député RN du Nord
- Alma Dufour, députée LFI de Seine-Maritime
- Véronique Louwagie, députée LR de l'Orne
- Nicolas Turquois, député MoDem de la Vienne

BOURBON EXPRESS :
- Thibault Henocque, journaliste LCP

Ça vous regarde, votre rendez-vous quotidien qui prend le pouls de la société : un débat, animé par Myriam Encaoua, en prise directe avec l'actualité politique, parlementaire, sociale ou économique.
Un carrefour d'opinions où ministres, députés, élus locaux, experts et personnalités de la société civile font entendre leur voix.

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Transcript
00:00 [Musique]
00:05 Bonsoir, bienvenue, ça vous regarde en direct,
00:08 c'est l'épilogue d'un feuilleton parlementaire épique à l'Assemblée nationale,
00:13 le 49-3 déclenché sur la réforme des retraites.
00:16 La Première ministre a donc décidé de passer en force sous les huées des oppositions.
00:22 - Sur le fondement de l'article 49, alinéa proie de la Constitution,
00:27 j'engage la responsabilité de mon gouvernement sur l'ensemble du projet de loi de financement
00:33 rectificatif de la Sécurité sociale pour 2023.
00:38 Voilà, la réforme des retraites est donc adoptée sans vote à l'Assemblée nationale.
00:41 On va revenir dans le détail bien sûr sur les conséquences politiques,
00:45 motion de censure, remaniement, dissolution,
00:48 va-t-on vers une crise institutionnelle et sociale majeure dans notre pays ?
00:52 Comment réparer les dégâts ? Ça vous regarde spécial, épilogue sur les retraites, c'est parti.
00:58 [Musique]
01:09 - Cette séance restera dans les annales parlementaires.
01:11 La Première ministre a dû s'y reprendre à deux fois avant de pouvoir engager sa responsabilité.
01:16 Il était 15h10 à l'Assemblée, scène surréaliste, chaotique dans l'hémicycle.
01:22 [Musique]
01:40 - Voilà donc pour l'image du jour.
01:42 À l'Assemblée, l'opposition de gauche pancarte à la main en tenant la marseillaise.
01:45 Ce 49-3 peut être très lourd de conséquences.
01:48 Elsa Mondingava est avec nous en duplex depuis la salle des Quatre Colonnes pour le décryptage politique.
01:53 Et vous le voyez, Clément Perreault est place de la Concorde
01:57 où une foule de manifestants s'est rassemblée de façon spontanée depuis cette annonce du 49-3 cet après-midi.
02:04 Et puis en plateau, une grande témoin ce soir, la constitutionnaliste Anne-Charlène Bézina.
02:08 Bonsoir. - Bonsoir Myriam.
02:09 - On a besoin de votre regard de constitutionnaliste pour comprendre ce qui peut se jouer dans les prochains jours.
02:15 Et puis quatre députés sur ce plateau. Nicolas Turcot, bonsoir.
02:18 - Bonsoir. - Et merci d'être là.
02:20 Député Modem de la Vienne, Véronique Louvagie, bonsoir et bienvenue.
02:23 - Bonsoir. - Député Les Républicains de l'Orne sur la ligne Ciotti-Marlex, il faut le préciser.
02:28 Vous auriez voté cette réforme si elle avait été soumise au vote.
02:32 Alma Dufour, bonsoir. - Bonsoir.
02:34 - Et merci d'être là. Député La France insoumise de Seine-Maritime.
02:38 Et puis Victor Cato, bonsoir. - Bonsoir.
02:40 - Bienvenue. Vous êtes député Rassemblement national du Nord.
02:43 Voici donc comment Elisabeth Borne a justifié le recours au 49-3.
02:48 - Aujourd'hui, sur le texte du Parlement, l'incertitude plane à quelques voix près.
02:55 On ne peut pas prendre le risque de voir 175 heures de débat parlementaire s'effondrer.
03:02 On ne peut pas prendre le risque de voir le compromis bâti par les deux assemblées écartés.
03:10 On ne peut pas faire de pari sur l'avenir de nos retraites.
03:13 Cette réforme est nécessaire.
03:15 - Voilà, Nicolas Turcoy, il y avait beaucoup de tensions aujourd'hui.
03:20 Est-ce que vous avez vécu personnellement cette séance comme une épreuve ?
03:25 - Oui, tout à fait. J'ai été partagé entre... Il y avait une forme de spectacle
03:31 et de se dire "Tiens, on est présent sur cet événement,
03:35 la France insoumise d'un côté, le Rassemblement national de l'autre".
03:40 Un spectacle qui me mettait mal à l'aise parce qu'on abimait la démocratie profondément cet après-midi.
03:47 - Démocratie abimée par qui ?
03:50 Est-ce que ce passage en force, ce 49-3, c'est aussi votre échec ce soir,
03:55 celui du gouvernement et de la majorité ?
03:57 - Il y a sûrement des conséquences à en tirer parce qu'il y a des choses qui pourraient être redites.
04:03 Après, je crois que l'échec, ce sera quand ce système de retraite va être planté
04:07 parce que c'est ce qui va arriver. On va avoir un défaut sur notre dette dans les prochaines semaines si nous ne faisons rien.
04:13 Il y a une tension économique mondiale et globale du fait de l'inflation, du fait de ce qui se passe en Ukraine
04:19 et nous devons aussi faire ces réformes pour garantir la solidité de notre système.
04:25 Le monde est très dangereux en ce moment.
04:27 - Vous n'avez pas le sentiment, et je fais circuler la parole, d'avoir rajouté de la colère à la colère, déjà,
04:32 avec cet outil particulier de la Constitution ?
04:34 - J'aurais clairement préféré qu'on vote. Dans mon groupe, on s'était clairement exprimé pour qu'on vote.
04:39 Il y a eu une telle tension et il y a eu un certain nombre de parlementaires qui, peut-être sous la pression,
04:46 peut-être sur des choses qui étaient peut-être un peu scénarisées, j'en sais rien, comment ça s'est passé,
04:50 mais toujours est-il qu'il n'y avait plus de certitude et il faudra...
04:54 Il fallait... C'était un choix entre prendre le vote et risquer de ne pas pouvoir continuer l'examen.
05:01 Il va sûrement y avoir des motions de censure.
05:04 - On va y venir.
05:05 - Ceux qui assument leur vote contre, il faudra qu'ils l'assument à ce moment-là.
05:10 - Bon. Alors, si ce n'est pas votre échec, c'est peut-être l'échec de la droite.
05:14 Véronique Louvaji, c'est évident qu'il n'y avait pas de majorité pour ce texte,
05:19 sinon il n'y aurait pas eu de 49-3 et le gouvernement aurait pris le risque d'un vote.
05:25 Vous regrettez, j'imagine, ce passage en force, mais est-ce que les Républicains n'ont pas une part de responsabilité ce soir ?
05:30 - Alors, pour ma part, je regrette de passer en force. J'aurais préféré également un vote.
05:36 Juste dire qu'au niveau des Républicains, nous nous sommes positionnés sur un texte qui n'était pas le nôtre.
05:41 Nous avons essayé de faire évoluer le texte sur le fond en poussant un certain nombre de nos propositions,
05:46 en refusant certaines alternatives qu'avait retenues le gouvernement initialement.
05:51 Je rappelle que dans le premier... Enfin, dans le projet de loi, avant même qu'il soit présenté en Conseil des ministres,
05:57 il y avait une volonté de relever l'âge légal de départ à la retraite à 65 ans. Nous nous sommes opposés à ceci.
06:03 Voilà. Donc, sur le fond, nous avons contribué, nous avons participé.
06:06 Après, sur la forme, je pense qu'il y a eu un certain nombre d'erreurs de la part du gouvernement.
06:12 - Donc, c'est l'échec du gouvernement, pour vous, clairement, ce soir. - Oui, c'est l'échec du gouvernement.
06:16 - La première ministre n'a pas dit exactement la même chose. Elle n'a pas été tendre avec les Républicains à la tribune.
06:22 Elle a pointé la responsabilité de certains LR. Et sur la même ligne, je vais vous faire écouter votre collègue du Modem, Bruno Milienne.
06:29 Vous lui répondez juste après. Très bien.
06:31 - Je suis excessivement déçu par leur irresponsabilité. Aujourd'hui, le LR n'est plus un parti de gouvernement.
06:38 C'est terminé. Ce sont un groupe d'opportunistes qui ne pensent qu'à leur réélection.
06:43 - Nous n'avons pas eu une unanimité dans notre groupe. Nous avions une majorité.
06:47 Mais il est très clair, et vous le savez, que la majorité non plus n'était pas unanime.
06:54 Et c'est d'ailleurs pour cela que, manifestement, il n'y avait pas une majorité.
06:58 - Franchement, Véronique Louvaji, est-ce qu'il n'a pas un peu raison, Bruno Milienne du Modem, quand il dit
07:05 "Ce sont des opportunistes". Il regardait leurs électeurs et ils ont fait un peu double jeu.
07:12 - Je voudrais juste dire que, du côté de la majorité, depuis quelques jours, la majorité ne faisait pas le plein au niveau de son nombre de voix.
07:19 C'est peut-être ça qui a changé en quelque temps.
07:22 Je voudrais juste dire également que si le gouvernement a fait le choix de retenir un PLFSS pour ce projet de loi retraite,
07:29 c'était parce que, dès le début, il avait anticipé et imaginé de pouvoir recourir au 49-3,
07:36 puisque cela lui permet effectivement de ne pas user de son droit de tirage.
07:41 - C'était écrit, Bruno. - D'un seul 49-3.
07:43 Oui. D'ailleurs, le gouvernement avait même imaginé, je ne sais pas si vous vous souvenez,
07:47 d'introduire ce projet de loi retraite par amendement dans le PLFSS.
07:52 Donc, sur la forme, je crois qu'il y a... C'est la responsabilité, aujourd'hui, du gouvernement.
07:56 C'est l'échec du gouvernement. Il y a eu un certain nombre d'erreurs, d'ailleurs, en matière de communication,
08:02 sur un grand nombre de points. Et, effectivement, le fait que le gouvernement ait, dès le début,
08:09 soutenu un outil comme un PLFSS rectificatif révèle qu'il avait l'intention, finalement, d'utiliser le 49-3.
08:16 On va y revenir avec vous, Anne-Charlène Mézina, sur l'outil constitutionnel choisi, parce qu'il est très spécifique.
08:21 Alma Dufour, dans quel état d'esprit vous êtes, ce soir, pour la France insoumise ?
08:25 Le combat continue. Vous étiez à la Concorde, où je parle. On y retournera tout à l'heure.
08:30 J'étais à la Concorde, pendant plus de trois heures, où l'ambiance est électrique.
