• l’année dernière
Un déjeuner partagé avec Corinne Vignon, députée Renaissance de Haute-Garonne, pour parler des tapas, totem de la cuisine espagnole et gros plan sur un abattoir modèle pour limiter la maltraitance animale.
Loin des codes classiques de l´interview, LCP a concocté un nouveau programme aux petits oignons pour croquer la politique autrement.
Avec la complicité de Jean-Pierre Montanay, Brigitte Boucher mettra son grain de sel dans cette cuisine pour passer le politique sur le gril.
« Cuisine et Confidences »... Quel rapport l´invité politique entretient-il avec la
gastronomie ? Sa gourmandise, ses talents ? Les orientations culinaires de ce boulimique de la politique ? Mais aussi « Les pieds dans le plat »... pour aborder les sujets d´actualité.
Et enfin « La face cachée de nos assiettes »... ou comment le contenu de nos assiettes en dit long sur notre société face à ses nouveaux enjeux.

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Transcription
00:00 [Musique]
00:16 Bonjour à tous et bienvenue sur LCP dans "Politique à table" autour d'un plat, d'un invité et d'un dessert.
00:23 Et notre invité cette semaine c'est Corinne Vignon. Bonjour !
00:26 Bonjour !
00:27 Et avec moi pour présenter cette émission Jean-Pierre Montanay. Bonjour Jean-Pierre !
00:30 Bonjour Brigitte ! Bonjour Corinne Vignon !
00:31 Bonjour Jean-Pierre !
00:32 Vous êtes députée Renaissance de Haute-Garonne depuis 2017.
00:36 Vous avez travaillé sur "Feu, la retraite à poing" lors du premier quinquennat et sur le bien-être animal.
00:42 Engagée tardivement en politique, vous êtes devenue maire de Flou-Reims près de Toulouse en 2014.
00:47 Mais vous êtes plutôt touche-à-tout.
00:50 Diplômée de l'École supérieure d'art et de design de Reims, vous devenez architecte d'intérieur.
00:54 Avant de partir au Costa Rica, construire un complexe écotouristique avec des tortues.
00:59 Dix ans plus tard, vous devenez charcutier traiteur et vous allez travailler comme traiteur officiel du Barça.
01:07 Et puis après, directrice commerciale d'Afflelou.
01:11 En gros, vous traversez la rue et vous trouvez du boulot.
01:13 Vous êtes sans doute la plus macroniste de l'hémicycle.
01:16 Vous qui avez aussi exercé un temps en temps castrologue.
01:20 Alors quel avenir pour la réforme des retraites ? On en reparlera.
01:23 Votre menu comme votre parcours est atypique.
01:25 Nous sommes donc bien loin de la Haute-Garonne.
01:28 Adieu cassoulet et saucisses de Toulouse, ce sera light dans l'assiette.
01:32 Exactement, on dirait du régime crétois.
01:34 De l'espadon grillé avec des légumes vapeur et en dessert, une assiette de fruits exotiques.
01:40 Dans le dessous des plats, plein farce sur les tapas totem de la cuisine espagnole.
01:45 Plus qu'une tradition, un mode de vie.
01:47 Et dans les pieds dans le plat, gros plan sur un abattoir modèle pour limiter la maltraitance animale.
01:54 Allez, on passe à table tout de suite. Cuisine et confidence.
01:58 Alors Corinne Vignon, cet espadon n'est pas par hasard dans votre assiette.
02:07 D'abord, ça rime, Vignon, espadon.
02:09 Mais vous, la défenseure reude du bien-être animal,
02:12 vous le vénérez, ce poisson surnommé poisson épais.
02:16 Il incarne à vos yeux la résistance animale, la force contre l'hégémonie de l'homme.
02:20 Et oui, son nom vient du mot italien spadone qui, Brigitte, veut dire, signifie grande épée.
02:26 L'épée qui, dans l'histoire et la mythologie, représente souvent l'arme suprême.
02:32 Excalibur, l'épée magique et légendaire du roi Arthur,
02:35 Durandal, l'épée mythique qui aurait appartenu à Roland, le neveu de Charlemagne,
02:40 l'épée de Brénus que se disputaient César et Pompée.
02:42 Et puis, plus près de nous, l'épée laser, inspirée de la mythologie dans la saga Star Wars.
02:47 Pour son épée, donc, en guise de trophée,
02:50 l'espadon continue d'être traqué par les pêcheurs qui adorent défier ce prédateur qui peut peser,
02:55 Brigitte, jusqu'à une demi-tonne et mesurer 4 mètres de long.
02:59 Mais dites-moi, Corinne Vignon, vous qui adulez ce poisson,
03:02 comment expliquez-vous que vous acceptez encore de le couper en darnes ou en tranches pour le déguster ?
03:09 - Eh bien écoutez, d'abord parce que j'adore l'espadon, très clairement.
03:15 Alors oui, bien sûr, je défends le bien-être animal,
03:18 mais cet animal, l'espadon, vit libre, heureux.
03:22 Et la vie, c'est aussi la mort. Donc il est pêché.
03:26 Il y a une industrie de la pêche qu'on défend ardemment, même si elle est vertueuse, en tout cas.
03:33 Et je trouve que ce poisson est absolument délicieux et il est extrêmement light.
03:38 Et moi, je suis... Je fais très attention à la ligne.
03:41 - Vous avez bien insisté. Light, light, light pour le plat, light pour le dessert.
03:45 Pourquoi ? Parce que vous faites très attention à votre ligne ?
03:47 - Depuis toujours. - Ah ! Vous avez tendance à prendre du poids ?
03:51 - Eh bien c'est surtout que je me suis dit, très jeune, je garderai ma taille jusqu'à la retraite.
03:57 Et là, pour l'instant, je tiens la vache. - Vous avez les mêmes vêtements.
03:59 - Exactement. Je mets encore des chausses d'il y a 20 ans.
04:03 - Vous n'avez pas intérêt à qu'on repousse l'âge de la retraite, vous ?
04:05 - Voilà, voilà. - Ça veut dire quoi ? Jamais de dessert ou très peu ?
04:09 - Jamais, jamais. - Jamais de gras ? Le cassoulet ?
04:12 - Alors, ma pauvre... - Tout ce qu'on trouve chez vous en Haute-Garonne ?
04:15 - Ma pauvre... J'adore ça. Je me prive en permanence.
04:19 Mais ceci dit, je suis ravie de mettre mes jeans d'il y a quelques années.
04:24 - Parce qu'un petit cassoulet, de temps en temps, vous le voyez tout de suite sur le pantalon ?
04:27 - Immédiatement. Vous savez, quand on est en privation, quand on est très strict sur le régime...
04:31 - Tout de suite, ça fait monter. - Tout de suite, vous prenez un kilo dès que vous mangez trois frites.
04:34 - D'accord. - Donc, il n'y a jamais d'écart et vous faites très attention.
04:38 - Très rarement. Je pense que je mange des frites, par exemple, une fois par an, dans le meilleur des cas.
04:41 - Ah oui ? - Oui, oui.
04:42 - Et donc, vous avez banni quoi d'autre de votre alimentation ?
04:45 - Donc, évidemment, tous les gâteaux, tout ce qu'on adore, en fait.
04:49 J'ai banni tout ce que j'aime, c'est-à-dire les éclairs au chocolat, les pains, les chocolatines,
04:55 puisque ce ne sont pas les pains au chocolat. - C'est le sud, ça.
04:58 - C'est le sud. - Donc, le sucre, parce que ça fait grossir. Le gras ?
05:02 - Le vin, très peu, pas d'alcool. Donc, je mange des légumes, je mange des fruits.
05:08 - Les féculents ? - Les féculents, ça doit être dissocié.
05:11 Les féculents, c'est deux fois par semaine et c'est le soir et ce n'est pas le midi.
05:16 - D'accord. Et "dissocié", c'est-à-dire que vous les mangez seuls ou vous mangez de la viande ou du poisson avec ?
05:22 - C'est-à-dire qu'un petit peu de graisse, un tout petit peu le midi, jamais de graisse le soir,
05:27 des féculents le soir et les fruits le soir. Vous savez ?
05:31 - Alors, moi, j'ai entendu tout à fait l'inverse. Surtout pas prendre des fruits le soir, par ainti.
05:34 - Oui, mais ça marche. Regardez Jean-Pierre. Ça marche. - Ça marche.
05:38 - Et le matin ? On m'a dit des protéines, moi. - Le matin, un petit peu de protéines,
05:43 yaourt 0%, pas de graisse le matin. - Pas de graisse ?
05:46 - Jamais de graisse le matin. - Ah bon ? Pas de beurre sur les carteres ?
05:48 - Et du pain... - Pas de confiture ? - Non, surtout pas. Et pain complet.
05:52 - Mais ça, c'est des régimes ou c'est vous qui allez voir ? - Non, non, non.
05:54 C'est pas moi qui l'ai inventé, très clairement.
05:57 Moi, je suis une diététicienne depuis des années qui m'a donné la base et ça fonctionne.
06:02 - Mais ça marche. - Parce que je fais toujours même quoi.
