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Mathieu Bock-Côté propose un décryptage de l’actualité des deux côtés de l’Atlantique dans #FaceABockCote

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00:00 Il est 20h sur CNews, dans un instant c'est face à Bocoté, mais avant cela le point sur l'information avec Isabelle Piboulot.
00:06 Pour ou contre les trottinettes en libre-service à Paris ?
00:12 Une votation citoyenne est organisée demain à l'initiative d'Anne Hidalgo, introduite en 2018 dans la capitale.
00:19 Les trottinettes sont devenues un sujet de crispation.
00:22 Plus d'un million d'électeurs sont attendus pour trancher sur le destin de ces engins.
00:26 Les opérateurs parisiens, opposés à la mairie, ont annoncé la gratuité des trajets en trottinette électrique ce dimanche.
00:34 La fin du ticket de caisse papier entrera en vigueur le 1er août.
00:38 Une mesure qui découle de la loi anti-gaspillage, initialement prévue le 1er janvier, puis décalée au 1er avril.
00:45 Ce nouveau report doit permettre aux consommateurs de continuer à consulter les tickets de caisse,
00:50 considérés comme des repères en cette période d'inflation.
00:53 Et puis direction le Grand Prix d'Argentine.
00:56 Alex Marquez signe la première pole position de sa carrière en MotoGP.
01:01 Demain, le pilote espagnol s'élancera devant les Italiens Marco Bezzechi et Francesco Bagnaia.
01:07 De son côté, le français Fabio Quartararo ne partira que de la 10e place sur la grille.
01:12 Course à suivre dès 19h sur Canal+.
01:19 A la une de face à Bocoté, une partie de la gauche s'auto-proclame lanceur d'alerte.
01:23 Le chiffon rouge est agité et les étiquettes misent sur des littéraires ou intellectuels,
01:28 comme Sylvain Tesson, Michel Houellebecq ou encore Yann Moix.
01:31 Deux mots permettent de décrédibiliser leurs travaux, extrême droite, et suffisent à les condamner à la mort sociale.
01:37 Quand la gauche mondaine joue à la police littéraire, on en parle dans un instant.
01:41 A la une également, la vague migratoire continue de déferler en France.
01:44 Les chiffres sont implacables.
01:45 10% de la population française est immigrée et 30% si on remonte à trois générations.
01:50 Face à cette transformation démographique, deux options.
01:53 Comprendre le phénomène ou mettre des oeillères, faire comme si de rien n'était.
01:57 Pourquoi la réalité migratoire dérange ?
01:59 Élément de réponse dans cette émission.
02:01 Enfin Mathieu, vous recevez ce dimanche François Bousquet, écrivain, journaliste.
02:05 Vous allez revenir sur la contestation sociale contre la réforme des retraites, plus radicale désormais, moins coordonnée.
02:11 Un tournant similaire ou non au mouvement des gilets jaunes ?
02:14 Vous lui poserez la question.
02:16 Voilà le programme de Face à Bocque.
02:18 Côté cher Mathieu, bonsoir.
02:19 - Bonsoir.
02:20 - Ravi de vous retrouver.
02:21 Arthur de Vatrigan, bonsoir.
02:22 Vous êtes directeur de la rédaction de L'Incorrect, le nouveau numéro à découvrir mercredi dans vos kiosques.
02:28 Immigration analyse d'un naufrage français.
02:31 Et immigration, il sera question dans cette émission.
02:34 Mais commençons par cette gauche mondaine qui joue à la police littéraire.
02:37 C'est le grand sujet de conversation dans le milieu parisien ces jours-ci.
02:40 François Krug, un journaliste, vient de faire paraître Réaction française, enquête sur l'extrême droite littéraire.
02:46 Il y propose un portrait de trois écrivains, Michel Houellebecq, Yann Moix et Sylvain Tesson,
02:52 avec la volonté affichée de leur coller l'étiquette d'extrême droite.
02:56 Et c'est sur ce livre et ce qu'il représente que vous souhaitez vous pencher pour votre premier éditorial.
