Le vice-président de la FNSEA Joël Limouzin, sur l'installation de méga-bassines : «Selon le territoire, on ne peut pas raisonner le stockage de l’eau de la même manière. Il faut qu’on dépassionne les débats, de façon à ce qu’on soit dans une approche collégiale.»
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00:00 Effectivement, on a eu des attaques qui ont été faites sur le département.
00:04 Et c'est surtout mes collègues des Deux-Serres où vraiment je veux apporter tout mon soutien,
00:09 parce qu'ils sont fortement mobilisés au travers de Denis Mousseau, Thierry Boudot,
00:13 président de la coopérative de l'eau.
00:15 Et je tempérerai ce qui a été dit à l'instant.
00:18 Effectivement, ce sont des investissements importants, collectifs en tant que tels.
00:23 Et on est avec un changement climatique fondamental, déjà depuis quelques années,
00:29 que les agriculteurs ont adapté leur dispositif de production,
00:32 mais que selon les territoires, on ne peut pas raisonner ce stockage de l'eau de la même manière.
00:39 On a le secteur de la Beauce où on est avec des grandes réserves nappes phréatiques,
00:45 qui sont bien en sous-sol, mais qui se remplissent très doucement et qui baissent très lentement,
00:52 mais aussi elles se remontent très lentement.
00:55 Par contre, nous sommes sur un territoire autour du Marais-Poix-de-Fins,
00:59 qui est un territoire où on a des réserves qui sont très réactives lorsqu'il y a des pluies.
01:05 Et souvent, du fait de la proximité de la mer, dès que ces nappes sont pleines,
01:11 elles débordent et elles vont à la mer.
01:13 Le principe...
01:14 Pourquoi ? Comment expliquez-vous le fait que certains agriculteurs, comme vous,
01:18 défendent ces projets et d'autres les attaquent ?
01:21 Et manifestent aujourd'hui du côté de Sainte-Solide et dans les Deux-Sèvres.
01:25 Il y a une vraie opposition en plus ?
01:27 Il y a une opposition, mais l'eau est un bien commun.
01:31 Et il n'est pas question pour nous d'avoir un accaparement par le secteur agricole.
01:36 L'idée, c'est de pouvoir avoir de l'eau en disponibilité en période estivale
01:42 et de profiter lorsque les nappes sont pleines.
01:45 Et je dis bien lorsqu'elles sont pleines, et exclusivement là-dessus.
01:49 Et tous les secteurs qui ont un recul de 15 ans,
01:54 eh bien, on a réussi à remonter les niveaux des nappes de 2 mètres en période d'été.
01:59 Je veux que vous reteniez ce chiffre-là.
02:02 Nous avons obtenu une augmentation des niveaux des nappes de 2 mètres
02:06 en période de manque d'eau, en période estivale.
02:10 Parce qu'on a pu capter cette eau en période de haute eau, notamment l'hiver,
02:16 mais même si on a eu un hiver sec, 2022-23,
02:22 eh bien, le remplissage a pu se faire qu'à partir de décembre.
02:26 Et nous avons un suivi très rigoureux avec l'administration,
02:30 ce n'est pas que la profession toute seule, c'est bien avec l'administration,
02:33 pour garder l'équilibre entre la biodiversité, l'enjeu de l'eau potable
02:39 et l'eau pour préserver notre souveraineté alimentaire.
02:42 Et il faut qu'on dépassionne les débats,
02:45 de façon à ce qu'on soit dans une approche collégiale
02:48 et que cette eau est un bien rare,
02:50 avec un enjeu climatique qui a complètement bouleversé.
02:53 Il ne tombe pas moins doux qu'avant, mais de plus en plus mal réparti.
02:57 Et l'enjeu que nous devons collectivement avoir en tête,
03:01 c'est de se dire, lorsqu'elle tombe, est-ce qu'on est en capacité de la stocker ?
03:05 Et de la stocker de façon parcimonieuse et surtout de l'adapter à des territoires.
03:12 Soit c'est des retenues collinaires lorsqu'on a des vallées,
03:15 soit c'est des réserves de substitution lorsqu'on est sur du calcaire
03:19 et avec des nappes en sous-sol et des nappes qui réagissent avec la pluviométrie,
03:24 ou alors on est avec des rivières.
03:27 Mais une chose est certaine, que l'agriculture devra engager,
03:31 et nous sommes favorables aujourd'hui,
03:33 c'est d'avoir une déconnexion des prélèvements dans le milieu en période d'été.
03:38 Et on sait qu'on est enclenché dans ce système-là
03:42 si on veut être sûr d'avoir de l'eau dans les rivières.
03:46 Et si on avait ces stockages d'eau suffisamment répartis sur tous les territoires,
03:51 on pourrait éviter les assèques des rivières en laissant partir
03:55 avec un protocole qui pourrait être négocié avec l'État,
03:59 les collectivités et la profession pour laisser partir de l'eau
04:03 qui pourrait être stockée en période hivernale
04:05 et de pouvoir maintenir des niveaux d'eau dans les rivières
04:08 et qui permettraient de maintenir la biodiversité et de l'eau pour la pêche.
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