06:04 - Donc, ça veut dire que vous mettez pas de sauce dedans, parce que souvent, on a tendance à se rattraper sur la sauce.
06:08 C'est comme le poisson, parfois, y a une petite sauce qui accompagne.
06:10 - C'est ça ! - C'est ça qui fait grandir. - Mais c'est ça qui est bon.
06:13 Mais les pâtes, déjà, j'en mange très peu. Très, très, très peu. Je mange plutôt du riz.
06:17 Et fini la carbonara, fini tout ce que j'adore. Mais bon, c'est un choix.
06:23 - Et on m'a dit que vous étiez malheureuse, maintenant, à cause de ça.
06:27 - Non, ça va. Parce que, parallèlement, j'adore les légumes, j'adore les fruits.
06:30 - Alors, goûtons cet espadon. - Alors, goûtons cet espadon.
06:33 - Et rappelons quand même que l'espadon en est quand même très allongé.
06:36 C'est pour ça qu'on le compare à une épée. - Absolument.
06:40 - Son nom vient, effectivement, de cette épée qui a du mot "espadon".
06:44 - Alors, l'espadon, c'est proche du thon. - Oui, c'est vrai.
06:48 - Mais vous, vous avez une préférence pour... - J'ai des petites choses à vous dire, même, sur l'espadon.
06:52 - Oui, mais c'est juste pour savoir si vous avez une préférence par rapport au thon, parce que c'est pas si éloigné que ça.
06:57 - C'est pas franchement éloigné. Ceci dit, moi, j'aime plutôt ce qui est cuit.
07:03 Donc, l'espadon se mange cuit. Le thon se mange mi-cuit, voire cru.
07:08 Donc, je préfère l'espadon. - Alors, trois choses à savoir, du coup, pour cuisiner l'espadon, Jean-Pierre.
07:14 - C'est la première fois qu'on a le droit de l'espadon. - Dans cette émission.
07:17 - Dans cette émission. Et il est très bon. Merci. - Oui, c'est très bon.
07:19 - Alors, c'est un poisson à chair très délicate. Il ressemble, on vient de le dire, un peu à celle du thon.
07:24 Il est source de protéines, de fer, de vitamines, riche en lipides et en oméga-3.
07:29 - Très bien. - Il appartient à la catégorie des poissons semi-grats, comme la sardine et la mackereau, donc.
07:34 Comme le mackereau, donc, c'est très bon pour la santé. - Absolument.
07:37 - L'espadon se pêche aussi bien dans les mers tempérées ou tropicales.
07:40 Donc, du coup, entre la Méditerranée, les océans Pacifique, Atlantique ou Indien, il se pêche toute l'année.
07:46 Attention, quand même, l'espadon est victime de surpêche. Ses stocks sont donc bas.
07:51 Donc, comme vous l'avez d'ailleurs justement dit, privilégiez, lorsque vous êtes chez votre poissonnier,
07:56 une pêche durable en regardant si cet espadon n'est pas en train de dilapider les stocks d'espadon.
08:04 - Mais c'est un poisson qui se pêche à la ligne. Il n'y a pas de chalut, etc., qui peuvent détériorer le fond marin.
08:10 - Évidemment. Et puis, c'est un poisson qu'on pêche souvent au gros.
08:13 Vous savez, les pêcheurs adorent défier un peu un espadon qui se bat.
08:16 Il y a vraiment un combat un peu titanesque entre l'animal.
08:19 - C'est le caillum et la mer. - Voilà, exactement.
08:21 Alors, il se cuisine aussi bien au barbecue, à la poêle, au four, même s'il est préférable un peu de le faire mariner au four,
08:27 parce qu'il peut être un peu sec. Cuisson brève, dans tous les cas, un peu comme pour le thon.
08:31 Moi, je pense qu'on peut aussi le manger un peu rosé, l'espadon, mais c'est vrai qu'il mérite, il supporte davantage un peu de cuisson.
08:37 Il peut même se déguster cru en carpaccio ou en ceviche, juste avec un peu de sel et de citron vert.
08:44 - Ah, ça, je l'ai jamais fait. Vous ne l'aimez pas trop, mais vous l'avez bien goûté ?
08:47 - Oui, oui, mais en ceviche, oui, parce qu'il y a la coriandre, etc., il y a un certain nombre, il y a du citron, de l'oignon.
08:53 Et donc, oui, c'est très bon en ceviche.
08:55 - Alors, vous, vous le préparez comment, si vous faites de l'espadon chez vous ?
08:57 - Alors, très curieusement, je n'en fais pas souvent, parce que je n'aime pas cuisiner le poisson.
09:03 - Ah, c'est la cuisson qui est difficile ?
09:05 - Non, je n'aime pas cuisiner le poisson. Je cuisine beaucoup, mais je ne cuisine pas tellement de poisson.
09:08 - Parce que ça vous dégoûte de le toucher avant ?
09:10 - Oui, l'odeur, le truc, j'aime pas trop.
09:12 Et puis, je n'ai pas forcément le temps d'aller chez le poissonnier à une heure donnée pour que ça soit frais, etc.
09:18 Donc, j'en mange plutôt à l'extérieur, au restaurant et quelques fois à l'Assemblée nationale, d'ailleurs, parce qu'ils nous en servent.
09:26 - Et alors, vous aimez cuisiner ? Quels sont vos plats signatures, comme on pourrait dire ?
09:30 - Alors, moi, qui ai eu la chance de beaucoup voyager et qui ai vécu à l'étranger, j'aime beaucoup les choses épicées.
09:38 J'aime énormément la cuisine indienne, j'aime énormément la cuisine thaïlandaise.
09:42 - Vous avez été en Asie ?
09:44 - J'ai beaucoup travaillé à Bali, parce que lorsque j'étais en Costa Rica, j'allais très souvent à Bali pour faire fabriquer des maillots de bain, des sarongs et des tas d'objets.
09:54 - Bali, c'est une cuisine intéressante, parce qu'on est indonésien, mais en même temps, on n'est pas musulman, donc on peut avoir un peu de porc, etc.
09:59 - C'est ça, il y a un petit peu de porc.
10:01 - Au confins de plusieurs cultures, c'est intéressant.
10:03 - Absolument, c'est vraiment intéressant.
10:05 - Donc, épicées, vous aimez bien ?
10:07 - Ah, j'aime bien épicées, j'aime bien goûteuses. Justement, lorsqu'on est très régime, justement, on met des épices pour donner du goût.
10:13 - Vous voyez, du goût, ça intéresse.
10:15 - On ne met pas de gras, mais on met du goût.
10:17 - Alors, la meilleure cuisine du monde, puisque vous avez voyagé, pour vous, c'est quoi ? Alors, pas dans l'absolu, mais pour vous.
10:22 - Alors, la française est extrêmement goûteuse, extrêmement élaborée. Ceci dit, moi, la cuisine espagnole, pourtant, elle n'est pas légère.
10:31 Mais une bonne paella, une fidoa...
10:35 - Oui.
10:36 - Ah oui, c'est grandiose.
10:37 - Fidoa, rappelez-nous.
10:38 - Alors, la fidoa, c'est...
10:39 - C'est des petites pâtes qu'on cuit comme une paella.
10:41 - Des petites pâtes qu'on cuit comme une paella, mais on la met au four.
10:44 - Oui, pour que ça sèche.
10:45 - C'est très important pour que les petits cheveux d'ange se graissent, dressent. Donc, on a une sorte de coupe au carré quand vous recevez le plat.
10:55 Et c'est délicieux. Et c'est à base de poisson, bien évidemment.
10:58 - Souvent, on oppose cuisine espagnole italienne. Vous, vous préférez la cuisine espagnole, qui est pourtant un peu plus grasse, effectivement.
11:04 - Un peu plus grasse.
11:05 - Un peu moins raffinée. Mais moi, j'aime bien la cuisine espagnole.
11:07 - Ah oui. Et vous savez la faire, la paella, par exemple ? Vous savez la préparer ?
11:10 - Oui, parce que j'étais... Alors, non seulement j'ai vécu en Espagne, mais parallèlement, j'ai été mariée avec un catalan. Ne confondons pas les catalans et les espagnols.
11:17 - Attention, pas de problème sur ce plateau.
11:19 - Attention. Et donc, effectivement, ma belle-mère, mon ex-belle-mère, avait des restaurants.
11:26 Alors donc, elle m'a appris à faire la paella comme il fallait la faire, la fidoa comme il fallait la faire,
11:32 et surtout quelques petites recettes à base de riz, du genre du lapin aux artichauts, ce qu'on ne mange pas du tout en France, et qui est un pur délice.
11:44 Donc, des choses un peu différentes.
11:46 - Et donc, vous, quand vous cuisinez, c'est plutôt de la cuisine espagnole, chez vous ?
11:50 - Mais disons que j'ai un fils, évidemment, qui est... bi.
11:55 - Entre l'Espagne et la France ?
11:57 - Et donc, il me demande souvent, "Maman, une tortilla..." Il a 24 ans, mais vous savez, même à 24 ans, "Maman, t'es là ?"