03:00 - Oui, parce que c'est un livre symptomatique, justement, de ce trait psychologique, de cet état d'esprit, de cette mentalité,
03:07 d'une partie du journalisme culturel ou politique à gauche,
03:11 qui consiste en fait à toujours traquer sur le mode du dérapage et au nom de la vigilance,
03:18 ceux qui, d'une manière ou de l'autre, ne pensent pas correctement
03:21 ou qui sont soupçonnés de ne pas penser correctement.
03:25 Il y a une vingtaine d'années, Daniel Lindenberg avait fait un livre qui avait connu un grand écho,
03:29 le rappel à l'ordre, où il s'était véritablement comporté comme un contrôleur de la circulation idéologique
03:35 en donnant les étiquettes « bon, lui, il est bien, lui, il est mauvais, lui, il est bien, là, lui, contravention. »
03:40 Et là, vous savez, la liste, l'inflation dans les contraventions.
03:43 Vous êtes d'abord controversé, ensuite, sulfureux, ensuite, vous dérapez,
03:47 ensuite, vous êtes franchement à très à droite, trop à l'extrême droite, fasciste, ainsi de suite,
03:51 puis les pires heures de notre temps, les souvenirs, on connaît ça par cœur.
03:54 Et là, on est dans la même logique avec le livre de François Krug, donc « Réaction française, enquête sur l'extrême droite littéraire ».
04:01 On fait le portrait de trois hommes qui ont assez peu à voir, soyons honnêtes, et j'y reviendrai.
04:05 D'un côté, Sylvain Tesson, l'écrivain aventurier, grand écrivain qu'on a déjà reçu ici, d'ailleurs,
04:11 grand, grand écrivain aujourd'hui.
04:13 Michel Houellebecq, grande figure littéraire aussi, mais d'un tout autre registre,
04:17 qui n'ont pas du tout ni la même psychologie, ni la même ambition littéraire.
04:20 Je laisse de côté la troisième figure, qui est un peu plus trouble, Yann Moix,
04:24 que je laisse de côté, qui ne me semble pas appartenir ni au même niveau,
04:27 ni à la même ligue que les deux autres dont nous parlons.
04:30 Mais ce qui est intéressant, cela dit, c'est la méthode d'enquête de François Krug,
04:36 qui fonctionne sur le mode du journalisme de cas contact.
04:39 Qu'est-ce qu'il fait? Il dit, bon, cet écrivain, par exemple, a des amitiés.
04:43 Il cite de temps en temps telle personne.
04:46 S'il cite telle personne, c'est donc qu'il endosse l'ensemble de l'œuvre de cette personne,
04:51 qui par ailleurs était amie, avec l'arrière-petit-cousin de quelqu'un qui avait très mauvaise réputation.
04:56 Donc, vous vous retrouvez avec une logique policière pour penser des œuvres littéraires.
05:02 Avec cette idée, c'est ce que j'appelle toujours, mais je l'applique en politique, mais c'est vrai ici aussi,
05:06 la théorie du masque. La théorie du masque, c'est-à-dire,
05:09 ceux que vous admirez ou ceux que vous estimez ne sont pas ceux que vous croyez.
05:15 Ils vous cachent quelque chose, ils brûlent leurs origines,
05:18 ils ne vous avouent pas, les salauds, qu'ils sont d'extrême droite.
05:21 Alors moi, journaliste d'enquête admirable, je dévoilerai leur vraie nature.
05:25 C'est du journalisme de dévoileur de vraie nature, rappelons-les comme ça.
05:29 Ensuite, définition. Quelle est la définition de l'extrême droite?
05:32 Parce que ce serait quand même bien de savoir si on doit.
05:34 Moi, je dis toujours, j'aimerais enfin qu'on me donne une définition de l'extrême droite
05:37 pour avoir peur, moi aussi. On n'arrête pas de nous dire qu'elle se pointe,
05:40 qu'elle est terrifiante, qu'elle nous hante.
05:43 Moi, j'aimerais être capable, le nombre de fois où j'ai demandé à des politiques,
05:46 pourriez-vous me donner une définition de l'extrême droite?
05:48 J'aurais peur, moi aussi, avec vous ensuite.
05:50 La définition tarde toujours, elle est toujours contradictoire,
05:53 elle n'est jamais très rigoureuse. Et là, quand on cherche une définition chez Krug,
05:56 on ne la trouve pas non plus. Donc, le concept sur lequel repose son travail,
06:00 c'est-à-dire l'extrême droite, n'est jamais défini.
