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Transcription
00:00 J'avais une amie au collège qui appréciait pas du tout que je la touche avec les mains moites.
00:03 Des fois, tu touches les gens comme ça, par réflexe.
00:05 Ça lui arrivait de sursauter ou de me dire "Ah, me touche pas, t'as les mains moites, ça me dégoûte" ou des trucs comme ça.
00:10 Moi, j'ai des souvenirs qui remontent à l'école primaire où je voyais déjà que quand j'écrivais, ma feuille était totalement trempée,
00:16 le stylo qui glisse, peu importe la saison, peu importe qu'il fasse chaud, que je sois malade ou pas.
00:21 Je transpire tout le temps. Vraiment tout le temps.
00:23 L'hypérhidrose, c'est une maladie qui se caractérise par la transpiration excessive.
00:28 Sur les mains, par exemple, on voit des gouttes, on voit que ça brille, on voit réellement que c'est humide, que c'est mouillé.
00:33 En général, on a des auréoles, mais vraiment des grosses auréoles.
00:37 Et puis les pieds, pareil, ça se voit sur les chaussettes qu'elles sont toutes trempées, ça laisse des traces sur le sol.
00:42 Le matin, on réveille, je sais même pas pourquoi, mais c'est là que vraiment je transpire à grosses gouttes sur les mains.
00:46 Ça coule, ça se voit.
00:48 Et ouais, en situation de stress, en général, c'est pire.
00:50 Socialement parlant, le contact avec les gens, c'est assez compliqué parce qu'il y a des personnes qui n'aiment pas du tout qu'on les touche avec des mains moites.
00:57 Des fois, on peut avoir des réactions maladroites qui ne sont pas volontairement méchantes, mais qui peuvent blesser.
01:01 Il y a plein d'activités que je me restreins un peu de faire, tout ce qui est manuel.
01:06 Déjà, forcément, écrire au lycée, à la fac, sur du papier, c'est compliqué.
01:11 En général, et ça depuis la primaire, je prends une feuille de papier et je la plie, je sais pas, en quatre, elle a cette taille comme ça, et je la pose sous ma main.
01:19 Déjà, elle est assez épaisse pour bien absorber la transpiration parce que de un, il va être gondolé, de deux, il risque même de se trouver.
01:26 Et après, l'écriture, elle bave totalement.
01:28 J'ai toujours des papiers sur moi, sous les mains, dans mon sac, etc.
01:31 Sinon, j'ai toujours une paire de chaussettes aussi de rechange dans mon sac parce que si jamais je dois enlever mes chaussures, vu qu'on transpire des pieds, des fois, ça sent pas la rose.
01:39 Donc, ouais, je change de chaussettes.
01:41 Je porte des vêtements où ça risque de pas trop se voir, comme là, un haut noir.
01:46 Des matières aussi, je fais super attention aux matières.
01:48 Il y a des matières où ça se voit pas trop, tout ce qui est laine, pull comme ça, en général, ça se voit pas.
01:52 Mais sur les suites, j'ai des auréoles.
01:56 Les suites, les vestes, les trucs comme ça, ça traverse.
01:58 J'ai l'impression que mon corps commence à mal réagir à ma propre transpiration parce que quand j'ai les mains moites, déjà, elles sont toutes rouges.
02:03 Et j'ai aussi une sorte de sensation de picotement, comme si mon corps n'acceptait pas ma propre transpiration.
02:08 J'ai les mains qui gonflent aussi pas mal quand j'ai les mains moites.
02:11 J'en ai parlé à mon médecin généraliste.
02:12 Il m'a donné un médicament qui s'appelle l'oxybuténine, donc ça se prononce sur ordonnance.
02:17 J'ai vu que ça faisait effet.
02:19 Le problème avec le médicament, c'est que si tu le prends tout le temps, le corps s'habitue forcément et petit à petit, c'est moins efficace.
02:26 Donc, il faut faire des pauses de temps en temps.
02:28 Mais ça encore, c'est très difficile de s'habituer au fait que tu vis une vie normale, comme tout le monde, sans transpirer.
02:35 Et puis, tu dois faire des pauses pendant lesquelles ton hyperhydrose, elle revient tout autant qu'avant.
02:40 Ça ne diminue pas du tout.
02:41 Et c'est là que tu te rends compte à quel point c'est difficile à vivre.
02:44 Quand on commence ces traitements-là et qu'on se rend compte à quel point c'est plus facile de vivre sans l'hyperhydrose, on est heureux.
02:50 J'ai commencé à acheter des vêtements qui me plaisent, des vêtements colorés, chose que je ne mettais pas forcément avant par peur que ça se voit.
02:56 Ça, c'est super cool de pouvoir s'habiller un peu comme on veut.
02:59 Je ne pense pas que j'en ai déjà eu honte, mais il y a toujours cette petite gêne, par exemple, quand tu as tes grosses auréoles et tout,
03:06 que c'est l'hiver, que tout le monde est en pull et tout, on est un peu mal à l'aise parce que c'est un truc qui se voit.
03:11 Moi, quand je suis en cours, par exemple, et qu'on a un prof qui transpire beaucoup et qui a de grosses auréoles, les élèves le remarquent.
03:17 Et ils disent "regarde le prof, il transpire de fou et tout".
03:21 Moi aussi, mais ce n'est pas grave, ça arrive.
03:23 Et puis, on a toujours ce cliché d'une femme, ça doit être parfait, bien maquillée, bien habillée, sentir bon, etc.
03:33 Peut-être que les regards des gens vont être un peu plus critiques par rapport à ça chez les femmes.
03:38 J'ai commencé à en parler sur les réseaux, sur TikTok notamment, parce que je ne voulais pas que les gens minimisent la chose et me disent
03:45 "tu fais semblant, c'est bon, t'abuses, moi aussi je transpire, c'est pas grave".
03:48 Ça, on me l'a sorti tellement de fois.
03:50 Mais moi aussi, j'ai les mains moites des fois.
03:51 Bah oui, OK, tout le monde stresse un peu des fois, tout le monde transpire un peu des fois,
03:55 mais toi, tu as les mains moites parce que tu as un exposé.
03:58 Moi, j'ai les mains moites tout le temps.
03:59 Et je voulais vraiment que les gens comprennent que c'est handicapant et que c'est difficile de faire des choses
04:07 quand tu as des petites gouttes qui tombent des mains.
04:09 Pour mieux le vivre, je pense qu'il faut déjà se rendre compte, comme je l'ai dit, qu'on n'est pas tout seul,
04:14 qu'on peut en parler.
04:15 Il y a des personnes qui m'ont dit "grâce à toi, j'ai commencé un traitement et ça m'a changé la vie".
04:19 Donc je suis très contente d'avoir osé en parler, parce que de toute façon, ce n'est pas une honte à avoir.