12:05 Quand je rentre à Toulouse, "Ah, t'es là, j'aime que tu sois là, parce que tu vas pouvoir me faire à manger."
12:09 Donc, une tortilla...
12:12 - Tortilla, c'est des oblètes espagnols, qui sont très bonnes. Mais la paella, c'est pas catalan ?
12:16 - La paella n'est pas catalane, elle est de Valence.
12:19 - Non, c'est Valence, la vraie.
12:20 - Elle est de Valence.
12:21 - Après, ça a un peu essémé dans toutes les semaines, mais la vraie, l'originale, c'est...
12:24 - C'est de Valence. Mais vous savez qu'historiquement, à l'époque de Franco, il y a énormément d'Espagnols purs qui sont montés en Catalogne,
12:32 puisque Franco voulait absolument que la Catalogne s'espagnise.
12:37 Donc, il y a énormément de doubles... Je vais pas dire nationalités, puisqu'ils sont tous espagnols, mais enfin, c'était double identité.
12:45 - Voilà.
12:46 - Exactement.
12:47 - Racontez-nous quand même, parce que vous avez été charcutier-traiteur. On s'improvise pas charcutier-traiteur, j'imagine.
12:52 - Eh oui !
12:53 - C'est une histoire un peu dingue. C'est-à-dire que, revenons du Costa Rica, alors que j'avais un musée de la tortue marine,
13:00 et j'avais un complexe écotouristique important, comme j'étais mariée avec un Catalan, je suis revenue à Barcelone,
13:10 et je suis arrivée dans un quartier complètement en construction, c'était un ancien camping,
13:16 et là, je me suis dit "je veux boire un café". Il n'y avait pas de café. J'ai dit "bon, on va en faire un".
13:20 Et donc, un café, voilà, j'ai pris un local, avec... Et quand vous êtes en Espagne, vous ne pouvez pas faire un local sans les tapas,
13:30 sans les jambons qui pendent, donc du coup on l'a transformé aussi en charcuterie, et charcuterie où on avait des délicatessennes françaises,
13:38 avec du foie gras, des choses un petit peu plus élaborées que du typique jambon, rabougou, etc., même si ça c'est extraordinaire, au palais.
13:47 - Le meilleur jambon du monde est espagnol.
13:48 - Le meilleur.
13:49 - C'est pas le belota, non ?
13:50 - Si, belota, belota.
13:51 - C'est ça, c'est ça. Mais il y a le guiruelo, mais les gens ne savent pas trop la différence, mais bon, c'est pas grave.
13:56 Et donc, même le jambon blanc, le simple jambon blanc, en Espagne, leur jambon cuit blanc est catastrophique.
14:04 Il est carré, c'est immangeable, alors que quand on en vient avec notre jambon blanc, eh bien il l'apprécie beaucoup.
14:11 Donc du coup, de là, on a fait un peu de traiteurie. Alors évidemment, il y avait une terrasse où on servait des tas de choses,
14:17 puisque les Espagnols ne viennent pas acheter, ils viennent aussi déguster. Et puis vous savez que les horaires sont très très différents.
14:24 Donc, écoutez, terrasse, grande charcuterie, on fait un peu de tout, et puis un jour, je demande à un de mes fournisseurs français de foie gras de me livrer.
14:37 Il vient et je lui dis, mais là, il y a un vrai coup à faire en termes de traiteur, puisqu'en Espagnol, il y a un pouvoir d'achat énorme sur le traiteur.
14:47 Vous avez des mariages, tous les mariages se font entre 120-150 euros par tête, ce qui n'est pas du tout le cas en France.
14:56 Le budget est nettement... - Donc il y avait un marché ?
15:00 - Il y avait un marché. On s'est dit, mais il faut mettre la France là, parce que qui mieux que nous pouvons faire ce genre de choses ?
15:08 Et donc du coup, on a monté Place Allée Catalou, en plein centre de Toulouse, on a monté un traiteur qui était donc la filiale du traiteur français.
15:18 Et là, j'en étais la directrice, puisque le patron ne parlait pas du tout espagnol et ne connaissait pas du tout l'Espagne.
15:27 Et je suis allée démarcher des entreprises, dont le Barça. Et il se trouve qu'à l'époque, le responsable communication était français.
15:35 Et donc, allez, ça s'est passé... Vous savez, les Français, quand ils sont à l'étranger, il y a une caste française qui se fait.
15:44 - Barça, précisons, c'est le FC Barcelone, le club mythique. - Le club mythique de Camp Nord.
15:50 - Et donc là, on a gagné le marché. Et là, des grandes soirées extraordinaires à mille personnes, que des VIP, les joueurs, la direction du Barça, grandioses.
16:07 Budget plus ou moins illimité. - Comment Julien El Messi ? Qu'est-ce qu'il adore ?
16:11 - Alors, Messi n'était pas là, à l'époque. Moi, j'étais à l'époque de Ronaldinho, de Puyol. - Ah oui, d'accord.
16:16 - L'énorme... - Ronaldinho a joué avec Messi, donc Messi devait être très jeune, mais il était déjà là.
16:22 - Ah, mais oui, mais enfin, il n'était pas au Barça, à l'époque où j'y étais. Ou en tout cas, il n'était pas dans les réunions, dans l'équipe.
16:31 Et donc, là, on était vraiment sur les repas espagnols et français, parce qu'en fait, ils voulaient toujours un petit truc espagnol, d'accord ?
16:42 Enfin, ou catalan. Alors, la fidoa est plus catalane, donc, il y avait souvent des fidoas, et puis avec des entrées plus élaborées,
16:50 et des desserts plus élaborés français, parce que les Espagnols, en termes de desserts, ils sont...
16:54 - Oui, après, la crème catalane, ils sont... Il y avait du calamar, sans doute, ils adorent ça. - Ah, ils adorent le calamar.
16:58 - Calamar à la plancha. - Ah, ben, ils adorent, ils adorent. Donc, beaucoup de fruits de mer, etc.
17:03 Vraiment, c'était une très, très belle époque que j'ai vécue, avec des soirées où on était... Moi, j'ai un souvenir complètement incroyable.
17:13 Une très grande réception où je devais monter sur les caisses de vin, et je commandais 54 cuisiniers et 120 serveurs.
17:21 J'étais sur la caisse, en train de gigoter... - Le sens de la fête, en fait. - Elle est en train de gigoter à droite, à gauche.
17:27 - C'est bien terminé. - C'était un truc de fou. C'était un truc de fou.
17:30 - Alors, pendant que vous mangez encore cet espadon, je vais vous parler un petit peu du vin, parce que vous nous avez demandé un Tariqué première grive.
17:37 Alors, le Tariqué première grive, c'est dans les côtes de Gascogne. C'est un IGP Gascogne. C'est 100 % gros mincein pour le cépage.
17:44 Et c'est un vin qui est moelleux, grâce à ce cépage-là. Donc, un petit peu sucré, enfin, demi-sec, dirons-nous.
17:53 Le millésime, c'est 2021, et sa caractéristique, selon les spécialistes, c'est un nez de fleurs, de fruits blancs, des touches de miel et d'amandes.
18:03 Et ça se marie, à mon avis, assez bien avec l'espadon, qui est plus sec, et le moelleux du vin. - C'est ça, du vin. C'est pas mal.
18:10 - C'est ce choix-là, c'est cet accord, ou c'est plutôt mettre en valeur aussi la Haute-Garonne, j'imagine ?
18:14 - Alors, c'est un vin que je bois, mais je vais vous dire, il y a une vraie raison.
18:18 C'est-à-dire qu'en fait, quand j'étais traiteur du Barça, on leur a fait découvrir ce vin.
18:23 Et on le servait très régulièrement, parce qu'ils l'adoraient.
18:27 Et en fait, moi, j'adore ce vin. J'ai plutôt le palais sucré, plutôt, naturellement, et il est moelleux, il est extraordinaire.
18:37 C'était un vin qui était complètement inconnu, et aujourd'hui, à Toulouse, et d'ailleurs même à Paris...
18:42 - Oh là là, mais bien au-delà de Toulouse !
18:44 - Au départ, c'était vraiment dans le sud, le Tariqué. Et puis maintenant, tout le monde boit du Tariqué.
18:50 - Parce qu'il y a quand même 1 125 hectares de vignes de Tariqué, donc c'est un énorme domaine, il faut le dire,
18:55 et 9 à 10 millions de bouteilles qui sortent par an de la mère de Tariqué.
18:59 - D'ailleurs, le prix a largement augmenté.
19:01 - Celui-ci, c'est un ordinaire, ou il est un peu premium ?
19:03 - Mais ça reste autour de 10 euros, quand même, donc ça reste abordable, et c'est évidemment très largement répandu.
19:08 - Oui, oui, oui, mais au début, c'était plutôt dans le sud.
19:10 - Mais c'est un vin facile, vous qui nous avez dit "j'aime pas tellement le vin", c'est vrai que c'est un vin facile.
19:15 Ceux qui veulent découvrir le vin, je pense qu'ils peuvent commencer par un petit Tariqué moelleux, comme ça, pour se...
