Audition à l'Assemblée nationale - Soupçons d'ingérence : Rachid M'Barki, journaliste, est auditionné à l'Assemblée nationale

  • l’année dernière
Les députés auditionnent Rachid M'Barki. Le journaliste a été licencié de BFMTV sur la base de soupçons d'ingérence, accusé d'avoir diffuser des informations biaisées, orientées et non validées par sa rédaction. Il est entendu par la commission d'enquête présidée par Jean-Philippe Tanguy (RN) qui vise cherche à identifier de possibles ingérences politiques, économiques et financières de puissances étrangères dans la politique française. Retrouvez l'intégralité de cette audition sur LCP-Assemblée-nationale.

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00:00:00 Nous avons le plaisir, et je le remercie, d'accueillir aujourd'hui M. Richard M. Barky, journaliste.
00:00:06 M. M. Barky, je vous remercie d'avoir répondu à notre convocation.
00:00:10 À titre préliminaire, je tiens à informer les membres de la Commission qu'il y a eu des échanges entre nous pour modifier la date et l'horaire de cet échange.
00:00:21 Une partie a été possible, une partie n'a pas été possible.
00:00:24 Je tiens à m'en expliquer publiquement. La raison est assez simple.
00:00:28 D'une part, et c'est aussi l'occasion de le rappeler, une commission d'enquête parlementaire n'est pas du tout une procédure judiciaire.
00:00:35 Ce n'est pas une procédure soumise aux contradictoires.
00:00:38 Nous laissons à la justice l'entièreté de ses prérogatives et de ses pouvoirs.
00:00:44 L'objet d'une commission d'enquête parlementaire est d'informer la représentation nationale sur un sujet particulier,
00:00:49 sur lequel elle a ouvert un certain nombre de pouvoirs, de comprendre ce qui se passe, de comprendre des phénomènes,
00:00:56 de les analyser, de confronter les visions des uns et des autres pour éclairer la sagesse des représentants du peuple
00:01:02 et ensuite se faire une opinion, opinion qui est caractérisée par un rapport qui est lui-même discuté entre les membres de la Commission
00:01:09 et qui est ensuite publié si les commissaires lui donnent l'autorisation.
00:01:14 Les sujets que vous voudrez qui seront traités dans le cadre des procédures que vous avez à connaître seront traités par les autorités compétentes.
00:01:23 La Commission ne veut pas y être mêlée d'une manière ou d'une autre et je suis sûr que vous comprenez.
00:01:28 Voilà, je voulais informer puisque tout évidemment nous travaillons en parfaite transparence avec l'ensemble des commissaires
00:01:34 et en particulier les membres du Bureau et je voulais que les choses soient bien claires sur ce sujet-là.
00:01:38 Je pense que vous n'avez pas d'inconvénients dans les informations que je viens d'indiquer.
00:01:43 M. Mbarki, vous trouvez, il y a une affaire qui porte aujourd'hui votre nom, qui est liée au sujet que doit connaître notre Commission.
00:01:55 Il s'agit d'un soupçon d'ingérence ou d'influence étrangère liée à l'information et au métier que vous exercez dans le cadre de Journal de la nuit
00:02:05 que vous présentez sur BFM TV. Nous avons considéré avec le Bureau qu'il était important de vous entendre,
00:02:12 eu égard à l'écho que cette affaire a eu dans l'opinion publique parallèlement aux travaux de ces commissions
00:02:18 et donc nous aimerions connaître en détail comment vous voyez les choses, comment vous considérez que les choses se sont passées
00:02:24 mais aussi les informations en fait qui permettraient de comprendre les mécanismes qui ont été diffusés et analysés
00:02:31 dans le cadre d'enquêtes de vos confrères et conseillers journalistes dont nous avons auditionné une partie des spécialistes la semaine dernière.
00:02:39 Donc il s'agit des questions soulevées par l'enquête Storykillers dans le cadre du consortium Forbidden Stories.
00:02:47 J'invite ceux que ça intéresse à consulter l'audition qui était publique, qui était très intéressante.
00:02:53 J'imagine que vous avez peut-être regardé, suivi cette audition. Je le précise, cette audition est retransmise en direct sur le site de l'Assemblée Nationale.
00:03:04 L'enregistrement vidéo sera ensuite disponible évidemment à la demande. Cette audition est ouverte évidemment à la presse qui peut la suivre.
00:03:11 Je tiens aussi à informer les commissaires que j'ai refusé la prise de photo à l'ouverture de cette audition.
00:03:20 Pardon, je considère que M. M'Barkie n'est pas là pour... C'est pas un spectacle et que cette commission n'est pas un spectacle.
00:03:27 Et je rappelle ce qui a toujours été ma position et la position, je pense, des commissaires de cette commission.
00:03:33 C'est que nous ne sommes là pour éclairer un sujet grave de notre démocratie.
00:03:37 Nous ne sommes pas là pour créer des polémiques ou pour essayer d'alimenter des polémiques extérieures aux travaux de notre Assemblée
00:03:44 qui doivent connaître toute la sérénité qu'ils méritent.
00:03:47 M. M'Barkie, je vous laisserai la parole pour une intervention d'une quinzaine de minutes où vous exprimerez votre point de vue.
00:03:52 Puis il y aura les questions de votre serviteur, de Mme la rapporteure et des commissaires présents évidemment pour ceux qui assistent pour la première fois
00:04:00 ou à ces travaux. Tout le monde a la parole et tout le monde aura le temps de s'exprimer. Nous avons parfaitement le temps.
00:04:06 Donc M. M'Barkie, je vous laisse la parole pour une quinzaine de minutes et je vous remercie.
00:04:13 Pardon, excusez-moi. Dans mon empressement à vous entendre, j'ai oublié de vous rappeler évidemment qu'au titre de l'article 6 de l'ordonnance du 17 novembre 1958
00:04:22 relatif au fonctionnement des assemblées parlementaires, la particularité des commissions d'enquête et que l'auditionnée prête serment,
00:04:30 aussi M. M'Barkie, je vous demande de lever la main droite et de jurer, de prêter serment, de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
00:04:37 Je vous remercie et cette fois vous avez la parole pour une quinzaine de minutes.
00:04:42 Merci M. le Président pour cette introduction. M. le Président, Madame la rapporteure, Mesdames et Messieurs les députés ici présents.
00:05:00 54, 31, 18, 2 et demi. Ces chiffres, ils résument aujourd'hui ma vie professionnelle ou du moins ce qu'il en reste.
00:05:15 J'ai 54 ans, je suis né en France, à Toulouse, ma mère est marocaine et je suis de père inconnu. Je suis ce que l'on appelle un pur produit de l'école de la République.
00:05:32 J'ai effectué ma scolarité avant quelques études de droit qui m'ont finalement conduit au journalisme en 1992, il y a 31 ans.
00:05:42 J'ai travaillé pour divers médias, d'abord en radio puis en télé. C'est en 2005 que j'ai été recruté par BFM TV.
00:05:53 J'ai participé au lancement de la chaîne, j'ai d'abord été reporter avant de devenir présentateur et j'ai contribué bien sûr à mon niveau, à son développement avec le succès que la chaîne connaît aujourd'hui.
00:06:08 Cela fait donc 18 ans que j'ai travaillé pour BFM TV où j'ai mené une carrière professionnelle dont je suis fier.
00:06:20 Ces dernières années, j'ai également eu la satisfaction de co-présenter l'émission Faites entrer l'accusé, mais sans savoir que c'est moi qui me retrouverai sur le banc, spectateur de ma mise à mort professionnelle.
00:06:37 Deux et demi, deux semaines et demi plus précisément, deux semaines et cinq jours entre le premier article qui littéralement me cloue au pylori et mon licenciement pour de prétendues fautes graves,
00:06:56 deux semaines et demi, c'est le temps du lynchage médiatique en règle dont j'ai fait l'objet.
00:07:04 Elle m'est reprochée d'avoir failli à ma déontologie professionnelle en passant des informations non vérifiées à l'antenne et en laissant supposer que j'aurais été rémunéré pour cela.
00:07:19 Tout cela est faux et relève de la calomnie pure. En réalité, même si c'est l'article de Politico qui a lancé la charge, j'ai compris depuis peu comment sortent ces scellés quelques semaines plus tôt à la mi-janvier
00:07:42 lorsque M. Métezo, que vous avez entendu ici, est courageusement est allé me dénoncer auprès de mon employeur sans évidemment me solliciter au préalable ni même me prévenir.
00:07:59 Après plus d'une trentaine d'années de carrière, ce qui m'est tombé dessus, cette affaire que j'ai en grande partie d'ailleurs découverte dans la presse, c'est d'une rare violence.
00:08:16 J'ai été abasourdi, effondré – je ne vous cache pas que je le suis toujours –, paralysé par cette violence, ces coups répétés dont je ne comprenais même pas d'où ils venaient.
00:08:33 Alors j'ai essayé de dénouer le fil, de tenter de comprendre, de sortir la tête de l'eau, de reprendre mon souffle. Mais aujourd'hui, puisque vous m'avez convoqué, je vais évidemment répondre à vos questions.
00:08:50 Auparavant, je tiens à vous faire part d'un certain nombre de faits et de réalités en lien avec l'affaire qui me vaut d'être ici, devant vous, et avec le sujet qui préoccupe cette commission d'enquête.
00:09:06 J'ai écouté avec attention l'audition de mes confrères qui sont venus témoigner devant vous sous serment la semaine dernière. Je tiens à dire que cette enquête est très utile.
00:09:19 Le sujet qu'il aborde est essentiel à la profession de journaliste et à l'information du public. Je ne remets absolument pas en cause leur travail. En revanche, je remets en cause les allégations formulées à mon encontre,
00:09:37 qui sont toutes fausses et dont j'ai compris récemment les ressorts. Lors de cette audition, M. Métezo vous a notamment expliqué comment il était parvenu à la conclusion que j'étais coupable.
00:09:56 M. Métezo vous a d'abord indiqué que Tim George s'était vanté de disposer de relais dans la presse française pour illustrer son propos. Il a montré un extrait d'un de mes journaux télévisés,
00:10:17 plus précisément une séquence relative aux conséquences de la guerre en Ukraine et en particulier l'impact de ces sanctions sur l'industrie du yachting en France. Il vous a ensuite expliqué que, bien évidemment,
00:10:30 il ne suffisait pas que Tim George se vante de pouvoir passer des informations par mon intermédiaire pour que ce soit vrai. Mais M. Métezo vous a alors exposé que cet extrait du journal télévisé de la nuit
00:10:45 avait été repris et viralisé sur des comptes de Tim George sur les réseaux sociaux. Il estime manifestement qu'il s'agit d'un élément à charge contre moi.
00:10:58 Et puis M. Métezo invoque alors un troisième élément. Il se pose la question en tant que journaliste, cette information a-t-elle sa place sur BFM TV ? Et il précise qu'il est journaliste à Radio France,
00:11:14 mais qu'il sait quand même ce que fait BFM et qu'il considère que c'est étrange. Il ajoute « Je pense que sur un média généraliste, on ne passe pas ça ».
00:11:30 Alors, lorsque j'entends cela, à mon tour, je m'interroge. Parce que je comprends que c'est un élément clé pour la suite de la situation dans laquelle je me retrouve aujourd'hui, à ce moment précis.
00:11:46 C'est donc l'appréciation très personnelle de M. Métezo que M. Métezo porte sur ce qui, à son avis, devrait passer ou non sur BFM TV ou tout autre média généraliste, comme il le dit,
00:11:59 qui renforce sa suspicion au point de le déterminer à me dénoncer auprès de ma hiérarchie BFM TV, qui est donc mon employeur.
00:12:17 Et plus précisément, il explique avoir demandé à ma hiérarchie si l'extrait de mon journal télévisé qui lui avait été montré par Tim George avait bien été diffusé sur BFM TV
00:12:31 et s'il correspondait à la ligne éditoriale de la chaîne en expliquant qu'une officine israélienne, à l'occurrence Tim George, se vantait de faire passer ses messages sur BFM par mon intermédiaire.
00:12:44 M. Métezo vous a ensuite indiqué que la direction de BFM TV lui avait confirmé la diffusion de l'extrait du journal télévisé montré par Tim George
00:12:54 et que le sujet dont il était question n'était pas conforme à la ligne éditoriale de la chaîne.
00:13:01 À ce stade, j'aimerais vous montrer un extrait d'un journal télévisé de BFM VAR qui date du mois de mai 2022.
00:13:14 Et je précise que l'extrait vidéo que Tim George a montré à M. Métezo concerne quant à lui un de mes journaux datant de décembre 2022.
00:13:28 Je crois qu'on peut voir cet extrait.
00:13:31 Pouvez-vous diffuser l'extrait s'il vous plaît ?
00:13:34 [L'extrait de l'extrait de la vidéo est enregistré]
00:13:38 [L'extrait de l'extrait de la vidéo est enregistré]
00:13:44 [L'extrait de l'extrait de la vidéo est enregistré]
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00:14:04 [L'extrait de l'extrait de la vidéo est enregistré]
00:14:12 La valeur des travaux sur un bateau représente à peu près 10% de la valeur du bateau.
00:14:18 Si on considère que sur ces 10% il y en a 60% qui sont faits par les sous-traitants, oui c'est assez important.
00:14:27 Là dans le cas de bateaux russes, on va largement considérer que ça peut représenter entre 8 et 10% de perte de chiffre d'affaires
00:14:37 pour toutes les entreprises sous-traitantes. C'est la moyenne qui en est ressortie en fait.
00:14:41 Les entreprises de sous-traitance touchées, mais c'est aussi le cas des chantiers navals,
00:14:45 leur chiffre d'affaires a également été impacté par la perte de la clientèle russe.
00:14:49 Dans les chantiers du coin, on peut estimer qu'ils réalisent habituellement 200 millions d'euros de chiffre d'affaires
00:14:55 au niveau régional, en cumulé. On peut penser que 10 à 12% du chiffre d'affaires est d'ores et déjà perdu.
00:15:02 S'il advenait que les sanctions soient renforcées, à l'évidence, au gré de ces sanctions-là, l'impact sera de plus en plus lourd.
00:15:11 Avec la perte de cette clientèle russe, l'inquiétude est alors très présente dans de nombreux chantiers navals de la région.
00:15:17 Ils redoutent notamment les conséquences de la guerre en Ukraine sur le long terme.
00:15:21 Monsieur Mbarki, pouvez-vous nous préciser le jour de diffusion de ce reportage précisément, s'il vous plaît ?
00:15:30 Mai 2022.
00:15:32 Est-ce que vous avez le jour ?
00:15:34 Le jour précis, je ne l'ai pas. Mais ça date de mai 2022. Le 12 mai. Ah ben, c'est écrit. 12 mai 2022.
00:15:44 Merci, poursuivez.
00:15:47 Monsieur le Président, Madame la rapporteure, Mesdames, Messieurs les députés, je dois vous dire aussi que cela m'a pris seulement quelques minutes
00:15:57 en tapant deux, trois mots-clés sur Google pour retrouver cette vidéo, ainsi que plusieurs autres de BFM, que je tiens évidemment à votre disposition, si vous le souhaitez.
00:16:05 Ces différentes vidéos prouvent qu'il y avait déjà à disposition sur Internet, plus de six mois avant la séquence de 30 secondes qui m'ont reproché,
00:16:18 des extraits de journaux de BFM, dans des formats d'ailleurs, et vous l'avez vu, beaucoup plus élaborés, d'une à deux minutes, et avec des interviews à la clé.
00:16:29 Je vous précise qu'en opérant quelques vérifications élémentaires, j'ai retrouvé sans aucune difficulté que ce même sujet de l'impact économique en France
00:16:41 des sanctions internationales contre les oligarques russes avait été traité par de nombreux médias français. J'ai retrouvé 20 minutes, Slate, Varmatin, West France,
00:16:53 il y en a peut-être d'autres. À ce stade, je souhaite également vous fournir une précision importante. M. Mettezo évoque à plusieurs reprises la ligne éditoriale de BFM TV.
00:17:07 Mais ni lui, ni aucun des multiples articles, commentaires, émissions télé, radio qui ont repris à leur compte l'affirmation selon laquelle je n'avais pas respecté
00:17:18 la ligne éditoriale de BFM TV, aucune n'a pris la peine d'expliquer ce qu'était la ligne éditoriale. Sans doute d'ailleurs parce qu'eux-mêmes n'en avaient aucune idée,
00:17:30 et parce que s'ils s'étaient donné la peine de demander à BFM TV, ils se seraient peut-être eux aussi posé des questions. Pour ma part, et je vous rappelle que ça faisait 18 ans
00:17:41 que j'étais dans cette chaîne, j'ai découvert ce que BFM TV considère être sa ligne éditoriale en prenant connaissance des termes du courrier me notifiant mon licenciement.
00:17:56 Et il s'agit, je cite, de la couverture d'une actualité chaude et quotidienne en résonance avec les préoccupations des Français.