08:34 Les gens sont écoeurés. Moi aussi, je suis écoeurée. Je suis élue sur un département de Seine-Maritime
08:40 qui se mobilise énormément. Là, on m'a dit que ça se passe tellement mal au Havre que les tramways ne circulent plus,
08:46 qu'il y a des feux qu'on commençait à prendre dans la...
08:48 Il y a des rassemblements spontanés un peu partout en France.
08:50 Il y a des rassemblements spontanés, mais c'était à craindre.
08:52 Paris, Montmartre, Bordeaux, Grenoble.
08:53 J'entends M. Turcot, au début, qui disait qu'on abîmait la démocratie. Mais attendez, on parle de quoi, là ?
08:57 On parle d'un passage en force sur une réforme qui va concerner tous les Français.
09:04 C'est ça qui abîme la démocratie, que vous le vouliez ou non. Les Français n'en peuvent plus.
09:09 Mais c'est un autre type de la Constitution, vous le reconnaissez.
09:11 Oui, mais je sais. On peut se poser la question, et nous, on le dit, côté France Insoumise, depuis bien longtemps,
09:15 mais je pense qu'on est de plus en plus nombreux au sein de la NUPES.
09:18 Mais même, je pense, je ne sais pas ce que d'autres parties en pensent,
09:21 mais je pense qu'il y a de plus en plus de Français qui ne veulent plus de ce régime
09:25 où le gouvernement peut passer en force sur le Parlement et dire, on allait perdre, on ne sait pas trop,
09:31 peut-être gagner, peut-être perdre à deux voix près, donc du coup, on passe en force sur le Parlement.
09:34 Donc, pour vous, le combat continue dans la rue, il faut que le gouvernement retire cette réforme,
09:38 même si elle est adoptée par le Parlement, avec la méthode qu'on le connaît.
09:41 On le dit depuis le début, on le sait, 90 % des actifs sont opposés à cette réforme,
09:46 à peu près 80 % des Français, 60 % des Français, même, sont pour le blocage du pays,
09:51 pour faire reculer le gouvernement.
09:54 Le gouvernement n'a pas la légitimité démocratique de passer en force sur ce texte,
09:58 il essaye de le faire, très bien, ça aura des conséquences.
10:02 Moi, je pense qu'aujourd'hui, on abîme la démocratie, et moi, je ne veux pas retourner chez moi
10:06 et avoir des gens qui me disent, ça sert à quoi de voter ? Vous servez à quoi, en fait ?
10:10 Parce que nous, on vous aime bien, on voit que vous vous battez, mais en fait, ça sert à quoi ?
10:14 Donc, à un moment donné, ça, ça a des conséquences.
10:16 Il ne faut pas s'étonner après s'il y a plus de la moitié des Français qui ne votent pas aux élections législatives.
10:21 Tout ça, ça trouve ses racines aussi dans la manière d'exercer le pouvoir qui est autoritaire.
10:25 Le débouché politique, ce sera l'abstention pour vous, ou le vote Rassemblement national ?
10:30 Victor Quatot, Marine Le Pen a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
10:35 Pour elle, les institutions sont dénaturées, et la principale responsable, c'est la Première ministre.
10:41 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
10:44 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
10:47 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
10:50 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
10:53 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
10:56 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
10:59 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
11:02 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
11:05 Elle a été très dure, aujourd'hui, à l'Assemblée nationale.
11:08 Elle n'a rien d'autre à dire que la gifle qu'elle vient d'envoyer au visage des Français,
11:12 Elle n'a rien d'autre à dire que la gifle qu'elle vient d'envoyer au visage des Français,
11:13 en leur disant "vous êtes opposés à cette réforme, les députés sont opposés à cette réforme,
11:17 et pourtant nous ferons de force passer cette réforme".
11:20 Ça n'est pas admissible.
11:21 Alors elle a annoncé elle-même qu'elle acceptait d'être le fusible.
11:24 Banco, qu'elle saute !
11:26 C'est pas un peu facile, tout de même, de réclamer tout de suite la tête de la chef de l'exécutif.
11:32 Elle, Elisabeth Borne, estime, elle l'a dit à la tribune aujourd'hui,
11:35 est restée tapie dans l'ombre du débat parlementaire.
11:38 Alors c'est pas forcément vrai.
11:40 Ici, effectivement, on a assisté à un double échec.
11:42 Un double échec, une fois, tantôt pour le gouvernement et tantôt pour la démocratie.
11:46 Pour le gouvernement, parce que, en utilisant l'article 49.3 de la Constitution,
11:50 il démontre qu'il est impuissant et qu'il n'a pas les armes pour pouvoir gouverner comme il le faut
11:55 et pouvoir faire passer un texte comme celui-ci.
11:57 Mais c'est aussi un échec pour la démocratie.
11:59 Parce que tout le monde sait, sur un texte aussi important,
12:01 que les Français, et que les Français d'ailleurs ont repoussé, ne voulaient pas,
12:05 qu'il ne fallait pas utiliser un article comme celui-ci.
12:07 C'est un article qui est un article de casse sociale,
12:10 un article qu'il faut utiliser avec prudence, alors il est effectivement constitutionnel,
12:14 mais sur un cas aussi sensible que celui-là, il n'était pas adapté.
12:18 Alors, est-ce que vous dites ce soir la même chose que la France Insoumise ?
12:21 Il faut retirer ce texte, et j'appelle à manifester, vous, le Rassemblement national,
12:25 qui n'avait pas défilé dans les cortèges.
12:28 Je pense qu'effectivement, il faut retirer ce texte.
12:30 Ce texte n'est pas le bienvenu, les Français y sont totalement opposés.
12:33 Plus de 80% des Français sont opposés, plus de 90% des actifs le sont également.
12:37 Il ne correspond pas à ce que veulent les Français,
12:39 et quand on est député, on agit également dans l'intérêt des Français.
12:42 Mais pour les manifestations, les Français sont libres de manifester.
12:45 Effectivement, ce n'est pas dans l'ADN du Rassemblement national de manifester d'assitôt aux manifestations.
12:49 Parce qu'ils ne sont pas souvent bienvenus dans les cortèges, il faut bien le dire.
12:51 Probablement aussi, mais effectivement, on laisse la liberté à chaque Français,
12:54 sachant que dans les cortèges, on a aussi un grand nombre d'ouvriers qui votent pour Marine Le Pen.
12:58 Donc on n'a absolument aucun problème avec les manifestants
13:01 qui se mobilisent pour contrer le gouvernement et pour faire entendre leur voix.
13:05 On va venir sur les différents outils de procédure sur la table
13:08 pour protester contre ce passage en force.
13:11 Anne-Charlène Bézina, la démocratie est-elle la grande perdante ce soir ?
13:15 Est-ce qu'il y a eu un excès de forceps constitutionnel sur le Parlement ?
13:19 On a parlé du 47-1, du vote bloqué au Sénat et le 49-3, pour terminer.
13:24 Je trouve ça toujours délicat d'entendre parler d'échec de la démocratie
13:28 à partir du moment où la démocratie représentative s'exprime quand même
13:32 et où le peuple peut aussi avoir les canaux pour s'exprimer.
13:36 Néanmoins, c'est vrai qu'on a eu ici, et c'est inédit sous la Ve République,
13:40 l'usage de tous les mécanismes du parlementarisme rationalisé
13:45 qu'on a mis en place sous la Ve République et dans beaucoup d'autres régimes parlementaires,
13:49 mais précisément pour discipliner généralement des majorités hostiles ou courtes.
13:53 Et ce choix préalable du véhicule législatif du projet de loi de financement
13:58 de la Sécurité sociale rectificative a d'ores et déjà introduit un débat parlementaire
14:03 qui allait être forcément braqué, etc.
14:06 J'ajoute qu'on est en train de se demander l'échec de qui, l'échec de quoi.
14:10 L'échec aussi du dialogue, parce que c'est vrai que la majorité relative
14:14 avait été présentée, en tout cas quand on a vu ce résultat de sortie des urnes,
14:19 comme peut-être une opportunité pour la démocratie.
14:21 C'est vrai que le pouvoir redevenait le cœur de la décision politique.
14:24 La majorité relative, c'est ça, c'est avant tout arriver à se mettre d'accord
14:27 avec peut-être des partis d'opposition ou des partis qui au départ ne vous sont pas
14:30 directement, on va dire, affiliés dans un contrat de majorité.
14:33 Et le compromis n'a pas été possible.
14:35 Aujourd'hui, le compromis, on est dans ce premier échec de la majorité relative
14:39 en nous montrant que le compromis n'a pas été possible.
14:41 Et je crois que c'est vraiment ça la plus grande blessure qui peut en ressortir,
14:44 c'est que notre régime parlementaire n'arrive pas à s'adapter à l'idée de créer
14:49 des contrats de coalition, peut-être sur un texte, et peut-être aussi que nos oppositions
14:53 n'arrivent pas forcément non plus à construire quelque chose d'alternatif
14:57 et à démontrer des postures d'utilité.
15:00 Donc il y a eu un peu un échec partagé, à mon avis, de tout ce que la démocratie
15:03 peut nous montrer parfois de difficile à réaliser.
15:06 - Alma Defour, deux tiers des Français n'ont plus confiance dans nos institutions,
15:09 c'est la dernière grande étude du Cevipof.
15:11 La démocratie abîmée, peut-être aussi par le spectacle parlementaire qu'elle a donné ?
15:17 - Écoutez, ça dépend en qui vous dit ça.
15:23 Il y a des gens qui sont tellement en colère, qui nous disent merci de dire les choses,
15:28 merci de secouer, entre guillemets, ce débat parlementaire lénifié,
15:32 où on a l'impression que les gens qui discutent sont très très très loin de nos réalités.
15:38 Il y a des gens qui ne pensent pas ça, il y a des gens qui disent "vous criez etc."
15:41 Je vais être honnête, je vais être franche, il y a les deux.
15:44 Moi, je reçois des gens qui me disent "merci d'être là" et vraiment ça m'arrive beaucoup.
15:48 Il y a aussi des gens qui me disent "vous ne pensez pas que vous devriez baisser un peu le ton ?"
15:52 Évidemment, c'est des questions de forme.
15:54 La France, c'est heureusement pluriel, les gens sont différents,
15:58 on a des électorats aussi sûrement assez différents.
16:00 Ce qui est sûr, c'est qu'il ne faut pas confondre les apparences et la réalité.
16:04 La réalité, c'est ce que je disais, c'est ce qui abîme la démocratie.
16:07 Les gens ne sont pas idiots, ils ne se contentent pas de regarder des spectacles.
16:10 Les gens savent très bien ce que ça veut dire un 49-3,
16:12 ils savent très bien ce que ça veut dire une majorité relative,
16:15 ils savent très bien ce que ça veut dire quand un gouvernement passe en force.
16:18 C'est de ça aujourd'hui qu'on parle.
16:20 Je voulais quand même rebondir sur...
16:22 Ce n'est pas la première fois qu'on voit que le gouvernement échoue à faire des compromis.