19:20 - Mais alors, le Tariqué plus classique est sec, alors que le première grive est un petit peu plus moelleux,
19:26 pour l'apéritif, le foie gras, justement, ça marie assez bien.
19:29 - Exactement.
19:30 - Alors, on va voir si vous êtes vraiment incollables, maintenant, c'est le quiz !
19:37 Alors, vous l'avez déjà dit, au Costa Rica, vous êtes penché au chevet de ces tortues menacées.
19:42 Une espèce protégée, mais attention, toujours cuisinée.
19:46 Sauriez-vous nous dire si ces affirmations au sujet de la tortue à table sont vraies ou fausses ?
19:53 On va les voir à l'écran.
19:54 Le goût de la tortue ressemble à celui de la baleine. Vraie ou fausse ?
19:59 - Alors là, c'est une sacrée question, parce que moi, vous pensez bien, je n'ai jamais mangé de tortue !
20:03 - Bah, oh, même pas une petite tortue de temps en temps !
20:06 - Serait proche de la baleine, moi, je dirais que c'est proche du lapin.
20:10 - Alors, donc, faux, parce que le lapin et la baleine, ce n'est pas tout à fait la même chose.
20:15 - Faux.
20:16 - Oui, vous avez raison.
20:17 Alors, moi, je n'ai pas entendu dire le lapin, c'est plutôt poulet ou veau,
20:20 et il y en a qui disent aussi, ça peut de temps en temps aussi avoir un petit goût de poisson,
20:23 mais les échos, c'est plutôt poulet.
20:25 - Oui, oui, d'accord.
20:26 - Ou veau.
20:27 - D'accord, bien blanche.
20:28 - Alors, deuxième, la première recette de tortel-soupe,
20:31 - Oh là là, c'est vraiment pas un quiz pour nous, c'est horrible !
20:34 - qui faisait fureur en Grande-Bretagne, date de 1721.
20:38 La tortel-soupe, c'était un must.
20:41 - Eh bien, moi, c'est possible, ça.
20:44 Oui, je dirais vrai.
20:45 - Vrai, bravo, un collab sur la tortue.
20:47 La tortue de kawan à la purée de tomate et aux œufs durs est une spécialité japonaise.
20:54 - À la purée de tomate ?
20:56 - Et aux œufs durs, est une spécialité japonaise.
20:58 Mais c'est surtout le nom de la tortue qui est important, la tortue kawan.
21:03 Vrai ou faux ?
21:05 - Je dirais faux.
21:06 - Faux, bravo.
21:07 - Parce que la kawan, elle est pas là.
21:08 - C'est une spécialité de la Nouvelle-Orléans.
21:09 Enfin, dernier, la fameuse sauce tortue est à base de foie de tortue, de tomate et de gingembre.
21:16 La fameuse sauce tortue qu'on voit dans la cuisine française, parfois.
21:21 - Je dirais non, faux.
21:23 - Oui, vous avez raison, parce qu'il y a effectivement du madère, du jambon, du poivre,
21:27 mais il n'y a pas de tortue.
21:28 Donc la sauce tortue s'appelle tortue, bien.
21:30 Et bien bravo, c'est 4 sur 4.
21:32 - Oh, du don !
21:33 - Bravo à la tortue !
21:34 - Félicitations.
21:35 Alors maintenant, on va parler foot.
21:36 Puisque vous avez assuré le service traiteur pour le club de Barcelone,
21:41 est-ce que vous sauriez nous dire dans quel stade de France sont consommées ces spécialités ?
21:46 Alors A, la galette saucisse.
21:49 - Il faut connaître un peu le foot.
21:51 - Alors figurez-vous, c'est un petit peu plus rugby que foot.
21:54 - Pas quand on est au Barça.
21:56 - La galette saucisse.
21:57 - A votre avis, est-ce qu'on est plutôt à l'est, à l'ouest ?
21:59 - Galette, je pense qu'il faut s'arrêter sur galette.
22:02 Si je peux vous donner un petit aspect.
22:03 - La galette, euh...
22:04 - On l'appelle aussi crêpe.
22:06 - Ah ouais, ben d'accord, alors à l'ouest, on va dire.
22:08 - Stade Rennet.
22:09 - En bretagne.
22:10 - Corine Vignon connaît peut-être pas les équipes de foot de la Bretagne.
22:13 - Ah non, pas du tout.
22:14 - Mais alors, pas du tout.
22:15 - Ça, c'est un quiz vachement dur.
22:17 - Alors c'était le stade Rennet.
22:18 - Ah d'accord.
22:19 - Alors B, le sandwich à l'andouillette.
22:21 - Ah, l'andouillette de Troyes, donc à l'est.
22:25 - C'est les... A3, c'est pas les... Non, c'est les...
22:29 - L'andouillette, elle est de Troyes.
22:30 - C'est les tris, c'est sûr.
22:31 - Alors, moi j'ai trouvé un autre sandwich à l'andouillette.
22:34 Je sais pas si A3, ils font du sandwich à l'andouillette, mais...
22:36 - Alors c'est le stade de l'Olympique lyonnais.
22:39 - Ah bon ?
22:40 - À Lyon.
22:41 - Ah oui, ben oui, c'est possible.
22:42 - On fait de l'andouillette bobos à Lyon.
22:44 - Alors après, il y a les frites au gras de bœuf.
22:46 - Mais vos questions sont light.
22:49 - Ah oui, je suis désolée, j'avais su, j'avais su.
22:51 - Alors les frites au gras de bœuf, on pense au nord plutôt.
22:53 - Oui, oui, plutôt.
22:54 - Alors quel club de foot au nord ?
22:56 - Euh... Lille ?
22:57 - Ah, vous êtes pas loin !
22:58 - On est pas loin, on est pas loin.
22:59 - Pas loin ? Je pense à Lyon.
23:00 - Lens.
23:01 - C'est Lens, le R c'est Lens.
23:02 Et alors, dernier, le sandwich à l'Aioli.
23:05 - Alors ça, ça doit être sud-est ?
23:08 - Oui.
23:09 - Sud-est ?
23:10 - Oui, une grande ville.
23:11 - Une grande ville ?
23:12 - C'est quand même pas...
23:13 - Une grande ville de foot.
23:14 - C'est quand même pas Marseille ?
23:15 - Ben si !
23:16 - Oh !
23:17 - Allez, bravo !
23:18 - Alors vous savez qu'en France, le repas occupe une assez large place et particulièrement
23:22 en politique, c'est souvent là que se nouent les deals.
23:24 - Oui, c'est vrai.
23:25 - Et que se fait la petite et la grande histoire.
23:27 Alors c'est la brève de comptoir.
23:28 On vous a demandé justement, Corine Vignon, de réfléchir à une histoire autour d'un
23:36 repas en politique.
23:37 Est-ce que vous en avez une à nous raconter ?
23:38 - Alors déjà, je vous dis, en général, les repas en politique ne sont pas franchement
23:43 délirants et drôles.
23:45 En général, c'est très normé, on va dire, lorsqu'on est avec les ministres, etc.
23:51 Par contre, nous avons fait un repas avec la Commission Affaires Sociales, c'était
23:56 le mandat précédent, et nous faisions un repas, c'était plutôt un repas de fin de
24:01 mandat.
24:02 Et donc nous étions avec la présidente de la Commission Affaires Sociales, Brigitte
24:07 Bourguignon, à l'époque, et puis tous les députés.
24:10 Nous étions dans un restaurant un soir, et est arrivé à ce moment-là Olivier Véran.
24:17 Olivier Véran était à l'époque ministre de la Santé, ce qui n'est plus, même si
24:21 les Français pensent qu'il l'est toujours, d'ailleurs.
24:23 C'est un autre point.
24:25 Il est arrivé, et c'était une totale surprise, personne ne le savait.
24:29 Mais il avait eu des infos, etc.
24:31 Il est arrivé, et donc on a commencé à discuter, et à un moment donné, on a demandé
24:38 au patron de nous mettre un karaoké, et j'ai attrapé Olivier Véran par le bras,
24:45 et je lui ai fait chanter "Paroles et paroles et paroles", et je jouais Dalida,
24:50 et je lui ai dit "tu vas être Alain Delon".
24:53 Et alors ça a été...
24:54 Mais ils ne s'y attendaient pas du tout, moi non plus d'ailleurs, ça a été plutôt
24:57 un coup de...
24:58 C'était sur le moment.
25:00 Et donc, j'ai mis même doigt dans les cheveux, et lui était en train de me dire
25:06 "je t'aime, tu es belle", etc., comme dans la chanson.
25:09 Il chante bien ou pas ?
25:10 Oui, il chante bien.
25:11 C'est un peu parler, cette chanson.
25:12 On a vraiment ri.
25:13 Donc c'est un moment qui était sympathique, plutôt que certaines discussions qui,
25:18 quelquefois, je vous l'avoue, peuvent être un petit peu pesantes.
25:21 Allez, on avance dans cette émission, et on va parler des petites portions de nourriture
25:26 autour d'un verre de vin.
