Depuis plusieurs mois, les sélections marocaines et algériennes parviennent à convaincre de plus en plus de binationaux et de plus en plus jeunes de venir les rejoindre. Analyse du phénomène dans l'After Foot.
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00:00 sujet, comment l'Algérie et le Maroc arrivent à séduire de plus en plus jeunes les binationaux ? Hamza, tu vas nous en parler, nous devrons quelques
00:06 explications. Je rappelle par exemple la liste spectaculaire des dernières semaines concernant l'Algérie pour démarrer. Je parle de joueurs nés en France,
00:12 Buanani de Nice, 18 ans, Ryan Aitnouri de Wolverhampton,
00:18 21 ans, qui rejoint l'Algérie, Jawed Hadjam de Nantes, 20 ans, Fares Shaibi,
00:22 également qui rejoint l'Algérie, du ESE Bastia, 20 ans, Oussama War, évidemment, 24 ans. On en parlait il y a quelques jours dans l'after.
00:29 D'ailleurs, selon les infos de nos confrères algériens,
00:31 Belmady avance également sur le dossier Amine Gouiri. C'est pas fait. Il est très bien avancé le dossier.
00:37 Exactement, il est très bien avancé. Pour Cherky, c'est beaucoup moins avancé visiblement, même si on a une intention
00:41 de l'attirer vers la sélection algérienne. Disons qu'il y a un championnat d'Europe et sport qui se profile pour certains de ses joueurs, notamment
00:48 Amine Gouiri, et que derrière, potentiellement, il pourrait y avoir un changement. Bon, Shaibi, c'est Toulouse, est-ce qu'il y a le temps pour moi, messieurs ?
00:54 Bon, donc réaction déjà, Gouiri, qui a 23 ans, choisirait l'Algérie peut-être à terme.
01:00 Est-ce qu'il leur avait encore un espoir, peut-être, de caresser
01:04 une sélection ? - Je pense qu'il y a un véritable changement aujourd'hui dans les mentalités des joueurs qui peuvent être binationaux, et c'est un peu logique.
01:12 Moi, je me rappelle, quand j'ai commencé mon métier,
01:14 on me demandait d'essayer d'aller en Afrique, de trouver certains joueurs pour les faire venir.
01:18 Aujourd'hui, en fait, les joueurs qu'on a aujourd'hui dans le championnat de France, et même en équipe de France aujourd'hui,
01:24 ce sont souvent des enfants de parents qui sont venus de l'immigration.
01:27 Et donc, c'est notre héritage à nous. Donc, aujourd'hui, les clubs français n'ont quasiment plus besoin d'aller chercher de joueurs en Afrique.
01:34 Et donc, puisque aujourd'hui, c'est notre héritage, et Dieu sait qu'on a un
01:39 sacré bel héritage quand on voit notre équipe de France et quand on voit nos équipes nationales de jeunes.
01:44 Donc, après, il y a peut-être un moment, une certaine volonté de réussir dans l'équipe nationale,
01:51 peut-être qui appartient à certaines origines. Et je pense que
01:56 l'émancipation du Maroc aujourd'hui dans les différentes compétitions,
02:00 et on l'a vu encore dans les différents matchs amicaux qu'il y a eu ce week-end,
02:04 fait que ça donne des idées à certains joueurs de dire "finalement, je vais peut-être aller dans mon équipe".
02:09 - Parce qu'on peut gagner avec le Maroc ou avec l'Algérie, comme l'Algérie fait en Afrique.
02:12 - Exactement, aujourd'hui. Donc, ça aussi, ça peut donner certaines idées.
02:16 - Mais c'est aussi, Hamza, un travail permanent de lobbying, presque, de Jamel Belmady pour la sélection algérienne.
02:21 - C'est vrai que Belmady, depuis qu'il est arrivé, il cherche à renforcer cette sélection, notamment par des binationaux.
02:27 Alors, il y a un double discours, parce qu'il y a le discours qu'il va tenir en public, où il dit
02:32 "moi, je n'ai pas à convaincre tel ou tel joueur de venir, ça doit venir de sa part".
02:36 Et puis, il y a ce qui se passe... - Ça, c'est le discours de Walid Régari.
02:39 - Et puis, il y a ce qui se passe en off, en tout cas pour Jamel Belmady, et c'est vrai que...
02:44 - Il a fait le K-1, par exemple. - Il l'a dit en conférence de presse, il y a quelques jours, avant le match face au Niger,
02:48 Haït Nouri et Oussem Awar, c'est un travail de quatre ans !
02:51 Quatre ans de discussion pour finalement les avoir aujourd'hui en sélection algérienne.