06:03 Alors, on a peut-être une définition dans un entretien qu'il offre à l'OBS ces derniers jours,
06:07 parce que vous savez, dans l'OBS et dans l'IB, ils sont très heureux.
06:10 Là, ils ont l'occasion, ils peuvent enfin épingler des gens.
06:12 C'est la stratégie du collocter, alors, clac, on vient de l'épingler,
06:15 il se fera désormais partie de la pièce des insectes épinglés.
06:18 Alors, la définition, parlant de Tesson, en le lisant,
06:22 on comprend qu'il n'est pas très moderniste ni très progressiste.
06:26 Ah ha! Ça vous fait un homme d'extrême droite, ça, les amis!
06:29 Alors, je pousse plus loin. On nous fait le portrait.
06:32 Donc, Krug, qui n'est pas capable de fournir une définition,
06:35 propose néanmoins une typologie. Il nous dit que Welbeck, c'est l'héritier, apparemment,
06:38 littéraire du Mauraciste, de Charles Maurras.
06:41 C'est exagérément ambitieux comme théorie, pour dire que ça s'effrite demain matin
06:45 tellement ça ne représente rien.
06:47 Tesson est présenté comme un écrivain tendance nouvelle droite,
06:53 ce qu'il ne revendique pas, à ce qu'on en sait, et qui, j'ajoute,
06:56 dans le cas de Tesson, n'est pas un écrivain politique ni militant.
07:00 Et pour Yann Moix, il affiche une troisième extrême droite dans son esprit,
07:05 qui serait sur le mode un peu brutal.
07:10 Alors, quoi qu'il en soit, on ne trouve pas la définition.
07:13 Mais on apprend que leur travail n'est pas sans lien avec la percée du RN.
07:18 Donc, sachez que Tesson, Welbeck et Moix, les trois, à leur manière,
07:24 ont contribué à l'émergence du RN qui serait au seuil du pouvoir.
07:29 Et pourquoi? Parce que nous avons ici des journalistes crugnes,
07:33 qui sont un peu comme un journaliste qui se prend pour un ingénieur.
07:37 Suivons ces trois personnages sur trois décennies.
07:41 Seulement, ce roman-là est une histoire vraie, celle d'un pays
07:44 où les digues idéologiques ont sauté, y compris dans le milieu littéraire.
07:49 Je comprends que ce monsieur se veut gardien de digues.
07:53 Il aimerait réparer les digues, il aimerait en construire de nouvelles pour s'assurer.
07:57 Parce que vous savez, quand on est devant trois écrivains comme ça,
08:00 l'idée, c'est que si en plus ils sont talentueux, ils sont encore plus dangereux.
08:03 Parce qu'ils pourraient nous contaminer et nous hypnotiser.
08:06 Et lui, il cherche à comprendre, d'ailleurs, il se dit,
08:08 est-ce que c'est une fascination pour le système droite?
08:10 Est-ce que c'est une fascination pour le morbide, la tentation de la transgression?
08:13 Une sympathie idéologique? Mais il traite tout cela, je l'ai dit,
08:16 sur le mode de l'enquête policière, à la manière d'un commissaire politique.
08:19 C'est agaçant.
08:21 - Et pour rappel, Houellebecq aurait dû, aurait dû, il dirait certain,
08:24 être pris Nobel cette année. - Oui, oui, vous avez toujours raison.
08:27 - Qu'est-ce que vous voulez dire par méthode policière?
08:29 - Ah, cher Elliot, c'est formidable.
08:31 Alors, il y a un chap... Je vous donne quelques exemples,
08:33 mais j'aurais pu en préparer plusieurs.
08:35 François Krug s'improvise analyste de bibliothèque.
08:38 Alors, il y a une scène, c'est une photo de la bibliothèque de Sylvain Tesson,
08:42 d'une partie de sa bibliothèque. Dans une bibliothèque, il y a plusieurs choses.
08:46 Et là, qu'est-ce qu'il nous dit?
08:48 Si vous prenez la peine de bien... Je cite.
08:50 "Vous prenez la peine de bien zoomer sur la photo.
