Réforme des retraites : comment sortir de l'impasse ?

  • l’année dernière

Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent de la rencontre proposée par la première ministre aux syndicats pour discuter des futures réformes alors que ces derniers ne veulent discuter que de la réforme des retraites.
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Transcript
00:00 se poser la question de cet impasse dans laquelle se trouve l'exécutif avec cette réforme des retraites qui reste extrêmement contestée dans la rue.
00:06 Prochaine mobilisation le 6 avril. Le conseil constitutionnel, vous le savez, va rendre sa décision le 14 avril. D'ici là, y a-t-il une issue
00:14 possible pour les syndicats et le gouvernement ? Réponse avec Sofia Dollé.
00:17 Avec plus de 2 millions de manifestants dans les rues de France selon les syndicats et plus de
00:24 440 000 selon les autorités, cette dixième journée de mobilisation hier fut un succès pour les opposants à la réforme des retraites,
00:30 malgré des heurts dans les cortèges de plusieurs villes.
00:33 Pour maintenir la pression, les syndicats ont annoncé la poursuite de blocages localisés et une prochaine journée de mobilisation le 6 avril prochain.
00:41 Et ce, malgré l'invitation d'Elisabeth Borne en début de semaine prochaine, la première ministre appelle à apaiser les tensions.
00:48 Ma conviction aujourd'hui,
00:50 c'est qu'il ne faut pas chercher à renforcer les craintes, qu'il ne faut pas chercher à attiser les colères.
00:56 Aujourd'hui, il faut apaiser le pays en rassemblant les bonnes volontés,
01:01 toutes celles et ceux au-delà des clivages qui sont prêts à trouver des solutions.
01:06 Mais pour le secrétaire général de la CFDT Laurent Berger et Luc Farré, le secrétaire général de l'UNSA fonction publique,
01:13 ce rendez-vous ne se fera qu'à une condition.
01:16 Si on me dit "vous ne pouvez pas en parler", ils sortiront de la salle ou alors on partira.
01:21 Mais on va parler des 64 ans, on va parler de ce qui se passe aujourd'hui dans notre pays.
01:25 Si nous parlons bien recul de l'âge légal de 62 à 64 ans et que l'on retire cet âge légal
01:32 et que nous mettions en suspension cette réforme, alors oui l'UNSA pourra participer,
01:39 mais ça se décidera avec l'intersyndical.
01:43 Syndicats et gouvernements ont également les yeux tournés vers le Conseil constitutionnel.
01:47 Les sages rendront leur avis sur la constitutionnalité de la réforme des retraites le 14 avril prochain.
01:54 - Florian Tardif, est-ce qu'il y a une façon de sortir de l'impasse ou pas ?
01:57 Parce qu'on a l'impression d'un dialogue de sourds et de pompiers pyromanes d'un côté
02:01 et d'autres qui disent "tant qu'ils ne retirent pas les 64 ans, nous ça ne bougera pas".
02:04 - Enfin Laurence, on a l'impression de revoir, de répéter finalement le scénario
02:10 qui s'est d'ores et déjà déroulé il y a quelques mois.
02:13 J'ai envie de dire tout ça pour ça.
02:15 Ces journées de mobilisation, cette impasse dans laquelle se trouve actuellement l'exécutif
02:21 pour finalement se retrouver la semaine prochaine avec des syndicats invités à Matignon
02:27 pour discuter du travail et des syndicats qui veulent discuter retraite
02:31 et qui veulent discuter notamment du recul de l'âge légal de départ à la retraite de 62 à 64 ans.
02:36 C'est également la situation dans laquelle nous étions il y a de cela plusieurs mois maintenant.
02:43 Donc on voit bien qu'effectivement l'exécutif est dans une impasse.
02:46 Il tend la main aujourd'hui, mais il y a de nombreux inconnus.
02:50 Quand est-ce que va se dérouler ce rendez-vous ?
02:52 On ne sait pas vraiment. Avec qui ?
02:54 On ne sait pas vraiment non plus puisque Laurent Berger dit qu'il est prêt à aller à Matignon
02:59 si et seulement si on discute de la réforme des retraites.
03:02 Sauf que l'exécutif ne veut pas parler de la réforme des retraites,
03:05 il veut engager un débat beaucoup plus important sur le travail,
03:08 la valorisation du travail notamment pour tenter de tourner la page.
03:12 Sauf que les syndicats ne veulent pas tourner la page.
03:14 Donc effectivement on est dans une impasse et pour l'heure,
03:17 c'est ce qu'on estime en tout cas dans l'entourage du président de la République,
03:20 on n'a aucune idée de comment sortir de la crise.
03:22 Yann Bastiat, vous êtes policier. Les policiers redoutent les prochaines mobilisations ?
03:27 Comme toutes celles qui se sont déroulées les deux dernières semaines bien sûr.
03:32 Si ça ne s'apaise pas comme vient de le demander Madame la Première ministre,
03:37 on aura le même scénario qui se remettra en place dans les rues parisiennes, mais pas que.
03:44 On voit que sur les territoires, on a vu Nantes hier, Saint-Nazaire, Rennes, Bordeaux,
03:48 Lyon aussi avec des dégradations assez importantes bien entendu.
03:53 Et puis les unités de force mobile payent un lourd tribut,
03:58 aussi bien physiquement que moralement.
04:00 Donc oui, bien sûr, dans nos rangs, on commence à craindre cette succession
04:05 de manifestations qui dégénèrent systématiquement.