02:56 Et effectivement, tu en parlais tout à l'heure, Daniel, par rapport à Walid Régari,
03:00 c'est ce qu'il disait, notamment sur le cas de Brahim Dias, il n'a pas envie de forcer la main, le joueur c'est à lui de venir.
03:05 Je crois qu'il le disait dans l'after, le fait que le joueur doit faire lui-même le premier pas qui est cette intention sincère,
03:11 parce que le jour où il faudra jouer une Coupe du Monde, alors ce sera facile pour le joueur de se motiver,
03:16 mais le jour où il faudra aller jouer un match de calife au Botswana sous 45 degrés,
03:20 peut-être que la motivation à ce moment-là, elle sera moindre.
03:22 Donc effectivement, on le voit avec Walid Régari, c'est en train de se développer.
03:27 Et puis il y a cette fédération marocaine aussi qui a travaillé depuis de longues années en essayant de prendre des joueurs extrêmement jeunes,
03:35 un travail de détection très très important.
03:36 - La fédération algérienne, dans les 2005, dans les 2006, dans les 2004, dans les 2003,
03:43 la fédération, moi j'ai des jeunes joueurs, ils sont contactés par la fédération algérienne.
03:47 Et il y en a certains qui ont rejoint la sélection en U20, en U19 pour y aller.
03:51 - En se concentrant sur les talents le plus précoce, à l'âge de 14 ans.
03:54 - Sincèrement, je trouve ça tout à fait logique.
03:56 Moi je trouve que c'est vachement bien pour le football africain.
03:59 Et puis ça fait avancer aussi le football là-bas,
04:04 même si au Maroc, ils ont quand même une formation qui est plutôt pas mal avec l'académie qu'ils ont créée là-bas.
04:09 Walid, c'est mon ami puisque j'ai joué avec lui, on se connaît depuis 30 ans,
04:15 je l'ai vu cet après-midi encore au téléphone.
04:17 C'est vrai que Walid il force pas les choses, mais Walid c'est un exemple,
04:20 puisqu'il est allé lui aussi au Maroc, alors qu'il était un joueur,
04:25 pas un top joueur pour aller en équipe de France,
04:27 mais il a eu l'opportunité d'aller jouer au Maroc.
04:29 - Alors dans ses choix prématurés, ou prématurés en tout cas précoces,
04:31 plus qu'avant de certains joueurs binationaux,
04:34 je disais il est né en France de rejoindre la sélection algérienne par exemple,
04:37 en en parlant avec des confrères algériens, on me dit "mais nous on pense qu'il y a un effet Benzema".
04:40 Je m'explique, c'est un scott algérien.
04:44 - Tu vas loin parce que moi j'aurais aimé terminer déjà sur les thèmes d'avant,
04:46 et puis après on verra.
04:47 - Alors on va le faire dans un instant, vas-y.
04:49 - Là tu vas vite sur les différentes causes,
04:51 parce que pour moi, ce que vous évoquez depuis le début,
04:54 et les éléments qui conduisent de plus en plus de jeunes joueurs à choisir
04:58 le pays d'origine de leurs parents ou de leurs grands-parents,
05:02 c'est la conjonction de plein de choses différentes.
05:04 En tout cas moi, ce que je note aussi bien dans le discours de Belmadie,
05:08 que ce soit totalement vrai, mais c'est en tout cas en partie vrai,
05:12 et totalement vrai dans le discours de Walid Rehgranghi,
05:14 ce qu'il met en avant en premier,
05:16 et ce qu'il met également en premier en avant,
05:19 quand on parle avec des journalistes,
05:21 ça m'est arrivé récemment de répondre à une interview pour une radio tunisienne,
05:26 donc j'ai eu ce débat là-bas,
05:27 les Algériens sont un peu sur la même longueur de monde, les Marocains,
05:30 on met en avant l'attachement.
05:32 Venez parce que votre cœur vous guide.
05:35 Je trouve que c'est très bien de le faire comme ça,
05:38 mais qu'on n'ait pas honte de notre côté aussi,
05:42 de dire, si tu fais le choix de l'équipe de France,
05:44 que ce ne soit pas par opportunité,
05:46 que tu le fasses parce que tu as réellement envie de porter le maillot bleu,
05:50 et parce que tu te sens...
05:51 - Qu'on dise la même chose, que le cœur te porte vers le monde.
05:54 - C'est ce que je suis en train de te dire Stéphane.
05:55 Donc je ne vois pas pourquoi Algériens, Tunisiens, Marocains...
05:59 - Il ne faut pas avoir honte de faire la démarche.