16:25 Parce qu'une majorité relative, ça pourrait aussi dire que quand des fois,
16:28 et c'est arrivé pendant le budget que la gauche et la droite se mettent d'accord pour voter des choses,
16:32 je rappelle qu'on avait par exemple voté des crédits supplémentaires assez conséquents
16:37 sur la rénovation des bâtiments ou sur la relance du ferroviaire aux côtés des Républicains.
16:41 Je ne sais pas ce qui peut être la plus pure émanation d'un parlementarisme.
16:44 Il y a la nupèce LR, RN, enfin je ne sais pas, tout le monde vote pour la même chose
16:48 et on nous roule quand même dessus à coup de 49-3.
16:50 Je suis désolée, à un moment donné, le gouvernement, depuis le début,
16:53 montre que, contrairement à ce qu'il a affiché,
16:55 il n'a aucune culture du compromis avec le Parlement dans son ensemble.
16:59 Dans son ensemble.
17:00 Qu'est-ce que vous répondez à ça ?
17:01 La culture du compromis, c'était le mantra d'Elisabeth Borne,
17:06 qu'il a répété moult fois dans sa déclaration politique générale.
17:09 On n'est pas là, du tout.
17:11 Je voulais revenir sur ce qui s'est déroulé sur cette réforme des retraites.
17:16 Effectivement, il y avait un effort qui était demandé
17:19 et qui conduisait à ce que les Français, en moyenne, travaillent deux ans de plus.
17:22 Ça, c'était un effort réel, parce qu'on arrive devant une impasse financière majeure.
17:29 Mais d'un autre élément, parce que notre système de retraite est complexe,
17:33 parce qu'il est très différent, il y a plein d'injustices.
17:37 Il y a des injustices sur les droits familiaux.
17:39 Les gens sont plus venus me voir, je ne sais pas quels sont mes collègues,
17:42 de ne pas comprendre pourquoi les enfants sont considérés,
17:45 enfin, ça donne droit à huit trimestres dans le privé et que quatre dans le public.
17:50 Pourquoi les fonctionnaires ont calculé leur retraite...
17:53 Est-ce que vous reconnaissez quand même qu'il y a des erreurs de communication
17:56 dans la présentation de la réforme, au départ ?
17:59 Il y avait des erreurs de commise.
18:01 Mettre cette réforme sous l'angle de la justice,
18:03 notamment après ce qu'on a vu sur la limite de 100 euros sur les femmes.
18:06 Il y a des éléments, je ne rentrais pas dedans,
18:09 j'aurais fait différemment en termes de communication.
18:13 Il fallait beaucoup de pédagogie.
18:15 Je dirais qu'il y a une forme de...
18:17 Pour rentrer dans le domaine des retraites, les gens perçoivent...
18:20 J'étais là au moment du système universel de retraite.
18:23 C'est au moment où on parle des retraites qu'ils se disent
18:25 "Les retraites sont faibles", mais c'est une réalité,
18:27 les retraites sont faibles en France.
18:29 Il y a un fort écart entre les retraites des hommes et des femmes.
18:32 Il y a 40 % qui reflètent des carrières...
18:35 -Vous dites que ce n'est pas vous,
18:37 que c'est les retraites qui sont urticantes dans le pays.
18:39 -Je ne dis pas que ce n'est pas nous.
18:41 Il y avait des éléments d'explication.
18:44 On avait demandé, nous, au mouvement démocrate,
18:47 de rallonger.
18:49 Ça a été évoqué tout à l'heure, ça pouvait passer sous forme d'amendement
18:52 dans le projet de loi de finances de la Sécurité sociale.
18:55 Nous disions qu'il fallait plus de temps d'explication.
18:57 On avait l'espoir d'emmener...
18:59 -Donc j'entends qu'au Modem,
19:01 le procédé législatif choisi n'a pas vos faveurs.
19:04 -C'était le PLFSS au tout début.
19:06 On parlait d'amendement.
19:08 -Il passait par amendement, ça, François Bayrou s'y était opposé.
19:11 -Ce projet de loi de finances rectificative
19:13 ne nous posait pas de problème.
19:15 Mais il fallait du temps d'explication.
19:17 Mais ce temps d'explication, avec le mode d'intervention
19:20 notamment de lfi,
19:22 où on ne pouvait même pas s'exprimer,
19:24 où on a passé des heures et des heures
19:26 sur des sujets qui étaient importants.
19:29 -Pourtant, il y a eu un compromis
19:31 qui a été couvert en commission mixte paritaire
19:33 et énormément des apports des Républicains ont été repris
19:36 pour ne pas dire la quasi-totalité.
19:38 Écoutez Aurélien Pradié,
19:40 qui, manifestement, le frondeur de la droite,
19:42 n'y trouve toujours pas son compte.
19:44 -C'est un échec cuisant pour le gouvernement.
19:46 Rendez-vous compte la gravité démocratique de la situation.
19:49 Je ne vois pas comment ce texte sur la réforme des retraites,
19:52 qui n'a été que trop mal discuté,
19:54 qui est rejeté par nos concitoyens,
19:56 dont je considère qu'il est profondément injuste,
19:59 et je l'ai dit depuis le début,
20:01 je ne vois pas comment ce texte peut être aujourd'hui adopté.
20:04 Au forceps, il y aurait là une rupture démocratique
20:07 dont les conséquences sont, à mon avis, largement sous-estimées.
20:10 Quant à savoir si c'est un échec pour ceux
20:12 qui ont combattu la réforme des retraites,
20:14 pas vraiment. Si nous en sommes là,
20:16 c'est sûrement parce que quelques députés,
20:18 y compris chez les Républicains, mais aussi ailleurs,
20:20 ont fait entendre une parole qui n'était pas une parole
20:23 forcément équivalente à tous,
20:25 mais qui était une parole que nous avions le droit
20:27 librement de porter.
20:28 -Pardon de d'y revenir, mais on dit qu'on va y.
20:30 On dit, mais est-ce qu'au fond, les Républicains
20:33 n'avaient pas intérêt au 49-3 ?
20:35 Est-ce que ça ne fait pas vos affaires ?
20:37 Est-ce que ce n'est pas exactement ce que vous souhaitiez
20:39 en ayant joué avec les nerfs du gouvernement ?
20:41 -Alors, écoutez, pas du tout.
20:42 Nous avons eu encore une réunion de groupe hier soir.
20:45 Nous étions très clairs et nous voulions aller au vote.
20:49 Quasiment tous.
20:50 -Y compris Aurélien Pradié, franchement.
20:52 -Y compris Aurélien Pradié, voilà.
20:54 -A partir des conclusions de la commission médiparitaire.
20:56 -Voilà, tout à fait.
20:57 Avec des positions, certes, qui étaient différentes.
20:59 Un certain nombre d'entre nous, d'ailleurs, quelques-uns...
21:02 -En votant contre, pour le dire très clairement.
21:04 -Au regard de ce qui avait été acté au niveau de la CMP,
21:08 révisaient leur vote.
21:10 Voilà, certains qui étaient déterminés à être contre
21:13 s'orientaient vers l'abstention.
21:15 Mais moi, je veux dire que l'outil législatif
21:18 qu'a retenu le gouvernement a contribué à une erreur très forte.
21:22 Parce que nous n'avons pas eu toutes les facultés
21:25 de déposer des amendements dans un texte financier
21:28 que nous ne pouvons pas déposer.
21:30 -C'est pas l'heure de dire "mais accule pas".
21:32 On sent que ça va prendre un peu de temps.
21:34 -Mais il y a eu des erreurs de la part du gouvernement,
21:37 à la fois en termes de communication,
21:39 parce que le gouvernement a voulu faire de ce sujet
21:42 de la communication.
21:43 La communication, ce sont des mots-chocs et des raccourcis.
21:46 Or, sur un texte, "Les retraites",
21:48 qui est un texte très technique, mon collègue le disait,
21:51 il y a des tas de cas dérogatoires, des tas de cas particuliers,
21:54 des ajustements qui doivent être faits
21:56 pour que le gouvernement réussisse à faire adopter
21:59 des réformes de retraite.
22:01 -Vous ne pouvez pas faire de la communication sur un texte
22:04 de cette nature, de la pédagogie, et ça n'a pas été fait.
22:07 -Anne-Charlene Bézina, vous voulez rajouter quelque chose ?
22:10 -Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose à réfléchir du côté du groupe,
22:13 en tant que telle de la discipline de groupe ?
22:15 Vous le dites, une réunion hier aboutit finalement à un résultat,
22:19 et finalement, on voit qu'il y a beaucoup de personnalité
22:22 qui se joue à l'intérieur.
22:24 Est-ce qu'il n'y a pas quelque chose à réfléchir du côté de votre groupe,
22:28 au niveau de la discipline ?
22:30 -Il n'est pas tenu, ce groupe.
22:32 -Vous ne pouvez pas dire ça de cette manière.
22:34 Sur ce texte, dès le début, je veux juste redire
22:37 que ça n'est pas notre texte.
22:39 Nous avons travaillé sur un texte qui n'est pas le nôtre,
22:42 avec des orientations très différentes.
22:44 Certains voulaient aller même jusqu'à des dispositifs
22:47 de capitalisation collective, avec...
22:50 Oui, tout à fait.
22:52 -Vous ne comportez des amendes de cette nature.
22:55 -Et nous sommes persuadés qu'il faudrait aller
22:58 vers la capitalisation collective,
23:00 parce qu'un moment, les équilibres démographiques
23:03 ne permettront plus, il n'y aura plus suffisamment d'actifs
23:06 pour payer les retraits.
23:08 -C'est ce qui a été retenu dans la commission.
23:10 On va se concentrer sur l'étape d'après,
23:12 c'est le dépôt des motions de censure.
23:14 Elzama Mdangava, expliquez-nous exactement
23:16 ce qui va se passer maintenant.
23:18 Vous êtes celle des quatre colonnes à l'Assemblée.
23:21 Vous voyez la pression, et le monde s'est largement retombé
23:24 depuis tout à l'heure.
23:25 Alors, les motions de censure, on sait que le RN
23:27 va en déposer une.
23:28 Ça devrait être demain.
23:30 Et le RN a aussi dit qu'il voterait
23:32 toutes les motions de censure déposées.
23:34 Ensuite, il y a une motion transpartisane
23:37 qui est diligentée par le groupe Liott,
23:39 des députés du groupe Liott,
23:41 Libertés indépendantes Outre-mer et Territoire.
23:43 Alors, ils ne sont pas assez nombreux
23:45 pour pouvoir déposer une motion,
23:46 mais la NUPES est d'accord pour leur donner
23:49 les signatures manquantes,
23:51 en acceptant d'être sur une motion transpartisane.
23:55 Il y a quand même quelques conditions.
23:57 C'est que celle-ci ne soit pas signée
23:59 par du RN.