00:18:17 Franchement j'ai du mal à comprendre que M.Métezot ait pu considérer que l'impact sur certains secteurs de l'économie française des sanctions prises contre les oligarques russes
00:18:28 n'est pas conforme à une telle ligne éditoriale. Alors votre commission s'intéresse aux possibles ingérences de puissances étrangères visant notamment à influencer ou corrompre
00:18:40 des relais d'opinion. C'est un sujet évidemment très important et les journalistes, dont celui que je suis, doivent être très vigilants à cet égard.
00:18:52 Cela a d'ailleurs toujours été ma ligne de conduite. Dans l'affaire où mon nom a été cité, c'est bien malgré moi que j'ai été amalgamé à l'enquête menée précisément sur ce sujet.
00:19:08 Ce qui m'en vaut d'être d'ailleurs ici aujourd'hui. Mais entendons-nous bien. Je ne suis pas en train de remettre en cause l'enquête menée par mes confrères de Forbidden Stories.
00:19:21 Je tiens seulement à dire qu'il y a, en ce qui me concerne et en ce qui concerne la France, un véritable tournant dans cette enquête.
00:19:31 M. Mettezo l'a dit lui-même dans l'une de ses multiples interventions de ces dernières semaines. Lorsqu'il voit l'extrait de la vidéo de l'un de mes journaux télévisés
00:19:42 que lui montre Tim Jange, Frédéric Mettezo comprend qu'il tient potentiellement à scoop. Parce qu'une enquête sur une officine israélienne qui vend ses capacités
00:19:55 de désinformation à des groupes politiques ou même à des États pour influencer des élections qui se tiennent pour l'essentiel en Afrique, aussi important soit le sujet.
00:20:06 Cela ne risque pas de créer le buzz auprès du public français. En revanche, si en tête de proue de cette enquête, on peut brandir la tête d'un présentateur de journal télévisé,
00:20:20 d'une grande chaîne et dont le nom et le visage est un peu connu des Français, alors là, on crée une affaire. On sait que son histoire va être reprise partout et par tout le monde.
00:20:35 Et on donne par la même occasion une exposition médiatique inespérée à l'enquête à laquelle on participe. L'enquête de Forbidden Stories devient à ce moment-là l'affaire embarquée.
00:20:53 Et ça, M. Métézo l'a immédiatement compris. Il n'a ensuite eu de cesse que de donner de la substance à ce qui s'avère être, à la fin, une fable.
00:21:08 En tout cas, pour ce qui concerne ma prétendue implication et le procédé qu'il a utilisé, et je trouve tout à fait scandaleux.
00:21:21 M. Métézo est allé directement me dénoncer auprès de ma hiérarchie, sans prendre la peine au préalable de m'interroger et de me confronter aux allégations de Tim George pour avoir ma réaction.
00:21:36 Mi-janvier, M. Faugillet, directeur général de BFMTV, me demande de passer le voir dans son bureau. Il me montre rapidement sur son téléphone, pendant quelques secondes, des extraits de mes journaux télévisés,
00:21:51 et me demande si j'ai été payé pour passer des informations à l'antenne. Évidemment, je réfute ces accusations. Je suis cependant suspendu, écarté de l'antenne, le temps, m'explique-t-on, que la direction de BFM réalise une enquête interne.
00:22:14 A aucun moment ce jour-là, ni d'ailleurs par la suite, je n'ai été informé que c'était M. Métézo qui était à l'origine de ce qui m'arrivait. M. Faugillet ne m'a pas dit, et M. Métézo ne m'a même pas prévenu du rôle qu'il avait joué,
00:22:34 et que j'ai appris beaucoup plus tard lorsqu'il l'a confessé dans les médias. Ce procédé m'apparaît tout à fait contraire non seulement au respect de la présomption d'innocence, à laquelle je vous sais ici tous très attachés,
00:22:51 mais également aux principes qui régissent la déontologie des journalistes. Sandrine Rigaud, qui est la rédactrice en chef du consortium, vous a exposé ici même que ces principes étaient rigoureusement appliqués au sein du consortium Forbidden Stories.
00:23:07 Elle a notamment rappelé le respect du contradictoire et l'obligation pour le journaliste de vérifier les informations qui lui sont fournies, ce qu'elle a appelé le « fact-checking ». En l'occurrence, il n'y a eu aucun respect du contradictoire en me concernant,
00:23:25 puisque j'ai fait l'objet d'une dénonciation de la part de M. Mettezo auprès de mon employeur, sans jamais en avoir été informé, et que c'est cette dénonciation qui a suscité l'enquête interne dont j'ai fait l'objet, et au cours de laquelle je n'ai jamais été entendu par mon employeur. Jamais.
00:23:50 Enquête qui a ensuite fuité dans la presse, ce qui m'a valu d'être immédiatement désigné coupable et d'être l'objet d'une procédure disciplinaire qui s'est soldée par mon licenciement, fondée sur des accusations largement diffusées en amont dans la presse.
00:24:06 Le seul moment où des journalistes de Forbidden Stories m'ont sollicité – et je précise qu'il ne s'agissait pas de M. Mettezo –, c'est la veille de la publication de leur enquête qui avait pourtant duré plusieurs mois.
00:24:21 Ils m'ont indiqué que je devais répondre au plus tard le lendemain, c'est-à-dire le jour de la parution de l'enquête. Comme je vous l'ai dit, cela faisait des mois que la presse française, y compris BFM, faisait état des conséquences sur certains secteurs de l'économie française, des sanctions contre la Russie et ses oligarques.
00:24:46 Si M. Mettezo, au lieu d'aller me dénoncer à BFM TV, avait pris le soin de faire son travail de vérification et en premier lieu en me sollicitant, mais aussi en regardant ce qui avait été publié par la presse à ce sujet, il se serait très vite rendu compte qu'il était peut-être lui-même victime de la part de Tim George d'une désinformation.
00:25:10 Tim George, qui pensait avoir affaire à de potentiels clients – c'est ce qu'il a expliqué – lui a donc fait croire à des fins commerciales et marketing qu'il disposait de relais dans la presse française. Et M. Mettezo était peut-être beaucoup trop heureux de le croire.
00:25:29 Quant à la présomption d'innocence, M. Mettezo a clairement expliqué que j'étais corrompu. C'est de la calomnie pure et simple. Mais cela a été largement repris par les médias.
00:25:45 Et il faut bien le dire, M. Mettezo s'est fait un nom sur mon dos, à mes dépens. Une sacrée pub grâce à l'affaire Embarquis, qu'il aura finalement construite lui-même et de toute pièce au risque infini de jeter le discrédit sur l'enquête Forbidden Stories tout entière,
00:26:12 qui ne se résume pourtant pas et fort heureusement aux seules accusations portées injustement contre moi. Voilà, M. le Président, Mme la rapporteure, M. le député, ce que je voulais vous dire en préalable.
00:26:28 – Merci beaucoup M. Embarquis pour vos explications, pour votre témoignage. Écoutez, la première question que m'inspire, les informations que vous nous avez communiquées,
00:26:43 évidemment, il ne me revient pas et il ne reviendra pas à la Commission de savoir qui dit vrai ou qui dit faux dans l'affaire qui vous touche.
00:26:51 Mais vous n'avez pas, sauf erreur de ma part, vous n'êtes pas exprimé sur le contact qui serait à l'origine l'intermédiaire entre M. Latim Lorget et les présumés services que vous auriez rendus contre rémunération,
00:27:09 à savoir M. Dution. Est-ce que vous connaissez donc ce M. Dution ? Est-ce que vous avez des relations professionnelles avec lui, des relations personnelles avec lui ?
00:27:18 Est-ce que c'est quelqu'un dont vous aviez entendu parler ou est-ce que jusqu'à ce jour c'est pour vous un inconnu ?
00:27:24 – Je remercie M. le Président de me poser cette question qui est effectivement très importante.
00:27:30 D'abord, je tiens à dire, et pour reprendre votre question, qu'il a été dit dans la presse que j'avais rendu service à un ami.
00:27:41 C'est absolument faux. Je ne me suis pas exprimé jusqu'ici dans la presse. Quasiment pas. On y reviendra peut-être un petit peu plus tard.
00:27:54 Je n'ai en tout cas jamais dit que j'avais rendu service à un ami. Vous me parlez de M. Dution, c'est quelqu'un que j'ai rencontré il y a quelques années,
00:28:04 qui était une de mes sources parmi d'autres, parmi beaucoup d'autres, énormément d'autres, et je vais même détailler.
00:28:17 Lorsqu'on est journaliste, surtout quand on est journaliste depuis longtemps, que votre visage apparaît régulièrement sur une antenne d'une grande chaîne de télévision,
00:28:31 vous êtes sollicité de toutes parts. Des informations et des informateurs, vous les comptez par dizaines par jour.
00:28:43 Je peux même vous donner quelques détails. Vous avez parlé de M. Dution, c'est un lobbyiste, il y en avait d'autres avec qui j'étais en contact.
00:28:55 Mais j'étais aussi en contact avec des attachés de presse, des ONG, des associations, même des associations de quartier, parfois,
00:29:04 des membres de cabinets ministériels, des parlementaires, et j'en passe.
00:29:15 Toutes ces personnes vous donnent des informations, tous les jours. Dans ces informations, il y en a qui peuvent être effectivement très intéressantes,
00:29:32 d'autres, vous vous sentez un petit peu moins concerné, donc vous les utilisez ou pas.
00:29:39 Et cette personne à laquelle vous faites référence me donnait relativement régulièrement des informations.
00:29:46 Il y en avait qui étaient intéressantes, d'autres qui n'étaient pas du tout. Et j'ai utilisé certaines informations intéressantes qui venaient de lui,
00:29:57 comme j'ai utilisé certaines informations intéressantes qui venaient d'autres personnes.
00:30:01 Est-ce que vous pouvez dresser un portrait de cette personne pour vous ? Dans quelles circonstances vous l'avez rencontrée ?
00:30:11 Quelle était la régularité de vos rencontres ? J'entends bien que vous avez plusieurs.
00:30:16 Évidemment, en tant que journaliste, il y a le secret des sources. En tant que journaliste, vous n'êtes sollicité par énormément de personnes.
00:30:22 Mais est-ce que vous pouvez vraiment nous expliquer la nature de cette relation, les conditions de cette relation, la régularité de cette relation ?
00:30:30 Si évidemment, dans un deuxième temps, ces relations étaient strictement gratuites ou si c'étaient des relations d'ordre professionnel ?
00:30:40 Et deuxième ordre dans cette question professionnelle, est-ce que vous avez rendu des services contre rémunération ?
00:30:47 Pas forcément d'ailleurs exclusivement ce que vous avez reproché dans ces articles, mais d'autres échanges professionnels qui auraient pu mener à peut-être une confusion.
00:30:57 Alors, pour être honnête et franc avec vous, j'ai dû me creuser la tête et faire appel à mes souvenirs parce que je ne savais pas qu'un jour je me retrouverais dans cette situation et qu'on parlerait en plus de ce monsieur.
00:31:13 Je n'ai pas grand souvenir de ma rencontre avec monsieur Dution. Je ne me rappelle plus dans quelles circonstances exactes je l'avais rencontré.
00:31:24 Mais en tout cas, ce que je peux vous dire, c'est qu'il ne s'est jamais caché de ce qu'il était. Il m'a toujours dit qu'il était lobbyiste, que de temps en temps, il avait des informations qui pourraient être intéressantes.
00:31:45 Je lui ai dit « Oui, ça peut m'intéresser, effectivement ». Il n'y avait pas spécialement de régularité à la fois dans nos rencontres et dans nos échanges. Pas de régularité.
00:32:01 Je l'ai rencontré à quelques reprises. Je ne saurais pas dire combien exactement, mais à quelques reprises. Il n'était pas forcément question d'échanges d'informations à ce moment-là.
00:32:17 Et dans tout état de cause, il n'a jamais été question ni de rémunération, ni de quelque autre avantage que ce soit. Parce qu'en y réfléchissant bien, effectivement, et certains de mes confrères ne me contrediront pas,
00:32:42 parfois, il n'est pas seulement question d'argent. Ça peut être une invitation dans un restaurant prestigieux. Ça peut être un voyage, un avantage quelconque. Rien de tout ça.
00:32:57 Il n'y a jamais eu rien de tout ça entre M. Dution et moi. S'il s'agit de vous dire ici que de temps en temps, on se voyait qu'on prenait un café et que c'est lui qui payait le café, oui, c'est arrivé.
00:33:17 Le café. Mais ça n'a jamais été au-delà. On n'a même jamais déjeuné ensemble. Ou dîné. Jamais.
00:33:27 – Je vous remercie. Quand vous nous indiquez que M. Dution est un lobbyiste, lobbyiste, vous conviendrez avec moi que c'est une fonction très large.
00:33:34 – Bien sûr. – De la défense des balançoires jusqu'à la défense du pire dictateur possible.
00:33:38 Est-ce que quand vous dites que c'est un lobbyiste, vous pouvez caractériser quel type de lobbying il réalise ? Est-ce qu'il s'est présenté de la manière qu'il était vraiment ?
00:33:50 Est-ce que vous avez découvert au fil du temps qu'il avait des activités peut-être différentes que celles qu'il vous avait présentées ?
00:33:56 Est-ce qu'il pouvait défendre les intérêts de personnes peut-être que vous estimez peu recommandables ?
00:34:02 Peut-être que si vous aviez su auparavant, vous auriez limité ses contacts ?
00:34:06 Est-ce que la nature de votre relation a évolué dans un sens ou dans l'autre dans une période récente, notamment depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie ?
00:34:18 Est-ce que vous pouvez être plus précis si c'est possible, vraiment, à vos yeux, qui était cette personne ? Comment il s'était présenté ?
00:34:27 Et évidemment, tout en respectant le secret des sources, quelle était la nature des informations qu'il vous transmettait ?
00:34:34 Qu'est-ce que vous estimiez utile dans l'entretien de cette relation avec cette source ?
00:34:40 Est-ce que vraiment, pour qu'on comprenne bien la nature de cette relation et son intérêt pour votre métier de journaliste ?
00:34:48 Alors, il s'est présenté, effectivement. Je savais, il s'est présenté et j'avais vérifié d'ailleurs qu'il était lobbyiste.
00:34:57 Pour qui il travaillait précisément, il ne me l'a jamais dit. Nous avions des conversations qui portaient sur beaucoup de sujets.
00:35:05 Ça concernait parfois des questions liées à la France, parfois des questions liées à des pays étrangers.
00:35:14 On avait des échanges qui étaient des échanges, j'ai presque envie de dire, de bistrots, parfois.
00:35:24 Lorsqu'il me donnait une information qui, pour moi, me paraissait intéressante, là, c'était un petit peu plus précis.
00:35:34 Je ne savais pas pour qui travaillait précisément M. Dution. Et je n'ai à aucun moment – et je précise bien à aucun moment –
00:35:48 eu l'impression, le sentiment ou le soupçon qu'il pouvait travailler pour quelqu'un qui essayait de manipuler l'information.
00:36:00 Parce que chacune des informations que moi, j'ai trouvées utiles, chacune des informations que j'ai parfois reprises dans mes éditions,
00:36:12 c'était des informations qui étaient vraies, vérifiables et vérifiées.
00:36:21 Donc je n'avais aucune raison particulière de soupçonner quelque ingérence que ce soit de qui que ce soit.
00:36:31 – Je vous remercie. Dans les relations professionnelles que vous avez eues, les échanges d'informations,
00:36:40 vous informez cette commission que M. Dution ne vous a jamais transmis de reportages clés en main,
00:36:48 d'éléments clés en main, d'images, de contenus que vous auriez « servilement » reproduits à l'antenne
00:36:58 ou sur lesquels vous auriez exercé un esprit critique très limité.
00:37:02 – Alors, ce n'est pas tout à fait ce que je vous ai dit.
00:37:08 M. Dution, lorsqu'il y avait des informations que je pouvais trouver intéressantes
00:37:15 et sur lesquelles je m'étais dit « tiens, ce serait intéressant de creuser »,
00:37:22 me livrait un certain nombre d'éléments, d'éléments qui devaient me permettre de pouvoir vérifier cette information.
00:37:31 Il ne m'a jamais fourni de textes clés en main, comme j'ai pu le lire ici ou là.
00:37:39 J'ai toujours moi-même écrit mes textes, et je précise bien « écrit mes textes ».
00:37:49 C'est moi qui les écrivais.
00:37:52 Parfois, il se trouve que lorsque l'une des informations était intéressante
00:38:00 et qu'il était question de l'illustrer, mon premier réflexe à la rédaction de BFMTV
00:38:07 c'était d'aller à ce qu'on appelle la cellule image, c'est-à-dire l'endroit où se trouve la banque d'images de BFMTV,
00:38:16 pour leur demander s'ils avaient des images sur tel et tel sujet que je souhaiterais aborder dans mon édition.
00:38:23 Lorsque ce n'était pas le cas, ou alors lorsque les images qui étaient en possession de la chaîne
00:38:29 étaient un peu « biaisées » par rapport aux propos que j'avais l'intention de tenir,
00:38:40 à ce moment-là, je demandais s'il avait des images neutres qu'il pouvait effectivement me fournir.