06:02 - C'est exactement ce que je suis en train de te dire.
06:06 Eux, mettent ça en avant en premier dans leur discours,
06:09 si bien que Greg Bell m'a dit, faisons-le également.
06:12 Si tu optes pour l'équipe de France,
06:14 il faut que ce soit un choix du cœur et pas de l'opportunité.
06:17 Longtemps, ça l'a été,
06:20 et ça c'est le deuxième point qui fait qu'il y a une évolution dans les mentalités.
06:23 - Quelle opportunité par exemple, quand tu choisis la France ?
06:26 De remporter une Coupe du Monde ?
06:28 - La carrière...
06:29 - C'était plus valorisant également.
06:31 - Mais on a un des plus célèbres binationaux en équipe de France
06:35 qui a été champion du monde, qui est David Trezeguet.
06:37 - C'est vrai. - Absolument.
06:39 - C'est le meilleur exemple, nous aussi on en a bénéficié à un moment.
06:41 - Et qui n'avait pas grand-chose de français quand il fait le choix.
06:44 - Il est juste né en France. - Il parlait à peine français.
06:47 - Rappelez-vous du cas Gonzalo Higuaín.
06:50 - Il est né en Argentine, parce qu'il était né à Brest, on le rappelle.
06:54 Et Raymond Domènech à l'époque voulait le convoquer.
06:57 Alors qu'il ne parlait pas français, il n'a jamais mis les pieds en France.
06:59 - Et j'avoue que je comprends quand en Italie, le cas du jeune Argentin qui vient d'arriver pose problème.
07:04 Qu'est-ce que ça veut dire ? Pourquoi tu te sens italien, tu ne parles pas italien ?
07:09 Et je sais qu'en Algérie, il y a eu des problèmes là-dessus,
07:11 le mec ne parle pas arabe, il ne connaît pas l'hymne et tout.
07:13 Je sais qu'à un moment, c'était plus vers 2010 que ça avait posé problème.
07:16 - On devait comprendre qu'il y a des problèmes avec la Pologne comme ça aussi.
07:18 - Oui, mais moi je trouve que c'est tout à fait normal et on ne doit pas avoir honte
07:21 de demander à un joueur un attachement au moment de représenter l'équipe nationale.
07:25 - En fait, le critère sportif, il ne doit pas être déterminant.
07:29 C'est vrai que là, on est plutôt focalisé sur l'aspect joueur, mais aussi l'aspect fédération.
07:33 Et le travail des fédérations, justement... - J'allais y venir, j'allais y venir.
07:36 Donc après, il y a les autres éléments.
07:38 Il y a le travail de la fédération, parce que pendant longtemps,
07:41 il y a des joueurs africains qui rechignaient, et on peut les comprendre,
07:45 ils disaient "Qu'est-ce que je vais aller faire dans ma sélection africaine ?
07:48 C'est mal organisé, on joue sur des terrains de merde, il n'y a pas l'oseille."
07:53 Après tout, tu pouvais entendre ces arguments-là, qui fait que de toute façon,
07:56 il n'y avait pas de vraie carrière internationale à mener.
07:59 Les choses ont beaucoup évolué.
08:01 Regarder une canne pendant des années, c'était bien plus pénible qu'aujourd'hui.
08:04 C'est devenu un vrai spectacle, le niveau a augmenté, tu nous le dis à chaque fois.
08:08 - Oui, mais une contrepartie... - C'est mieux.
08:10 - Quand tu parles de ces joueurs-là, regarde aujourd'hui le Ghana, par exemple.
08:13 Le cas qui était très...
08:15 Moi, je le vivais très mal, c'est Kevin Prince-Boateng dans les années 2010.
08:19 Aujourd'hui, on a un nouveau cas.
08:21 Moi, ça m'a fait mal de le voir en sélection ghanaienne à la dernière Coupe du Monde,
08:23 c'est Inaki Williams.
08:25 C'est un joueur qui est très très jeune à performer avec Bilbao.
08:28 - Il a un des deux frères. - Il est en Espagne.
08:30 - Exactement. - Il est en Espagne.
08:31 - À l'âge de 18-19 ans, il commence à performer avec Bilbao.
08:33 Lui, tout au long de sa carrière, il dit "c'est l'Espagne ou rien".
08:36 À 28 ans, le Ghana se qualifie pour la Coupe du Monde,
08:38 il n'a aucun avenir avec l'Espagne.
08:40 Il fait le choix d'aller jouer avec l'Espagne.
08:42 - C'est le choix de l'opportunisme, bien sûr. - C'est extrêmement agaçant.
08:44 - Oui, bien sûr. - Effectivement, tu as Nico Williams.
