LCP le mag - La bataille des retraites

  • l’année dernière
Elle était présentée comme le projet-phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron : la réforme des retraites.
Mais, ce projet de loi est impopulaire et le débat parlementaire est compliqué pour le gouvernement.
Entre manifestations monstres, obstruction et séances électriques à l'Assemblée, nos équipes ont suivi cette bataille des retraites.

Chaque mois, LCP le Mag vous plonge dans l´application des lois, les grands dossiers d´actualité qui font débat à l´Assemblée nationale ou les coulisses des campagnes électorales.

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Transcript
00:00 J'ai le droit d'encorter le chou.
00:04 Sur le fondement de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution,
00:09 j'engage la responsabilité de mon gouvernement.
00:13 Ce devait être la réforme phare du second quinquennat d'Emmanuel Macron.
00:17 La réforme des retraites, c'est une réforme essentielle
00:21 si on veut pouvoir continuer à préserver notre modèle social
00:24 alors même qu'on ne peut plus monter les impôts.
00:26 Donc il n'y a qu'un moyen de faire, si on est lucide,
00:29 comme nous vivons plus longtemps, c'est de travailler plus longtemps.
00:33 Elle a déclenché la colère de la rue.
00:36 On n'est pas en train d'essayer de bloquer le pays ou de mettre le bordel.
00:39 On est en train d'expliquer que les 64 ans pour nombre de travailleurs,
00:42 c'est pas possible.
00:43 Et ont flammé l'Assemblée nationale.
00:47 Vous êtes un imposteur et un assassin.
00:50 Les engagements présidentiels...
00:51 On n'est pas dans un amphi, on n'est pas dans une manif,
00:54 on est dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
00:57 Entre l'obstruction de la gauche, les attermoiements des Républicains,
01:02 les approximations du gouvernement,
01:04 retour sur un impossible débat au Palais-Bourbon.
01:08 Moins de dix jours après l'annonce officielle de la réforme des retraites,
01:15 les Français sont dans la rue, à Paris comme en province.
01:18 C'est du jamais vu, depuis des décennies,
01:21 les huit principaux syndicats du pays appellent ensemble à manifester.
01:26 Les députés de la NUPES, l'Alliance de gauche,
01:29 sont dans le cortège, écharpents bandoulières et baskets au pied.
01:33 Ici vous pouvez prendre les baskets absolument légendaires de Louis Boyard
01:38 parce qu'il a mis sur Twitter la tête de ses baskets pour appeler à manifester.
01:43 Moi j'ai fait moins de buzz que lui, mais je l'ai fait avec mes bottes.
01:49 On a eu la même idée.
01:49 Il faut plus de courage pour manifester avec des talons qu'avec les baskets ?
01:51 Bah non, parce que moi, tu sais, si je suis à plat, j'ai mal au dos.
01:54 Donc en fait c'est pas une histoire de courage,
01:55 c'est une histoire d'habitude en fait.
01:57 Ça va ?
01:58 Les insoumis, les socialistes, les communistes, les écologistes.
02:03 C'est la famille.
02:05 La gauche affiche son unité derrière les syndicats.
02:08 Donne la direction.
02:09 Ouais, je sais pas.
02:11 On va ensuite quoi.
02:13 Là c'est une bataille avant l'ouverture du débat à l'Assemblée nationale.
02:17 Et je pense que les deux doivent se répondre.
02:19 C'est-à-dire que c'est le nombre dans la rue qui va permettre
02:22 de mettre la pression sur le gouvernement.
02:24 Et nous, à l'Assemblée et au Sénat,
02:26 nous serons en écho à ce qui se passe dans la rue.
02:28 La NUPES veut mobiliser vite pour contrer le gouvernement
02:32 qui a lancé le compte à rebours.
02:34 Il a choisi une loi de financement de la sécurité sociale
02:38 qui lui permet de circonscrire la durée des débats à 50 jours au Parlement,
02:42 selon le désormais célèbre article 47.1 de la Constitution.