25:27 Vous allez voir, vous connaissez, c'est le modèle espagnol des tapas,
25:30 qui est une tradition, bien sûr, qui s'exporte, et c'est le dessous des plats.
25:35 Ah Brigitte, c'est le totem de la cuisine espagnole, ces tapas,
25:44 ces petites portions de patatas ou de tortillas que l'on déguste souvent debout, de bar en bar.
25:50 Alors comment et où peut-on déguster des tapas en France ?
25:54 Reportage à Paris de Baptiste Chartier et Jeanne Hutin.
25:58 Voici les tapas, des petites bouchées à base de nourriture simple ou élaborée.
26:06 Chez ce traiteur du 7e arrondissement, on opte pour la touche raffinée.
26:11 Ici, le chef est au petit soin.
26:14 - Arde de persil, butternut et racine de persil.
26:18 Originaire de Séville, Alberto Herraiz dirige ce restaurant depuis 3 ans.
26:23 4 tapas au menu par jour, lui veut transmettre la tradition, dit-il,
26:27 faire voyager ses clients tout en y ajoutant sa touche personnelle.
26:32 - C'est une recette très sévillienne.
26:35 C'est le même ingrédient mais d'une façon plus moderne.
26:38 C'est traditionnel de Séville.
26:40 C'est une Espagne à moi.
26:42 J'essaie de faire une Espagne raffinée, cultivée, avec les meilleurs produits.
26:48 - Et le pari semble bel et bien réussi.
26:51 - Oui, on retrouve les tapas tels qu'on peut les connaître en Espagne
26:56 avec cette diversité, très centré sur les légumes, les poules crues, cuits.
27:01 C'est formidable d'être à Paris et de vivre ces spécialités qui évoluent
27:06 avec un chef très attentif.
27:09 - Mais en Espagne, les tapas sont avant tout un mode de vie
27:13 qui se transmet de génération en génération.
27:16 En témoignent ces images au comptoir.
27:19 Dans cet autre restaurant parisien, c'est cette convivialité
27:23 qu'on tente de reproduire dans les fourneaux en Sarkozy.
27:26 - Qu'est-ce qu'on fait de bon ?
27:28 - Je vais te préparer un petit saumon.
27:30 - D'accord.
27:32 - Ceviché, émincé de bœuf, acra de cabillaud ou encore
27:35 mi-cuiton rouge, de quoi allécher la clientèle.
27:38 Ici, les tapas ne sont pas dégustés au comptoir.
27:41 Malgré tout, c'est l'esprit de partage qui prime.
27:44 - C'est là, on se lève un peu, on va piquer à la patatasse bravasse
27:48 qui est à côté ou à la croquettasse qui est de l'autre côté.
27:51 Et puis, on partage un peu une sensation gustative tous ensemble.
27:54 - Et les clients approvent.
27:57 - On est plus dans la découverte, on peut échanger nos commentaires
28:00 sur la nourriture puisqu'on goûte à la même.
28:03 - On peut goûter plein de choses du coup, on n'est pas fixé que sur son plat.
28:06 Du coup, on va avoir une variété en fait assez sympa.
28:10 - Emblème de la tradition culinaire espagnole, en France,
28:13 il faut compter en moyenne 25 euros par personne pour une soirée tapas.
28:18 - Corinne Vignon, vous qui avez une double identité,
28:21 on l'a bien vu, espagnole et française, est-ce que ces tapas sont solubles
28:24 dans la culture française ? Parce que quand on voit le premier restaurant,
28:28 effectivement, dans l'assiette, c'est 100% espagnol,
28:31 mais on voit ces deux dames à table, on n'est pas debout,
28:34 on n'est pas au bar, c'est pas l'ambiance espagnole, c'est pas ça les tapas.
28:37 - Non, non, non. On essaye de le reproduire,
28:40 mais quelque part, on n'y est pas forcément.
28:43 Déjà dans les contenants, déjà dans les quantités,
28:47 parce que les tapas, nous, on les sert presque individuellement.
28:50 Parce qu'il faut pas confondre tapas et pinchos.
28:53 Vous savez, les pinchos basques, que vous achetez,
28:56 et vous comptez... Enfin, vous achetez, c'est du pain avec...
28:59 - Un tout petit tartine. - Un tout petit tartine.
29:02 Et vous avez un pic. Et donc, ce pic, en fait, on vous fait payer au pic.
29:06 Voilà. À la fin, on compte les pics dans votre assiette.
29:09 Et les tapas en Espagne, ce sont des tapas plus larges,
29:12 qu'on partage, c'est pas forcément des parts individuelles.
29:15 D'autre part, en Espagne, on a énormément de fruits de mer.
29:19 On a des almerjas, on a des produits frais de la mer.
29:24 - Du poulpe. - Du poulpe.
29:26 Poulpeau, c'est vraiment quelque chose d'extraordinaire.
29:29 Et en France, on est plus sur les croquettes,
29:32 mais les croquettes, c'est clairement congelé,
29:36 alors que les vraies croquettes que l'on fait à la main,
29:39 ça prend des heures, puisque c'est de la béchamel,
29:42 c'est de la poulet, etc.
29:44 Alors là, c'est des croquettes courgées,
29:47 les patatas bravas, c'est des pommes de terre à la sauce.
29:51 - Mais c'est parce qu'on sait pas faire qu'on n'a pas réussi à l'exporter.
29:54 C'est une question de cuisine ou c'est une question d'habitude,
29:57 de mode de vie, comme on le disait ?
30:00 - C'est un mode de vie que nous n'avons pas.
30:04 Nous nous sommes à table, normalement,
30:06 nous sommes à table avec couteau, fourchette.
30:08 - On le voit dans le restaurant, elles mangent leur tapas à table, assise.
30:11 - Non, c'est pas ça.
30:13 - Donc ça ne s'exporte pas, les tapas ?
30:15 - Non, l'esprit espagnol.
30:17 Dans le sud de la France, on est nettement plus proche,
30:20 parce que déjà, on est beaucoup plus dehors.
30:23 Et il y a aussi une chose,
30:26 c'est qu'en Espagne, les horaires sont complètement différents.
30:30 Donc les tapas ne sont pas forcément un repas.
30:34 Nous, on mange, on prend l'apéro,
30:37 mais en fait, on mange complètement les tapas.
30:40 En Espagne, pas du tout. On ne fait pas du tout un repas.
30:43 - Après les tapas ?
30:45 - Normalement, il y a les tapas, et ensuite, vous avez la viande.
30:48 En fait, on est à l'envers.
30:50 Nous, on mange, par exemple, la viande avec des légumes.
30:55 En Espagne, on a les tapas, qui sont...
30:58 qui serrent de légumes, en fait.
31:01 Et ensuite, on mange la viande, mais très curieusement,
31:03 on la mange toute seule.
31:05 C'est-à-dire, vous demandez un steak, vous avez une assiette vide,
31:07 et vous avez un steak. - Assis à table ?
31:09 - Donc, on peut se déplacer,
31:11 aller manger les tapas dehors,
31:14 et ensuite, rentrer.
31:16 Ou alors, on va vous débarrasser les tapas.
31:18 - C'est plutôt l'apéro, alors.
31:20 L'apéro espagnol, les tapas.
31:22 On picore des petits trucs, et après, on va à table.
31:24 - Exactement. - Et puis, on se balade.
31:26 - C'est quand même une partie du repas.
31:28 - Oui, c'est un apéro. Ça pourrait servir d'entrée, en fait.
31:30 Ça sert d'entrée.
31:32 Alors que nous, on va au resto, et on mange des tapas.
31:35 - Mais cette formule-là, en Espagne,
31:37 c'est vraiment la tradition ?
31:39 C'est-à-dire qu'il y a plus de bar à tapas
31:41 que de restaurant ? - Oui.
31:43 La tapas, c'est...
31:45 - Où tous les restaurants font bar à tapas.
31:47 - Il y a la même chose
31:50 sur le bocadillo.
31:52 Le bocadillo, c'est le sandwich.
31:54 Tous les Espagnols, à 10h du matin,
31:56 partent du bureau,
31:58 puisqu'ils commencent plus tôt,
32:00 et ils vont manger le bocadillo.
32:02 Le bocadillo, donc, le...
32:04 Le sandwich, avec du fromage,
32:06 avec du jambon, avec du chorizo,
32:08 avec ce que vous voulez dedans.
32:10 Eh bien, là, c'est pareil.
32:12 La tapas, c'est...
32:14 Vers 1h...
32:16 Vers 1h le midi,
32:18 vers 13h,
32:20 13h30,
32:22 ou c'est vers 19h,
32:24 19h30. Mais ensuite, il va y avoir la cena,
32:26 le dîner.
32:28 On a mangé quelques trucs,
32:30 on a picoré quelques trucs,
32:32 et ensuite, on va dîner.
32:34 Parce que le dîner, c'est à 10h30 du soir.
32:36 C'est jamais avant.
32:38 - En France, il y a la tradition
32:40 de la gastronomie française.
32:42 C'est pour ça aussi, peut-être,
32:44 que ça se marie pas très bien
32:46 avec notre culture française ?