00:38:51 Il m'a fourni effectivement des images.
00:38:54 Ces images étaient neutres et ensuite elles passaient, ces images, par un processus naturel, si j'ose dire,
00:39:09 dans une chaîne de télévision avant leur diffusion.
00:39:13 Je suis en train de vous dire là que, contrairement à ce qui a été dit ici et là,
00:39:19 je n'ai jamais rien fait en douce, je n'ai jamais rien caché à personne de mon travail,
00:39:28 je n'ai jamais, au grand jamais, travaillé autrement qu'en toute transparence vis-à-vis de ma rédaction,
00:39:39 vis-à-vis de moi-même ou vis-à-vis du public. En toute transparence.
00:39:47 J'insiste bien là-dessus parce que j'ai lu ici et là des articles où on me prétendait que j'arrivais tard le soir à la rédaction,
00:40:00 un peu dans la pénombre, avec une clé USB reçue de je ne sais qui,
00:40:06 pour faire passer des images sans que personne ne s'en aperçoive.
00:40:10 C'est faux, archi-faux, et c'est méconnaître le fonctionnement d'une chaîne de télévision que d'affirmer une telle chose.
00:40:20 Si mes consoeurs et mes confrères qui ont écrit des choses pareilles avaient fait leur travail jusqu'au bout,
00:40:26 c'est-à-dire allé voir comment ça fonctionne dans une chaîne de télévision,
00:40:32 ils n'auraient jamais écrit ça, ils n'auraient jamais eu de tels propos à mon égard.
00:40:38 Mais ce que j'ai remarqué, c'est que finalement, tenir de tels propos, de telles affirmations, ça participait au récit, ça participait au roman.
00:40:56 On était dans une fiction de Netflix qui permettait comme ça de me faire passer pour le mouton noir de cette chaîne de télévision,
00:41:10 et que en douce, comme ça, je faisais passer des messages pratiquement subliminaux.
00:41:18 Merci monsieur M. Marquis. Juste avant de faire circuler la parole, une dernière question, je voudrais être très rapide dans votre réponse.
00:41:24 Quand vous dites les images que M. Dution vous aurait données, vous dites, elles sont neutres, certes, je ne les ai pas, donc je ne peux pas...
00:41:33 C'est pas aujourd'hui qu'on le saura, mais moi je ne suis pas professionnel de la profession, mais dans ces cas-là, quand vous dites que c'est le processus normal,
00:41:40 est-ce que vous indiquez à votre équipe, à vos collaborateurs, à votre hiérarchie d'où viennent les images, qui vous les a fournies,
00:41:46 et est-ce que c'est indiqué, est-ce que quand elles sont diffusées, il y a marqué "sources", "deux points", "M. Dution" ou "une autre source" ?
00:41:53 Comment, ce que vous appelez un processus normal, et s'il est possible d'une manière rapide pour que je puisse passer la parole à mes rapporteurs et au commissaire ?
00:42:00 Alors ce que j'appelle un processus normal, c'est-à-dire qu'en fait, moi quand je recevais des images provenant de M. Dution, par exemple,
00:42:08 ça passait par mon mail professionnel, je transmettais depuis mon mail professionnel au mail professionnel de la personne avec qui je travaillais directement,
00:42:21 c'est-à-dire ma chef d'édition. Ensuite, ces images étaient visionnées, elles étaient montées, pas par mes soins, elles étaient montées,
00:42:34 elles étaient ensuite validées, pas par mes soins, encore une fois, et ensuite, elles pouvaient être diffusées.
00:42:45 Sachant qu'une image, quelle qu'elle soit, qui n'a pas reçu la validation, et encore une fois, ce n'est pas moi qui valide les images,
00:42:56 une image qui, pour être diffusée, qui n'a pas reçu la validation, ne peut pas être diffusée sur BFMTV.
00:43:03 Je vous remercie pour la concision de cette réponse. Madame la rapporteure ?
00:43:12 Oui, merci M. le Président. Pour être sûr, M. Mbarki, de bien vous entendre, vous affirmez, vous nous avez redit à l'instant,
00:43:30 le processus de validation des images qui, par exemple, dans les cas qui nous intéressent, vous étaient transmises par l'intermédiaire de M. Dution,
00:43:41 mais pouvez-vous nous redire ce que vous avez dit concernant la validation du texte, de la présentation même, de l'angle des sujets que vous présentiez régulièrement ?
00:43:56 Quels étaient-ils, ce processus classique, à savoir qu'un présentateur fait valider, pas uniquement des images, le montage d'images censé illustrer un sujet,
00:44:11 mais l'angle, le sujet, le texte lui-même, de manière collective, par une chaîne hiérarchique, par la rédaction, parce que vous venez de nous dire que tel était le cas.
00:44:24 Est-ce que c'était le cas pour tous les sujets dont nous pouvons avoir à connaître ? J'aurai d'autres questions après.
00:44:30 Mais déjà, pour être sûr de vous avoir bien entendu, vous nous affirmez donc que tout ce que vous disiez, là on ne parle pas de montage d'images, encore une fois,
00:44:37 les sujets, l'angle, la sémantique, etc., etc., a été validé par la chaîne hiérarchique, donc la rédaction, comme il le soit.
00:44:48 Merci madame la rapporteure pour cette question. Ce que je vous ai précisé tout à l'heure dans mon propos, c'est que j'ai tout fait en totale transparence.
00:45:02 Et j'ai insisté sur le fait que tout était écrit, que c'est moi qui écrivais mes textes. Je ne vais pas entrer dans les détails techniques, qui seraient peut-être rébarbatifs.
00:45:16 Mais, alors, je vais vous donner quelques détails techniques. Je fais partie de ceux, je faisais partie de ceux qui, à BFMTV, écrivaient tous ces textes.
00:45:29 Il y en a certains qui n'écrivent pas, c'est-à-dire qui vont à l'antenne sans avoir au préalable écrit leur texte et qui apparaît ensuite sur un pointeur.
00:45:40 Moi, ce n'était pas mon cas. J'écrivais tout. À la virgule près. Je peux vous expliquer pourquoi. Parce que le journal de la nuit était ensuite rediffusé un certain nombre de fois jusqu'à 4h30 du matin, la reprise du direct.
00:46:02 C'est d'ailleurs, je tiens à le préciser, le seul programme de BFMTV qui avait comme ça un système de rediffusion. J'écrivais mes textes à la virgule près simplement parce qu'il fallait un calcul très très précis du temps du journal pour que, in fine, après la série de rediffusion, ça tombe pratiquement à la seconde près pour la reprise du direct.
00:46:31 Donc le fait d'écrire mes textes, ça permettait particulièrement à ma chef d'édition qui était chargée de ça de faire les calculs précis de façon à ce qu'à 4h30, finalement, on arrive pile à l'heure.
00:46:48 Mes textes étaient donc écrits et très à l'avance. Pour vous faire un peu une confidence, l'ensemble de mon journal, à quelques exceptions près, était écrit à peu près à une heure, à une heure et demie avant mon passage à l'antenne.
00:47:17 Il y avait quelques éléments que je ne pouvais pas écrire. Simplement, pour vous donner un exemple, lorsqu'il y avait un match de football qui se terminait aux alentours de 23h, il est évident que je ne pouvais pas l'écrire avant parce que je n'avais pas le résultat.
00:47:33 En revanche, toutes les informations dont je savais qu'elles n'allaient pas évoluer entre le moment où je les écrivais et le moment où j'allais livrer mon journal, elles étaient écrites en amont.
00:47:50 Et il faut savoir aussi que le logiciel sur lequel nous travaillons à BFMTV, qui est aussi le logiciel sur lequel travaillent d'autres rédactions, est accessible et disponible de tous.
00:48:08 Tout le monde pouvait, en deux clics, voir exactement la teneur du journal, ce qui était écrit précisément, ce qui allait être dit à l'antenne.
00:48:22 Et encore une fois, je précise que moi, je faisais partie de ceux qui écrivaient. Donc tout le monde savait à l'avance ce que j'allais dire.
00:48:31 Quant au processus de validation que vous évoquez, c'est-à-dire la hiérarchie qui doit valider chacun des mots que je dois prononcer, ça ne s'est jamais passé comme ça à BFMTV.
00:48:45 On discutait avec ma hiérarchie, effectivement, de l'importance des sujets, de leur hiérarchie.
00:48:51 Oui, on va commencer par, pour prendre une actualité qui nous concerne tous, on va peut-être commencer ce soir par les réactions à l'interview qu'a donnée le président de la République tout à l'heure à nos confrères de TF1 et France 2.
00:49:10 Ça ne se discute pas. Il se peut que, et malheureusement on ne peut que le regretter tous ici, il se peut qu'il y ait de nouvelles protestations dans la rue ce soir, etc.
00:49:26 Et il se peut que, du coup, on puisse discuter de ce qui va prendre le plus d'importance sur l'autre. Est-ce le discours ou est-ce les réactions au discours ?
00:49:40 Ça, c'était l'objet de discussion. Il y avait eu des discussions, mais pas sur, jamais sur la façon dont on allait le dire.
00:49:50 Et encore moins sur un certain nombre d'éléments du journal qui paraissaient, disons, de moindre importance.
00:50:01 Voilà ce que je peux vous répondre.
00:50:05 D'accord, dont acte. Vous avez abondamment parlé du reportage que vous avez présenté qui était extrêmement consacré à l'affaire des yachts d'oligarques russes
00:50:25 en renvoyant à ce qui avait été diffusé sur une thématique voisine, je dirais, quelques mois auparavant sur l'antenne de BFM TV du Var.
00:50:39 C'est ça. Le sujet, effectivement, des oligarques russes est traité assez abondamment et les conséquences des sanctions européennes contre la fédération de Russie.
00:50:53 Mais vous le savez, il y a d'autres sujets sur lesquels se focalise, à l'heure où nous parlons, des soupçons.
00:51:01 Entre guillemets, il y a eu deux sujets consacrés de reportage consacrés à l'ancien procureur général du Qatar, M. Ali Benfetahissal-Marie.
00:51:13 Peut-être des sujets que vous classeriez dans la rubrique "sujets de moindre importance", mais ces sujets-là sont passés.
00:51:25 Il y a eu également, je crois, au moins un reportage, mais sans doute peut-on en trouver un peu plus, toujours présenté par vos soins sur le Sahara occidental.
00:51:38 On participait peut-être de campagnes d'information sur les ressources touristiques du Maroc, où la sémantique – je dis ça de manière générale, personne n'est naïf ici dans cette pièce –
00:51:58 où la sémantique que vous employez n'est pas tout à fait celle du QDRC, on va dire, et celle qui prévoit habituellement dans les grandes chaînes d'info françaises,
00:52:10 parce que ce n'est pas l'expression "Sahara occidental" que vous employez. Donc là, vous nous confirmez que vous travaillez toujours en totale transparence,
00:52:18 que tout cela a été écrit, s'agissant de ces sujets peut-être de moindre importance que des sujets franco-français.
00:52:29 Si j'en prends votre propre classification, il y aurait eu de la transparence, de l'écriture mise en amont sur le logiciel,
00:52:41 avec lequel travaillent les journalistes, et tout cela aurait été susceptible de pouvoir être lu, relu par tout un chacun, en tout cas les membres de la rédaction.
00:52:52 C'est ce que vous nous dites.
00:52:54 Alors, d'abord, je vous confirme totalement ce que je viens de vous dire, c'est-à-dire qu'en fait, tout était fait en toute transparence,
00:53:02 et que tout était visible de tous à n'importe quel moment. Et pour s'agissant des informations, en l'occurrence, qui sont évoquées, je les prends toutes.
00:53:16 Moi, je faisais une... Quand je vous dis que j'écrivais mes textes à peu près une heure, une heure et demie avant,
00:53:23 que mes textes étaient totalement écrits et terminés, et puis que mon journal était prêt, en quelque sorte, une heure, une heure et demie avant que je prenne l'antenne,
00:53:34 ce que je veux vous dire, c'est que ces textes-là en font partie, parce que je savais qu'ils n'allaient pas bouger.
00:53:42 Moi, je faisais, entre-temps, je ne me roulais pas les pouces, entre le moment où j'avais fini d'écrire mon journal et le moment où j'allais donner les informations à l'antenne.
00:53:53 Je faisais une veille, c'est-à-dire que je surveillais l'actualité et je me demandais si, oui ou non, elle risquait d'évoluer, même si moi, au départ, je pensais qu'elle n'évoluerait pas.
00:54:07 Sur les deux sujets que vous soulevez là, sur l'ancien proverbe du Qatar, pour commencer. D'abord, il faut se replacer dans un contexte.
00:54:18 C'est que nous sommes, à ce moment-là, en pleine Coupe du monde au Qatar et que lorsque un de vos collègues parlementaires décide de déposer plainte contre cet ancien procureur du Qatar,
00:54:38 pour moi, c'est une information et c'est une information importante, surtout que le président de la République avait dit publiquement qu'il se rendrait lui-même au Qatar si l'équipe de France arrivait en finale de cette compétition.
00:54:56 Voilà où est l'information pour moi. Concernant le Maroc, on a même prétendu que j'avais été payé par le Maroc, ce qui est une absurdité totale.
00:55:12 Le Maroc ne m'a jamais donné un seul centime pour dire quoi que ce soit. Là, je voudrais vous dire plusieurs choses, puisque c'est un sujet qui a été plusieurs fois évoqué dans la presse et d'ailleurs, même tout au début, c'est de là que c'est parti.
00:55:29 D'abord, ce jour-là, il y avait une actualité concernant ce forum économique entre le Maroc et l'Espagne qui s'ouvrait dans la ville de Dakhla, qui se trouve au sud du Maroc, au Sahara.
00:55:44 C'était le jour de l'ouverture de ce forum économique. C'est pour ça que moi, c'est une actualité. Le deuxième point intéressant, c'est que ça se déroule à Dakhla, qui est une ville du Sahara.
00:56:03 Le troisième point, c'est que – et c'est la phrase, je pense, exacte que j'ai prononcée ce jour-là – j'ai dit que ce forum entre le Maroc et l'Espagne avait été rendu possible grâce au réchauffement des relations entre les deux pays.
00:56:28 Rappelons qu'ils avaient une rupture diplomatique et que même les frontières avaient été fermées auparavant. Donc le réchauffement entre les deux pays depuis que l'Espagne avait reconnu le Sahara marocain. Voilà ma phrase exacte.
00:56:49 La dernière personne, j'avais noté quelque part, qui avait parlé de Sahara marocain. Alors vous allez me dire « Oui, mais c'est un homme politique ». Je crois que c'est le chancelier autrichien. Et ça date de la semaine dernière.
00:57:01 Je veux ajouter, si vous le permettez, madame la rapporteure, un élément qui, à mon sens, est important. Et finalement, c'est ma pensée profonde à propos du Maroc.
00:57:20 Dès lors que le sujet du Maroc et de mon expression « Sahara marocain » a pris l'ampleur qu'on a connue, je suis soudainement, comme par enchantement, devenu journaliste franco-marocain.
00:57:43 Avant cela, personne n'avait fait référence à mes origines dans la presse. D'ailleurs, il y a même des gens qui se demandaient de quelle origine j'étais.
00:57:56 Et moi-même, jamais, je ne mets en avant mes origines marocaines. Jamais. Et j'ajouterai une dernière chose, si vous me permettez, madame la rapporteure.
00:58:11 Et ça, c'est vraiment le fond de ma pensée. C'est que le Maroc est un grand pays souverain et qu'il n'a besoin de personne pour défendre ses intérêts, et surtout pas de petits télégraphistes.
00:58:34 — Oui. Alors excusez-moi. Sur la dernière affirmation, ça n'engage que vous. Les travaux de cette commission visent justement à savoir si les pays,
00:58:42 aussi souverains et grands qu'ils soient, qu'ils puissent être, utilisent des méthodes d'influence ou d'ingérence.
00:58:48 Donc ça, c'est à la commission qui décidera si le Maroc, comme un bon nombre d'autres États, ont besoin de télégraphistes ou pas.
00:58:56 Ça, c'est les travaux de cette commission. Et c'est à la commission de le décider. Madame la rapporteure, vous avez d'autres...
00:59:02 — Après. Après, après. — Oui. Alors j'ai prise de parole dans l'ordre de M. Dumont, après M. Eskennegox et M. Parra.
00:59:09 M. Dumont, s'il vous plaît. — Oui, monsieur. — Oui, M. Dumont.
00:59:14 — Non, vas-y. — Non, non, c'est pas grave. — Bon. — Vas-y, M. Dumont.
00:59:23 — Bien. Merci, M. le président. Merci, M. Emmerky, pour vos propos et votre présence parmi nous.
