Gilbert est un ancien SDF devenu cireur dans le XIIIe arrondissement de Paris, à l’endroit même où il faisait la manche. Pour neo, il raconte comment il a réussi à s’en sortir.
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00:00 Il n'y a pas de comparaison entre un riche et un pauvre
00:02 parce que pour moi tout le monde est égaux.
00:04 Qu'est-ce que vous en pensez ?
00:05 - C'est ça que je veux.
00:07 Je suis un des premiers en étant SDF
00:12 qui a créé les 100 propres encoins en fait.
00:14 C'est fait par un maître sireur, mais un vrai.
00:18 Les services sociaux s'interrogent jusqu'à aujourd'hui
00:22 comment j'ai fait.
00:23 Moi je suis auto-hydate, je ne sais pas lire,
00:26 je ne sais pas écrire, je fais toute tête.
00:29 - Un sireur de pauvre, il a dû aller loin.
00:32 - Ça je ne sais pas par contre.
00:35 Là, comme on est dans la rue, on se sent délacé en fait.
00:39 Donc on fait tout pour essayer de remonter.
00:44 Donc j'ai créé ça pour que les autres puissent faire pareil.
00:48 Bonjour, je me présente, je m'appelle Gilbert.
00:50 Je vous présente mon petit métier.
00:53 Les gros pots c'est un spécial renommateur de nourriture pour cuire.
00:58 À la cire d'abeille naturelle.
01:00 Après vous avez les cires à la cire d'abeille naturelle toujours.
01:05 Ensuite vous avez les blaireaux.
01:07 J'en mange pendant X temps pour acheter les produits.
01:11 C'est un budget énorme, qu'il fallait que je fasse absolument.
01:16 J'y suis arrivé, mais j'ai quand même mis un an.
01:20 Je faisais un client par jour à l'époque,
01:23 et j'ai cru que je n'allais jamais y arriver.
01:25 Et après j'ai eu l'idée, une idée énorme, tout bête.
01:32 Quatre paires emmenées, une paire offerte.
01:35 Et là j'ai eu des gens qui m'ont mis des sacs.
01:38 Le cirage est à neuf, c'est 7€.
01:42 Pour les SDF je fais la même chose, mais c'est gratuit.
01:46 Pour qu'ils puissent passer partout.
01:48 Parce que les gens, comme ils rentrent dans une épicerie,
01:52 les gens regardent les chaussures et les vêtements.
01:57 Ils ne veulent pas de clients qui ont très peu d'argent.
02:00 - Vous quand vous étiez SDF, vous jugez sur les chaussures, sur les tas ?
02:04 - Beaucoup, oui.
02:05 - Et comment vous le sentiez ? Comment ça se passait ?
02:07 - Je ne sais pas comment expliquer, mais c'est quand il vous rejette.
02:18 La rue, c'est un pliot, il ne peut pas s'expliquer en fait.
02:26 Moi à l'époque, je faisais la manche au tapis.
02:30 C'est une personne qui reste toujours assise avec une pancarte.
02:34 - Vous faisiez la manche ici aussi ? - Oui.
02:36 - À cette place-là ? - À cette place-là.
02:37 En faisant la manche, je disais que je vais faire un métier ici même.
02:42 Ils ne me croyaient pas.
02:44 Et comme ils ont vu que j'avais ma boîte à chaussures,
02:47 la manche à pieds, ils ont été dégoûtés.
02:51 Mais ça n'arrête plus ces gens-là.
02:52 Aujourd'hui, j'ai un terrain en Seine-et-Marne,
02:56 avec un mobilhone en forme de chalet.
03:02 Oui, parce que je suis au bord de l'eau.
03:05 J'ai 400 mètres de terrain autour.
03:07 Je rentre, je sors, je fais du grillage.
03:13 Je peux faire la fête toute la nuit, personne ne m'entend.
03:17 Et voilà.
03:21 Ça vous plaît, monsieur ?
03:22 J'ai appris tout seul.
03:24 J'ai commencé à cirer, j'étais enfant.
03:26 Je ne savais pas que je pouvais en faire un métier, en fait.
03:29 Ça a complètement disparu, oui.
03:32 Ça a été rayé de la carte de France.
03:34 Et moi, je l'ai remis en route, déclaré en 99.
03:39 À l'ancien temps, il n'y avait pas de contrefaçon.
03:43 Soit tu te faisais bien, soit tu te faisais mal.
03:46 Et si tu te faisais mal, les anciens, ils te le disaient.
03:50 Jusqu'à aujourd'hui, personne ne te dit rien.
03:54 Si c'est mal, ils vont dire que c'est bien.
03:56 Tu ne peux pas faire la différence, en fait.
03:58 La cireur, son rôle, c'est d'aider les gens qui en ont besoin.
04:01 Je suis très proche des gens.
04:03 Il y a des gens qui s'arrêtent uniquement
04:06 parce qu'ils ont des moments de capar.
04:09 Donc ils s'arrêtent, ils discutent avec moi.
04:11 Il y en a d'autres, ils sont dépressifs.
04:13 Ils discutent, ils se reposent, ils fument leur cigarette.
04:18 C'est comme à l'ancien temps, en fait.
04:21 C'est comme un client qui voit sa paire de chaussures à l'abri
04:25 et qui repart avec une chaussure neuve.
04:28 Il a le sourire, je suis très content.
04:31 C'est l'essentiel de tout.
04:33 C'est pour ça que moi, je donne ma vie au peuple.
04:35 Je l'ai toujours fait et je le ferai tout le temps.
04:37 ♪ ♪ ♪
04:39 [Générique de fin]
04:41 Merci.