08:52 Il y a des livres qui sont dissimulés, mais si on regarde bien,
08:55 ce sont des auteurs coupables, proscrits, fascistes, néofascistes, et ainsi de suite."
09:00 Alors là, on a envie de poser plusieurs questions.
09:02 Est-ce que dans l'esprit de François Krug, il n'y a dans une bibliothèque personnelle
09:05 que des auteurs avec lesquels on est d'accord?
09:08 Est-ce qu'une bibliothèque n'est qu'un miroir?
09:11 Est-ce que lorsqu'on regarde une bibliothèque,
09:13 il y a seulement, seulement, seulement des choses auxquelles on adhère?
09:16 J'aimerais inviter M. François Krug dans ma bibliothèque.
09:19 Il verrait que j'ai à peu près tout Foucault, j'ai tout Lénine,
09:22 j'ai tout Poulenzas, même Poulenzas, ça ne me rajeunit pas.
09:25 J'ai tout Alain Touraine. Il pourrait dès lors deviner
09:28 que je suis un sociologue de la gauche la plus radicale qui soit,
09:30 après avoir fouillé dans ma bibliothèque.
09:32 Mais il pourrait aussi trouver des oeuvres de fédéralistes canadiens,
09:34 sociologues de la gauche radicale fédéraliste canadien.
09:37 C'est évident. Alors donc, quoi qu'il en soit,
09:39 on est devant quelqu'un qui utilise le Zoom sur son logiciel d'ordinateur
09:43 pour voir quels sont les livres terribles cachés dans la bibliothèque.
09:48 Là, c'est le principe du coupable par association.
09:50 Parce que si vous avez ce livre-là dans votre bibliothèque,
09:53 et là, il nous présente une biographie de l'auteur coupable,
09:56 c'est donc que vous partagez d'une manière ou de l'autre ses préférences.
09:59 Autre indice, c'est un lecteur de Homère, comme Dominique Vénère.
10:04 Dominique Vénère, qu'on sait, figure centrale dans l'histoire de la Nouvelle-Droite,
10:07 historien méditatif, comme il le disait, marqué radical,
10:11 il n'y a pas de doute là-dessus, la question n'est pas là.
10:13 Dominique Vénère aime Homère, Sylvain Tesson aime Homère.
10:17 Ha! Ha! Voilà une preuve par une autre preuve.
10:21 Plus encore, il a participé à des événements littéraires à la Nouvelle-Librairie,
10:24 notamment un où se trouvait Julien Hervier,
10:26 qui est un traducteur, le traducteur de Ernst Junger en français.
10:30 Ernst Junger, grand écrivain qu'on peut apprécier ou non,
10:32 certains l'apprécient beaucoup, moi, c'est pas exactement un écrivain que j'apprécie,
10:35 mais c'est un grand écrivain, il n'y a pas de doute là-dessus.
10:37 Parce qu'il participe à un événement littéraire dans une librairie
10:40 portant sur l'oeuvre de Junger, preuve de plus de son fascisme potentiel.
10:45 Mais là, ça va encore plus loin.
10:47 Notre ami Krug croit avoir trouvé un texte, le texte inavoué de Michel Houellebecq,
10:51 un texte qu'il avait caché, qu'on ne retrouverait plus.
10:54 Et qu'est-ce qu'on trouve dans ce texte?
10:56 Là, il nous dit, il est fier, il a trouvé le texte qu'on ne retrouvait plus,
10:58 mais il l'a trouvé dans des archives du web, loin, loin dans les archives.
11:02 C'est un texte de 2002, je crois, ou 2001,
11:05 où Michel Houellebecq avoue qu'il votera Jean-Pierre Chevènement.
11:09 Oh là là! Aïe, aïe, aïe, aïe, aïe, ça c'est inavouable.
11:12 Et en plus, c'est un texte où il se désole de l'existence du racisme anti-blanc.
11:16 Concept, nous dit Krug, qui est un concept carrément ou clairement d'extrême droite.
11:22 Donc là, franchement, on est vraiment au cœur d'une enquête policière redoutable.
11:26 Nous avons découvert que Houellebecq vote Chevènement,
11:29 mais vous ne me ferez plus jamais ça, c'est impardonnable.
11:31 Et en plus, vous croyez qu'il y a du racisme anti-blanc, mais c'est impardonnable.