32:48 - Alors, les gens adorent
32:50 aller manger les tapas. Ils adorent.
32:52 Mais ce qu'ils mangent n'est pas,
32:54 de mon point de vue, à la hauteur
32:56 de ce qui est proposé en Espagne en tapas.
32:58 - C'est pas assez raffiné ?
33:00 - C'est pas assez léger.
33:02 Parce que oui, il y a les patatas bravas.
33:04 - Et la salade russe, dans les tapas espagnols,
33:06 c'est plein de mayonnaise.
33:08 - C'est pas possible.
33:10 - C'est bon.
33:12 - Mais en général, ce sont des fruits de mer.
33:14 Normalement, c'est des crustacés, des fruits de mer,
33:16 des moules... C'est ça, les vrais tapas.
33:18 - Oui, à Barcelone, mais c'est pas les mêmes.
33:20 - En Espagne, on trouve aussi
33:22 les patatas bravas.
33:24 - Oui, bien sûr.
33:26 - Un petit peu consistant, un petit peu calorique.
33:28 - En tout cas, on en fera pas un repas.
33:30 On fera pas un repas de tapas.
33:32 Je n'ai jamais vu un Espagnol,
33:34 il fait les tapas, et deux heures après,
33:36 il va manger la paella.
33:38 Nous, on se dit,
33:40 on va manger que ça.
33:42 - En Espagne aussi, on assiste à des tapas
33:44 un peu premium. Avant, les tapas, c'était très populaire.
33:46 On mangeait ça sur le bar.
33:48 On repartait, ça valait rien.
33:50 Maintenant, il y a des tapas un peu sophistiqués,
33:52 avec du foie gras, même en Espagne.
33:54 Est-ce que vous critiquez un peu cette tendance
33:56 où vous trouvez que le tapas, ça doit rester quelque chose
33:58 de très populaire, très basique ?
34:00 - Pour moi, c'est ça.
34:02 - C'est l'exception, le foie gras,
34:04 ou on en trouve de plus en plus ?
34:06 - On en trouve de plus en plus,
34:08 parce qu'il le consomme de plus en plus.
34:10 Ceci dit, ça ne fait pas partie des habitudes culinaires
34:12 des Espagnols, le foie gras.
34:14 Ils l'adorent, mais ça reste.
34:16 Ce n'est pas un produit à tapas.
34:18 - Je disais foie gras, mais ça peut être aussi
34:20 du jambon espagnol très, très cher,
34:22 et qui, sur un tapas, vaut très, très cher.
34:24 Le ramon, en Espagne, ça vaut très cher.
34:26 - Mais le ramon, c'est la base de l'alimentation.
34:28 Il n'y a pas une famille...
34:30 J'ai vécu, quand même,
34:32 presque 7 ans en Espagne.
34:34 Tous les soirs, tous les soirs,
34:36 il y a la tortilla,
34:38 qu'elle soit d'asperges,
34:40 qu'elle soit de pommes de terre,
34:42 qu'elle soit d'oignon, qu'elle soit...
34:44 La tortilla, il y a ramon,
34:46 jambon, obligatoirement,
34:48 pan con tomate,
34:50 obligatoirement.
34:52 Et derrière, vous avez
34:54 un poisson, ou vous avez une viande.
34:56 Mais vous commencez obligatoirement comme ça.
34:58 - Alors, vous qui aimez manger light,
35:00 c'est light ou pas, finalement, une fois qu'on a
35:02 pris le ramon ?
35:04 - Pas vraiment.
35:06 Mais en général, parce que j'y étais,
35:08 je mangeais un petit peu les oeufs.
35:10 La question, c'est de savoir s'il y a 4 tonnes d'huile
35:12 dans la tortilla,
35:14 et c'est souvent le cas.
35:16 Donc je n'en mange qu'un tout petit peu,
35:18 et le jambon, je retire le gras, alors que c'est le gras le meilleur.
35:20 - Ah oui !
35:22 Est-ce qu'il y a des tort... Dernière question,
35:24 est-ce qu'il y a des petites appâts vegan, maintenant,
35:26 parce que c'est la grande mode ? Est-ce que ça contamine ou...
35:28 Est-ce que ça touche l'Espagne ? - En Espagne, pas du tout.
35:30 Pas du tout. Le vegan, même pas, ils savent ce que c'est.
35:32 - Même pas en rêve ? - Non, même pas en rêve.
35:34 On mange la viande, le poisson...
35:36 - Le ramon ? - Non, non.
35:38 - Allez, bonne transition. On va parler du bien-être animal.
35:40 Vous devez être attentive au fonctionnement
35:42 des abattoirs, vous qui êtes soucieuse,
35:44 qui avez travaillé dans un groupe de travail
35:46 ici à l'Assemblée pour le bien-être animal,
35:48 parce que les abattoirs,
35:50 ils sont souvent accusés de faire souffrir nos bêtes.
35:52 Alors, on en parle et on met les pieds dans le plat.
35:54 Musique d'ambiance, box privé,
36:04 dans l'abattoir de Bègle, les bêtes sont chouchoutées
36:06 avant d'être abattues.
36:08 Un modèle qui pourrait faire florès,
36:10 car au bien-être animal s'ajoute la vente
36:12 de viande en cirque et court
36:14 qui plaît aux consommateurs.
36:16 Reportage Pierre-Micaël Carniel et Gilles Lepêtre.
36:18 Des champs d'oiseaux,
36:22 le bruit d'une rivière,
36:24 une méthode pour captiver ces bœufs
36:26 avant le coup fatal.
36:28 L'abattoir de Bègle,
36:30 près de Bordeaux, est l'un des premiers en France
36:32 à mettre en place une charte de bien-traitance.
36:34 - Ce que nous on fait ici, c'est vraiment
36:38 attention au bien-être animal.
36:40 C'est-à-dire que les opérateurs ont le temps
36:42 de faire les choses, je suis là pour veiller à ça.
36:44 Sur 8 heures de travail, on fait 14 têtes.
36:46 Donc c'est vraiment, on a le temps de le faire.
36:48 Un abattage présenté comme plus éthique,
36:50 très loin des standards des établissements industriels.
36:52 - Il faut vraiment qu'on puisse montrer les choses,
36:54 avoir une filière transparente.
36:56 C'est très important, je pense,
36:58 de nos jours.
37:00 Pendant tellement d'années,
37:02 beaucoup de choses ont été cachées sur la viande,
37:04 sur la boucherie. Là, il faut tout montrer
37:06 et voir qu'on travaille vraiment dans de bonnes conditions.
37:08 Donc là, c'est une bête
37:10 qu'un de nos éleveurs adhérents
37:12 a emmené ici pour faire abattre,
37:14 découper,
37:16 mettre en caissette et que lui,
37:18 il vend directement à la ferme.
37:20 - Directement à la ferme ou bien dans l'une des 5 boucheries
37:22 de la coopérative.
37:24 Les clients sont attentifs à la méthode d'abattage.
37:26 - C'est bien beau de les abattre,
37:28 mais on peut les abattre
37:30 de plusieurs manières.
37:32 Et je pense qu'ici, c'est abattu
37:34 d'un énorme bien.
37:36 - Les animaux, pour moi, c'est quelque chose
37:38 qui me touche beaucoup.
37:40 Le mal à l'animal,
37:42 c'est pas...
37:44 - Pour 23% des Français,
37:46 le bien-être animal est un combat
37:48 de société prioritaire et ça,
37:50 les producteurs l'ont bien compris.
37:52 - Bien, bien, bien, bien, bien.
37:54 Le consommateur cherche aujourd'hui, certes,
37:58 des animaux de plein air
38:00 et tout ça, mais aussi qu'ils soient abattus
38:02 dans de bonnes conditions.
38:04 Quand on voit des images de L214 et tout,
38:06 bon, il y a des images qui nous choquent aussi.
38:08 On voulait être sûrs, en créant notre propre
38:10 outil d'abattage, que les derniers instants
38:12 de nos animaux, que l'on élève avec passion,
38:14 soient les plus doux possible pour eux
38:16 et avec le moins de stress possible.
38:18 - Ce modèle d'abattage reste très minoritaire en France,
38:24 un secteur où près de 4 millions de bovins
38:26 sont tués chaque année.
38:28 - Corinne Vignon, qu'est-ce que vous pensez
38:34 de l'abattoir ? Est-ce que vous pensez
38:36 que ça pourrait remplacer l'abattoir traditionnel ?
38:38 - Effectivement, il y a un énorme travail à faire
38:40 sur les abattoirs.
38:42 Déjà, je dois dire que travailler
38:44 dans un abattoir, je pense qu'il n'y a
38:46 rien de plus horrible, parce que je pense
38:48 toujours aux femmes et aux hommes
38:50 qui travaillent, qui ont
38:52 des cadences
38:54 de fou. - Vous en avez visité ?
38:56 - Alors là, je vais
38:58 en visiter un prochainement,
39:00 à Saint-Gonins, où il y en a un qui va être complètement
39:02 rénové, mais enfin, je connais bien le thème.
39:04 Donc,
39:06 effectivement,
39:08 il faut abattre les animaux
39:10 dans de meilleures conditions.