02:47 Bien sûr que le gouvernement veut passer en force
02:49 et il a inventé ce 47.1 qui est une sorte de 49.3 low cost.
02:54 C'est une manière effectivement d'aller plus vite
02:57 en espérant qu'il peut couper l'herbe sous le pied de la mobilisation.
03:00 Moi j'ai en tête 2006.
03:02 Le CPE il avait été voté, la mobilisation a continué
03:05 et on a réussi à faire que le gouvernement retire son projet de loi.
03:08 L'espoir est permis.
03:10 Cette première mobilisation est un immense succès.
03:14 Il y avait entre 1 et 2 millions de personnes dans la rue.
03:17 Nous sommes en leur tête.
03:19 Même si elle s'oppose à la réforme,
03:21 Laure Lavalette ne participe pas aux manifestations.
03:24 Ce n'est pas dans l'ADN de son parti, le Rassemblement National.
03:28 À une semaine de l'arrivée du projet de loi à l'Assemblée,
03:32 la députée Duvar et ses collègues préfèrent fourbir leurs armes parlementaires.
03:37 Ils ne déposeront que très peu d'amendements.
03:39 L'idée c'est de balayer chaque article,
03:43 de voir ce qu'on fait comme amendement,
03:45 de voir si il y a des amendements qu'on garde pour la séance,
03:48 qu'on utilise dès la commission.
03:50 Il faut qu'on puisse, au-delà de dénoncer cette réforme,
03:54 parler de la mobilisation de Marine.
03:56 - Le message est clair.
03:58 C'est un message qu'on a défendu toute l'année dernière
04:02 pendant la campagne présidentielle.
04:04 C'était très clair.
04:06 C'est aussi la simplicité de notre message.
04:09 Si vous avez commencé à travailler entre 17 et 20 ans,
04:12 vous pouvez partir à la retraite à 60 ans,
04:14 et vous pouvez vivre jusqu'à 62 ans.
04:17 - S'il veut faire adopter sa réforme,
04:19 Emmanuel Macron a clairement besoin d'alliés,
04:21 puisqu'il n'a pas de majorité absolue à l'Assemblée nationale.
04:25 Alors, depuis des semaines, le gouvernement négocie avec la droite,
04:29 qui défend depuis longtemps un report de l'âge de la retraite.
04:33 Les Républicains ont en main le destin du projet de loi.
04:36 - Tous mes voeux pour cette nouvelle année, plein de choses pour vous.
04:39 - Le député Stéphane Viry est l'un des chefs de file de son groupe
04:43 dans ce dossier.
04:44 Dans son fief des Vosges, il a rendez-vous avec ses militants locaux.
04:48 - Allez, go, on s'installe.
04:50 - À qui il résume le dilemme des Républicains.
04:53 - Si on est pour, le RN va nous taper dessus à bras raccourcis.
05:00 On est la majorité, on est macronistes.
05:03 Il n'y a donc plus que le RN qui représente l'opposition
05:06 et une alternance.
05:08 Si on est contre, alors qu'il y a réellement des mesures
05:12 qui vont dans la finalité de ce que pense la droite.
05:15 Travailler plus longtemps, consolider le système de retraite.
05:18 Si on est contre, ceux qui pensent que la droite doit être responsable,
05:22 ils vont nous dire "Vraiment, vous êtes contre tout, vous ne servez à rien".
05:26 Donc quoi qu'il arrive, le temps politique de ce début d'année
05:30 pour les Républicains, il est compliqué.
05:33 Les Républicains hésitent, la gauche est vent debout,
05:36 le RN aussi, la rue est mobilisée.
05:40 Le dossier des retraites s'annonce explosif à l'Assemblée.
05:44 La députée renaissance Stéphanie Riste a la lourde tâche
05:48 d'être rapporteur de ce projet de loi.
05:51 - Notre objectif est d'examiner le texte,
05:56 d'arriver à faire que cet examen du texte soit possible.
06:00 Il y a deux façons pour que ce soit possible,
06:02 que ça se passe correctement dans les débats,
06:04 de façon très respectueuse d'un côté et de l'autre.
