L'invité du jour - Benjamin Lavernhe

  • l’année dernière
Julia Vignali et Thomas Sotto reçoivent sur le plateau de Télématin, Benjamin Lavernhe de la Comédie française pour son nouveau film, De grandes espérances, au cinéma ce mercredi 22 mars 2023, aux côtés de Rebecca Marder et réalisé par Sylvain Desclous. Un thriller politique qui raconte l’histoire de Madeleine, en couple avec Antoine et qui ensemble, préparent l’oral pour l’ENA. Mais leur destin va totalement basculer…

Category

📺
TV
Transcript
00:00 Eh bien, c'est le comédien Benjamin Lavergne de la comédie française
00:03 qui est venu sur le plateau de Télématin.
00:06 Bonjour Benjamin Lavergne.
00:07 Bonjour, bienvenue.
00:08 Vous avez la particule.
00:09 Oui, oui, beaucoup de particules effectivement.
00:11 Mais franchement, merci d'être là ce matin.
00:13 On a adoré votre film avec Thomas.
00:14 On s'est régalé.
00:15 Ça s'appelle "De grandes espères".
00:16 On s'assore aujourd'hui même au cinéma.
00:19 Alors, vous êtes partout Benjamin Lavergne.
00:21 Alors parfois, votre nom…
00:23 Mais au second plan quand même, regardez.
00:24 Non, là, mais au second plan sur l'affiche.
00:27 Mais franchement, vous êtes au cinéma, vous êtes au théâtre.
00:29 Tout le monde vous réclame.
00:31 Ça fait quoi d'être en train de devenir une star ?
00:33 C'était les grandes espérances que vous aviez pour vous ?
00:35 Ah là là, disons, dès le matin, là, vous ne m'épargnez pas.
00:39 Je me sens… Je touche du bois.
00:41 Je me sens très chanceux.
00:42 Et vraiment…
00:43 Regarde, c'est du contreplaqué.
00:44 C'est du contreplaqué.
00:45 Alors, je ne sais pas, il y a du vrai.
00:46 Ça aussi, je suppose.
00:47 Non, mais vous espériez que ça s'emballe comme ça ?
00:50 Oui, quand on fait ce métier, on a des…
00:52 D'abord, c'est un rêve.
00:54 On n'imagine même pas que ça puisse être possible.
00:56 Donc, je voyais ça comme vraiment une utopie.
00:59 Et puis, c'est devenu concret petit à petit.
01:00 C'est des marches qu'on monte.
01:01 On est pris à l'école.
01:03 Et puis, on regarde, en l'occurrence, la classe libre au cours Florent.
01:06 On se dit, c'est pour les autres.
01:08 On les croise dans les couloirs.
01:09 On tremble.
01:10 On se dit, c'est les stars du cours.
01:12 Et puis, finalement, on est pris un jour.
01:13 Et puis, après, le conservatoire.
01:14 Et puis, le conservatoire.
01:15 Et en fait, c'est vraiment un rêve qui devient réalité.
01:18 Et puis, une passion aussi qui grandit en soi,
01:20 qui devient un peu une vocation.
01:22 Et en effet, en allant au théâtre, en lisant du théâtre,
01:25 c'est devenu indispensable et merveilleux,
01:29 une chance inouïe de faire ce métier.
01:31 Parce que Dieu sait qu'il y a des gens talentueux qui n'y arrivent pas.
01:33 Et il y a aussi des gens talentueux qui y arrivent, vous en êtes la preuve.
01:36 Ce film, c'est un vrai thriller.
01:38 On va se mettre dans l'ambiance de "Grandes espérances",
01:40 dont vous partagez le rôle principal avec Rebecca Varner.
01:44 Et vous voulez faire quoi après l'ENA ?
01:46 Moi, je suis persuadée que l'homme ou la femme politique,
01:48 avec un vrai discours écologiste et féministe,
01:50 sera le prochain président ou la prochaine présidente.
01:52 Appelez-moi après votre grande orale.
01:54 Qu'on discute.
01:55 En tout cas, tu l'as bien plu à Gabriel.
01:57 Pourquoi tu dis ça ?
01:58 Quand les travailleurs et les salariés sont en difficulté,
02:02 c'est moi qu'ils appellent et pas vous. Pourquoi ?
02:04 Parce que vous avez tout cassé.
02:05 Après, c'est bien d'embrayer sur l'économie sociale et solidaire,
02:07 un emploi sur huit.
02:08 Vous les avez licenciés ?
02:09 Je suis sûre qu'il y a un ou deux journalistes que ça exciterait pas mal.
02:12 Qu'est-ce que je ferais sans toi ?
02:13 C'est quoi ce message que t'as écrit à Gabriel ?
02:18 Antoine, rappelle-moi. Qu'est-ce que tu me fais, là ?
02:21 On avait dit qu'on était deux, qu'on était ensemble.
02:23 Y a un problème ?
02:25 C'était sur une route au milieu de nulle part.
02:29 Allez, avance !
02:31 Ça va pas ?
02:32 On s'est fait agresser avec une coupe.
02:34 Alors comme ça, tu peux toujours...
02:35 Lâchez-moi !
02:36 Je fais tout pour ça.
02:37 Bougez pas !
02:38 Lâchez-moi ! Bougez pas !
02:39 Lâche-le pas !
02:40 Madeleine, t'es avec nous ?
02:42 T'es sûr qu'elle va pas parler, ton copain ?
02:44 Alors, t'es sûr qu'elle va pas parler, tout ça, on va le voir dans le film.
02:47 Ça commence comme une histoire d'amour qui se transforme en histoire d'ambition
02:50 et puis en polar, puisque Rebecca Merdère va tirer un "je spoil rien", c'est au début du film,
02:55 vous vous retrouvez coupable d'un meurtre.
02:56 Comment vous le définiriez, ce film, vous ?
02:58 Il est un peu inclassable.
03:00 Il est un peu inclassable et c'est ça qui bouscule les gens.