39:12 Le problème numéro un, le transport.
39:14 C'est qu'il y a de plus en plus d'abattoirs
39:16 qui ferment,
39:18 et donc les animaux doivent faire
39:20 de plus en plus de transport.
39:22 Ensuite, ils sont stockés,
39:24 et la chaîne
39:26 va les empêcher,
39:28 enfin, ils vont passer les uns
39:30 derrière les autres. L'étourdissement,
39:32 s'il se fait,
39:34 l'étourdissement se fait mal, parce que
39:36 quand vous devez étourdir un animal au
39:38 pistolet, les uns derrière les autres,
39:40 il rentre dans des cages. Si vous avez
39:42 un bœuf,
39:44 il rentre bien dans la cage. Si vous avez un ovin,
39:46 vous avez un mouton, et ils se baladent partout.
39:48 Donc, il faut attraper la bête.
39:50 - Donc, il est mal étourdi, et après, il souffre
39:52 quand il est abattu. - Enfin, bon,
39:54 c'est affreux. Donc,
39:56 effectivement, tout ce qui permettra
39:58 un abattage plus vertueux...
40:00 Moi, je mange
40:02 de la viande,
40:04 on consomme de la viande,
40:06 pour moi, il n'y a pas de souci,
40:08 même si je pense qu'à terme,
40:10 on en consommera de moins en moins.
40:12 En tout cas, je dois dire que nos éleveurs
40:14 sont extrêmement vertueux
40:16 en termes de bien-être animal.
40:18 Très peu d'élevage intensif.
40:20 Le problème, c'est le porc.
40:22 C'est le plus gros problème, je dirais.
40:24 - Pourquoi ? - Parce que les
40:26 truies sont élevées en cage.
40:28 Elles ne peuvent pas se retourner,
40:30 elles ne peuvent qu'être debout
40:32 et se coucher. Et lorsque vous inséminez
40:34 une truie, vous la laissez
40:36 pendant trois semaines dans une cage,
40:38 elle est comme ça.
40:40 Elle reste debout ou couchée,
40:42 et ensuite, lorsqu'elle va être pleine,
40:44 elle va allaiter ses petits
40:46 en cage.
40:48 Les petits ont le droit de tourner autour d'elle,
40:50 mais elle ne bouge pas. En plus,
40:52 on les insémine, et souvent,
40:54 elles ont 14 pieds.
40:56 Et en les inséminant,
40:58 on fait peut-être 16
41:00 ou 17 petits porcelets.
41:02 - Donc, il y en a qui ne pourront pas manger.
41:04 - Il y en a qui peuvent manger, surtout que
41:06 chaque petit porcelet,
41:08 à la première heure, va choisir une tétine
41:10 et va toujours téter
41:12 à la même tétine. Donc ça veut dire qu'il y en a
41:14 qui ne pourront pas téter. - Ils sont exclus.
41:16 - Il y aura les morts à l'arrivée.
41:18 - Donc, les porcs,
41:20 c'est un animal normalement qui fouille,
41:22 qui fait son nid,
41:24 si on lui donne de la paille, un environnement enrichi.
41:26 C'est un animal qui,
41:28 d'abord, c'est extrêmement intelligent,
41:30 un porc, c'est comme un chien.
41:32 Et donc,
41:34 il a besoin d'un environnement, mais évidemment,
41:36 ça coûte nettement plus cher de leur donner
41:38 des enrichissements d'environnement
41:40 que de les mettre en cage. - Vous avez fait une proposition
41:42 de loi pour le bien-être animal.
41:44 C'était aussi pour
41:46 permettre qu'il n'y ait plus d'animaux
41:48 dans les cirques, par exemple.
41:50 - Pourquoi vous n'en prenez pas, justement,
41:52 à l'élevage des porcs détruits,
41:54 qui sont en cage,
41:56 alors qu'on s'en prend
41:58 aux poulets élevés en cage ?
42:00 - Vous avez raison.
42:02 - Vous ne voulez pas faire légiférer là-dessus ?
42:04 - Si, si, si, absolument. Mais au départ,
42:06 le bien-être animal, à l'Assemblée nationale,
42:08 ce n'était pas forcément le sujet majeur,
42:10 ce que je comprends par ailleurs.
42:12 - C'est un sujet de société très important.
42:14 - C'est un sujet de société.
42:16 - Qui monte, cela dit. - Qui monte, oui.
42:18 Pour faire un texte de loi qui passe,
42:20 vous ne pouvez pas toucher à la chasse,
42:22 à l'élevage,
42:24 à la corrida.
42:26 Je vous le fais court, mais c'est à peu près ça.
42:28 Il fallait faire une
42:30 proposition de loi
42:32 consensuelle, qui soit votée,
42:34 parce que c'est le but
42:36 de l'affaire.
42:38 Maintenant, nous avons
42:40 la loi de l'orientation
42:42 de l'agriculture qui arrive.
42:44 Et là, en tant que présidente
42:46 du bien-être animal, du groupe d'études
42:48 du bien-être animal,
42:50 je peux vous assurer qu'on va rentrer
42:52 dans l'élevage.
42:54 - Donc là, vous allez proposer ça ?
42:56 - On va proposer
42:58 l'élevage en cage, on va parler de l'élevage en cage,
43:00 on va parler du transport animalier,
43:02 puisqu'en pleine chaleur,
43:04 des animaux qui sont transportés sur des centaines
43:06 de kilomètres, je ne vous parle pas,
43:08 des animaux qui sont transportés à l'étranger.
43:10 C'est pareil.
43:12 C'est presque des jours de voyage.
43:14 - Vous allez faire ça en Belgique ?
43:16 - Oui, et en plus, il y a des directives européennes
43:18 qui vont s'occuper du sujet.
43:20 Et mon groupe d'études,
43:22 nous sommes déjà 63,
43:24 63 de tous les...
43:26 Il y a des gens de la NIPES,
43:28 il y a des gens du RN,
43:30 il y a des gens de la majorité.
43:32 C'est parfaitement transpartisan.
43:34 Donc on va rentrer par toutes les portes.
43:36 - Pourquoi pas en dire sur la première question de Brigitte ?
43:38 Parce qu'effectivement, on aime beaucoup
43:40 cet abattoir modèle, mais est-ce qu'on peut
43:42 remplacer tous ces abattoirs que vous avez décrits
43:44 de façon épouvantable par des abattoirs modèles
43:46 et arriver à fournir autant de viande
43:48 que les Français en mangent ?
43:50 Est-ce que c'est possible ?
43:52 Ça va prendre des années, des dizaines d'années.
43:54 - Et très clairement, il faut des financements.
43:56 Parce que les abattoirs
43:58 coûtent une petite fortune.
44:00 - J'imagine que c'est les abattoirs modèles où il n'y a que 20 bêtes.
44:02 Les modèles économiques ne sont pas aussi rentables
44:04 que ces machines à tuer.
44:06 - Évidemment. Donc là, il va falloir vraiment subventionner
44:08 les abattoirs parce qu'on a une déficience
44:10 à ce niveau. Les abattoirs disparaissent
44:12 les uns après les autres. Les agriculteurs,
44:14 enfin les éleveurs, nous disent "Mais maintenant,
44:16 on doit faire je ne sais combien de kilomètres. Nos bêtes,
44:18 on les voit partir. Dans quelles conditions ? Comment sont-elles
44:20 abattues ? Et on a besoin d'un contrôle
44:22 beaucoup plus fort."
44:24 Une mesure avait été prise.
44:26 C'était celle des caméras.
44:28 - Il regrettait justement que les camarades
44:30 ne soient pas obligatoires.
44:32 C'était une promesse de campagne du premier quinquennat
44:34 d'Emmanuel Macron. - Vous avez parfaitement raison.
44:36 Et je dois vous dire que nous avons fait une expérimentation.
44:38 Eh bien, il se trouve que
44:40 l'expérimentation est très positive.
44:42 Très positive,
44:44 puisqu'au départ, on se disait "On ne va pas filmer les gens."
44:46 Mais, il se trouve
44:48 que les abatteurs
44:50 trouvent très très bien
44:52 parce que ça leur donne des conditions de travail
44:54 meilleures.
44:56 Donc, c'est quelque chose qui va être vu
44:58 soit au niveau européen... - Vous pensez qu'on va pouvoir
45:00 légiférer là-dessus ? - En tout cas,
45:02 on va faire des amendements. - Et ça a amélioré
45:04 le traitement des bêtes dans les abattoirs ?
45:06 - Très clairement.
45:08 On a des retours.
45:10 Et mon collègue Falorni, qui a beaucoup travaillé là-dessus,
45:12 me l'a confirmé
45:14 juste hier soir. - Oui.
45:16 Il y a aussi le modèle agricole dont on parlait
45:18 et le modèle des abattoirs, qui n'est pas rentable,
45:20 mais on a un modèle qui est assez
45:22 productiviste encore en France.