06:07 C'est aussi de voir s'il y en a une majorité ou pas sur ce texte.
06:11 Moi, je suis plutôt optimiste à ce jour,
06:14 en même temps consciente que les mouvements sociaux qui existent
06:19 sont à prendre en compte dans le fait que certains députés
06:22 pourraient changer d'avis.
06:24 - À 10 jours du débat dans l'hémicycle,
06:26 la députée a rendez-vous avec Franck Riester,
06:29 le ministre chargé des Relations avec le Parlement.
06:32 - Ça va ? - Ouais.
06:34 - Il s'inquiète du grand nombre d'amendements
06:36 qui pourraient bloquer l'examen du texte.
06:39 - On a plus de 6 000.
06:41 Mes administrateurs me disent qu'on va arriver à 7 500.
06:44 Malgré tout, d'habitude, t'es à 1 500.
06:47 - On aura du mal à aller jusqu'au bout.
06:49 - On aura du mal à aller jusqu'au bout.
06:51 - Là, on voit qu'avec le nombre d'amendements,
06:53 il y aura forcément des amendements qui sont là pour faire perdre du temps.
06:56 Donc une forme d'obstruction.
06:58 - Le gouvernement garde le souvenir cuisant
07:01 de la précédente tentative de réforme des retraites.
07:04 La France insoumise va-t-elle, comme en 2019,
07:07 emboliser l'Assemblée avec un déluge d'amendements ?
07:10 Avec cette année, 4 fois plus de députés
07:12 et le renfort de ses alliés de la NUPES.
07:15 - Mais on a défini la stratégie qu'on va avoir ensemble
07:18 dès la semaine prochaine.
07:20 Là, on va en parler après.
07:22 - Une stratégie qui sera définie loin des caméras,
07:25 une stratégie tout aussi offensive qu'en 2019,
07:28 mais plus imprévisible,
07:30 pour tenter de maîtriser le temps parlementaire.
07:33 - En deux parties, donc décryptage puis réforme.
07:36 - Oui, il y aura des milliers d'amendements, ça c'est sûr,
07:39 qui seront sur le fond à chaque fois
07:41 et qui peuvent soit être maintenus jusqu'au bout,
07:44 soit être retirés.
07:45 Et donc on va pouvoir ajuster en réalité notre stratégie
07:48 au fur et à mesure, avec un objectif,
07:50 de ne pas faciliter la tâche du gouvernement,
07:52 mais le combat de pied à pied en écho avec la mobilisation.
07:55 Et un deuxième objectif,
07:56 qui est absolument d'avoir le débat sur l'article 7.
07:59 - L'article 7, qui repousse l'âge légal
08:01 et l'âge de la réforme.
08:03 Dans la rue, la pression s'accentue pour dire non aux 64 ans.
08:07 Tout est prêt pour un combat parlementaire intense.
08:10 6 février, au Palais-Bourbon,
08:15 c'est le jour J pour la réforme des retraites.
08:18 L'heure est encore à la détente.
08:30 La députée Renaissance se réunit autour d'un verre
08:33 pour se donner du courage.
08:35 Stéphanie Riste se prépare à 2 semaines de marathon parlementaire.
08:39 - Après l'article 20, il y a plus de choses, on y arrive ?
08:45 - Ouais. - Ah bon ?
08:46 - Le 7, on va y aller, mais après l'article 20, je sais pas.
08:49 - L'opposition a déposé plus de 20 000 amendements,
08:52 alors le camp présidentiel sait déjà que le projet de loi
08:56 ne pourra pas être examiné dans son intégralité.
08:59 - On s'attend à ce que ce soit forcément un peu difficile,
09:02 mais en même temps, on va pas s'ennuyer,
09:04 faut regarder le côté positif.
09:06 C'est beaucoup d'amendements pour arriver à cette 1re partie.
09:09 Peut-être que d'un seul coup, ils seront retirés.
09:11 Donc ça nécessite d'être bien en cohésion
09:15 et de bien être présents,
09:17 parce que, bien sûr, ils retireront pas leurs amendements
09:20 au moment où on sera tous là.