08:47 Maintenant, on va parler du côté fédération.
08:48 Est-ce que la fédération espagnole ou Luis Enrique
08:50 aurait convoqué Nico Williams,
08:52 même s'il était performant avec Bilbao, pour la Coupe du Monde,
08:54 s'il n'avait pas cette double nationalité ?
08:56 - Mais tu sais que cette histoire d'attachement,
08:58 c'est à la base de tous nos débats de foot,
09:00 que ce soit pour le club,
09:01 que ce soit, et a fortiori, pour l'équipe nationale.
09:04 C'est ce qu'on aime dans le football, c'est l'identité.
09:07 Si tu te sens Parisien, tu ne vas pas jouer à l'OM,
09:09 tu te sens Milanais, tu ne joues pas...
09:10 Enfin, c'est le vieux débat du foot, on adore...
09:12 - Il ne faut pas renier ses origines ni sa culture.
09:14 - Absolument pas ! - Donc il ne faut pas en profiter non plus.
09:16 - Alors, on parle d'Amin Gouiri au départ.
09:20 Amin Gouiri, il a été en équipe de France, jeune.
09:22 - Mais tous les joueurs que j'ai visité sont passés en 18, 19...
09:27 - Mais si aujourd'hui, son cœur décide d'aller en Algérie, c'est très bien !
09:32 - Mais je suis absolument d'accord,
09:33 c'est qu'il ne faut absolument pas renier.
09:34 Et moi, dans tout ce débat, je le mets toujours en avant,
09:36 parce que le discours qui avait été, à mon sens,
09:39 dans ces dernières années, le plus intelligent,
09:40 c'était celui d'Abdou Diallo,
09:41 l'ancien joueur du PSG, pour le Sénégal.
09:44 Interview qui était nickel, qui avait dit,
09:46 moi, en plus, il l'avouait et sans honte,
09:49 et il n'y avait pas de honte à avoir,
09:51 j'ai bien vu que, de toute façon, j'avais deux cultures,
09:54 j'avais deux nationalités,
09:55 je me sentais autant français que Sénégalais,
09:57 peut-être même un petit peu plus français,
09:59 mais de toute façon,
10:00 je n'aurais pas pu faire carrière en équipe de France,
10:03 et dans ma vie, jouer une Coupe du Monde
10:05 ou avoir une carrière internationale,
10:07 c'est quelque chose que j'estimais bien pour moi.
10:10 Et cette expérience, le Sénégal pouvait me l'offrir.
10:12 - Il ne dit pas que ça.
10:13 - Mais j'aimais déjà bien cette partie-là du discours.
10:17 - Oui, mais effectivement, et c'est là où il ne faut pas être trop dur
10:19 avec les joueurs qui prennent le choix à 22, 23 ans,
10:22 de choisir la sélection africaine.
10:23 Je ne parle pas des Iñaki Williams qui, à 28 ans, décident,
10:25 mais je parle des autres.
10:27 C'est que Abdou Diallo, ce qu'il explique dans cette ITV au Sherman,
10:28 il dit que tout au long de sa jeune carrière,
10:30 il était en équipe de France U17, U18, U19, c'est clair.
10:34 Du coup, lui, il n'avait pas de vacances,
10:35 puisqu'il avait chaque année en été des compétitions internationales.
10:38 Conséquence, il ne connaissait pas... - Il ne connaissait pas le pays.
10:39 - Exactement. Et un jour, il devait disputer l'Euro-Espoir,
10:42 Sylvain Rippoll devait le convoquer,
10:44 et lui avait une intervention chirurgicale
10:48 qui devait l'empêcher de faire la prépa.
10:50 Sylvain Rippoll lui dit "si tu ne fais pas la prépa, tu ne viens pas à l'Euro".
10:52 Lui, il a pris la décision de se faire opérer.
10:55 Résultat, pas d'Euro-Espoir avec l'équipe de France,
10:57 il a pour la première fois de sa vie des vacances,
10:59 il va au Sénégal, il découvre le pays, le Sénégal,
11:01 et à ce moment-là... - Il s'entouche de sa famille,
11:04 ça le touche. - Exactement.
11:05 - Il veut défendre les couleurs du Sénégal.
11:06 - C'est très joli, tu as bien fait d'ajouter cette partie-là.
11:08 - On va faire une éthique, parce qu'il y a beaucoup de joueurs
11:09 qui ont joué avec leur sélection nationale,
11:12 donc de l'un de leurs deux pays,
11:14 sans avoir vu le deuxième pays.
11:17 Sous-titrage ST' 501
11:19 Merci à tous !