Christel Brigaudeau, grand reporter, a réalisé de nombreux reportages en Ukraine depuis le début de la guerre. L’un d’eux, à Kiev, dans un hôpital pour enfants sous les bombes, a été particulièrement remarqué. Un récit puissant et poignant qui lui a permis, par ricochet, de décrocher un entretien exclusif avec l’épouse du président Volodymyr Zelensky, Olena Zelenska, et suivre l’arrivée en France, pour y être soignés, d’une vingtaine d’enfants. Parmi eux, Veronika, 6 ans, atteinte d’une leucémie…
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00:00 Bonjour, je suis Christelle Brigodeau, je suis grand reporter au Parisien Aujourd'hui en France.
00:04 Comment vous avez obtenu votre entretien avec la première dame ukrainienne ?
00:07 Alors ça part en fait d'un reportage qu'on a fait sur le terrain au premier jour de la guerre en Ukraine, à Kiev,
00:13 dans un hôpital qui s'appelle l'hôpital Hormadet.
00:16 On était avec des enfants qui sont victimes de leucémie, de cancer, qui sont soignés là-bas,
00:21 et qui devaient se battre à la fois contre leur maladie et contre la menace de la guerre qui arrivait sur la capitale ukrainienne.
00:28 Et à l'issue de ce reportage, j'avais reçu le coup de téléphone de la présidence de la République française,
00:34 la première dame Brigitte Macron, qui voulait savoir comment venir en aide aux enfants de cet hôpital,
00:40 parce que leur sort l'avait beaucoup touché.
00:43 Ce coup de fil en fait a donné lieu à des échanges entre la première dame française et la première dame ukrainienne, Olena Zelenska.
00:51 Et quelques semaines plus tard, leurs échanges se sont concrétisés par une volonté d'exfiltrer des enfants malades de cancer vers la France.
01:00 Moi, je cherchais à avoir des nouvelles de ce partenariat,
01:03 et c'est ainsi que j'ai pu avoir accès à la première dame ukrainienne et lui parler en ligne.
01:08 À ce moment-là, en fait, la première dame ne se montrait pas du tout,
01:11 et c'est la première fois qu'elle acceptait de parler à un média de la presse européenne.
01:15 Et l'objectif pour elle, c'était de faire parler de ce partenariat humanitaire
01:19 pour que davantage de couloirs humanitaires s'ouvrent dans ces premières semaines du conflit.
01:24 Dans quelles conditions s'est déroulé cet entretien ?
01:26 Alors, c'était assez spécial. Habituellement, quand on réalise l'interview d'une personnalité,
01:32 on est en face à face et on peut poser nos questions.
01:34 Là, ce n'était pas possible parce que la première dame se cachait.
01:37 Personne ne savait où elle était.
01:39 C'était une information confidentielle parce que la famille de Volodymyr Zelensky,
01:44 le président ukrainien, était menacée très clairement par les autorités russes.
01:50 Donc l'interview a été faite par écrit.
01:52 Moi, j'ai envoyé mes questions à une personne de son entourage
01:56 qui ne se trouvait pas avec elle, mais qui pouvait communiquer avec elle.
02:00 Et elle a renvoyé les réponses. J'ai lu ses réponses.
02:04 Ça a donné l'occasion de relancer, c'est-à-dire j'ai pu reposer d'autres questions
02:08 pour les points qui ne me semblaient pas clairs.
02:09 Donc on a pu échanger comme ça, mais de manière différée et toujours par écrit.
02:13 Et c'est ainsi qu'on a pu faire cette interview.
02:15 L'entretien s'accompagne d'un reportage sur l'arrivée en France d'une jeune ukrainienne
02:19 qui doit être soignée pour un cancer.
02:21 Est-ce que vous avez eu des nouvelles d'elle depuis ?
02:23 Oui, récemment, je suis allée la revoir.
02:26 Elle s'appelle Véronika. Donc aujourd'hui, elle a 7 ans, un an de plus que l'année dernière.
02:30 On l'avait quittée dans une ambulance qu'il emmenait à l'hôpital Robert-Debré
02:33 pour se faire soigner pour une leucémie.
02:36 Et aujourd'hui, elle est quasiment en rémission.
02:39 Elle a ses cheveux qui ont repoussé. Elle va bien.
02:42 Elle est scolarisée à l'école française. Elle commence à apprendre le français.
02:45 Elle est là avec sa mère et ses frères et soeurs.
02:48 Et elle vit une vie d'enfant ordinaire malgré les conditions qui sont extraordinaires.
02:53 [SILENCE]