09:22 - A quelques minutes du début des hostilités,
09:25 les 150 députés de gauche font une démonstration de force.
09:29 - Le gouvernement peut faire toutes les circonvolutions qu'il veut.
09:32 La vérité, que chacun et chacune aura bien comprise,
09:35 c'est qu'il n'y a pas plus injuste pour les carrières pénibles,
09:37 pour les carrières longues, pour toutes celles et tous ceux
09:39 qu'on a applaudis à 20h, que la réforme qui est proposée.
09:41 Donc vous avez compris, nous, à l'unisson, c'est non.
09:44 - Les députés du Rassemblement national, eux, ne sont que 88,
09:48 mais ils sont en compétition avec la NUPES
09:51 pour s'afficher comme les principaux opposants à Emmanuel Macron.
09:55 Marine Le Pen a donc décidé de déposer une motion
09:58 pour pousser le gouvernement à organiser un référendum.
10:02 - Ce sujet des retraites représente un réel choix de société.
10:05 Il n'est donc pas aberrant qu'il soit tranché par référendum.
10:09 Nature optimiste, j'espère encore qu'une majorité de députés
10:13 va voter cette motion, à commencer par ceux de la NUPES,
10:17 qui devraient faire leur les paroles de Jean-Luc Mélenchon,
10:20 je cite, "je mets au défi les autres parties
10:23 qui se disent d'opposition d'adopter la motion référendaire".
10:27 - Marine Le Pen met la NUPES au pied du mur,
10:30 mais elle sait bien que la gauche ne votera jamais
10:33 avec le Rassemblement national, et que sa demande de référendum
10:37 ne sera qu'un coup d'épée dans l'eau.
10:39 - Bonjour à tous, la séance est ouverte.
10:47 Dès le début, le ton est donné.
10:50 - L'ordre du jour appelle à discussion du projet de loi
10:55 de financement rectificatif de la Sécurité sociale pour 2023.
10:59 La parole est à monsieur Olivier Dussopt,
11:02 ministre du Travail, du Plein Emploi et de l'Insertion.
11:05 Monsieur le ministre.
11:06 La parole est à monsieur Olivier Dussopt,
11:09 ministre du Travail, du Plein Emploi et de l'Insertion.
11:11 S'il vous plaît.
11:12 - Non, pas de chien au... Non, non.
11:14 - Monsieur le ministre.
11:15 - Madame la présidente.
11:17 Madame la présidente, madame...
11:19 Madame la présidente, mesdames et messieurs les députés.
11:23 Nous y sommes.
11:26 Nous y sommes.
11:29 - S'il vous plaît, vous laissez parler le ministre.
11:31 - Merci, madame la présidente.
11:32 Je disais, madame la présidente.
11:34 - Non, s'il vous plaît, vous n'avez pas attrapé les pupitres.
11:38 La parole est au gouvernement.
11:40 - Madame la présidente.
11:41 - Le ministre ne parvient pas à commencer son discours.
11:44 - Ah non. Ah non.
11:47 - Merci, madame la présidente.
11:49 - Est-ce que vous croyez que nous allons passer 15 jours
11:52 comme cela dans l'hémicycle ?
11:53 Oui ? Monsieur le ministre.
11:55 - Madame la présidente, donc, mesdames et messieurs les députés,
11:58 nous y sommes et quand bien même vous ne le voudriez pas,
12:01 nous y sommes.
12:02 Des engagements présidentiels ouverts.
12:04 - Monsieur le collègue, on n'est pas dans un ancien,
12:06 on n'est pas dans une manif,
12:07 on est dans l'hémicycle de l'Assemblée nationale.
12:09 - Il faudra presque une heure à Olivier Dussopt
12:12 pour entamer son propos.
12:15 - Je le disais il y a un instant...
12:19 - Il dit l'examen du projet de loi s'annonce difficile
12:22 pour le gouvernement, mais il est prêt au bras de fer.
12:25 - N'ayons pas peur de le dire en matière de retraite,
12:28 mesdames et messieurs les députés, c'est une réforme ou la faillite.