00:59:29 Je voudrais revenir pas forcément sur votre cas particulier, parce que je ne suis pas certain que ce soit forcément notre commission d'enquête
00:59:34 d'aller dans le détail. Il y a probablement des enquêtes beaucoup plus importantes qui sont menées. Pas que celle-ci n'est pas importante,
00:59:41 mais celle-ci n'est pas judiciaire, en tout cas. Et donc je voudrais revenir d'une façon un peu plus large sur la question peut-être
00:59:48 de la définition de la limite entre ce qu'on peut qualifier d'être une relation normale entre un journaliste et une source
00:59:57 et ce qui peut être une relation anormale pouvant courir un risque soit de corruption, soit de tentative d'ingérence, soit d'approche.
01:00:07 Comment est-ce qu'on définit cette limite qui, dans certains cas, peut être différente selon le journaliste ?
01:00:15 Est-ce qu'il existe dans chacune des rédactions un code de déontologie ? Est-ce que c'est chaque journaliste qui s'impose à lui-même
01:00:23 ce code de déontologie sans que ce soit formalisé dans un document, dans une rédaction ? Est-ce qu'il y a également par exemple
01:00:31 une sorte de cahier des différents rendez-vous qui sont pris par les journalistes avec des personnes qui donnent des informations
01:00:38 avec des sources sans forcément les citer ? Et le type de relations qui ont lieu, est-ce qu'il y a eu, comme vous avez pu l'évoquer,
01:00:46 des cafés qui ont été payés ou est-ce que ça peut être des voyages ? Vous avez également fait référence à des voyages.
01:00:52 Est-ce que tout cela existe ? Comment est-ce que cela fonctionne concrètement, cette relation, cette frontière entre les sources et le journaliste ?
01:01:00 Merci.
01:01:02 Merci, Monsieur le député, pour votre question. Je ne suis pas sûr de pouvoir répondre à tout, mais en tout cas pour ce qui me concerne.
01:01:12 C'est-à-dire que la frontière qu'il y a entre une source et un journaliste, elle doit rester dans le domaine professionnel.
01:01:25 Je veux dire par là que je n'ai jamais présenté, par exemple, ma famille à qui que ce soit qui pouvait être une éventuelle source, par exemple.
01:01:35 Lorsqu'il m'est arrivé d'être en contact avec une de mes nombreuses sources, j'y allais en tant que journaliste et pas autrement.
01:01:53 Et je pense que la personne en face de moi savait que j'étais là en tant que journaliste. Et il m'est même arrivé de le rappeler à la personne que j'avais en face de moi.
01:02:08 Attention, n'oublie pas que je suis journaliste. Donc après, est-ce qu'il existe des registres de sources ? J'ai rencontré tel jour telle personne, etc.
01:02:26 Honnêtement, non. Enfin moi, je ne m'en retenais pas. J'ai jamais eu connaissance d'un tel registre ou de tel cahier à la rédaction de BFMTV ou même toute autre rédaction.
01:02:39 Personne ne m'a raconté ça. Et sur les éventuels avantages que pourraient recevoir tel ou tel journaliste, alors ça, ça fait partie de la déontologie de chacun.
01:02:59 La déontologie d'abord globale du média pour lequel vous travaillez. Il peut y avoir des écrits là-dessus. Moi, franchement, très honnêtement, BFMTV, je n'en ai jamais vu.
01:03:09 Peut-être que ça existe. Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y en a pas. Mais moi, personnellement, je n'en ai jamais vu. Mais après, ça correspond à la déontologie de chacun.
01:03:18 C'est-à-dire que le jour où vous acceptez un voyage ou un cadeau ou un dîner prestigieux quelque part, finalement, vous êtes redevable après. On vous a acheté, en gros.
01:03:32 Et ça n'y allait pas question. Moi, la seule personne qui me payait pour mon travail, c'est mon employeur. Et jamais je n'ai accepté quoi que ce soit, peut-être aussi un café,
01:03:51 mais jamais je n'ai accepté quoi que ce soit d'autre de quelqu'un qui pouvait m'apporter des informations. Jamais. J'espère avoir répondu à votre question.
01:04:05 Merci. Notre question, M. Dumont. C'est bon, M. le Président. Merci. M. Eskennegoc.
01:04:12 Merci, M. le Président. M. Mbarki, merci beaucoup pour vos explications. Nous entendons vos dénégations, votre volonté de vous défendre.
01:04:23 Moi, j'avais des questions, une question particulière, comme vous avez affirmé tout à l'heure, que vous ne saviez pas pour que travaillait M. Putyon. C'est cela.
01:04:32 Je trouve ça un peu curieux, j'allais dire, puisque vous savez qu'en tant que parlementaire, on peut être approché de temps en temps par des lobbies.
01:04:40 On croit comprendre que M. Putyon a été un lobbyiste. Moi, si un lobbyiste m'approche, je me demande dans un premier temps pour qui il travaille.
01:04:48 Et dans un second temps, quel est son objectif ? Pour avoir une vision totalement objective, c'est qu'à le dire, de sa démarche.
01:04:55 J'ai du mal à comprendre que vous, en tant que professionnel de journalisme, en plus assez ancien dans ce métier, vous puissiez nous dire que vous ne savez pas pour qui il travaillait.
01:05:04 Ou en tout cas, la question que je voudrais vous poser, c'est est-ce que vous n'avez pas posé la question pour qui il travaillait et à quel moment vous n'avez pas pensé qu'il pouvait vous manipuler
01:05:11 ou en tout cas utiliser les raisons pour lesquelles il vous contactait et vous fournissait des images et des informations ?
01:05:18 J'avais une deuxième question qui est plutôt liée à votre métier en général. Comme l'a dit tout à l'heure le président, nous ne sommes pas des journalistes.
01:05:27 On connaît assez mal le fonctionnement interne de vos rédactions. Est-ce que c'est courant qu'on vous fournisse des images ?
01:05:35 On parle d'images. Les personnes qui nous regardent pourraient penser qu'il s'agit d'une photo. Mais non, on parle bien de séquences parce qu'images,
01:05:45 elles peuvent prêter à confusion. Est-ce qu'il est courant qu'on fournisse des séquences externes, des séquences déjà existantes qui sont utilisées après par vos médias ?
01:05:55 Je crois que j'avais une troisième question, mais je l'ai oubliée. Non, mais c'est tout. Voilà.
01:06:01 Merci, monsieur le député. Alors concernant, pour prendre dans l'ordre M. Dution et le fait qu'il soit lobbyiste et que je ne sois pas spécialement intéressé
01:06:17 à pour qui il travaillait, les informations qu'il me fournissait étaient tellement diverses et concernaient tellement de pannels différents
01:06:31 qu'il m'était difficile de me dire « M. Dution travaille pour telle ou telle personne ». Mais je n'étais pas dupe. Je savais qu'il était lobbyiste.
01:06:45 Donc je savais que derrière, il y avait un intérêt pour lui. C'est une évidence. Mais tout le monde a un intérêt derrière une information qu'on donne à un journaliste.
01:06:56 Tout le monde. Justement. Alors, son intérêt à lui, franchement, je ne saurais pas le préciser. Je ne saurais pas le préciser.
01:07:10 Je vous mentirais si jamais je vous disais « Oui, c'était d'un tel fin ou d'un tel autre ». Je ne saurais pas le préciser.
01:07:17 Mais quand je vous dis que tout le monde a un intérêt à donner une information à un journaliste, c'est quand je vous dis « tout le monde », c'est tout le monde.
01:07:23 Une attachée de presse a intérêt à faire passer une information qu'on lui a mandatée, pour laquelle elle est mandatée. Il y a un intérêt derrière quand c'est – je ne sais pas moi –
01:07:34 ce que pour les résultats d'une entreprise. C'est en faire parler de cette entreprise. Je ne veux pas vous prendre à partie, mesdames, messieurs les parlementaires.
01:07:43 Mais vous-même, quand vous faites passer un certain nombre d'informations à des journalistes, il y a un intérêt derrière. Il y a un intérêt politique. Il y a un intérêt.
01:07:56 Bien sûr. Bien sûr, je sais pourquoi vous le faites. Lorsqu'une ONG fait passer des informations, il y a un intérêt aussi derrière cette ONG.
01:08:12 Est-ce que c'est pour la cause qu'elle défend ou est-ce que c'est pour attirer des financements ? Est-ce que – moi, la question que je me pose à ce moment-là, ce n'est pas celle-là.
01:08:24 Moi, la question que je me pose à ce moment-là, c'est « est-ce que oui ou non, l'information qu'on me donne a un intérêt pour le public ? »
01:08:32 Ce que je suis en train de vous dire là, en fait, au final, c'est que j'étais de bonne foi. C'est-à-dire que moi, je me demandais si oui ou non,
01:08:46 l'information en question avait un intérêt pour le public. Et c'est la seule question que je me posais. Je dis ça en toute honnêteté, en toute franchise.
01:08:58 Peut-être que je réponds pas suffisamment à la question. Je ne sais pas. Mais...
01:09:02 M. le vice-président va vous dire si vous avez répondu.
01:09:05 Non, non, vous ne me répondez pas totalement. Effectivement, vous donnez des explications sur les ONG, sur les députés.
01:09:10 La question que je vous pose, c'est à quel moment vous vous êtes posé la question de savoir pourquoi ce monsieur vous fournissait autant d'informations diverses
01:09:16 et quel était son intérêt ? Moi, je me serais posé la question. Je ne suis pas journaliste. Je me serais posé la question en me disant
01:09:21 « c'est super intéressant, il me fournit beaucoup d'informations, il y a des choses que je prends, que je ne prends pas, vous l'avez dit,
01:09:25 mais il y a forcément un intérêt. Quel est l'intérêt ? » Il travaille peut-être pour une personne, pour un groupe, pour un gouvernement étranger.
01:09:32 Mais il aurait fallu que vous posiez la question. Je ne comprends pas que vous ne la posiez pas.
01:09:37 Je ne dis pas que je ne me la pose pas. Je dis que les informations étaient tellement diverses que les personnes pour qui j'ai travaillé
01:09:46 pourraient être aussi diverses que les informations qu'ils me donnaient. Je ne dis pas que je ne me pose pas la question.
01:09:53 Je dis juste que je ne peux pas avoir une réponse, une seule réponse.
01:10:00 – Oui, attendez, excusez-moi. Tout le monde va parler dans l'ombre. Monsieur Squet, vous aviez encore une question là-dessus ?
01:10:07 – Oui, j'ai terminé parce que j'ai retrouvé entre-temps ce que je voulais dire. En fait, vous nous avez donné tout à l'heure l'exemple
01:10:13 d'une séquence qui ressemble à la séquence que vous aviez passée, qui était passée dans le Var BFM TV.
01:10:20 Mais il semble quand même que là, en tout cas, ce qui est en cause, c'est une douzaine de brèves.
01:10:25 Alors je sais que je ne vais pas faire le compte exact. Venant de l'extérieur, vous avez dit à Politico que vous étiez peut-être fait avoir.
01:10:35 Est-ce que maintenant, avec le recul, vous pensez que vous avez été manipulé ?
01:10:42 – Alors, je vais là aussi essayer de replacer les choses dans leur contexte, si vous le permettez.
01:10:49 Je vous ai expliqué dans mon préambule que j'avais été suspendu d'antenne. Je peux vous donner des dates précises.
01:10:58 Le 12 janvier, je suis convoqué dans le bureau de Marc-Olivier Faugiel qui me montre brièvement quelques vidéos, etc.
01:11:10 Je vous ai expliqué comment ça s'était passé. Les 13 et 14 janvier, c'est-à-dire c'est un jeudi, un vendredi,
01:11:18 les 13 et 14 janvier, je tourne des épisodes de Fêtes d'entrée l'accusé.
01:11:24 Ensuite, j'ai pris quelques jours de repos. Je suis censé revenir à l'antenne le jeudi suivant.
01:11:38 Et le jeudi matin, je reçois un appel de Marc-Olivier Faugiel, directeur général de BFMTV.
01:11:47 Il y avait aussi en conf call le directeur général de RMC Story et le directeur des ressources humaines du groupe Altice.
01:12:04 Ils m'expliquent qu'ils sont en train de mener une enquête sur ce qui nous concerne aujourd'hui.
01:12:13 Et ils me disent en attendant qu'ils avaient décidé de me dispenser d'activité avec maintien de salaire.
01:12:25 Je ne dis pas suspendu, j'ai bien dit dispenser d'activité avec maintien de salaire et ce jusqu'au 10 février qui allait suivre.
01:12:33 Donc moi je me dis à ce moment là, je trouve que ça va un peu loin, je n'en suis pas du tout à penser qu'il va se passer ce qu'on sait aujourd'hui, pas du tout.
01:12:49 Et je m'attends à être convoqué pour participer à cette enquête.
01:12:58 Ce qui n'a, je vous l'ai dit tout à l'heure, jamais été le cas.
01:13:03 Le 1er février, et je m'en souviens parce que c'est mon jour anniversaire, je reçois un appel d'une journaliste de Politico qui me dit,
01:13:18 excusez-moi j'ai oublié une petite précision, c'est que lors de cet entretien téléphonique avec ma direction, on me précise que c'est totalement confidentiel.
01:13:36 Donc j'en prends acte. Le 1er février, donc on va revenir à ce que je disais, je reçois un appel de la journaliste de Politico qui me dit, vous savez pourquoi je vous appelle ?
01:13:53 Je lui dis écoutez, non. Elle me dit, si il y a des soupçons d'ingérence étrangère, elle me parle du Maroc, c'est pour ça qu'on en a parlé aussi tout à l'heure.
01:14:08 Et elle me dit, il y a une enquête en cours, etc. Je me dis, tiens, la confidentialité, bon.
01:14:16 Et puis elle me pose un certain nombre de questions. Moi j'avoue que je suis complètement pris au dépourvu.
01:14:25 Et elle me dit, voilà, mais apparemment, vous avez été en contact avec un certain nombre de personnes.
01:14:33 Elle ne cite pas d'ailleurs M. Luthion, un certain nombre de personnes, etc. Il pourrait y avoir de l'entrisme.
01:14:41 Et je lui dis, écoutez, c'est possible. Parce que tout est possible.
01:14:47 À ce moment-là, je ne sais rien de ce qui est en train de se tramer, en quelque sorte, de se construire dans mon dos, c'est-à-dire sans que j'en sache quoi que ce soit.
01:15:03 Et elle me dit, mais est-ce que vous pensez qu'éventuellement, vous auriez pu être, je ne sais pas, moi, du P, etc.
01:15:12 Je dis, écoutez, ce n'est pas exclu. Oui, c'est possible. Mais je n'en ai pas la certitude. Aujourd'hui, je dis que non.
01:15:26 – Pardon, vous pouvez répéter votre réponse ? – Pardon ?
01:15:29 – Aujourd'hui ? – Aujourd'hui, je dis que non.
01:15:32 – Vous n'avez pas été manipulé ? – Non. Parce que chacune des informations que j'ai données, je le répète,
01:15:38 chacune des informations que j'ai données, et pas uniquement celles provenant de M. Luthion, moi, je vous parle de mes sources en général,
01:15:45 étaient vraies, vérifiables et vérifiées.
01:15:52 – Je vous remercie. M. Skeno, vous avez une autre question ? M. Brun ? Je vous remercie, M. Brun.
01:15:59 – Merci, M. le Président. M. M. Barkhiss, nous sommes ici réunis. Ce n'est pas pour trancher le litige qui vous oppose à votre employeur.
01:16:09 On n'est pas un conseil des prud'hommes. Notre question, c'est l'objet de cette commission d'enquête, c'est de savoir
01:16:14 si une puissance étrangère peut aujourd'hui passer un sujet à la télévision française et à un journal qui est important.
01:16:21 Il ne faut pas minorer l'importance de vos journaux qui passent plusieurs fois pendant la nuit, qui contribuent à l'information des Français.
01:16:27 Il y a beaucoup de personnes dans le monde qui regardent votre chaîne.
01:16:31 Première question. J'entends une contradiction entre votre propos avec nous ici et à nouveau vos déclarations à Politico.
01:16:42 Vous avez dit à Politico que ces informations n'avaient pas forcément suivi le cursus habituel de la rédaction.
01:16:50 Je comprends ce que vous nous dites aujourd'hui, que vous alléguez en tout cas devant nous et sous serment que vous avez suivi le cursus habituel de la rédaction.
01:17:02 J'aimerais entendre votre réaction.
01:17:09 Monsieur le député, je vous remercie de cette question. Lorsque j'ai été entretenu avec cette personne de Politico, c'est elle qui me pose la question.
01:17:27 Elle me dit « Est-ce que ça a suivi le processus habituel de la rédaction ? ». Je ne sais pas, pas forcément, je n'en sais rien.
01:17:34 C'est ça la teneur de notre discussion. Je ne sais pas si vous avez regardé, mais moi, j'ai pris des notes sur cet entretien avec Politico, etc.
01:17:49 Vous aurez remarqué que les propos ne sont pas... Enfin, je ne veux accuser personne ici, mais c'est une interview relativement tranquille.
01:18:03 Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais dans la façon dont c'est dit, il y a des parenthèses avec trois petits points, etc.