11:35 Cet ouvrage vous dira tout sur les bas-fonds de la pensée de Michel Houellebecq de ce point de vue.
11:39 En plus, on apprend qu'il est ami avec Geoffroy Lejeune et Charlotte Dornelas,
11:42 et apparemment, ça ne pardonnerait pas.
11:44 Aïe, aïe, aïe, d'autant que Krug, de ce point de vue, fin ligné, fin psychologue,
11:49 qui croit nous découvrir des choses, quiconque connaît un peu l'avis intellectuel et culturel et littéraire français,
11:54 n'apprend pas grand-chose dans ce livre, mais il apprend les obsessions de M. François Krug
11:58 et sa manière de voir de l'extrême droite partout.
12:00 Dans un instant, je vous donne la parole à Arthur de Vatrigon,
12:02 mais quand même, vous semblez tellement remonté contre cet ouvrage.
12:05 Qu'est-ce qui vous exaspère autant, Mathieu?
12:07 La psychologie du commissaire politique, d'abord et avant tout.
12:10 On apprend très, très peu dans ce livre, si on connaissait un peu ces questions-là.
12:14 On apprend seulement la réaction d'effroi, d'effroi d'un journaliste de la gauche culturelle
12:20 devant des gens qui ne pensent pas comme lui et qui...
12:23 comme je dis, c'est un contrôleur de la circulation idéologique.
12:26 Il traque les dérapages, il traque les dérives.
12:28 Il y a le désir d'épingler, cette idée qu'on va montrer qui est le vrai personnage méchant
12:33 caché derrière l'écrivain que vous aimez.
12:35 Il y a le désir de salir, coller à jamais l'étiquette d'extrême droite sur quelqu'un
12:39 pour qu'on sache à jamais que c'est un esprit souillé.
12:42 Le désir de liquider socialement finalement, parce que le jour où on saura qu'il est vraiment
12:46 l'extrême droite, alors là, alors là, on ne donnera plus d'écho à Tesson, à Houellebecq, tout ça.
12:52 Et en dernière instance, il y a beaucoup, beaucoup de haine dans ce livre, à mon avis,
12:57 et très peu d'intelligence.
12:58 Et de ce point de vue, qu'il soit accueilli avec autant d'égard par Lobs et Libération,
13:04 ne me surprend pas.
13:05 Arthur de Vatrigan, sur cette gauche mondaine qui joue à la police littéraire,
13:09 et c'est vrai que certains veulent qu'on rentre dans une seule et même case,
13:13 que si vous sortez de cette case-là, ça y est, le chiffon rouge est agité,
13:16 vous êtes un extrémiste.
13:18 En fait, le problème de la gauche, c'est que ce qu'ils aiment, parce qu'ils s'ennuient,
13:21 c'est les chasses aux sorcières.
13:23 Donc là, on en a une parce que, voilà, ça revient régulièrement,
13:26 il faut bien qu'ils s'occupent.
13:27 Ce qui est marrant, c'est le mot "livre-enquête".
13:29 Je ne suis pas sûr Yann Moix, parce que ce n'est pas très intéressant,
13:31 mais sur Houellebecq et Tesson, pour répondre peut-être à Mathieu,
13:34 "extrême droite", pour eux, c'est quoi ?
13:36 C'est tous ceux qui ne parlent pas avec des étoiles dans les yeux
13:38 quand ils parlent de modernité, tous ceux qui n'ont pas un passif stalinien,
13:41 et tous ceux qui ne lâchent pas les babouches de l'IB ou du Monde.
13:44 Donc forcément, Houellebecq et Tesson sont d'extrême droite.
13:47 Ce n'est pas une révélation, ils n'ont jamais caché, finalement,
13:50 que la gauche n'était pas vraiment leur cam.
13:52 Et donc, on fait une livre-enquête, donc il faut habiller le bousin quand même,
13:55 parce qu'on montre qu'on a des révélations à faire.
13:57 Mathieu l'a rappelé, c'est assez amusant, parce que le type se prend pour
13:59 Edward et Bernstein, mais version quinoa.
14:01 Donc qu'est-ce qu'il fait ? Il dit, voilà, Tesson aime Homer,
14:04 comme Dominique Vénère, or le père de Tesson était pote avec Vénère,
14:07 donc Tesson est d'extrême droite.