12:31 C'est ça, la réalité de notre système aujourd'hui.
12:34 - Dès le lendemain, les Français sont à nouveau dans la rue.
12:40 Après cette première journée chaotique de discussion,
12:43 les syndicats mettent désormais la pression
12:46 sur le gouvernement et sur l'Assemblée nationale.
12:49 - Quand j'entends à la fois le gouvernement nous dire
12:52 que c'est soit cette réforme-là, soit la faillite,
12:54 on sait que c'est complètement faux parce qu'il y a d'autres solutions.
12:57 L'obstruction, pour faire de l'obstruction, ça ne sert à rien.
12:59 Donc aujourd'hui, on voit que le débat parlementaire n'est pas à la hauteur.
13:03 - Et donc où est-ce que ça bloque ?
13:05 C'est pas chez nous, on n'est pas en train d'essayer
13:07 de bloquer le pays ou de mettre le bordel.
13:09 On est en train d'expliquer que les 64 ans pour nombre de travailleurs,
13:12 c'est pas possible.
13:13 Il faut que le gouvernement, il faut que le Parlement entendent.
13:16 - Dans le cortège parisien de cette 3e manifestation,
13:21 il y a aussi les Insoumis et surtout le premier d'entre eux.
13:25 Même s'il n'est plus député, Jean-Luc Mélenchon surveille de près
13:29 ce qui se passe à l'Assemblée et veut toujours donner le ton.
13:32 - Nous défendrons autant d'amendements qu'il le faut,
13:35 la nuit, le jour, les week-ends.
13:38 Et ça s'appelle pas de l'obstruction, ça s'appelle du débat.
13:41 Voilà, c'est comme ça.
13:42 Le Parlement, c'est marqué dessus, on vient pour parler.
13:44 Ceux qui veulent se taire, restent à la maison.
13:46 Au Parlement, on ne se tait pas, c'est le moins qu'on puisse dire.
13:50 Le débat n'avance que très lentement.
13:52 - Pour le groupe du Rassemblement national, c'est M. Thomas Ménager.
13:55 Au total, il y a plus de 20 000 amendements sur le projet de loi,
13:59 dont 18 000 déposés par la NUPES.
14:02 - Retirez vos amendements, ne servez pas la soupe au gouvernement.
14:07 Vous les aidez.
14:08 Ils sont très heureux de ne pas parler du fond,
14:10 de passer des heures et des heures sur ce qui n'intéresse pas les Français.
14:14 Ce qui intéresse les Français, c'est la pénibilité.
14:16 Au bout de 4 jours, seul l'article 1er mettant fin aux régimes spéciaux
14:21 a été adopté.
14:22 Mais cette lenteur ne fait-elle pas les affaires du camp présidentiel,
14:28 qui n'est pas sûr d'avoir une majorité ?
14:30 - Non, mais moi, en tant que rapporteur, j'ai très envie
14:33 qu'on puisse examiner l'ensemble des articles, qu'on puisse débattre.
14:36 Améliorer le texte.
14:37 Et ça sert à quoi d'autre, en étant députée,
14:40 que de pouvoir améliorer les textes ?
14:42 Donc si on est là juste pour des tribunes qui peuvent se faire ailleurs
14:45 que dans l'hémicycle, faisons-les ailleurs.
14:47 Mais dans l'hémicycle, travaillons à l'examen du texte.
14:50 - La semaine va se terminer comme elle a commencé, sous haute tension.
14:56 C'est un tweet qui crée l'étincelle, celui du député insoumis Thomas Porte.
15:00 Sur cette photo, il pose avec, au pied, un ballon.
15:04 Un ballon à l'effigie du ministre Olivier Dussopt.
15:07 Alors, quand le député veut prendre la parole, l'hémicycle s'embrase.
15:13 - Monsieur Porte.
15:15 - Madame la présidente, monsieur les ministres,
15:19 calmez-vous collègues, y a pas de ballon ici.