01:18:13 Je veux dire par là que, sans accuser ma consoeur – c'est une jeune femme – d'avoir voulu faire de la tromperie quelconque ou je ne sais quoi,
01:18:26 ce que je peux vous dire là, c'est que ce que je pense au fond de moi, c'est qu'en fait, Politico a pris un certain nombre de phrases que j'ai pu prononcer,
01:18:39 les a mises bout à bout de façon à me faire dire ce que je n'ai pas forcément dit. Moi, je vous dis et je vous répète aujourd'hui,
01:18:49 je suis sous serment, donc ne pas me soupçonner de vouloir vous mentir. C'est que je n'ai rien fait dans le dos de personne,
01:19:03 que j'ai travaillé en toute transparence, que tout ce que j'ai fait était visible de tous et de tout le monde.
01:19:13 Et à aucun moment, je n'ai dissimulé quoi que ce soit que j'ai pu dire ou montrer.
01:19:21 On comprend effectivement que vous nous dites, finalement, j'utilisais un logiciel pour éditer mon compteur,
01:19:30 enfin en tout cas éditer ce que j'avais à dire, et donc tout le monde pouvait voir ce logiciel à tout moment.
01:19:36 Pouvez-vous nous dire, pour l'information de la commission, quel est le cursus habituel de la rédaction ?
01:19:42 Pouvez-vous finalement mettre n'importe quel sujet à l'antenne sans que le rédacteur en chef ne le valide ?
01:19:50 Donc quel est ce cursus habituel ? Puisqu'il vous est quand même reproché dans le communiqué de M. Fogiel, de ne pas avoir suivi le process.
01:19:59 Pardonnez-moi pour l'anglicisme, mais c'est le mot qui est utilisé.
01:20:02 Vous aviez une liberté totale de choisir vos titres, ou il y avait-il une validation des sujets que vous mettiez à l'antenne ?
01:20:10 Alors ce que je peux vous en dire de ce process, c'est que sincèrement, ce process n'existait pas. Il n'y avait pas de process.
01:20:26 Très honnêtement, il n'y en avait pas. Donc alors, ce qui se passait, c'est que, et je vous l'ai dit, je pense, tout à l'heure,
01:20:34 il y avait des discussions avec ma hiérarchie, la rédactrice en chef en l'occurrence, sur les sujets qui étaient les plus importants du journal.
01:20:46 Allait-on ouvrir par tel élément, mettre un sujet sur tel élément, etc., etc.
01:20:54 Il y avait parfois même des discussions, et parfois animées, et je vais peut-être même vous faire une révélation aujourd'hui.
01:21:00 Il y avait des discussions parfois animées sur l'angle des sujets, parce que je trouvais qu'ils ne correspondaient pas à ce qui pouvait intéresser le public
01:21:14 pendant toute la nuit et en se projetant aussi sur le lendemain. Ça, c'est la première chose.
01:21:20 Et il y avait aussi, et c'est là que je vous dis, vous en penserez ce que vous voulez, des discussions qui, pour moi, étaient importantes
01:21:32 sur un certain nombre d'interviews qui m'étaient imposées dans le journal de la nuit. Je vais développer mon propos.
01:21:46 Vous savez, les uns les autres, que l'ARCOM impose à chaque média audiovisuel des temps de parole.
01:21:58 Et donc il y a un comptage très précis, suivant les partis politiques, etc. C'est un peu complexe, parce que ça dépend des résultats aux dernières élections.
01:22:11 Enfin bon, bref, je ne vais pas rentrer dans tous ces détails-là. Et il doit y avoir une équité ou une égalité suivant la période dans laquelle nous sommes.
01:22:23 Et parfois, parce que BFMTV n'était pas dans les clous, on imposait de diffuser des interviews.
01:22:35 Alors ça pouvait être des parlementaires, ça pouvait être des ministres, ça pouvait être... Enfin peu importe de qui ça venait, on imposait parfois
01:22:45 des interviews qui pouvaient durer – je me souviens d'un gros coup de colère de ma part ce jour-là – 5 à 6 minutes. Parfois, c'était des interviews qui,
01:22:56 pardonnez-moi de le dire comme ça, mais qui n'avaient ni queue ni tête, c'est-à-dire que c'était monté un peu n'importe comment pour arriver à rentrer dans les 6 minutes.
01:23:04 – Monsieur le Président, pardonnez-moi, mais on est un peu loin du sujet de l'ingérence.
01:23:08 – Je sais bien. – L'application, que ça vous plaise ou non, et sous un format qui vous plaise ou non, des recommandations de l'ARCOM et de la loi,
01:23:15 je comprends, mais on est très loin de l'ingérence étrangère.
01:23:18 – Excusez-moi, Monsieur le Président, j'essaye de répondre.
01:23:22 – Oui, mais ma fonction aussi, c'est que nos débats avancent et que vous êtes très loin de la question du commissaire Brun.
01:23:27 – Vous voulez que je m'arrête là dans ces cas-là ?
01:23:30 – Je pense que M. Brun n'a pas eu la réponse à sa question.
01:23:34 – Le système de validation. Donc en fait, c'est comme ça que j'ai commencé mon propos.
01:23:39 Il n'y avait pas de système de validation. Il y avait des discussions sur un certain nombre de sujets
01:23:45 et leur emplacement dans le journal, dans la hiérarchie du journal, mais aller jusqu'à valider les textes,
01:23:53 tu vas mettre ta virgule à tel endroit ou tu vas la mettre à tel autre, non, il n'y en avait pas.
01:24:00 – Là, je ne parle pas vraiment des textes in extenso, mais la question c'est les titres.
01:24:05 Donc il n'y avait pas de validation des titres.
01:24:08 – Alors, entendons-nous bien parce que ce que vous appelez les titres, nous c'est des titres, des vrais titres.
01:24:13 C'est-à-dire ce qui arrive juste avant le journal.
01:24:18 Alors, vous parlez des séquences, non, il n'y avait pas de validation de toutes les séquences.
01:24:24 Il y avait des validations de certaines séquences, mais pas toutes.
01:24:28 – Ensuite, vous nous dites, j'ai utilisé les images que m'a envoyé M. Dution,
01:24:34 car en regardant dans la bibliothèque d'images de BFM TV, les images n'étaient pas suffisamment neutres,
01:24:41 ne correspondaient pas à ce que je voulais faire.
01:24:43 Est-ce que vous pouvez nous donner un exemple concret pour nous expliquer que quand on parle d'un haut responsable qu'Atari,
01:24:49 finalement, les images de BFM ne suffisent pas, ou quand on parle du Sahara occidental, les images de BFM ne suffisent pas ?
01:24:56 Expliquez-nous.
01:24:58 – Alors, je vais, si vous voulez, vous donner deux exemples.
01:25:02 Pas forcément sur ceux que vous abordez, mais même si vous le voulez, je peux.
01:25:05 Mais je vais vous donner deux exemples.
01:25:07 Sur les yachts, par exemple, sur l'histoire des yachts.
01:25:10 Je vous ai montré une partie de reportage tout à l'heure.
01:25:12 J'avais été voir la cellule images et je leur ai demandé s'ils avaient des images de yachts à me proposer.
01:25:18 Et les seules images de yachts qu'ils avaient, c'était des images de yachts appartenant à des oligarques
01:25:26 et qui avaient été saisies.
01:25:28 Mais ce n'était pas mon propos.
01:25:31 Mon propos, c'était de dire, les constructeurs ne vendent plus de yachts
01:25:37 parce qu'il y a ces sanctions contre les oligarques et ça pose un problème économique
01:25:42 aux constructeurs de yachts et puis aussi aux sous-traitants, etc.
01:25:45 Donc, si j'avais montré des images de yachts qui appartenaient et qui avaient été saisies à des oligarques,
01:25:50 j'étais à côté de mon propos.
01:25:53 Ça, c'est la première chose.
01:25:55 Je reprends les images du Maroc à propos du forum de Darla.
01:26:02 Il ne s'agissait pas de montrer des images de la ville de Darla.
01:26:07 Ce n'était pas son propos.
01:26:08 Le propos, c'était le forum.
01:26:11 Et il n'y avait pas d'image de ce forum.
01:26:13 Donc, j'ai demandé à M. Duchion s'il en avait.
01:26:15 Moi, je pensais au départ, d'ailleurs, peut-être un peu naïvement,
01:26:19 qu'il allait m'envoyer des images d'une salle de réunion, un petit peu comme ici,
01:26:24 deux, trois plans et puis terminé.
01:26:28 Et en fait, ce que j'ai reçu, c'était des images de présentation du forum.
01:26:36 Tel forum a eu lieu à Darla, tel forum à Darla, etc.
01:26:39 Forum Darla 2022.
01:26:42 C'était le 21 juin 2022, précisément.
01:26:44 Voilà, c'est tout.
01:26:46 Et c'était des images neutres.
01:26:51 Vous êtes venu à cette audition avec un reportage
01:26:55 qui traite d'un sujet similaire à celui que vous avez traité à l'antenne.
01:26:59 Il y a une différence fondamentale entre ce reportage et celui que vous avez passé à l'antenne.
01:27:04 C'est que celui-ci, qui vient de BFM Vaas,
01:27:07 a été réalisé par des journalistes de la rédaction de BFM Vaas.
01:27:12 Vous voyez bien la différence entre les deux.
01:27:14 Et j'imagine que vous êtes d'accord que lorsque l'on diffuse des images
01:27:18 qui ne viennent pas de la rédaction,
01:27:20 il y ait une mention pour dire par qui ont été fournies ces images.
01:27:24 C'est le cas par exemple des meetings politiques
01:27:26 où il y a souvent écrit "images fournies par le candidat".
01:27:30 Jugez-vous qu'il est de bonne déontologie journalistique
01:27:33 de passer des images fournies par un lobbyiste
01:27:37 sans qu'il ne soit fait mention de l'origine de ces images ?
01:27:40 Alors, je dois repréciser d'abord qu'il s'agissait d'images neutres.
01:27:48 Et peut-être qu'effectivement, j'aurais dû demander à ce qui est cette mention
01:27:52 et ce que je n'ai pas fait.
01:27:54 Et dernière question.
01:27:59 Donc vous nous dites encore aujourd'hui,
01:28:01 en tout cas jusqu'à ce que vous quittiez la rédaction,
01:28:03 un journaliste peut, présentateur,
01:28:05 reconnu comme vous l'étiez et avec les fonctions et l'ancienneté qui étaient la vôtre,
01:28:09 peut arriver à la chaîne, proposer des sujets
01:28:13 qui n'ont été validés en vérité par personne,
01:28:16 qui ne viennent pas de la rédaction,
01:28:18 donc n'ont pas été préparés par des journalistes de la rédaction,
01:28:20 sans qu'à aucun moment, personne ne vous fasse aucune remarque
01:28:24 et ne pose aucune question sur l'apparition de ces sujets à l'antenne.
01:28:28 Alors, je ne saurais pas vous parler de ce qui se passe aujourd'hui
01:28:34 puisque je n'y suis plus.
01:28:36 Je ne peux pas vous parler de ce qui était le cas avant.
01:28:39 Ce que je peux vous en dire, c'est que,
01:28:43 effectivement, il m'est arrivé d'arriver à la rédaction
01:28:48 et d'en parler avec des membres de la rédaction
01:28:51 de ce que j'allais proposer.
01:28:53 Oui.
01:28:55 Et puis, moi, je n'arrivais pas à la rédaction en disant
01:28:59 « Tiens, j'ai un sujet et je vais imposer mon sujet. »
01:29:02 Ça ne marchait pas comme ça.
01:29:06 Parce que quand j'arrivais à la rédaction, moi, je découvrais aussi
01:29:09 l'état de l'actualité au moment où j'y arrivais.
01:29:14 C'est-à-dire qu'il y avait des jours où on en avait tellement d'actualité
01:29:19 qu'on avait même du mal à les caser dans les 23 minutes,
01:29:23 c'était une moyenne, 23 minutes du journal de la nuit.
01:29:27 Et il y avait d'autres jours où c'était exactement le contraire.
01:29:32 Où, parfois, ma chef d'édition venait me voir en me disant
01:29:35 « On va avoir du mal à combler parce que là, il nous manque au moins 5 minutes. »
01:29:40 Et moi, lorsque l'on se retrouvait dans cette configuration-là,
01:29:46 cette dernière configuration, il m'arrivait d'arriver et de proposer des sujets.
01:29:50 Eux-mêmes arrivaient en me proposant aussi des sujets.
01:29:54 En me disant « Ah ben tiens, il y a telle chose,
01:29:58 est-ce que ça t'intéresse ? Est-ce qu'on pourrait en parler ? »
01:30:03 Moi, je n'étais pas le seul à proposer des choses.
01:30:06 Je n'étais pas le seul.
01:30:09 Donc là, on me reproche une douzaine de sujets.
01:30:12 Etalés, parce qu'il faut quand même regarder les choses,
01:30:17 étalés sur un an et demi,
01:30:21 c'est-à-dire à peu près...
01:30:26 C'est une moyenne de...
01:30:31 J'ai peur de dire une bêtise, mais je pense que c'est aux alentours de 180 journaux.
01:30:38 180 fois 23 minutes.
01:30:41 Et que ceux que vous appelez des sujets, là,
01:30:46 nous, on n'appelle pas ça des sujets, on appelle ça des « off ».
01:30:50 C'est-à-dire que ce sont des brèves illustrées,
01:30:54 qui durent une trentaine de secondes à peu près, pour prendre une moyenne.
01:30:58 C'est de ça dont on parle.
01:31:01 On ne parle pas de sujets tels que vous l'avez vu tout à l'heure,
01:31:05 c'est-à-dire des reportages.
01:31:08 On parle de « off ».
01:31:11 Et c'est toute la différence.
01:31:13 Alors, moi j'ai entendu M. Mettezo dire, justement,
01:31:18 c'est parce que c'était des « off », que c'était resserré, etc.,
01:31:22 que c'était insidieux.
01:31:24 Mais en fait, il n'y a rien d'insidieux.
01:31:26 Des « off », il y en a dans tous les journaux.
01:31:28 Dans tous les journaux.
01:31:34 Si je peux me permettre, M. Mbarki, pour la bonne tenue de nos débats,
01:31:37 de mémoire et sous contrôle de la rapporteure,
01:31:39 ce qu'a voulu dire M. Mettezo, c'est que le format court de ces « off »
01:31:43 permettait d'être réutilisé ensuite par les supposés commanditaires.
01:31:48 Donc, le propos de M. Mettezo, pour restituer la qualité des travaux,
01:31:52 n'était pas de dire que ce qui était insidieux était la forme elle-même,
01:31:57 mais c'était l'utilisation dont cette forme peut faire l'objet.
01:32:02 Voilà, c'était pour préciser.
01:32:04 M. Brun, est-ce que vous avez d'autres questions,
01:32:06 ou est-ce qu'on passe à M. Pfeffer ?
01:32:08 Oui, vous en prie.
01:32:09 Avez-vous eu recours, M. Mbarki, à d'autres sources que M. Dution,
01:32:14 pour vos « off » ?
01:32:16 Est-ce que cette pratique était fréquente,
01:32:18 d'utiliser des images envoyées par des sources extérieures pour vos « off » ?
01:32:23 Pouvez-vous nous donner des exemples d'autres cas qui vous ont été soumis ?
01:32:29 Alors, effectivement, j'ai déjà eu recours à d'autres sources.
01:32:33 Si vous me le permettez, je ne vous révélerai pas,
01:32:38 puisque je… protection des sources, je ne vais pas…
01:32:43 J'ai effectivement eu des cas comme ça.
01:32:47 Sur l'utilisation d'images,
01:32:51 je n'ai très sincèrement, très honnêtement, pas de souvenirs d'en avoir utilisé,
01:32:57 ce que quand même je peux vous dire, ici,
01:33:01 et sans jeter la pierre à qui que ce soit.
01:33:04 Je ne sais pas si vous devez certainement regarder régulièrement BFM TV,
01:33:08 et très régulièrement, dans le bandeau déroulant,
01:33:13 ce qu'on appelle techniquement le « scroll »,
01:33:18 il y a un appel à images.
01:33:22 Il y a écrit « Si vous êtes témoin d'un événement,
01:33:26 vous pouvez nous faire parvenir vos images sur bfmtv.com », etc.
01:33:34 C'est des images extérieures.
01:33:37 C'est un appel.
01:33:40 Et ces images ont déjà été utilisées à plusieurs reprises,
01:33:43 et moi-même j'en ai utilisé, de ce type d'images.
01:33:47 Généralement, dans ces cas-là, il y a plutôt écrit « images amateurs »,
01:33:53 donc on sait d'où elles viennent, ou « images extérieures ».
01:33:56 Savez-vous si d'autres journalistes font comme vous,
01:33:59 et ont recours à des images extérieures pour leur offre ?
01:34:04 Non, j'avoue que je ne sais pas.
01:34:07 C'était ma dernière question.
01:34:10 Merci, M. le Commissaire. M. Pfeffer.
01:34:13 Merci, M. le Président.