14:10 Sauf que Krug, on a envie de lui dire, mais va plus loin, mon gars,
14:13 va jusqu'au 16e siècle. Il dit le poème, vous savez, le poème de Dubélé,
14:16 "Heureux qu'est comme Ulis, ça fait un beau voyage,
14:18 comme celui qui conquis la toison, et puis retourner plein d'usages
14:21 et raisons, vivre entre ses parents et le reste de son âge."
14:23 C'est quoi, ça ? Il parle d'Homer et en plus, il fait l'apologie de la remigration.
14:26 Donc c'est encore plus d'extrême droite. Il faut y aller, quoi.
14:29 Et je pense que si on pousse un peu le truc, on va découvrir que c'est un Tesson,
14:32 dans sa cave, il torture les Grandes Terres des Neiges
14:35 en écoutant la Valkyrie à la pleine balle, quoi.
14:38 Donc, on apprend d'autres choses. Il aime Raspail.
14:40 Raspail, forcément, tous ces incultes, ils ont entendu parler que du camp dessin,
14:43 donc ils ont jamais ouvert une page, d'ailleurs.
14:45 Le camp dessin, on rappelle, c'est un livre, donc une invention
14:49 qui prédit le naufrage de l'Occident. Sauf que ce qui est intéressant
14:51 chez Raspail, c'est quoi ? C'est l'univers derrière qui le met en scène,
14:54 l'univers qui offre justement un idéal et de l'honneur.
14:57 Et l'honneur, ce n'est pas un truc que la gauche aime.
14:59 La preuve, c'est que Krug, il cite Maznev, par exemple.
15:01 Maznev, je le rappelle, c'est la personne qui a pondu une tribune dans le monde,
15:05 où il crie "Krug", repris aussi par l'obsédie à l'époque,
15:08 pour défendre la pédophilie. Voilà, juste comme ça.
15:10 Mais c'est la spécialité de la gauche, ils glissent leurs immondices sous le tapis.
15:13 Sauf que là, leurs immondices, leurs saloperies sont tellement énormes
15:15 que leur paillasson va ressembler vite, rapidement à un rooftop.
15:18 Donc, on apprend aussi que Houellebecq a un passif chez les Roi-Cau,
15:21 donc il les aime bien. Bon, ça, ce n'est pas bien.
15:23 Par contre, toutes ces idoles de la gauche, eux, ils sont tous Maoistes.
15:25 C'est marrant, ça ne les dérange pas.
15:27 Donc, en fait, vous avez d'un côté les Rois qui ont fait la grandeur de la France,
15:29 et les autres qui, en fait, ont élevé le génocide en rangs de performance artistique.
15:33 Les Roi-Cau, c'est bien. Les Roi-Cau, c'est mal.
15:35 Et les autres, c'est bien.
15:36 Mais en fait, qu'est-ce qu'on peut se demander ? C'est pourquoi ils font ça ?
15:38 Finalement, il y a une possibilité, c'est qu'ils soient incultes et bornes,
15:41 et qu'ils soient obligés de scruter comme des pervers en rute avec le microscope
15:44 pour essayer de comprendre l'œuvre de l'auteur qu'ils n'ont pas lue,
15:46 ou sinon, parce que Houellebecq et Thésseron n'étaient pas traités comme ça avant,
15:50 c'est parce qu'il y a 20 ans, ils étaient considérés comme des exceptions pittoresques,
15:54 et aujourd'hui, comme ils contestent les gémonies de la gauche,
15:56 ils les dérangent, donc on les fascise.
15:58 La gauche mondaine qui joue à la police littéraire,
16:00 voilà pour le premier édito. Le second, l'immigration.
16:02 Le Figaro nous apprenait hier que la France est de plus en plus transformée
16:06 par l'immigration massive.
16:07 10% de la population française est immigrée,
16:09 mais surtout, la proportion monte à 30% si on remonte à trois générations.
16:14 Pourtant, dans les médias, on continue globalement de contester
16:17 cette transition démographique, et comment comprendre
16:20 cette difficulté persistante à parler lucidement de ce phénomène?
