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00:00 avec Olivier Dubois a aussi été libéré l'otage américain Jeffrey Walker,
00:04 un humanitaire chrétien qui venait en aide aux populations nomades du Niger.
00:08 Après son enlèvement, il avait été conduit au Mali.
00:10 Il a passé, lui, plus de cinq ans en détention dans cette zone désertique.
00:16 Avec nous, invité de ce journal, le journaliste Stanislas Poyer.
00:21 Bonjour, vous êtes correspondant à Niamey.
00:24 Vous avez été convoqué à l'aéroport par l'ambassade de France dans la journée
00:28 sans savoir que vous alliez assister à la libération d'Olivier Dubois.
00:32 Est-ce que vous pouvez nous raconter ?
00:35 Effectivement, on a reçu des appels de l'ambassade en fin de matinée.
00:40 On nous a annoncé qu'on nous a demandé de venir à l'aéroport de Niamey pour 13 heures.
00:49 On nous a dit que c'était confidentiel, on ne savait pas ce que c'était.
00:53 Mais on nous a promis que ça en valait la chandaille et qu'il fallait venir.
00:57 On est arrivé à l'aéroport de Niamey sans trop savoir ce qui allait se passer.
01:01 Après, on a commencé à s'en douter puisque le bruit commençait un peu à tourner.
01:07 On a eu la confirmation par l'ambassadeur de France au Niger quelques minutes avant
01:13 de pouvoir le constater à nos propres yeux quand on a vu Olivier Dubois
01:19 arriver dans le petit pavillon ministériel adjacent à l'aéroport.
01:24 Malgré ces deux ans de détention, il vous est apparu plutôt en bonne forme ?
01:29 Oui, il était effectivement en bonne forme.
01:31 Il était tout sourire, il avait vraiment l'œil qui scintillait.
01:35 On sentait qu'il était vraiment très heureux, très ému.
01:38 C'était assez émouvant d'ailleurs puisque parmi les journalistes qui couvraient sa libération,
01:44 il y avait plusieurs de ses anciens collègues et de ses amis qui étaient avec lui à Bamako
01:49 et qui travaillent aujourd'hui à Niamey.
01:51 Donc ils étaient là, c'était assez émouvant de les voir lâcher leur caméra pour l'enserrer
01:57 et lui souhaiter la bienvenue.
02:00 Olivier Dubois a bien sûr dit qu'il était fatigué, on le sentait un peu perdu parfois.
02:06 C'était quand il a vu tout le parterre des micros posés sur la table
02:09 alors qu'il devait prendre la parole.
02:11 Il a un petit peu paniqué en disant "mais c'est impressionnant tous ces micros,
02:15 moi je suis plutôt de l'autre côté d'habitude".
02:17 Mais voilà, il a su, dans ce discours, on sentait vraiment une très grande joie,
02:23 un très grand soulagement et puis surtout une impatience de retrouver sa famille.
02:28 On l'a rappelé à l'instant, Olivier Dubois a été enlevé
02:31 alors qu'il devait réaliser l'interview d'un chef djihadiste.
02:34 C'est un risque que les journalistes au Sahel, dans votre zone, ont en tête en permanence ?
02:42 Le risque d'enlèvement ?
02:43 Le risque d'enlèvement, oui.
02:46 C'est sûr que quand on travaille au Sahel, c'est un risque important.
02:51 Alors, il faut faire attention.
02:54 Évidemment, on prend beaucoup de précautions quand on se déplace.
03:01 Et Olivier Dubois, je suis sûr, quand il s'est déplacé,
03:04 il avait pris les précautions possibles avant de se rendre à Gao.
03:09 C'est un risque, on sait qu'il est présent.
03:11 Moi, j'habite à Niamhé, donc je n'ai pas été journaliste au Mali.
03:15 Mais ce qui est certain, c'est qu'on ne sort pas de la capitale comme ça.
03:19 Il y a des checkpoints qui empêchent les journalistes étrangers de sortir,
03:24 en tout cas les populations considérées à risque ou susceptibles d'être enlevées,
03:29 donc principalement les occidentaux.
03:32 Donc ça c'est sûr, c'est que les mouvements dans cette région sont extrêmement contraints
03:37 du fait du risque d'enlèvement.
03:38 On ne peut pas aller partout.
03:40 Et quand on va dans des zones plus compliquées,
03:43 par exemple pour le Niger, la région du Tilaberi,
03:46 dans la zone des trois frontières, c'est-à-dire avec le Burkina Faso ou le Mali,
03:51 ce sont des déplacements rapides.
03:54 On reste, dire plus de quelques heures sur place.
03:57 On ne prévient pas quand est-ce qu'on part.
03:59 On ne publie rien sur les réseaux, évidemment, pendant qu'on est sur place.
04:02 On revient très vite, on ne voyage pas de nuit, on ne dort pas sur place.
04:07 Dans ces zones-là, c'est sûr que la pratique du journalisme, elle est possible,
04:12 mais elle est extrêmement contrainte.
04:14 Et donc évidemment, on peut le faire avec les moyens du bord
04:17 pour éviter évidemment les risques,
04:19 ou les minimiser en tout cas, parce que le risque est toujours là.
04:22 Oui, le risque est toujours là.
04:23 Et le risque terroriste, les attaques, les enlèvements,
04:27 se sont aggravés ces dernières années.
04:29 Ça a aussi complexifié le travail des journalistes dans la région,
04:34 cette menace qui s'aggrave ?
04:37 Une menace qui s'aggrave, évidemment, a complexifié,
04:40 puisque cette menace, elle empêche l'accès à de nombreuses zones.
04:46 Par exemple, au Burkina Faso, il y a aujourd'hui des villes qui sont sous blocus,
04:50 qui sont ravitaillées uniquement par hélicoptère des Nations Unies.
04:55 Donc, ce sont des zones où on ne peut clairement pas aller.
04:57 Les seules exigibles à pouvoir s'y rendre sont évidemment les travailleurs humanitaires
05:01 dont la présence est absolument nécessaire sur place.
05:04 Donc, il y a effectivement des zones aujourd'hui au Sahel où on ne peut vraiment pas aller.
05:08 Et donc, évidemment, la couverture de la zone en patine.
05:12 Évidemment, l'autre risque qu'il y a, malheureusement, c'est aussi certains gouvernements en place.
05:21 Aujourd'hui, quand vous êtes au Mali, c'est très difficile de travailler
05:23 quand vous êtes journaliste, d'être en survie des journalistes français,
05:26 parce que les relations diplomatiques entre les deux pays sont extrêmement dégradées.
05:29 D'ailleurs, la plupart des journalistes qui étaient auparavant à Bamako
05:32 sont partis et certains sont devenus à Niamey,
05:35 où c'est plus facile de travailler, où on peut travailler en tout cas.
05:38 Donc, la contrainte d'accès et de travail est double,
05:43 à la fois du fait de la menace djihadiste sur une très grande partie du territoire.
05:49 Je crois qu'au Burkina Faso, on considère que 40% du territoire n'est pas accessible.
05:56 C'est énorme.
05:58 Et de l'autre côté, il y a une contrainte aussi qui est liée à certains gouvernements,
06:03 surtout au Mali, qui empêchent l'accréditation de journalistes et qui empêchent les déplacements.
06:09 Merci beaucoup, Stanislas Poyer, d'avoir été avec nous ce soir.