01:34:16 Merci, M. Mbarki, pour vos réponses et vos explications.
01:34:19 Je voudrais revenir quelques instants sur M. Dution,
01:34:23 ce qu'il a écrit, notamment dans un article paru hier dans Libération,
01:34:29 que M. Dution se vantait en privé de payer des journalistes
01:34:33 afin de placer des sujets à l'antenne.
01:34:36 J'ai bien compris dans votre introduction, dans votre première réponse,
01:34:39 que vous niez que ce soit votre cas,
01:34:42 mais est-ce que vous aviez déjà entendu cette accusation qui portait sur lui ?
01:34:46 Est-ce que vous avez déjà entendu ou vu des choses de ce type ?
01:34:49 Et d'une manière générale, parce que c'est quand même l'objet de notre commission,
01:34:53 c'est de déterminer si des puissances étrangères peuvent aujourd'hui
01:34:56 se servir de médias pour faire passer des idées ou des informations.
01:35:01 Est-ce que, selon vous, cette pratique de payer des journalistes
01:35:06 ou des télégraphistes, comme vous avez dit tout à l'heure,
01:35:09 est-ce que ça existe dans les médias français ?
01:35:11 Est-ce que ça peut exister ?
01:35:13 Est-ce qu'au cours de votre longue carrière et expérience,
01:35:16 vous avez déjà été confronté à cela, à des propositions,
01:35:19 ou entendu cela de la part d'autres de vos collègues ou confrères ?
01:35:24 Alors, moi j'ai lu, comme vous, ces propos,
01:35:30 qui m'ont, j'avoue, un peu surpris.
01:35:35 Pour ce qui me concerne,
01:35:38 il n'a jamais proposé, même insinué,
01:35:44 qu'il pouvait me rémunérer pour ce que, éventuellement,
01:35:49 j'allais reprendre des informations qu'il me donnait.
01:35:52 Jamais.
01:35:54 Maintenant, est-ce que ça existe dans la profession ?
01:35:57 Moi, je ne saurais pas vous dire si c'est le cas ou pas.
01:36:00 Très honnêtement, je ne pense pas que mes confrères,
01:36:05 même si on peut avoir des relations relativement proches,
01:36:09 viendraient s'en vanter. Je ne suis pas certain.
01:36:12 Après, sur des avantages que peuvent recevoir
01:36:17 un certain nombre de journalistes
01:36:19 pour des reportages quelconques qu'ils vont faire ici et là,
01:36:26 moi, je ne suis pas en train d'essayer de mettre à dos
01:36:30 ma profession ou mon ex-profession,
01:36:32 parce qu'honnêtement, je ne sais pas aujourd'hui
01:36:34 si ça existe ou pas, peu importe.
01:36:39 Vous savez, quand vous êtes, par exemple,
01:36:43 journaliste spécialisé dans l'automobile,
01:36:49 qu'une marque automobile française ou étrangère
01:36:56 vous dit "On vous invite pour faire un essai
01:37:01 sur notre nouveau véhicule",
01:37:04 que cet essai a lieu à l'autre bout du monde,
01:37:09 en général au soleil,
01:37:13 et que cette marque automobile vous dit
01:37:17 "Vous pouvez venir avec madame si vous le souhaitez",
01:37:21 je ne suis pas certain qu'après cette proposition,
01:37:28 l'article qui paraît soit très négatif.
01:37:33 Mais, encore une fois, je ne suis pas journaliste automobile,
01:37:37 je n'ai jamais été confronté à ça,
01:37:39 mais j'en ai déjà entendu parler,
01:37:41 puisque c'était votre question,
01:37:42 est-ce que vous avez déjà entendu parler de ce genre de choses ?
01:37:44 Je vous donne un exemple possible.
01:37:47 Je ne dis pas que c'est le cas,
01:37:50 mais en tout cas, c'est possible.
01:37:51 Moi, j'en ai entendu parler plusieurs fois.
01:37:57 - Monsieur Mercury, je me permets de rebondir
01:37:59 à ce que vous venez de dire,
01:38:00 et par rapport à une allusion sur laquelle je voulais revenir,
01:38:02 que vous avez fait à une des premières réponses
01:38:04 que vous m'avez apportées.
01:38:06 Vous avez effectivement fait un sous-entendu sur des confrères,
01:38:10 vous avez fait un sous-entendu à un moment
01:38:13 sur les pratiques que vous venez de mentionner
01:38:17 pour la presse automobile,
01:38:18 mais ce n'était pas aussi précis tout à l'heure,
01:38:20 sous-entendu effectivement,
01:38:21 ce qu'on pourrait revenir plus tard, évidemment,
01:38:23 sur les pratiques que vous avez observées de vos confrères.
01:38:26 Par rapport à la question que vous a posée M. Pfeffer
01:38:30 et le complément de réponse qu'elle aimerait avoir de votre part,
01:38:33 vous dites que vous avez eu connaissance,
01:38:35 vous avez entendu parler, pour reprendre vos termes,
01:38:38 de pratiques de ce genre.
01:38:39 Donc, est-ce qu'au-delà de la personne de M. Dution,
01:38:45 dans le respect du secret des sources,
01:38:48 mais est-ce qu'en tant que journaliste expérimenté, exposé,
01:38:54 vous avez eu connaissance,
01:38:55 par rapport au sujet qui intéresse notre commission,
01:38:58 c'est-à-dire des ingérences étrangères,
01:39:00 de l'existence d'autres lobbyistes ou d'autres personnalités interlopes,
01:39:04 ou d'autres, vous avez cité tout à l'heure un certain nombre de presse,
01:39:07 enfin, vous avez cité un certain nombre de professions.
01:39:09 Est-ce que vous avez eu connaissance, vous vous étiez approchés,
01:39:11 ou eu-vous connaissance dans le cadre de votre équipe
01:39:13 ou d'équipes d'autres médias,
01:39:15 de l'existence de ce type de profil qui pourrait,
01:39:19 comme l'a dit tout à l'heure M. le commissaire Brun,
01:39:22 tenter de faire diffuser des reportages
01:39:25 ou des informations de puissances étrangères sur le territoire français ?
01:39:29 Alors, pour répondre à votre question de manière précise,
01:39:36 avant peut-être de développer un petit peu,
01:39:38 je n'ai pas eu connaissance de confrères
01:39:44 qui auraient pu être approchés par des puissances étrangères
01:39:46 pour faire passer des informations.
01:39:48 Sincèrement, ça ne m'est jamais arrivé, jusqu'ici.
01:39:52 Cela dit,
01:40:00 quand vous êtes invité, et ça m'est arrivé,
01:40:05 pas de m'y rendre, mais d'être invité,
01:40:07 à des dîners ou des conférences
01:40:16 où on sait pertinemment que c'est organisé
01:40:21 par des pays étrangers,
01:40:24 parfois des grandes nations étrangères,
01:40:27 je me doute un peu que leur objectif,
01:40:33 ce n'est pas forcément de vous faire découvrir
01:40:36 leur spécialité culinaire.
01:40:38 Et il y en a qui ont absolument pignon sur rue.
01:40:46 Et voilà.
01:40:48 Je ne vous cache pas que j'ai déjà été invité
01:40:51 à ce genre d'événement.
01:40:54 Et à ce jour, je ne m'y suis jamais rendu.
01:40:58 Je peux même vous dire pourquoi.
01:41:00 Parce que je préfère profiter de ma famille.
01:41:04 Et dans ces invitations, est-ce qu'il y avait un caractère répétitif
01:41:08 ou insistant, ou des sous-entendus qui vous étaient faits,
01:41:11 ou c'était des simples invitations
01:41:13 sur lesquelles vous avez vous-même extrapolé ?
01:41:16 Non, c'était des simples invitations.
01:41:19 Il n'y avait pas de caractère insistant,
01:41:22 mais il y avait une régularité de ces invitations.
01:41:25 Il peut y avoir des dîners récurrents.
01:41:28 Et ça m'est effectivement déjà arrivé,
01:41:32 et je n'ai participé à aucun de ces dîners.
01:41:35 Je vous remercie. Madame Parmentier, vous avez une question ?
01:41:40 Merci, M. le Président. Merci, M. Mbarki, de votre présence.
01:41:43 Pour être tout à fait clair sur la question des images,
01:41:46 est-ce que c'était une pratique courante de BFM TV
01:41:49 de diffuser des images qui ne viennent pas de la chaîne
01:41:52 et en l'occurrence qui viennent d'un lobbyiste ?
01:41:55 Ou est-ce que ça vous était réservé, si je puis dire ?
01:41:59 Pardon ?
01:42:05 Excusez-moi de ne pas être très précis sur ce que je vais vous répondre,
01:42:08 parce qu'honnêtement, je l'ignore.
01:42:11 Comment vous dire ?
01:42:17 On ne s'observe pas les uns les autres
01:42:21 quand on est dans une rédaction comme celle de BFM TV.
01:42:24 C'est-à-dire que moi, ce que faisait le présentateur d'avant ou d'après,
01:42:27 ou ce qu'ils avaient fait la journée, l'après-midi ou le matin...
01:42:30 Il y avait un processus.
01:42:33 On en a parlé tout à l'heure, oui.
01:42:37 Il était temps.
01:42:40 Voilà.
01:42:44 Déjà, je n'avais pas regardé
01:42:47 si, oui ou non, tel ou tel avait utilisé telle image,
01:42:50 si telle image provenait de tel endroit ou de tel autre.
01:42:53 Et en plus, très sincèrement,
01:42:56 dans le système dans lequel on travaillait,
01:42:59 c'est le logiciel,
01:43:02 il était impossible de savoir d'où venaient les images.
01:43:06 C'est-à-dire que,
01:43:09 je vous parlerai techniquement cette fois un petit peu
01:43:12 pour que vous compreniez ma réponse.
01:43:15 Moi, quand je recevais des images
01:43:18 venant de l'extérieur,
01:43:21 je les transmettais par mail à la personne
01:43:24 avec qui je travaillais directement.
01:43:27 Ça passait ensuite
01:43:30 au service
01:43:33 qui s'occupe du montage des images.
01:43:36 Donc, il y avait un montage qui était fait
01:43:39 à partir des images que je recevais.
01:43:42 Ce n'était pas des images qui étaient clés en main, si j'ose dire.
01:43:45 Il y avait un montage qui était effectué.
01:43:48 Donc, il y avait peut-être des images qui étaient retirées,
01:43:51 expurgées de je ne sais quoi.
01:43:54 Donc, il y avait ça.
01:43:57 Et puis ensuite, une fois que c'était monté,
01:44:00 il y avait la banque d'images disponible
01:44:03 de la chaîne.
01:44:06 Et chacune des images, avant sa diffusion,
01:44:09 devait être validée par la hiérarchie.
01:44:12 Par la hiérarchie.
01:44:15 Et j'irai même plus loin,
01:44:18 puisque vous me posez la question.
01:44:21 Voilà.
01:44:24 Vous êtes ensuite sur le plateau
01:44:27 et que vous présentez un journal.
01:44:30 Tout le monde sait qu'on porte une oreillette.
01:44:33 Ce n'est pas pour nous dicter ce qu'on dit.
01:44:36 C'est parce que c'est là qu'on nous donne
01:44:39 des éléments de ce qui va suivre
01:44:42 où il faut peut-être presser le pas
01:44:45 parce qu'on a pris le retard
01:44:48 ou au contraire parler plus lentement parce qu'on est trop en avance.
01:44:51 Enfin, bon bref, je vous passe les détails.
01:44:54 Ce n'est pas moi qui me parle dans l'oreillette.
01:44:57 Et la chef d'édition a notamment une responsabilité.
01:45:00 C'est celle de ne diffuser que des images
01:45:03 qui au préalable ont été validées.
01:45:06 Si ces images ne portent pas la mention validée,
01:45:09 elles ne passent pas à l'antenne.
01:45:12 - Comment expliquez-vous
01:45:15 qu'il n'y ait jamais eu d'alerte ou d'avertissement
01:45:18 sur la chaîne de télévision?
01:45:21 - Comment expliquez-vous
01:45:24 qu'il n'y ait jamais eu d'alerte ou d'avertissement
01:45:27 avant par votre direction et pas par un journaliste?
01:45:30 Est-ce que vous pensez payer pour d'autres?
01:45:33 - Si je pense payer pour d'autres,
01:45:36 honnêtement, je n'en sais rien.
01:45:39 Je ne vous cache pas et je vous le dis en toute honnêteté,
01:45:42 en toute sincérité, que depuis quelque temps,
01:45:45 je me suis un petit peu replié sur moi-même.
01:45:48 Ce que je peux vous dire,
01:45:51 c'est que jusqu'ici, ça fonctionnait comme ça.
01:45:54 Je pense que demain,
01:45:57 si j'ai bien compris,
01:46:00 vous allez auditionner le directeur général de BFMTV
01:46:03 qui lui-même, dans la presse,
01:46:06 a dit que ces systèmes de validation
01:46:09 allaient être renforcés ou avaient été renforcés.
01:46:12 Enfin, il en a parlé, en tout cas.
01:46:15 Donc peut-être qu'il a rajouté
01:46:18 des éléments de validation
01:46:21 qui, jusque-là, n'existaient pas.
01:46:24 C'est tout ce que je peux vous dire là-dessus.
01:46:27 Après, ce serait de la spéculation de ma part.
01:46:30 Pour spéculer, je suis parlé
01:46:33 juste de ce que je sais
01:46:36 et de ce que j'ai vécu.
01:46:39 Voilà.
01:46:42 -Je vous remercie.
01:46:45 Mme Barmentier, vous avez une autre question ?
01:46:48 Mme la rapporteure.
01:46:51 -Oui. Merci, M. le Président.
01:46:54 Juste deux choses. Je reviens un tout petit peu en arrière.
01:46:57 S'agissant de l'échange que nous avons eu tout à l'heure
01:47:00 au sujet de l'ancien procureur général du Qatar,
01:47:03 vous avez fait allusion à un député
01:47:06 qui s'était rapproché du PNF,
01:47:09 et il n'a pas porté plainte.
01:47:12 Il a fait un signalement. Je le tiens quand même
01:47:15 pour la bonne tenue de nos débats et pour que les choses soient dites
01:47:18 avec précision et rigueur.
01:47:21 C'est assez différent. Un signalement
01:47:24 en l'égard de ce que nous devons faire en application de l'article 40
01:47:27 du code de procédure pénale, c'est autre chose
01:47:30 que le dépôt d'une plainte. Il y a des plaintes par ailleurs,
01:47:33 mais elles viennent d'autres instances, pas du tout
01:47:36 comme l'ex-collègue député qui a fait un signalement.
01:47:39 Je reviens également sur ce que vous avez dit
01:47:42 concernant des invitations, des voyages ou par exemple des dîners
01:47:45 formulés
01:47:48 vers le monde journalistique,
01:47:51 vous-même comme beaucoup d'autres.
01:47:54 L'exemple de l'automobile ou du tourisme,
01:47:57 tout ça, on connaît. Encore une fois, personne
01:48:00 n'est naïf dans cette pièce. Nous savons très bien que
01:48:03 les journalistes qui font des reportages touristiques
01:48:06 pour la presse spécialisée
01:48:09 dans tel ou tel pays peuvent être invités par des hôtels.
01:48:12 Mais on est dans ce cas-là très loin
01:48:15 de ce qui est le cœur même de notre commission d'enquête,
01:48:18 l'influence, l'interférence, l'ingérence étrangère,
01:48:21 qu'il s'agisse d'une puissance étrangère,
01:48:24 petite, moyenne ou grande, ou d'officines travaillant
01:48:27 pour le compte de tel ou tel intérêt étranger.
01:48:30 Pour en revenir à ces dîners ou ces autres invitations
01:48:33 dont vous disiez que vous en aviez connaissance,
01:48:36 même si vous n'y avez jamais succombé,
01:48:39 c'est très clair, vous l'avez dit très clairement,
01:48:42 est-ce que vous pouvez nous citer les pays ou les puissances
01:48:45 qui vous semblent être plus systématiquement
01:48:48 en action pour ce genre d'invitations ?
01:48:51 De quel pays et de quelle puissance s'agit-il ?
01:48:54 C'est répété et récurrent. Merci.
01:48:57 - Merci, madame la rapporteure.
01:49:00 D'abord, je tiens à m'excuser s'il y a eu un abus de langage
01:49:03 de ma part en parlant de plainte au lieu de signalement.
01:49:06 Et puis, vous n'êtes pas sans ignorer que nous,
01:49:09 les journalistes, on fait souvent des abus de langage,
01:49:12 peut-être des raccourcis un peu... Bref.
01:49:15 Donc, oui, ça m'est arrivé,
01:49:18 et je peux vous en citer un, par exemple,
01:49:21 qui le fait régulièrement, Capignon-sur-Rue,
01:49:24 c'est le Chinese Club.
01:49:27 Chinese Business Club.
01:49:30 Capignon-sur-Rue.
01:49:33 Qui a invité tout un tas de monde,
01:49:36 tout un tas de parlementaires,
01:49:39 des anciens présidents, etc.