03:04 Y a évidemment la dimension d'une histoire d'amour, d'une grande histoire d'amour
03:08 qui est contrariée par un secret
03:11 et une entrée dans le monde de la politique par l'intermédiaire de ce couple.
03:15 Et évidemment, c'est l'histoire d'un destin, d'une vocation.
03:19 Alors là, elle est pas comédienne, parce que je vous parlais de vocation tout à l'heure,
03:22 mais d'un grand idéalisme aussi de vouloir changer le monde
03:26 et de passer par la politique de manière la plus sincère possible.
03:30 Et de voir comment on ressort de la politique.
03:31 Et justement, on voit que ça les abîme, cette ambition, que dans leur couple,
03:35 c'est peut-être ça aussi le problème, c'est cette ambition, la politique, leur fait pas du bien.
03:39 Oui, y a du poison, c'est là qu'on rentre dans le thriller.
03:42 C'est qu'il y a une menace, alors qu'il y a d'abord, c'est le secret qui gangrène
03:47 et qui agit chimiquement, différemment sur ce couple.
03:51 Elle, elle vient d'un milieu populaire, elle est boursière de Sciences Po,
03:54 elle a un rapport à son père assez éloigné.
03:56 Lui, c'est le fils à papa et qui est né avec une cuillère en argent dans la bouche.
04:00 Et ils ont le même rêve, mais pas du tout le même parcours.
04:04 Vous êtes beaucoup plus sympathique en vrai que dans le film, on peut vous le dire quand même.
04:07 Moi, je vous ai détesté dans le film, j'adore vous détester.
04:10 C'est un compliment.
04:11 Et en effet, je deviens une menace pour elle au fur et à mesure,
04:14 parce que je vis différemment ce secret et je vais être l'ombre,
04:17 le ressort dramaturgique du "méchant", parce que moi, je trouve qu'il a beaucoup aussi de...
04:23 Il défend son personnage.
04:25 Et nous, on est pris pendant tout le film, c'est un truc, on a le souffle un peu coupé.
04:29 Ce qui est drôle, c'est qu'on l'a aperçu, il y a un ancien vrai ministre éphémère,
04:33 Thomas Tévenoud, c'était la fameuse phobie administrative,
04:36 qui joue dans ce film, il joue le rôle du politique, du ministre du travail,
04:40 qui est un peu le trait d'actualité. Qui joue le mieux, l'acteur ou le politique, à votre avis ?
04:44 Je ne sais pas, mais en tout cas, je n'ai pas l'impression qu'il ait la phobie du jeu.
04:49 J'ai l'impression qu'il est très à l'aise, qu'il s'est beaucoup amusé
04:53 et surtout qu'il a un sens de la vérité, il a un instinct très développé,
04:59 il est très doué et c'était plus vrai que nature.
05:01 Nous, on n'avait vraiment pas à jouer avec lui, on était en réaction,
05:05 on était hallucinés de voir à quel point il était aussi acteur.
05:08 Parce que de jouer son propre rôle, ce n'est pas si évident.
05:10 Donc nos politiques seraient peut-être de très bons acteurs, c'est ce que vous êtes en train de nous dire.
05:14 Ça non, je trouve qu'au contraire, il y en a des très mauvais.
05:17 Je me dis, mais à quelle école ils ont été ?
05:19 Vous pouvez les citer, ceux qui ne feraient pas carrière.
05:21 Certains sont très connus.
05:22 Ah oui, d'accord.
05:23 Non, mais là, qui jouent mal la comédie.
05:25 Ne vous fâchez pas avec tout le monde tout de suite.
05:26 Non, mais après, il y en a beaucoup de très connus.
05:28 Mais vous, vous êtes très cynique, votre personnage, en tout cas dans le film.
05:31 C'est vrai que c'est troublant, parce que comme on a adoré le film,
05:34 on pourrait projeter, mais vous êtes très sympa vous.
05:36 Est-ce que ça correspond à l'idée que vous vous faites des hommes politiques ?
05:40 Ce cynisme justement.
05:41 C'est comme ça que vous les percevez ?
05:43 Sylvain Décloux, le réalisateur, ne voulait pas forcément faire une critique acerbe
05:49 et d'un pessimisme redoutable sur toutes les politiques, sur toute la classe politique.
05:53 Mais au contraire, prendre deux jeunes qui sont à l'orée de leur carrière
05:57 et qui sont à l'école encore.
05:59 Là, en l'occurrence, ils tentent le concours de l'ENA.
06:01 Ils sont admissibles à l'oral.
06:03 Et ils ont cette pureté et cet avenir où tout est possible, tout est radieux.
06:09 Et ils ne voulaient pas forcément tirer à boulet rouge et se dire que c'était foutu,
06:13 qu'ils sont tous pourris.
06:14 Ça parle du secret, en effet.
06:16 Ça parle de la complexité.
06:18 Il dit cet exemple, si Greta Thunberg avait commis vraiment quelque chose de condamnable,
06:26 est-ce que sa cause en serait moins noble ?
06:29 Et je trouve ça assez juste.
06:30 Ce ne sont pas des personnages manichéens.
06:33 Ils sont très complexes et ils ont de tout en eux.
06:38 Ça parle de ce combat.
06:40 Comment, avec cette complexité, aller au bout de ses rêves ?
06:42 Il faut dire aussi un mot de Rebecca Marder qui est incroyable.
06:46 Sophie Marceau et Catherine Deneuve réunies.
06:48 Je suis bluffé.