24:01 Et on le voit, normalement, la NUPES accepte
24:03 de signer cette motion transpartisane,
24:05 mais bien si toutes les composantes de la NUPES
24:07 sont acceptées dessus, une autre motion.
24:09 Donc, ces deux motions devraient être discutées
24:11 soit lundi, soit mardi.
24:13 Merci beaucoup, Elza.
24:14 On vous retrouve un peu plus tard dans l'émission.
24:16 M. Kato, le RN vautra toute l'émotion de censure,
24:21 quel que soit le groupe qui les dépose ?
24:24 Alors oui, parce qu'on a une ligne de conduite.
24:26 On a été élus sur un programme.
24:27 Nous avons toujours dit que nous étions opposés
24:29 à cette réforme des retraites.
24:30 Et nous avions toujours dit qu'effectivement,
24:31 nous voterions dans l'intérêt des Français.
24:33 Ce n'est pas le cas de la NUPES,
24:34 qui fait effectivement du sectarisme
24:36 quand on dépose des motions référendaires,
24:37 parce qu'on aurait pu, effectivement,
24:38 envoyer ce texte au référendum
24:40 pour que les Français puissent s'exprimer.
24:41 La NUPES a décidé de ne pas le voter,
24:42 cette motion référendaire,
24:43 et de ne pas ainsi pouvoir donner
24:45 la parole aux Français.
24:46 Nous voterons l'émotion de censure.
24:49 Nous déposerons également une motion de censure.
24:51 Nous savons que le sectarisme de certains
24:52 ne permettra pas, probablement, qu'elle aboutisse.
24:54 Mais effectivement, nous considérons
24:56 que l'intérêt des Français va au-delà
24:57 de l'intérêt partisan, et que sur un texte
25:01 aussi important que celui-ci,
25:02 il est important de...
25:03 Vous voterez les trois motions,
25:04 la vôtre, la NUPES et la transpartisane.
25:06 Alors, Elsa, y a-t-il une des trois motions
25:09 qui a une chance d'être adoptée
25:11 et que le gouvernement soit renversé ?
25:13 - Eh bien, écoute, Emilia, heureusement,
25:14 on n'avait pas rangé nos calculettes
25:15 pour le vote de la réforme des retraites.
25:18 Alors, les oppositions, dans leur ensemble,
25:20 elles comptent 262 membres, à peu près.
25:24 La majorité absolue, celle qui est nécessaire absolument
25:26 pour faire passer une motion de censure,
25:28 elle est à 287 voix.
25:30 Il manquerait donc environ 25 voix.
25:33 Alors, les opposants à la réforme des retraites
25:35 espèrent les trouver, eh bien, à droite, justement.
25:38 Sauf que Éric Ciotti, le président du parti,
25:40 et Olivier Marlex, le président du groupe,
25:42 ont été très clairs.
25:43 Ils ne signeront pas et ne voteront pas de motion de censure.
25:46 Mais on le sait, leur parole n'engage pas tout leur groupe.
25:49 Certains députés LR disent réfléchir.
25:51 Ils auraient aimé que leur groupe dépose une motion de censure.
25:53 Alors, ils disent ne pas vouloir voter une motion
25:55 sur laquelle il pourrait y avoir de l'extrême gauche, par exemple.
25:58 Mais d'autres députés LR disent ne rien s'interdire
26:02 et réfléchir pendant le week-end.
26:04 - Voilà. A nouveau, merci beaucoup, Elsa.
26:06 Les Républicains qui détiennent les clés, cette fois, de la censure.
26:10 Vous savez qu'il y en a qui sont tentés par cette motion transpartisane ?
26:14 - Oui. En revanche, au niveau du groupe, il est clair,
26:17 nous ne déposerons pas de motion de censure.
26:19 Nous n'en signerons pas et nous n'en voterons pas.
26:22 C'est la consigne collective et majoritaire.
26:25 - Mais certains députés sont tentés, chez les Républicains,
26:28 de voter la censure transpartisane du groupe.
26:30 - Quelques actes isolés, de manière individuelle.
26:34 Certains, probablement, voteront...
26:37 - C'est rajouter du chaos au chaos, comme le dit Éric Ciotti,
26:39 de voter une censure ?
26:40 - Je pense que nous sommes, et je le redis,
26:42 un parti de gouvernement.
26:44 C'est la raison pour laquelle nous avons voulu participer, sur le fond,
26:47 à aménager, pousser nos propositions sur le projet de loi retraite.
26:53 Et nous, nous voulons construire.
26:55 Nous ne voulons pas déconstruire.
26:57 Et aujourd'hui, voter une motion de censure,
26:59 c'est faire tomber les institutions, c'est clair.
27:01 Mais faire tomber les institutions, pourquoi ?
27:03 Pour, dès demain, renommer un gouvernement de même nature ?
27:08 Qui serait peut-être un gouvernement borne de...
27:10 - Ça, c'est Emmanuel Macron qui le décidera.
27:13 - Mais finalement, qu'est-ce que cela changera, dès le lendemain ?
27:17 Donc, non, nous ne voulons pas ajouter du chaos au chaos.
27:20 - On vous a réveillé, là.
27:22 - Si le président de la République a envie de dissoudre,
27:25 il le fera, il l'a encore dit hier.
27:27 Et à chaque fois, finalement, on sent que cette arme
27:29 est présentée, est actionnée, quand il en a envie.
27:33 C'est lui qui détient ça.
27:35 - Alors, un point, justement.
27:38 "Tu me renverses, je te dissous."
27:40 Ça, c'est la Constitution.
27:42 Emmanuel Macron l'a promis, d'ailleurs,
27:44 c'était à l'automne dernier, lors d'un dîner.
27:46 Si le gouvernement est renversé, il choisira de dissoudre.
27:50 Est-ce que c'est une vraie arme de dissuasion massive ?
27:53 Ou est-ce que tout est possible, aujourd'hui ?
27:55 - Alors, je crois vraiment que tous les scénarios sont sur la table,
27:58 que constitutionnellement, cette arme n'existe pas
28:00 uniquement en réplique de la motion de censure.
28:02 Et il faut le dire, déjà, ça n'est pas obligatoire
28:04 et ce n'est pas particulièrement traditionnel.
28:06 Une seule fois, sous la Ve République,
28:08 une dissolution a fait suite à une motion de censure.
28:10 C'était le général de Gaulle qui a quand même réussi
28:12 à doubler le nombre de députés qu'il a eu ensuite.
28:14 Donc, encore faut-il bien calculer aussi ce moment de la dissolution.
28:19 Mais oui, je pense que ce scénario est forcément,
28:21 nécessairement sur la table, puisqu'on a parlé plusieurs fois
28:24 de l'arbitrage des Français.
28:27 Cet avantage que nous donne le régime parlementaire
28:30 est toujours de dire qu'en cas de crise institutionnelle,
28:33 si vraiment les institutions en tant que telles n'arrivent plus à s'entendre,
28:35 la dissolution est censée représenter cette arme de sortie de crise
28:38 où le seul arbitre, c'est le peuple.
28:41 Donc, c'est possible. Néanmoins, c'est vrai qu'on peut être gêné
28:44 un petit peu par cette idée que la dissolution soit utilisée
28:46 peut-être pour discipliner, peut-être pour faire peur.
28:49 Et on ne voit pas forcément ici quelle cohérence elle aurait eue,
28:52 par exemple, notamment après la première lecture,
28:54 étant donné que ça aurait mis fin à l'avenir du texte.
28:57 Donc, il y a peut-être un discours aussi qui doit être travaillé
29:00 autour de cette dissolution, parce qu'elle n'est pas aussi évidente que cela.
29:04 Son issue me paraît très incertaine,
29:07 comme celle de la motion de censure, finalement.
29:09 Mais c'est vrai que vous parliez de partis de gouvernement.
29:12 C'est ce qui est un petit peu difficile à entendre en ce moment.
29:14 C'est-à-dire qu'on se dit, est-ce qu'il existe encore des partis
29:17 qui peuvent travailler avec cette majorité ?
29:19 Est-ce que, finalement, l'accord qui devait être scellé aujourd'hui
29:22 n'était pas celui qui était le plus important pour cette législature ?
29:25 Et quel sera, finalement, l'avenir de cette majorité courte
29:28 sans pouvoir, forcément ?
29:30 - C'est une majorité presque sans... - Sans aucun allié.
29:32 Alma Dufour, vous avez peur de la dissolution ?
29:34 - Pas du tout. Non, pas du tout.
29:36 - Il y a un sondage interactive, Harris Interactive,
29:39 qui circule beaucoup, et qui a beaucoup été d'ailleurs
29:42 transmis aux journalistes par la majorité, le gouvernement,
29:44 qui montre que tout le monde perd aux législatives,
29:47 sauf le Rassemblement national, qui gagne un dessiege.
29:49 - Moi, je pense, honnêtement, que quand on veut, je l'ai dit,
29:53 j'en suis profondément convaincue, on a vraiment la crise démocratique,
29:56 il va être temps de la regarder en face.
29:58 Il va être temps de la regarder en face,
30:00 il faut lutter contre l'abstention par tous les moyens,
30:02 et moi, je pense qu'on ne peut pas avoir peur du peuple
30:05 si on veut résoudre la crise démocratique, donc non,
30:07 je n'ai pas peur de la dissolution.
30:09 - Vous la souhaitez ?
30:11 - Pas peur de la... - Vous la souhaitez ou pas ?
30:13 - Écoutez, au point où on en est aujourd'hui,
30:15 oui, bien sûr, je la souhaite.
30:17 Je peux vous dire que les manifestants,
30:19 là, en tout cas, ceux qui sont dans la rue,
30:21 ils ont envie de revoter, ça, c'est clair.
30:23 Et on ne peut pas continuer comme ça.
30:25 À un moment donné, effectivement,
30:27 après ce passage en force,
30:29 dans la crise qu'on traverse, la crise multifactorielle,
30:31 ça a été dit, effectivement, le monde est chaotique,
30:34 le monde est en danger, on est dans des grandes périodes de turbulence,
30:36 et je pense que l'équilibre qui s'est dégagé à l'Assemblée nationale
30:39 manifestement ne satisfait personne.
30:41 Alors, les sondages donnent effectivement,
30:43 bon, pour l'instant, des équilibres qui restent globalement les mêmes,
30:46 mais je pense qu'il va y avoir une campagne,
30:48 et moi, je pense que les gens... - Tu ne bouffes pas, mais quand même,
30:50 si un groupe parlementaire perdrait des sièges,
30:52 sauf l'Assemblée nationale. - On n'aurait pas...
30:54 Là, c'est un appel que je fais aux Français,
30:56 qu'il n'y aurait pas 50 % d'abstention.
30:58 Parce que malheureusement, quand on est à ces chiffres-là,
31:00 forcément, toute Assemblée, elle n'est qu'à moitié légitime,
31:02 et c'est normal, et que les gens se rendraient compte
31:05 que le pouvoir leur appartient s'ils vont tous voter aussi.