01:49:42 Mais oui, j'y ai été régulièrement invité,
01:49:45 j'y ai jamais été.
01:49:48 Voilà. C'est un exemple que je peux vous donner.
01:49:51 - Alors, un peu dans votre question.
01:49:54 Moi, j'ai une dernière question.
01:49:57 Je reviens, je suis désolé,
01:50:00 mais une fois de plus, nous ne sommes pas des professionnels
01:50:03 et notre mission est d'établir quelque chose précisément.
01:50:06 Quand M. Dution vous fournit des images,
01:50:09 l'expérience politique que j'ai
01:50:12 dans la réalisation de clips de campagne,
01:50:15 la question des droits,
01:50:18 de la moindre image qu'on utilise en France,
01:50:21 c'est toujours très compliqué, épineuse.
01:50:24 Il faut qu'on déclare, le cas échéant,
01:50:27 il faut qu'on rémunère les personnes qui ont des droits
01:50:30 sur ces vidéos en tout état de cause.
01:50:33 Vous savez, en tant que professionnel,
01:50:36 que de toute façon, réaliser une vidéo, quelle qu'elle soit,
01:50:39 à part prendre son téléphone et filmer mes collègues,
01:50:42 à l'instant, a un coût.
01:50:45 Et donc, il faut que ça soit à l'antenne,
01:50:48 en particulier pour qu'elle s'insère parmi d'autres images professionnelles,
01:50:51 pour pas qu'il y ait une dégradation de la qualité.
01:50:54 C'est comme des images d'une certaine qualité, d'une certaine tenue
01:50:57 et que vous ne diffusez pas n'importe quoi.
01:51:00 D'autant plus si vous les remontez après.
01:51:03 Donc vous savez bien que la personne qui vous a fourni ces images,
01:51:06 soit a engagé des frais,
01:51:09 soit quelqu'un qui a engagé des frais
01:51:12 pour que vous ne soit pas tué, ces images.
01:51:15 Et donc, moi, ce qui m'inquiète,
01:51:18 ce qui m'interroge, pour être précis,
01:51:21 ce qui rebondit sur les questions que vous pouvez vous poser,
01:51:24 M. le vice-président ou M. Brun, ou même parmentier à l'instant,
01:51:27 c'est qu'à aucun moment vous vous dites que ces images-là
01:51:30 ont bien eu un coût pour quelqu'un,
01:51:33 et donc elles rendent bien service, d'une manière ou d'une autre,
01:51:36 à telle proportion qu'ils acceptent de ne pas être rémunérés
01:51:39 par l'image ou qu'ils n'acceptent rien en échange de moi d'autres
01:51:42 que le fait que je vais les diffuser.
01:51:45 Et ça, je le lis à une autre question
01:51:48 que vous vous êtes posé plusieurs fois et à laquelle
01:51:51 j'estime que vous n'avez, en tant que président de la commission,
01:51:54 pas apporté la précision de réponse nécessaire.
01:51:57 C'est quand vous vous établissez
01:52:00 la qualité de lobbyiste de M. Dution.
01:52:03 Mais je vous l'ai dit tout à l'heure,
01:52:06 ça peut être lobbyiste en défense des balançoires
01:52:09 ou en défense d'un dictateur ou d'un tyran.
01:52:12 C'est-à-dire que le fait d'être un lobbyiste,
01:52:15 c'est très généraliste.
01:52:18 Et j'ai l'impression, au terme de deux heures d'audition,
01:52:21 que vous ne nous êtes jamais posé la question.
01:52:24 C'est une question ouverte, ne cherchez pas à vous piéger
01:52:27 d'une manière ou d'une autre.
01:52:30 Justement, que cette commission termine cette audition
01:52:33 et que vous vous êtes posé plusieurs fois cette question
01:52:36 posée d'une manière différente, c'est que vous n'êtes jamais
01:52:39 demandé quelle était la nature de son lobbying,
01:52:42 quel était son objet précis, pour qui il travaillait.
01:52:45 Alors, il y avait tellement d'informations,
01:52:48 ça pouvait relever de choses très différentes, certes,
01:52:51 mais ce n'est pas parce qu'il y a beaucoup de...
01:52:54 qu'il peut travailler pour plusieurs personnes,
01:52:57 plusieurs puissances, plusieurs intérêts,
01:53:00 que ces images ont forcément soit des droits, soit un coût.
01:53:03 Donc, dans votre esprit, le fait que ce coût n'existe
01:53:06 ni pour vous, ni pour la chaîne, ni pour quiconque,
01:53:09 ça renvoie bien à un service rendu ou à un intérêt,
01:53:12 vous l'avez dit, mais est-ce que je sers un intérêt
01:53:15 qui est plus grand que celui du service du public ?
01:53:18 Et d'autre part, est-ce que vous êtes vraiment interrogé
01:53:21 sur la nature du lobbying ou des lobbyings
01:53:24 qu'exerçait ce monsieur Dution ?
01:53:27 Alors, M. le Président,
01:53:30 sur la première question que vous me posez
01:53:33 à propos des images,
01:53:36 et des images qui ont été diffusées, etc.,
01:53:39 effectivement, je ne me suis pas posé...
01:53:42 En fait, j'ai répondu, d'ailleurs, je pense, tout à l'heure,
01:53:45 c'est vrai qu'il aurait dû figurer la mention, voilà,
01:53:48 et effectivement, je ne m'étais pas préoccupé
01:53:51 à ce sujet-là, et je pense que,
01:53:54 je ne m'étais pas préoccupé de ça.
01:53:57 Sur la nature des images,
01:54:00 je rappelle que ce que j'ai dit tout à l'heure aussi,
01:54:03 c'est que c'était des images neutres,
01:54:06 dans le sens où ce n'est pas la même chose
01:54:09 qu'une image de campagne électorale, par exemple,
01:54:12 où là, évidemment, ce n'est pas neutre.
01:54:15 Là, c'était des images neutres.
01:54:18 Alors peut-être qu'il aurait fallu qu'il y ait cette mention,
01:54:21 vous avez sûrement raison.
01:54:24 Elle n'y figurait pas.
01:54:27 C'est peut-être une erreur de ne pas l'avoir fait.
01:54:30 Est-ce que c'est mon erreur
01:54:33 ou est-ce que c'est l'erreur de la hiérarchie
01:54:36 qui a validé les images ?
01:54:39 Là, je pense que ce n'est pas nous, ici,
01:54:42 qui allons le trancher, si vous permettez.
01:54:45 - Non, mais moi, je ne tranche rien du tout.
01:54:48 Ma question, c'est que ces images, pour vous,
01:54:51 elles ont bien un coût. Quelqu'un a bien payé quelque chose.
01:54:54 - Oui, certainement. Bien sûr, ce n'est pas gratuit.
01:54:57 - Donc vous n'avez jamais demandé qui a payé ?
01:55:00 - Non. Je vous réponds clairement.
01:55:03 Je ne me suis jamais posé cette question.
01:55:06 Pour répondre ensuite sur M. Dution,
01:55:09 lobbyiste et pour qui il travaille,
01:55:12 moi, je savais qu'il était lobbyiste, je vous l'ai dit.
01:55:15 Lobbyiste indépendant, entre guillemets,
01:55:18 c'est-à-dire qu'il travaillait pour probablement plusieurs clients.
01:55:21 Mais après de savoir précisément
01:55:28 quel était l'intérêt pour lui de faire passer
01:55:31 telle ou telle ou telle information, je vous l'ai dit et répété,
01:55:34 que moi, en fait, ce qui m'intéressait, à la limite,
01:55:37 ce n'était même pas le client, c'était l'information elle-même.
01:55:40 Est-ce que oui ou non, c'était une information
01:55:43 qui était portée au public ?
01:55:46 Et quand ma réponse était oui, effectivement,
01:55:49 quand cette information était vérifiable
01:55:52 et vérifiée qu'elle était vraie,
01:55:55 moi, après, j'ai envie de dire qui est derrière cette information.
01:55:58 Je m'en moque. L'essentiel, c'est l'information.
01:56:01 Et à partir du moment où elle est aussi,
01:56:06 cette information, équilibrée,
01:56:09 c'est-à-dire qu'elle ne...
01:56:12 elle ne porte pas dans un sens précis
01:56:15 ou dans un autre, c'est-à-dire qu'elle ne fait pas
01:56:18 le... si j'ose parler ainsi,
01:56:21 la publicité d'un tel ou d'un tel.
01:56:24 Ce n'était pas ça, l'objectif.
01:56:27 L'objectif, c'est d'apporter donc, encore une fois, une information.
01:56:30 J'espère que j'ai répondu, en tout cas, comme je le pouvais,
01:56:33 à votre question.
01:56:36 En tout cas, nous prenons acte de votre réponse.
01:56:39 Il y a une question qui me vient à l'esprit avant de...
01:56:42 sauf si quelqu'un me reprend la parole, évidemment,
01:56:45 peut-être M. Brun, maintenant.
01:56:48 Est-ce que vous avez eu connaissance,
01:56:51 entre le moment où ces... on a dit quoi?
01:56:54 Pas des brèves? Des offres, pardon.
01:56:57 Des offres qui avaient été diffusées, que vous diffusiez,
01:57:00 est-ce que vous avez eu connaissance que ces offres étaient parfois reprises
01:57:03 sur des réseaux sociaux ou par des institutions,
01:57:06 est-ce que vous saviez qu'une partie des reportages
01:57:09 que vous diffusiez pouvaient être repris?
01:57:12 Je le sais, parfois, les hommes politiques sont un peu des égaux sur pattes,
01:57:15 donc parfois, ils nous arrivent quand même de regarder
01:57:18 où est-ce qu'on traîne, où est-ce que notre image traîne.
01:57:21 Je connais un certain nombre de journalistes qui ne sont pas non plus des non-égaux.
01:57:24 Est-ce que ça vous arrivait de savoir
01:57:27 qu'une partie de votre travail, de la travail de votre équipe,
01:57:30 était utilisée par des lobbyistes,
01:57:33 des influenceurs, des réseaux,
01:57:36 ou est-ce que vous l'ignoriez?
01:57:39 Pas forcément ceux qui ont été mis en cause dans la presse, mais d'une manière générale.
01:57:42 Alors, très sincèrement,
01:57:45 je vous avoue ici que je m'attendais
01:57:48 à cette question, évidemment.
01:57:51 Je m'attendais aussi à d'autres questions qui n'ont pas encore été posées,
01:57:54 peut-être que ça vous va venir à l'esprit.
01:57:57 Mais j'ignorais totalement
01:58:00 que c'était repris
01:58:03 comme ça a été indiqué.
01:58:06 Je l'ignorais totalement.
01:58:09 Et je peux même ajouter que c'est quelque chose
01:58:12 que, très sincèrement, et vous le savez, vous, en tant que parlementaire,
01:58:15 qu'on ne peut pas maîtriser.
01:58:18 C'est-à-dire que vos prises de parole
01:58:21 dans les commissions différentes à laquelle vous participez,
01:58:24 vos prises de parole dans l'hémicycle,
01:58:27 vous ne savez pas où est-ce qu'elles peuvent se retrouver,
01:58:30 après,
01:58:33 ni comment elles peuvent devenir virales.
01:58:36 Et le journal de la nuit
01:58:39 que je présentais,
01:58:42 il était public.
01:58:45 Donc qu'après des gens qui soient
01:58:48 bienveillants, malveillants,
01:58:51 critiques, ou au contraire,
01:58:54 dithyrambiques,
01:58:57 les reprennent ou reprennent des parties pour en faire ce qu'ils veulent,
01:59:00 moi, je ne peux absolument pas maîtriser ça.
01:59:03 Et puis, vous parlez
01:59:06 de quelque chose
01:59:09 qui me fait un peu sourire, l'ego qu'on peut tous avoir
01:59:12 quand, effectivement, on passe à la télé, etc.
01:59:15 Très honnêtement,
01:59:18 et je vous le dis ça en toute sincérité,
01:59:21 ça faisait tellement longtemps que je faisais
01:59:24 ce métier, ce travail, que mon ego
01:59:27 ne m'intéressait pas.
01:59:30 C'est-à-dire que je ne regardais pas, en fait.
01:59:33 Je ne tapais pas mon nom sur Google pour savoir ce qu'il y avait sur moi.
01:59:36 Alors, à une nuance près,
01:59:39 c'est que depuis trois ans, je présentais l'émission
01:59:42 "Faites entrer l'accusé"
01:59:45 et que de temps en temps, effectivement,
01:59:48 je me demandais s'il y avait des petites choses
01:59:51 concernant cette émission qui me tenait
01:59:54 beaucoup à cœur.
01:59:57 Donc, effectivement. Puis alors, il y a une autre question que vous ne m'avez pas posée,
02:00:00 mais si vous me le permettez, M. le Président,
02:00:03 je vais en dire un mot.
02:00:06 Je vous laisserai la parole pour une conclusion courte,
02:00:09 mais M. Brun avait une autre question avant.
02:00:12 Oui, je reviens à notre conversation un peu plus tôt.
02:00:15 Vous avez dit, en tout cas, ce que j'en ai compris,
02:00:18 que finalement,
02:00:21 les seules fois où vous avez eu recours à des images extérieures,
02:00:24 c'est celles de M. Dution.
02:00:27 Ça paraît un peu étrange.
02:00:30 C'est-à-dire que, finalement,
02:00:33 pour les sujets où vous aviez effectivement
02:00:36 une discussion avec M. Dution, là, la bibliothèque
02:00:39 de BFMTV ne suffisait pas, mais pour tous les autres sujets
02:00:42 que vous évoquiez en off, là,
02:00:45 la bibliothèque d'images de BFMTV suffisait.
02:00:48 J'ai bien compris.
02:00:51 Ce n'est pas tout à fait ce que j'ai dit.
02:00:54 J'ai dit que j'ai utilisé effectivement des images
02:00:57 que m'avait envoyées M. Dution, mais il m'est arrivé d'utiliser des images
02:01:00 venant de témoins de BFMTV, par exemple.
02:01:03 C'est-à-dire le fameux bandeau qui déroule,
02:01:10 des téléspectateurs qui envoient des images,
02:01:13 parce qu'ils ont assisté à une manifestation violente
02:01:16 où il n'y avait pas de caméraman de BFMTV,
02:01:19 parce qu'il y avait une pluie de grêle qui s'était abattue
02:01:22 à tel ou tel endroit de l'Hexagone,
02:01:25 parce que, voilà, ce genre d'images.
02:01:28 Ça m'est arrivé, oui.
02:01:31 - Finalement, témoins de BFMTV, ça correspond à une catégorie
02:01:34 assez spécifique du sujet, c'est-à-dire des catastrophes naturelles,
02:01:37 des grands événements.
02:01:40 Là, finalement, sur l'ensemble des off que vous faites,
02:01:43 ça s'appelle un off, le petit sujet de 30 secondes,
02:01:46 sur le sens des off, sur divers sujets, d'actualité internationale, nationale,
02:01:49 il n'y a jamais besoin de recouvrir des images extérieures,
02:01:52 sauf quand c'est M. Dution qui vous les envoie.
02:01:55 Ça paraît quand même assez troublant comme coïncidence.
02:01:58 - Je comprends que ça vous trouble,
02:02:05 que ça vous paraît même visiblement suspect.
02:02:08 Mais, en fait, moi, ce que je veux vous rappeler là,
02:02:11 c'est de quoi on parle.
02:02:14 180 journaux, environ,
02:02:20 une douzaine de off, environ,
02:02:25 pas tous avec des images, d'ailleurs,
02:02:28 et chaque off, environ 30 secondes.
02:02:32 On parle de ça.
02:02:35 On parle de ça.
02:02:38 Je ne vais pas ici faire des mathématiques,
02:02:41 je ne vais pas ici vous dire, voilà, 180 journaux,
02:02:44 ça égale tant de minutes, et puis les off égalent tant de minutes, etc.
02:02:47 Mais, pardon, c'est de ça dont on parle.
02:02:50 On parle de quelque chose qui, finalement,
02:02:53 est un off, des images en question.
02:02:56 Encore une fois, je le répète, parce que c'est très important,
02:02:59 c'est qu'on ne parle pas de reportage,
02:03:02 on ne parle pas de quelque chose,
02:03:05 comme on a vu tout à l'heure, qui dure une minute trente à deux minutes,
02:03:08 on ne parle pas de ça.
02:03:11 Les off en question, les images qui correspondent à ces off,
02:03:14 on parle de quelque chose qui dure environ,
02:03:17 allez, 20 secondes, 20 secondes d'image,
02:03:20 à chaque fois.
02:03:23 Voilà, après, je comprends votre interrogation,
02:03:26 mais, voilà,
02:03:29 moi, je veux quand même replacer les choses
02:03:32 dans ce qu'elles sont,
02:03:35 c'est-à-dire qu'en fait, sur le nombre d'images,
02:03:38 le nombre d'heures d'images
02:03:41 qui sont diffusées chaque jour
02:03:44 sur BFMTV,
02:03:47 là, on parle sur une durée de un an et demi,
02:03:50 et on parle d'une douzaine de off,
02:03:53 et chacun, 20 secondes.