45:24 Est-ce que ce modèle-là qu'on a vu,
45:26 14 têtes abattues en 8 heures, ils disent,
45:28 dans le reportage, est-ce qu'on peut imaginer
45:30 qu'avec le modèle agricole qu'on a,
45:32 toutes les bêtes qu'on a, on pourrait
45:34 parvenir à ce modèle-là ?
45:36 Est-ce que ça peut coïncider ?
45:38 Sachant que ce qui fait aussi sa réussite,
45:40 c'est le fait qu'il n'y ait pas beaucoup de bêtes,
45:42 qu'elles soient bien traitées, que ce ne soit pas trop rapide.
45:44 - Exactement.
45:46 Ça peut marcher, peut-être,
45:48 dans certaines régions.
45:50 Rappelons qu'en France, de l'élevage intensif,
45:52 c'est relativement rare, sauf pour les porcs.
45:54 En général, nos éleveurs de bovins,
45:56 moi je les visite très régulièrement,
45:58 ont 50 têtes,
46:00 100 têtes, 150 têtes.
46:02 Je peux vous dire, les vaches, elles sont bien.
46:04 Il n'y a aucun problème.
46:06 Et on est parfaitement virtueux.
46:08 Maintenant, sur l'abattage,
46:10 il y a vraiment de gros progrès à faire.
46:12 Et là, j'ai rendez-vous très prochainement
46:14 avec le ministre de l'Agriculture,
46:16 et on va en parler très sérieusement.
46:18 Parce que malheureusement,
46:20 l'abattage à la ferme ne marche pas.
46:22 - Alors, il y avait un abattoir hétique,
46:24 on avait fait un reportage ici,
46:26 et il est en redressement.
46:28 - C'est l'abattoir qui se déplaçait vers la ferme.
46:30 - Le modèle économique n'a pas été trouvé.
46:32 - Non, non. Donc, il faut trouver d'autres alternatives.
46:34 - Mais dans cet abattoir modèle,
46:36 est-ce que vous pensez que c'est le maximum
46:38 que l'on peut faire pour accompagner les bêtes
46:40 de façon digne à la mort ?
46:42 Il y a encore des choses qu'on pourrait améliorer.
46:44 Parce que là, on a vu de la musique.
46:46 - Musique et puis moins de stress.
46:48 - C'est le stress, le problème, c'est le stress.
46:50 L'animal sent parfaitement.
46:52 Il faut qu'il arrive avant.
46:54 Il faut qu'il ait le temps de se poser.
46:56 Malheureusement, il le sent,
46:58 l'animal, et il n'est pas complètement...
47:00 Il sait ce qui se passe.
47:02 Mais justement, c'est essayer de le tranquilliser.
47:04 C'est la chose très importante.
47:06 - Détourner son attention.
47:08 - Détourner.
47:10 Et puis ensuite, il y a le mode d'abattage.
47:12 Parce qu'effectivement,
47:14 les abattages sans détournissement,
47:16 vous imaginez que ce n'est pas la meilleure solution
47:18 en termes de souffrance animale.
47:20 - Là, vous vous rentrez dans un débat plus compliqué.
47:22 - Voilà, il y a le problème des cultes.
47:24 - Un débat des religions, des cultes.
47:26 - Les cultes avancent.
47:28 Parce qu'il y aurait une possibilité,
47:30 ça serait d'égorger l'animal
47:32 et de l'étourdir juste derrière.
47:34 C'est-à-dire, ils ne se sont pas contre.
47:36 On est en train d'avancer.
47:38 On est en train d'avancer.
47:40 Donc, j'espère qu'un jour,
47:42 on n'aura pas...
47:44 Parce que ce n'est pas le fait d'égorger.
47:46 Le problème, c'est le fait
47:48 de se vider de son sang
47:50 et ça dure un temps infini.
47:52 - Allez, on va passer maintenant
47:54 au dessert et c'est le pêcher mignon.
47:56 - Et le dessert, Brigitte, avec une assiette
48:02 de fruits exotiques.
48:04 J'insiste bien parce que comme ça, ça paraît assez banal.
48:06 Mais dans le climat hystérisé autour de la nourriture,
48:08 comment des indesserts constitués de fruits
48:10 qui ont fait Obama aux 10 000 km ?
48:12 Ça peut en crisper certains.
48:16 Alors, bienvenue à ces... Je ne sais pas ce qu'il y a.
48:18 À mangue, à ananas, kiwi.
48:20 Alors, kiwi, ça peut être un peu français.
48:22 Il y aurait peut-être aussi des goyaves,
48:24 des litchis, des bananes, mais elles ne sont pas là.
48:26 Mais alors, vous assumez,
48:28 vous, Corinne Vignon,
48:30 l'assiette de fruits exotiques,
48:32 alors qu'on aurait pu manger des poivres et des poires
48:34 de Normandie ? - Absolument.
48:36 Alors, ce que j'ai fait,
48:38 je voulais avoir un petit goût costaricien.
48:40 Le Costa Rica,
48:42 le Costa Rica est un des premiers
48:44 producteurs d'ananas.
48:46 Et les mangues, moi, j'en mangeais tous les jours
48:50 parce que j'avais un mangue
48:52 juste au-dessus de chez moi.
48:54 Donc, c'était plus un côté
48:56 rappel...
48:58 - Nostalgique.
49:00 - Nostalgique.
49:02 Mais ceci dit, moi, je mange... Alors, sur les kiwis,
49:04 vous avez vu que la production française se développe.
49:06 - Oui, oui. - Donc, là,
49:08 je suis plus virtueuse.
49:10 - Et donc, vous nous disiez
49:12 que vous faisiez très attention à votre ligne.
49:14 Donc, jamais de desserts,
49:16 des fruits à chaque repas ?
49:18 - Non, pas vraiment le soir, mais là, j'ai fait exception
49:20 parce que normalement, en théorie, j'aurais dû vous demander
49:22 du fromage blanc ou un yaourt.
49:24 Mais je ne l'ai pas fait. Et là, le fruit,
49:26 c'est un peu mes bonbons.
49:28 Moi, je suis très sucrée, donc,
49:30 manger des fruits, c'est comme des bonbons.
49:32 - Mais les fruits, il faut les manger le soir, pour vous ?
49:34 - Normalement, il faut les manger le soir.
49:36 - Parce qu'on m'a dit mieux ?
49:38 - C'est du sucre. On ne prend pas du sucre le soir,
49:40 m'a-t-on dit, moi.
49:42 - Oui, mais la nuit... - Ma diététicienne m'a dit ça.
49:44 - J'ai dit "croquettes de verre".
49:46 - Ma diététicienne, ça marche,
49:48 puisque moi, je n'ai pas changé de poids
49:50 depuis l'âge de 18 ans.
49:52 - Elle a dit tout de suite que j'ai grossi.
49:54 - Vous connaissez, en fait ?
49:56 - Non, pas du tout.
49:58 - Alors, quel est votre fruit exotique préféré du Costa Rica ?
50:00 - Eh bien, l'ananas, justement.
50:02 L'ananas, j'en ai mangé.
50:04 Et puis alors, vraiment, ça ne coûte rien.
50:06 Ça coûte 50 centimes, l'ananas,
50:08 et qui est vraiment, vraiment mûre à soleil.
50:10 Et c'est un régal.
50:12 Et la mangue, je vous le dis, quand elle est vraiment cueillie d'arbre,
50:14 que vous avez au-dessus de chez vous...
50:16 - Mais alors, en France, l'ananas...
50:18 - Ah oui, alors j'en mange peu.
50:20 Mais je mange plutôt des fruits rouges,
50:22 que j'adore, et qui sont
50:24 parfaitement produits... - Productions françaises.
50:26 - Productions françaises.
50:28 Et puis, des pommes, des oranges.
50:30 Je mange absolument tous les fruits.
50:32 J'adore ça. - Alors, vous savez qu'on termine
50:34 toujours cette émission en musique. Vous en avez choisi une.
50:36 On l'écoute ensemble et vous nous dites pourquoi.
50:38 * Extrait de "I Just Can't Get Enough" de The Beatles *
50:40 - Alors, "I Just Can't Get Enough",
50:54 c'est des pêches mode ?
50:56 - Des pêches mode. J'adore
50:58 des pêches mode, déjà.
51:00 Et cette chanson particulièrement,
51:02 bon, moi, je les aime toutes.
51:04 J'ai tous les albums.
51:06 Mais celle-ci, me rappelle mon bac.
51:08 Elle était de 81 et j'ai passé le bac en 81.
51:10 - Donc, vous l'écoutiez pour vous donner la pêche ?
51:12 - Et quand j'ai eu le bac,
51:14 on a fait une fête terrible
51:16 et là, je peux vous dire que sur cette musique,
51:18 j'étais complètement déchaînée.
51:20 - Merci, Corinne Vignon.
51:22 - Avec plaisir. Merci beaucoup de votre invitation.
51:24 - Merci, Jean-Pierre. Merci à vous tous de nous avoir suivis.
51:26 Et on se retrouve la semaine prochaine
51:28 pour un nouveau numéro de Politique à Table sur LCP.
51:30 Sous-titrage Société Radio-Canada
51:32 ...
51:44 [SILENCE]

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