31:08 - Victor Cato, vous, vous n'avez pas peur de repartir en campagne ?
31:10 - Ah non, parce que partir en campagne,
31:12 c'est se représenter devant les Français,
31:14 et encore une fois, on est élus par les Français,
31:16 et on doit des comptes aux Français.
31:18 - Mais en même temps, forcément, vous gagnez des sièges,
31:20 et ces sondages ne vous ont pas échappé,
31:22 au fond, ça ne rajouterait pas de la crise, au fond ?
31:24 Est-ce que les Français peuvent comprendre
31:26 ce qui est en train de se jouer, si d'un 49-3,
31:28 on rentre dans une véritable crise politique ?
31:30 - Mais je pense que les Français comprennent parfaitement,
31:32 et je pense que ce qui est en train de se passer
31:34 les fait beaucoup réfléchir, et se rendre compte
31:36 que le gouvernement actuel, la majorité actuelle,
31:38 n'est pas prête à gouverner,
31:40 en tout cas, n'est pas tout à fait apte à gouverner.
31:42 Je pense qu'effectivement, les sondages,
31:44 je voulais prendre avec beaucoup de pincettes,
31:46 parce qu'effectivement, les sondages, à l'époque,
31:48 nous donnaient 15-20 sièges, on s'est retrouvé avec 89 députés,
31:50 et effectivement, le sondage-là pourrait donner
31:52 beaucoup plus de députés que le sondage actuel.
31:54 - On a été sous-sondés à 5%, on est les seuls à la présidentielle,
31:56 donc il n'y a pas de 5%.
31:58 - Mais je pense qu'effectivement,
32:00 la dissolution est un outil constitutionnel,
32:04 et que nous n'avons pas peur, en tout cas,
32:06 au Rassemblement national, de repartir devant les électeurs,
32:08 parce que c'est à eux qu'on doit rendre des comptes,
32:10 et au vu de ce qui se passe, je pense qu'effectivement,
32:12 c'est peut-être nécessaire.
32:14 - Nicolas Turcot, vous vous rendez compte, quand même,
32:16 dans quel moment politique on est ?
32:18 Comment vous réagissez ?
32:20 - Là, clairement, par rapport à la situation.
32:22 Nous, on estime que la situation,
32:24 notamment financière,
32:26 parce qu'il y avait quand même un enjeu financier,
32:28 notamment financière, est très grave,
32:30 sur la pérennité du régime de retraite
32:32 et sur le financement global
32:34 de notre pays.
32:36 Donc, c'est très clair,
32:38 il va y avoir vraisemblablement lundi
32:40 une motion de censure,
32:42 que ceux qui ne partagent pas
32:44 cette approche, qui sont contre la réforme,
32:46 l'assument,
32:48 et qui le votent en toute...
32:50 - Donc, cette fois-ci, vous faites confiance aux Républicains ?
32:52 Ils n'iront pas voter cette censure ?
32:54 Vous êtes plus confiant, moins fébrile ?
32:56 - J'ai beaucoup d'estime pour Mme Louvaji
32:58 et la qualité de son travail.
33:00 Je pense qu'il y a certains
33:02 de ses collègues
33:04 qui ne sont pas
33:06 les meilleurs amis, finalement,
33:08 du groupe Les Républicains.
33:10 - Lesquels, précisément ?
33:12 - M. Pradié tire dans tous les sens.
33:14 Je pense qu'il abîme d'abord
33:16 sa propre famille.
33:18 Je peux entendre qu'il y a des sujets
33:20 qu'il ne pouvait pas porter,
33:22 mais je pense qu'il abîme d'abord
33:24 sa propre famille.
33:26 Donc, laissons les faire,
33:28 prenons nos responsabilités,
33:30 puis nous verrons.
33:32 - C'est vrai que c'est important
33:34 de dire qu'on change de logique,
33:36 parce que si on s'est compté pour les pour,
33:38 aujourd'hui, on se compte pour les contre.
33:40 Et ce n'est pas du tout la même démarche,
33:42 c'est de se compter pour,
33:44 puisque, justement, il y a une affiliation.
33:46 Vous parliez du retour dans les territoires.
33:48 Les députés ont à vivre cela,
33:50 ce qui peut parfois être un peu plus tendu,
33:52 alors que voter contre, c'est un engagement
33:54 pour la destitution.
33:56 C'est ce qu'a voulu la Constitution
33:58 de la Ve République, c'est qu'on ne compte pas
34:00 les abstentions, les personnes
34:02 qui ne s'affilient pas contre.
34:04 La démarche, en tout cas,
34:06 est complètement différente politiquement.
34:08 - Beaucoup de députés LR ont changé
34:10 et les 64 ans ont un effet
34:12 important et ils disent,
34:14 tous ceux qui sont fondeurs au sein de la droite,
34:16 "Notre électorat ne nous le pardonnerait pas
34:18 "si on avait dû voter."
34:20 - Je crois aussi, et peut-être surtout,
34:22 que nous avons été élus
34:24 sur une forte dimension personnelle
34:26 des uns et des autres,
34:28 ce qui n'est pas forcément le cas
34:30 d'autres collègues...
34:32 - Vous n'êtes plus tenu par votre parti.
34:34 - Il y a une forme de liberté
34:36 qui s'exerce, c'est vrai, il faut le dire.
34:38 Mais moi, ce qui me...
34:40 Aujourd'hui, c'est vrai que
34:42 j'ai été très perturbée de voir la séance
34:44 que nous avons vécue,
34:46 parce que quand je vois l'état du pays
34:48 par rapport à sa souveraineté financière,
34:50 sa souveraineté énergétique,
34:52 une souveraineté alimentaire également,
34:54 voilà, donc c'est vrai
34:56 qu'il nous faut redresser ce pays,
34:58 parce que nous avons des tas de richesses.
35:00 - Ça dépend de la retraite.
35:02 - Et puis, de l'autre côté,
35:04 il y a une colère des Français.
35:06 Certains s'expriment dans la rue,
35:08 certains n'expriment pas leur colère dans la rue,
35:10 mais elle existe, cette colère.
35:12 Donc il faut aussi l'entendre,
35:14 il faut que le gouvernement l'entende,
35:16 mais il faut apporter des solutions,
35:18 mais ça n'est pas, je dirais,
35:20 en appelant au chaos, ça n'est pas,
35:22 je dirais, en hurlant,
35:24 comme on a pu l'entendre dans l'hémicycle,
35:26 ça n'est pas en faisant de l'obstruction sur les textes
35:28 sans que nous puissions débattre.
35:30 - On a parlé des conséquences politiques,
35:32 je vais garder une conséquence,
35:34 c'est le RIP qui est compliqué,
35:36 le référendum d'initiative partagé,
35:38 vous aviez déjà déposé une motion référendaire
35:40 pour demander un référendum,
35:42 on garde ça pour la suite,
35:44 mais on vient au mouvement social,
35:46 parce qu'ils sont dans la rue, les Français,
35:48 depuis qu'ils ont entendu le 49.3,
35:50 pas tous, bien évidemment,
35:52 mais quand même, c'est notable,
35:54 des manifestations spontanées un peu partout en France,
35:56 on va voir quelques images de la place de la Concorde,
35:58 c'était en fin d'après-midi,
36:00 alors que le 49.3 a été annoncé aux alentours de 15h20,
36:02 ils sont là, les manifestants,
36:04 et c'est très clair,
36:06 ils ne veulent pas lâcher,
36:08 bien au contraire, ce 49.3
36:10 leur donne encore plus envie
36:12 de manifester.
36:14 Bonsoir Clément Perreault, vous êtes place de la Concorde
36:16 pour LCP, alors dites-nous,
36:18 dans quel état d'esprit sont les manifestants mobilisés ?
36:20 - Les manifestants sont en train
36:24 de quitter cette place de la Concorde,
36:26 pourquoi ? Parce que les forces de l'ordre
36:28 sont intervenues depuis maintenant
36:30 15-20 minutes avec des gaz lacrymogènes,
36:32 il y a eu également quelques charges de CRS,
36:34 et donc la foule est en train d'être dispersée,
36:36 vous pouvez voir sur ces images
36:38 d'Emma Chalal, les manifestants qui sont en train
36:40 progressivement de quitter la place
36:42 de la Concorde pour gagner
36:44 la rue de Rivoli.
36:46 Ici, place de la Concorde, nous sommes pratiquement
36:48 à mi-chemin entre l'Assemblée nationale
36:50 et l'Elysée, c'est donc un lieu très symbolique
36:52 et c'est ici, spontanément, que la foule
36:54 a décidé de sortir,
36:56 de se rassembler dès l'annonce du 49.3
36:58 par Elisabeth Borne.
37:00 On voit des manifestants
37:02 particulièrement remontés,
37:04 ils perçoivent l'utilisation du 49.3
37:06 comme un acte d'autorité très fort,
37:08 et ils sont, je vous le disais,
37:10 particulièrement remontés.
37:12 Je voyais des manifestants, par exemple, qui me disaient
37:14 qu'ils n'auraient jamais manifesté si la réforme
37:16 avait été votée cet après-midi, mais que c'est
37:18 à cause de ce 49.3
37:20 qu'ils ont décidé de sortir dans la rue.
37:22 - Clément, l'Inter-CDQL s'est réuni au siège de la CGT
37:24 à Montreuil ce soir pour décider
37:26 de quoi précisément, sur la suite,
37:28 donner au mouvement.
37:30 - Alors, l'Inter-CDQL a appelé
37:32 à une nouvelle journée de grève
37:34 et de mobilisation. Ce sera jeudi prochain,
37:36 le 23 mars.
37:38 De ce que je peux voir,
37:40 de ce que je peux entendre de la part des manifestants,
37:42 il y a une vraie volonté, maintenant,
37:44 de poursuivre le mouvement.
37:46 Ils me disent que le 49.3 ne fait que renforcer
37:48 encore leur motivation,
37:50 mais aussi qu'il y aura peut-être
37:52 un durcissement dans les prochains jours.
37:54 Je voyais par exemple une femme
37:56 d'une cinquantaine d'années qui me disait que jusqu'ici,
37:58 elle avait fait tous les rassemblements,
38:00 que tout s'était passé de façon très pacifique,
38:02 mais que désormais, peut-être, elle participerait
38:04 à des blocages. Certains manifestants
38:06 nous disent que maintenant, il va falloir peut-être
38:08 durcir le ton. Donc voilà, peut-être que
38:10 le dialogue social va se durcir
38:12 dans les prochains jours. - Alma Dufour,
38:14 merci beaucoup Clément Perreault,
38:16 depuis la place de la Concorde.
38:18 Alma Dufour, vous avez beaucoup défilé,
38:20 il y a eu huit journées d'action. On sent bien
38:22 que la radicalisation peut,
38:24 voilà, arriver
38:26 et le mouvement social peut
38:28 se radicaliser. Il y a même une note des renseignements
38:30 généraux qui craint ce scénario-là.