15:22 - Vous vous exposez, sourire aux lèvres, avec votre écharpe tricolore,
15:29 foulant des pieds, écrasant de vos pieds la tête d'un ministre de la République.
15:35 C'est ni plus ni moins un appel au meurtre.
15:38 Ni plus ni moins un appel au meurtre.
15:41 - Monsieur Porte, je crois que l'hémicycle vous demande des excuses.
15:45 - Je vais retirer mon tweet le jour où vous retirez cette réforme
15:51 qui va sacrifier des milliers de gens.
15:53 - La séance est interrompue.
15:56 Après deux heures de réunion des instances de l'Assemblée,
15:59 la sanction tombe.
16:00 Thomas Porte est exclu pour 15 jours du Palais-Bourbon.
16:04 La première semaine de débat se termine,
16:06 alors qu'un seul des 20 articles du projet de loi a été voté.
16:10 Les esclandres et la lenteur des discussions
16:16 attisent la colère de l'intersyndicale et d'une partie de l'opinion publique.
16:21 Les syndicats pressent les députés.
16:25 - Je crois que ce qui se passe à l'Assemblée nationale ne sert pas,
16:28 mais je ne suis pas le seul à le penser,
16:30 ne sert pas ce qu'on est en train de faire dans la rue, bien sûr.
16:33 C'est pour ça que je pose comme ambition,
16:36 et Philippe Martinez aussi et d'autres aussi,
16:39 qu'à minima l'article 7 soit en débat à l'Assemblée nationale cette semaine.
16:42 On souhaite que cet article soit mis en débat.
16:44 C'est de ça dont il s'agit dans la rue pour des millions de personnes
16:47 et ce n'est pas en débat.
16:48 - Je suis d'accord avec vous.
16:52 C'est de ça dont il s'agit dans la rue pour des millions de personnes
16:55 et ce n'est pas en débat.
16:56 - La dernière semaine de débat démarre.
17:00 Les députés parviendront-ils à discuter de ce fameux article 7,
17:04 celui qui reporte l'âge de la retraite à 64 ans ?
17:08 Les débats de fond vont-ils enfin pouvoir commencer ?
17:13 - Monsieur Dussopt, puisque vous avez voulu parler des morts du travail,
17:20 entre 2017 et 2019, c'est 33% d'accidents du travail causant la mort en plus.
17:26 Et vous avez la responsabilité de ce choix politique.
17:29 Vous êtes un imposteur et un assassin.
17:32 Les propos du député insoumis provoquent un tollé.
17:36 Même les alliés de la NUPES se désolidarisent.
17:40 L'alliance de gauche se craquelle.
17:42 - Tenir de tels propos est absolument inacceptable.
17:48 Nous sommes ici pour nous combattre.
17:53 Mais jamais, je dis bien jamais, nos débats, nos arguments
18:00 ne doivent dériver avec des insultes qui sont portées
18:04 contre des membres de cette Assemblée et contre des membres du gouvernement.
18:08 - J'ai eu, il y a quelques instants à ce micro,
18:12 des mots que l'émotion et l'emportement m'ont fait mal choisir
18:17 et qui sont déplacés.
18:19 Je souhaite évidemment les retirer et adresser des excuses publiques aux ministres.
18:25 L'incident est clos, le débat reprend sur l'article 2.
18:30 Malgré tout, la NUPES veut démontrer son unité et donner des gages au syndicat.
18:36 Le soir même, en chœur, les 4 groupes de gauche retirent une partie de leurs amendements.
18:42 - Nous avons travaillé ensemble pour pouvoir retirer un millier d'amendements
18:46 ce soir qui nous permettra de passer à la suite.
18:50 - On a le maître du calendrier, on le prouve ce soir en choisissant d'accélérer.
18:53 Il y a désormais l'espoir que la discussion avance.
18:58 Mais elle s'avère de plus en plus compliquée pour l'exécutif.
19:01 - Le scrutin est ouvert.
19:04 Qui subit un gros revers.
19:06 - Le scrutin est clos.
19:10 Les députés retoquent l'article 2 qui crée un index senior.