02:03:56 Après, je vous laisse faire votre opinion, évidemment,
02:03:59 mais,
02:04:02 M. le Président,
02:04:05 je pense que c'est bien de le replacer dans son contexte.
02:04:08 Après, vous en disant, si vous pouvez en déjeuner.
02:04:11 - Vous avez apporté, M. Barky, les éléments de réponse à la question de M. Brunck,
02:04:14 à laquelle moi, je m'associe,
02:04:17 sans vouloir empiéter sur la question du commissaire.
02:04:20 Si j'ai bien compris le sens de la question,
02:04:23 c'est que, est-ce que vous êtes sûr, sincèrement,
02:04:26 que, vous avez cité plusieurs fois, vous avez beaucoup de sources,
02:04:29 beaucoup d'informateurs, vous êtes sûr qu'il n'y a que M. Dution
02:04:32 qui vous a fourni des images pendant toutes ces années ?
02:04:35 C'est ça qui paraît. Parce que vous avez inversé la situation.
02:04:38 Vous avez dit, oui, vous ne parlez que de quelques
02:04:41 dizaines de secondes sur un an et demi.
02:04:44 Mais inversement, ce qui peut étonner, c'est pourquoi est-ce qu'il n'y a que
02:04:47 la source Dution, qui était par ailleurs,
02:04:50 parfois, même à toute petite échelle,
02:04:53 fournisseur d'images,
02:04:56 et pourquoi aucune autre de toute la multitude
02:04:59 de sources que vous aviez évoquées ? C'est plutôt ça, je pense,
02:05:02 le sujet de la question.
02:05:05 - Pardon d'avoir peut-être mal répondu à votre question,
02:05:09 mais en fait, pour tout vous dire,
02:05:12 ça dépendait du sujet que je traitais.
02:05:15 Tout bêtement.
02:05:18 C'est-à-dire que quand j'avais une information
02:05:21 qui concernait, je vais prendre un exemple,
02:05:24 qui est là dans l'actualité,
02:05:27 une information sur, je ne sais pas, des heurts
02:05:30 qui ont éclaté du côté de la place de la Bastille.
02:05:33 J'ai l'info.
02:05:36 Les autres ne l'ont peut-être pas.
02:05:39 Mais les images, on peut les avoir.
02:05:42 On peut les posséder.
02:05:45 Ce que je veux dire par là,
02:05:48 c'est qu'en fait, les "sujets"
02:05:51 qui venaient de M. Dutillon,
02:05:54 je n'avais pas forcément les images
02:05:57 qui correspondaient pour en parler.
02:06:00 Ça ne veut pas dire que l'information n'était pas
02:06:03 vraie, vérifiée, vérifiable.
02:06:06 Ça veut dire juste que c'était un moyen d'illustrer.
02:06:09 Alors, il y avait la possibilité, j'avais la possibilité,
02:06:12 oui, je vous le dis là, maintenant,
02:06:15 j'avais la possibilité de n'utiliser aucune image.
02:06:18 C'est-à-dire d'être l'homme-tron
02:06:21 qui donne l'information
02:06:24 sans aucune illustration. Oui, c'est possible.
02:06:27 Et je l'ai fait d'ailleurs, plusieurs fois.
02:06:30 - Merci.
02:06:33 - Mais les images me servaient juste d'illustrer.
02:06:36 - Oui, je pense qu'on a bien...
02:06:39 qu'on a enregistré votre réponse.
02:06:42 M. Prant, vous aviez une relance,
02:06:45 après Mme la rapporteure...
02:06:48 - Dernière relance, simplement, savoir, avez-vous diffusé,
02:06:51 au-delà des 12 reportages,
02:06:54 off, qui vous sont reprochés,
02:06:57 qui ont justifié votre licenciement,
02:07:00 y a-t-il eu d'autres off avec des images
02:07:03 de M. Dution, que ces 12 allégués ?
02:07:06 - Non.
02:07:09 - Je vous remercie.
02:07:12 Mme la rapporteure, vous aviez une dernière question,
02:07:15 plusieurs, d'ailleurs.
02:07:18 - Oui, nous respectons tout à fait la protection
02:07:21 du secret des sources, bien évidemment,
02:07:24 mais comme il a été abondamment question de M. Dution
02:07:27 et du fait que vous connaissiez tout à fait sa qualité
02:07:30 et sa qualité, est-ce qu'il y a d'autres lobbyistes
02:07:33 "patentés", du mot identifié et reconnu
02:07:36 comme tel par vous, avec lesquels vous avez pu
02:07:39 être régulièrement en relation
02:07:42 et qui vous auraient informé de tel ou tel sujet
02:07:45 qu'ensuite vous auriez pu juger
02:07:48 d'intérêt pour le public français
02:07:51 et que vous auriez exploité ?
02:07:54 - Alors, oui, il me semble que j'en connais...
02:07:57 J'avais été en relation avec
02:08:00 un ou deux autres lobbyistes,
02:08:03 effectivement,
02:08:06 qui m'avaient donné des informations, oui,
02:08:09 que j'avais exploitées dans mon souvenir...
02:08:12 dans mon souvenir peut-être une fois.
02:08:15 ...
02:08:18 Je cherche, pardon, dans mon...
02:08:21 Voilà, mais dans mon souvenir,
02:08:24 peut-être, oui, une fois.
02:08:27 ...
02:08:30 - Et c'était également pour une thématique,
02:08:33 je dirais, d'ordre relation internationale ?
02:08:36 - Pas que je sache, non.
02:08:39 Je crois que c'était politique.
02:08:42 ...
02:08:45 Politique nationale, pardon.
02:08:48 - Alors, dernière chose,
02:08:51 vous avez dit,
02:08:54 donc on vous en donne un acte,
02:08:57 mais on le répète juste pour être sûr
02:09:00 d'avoir parfaitement compris que tout faisait
02:09:03 l'objet de votre part de vérification,
02:09:06 de validation, voilà.
02:09:09 Donc ça veut dire, par exemple,
02:09:12 sur l'un des sujets qui est celui
02:09:15 des yachts des oligarques russes
02:09:18 par exemple qu'une alerte auprès
02:09:21 du prince Albert avait été faite par
02:09:24 les professionnels concernés quant à leur
02:09:27 crainte de voir s'effondrer le chiffre
02:09:30 d'affaires et donc s'effondrer le nombre d'emplois.
02:09:33 Ça, vous avez vérifié. Il y avait eu une alerte officielle
02:09:36 faite par les professionnels concernés auprès
02:09:39 du prince Albert. C'est ce qui a été dit à l'écran par vous.
02:09:42 - Moi, je me souviens
02:09:45 d'un communiqué de presse.
02:09:48 Non pas du prince Albert, pas du tout,
02:09:51 mais de ceux qui avaient tenté
02:09:54 d'alerter le prince de Monaco.
02:09:57 Et on a recherché ce communiqué,
02:10:00 on ne l'a pas retrouvé.
02:10:03 Mais moi, j'ai le souvenir de ça et personnellement,
02:10:06 je ne l'avais pas gardé. D'ailleurs,
02:10:09 je vous le dis.
02:10:12 Pour être franc,
02:10:15 je ne gardais rien parce que pour moi,
02:10:18 je n'avais pas de raison de garder,
02:10:21 de conserver ou d'archiver ce genre de choses.
02:10:24 Mais je me souviens de ça.
02:10:27 - Je vous remercie.
02:10:30 Je suis désolé, mais la dernière question,
02:10:33 je vous demanderai d'être assez bref si c'est possible
02:10:36 dans votre réponse, que m'inspire cette audition
02:10:39 et les auditions que nous avons pu faire auparavant.
02:10:42 En tant que journaliste,
02:10:45 vous êtes au courant des affaires d'ingérence
02:10:48 qu'il y a pu y avoir dans les processus électoraux,
02:10:51 dans la vie politique de démocratie naissante
02:10:54 ou de démocratie fragile ou de régime non-démocratique
02:10:57 à travers le monde.
02:11:00 En particulier, on voit bien que l'une de nos
02:11:03 commissions, beaucoup de régimes africains
02:11:06 sont l'objet d'attaques de l'étranger.
02:11:09 Est-ce que vous avez été sensibilisé,
02:11:12 vous, à titre personnel,
02:11:15 en tant que journaliste, vous avez dit que je dois
02:11:18 faire attention à ne pas être utilisé ?
02:11:21 Est-ce qu'entre collègues, c'est un objet de discussion,
02:11:24 un objet d'inquiétude ? Est-ce qu'au sein de votre rédaction,
02:11:27 par vos hiérarchies, c'est un sujet d'inquiétude
02:11:30 ou même de formation ?
02:11:33 Dernière question, est-ce que les autorités,
02:11:36 bien sûr dans le respect de l'indépendance de la presse,
02:11:39 mais on peut tout à fait respecter l'indépendance
02:11:42 de la presse, des médias et des journalistes,
02:11:45 tout en proposant de la part des services ou des institutions
02:11:48 une formation, une sensibilisation au sujet
02:11:51 d'ingérence ou de manipulation, est-ce que dans votre carrière,
02:11:54 qui est, comme mes collègues l'ont dit, longue et riche,
02:11:57 sans aucune ironie, est-ce que vous avez été sensibilisé
02:12:00 de manière informelle ou formelle dans toute votre carrière
02:12:03 jusqu'à ce qui vous est arrivé ?
02:12:06 Pour répondre à votre question, monsieur le Président,
02:12:09 effectivement, moi,
02:12:12 j'étais un petit peu
02:12:15 au courant de tout cela
02:12:18 parce qu'on en avait notamment beaucoup parlé
02:12:21 avant les élections américaines,
02:12:24 par exemple, on avait parlé d'ingérence
02:12:27 de la Russie.
02:12:30 Il y avait eu des suppositions
02:12:33 qu'il pouvait y avoir
02:12:36 des tentatives d'ingérence
02:12:39 pour la dernière présidentielle en France.
02:12:42 Je m'en souviens aussi.
02:12:45 Donc, effectivement, c'est quelque chose
02:12:48 auquel j'étais personnellement
02:12:51 attentif, mais par curiosité personnelle.
02:12:54 Ça n'allait pas au-delà de ça.
02:12:57 Il se peut, mais c'est une supposition de ma part,
02:13:00 qu'il y ait eu une sensibilisation
02:13:03 des journalistes de la rédaction
02:13:06 du service politique de BFMTV.
02:13:09 Peut-être certains présentateurs
02:13:12 qui sont très tournés
02:13:15 vers les interviews politiques
02:13:18 à BFMTV,
02:13:21 mais personnellement,
02:13:24 on ne m'en a jamais fait part.
02:13:27 Je n'ai jamais eu
02:13:30 la moindre proposition d'une formation
02:13:33 quelconque à ce propos.
02:13:36 Je n'avais pas le sentiment d'être concerné,
02:13:39 pour être honnête.
02:13:42 Ça concerne tous les journalistes,
02:13:45 mais être concerné au premier chef,
02:13:48 ça n'a pas été le cas.
02:13:51 Et d'ailleurs,
02:13:54 si ça avait été le cas,
02:14:00 bien entendu, j'aurais suivi les formations.
02:14:03 Peut-être que j'aurais eu des mises en garde.
02:14:06 Mais jusqu'ici, très franchement
02:14:15 et très honnêtement,
02:14:18 il n'y avait aucun document qui circulait
02:14:21 dans la rédaction de BFMTV
02:14:24 dont j'ai eu connaissance.
02:14:27 Et pourtant, j'avais accès à mes mails,
02:14:30 mes convocations, etc.
02:14:33 Bref, non.
02:14:36 - Je vous remercie.
02:14:39 Vous avez souhaité dire un mot de conclusion,
02:14:42 si c'est possible.
02:14:45 - Si vous me le permettez,
02:14:48 je vais essayer d'aller le plus rapidement possible.
02:14:51 Monsieur le Président,
02:14:54 Madame la rapporteure,
02:14:57 Mesdames, Messieurs les députés,
02:15:00 vous savez, lorsque du jour au lendemain,
02:15:03 ça bat sur vous une vague d'accusations
02:15:06 sans discernement,
02:15:09 d'insinuations trompeuses mais répétées
02:15:12 et reprises en boucle comme pour tenter
02:15:15 de leur donner de la crédibilité,
02:15:18 même pour en faire une vérité.
02:15:21 Quand du jour au lendemain, vous recevez des messages haineux
02:15:24 invoquant vos origines,
02:15:27 lorsque l'on ironise sur votre disgrâce
02:15:30 pour faire des bons mots à la radio, notamment,
02:15:33 que l'on réduit à néant
02:15:36 après l'avoir foulé au pied toute votre carrière professionnelle
02:15:39 parce qu'aujourd'hui, Mesdames, Messieurs, je ne suis plus rien,
02:15:42 que cette déferlante fait fuir presque
02:15:48 tous ceux qui hier vous côtoyaient ou se disaient vos amis,
02:15:51 lorsque la chaîne qui vous emploie depuis 18 ans
02:15:57 en profite pour vous jeter en pâture
02:16:00 à la vindicte de vos confrères journalistes et aussi du public,
02:16:03 quitte à alimenter la tempête médiatique
02:16:06 par des affirmations infondées,
02:16:09 des annonces de sanctions illégitimes
02:16:14 et d'une plainte arbitraire,
02:16:17 tout ça pour détourner l'attention et dans l'espoir
02:16:20 de ne pas trop être éclaboussé par ce pseudo-scandale monté en épingle.
02:16:23 J'irai même plus loin pour se refaire une virginité sur mon dos.
02:16:26 Lorsque tout cela vous tombe dessus brusquement,
02:16:31 de manière aussi implacable,
02:16:34 eh bien la tentation est forte,
02:16:37 et même très forte, de vous recroqueviller sur vous-même,
02:16:40 de baisser la tête,
02:16:45 de vous faire tout petit, surtout, surtout,
02:16:48 de ne rien dire ou faire qui puisse attirer à nouveau
02:16:51 sur vous l'attention ou l'opprobre.
02:16:54 Jusqu'à aujourd'hui, M. le Président, Mme la rapporteure,
02:16:57 je me suis donc tué,
02:17:00 même si j'avais lu certains articles
02:17:03 qui prétendaient parfois me citer en m'attribuant des propos
02:17:06 que je n'avais pourtant jamais tenus,
02:17:09 et en prétendant au passage que j'avais reconnu mes fautes,
02:17:12 alors qu'ils n'en étaient rien.
02:17:15 Je me suis tué
02:17:18 parce que j'étais effaré,
02:17:21 profondément choqué de la violence et de l'injustice que je subissais.
02:17:24 Et sans doute plus encore
02:17:27 du mal qu'elle causait à mes proches
02:17:30 que j'aurais voulu protéger
02:17:33 contre autant de malveillance.
02:17:36 Alors je vous remercie.
02:17:39 Je vous remercie, M. le Président, Mme la rapporteure,
02:17:42 Mesdames, Messieurs les députés, je vous remercie,
02:17:45 même si j'ai bien conscience
02:17:48 que je n'ai pas le droit de vous remercier.
02:17:51 Je vous remercie, même si j'ai bien conscience
02:17:54 que ce n'était pas l'objet de ma convocation
02:17:57 de m'avoir permis, à l'occasion de cette audition,
02:18:00 d'être entendu pour la première fois.
02:18:03 Je ne sais pas si, en fin de compte,
02:18:06 vous vous souviendrez de ce moment.
02:18:09 Moi, en tout cas, je ne m'oublierai pas.
02:18:12 Merci.
02:18:16 Excusez-moi.
02:18:19 Je vous en prie, M. Mbarki.
02:18:22 Je vous remercie pour cette conclusion.
02:18:25 Comme président de cette commission,
02:18:28 je tiens à vous affirmer que l'objet de votre convocation
02:18:31 était de comprendre les faits
02:18:34 qui sont liés à l'objet de nos travaux.
02:18:37 Cette commission ne s'est jamais permise,
02:18:40 ne se permettra jamais, aucun de ces mots.
02:18:43 Une fois de plus, de remplacer la justice,
02:18:46 de remplacer les instances professionnelles
02:18:49 dont a évoqué le commissaire Brun,
02:18:52 de mettre en cause votre intégrité,
02:18:55 votre personnel ou votre parcours professionnel.
02:18:58 Nous essayons, dans la limite des pouvoirs
02:19:01 que nous attribue le Parlement,
02:19:04 de comprendre les faits coins connaître
02:19:07 que peuvent subir nos compatriotes.
02:19:10 Je vous en prie, je vous en prie,
02:19:13 de prendre en compte ces faits.
02:19:16 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:19 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:22 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:25 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:28 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:31 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:34 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:37 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:40 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:43 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:46 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:49 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:52 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:55 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:19:58 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:20:01 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:20:04 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:20:07 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:20:10 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:20:13 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:20:16 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:20:19 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.
02:20:22 Je vous en prie, de prendre en compte ces faits.

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