38:32 Vous le souhaitez ?
38:34 - Écoutez, encore une fois, c'est marrant parce que c'est nous
38:36 qui devons nous justifier de ce qui n'est
38:38 pas normal dans ce pays, c'est-à-dire que
38:40 non, on ne souhaite pas que les gens
38:42 déjà se mettent en grève, on le rappelle quand même,
38:44 quand les gens se mettent en grève, ils perdent du salaire.
38:46 Donc c'est pas, en ce moment, surtout avec l'inflation,
38:48 c'est pas si simple.
38:50 On ne souhaite pas nécessairement
38:52 qu'il y ait des blocages parce que ça emmerde tout le monde,
38:54 on va dire ça très clairement,
38:56 si vous ne pouvez pas circuler, etc.
38:58 C'est une évidence, mais la question,
39:00 c'est encore une fois, pourquoi un gouvernement
39:02 se sent institué
39:04 de cette légitimité démocratique ? Il n'a pas pour faire
39:06 cette réforme, et puis on pourra revenir sur les finances,
39:08 qui est, franchement, c'est pas comme ça que vous allez redresser
39:10 les comptes publics, vu les peu d'économies qui vont être faites
39:12 à la fin, dans dix ans, avec cette réforme.
39:14 Vraiment, et on n'a qu'à déjà pas
39:16 conclure de la dette assise sur l'inflation
39:18 pour essayer d'éviter d'aggraver la crise.
39:20 On pourra reparler des finances, parce que c'est trop facile de dire
39:22 "cette réforme, elle tombe du ciel, elle est nécessaire financièrement".
39:24 Mais sur les blocages,
39:26 on voit bien que la tentation... On va voir comment
39:28 d'ailleurs l'intersyndical
39:30 et l'unité syndicale se perdurent
39:32 dans la durée ou pas, on sait que Laurent Berger
39:34 est plus circonspect, même si
39:36 depuis 49-3, il y a toujours
39:38 une unité syndicale. - Le gouvernement fait la démonstration
39:40 encore une fois que non seulement il passe en force
39:42 sur le Parlement, il n'a pas la légitimité
39:44 pour le faire depuis le début,
39:46 et en plus, il n'écoute pas les manifestants.
39:48 Il y a eu 3,5 millions
39:50 de manifestants, mais ça fait très très très
39:52 très très longtemps qu'il n'y avait pas eu autant
39:54 de manifestants dans la rue,
39:56 et ça, tout le monde s'en fiche. Donc du coup,
39:58 qu'est-ce qui se passe ? Vous donnez
40:00 évidemment, forcément,
40:02 vous donnez aux gens l'impression, ce qui est vrai,
40:04 qu'ils ont beau manifester, que rien ne change.
40:06 - Elle est inévitable, cette radicalisation du gouvernement du four.
40:08 3,5 millions de personnes dans la rue,
40:10 rappelons-nous des Gilets jaunes, qui étaient
40:12 bien moins nombreux, mais qui étaient violents.
40:14 Eux, ont fait céder le gouvernement.
40:16 Comment vous réagissez à ça ?
40:18 - Je pense que c'est
40:20 pas ce niveau de mobilisation, mais pour autant,
40:22 il y a une mobilisation importante. Ça, c'est vrai,
40:24 il faut l'entendre.
40:26 - Si vous n'allez pas en Manille, vous ne pouvez pas savoir.
40:28 Non mais à un moment donné, c'est
40:30 des mouvements extrêmement forts, on a rarement
40:32 vu ça en France, il faut le reconnaître.
40:34 - Non mais j'admets que la
40:36 mobilisation... - Forcément, on pense
40:38 aux Gilets jaunes aussi. La taxe carbone a été
40:40 retirée, et là, vous avez
40:42 un mouvement pacifique, une unité syndicale,
40:44 un pays, quand même, et l'opinion
40:46 qui est constante, à la fois sur l'adhésion
40:48 aux manifestants, et
40:50 contre le recul de l'âge légal.
40:52 Qu'est-ce que vous faites avec ça ?
40:54 - Un, je reconnais que la mobilisation
40:56 est forte. Deux, je reconnais qu'elle était
40:58 plutôt
41:00 bonne enfant.
41:02 C'était hier ou avant-hier,
41:04 devant
41:06 les Invalides, je suis passé,
41:08 c'était plutôt bon enfant,
41:10 et ça, il faut le reconnaître,
41:12 et c'est à l'honneur...
41:14 - Mais vous pensez que ça va
41:16 continuer à être bon enfant après le 49-3 ?
41:18 - Je pense qu'il va falloir un signal.
41:20 - Un signal quoi ?
41:22 - En termes d'expression, il va
41:24 falloir que le gouvernement... - Le président de la République ?
41:26 - Le gouvernement ou le président
41:28 s'exprime sur le sujet.
41:30 - Alors, Elisabeth Borne est sur TF1
41:32 ce soir, et on vous donnera les informations.
41:34 - Je pense que c'est un élément
41:36 important, il va falloir sortir
41:38 de cette situation de blocage.
41:40 - Elle peut rester pour vous, au gouvernement ?
41:42 - Ça sera à l'analyse du président
41:44 de la République, en fonction
41:46 des équilibres qu'il pourra
41:48 trouver, mais il faut envoyer,
41:50 je pense, un signal fort pour renouer
41:52 avec... - Le retrait,
41:54 c'est ça, il n'y a pas de pur et simple
41:56 de la réforme. - Ou le blocage,
41:58 c'est ça, dans l'équation ? - C'est évident,
42:00 mais on en est là, et encore une fois, on a fait
42:02 la démonstration qu'il n'y avait qu'en bloquant,
42:04 qu'il n'y avait qu'en coûtant de l'argent à l'économie
42:06 ou qu'en menaçant de violences
42:08 que ça marchait. C'est terrible, en fait, encore une fois.
42:10 Encore une fois, on revient sur la crise démocratique.
42:12 Donc oui, pour répondre clairement, on appelle
42:14 évidemment les Français à faire grève,
42:16 à soutenir les blocages, et d'ailleurs,
42:18 on leur dit de se renseigner,
42:20 il y a des caisses de grève, il y a plus de 3 millions d'euros dans des caisses de grève,
42:22 y compris la nôtre au moment de la France insoumise,
42:24 parce que nous, comme on sait qu'il y aura
42:26 49.3 depuis le début, comme on sait que l'issue
42:28 se jouera forcément dans la rue, nous,
42:30 on soutient vraiment, contrairement aux RN,
42:32 les manifestants et les blocages,
42:34 parce que ce qu'on veut en priorité, c'est que cette réforme soit retirée,
42:36 on ne se contente pas de parler,
42:38 et donc voilà, donc oui, bah oui, on en est là,
42:40 mais ça ne nous fait pas plaisir.
42:42 Alors, la question des blocages et la question de la radicalisation,
42:44 comment vous vous situez là-dessus au RN ?
42:46 Alors, je suis, et le mouvement
42:48 est totalement en faveur des manifestations,
42:50 dès lors qu'elle respecte effectivement tout le monde,
42:52 et je pense que les blocages finissent
42:54 par sanctionner les Français.
42:56 Quand on bloque une raffinerie, on bloque les Français,
42:58 les petites gens qui se rendent au travail et qui n'ont pas
43:00 la possibilité de descendre dans leur voiture.
43:02 Quand on bloque un blocage, nous ne sommes évidemment pas favorables.
43:04 C'est alors qu'on suit une journée contre deux ans de leur vie,
43:06 pour les gens, les petits gens, justement, qui souffrent
43:08 au travail et qui souffrent de cette réforme.
43:10 Je ne suis pas du genre à pouvoir priver les Français d'aller travailler.
43:12 Ces gens qui ont besoin de travailler,
43:14 vous l'avez souligné tout à l'heure, vous avez dit qu'il y avait un problème d'inflation,
43:16 des Français qui n'arrivent plus à finir les fins de mois,
43:18 et je ne veux pas avoir sur la conscience
43:20 cette faute et cette problématique.
43:22 Mais il va laisser des traces,
43:24 selon vous, ce mouvement social,
43:26 cette colère dans le pays, quelle trace elle va laisser ?
43:28 Elle va laisser beaucoup de problématiques,
43:30 mais effectivement, ce qui se passe aujourd'hui,
43:32 c'est qu'Elisabeth Borne en est à son 11e 49.3,
43:34 en l'espace de neuf mois.
43:36 Elle est, dans quelques mois,
43:38 elle sera au point de rejoindre Michel Rocard,
43:40 qui est à 28. C'est extrêmement grave,
43:42 les Français nous le disent sur le terrain,
43:44 qui sont effectivement surpris
43:46 et assez,
43:48 face à ce constat,
43:50 ils ont un désarroi qui est compréhensible,
43:52 parce qu'ils ne veulent pas être gouvernés
43:54 de façon aussi durement,
43:56 sans prendre en compte, là aussi,
43:58 les oppositions et prendre en compte,
44:00 évidemment, le scrutin, parce qu'il ne faut pas oublier
44:02 qu'en juin dernier, il y a eu des élections
44:04 et que la majorité s'est retrouvée
44:06 en majorité relative.
44:08 Il faut composer avec ça en France, aujourd'hui.
44:10 Anne-Charlene Bézina, la question qui se pose aussi,
44:12 c'est dans quel moment politique
44:14 on est ? Est-ce que ce pays peut être
44:16 encore réformé ou est-ce que cette crise,
44:18 si vous reprenez ce mot ou pas,
44:20 d'ailleurs, ça m'intéresse de le savoir,
44:22 va nous mettre dans une forme de statu quo
44:24 et marquer une forme de fin de quinquennat,
44:26 parce qu'aucune forme de réforme
44:28 ne sera possiblement votée dans l'hémicycle ?
44:30 - Je comprends tout à fait.
44:32 Je vais faire un petit retour, avant de répondre à votre question,
44:34 sur une question qui s'est posée,
44:36 vous avez parlé plusieurs fois de légitimité démocratique
44:38 que ce gouvernement n'aurait pas.
44:40 Je crois que c'est quand même intéressant de redire
44:42 que le résultat de sortie des urnes est de toute façon
44:44 une légitimité démocratique, ça, il faut quand même le rappeler.
44:46 Néanmoins, il y a un problème.
44:48 Moi, je pense qu'il y a un problème, c'est
44:50 qui a représenté dans l'hémicycle
44:52 l'intersyndical ? Qui a finalement réussi
44:54 à cristalliser ce mouvement du peuple ?
44:56 Certainement pas la majorité, mais l'opposition
44:58 non plus, finalement, n'a pas vraiment réussi
45:00 ce moment qui avait réussi en 1995,
45:02 où la rue a été
45:04 représentée dans le Sénat des Assemblées
45:06 et où il y a eu une force un petit peu par rapport à ça.