19:16 - Cours 203 contre 256, l'Assemblée nationale n'a pas adopté.
19:20 C'est un coup dur pour le gouvernement.
19:23 Cela confirme qu'il n'a pas, pour le moment, de majorité pour faire voter sa réforme.
19:28 Alors, pour s'assurer du soutien ferme des Républicains,
19:32 la Première ministre fait des concessions sur les carrières longues
19:36 pour ceux qui ont commencé à travailler tôt.
19:38 Sauf que le gouvernement a bien du mal à expliquer les nouvelles mesures.
19:43 - Je pense qu'on entendra très clairement ses propos.
19:46 - Pour ce qui concerne les demandes de précision qui ont été faites,
19:51 j'ai dit à plusieurs reprises que le dispositif carrière longue
19:56 se caractérise par des conditions cumulatives.
19:59 C'est le cas depuis 2003, n'y revenons pas.
20:01 J'ai dit que dans le cadre du dispositif des carrières longues,
20:04 il n'y aurait aucune exigence de durée d'affiliation au régime supérieur à 43 ans.
20:08 Quand nous serons à une durée d'affiliation au régime de 43 ans,
20:11 d'où l'expression "montant en charge"...
20:13 - Bonsoir à tous.
20:15 - C'est une annonce du gouvernement qui fait un pas d'erreur.
20:18 - Personne n'a rien compris.
20:20 Et ça commence à devenir absolument insupportable.
20:23 Le gouvernement nous a déjà fait une annonce à moitié il y a quelques jours
20:26 qui est devenue absolument incompréhensible au fur et à mesure des explications.
20:30 J'ai reposé une question très simple à Olivier Dussopt
20:33 en lui demandant si quelqu'un qui avait commencé à 14 ans, à 16 ans ou à 18 ans
20:37 au jour de son anniversaire, partirait bien avec 43 annuités ou 44 annuités.
20:41 Et le ministre s'obstine à ne pas répondre à cette question.
20:44 C'est tout à fait insupportable. On ne tira rien de ces débats.
20:47 Sur les revalorisations des petites retraites, ce n'est pas plus clair.
20:53 Est-ce que les 1 200 euros concerneront 1 800 000 retraités, 40 000, 12 000 ?
21:01 Je désespère et nous désespérons vraiment d'avoir une réponse aux mêmes questions
21:07 qui nous taraudent et nous languissons pour avoir votre réponse,
21:10 Monsieur le ministre Dussopt.
21:12 Combien, s'il vous plaît, combien de personnes qui partent à la retraite
21:17 ou qui sont déjà à la retraite verront leur rémunération monter jusqu'à 1 200 euros, leur pension ?
21:23 Les débats de fond viennent enfin de commencer, au bout de 8 jours de discussion.
21:28 Pour accélérer vraiment, les écologistes, les communistes, les socialistes
21:33 enlèvent tous leurs amendements avant l'article 7, celui sur les 64 ans.
21:38 Nous avons décidé de retirer tous les amendements que nous avions déposés jusqu'à l'article 7
21:45 puisque nous avons entendu, nous avons compris qu'un certain nombre de femmes et d'hommes de force
21:50 souhaitaient que nous puissions arriver à cette discussion de l'article 7.
21:55 Mais les Insoumis rechignent et Jean-Luc Mélenchon, dans un tweet,
22:00 révèle la véritable stratégie de la France Insoumise, ne pas aller à l'article 7.
22:05 Incompréhensible retrait des amendements du parti communiste.
22:09 Pourquoi se précipiter à l'article 7 hâte de se faire battre ?
22:13 Ça veut dire quoi ? Ça veut dire on sait qu'on est minoritaire,
22:16 on sait qu'on n'a pas de majorité pour mettre en échec le gouvernement
22:20 et donc il faut faire traîner les débats.
22:22 C'est ça que vous dites ? C'est l'aveu de Jean-Luc Mélenchon ?
22:26 Et regardez ce qui se passe dans l'hémicycle.
