Fin de vie: «Il faut maintenir l’interdit fondamental de donner la mort pour des raisons médicales»

  • l’année dernière
La mission d’information du Sénat sur l’évolution de la législation relative à la fin de vie organisait ce mercredi une table ronde de philosophes dans la perspective de l’examen d’un projet de loi en ce sens.
extrait de l'intervention: Bernard-Marie Dupont, médecin, juriste, professeur d'éthique médicale

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Transcript
00:00 dans nos hôpitaux, dans nos domiciles, dans nos territoires.
00:03 Je suis un homme de la province.
00:04 La difficulté à se faire soigner, à trouver des structures,
00:07 à trouver des médecins, à trouver des hôpitaux dignes de ce nom.
00:10 Qu'est-ce qui va se passer demain avec nos personnes âgées ?
00:13 Il y a déjà beaucoup de situations où on en fait quoi ?
00:17 Un certain nombre de camarades de ma promotion,
00:19 moi je suis hématologue, qui sont gériates, me disent
00:21 pourquoi tu t'embêtes, pourtant ils ne sont pas des voyous,
00:24 j'espère, pourquoi tu t'embêtes à défendre,
00:27 à empêcher une légalisation ?
00:29 Il y a un candidat pour...
00:31 Il y a un lit plutôt pour dix candidats.
00:34 Ça fera toujours un peu de place.
00:37 Donc, mon problème à moi en tant que médecin,
00:39 c'est que demain, je sais qu'aujourd'hui d'ailleurs,
00:42 il est, en dépit de la loi Leonetti,
00:44 il est extrêmement facile de faire disparaître quelqu'un
00:47 sans lui-même lui avoir demandé son avis.
00:50 C'est extrêmement facile, et je vous mets au défi
00:53 de m'emmener devant les tribunaux
00:56 et de prouver que ce que j'ai fait était...
00:58 Alors, non pas un acte d'euthanasie,
01:00 puisque de toute façon, le patient, parfois,
01:02 n'a pas demandé. Mais alors quoi ?
01:04 Il n'y a pas d'incrimination pénale spécifique pour l'euthanasie,
01:08 c'est-à-dire un meurtre, un assassinat, un crime,
01:11 bon, ça, il faudrait voir la notion d'intention, etc.
01:14 Mais en tout cas, c'est extrêmement facile.
01:17 Et ma crainte à moi, c'est que demain,
01:20 si on légalise, c'est le principe de mai 68,
01:23 à partir du moment où tout est autorisé,
01:25 il n'y a plus d'interdit.
01:26 Et ce qui me semble beaucoup plus fort,
01:30 ce qui me semblerait plus fort,
01:31 c'est ce qu'avait dit le CCNE dans l'avis 63 de janvier 2000,
01:36 qui, à mon sens, alors on n'est pas tous d'accord là-dessus,
01:39 était déjà un aboutissement,
01:41 maintenir l'interdit fondamental du "donner la mort
01:45 pour des raisons médicales", mais envisager...
01:48 Alors, le CCNE nous encourageait à le penser,
01:52 une structure qui permettrait d'envisager les exceptions.
01:56 Mais par principe, une exception reste une exception.
01:58 Et je peux vous garantir que, sur toute ma pratique médicale,
02:01 je ne sais pas si je l'ai dit, j'ai oublié de le dire,
02:02 je crois, je peux dire réellement que j'ai vu deux cas,
02:05 dont un aujourd'hui aurait disparu,
02:07 de personnes qui réellement pouvaient demander
02:11 légitimement l'euthanasie.
02:13 Pour moi, Androïd, je terminerai là-dessus,
02:16 l'exception confirme la règle,
02:18 mais on ne base pas une règle sur une exception.
02:22 Et je répondrai à madame Cantos-Perbert,
02:27 avec laquelle je suis souvent d'accord,
02:29 que je suis en désaccord sur un point.
02:32 L'autonomie n'est pas l'indépendance.
02:34 Le droit est un principe d'obligation qui englage
02:36 les deux parties.
02:37 Dire "c'est ma liberté fondamentale de dire
02:40 je veux mourir", oui, je peux le dire.
02:42 Mais par contre, ma demande, mon choix,
02:46 il engage aussi la partie adverse, il engage l'équipe soignante.
02:49 C'est-à-dire que je ne suis pas indépendant.
02:51 Je ne fais pas ce que je veux.
02:52 Ça, je le crois à 10, 12 ans, 15 ans.
02:54 Oui, je vais faire ce que je veux.
02:55 Non, je ne fais pas ce que je veux.
02:57 Je suis inscrit dans une histoire,
02:59 dans une temporalité, tout ce que vous voulez,
03:01 qui fait que je suis un sujet autonome,
03:03 c'est-à-dire en lien avec les uns avec les autres.
03:05 Il n'y a pas de droit à sens unique.
03:07 Alors, il y a des droits de la mort.
03:08 Je ne pense pas qu'il y ait un droit à la mort.
03:10 Et je ne pense surtout pas, dé-médicalisons la mort,
03:13 s'il vous plaît, je ne pense surtout pas qu'il y ait
03:15 un droit d'exiger de nous soignants qu'on donne la mort
03:18 parce qu'on aurait décidé de mourir.
03:20 J'ai terminé, Madame la Présidente.
03:22 [Musique]

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