45:08 Et donc, je me demande, aujourd'hui, si le problème
45:10 n'est pas aussi... On a parlé
45:12 d'un fossé qui se creuse entre la démocratie
45:14 représentative et la démocratie sociale.
45:16 Peut-être que cet élément a joué
45:18 un rôle aussi dans le circuit
45:20 qui aurait pu se passer entre les syndicats
45:22 et les partis politiques. Mais c'est une question sur laquelle
45:24 vous allez sûrement m'apporter votre réponse.
45:26 Bien sûr, n'hésite pas. Non, mais je réponds directement.
45:28 Je pense qu'effectivement, ça a échappé à personne
45:30 qu'entre, disons, les têtes de réseau,
45:32 à la fois partis et syndicats,
45:34 c'est vrai que ces derniers temps,
45:36 ça a pu être plus compliqué.
45:38 Clairement, les syndicats ne mettent pas
45:40 des politiques dans leur cortège
45:42 ni dans leur organisation. Mais, on va dire nous, localement,
45:44 vous croyez qu'on ne parle pas aux bases syndicales ?
45:46 Vous pensez que ça se passe mal ?
45:48 Ça se passe très bien, on est avec eux tous les jours.
45:50 Vous n'avez pas eu un sentiment de représentation par eux ?
45:52 Bien sûr que si. Mais moi, encore une fois,
45:54 j'étais en manifestation tout à l'heure, sur tous les blocages
45:56 qui ont eu lieu sur ma circonscription,
45:58 mais non seulement ça se passe bien,
46:00 mais en plus, ils nous demandent comment ça se passe.
46:02 Est-ce que cette opposition a porté...
46:04 Ils ont quand même demandé d'arrêter.
46:06 De quoi ? De quoi ? De ne se sentir pas représenté.
46:08 Il faut quand même prendre ça.
46:10 Et j'entends sur le territoire
46:12 des gens qui peuvent être...
46:14 Qui ont la base et il y a des têtes comme partout aussi
46:16 dans un mouvement politique.
46:18 Mais pour autant, ils ne supportent pas
46:20 vos façons d'intervenir à l'hémicycle,
46:22 d'empêcher le débat,
46:24 de s'en prendre physiquement,
46:26 psychologiquement à des uns et des autres.
46:28 Il y a eu des députés qui ont été en très grande souffrance...
46:30 Nicolas Turcot, n'empêche qu'ils sont là,
46:32 ils sont légitimes, ils ont été élus, comme vous,
46:34 et donc il va falloir trouver des compromis.
46:36 Ma question, elle porte sur l'avenir.
46:38 Est-ce que le quinquennat est au point mort ?
46:40 Est-ce qu'il sera possible de trouver
46:42 une majorité, par exemple, sur un texte
46:44 très compliqué aussi à venir, sur l'immigration,
46:46 avec la droite, avec une partie de la gauche,
46:48 ou pas ?
46:50 Ou c'est fini, on n'y arrivera pas ?
46:52 -Dans mon approche
46:54 de...
46:56 du parti Modem, il faut aller
46:58 vers les autres, il faut aller vers les autres parties,
47:00 qui soient à gauche, qui soient à droite.
47:02 Même si, sur certains aspects,
47:04 je ne partage pas
47:06 tous les éléments, c'est une nécessité
47:08 pour la France. Je ne vois pas,
47:10 dans l'état actuel et au vu de ce qui s'est passé
47:12 aujourd'hui, comment, en restant
47:14 sur la majorité
47:16 telle qu'elle est
47:18 aujourd'hui, on pourrait faire
47:20 des réformes majeures. Donc il faut...
47:22 -Je rappelle qu'il y a des institutions.
47:24 Il faut les deux tiers du Parlement
47:26 à Versailles, l'immigration, texte très compliqué.
47:28 -On porte,
47:30 à un moment donné,
47:32 dans notre parti, quelque chose autour
47:34 de la proportionnelle, dans le sens où il faut
47:36 un certain nombre de majorités, de coalitions.
47:38 Je ne sais pas, au vu
47:40 de ce qui s'est passé aujourd'hui,
47:42 si ça renforce cette notion
47:44 de proportionnelle, mais pour moi,
47:46 que ce soit sur la droite
47:48 ou que ce soit sur la gauche,
47:50 il faut faire
47:52 des compromis pour arriver
47:54 à sortir la France de l'ornière, parce que
47:56 la France est dans l'ornière. -Je vous le disais,
47:58 Elisabeth Borne est l'invitée du 20h de TF1.
48:00 Elisabeth, vous avez pu suivre
48:02 cette intervention de la Première ministre.
48:04 Qu'a-t-elle dit au terme de cette journée
48:06 particulière à l'Assemblée ?
48:08 -Elle est encore en train de parler,
48:10 la Première ministre, mais elle l'a redit jusqu'au dernier moment.
48:12 Elle, le président de la République,
48:14 et ses ministres ont cherché une majorité
48:16 pour aller au vote, mais constatant
48:18 qu'il leur manquait quelques voix,
48:20 ils ont engagé la responsabilité du gouvernement.
48:22 Alors, Elisabeth Borne,
48:24 ce qu'elle a redit, c'est qu'elle a donné
48:26 la responsabilité à la droite,
48:28 aux Républicains, qui ont manqué
48:30 à leur responsabilité. Elle a aussi,
48:32 elle s'est dite très choquée par le
48:34 comportement des oppositions dans l'hémicycle,
48:36 disant que certains groupes d'opposition ne respectaient
48:38 pas les institutions.
48:40 -Est-ce qu'elle est en sursis,
48:42 d'après vos informations, Elsa ?
48:44 -Elle est évidemment fragilisée.
48:46 Vous le saviez, c'est Elisabeth Borne qui avait demandé
48:48 un peu plus de temps pour essayer de parvenir
48:50 à un compromis. C'est donc évidemment un échec.
48:52 Tout à l'heure, en réunion inter-groupe
48:54 avec les trois groupes de la majorité, elle a été applaudie,
48:56 elle a été soutenue, mais les députés gardent
48:58 un goût amer. Beaucoup voulaient
49:00 aller au vote. Elle a eu cette phrase
49:02 "Jamais mon destin personnel ne me fera
49:04 prendre une décision que je juge contraire
49:06 à l'intérêt de mon pays". Certains y ont vu
49:08 une marque de courage, d'autres
49:10 un semblant d'au revoir.
49:12 -Merci beaucoup, Elsa Mondingava.
49:14 On verra ce qu'il en est dans les heures,
49:16 dans les jours qui viennent. Véronique Louvaji,
49:18 ce chaos des retraites, est-ce qu'il rend impossible
49:20 la possibilité d'ouvrir d'autres
49:22 chantiers de réforme ou pas ?
49:24 -Je crois que le dossier des retraites, c'est toujours
49:26 un dossier compliqué, parce qu'effectivement,
49:28 c'est une réforme impopulaire.
49:32 Je crois que tous les exemples
49:34 des réformes de retraite, et nous en avons eu,
49:36 en 2010, la réforme Wörth, en 2003, Fillon,
49:38 à chaque fois, il y a eu une forte mobilisation.
49:40 Cela a été difficile.
49:42 J'ai échangé avec Gilles Carès
49:44 il y a quelques jours,
49:46 qui a vécu
49:48 tous ses différents projets,
49:50 et il me remémorait
49:52 un certain nombre d'anecdotes,
49:54 de vécus, et je crois que c'était très difficile.
49:56 -Mais comment continuer à réformer ?
49:58 L'état d'esprit, c'est quoi ? Il y aura des voies
50:00 de passage dans cet hémicycle, ou c'est fini ?
50:02 -Nous n'avons pas la culture,
50:04 en tout cas, du compromis
50:06 en France, entre les familles politiques.
50:08 Nous ne l'avons pas, il faut le reconnaître.
50:10 Force est de constater
50:12 que le paysage politique a changé
50:14 lors de ces dernières élections législatives,
50:16 donc il faut travailler
50:18 cette culture du compromis,
50:20 de la coalition, alors peut-être pas la coalition,
50:22 mais en tout cas du travail en commun,
50:24 et ça, nous ne savons pas faire.
50:26 -Il reste des textes très importants,
50:28 je parlais de l'immigration, mais il n'y a pas que ça,
50:30 il y a la transition écologique avec les investissements,
50:32 il y a aussi l'hôpital,
50:34 tout ça, vous êtes prêts quand même à co-construire
50:36 pour ce compromis, ou au fond, c'est la guerre
50:38 de tranchées qui commence ce soir ?
50:40 -Très clairement,
50:42 non, nous, on n'est pas
50:44 prêts à co-construire parce que,
50:46 encore une fois, si vous
50:48 vouliez vraiment un compromis, le gouvernement
50:50 aurait mis plusieurs options sur la table.
50:52 Il y a les comptes publics, il y a la dette publique,
50:54 déjà, nous, on pense très sincèrement
50:56 que la dette publique, à ce stade, elle n'est pas remboursable,
50:58 on a eu des débats longs sur le sujet.
51:00 -On a des divergences très importantes.
51:02 -Quoi qu'il en soit, non, mais du coup, il y a des options.
51:04 La réforme des retraites,
51:06 faire croire aux gens que c'est la réforme des retraites
51:08 qui va régler le problème des comptes publics,
51:10 c'est franchement une très grosse arnaque.
51:12 -On ne va pas rouvrir ce débat sur les économies.
51:14 -Non, mais je ne vais pas le dire,
51:16 parce qu'en fait, ce qui m'agace beaucoup,
51:18 c'est qu'on nous présente vraiment à chaque fois la réforme
51:20 comme une nécessité financière absolue.
51:22 Si on avait vraiment voulu construire des compromis,
51:24 déjà, rien que sur ça... -Il s'agit quand même de trouver
51:26 20 milliards en 2030, c'est pareil.
51:28 -En 2030, oui, mais attendez, qu'est-ce qu'on fait en ce moment ?
51:30 On supprime encore 16... Oui, mais là, on vient de supprimer,
51:32 on va supprimer, avec la suppression de la CVE,
51:34 16 milliards par an, dès maintenant,
51:36 pas d'ici 2030, dès maintenant.
51:38 Donc on continue à faire des choix qui aggravent
51:40 notre déficit, notre capacité, justement...
51:42 -Vous aviez d'autres options, et la France insoumise
51:44 les a largement présentées.
51:46 -Pour nous, c'est vraiment une question,
51:48 c'est très, très simple, en fait.
51:50 Le monde, et ça, pour le coup, sur le constat, je suis d'accord,
51:52 le monde, je l'ai dit, traverse une période de grande turbulence,
51:54 on est tous d'accord là-dessus, on n'a juste pas
51:56 du tout, du tout, du tout les mêmes réponses.
51:58 Je pense que le néolibéralisme, sous quelles que soient
52:00 ses formes, qu'on pratique depuis les années 80,
52:02 nous emmène dans le mur.