04:07 Geoffroy Lejeune, une impasse, comment on peut sortir d'impasse ?
04:10 Il y a une solution miracle ou pas ?
04:11 En fait, il y a deux choses.
04:12 Florian racontait les manières pour s'en sortir vis-à-vis du texte.
04:16 Et en fait, le texte est une chose.
04:17 Peut-être d'ailleurs que ce texte sera adopté à la fin, je n'en sais rien.
04:20 Mais moi, il me semble que ça fait très, très, très longtemps
04:22 que le problème dépasse de très loin le seul texte de la réforme des retraites,
04:26 le projet de loi rectificatif pour la réforme des retraites
04:30 et que même ça a agrégé beaucoup, beaucoup d'autres colères
04:32 et que le problème est d'une toute autre nature.
04:34 Et à cette zone-là, j'aimerais juste faire un commentaire.
04:36 Je vois bien la manière dont le gouvernement, vous savez,
04:39 a mis son costume martial depuis les événements de Saint-Sauline.
04:43 Et maintenant, on entend les ministres,
04:45 la plupart étaient aux abonnés absents pendant quand même assez longtemps.
04:47 Ils se sont beaucoup planqués
04:49 parce que cette réforme a été compliquée à défendre.
04:51 Ils ont annulé les déplacements.
04:52 Il y a eu une séquence un peu compliquée.
04:53 Ils ont aussi annulé les déplacements parce qu'il n'y avait pas assez
04:54 de forces de l'ordre pour les protéger et qu'ils étaient mobilisés ailleurs.
04:57 Il y avait un petit climat de discrétion, disons, pour être gentil.
05:02 Et là, tout à coup, tout le monde retrouve la parole
05:04 pour expliquer à quel point c'est scandaleux.
05:05 Et en effet, on va se servir de mille personnes
05:07 qui sont certes des personnes, comment dire, extrêmement dangereuses, graves.
05:10 Et si on pouvait s'en débarrasser, ça irait beaucoup mieux.
05:13 Mais la focale politique a été mise uniquement là-dessus.
05:16 Ils ont retrouvé de la voix.
05:17 Et moi, je m'en amuse un peu, même si c'est un peu triste.
05:20 Si vous voulez, je vois revenir le coup des Gilets jaunes,
05:22 ce qui a été fait au moment des Gilets jaunes,
05:23 c'est-à-dire une crise politique assez grave,
05:25 même une crise, comment dire, de la société tout entière,
05:28 avec un affrontement qui avait couvé pendant des décennies
05:33 et qui tout à coup s'exprimait.
05:34 Et je pense qu'on vit quelque chose un peu de même nature aujourd'hui,
05:37 qui a été réglé comme un problème de maintien de l'ordre.
05:39 Et ça n'était pas du tout qu'un problème de maintien de l'ordre.
05:41 Et je pense que c'est ce qu'ils sont en train de tenter aujourd'hui.
05:42 Alors, la problématique de maintien de l'ordre, elle est essentielle, évidemment.
05:45 Bien sûr, on en a beaucoup parlé tout à l'heure.
05:47 Mais je pense que politiquement, c'est une erreur.
05:49 En tout cas, c'est un chiffon un peu facile à agiter.
05:51 Un petit mot, Karim Zarabi ?
05:52 On est face à un jeu de dupes, moi, qui me stupéfait.
05:54 On a une première ministre qui ouvre la porte à l'intersyndicale,
05:57 porte qui était fermée jusqu'à présent.
05:59 Cette porte, elle s'ouvre sans ordre du jour.
06:01 On ne sait pas de quoi ils vont parler.
06:03 Elle nous parle d'apaisement,
06:05 mais apaiser à partir de quoi ?
06:08 En parlant de quoi ? On ne le sait pas.
06:09 Laurent Berger dit "je suis prêt à y aller",
06:12 mais il ne connaît pas l'ordre du jour.
06:13 Or, s'il rentre dans la pièce, il va dire
06:15 "est-ce que les 64 ans sont à l'ordre du jour ?"
06:17 Non, ils ne sont pas à l'ordre du jour.
06:17 Il va tourner les talons, ils vont repartir.
06:19 Ça n'a ni queue ni tête ce à quoi nous sommes confrontés.
06:23 Si c'est comme ça qu'on compte apaiser la situation dans le pays,
06:27 je ne sais pas comment on va y parvenir.
06:31 J'ai l'impression, moi, que c'est le dernier coup de poker d'Elisabeth Borne.
06:35 Elle n'a plus aucune carte dans sa botte.
06:38 Et là, elle se dit "je vais les attirer vers moi,
06:42 je vais essayer de briser l'intersyndicale."
06:43 Un Laurent Berger que je vais essayer de détacher des autres,
06:46 d'autant qu'il y a un congrès de la CGT,
06:48 ou peut-être que c'est la frange dure et qu'il va l'emporter.
06:50 Parce qu'il faut voir ce que prend Martinez dans le cadre de ce congrès
06:53 qui se déroule à Clermont-Ferrand.
06:54 Il prend cher.
06:56 On lui explique qu'il a dit "oui" à la médiation,
06:58 mais à partir de quoi ? De quel mandat ?
07:00 Les travailleurs ne sont pas d'accord ?
07:02 Sa gestion, son rapport n'a pas été validé.
07:06 La CGT va sortir de ce congrès avec une ligne quand même assez dure.
07:10 Moi, je pense que c'est la dernière carte d'Elisabeth Borne,
07:12 mais sans projet, sans vision, sans cap.
07:15 Elle essaye de sauver sa tête.
07:17 Ni plus ni moins.
07:18 Petite pause, je vous passe la parole juste après Jean-Sébastien Huchet.
07:20 Vous avez beaucoup de choses à nous dire sur la réforme des retraites.
07:22 On verra aussi ce qui s'est passé à Lyon.
07:24 Les commerçants sont désespérés avec toute la casse
07:27 qui s'est produite lors des dernières manifestations.
07:29 A tout de suite dans Punchline, sur CNews et sur Europe.

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