22:29 Les socialistes y sont partis, il reste trois écologistes,
22:33 les communistes il reste trois personnes, il n'y a plus que vous la France Insoumise
22:37 parce que les autres ne partagent pas votre obstruction.
22:40 Le temps de débat imparti est bientôt écoulé.
22:43 Le dernier jour ne permet pas d'avancer plus.
22:47 Les députés ont à peine entamé l'étude de l'article 3.
22:51 Dans moins de dix minutes, ce débat sur la réforme des retraites
22:56 va malheureusement se terminer dans notre hémicycle
22:59 et on compte sur le Sénat pour faire un travail que nous n'avons malheureusement pas pu faire ici
23:04 à cause de députés de la France Insoumise.
23:06 Je dois vous dire que je suis consterné.
23:11 Le Parlement ne pourra pas, il reste six minutes, délibérer sur cette loi
23:15 parce que vous avez choisi un calendrier parlementaire contraint.
23:19 Je vous remercie.
23:21 Au douze coups de minuit, tout s'arrête.
23:25 Onze mille amendements et dix-huit articles n'ont pas été examinés.
23:30 C'est donc dans le respect de la Constitution que nos débats doivent désormais prendre fin.
23:35 Les députés insoumis entonnent le chant des Gilets jaunes.
23:39 Ambiance surréaliste dans les travées.
23:43 Mesdames et messieurs les députés insoumis, vous m'avez insulté quinze jours,
23:48 vous chantez mais vous m'avez insulté.
23:51 Personne n'a craqué, personne n'a craqué.
23:54 Et nous sommes là devant vous pour la réforme.
23:57 La réforme part au Sénat alors que les députés n'auront jamais discuté de l'article 7
24:04 qui impose la retraite à 64 ans.
24:08 Au palais du Luxembourg, les débats sont longs mais plus sereins qu'à l'Assemblée.
24:16 Les sénateurs, en majorité de droite, votent très largement pour la réforme des retraites.
24:23 Retour au palais Bourbon.
24:28 L'Assemblée doit valider l'ultime version du projet de loi,
24:32 fruit d'un compromis entre sept députés et sept sénateurs.
24:35 Mais la Première ministre dispose-t-elle d'une majorité pour le voter ?
24:39 Toute la matinée, le gouvernement fait et refait ses calculs.
24:44 Et le compte n'y est pas.
24:46 Un quart d'heure avant le début de la séance, il tranche en faveur du 49-3.
24:52 Avec huit minutes de retard, Elisabeth Borne arrive à l'Assemblée.
24:57 Mes chers collègues, la parole est à Madame la Première ministre.
25:01 Dans un hémicycle bondé, cette fois ce n'est pas le chant des Gilets jaunes
25:07 mais la marseillaise que les insoumis font retentir pour couvrir la voix de la Première ministre.
25:14 (Chant)
25:19 Elisabeth Borne dégaine le 49-3 et règle ses comptes avec la NUPES,
25:24 le Rassemblement National et les Républicains.
25:27 Cet après-midi, je n'ai pas envie de revenir sur les échappées personnelles
25:33 qui peuvent faire oublier à certains les positions qu'ils défendaient
25:38 quelques mois plus tôt avec leur famille politique.
25:42 Cet après-midi, je n'ai pas envie de revenir non plus sur le comportement de ceux
25:49 qui ont tout fait pour bloquer le débat et se sont contentés de multiplier les insultes,
25:55 les excès et les attaques.
25:58 Enfin, cet après-midi, je n'ai pas envie de revenir sur le mutisme de ceux
26:06 à l'extrême droite de cet hémicycle qui sont restés tapis dans l'ombre tout au long des débats,
26:14 qui ont préféré se taire, profitant en silence des outrances des uns et des revirvents des autres.
26:22 Aussi, sur le fondement de l'article 49 alinéa 3 de la Constitution,
26:29 j'engage la responsabilité de mon gouvernement.
26:34 Aucune motion censure n'ayant été votée, la réforme des retraites est définitivement adoptée.
26:40 Après 50 jours de bras de fer et un 49-3, la victoire a un goût amer pour le gouvernement.
26:47 [Musique]

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