52:04 Donc, à ce moment-là, il n'y aura pas beaucoup
52:06 de compromis possibles, à la marge, avec ce constat
52:08 qui nous oppose profondément. -En tout cas,
52:10 cette nouvelle donne politique nous montre qu'on est bloqué.
52:12 Et la démocratie représentative
52:14 est en panne, ce soir. On va terminer avec
52:16 la question du référendum.
52:18 Peut-être que c'est une potentielle
52:20 sortie par le haut. C'est Fabien Roussel
52:22 qui milite pour le référendum d'initiative
52:24 partagée.
52:26 -J'ai pris des décisions
52:28 en faveur de la FIAT.
52:30 -Ca, ça n'est pas Fabien Roussel, le président
52:32 du groupe
52:34 communiste à l'Assemblée.
52:36 Fabien Roussel qui, lui, je vous le disais,
52:38 veut, eh bien, actionner
52:40 un outil constitutionnel,
52:42 le référendum d'initiative partagée.
52:44 On l'écoute. -Aujourd'hui,
52:46 la suite, c'est le RIP, le référendum
52:48 que nous allons déposer, défendre,
52:50 et pendant les 9 mois
52:52 qui vont suivre, pour
52:54 obtenir ces 4 millions de
52:56 signatures, cette réforme devra être
52:58 suspendue, et donc nous avons
53:00 encore l'espoir de l'emporter,
53:02 de faire respecter le monde du travail,
53:04 et de créer les conditions que cette réforme
53:06 ne soit jamais mise en application, en rendant
53:08 le pouvoir au peuple. -Anne Schiavone,
53:10 vous avez une minute pour nous dire ce que c'est
53:12 que le référendum d'initiative partagée,
53:14 et s'il a une chance d'aboutir. -Alors, le référendum
53:16 d'initiative partagée, c'est une nouvelle
53:18 procédure qui existe dans notre Constitution
53:20 depuis la réforme de 2008,
53:22 et qui, en fait, vient aménager la procédure
53:24 de référendum qui, normalement, est vraiment unilatérale
53:26 entre le président et le peuple. Le référendum
53:28 d'initiative partagée, c'est une rencontre, en fait,
53:30 entre un cinquième des parlementaires
53:32 et un dixième de la population.
53:34 C'est une proposition de loi qui
53:36 va donc lancer l'initiative
53:38 parlementaire, et qui, ensuite, ouvrira
53:40 au recueil des votes. Alors, il y a plusieurs formalités,
53:42 c'est-à-dire que cette proposition
53:44 de loi référendaire... -Beaucoup de conditions.
53:46 -Elle est très conditionnée par l'article 11
53:48 qui nous dit déjà qu'elle ne peut pas avoir
53:50 un objet abrogatif immédiat.
53:52 Donc là, on est quand même dans quelque chose de très tendu
53:54 parce que, quand bien même, évidemment, la proposition
53:56 de loi ne proposera pas directement
53:58 d'abroger la réforme des retraites,
54:00 elle aura cet objet
54:02 de plus ou moins l'interdire de se mettre
54:04 en application. Et il y a une première
54:06 condition qui me fait un petit peu... -Il y a les 4 millions
54:08 d'inserts des signatures, les un dixième du corps électoral.
54:10 -Avant même d'en arriver au recueil des signatures,
54:12 le Conseil constitutionnel doit donner un avis sur la constitutionnalité
54:14 au nom de cette proposition.
54:16 Et l'objet abrogatif immédiat me paraît quand même
54:18 déjà un petit peu douteux sur la première étape.
54:20 Sur la seconde, vous l'avez dit, il faut près de 4 millions neufs,
54:22 je crois, de signataires
54:24 au niveau de la population.
54:26 Le dernier référendum d'initiative populaire
54:28 que nous avons connu en 2019, on en a obtenu,
54:30 je crois, qu'un petit million. Donc, c'est toujours difficile...
54:32 -Et in fine, c'est toujours le président de la République
54:34 qui décide. -C'est toujours le président de la République
54:36 qui décide. -Bon, voilà, c'est pas encore
54:38 le bout du tunnel sur cette question
54:40 du référendum. -C'est pour ça qu'il faut continuer à bloquer.
54:42 -Vous restez avec moi. On va s'arrêter sur les retraites,
54:44 si vous le voulez bien. Merci déjà d'être venu
54:46 débattre. Mais vous allez le voir,
54:48 il n'y avait pas que les retraites à l'Assemblée
54:50 aujourd'hui. C'est un Bourbon Express particulier
54:52 ce soir qui nous est présenté
54:54 par Thibault Hénocque. On l'accueille tout de suite.
54:56 (Bruit de clavier)
54:58 Bonsoir, Thibault.
55:00 -Bonsoir, Myriam. -Ravie de vous accueillir
55:02 pour conclure cette émission.
55:04 Je te disais, il n'y avait pas que les retraites.
55:06 La commission d'enquête sur le nucléaire
55:08 a auditionné deux personnalités
55:10 de taille. -Oui, deux anciens chefs
55:12 de l'Etat auditionnés par l'Assemblée nationale.
55:14 Ce n'est pas tous les jours que ça arrive.
55:16 C'est un événement plus rare, même que le
55:18 49-3, c'était une première
55:20 sous la Ve République.
55:22 C'est François Hollande et Nicolas Sarkozy
55:24 qui ont donc répondu aux questions des députés
55:26 de la commission d'enquête sur l'énergie.
55:28 Ils ont dû justifier leur choix en matière de nucléaire
55:30 pendant l'exercice de leur mandat.
55:32 Alors, que retenir de ces grands euros
55:34 de près de trois heures ? Eh bien d'abord,
55:36 l'absence de Méa Culpa.
55:38 Les deux présidents ont défendu bec et ongle
55:40 les choix qu'ils ont faits pendant leur quinquennat.
55:42 Pour Nicolas Sarkozy,
55:44 le soutien indéfectible au nucléaire,
55:46 même après Fukushima,
55:48 l'ouverture d'EDF à la concurrence.
55:50 Pour François Hollande, l'objectif
55:52 de la réduction de la part du nucléaire à 50%,
55:54 et la fermeture de Fessenheim.
55:56 En résumé, à de rares nuances près,
55:58 si c'était à refaire, ces deux-là referaient la même chose.
56:00 Il ne regrette rien. Écoutez.
56:02 J'ai pris des décisions
56:04 en faveur de la filière nucléaire.
56:06 Quel que soit le prix politique à payer,
56:08 et je l'assume,
56:10 je dois reconnaître ce que j'ai fait,
56:12 assumer, et le faire encore devant vous,
56:14 mes décisions.
56:16 J'assume que je suis pour l'ouverture
56:18 à la concurrence.
56:20 Je revendique cette décision.
56:22 Fessenheim devait fermer.
56:24 Mais alors, si tout est pour le mieux
56:26 dans le meilleur des mondes atomiques,
56:28 comment répondre à la question qui t'arrode,
56:30 la commission d'enquête, pourquoi la filière nucléaire
56:32 se retrouve aujourd'hui si mal en point
56:34 avec une capacité nucléaire
56:36 la plus faible depuis 35 ans ?
56:38 Réponse de Nicolas Sarkozy.
56:40 C'est la faute de François Hollande.
56:42 Les signaux désastreux,
56:44 politiques,
56:46 idéologiques,
56:48 qui ont été envoyés,
56:50 j'ai dit ça serait une folie.
56:52 Je visais l'accord PS-Europe-écologie
56:54 de novembre 2011,
56:56 qui quand même prévoyait
56:58 24 fermetures sur 58 réacteurs.
57:00 On voulait tuer la filière.
57:02 Alors, vous vous en doutez,
57:04 l'intéressé a écouté l'audition
57:06 de son prédécesseur le matin même
57:08 et quelques heures plus tard, il lui a répondu
57:10 dans une sorte de dialogue à distance.
57:12 Il a été, pour certains,
57:14 tentant de faire des polémiques.
57:16 Est-ce un défaut d'investissement ?
57:18 Qui expliquerait l'arrêt
57:20 momentané de près de 26 réacteurs ?
57:22 Est-ce un doute
57:24 sur la pertinence du nucléaire
57:26 lié à une posture politique ?
57:28 Non, il a été établi
57:30 que la cause a été provoquée
57:32 par la découverte d'un phénomène
57:34 de corrosion sous contrainte,
57:36 de fissures.
57:38 Mais alors, d'après l'ancien président socialiste
57:40 qui est responsable, d'après vous,
57:42 eh bien, Nicolas Sarkozy.
57:44 François Hollande a longuement
57:46 critiqué la mise en concurrence
57:48 d'EDF, vraie raison selon lui,
57:50 de l'affaiblissement du nucléaire
57:52 au terme d'une loi prise en 2010
57:54 par Nicolas Sarkozy.
57:56 Une concurrence faussée, a-t-il dit,
57:58 par le fameux dispositif de la reine
58:00 décidé par son prédécesseur ?
58:02 S'il y a une décision
58:04 qui a été contraire à la filière
58:06 nucléaire, c'est bien
58:08 la loi NOM de 2010.
58:10 Pas simplement la mise en concurrence,
58:12 mais une concurrence faussée.
58:14 Cette loi a privé EDF de ressources.
58:16 Alors voilà pour le retour à l'envoyeur.
58:18 Mais dans cette histoire, il manque quelqu'un,
58:20 me direz-vous, Emmanuel Macron ?
58:22 Il a été question de l'actuel
58:24 président avec un traitement
58:26 différencié. Nicolas Sarkozy a été
58:28 plutôt clément. Emmanuel Macron
58:30 n'est pas en cause dans la fermeture
58:32 de la centrale de Fessenheim, a-t-il dit.
58:34 François Hollande, lui, a eu la dent plus dure.
58:36 Il a déclaré qu'Emmanuel Macron avait,
58:38 je cite, "affaibli délibérément EDF"
58:40 du fait des décisions prises l'an dernier
58:42 dans le cadre du bouclier tarifaire.
58:44 Vous le voyez, dans ce débat entre
58:46 présidents sur le nucléaire, on est loin
58:48 de la fusion. - Ouais, quelle chute,
58:50 merci. Merci beaucoup Thibault Hénoc
58:52 pour ce papier
58:54 très complet sur ces deux auditions présidentielles
58:56 d'importance. On reviendra,
58:58 bien sûr, sur les travaux de cette commission d'enquête
59:00 parlementaire. Merci beaucoup à vous quatre
59:02 d'être venus au débat. Pas le temps de vous faire réagir,
59:04 c'est un peu de ma faute, désolée, et merci à vous
59:06 Anne Charlene, Bézina, dans le fauteuil
59:08 du grand témoin, ce soir. Demain, une émission
59:10 pour poursuivre sur, justement, la crise
59:12 de la démocratie représentative.
59:14 19h30, à demain. Très belle soirée
59:16 sur SCP, bien sûr.
59:18 (Générique)

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