16:24 Alors, je suis fasciné, moi, par le système intellectuel et médiatique
16:28 et idéologique mis en place pour empêcher de nommer la réalité
16:31 de l'immigration massive et de la transformation profonde
16:34 de la population française, et plus largement européenne
16:36 et occidentale qu'elle entraîne.
16:38 J'appelle le grand écart logique permanent, un coup d'état
16:42 contre la logique dans l'esprit de ces gens qui abolissent
16:45 le principe de non-contradiction.
16:47 Je vais donner quelques exemples du traitement médiatique
16:49 de la question de l'immigration pour voir comment ça fonctionne.
16:51 On va nous expliquer, par exemple, que l'immigration massive n'existe pas.
16:56 C'est une fiction. Ça n'a pas lieu. Vous imaginez des choses.
16:59 Il n'y a pas d'immigration massive.
17:01 Par ailleurs, on nous explique que c'est une richesse infinie
17:04 qui transforme en profondeur la France, qui ne sera plus jamais
17:07 comme elle a été. Mais elle n'était pas cela déjà,
17:13 parce qu'elle n'a jamais vraiment existé.
17:16 Là, vous passez d'une espèce de raisonnement à l'autre,
17:19 vous cherchez à comprendre. En gros, l'immigration massive
17:21 n'a pas lieu, mais c'est formidable.
17:23 Ensuite, la France n'est plus du tout ce qu'elle était,
17:26 mais elle n'a jamais été. Il faudrait quand même essayer
17:28 de comprendre ce qu'on veut dire par là.
17:30 Ça va encore plus loin, et c'est mon argument préféré ces temps-ci.
17:33 - Un autre point qui est un peu dans le long de l'imagination.
17:35 Il nous explique que la peur de la submersion migratoire,
17:38 la peur de devenir minoritaire chez soi, qui est une peur légitime,
17:41 c'est-à-dire lorsque une culture de référence devient minoritaire
17:44 dans son propre pays. On ne parle pas de race ici,
17:46 on parle de peuple et de culture.
17:48 On dit que ce n'est pas possible. Un peuple ne peut pas
17:51 devenir minoritaire chez lui, parce que le peuple historique
17:53 n'existe pas. Dès lors, si vous n'existez pas,
17:56 vous ne risquez pas de disparaître.
17:58 Si je vous explique que vous n'existez pas, vous n'aurez pas peur
18:00 de dire que c'est tout simple, ça va de soi.
18:02 Comme dirait l'autre, c'est bougrement tordu.
18:04 Alors, on est devant cette logique où on nous...
18:07 C'est une logique imparable. Ah oui, les peuples n'existent pas.
18:10 On l'a dit, un peuple, ce ne sont que des valeurs républicaines
18:13 ou universelles ou libérales en Occident.
18:16 Parce que lorsque vous avez des populations qui viennent
18:18 de l'extérieur du monde occidental et qui s'installent
18:20 dans le monde occidental, là, il faut reconnaître
18:23 leur identité et la mettre en scène publiquement
18:26 le plus possible. Exemple, en Grande-Bretagne,
18:28 tout récemment, il y a quelques jours,
18:30 le nouveau premier ministre écossais,
18:32 Humza Yousaf, qui a prêté son serment d'allégeance,
18:35 son responsabilité, avec une tenue traditionnelle
18:38 pakistanaise. Donc ça, ça, ça s'est permis.
18:41 Donc là, il faut comprendre. La culture de la société
18:43 d'accueil n'existe pas, mais celle de ceux qui arrivent
18:45 existe. Et on en arrive finalement à cette thèse.
18:48 L'identité historique des peuples occidentaux,
18:51 l'identité des peuples qui composent l'Occident
18:53 n'existe pas. Elle n'existe que sous le signe
18:55 de valeurs désincarnées. Mais pour les populations
18:59 qui arrivent de loin, alors ça existe.
19:01 Donc vous êtes dans cette espèce de perpétuel mouvement
19:03 d'aller-retour entre une réalité et sa négation.
19:06 Et au terme de cela, qu'est-ce que vous retrouvez?
19:08 Une forme d'abolition de la pensée. Le réel n'est plus
19:11 perceptible parce que les catégories pour la pensée
19:13 ont été complètement brouillées.
19:15 - Mais, Mathieu, personne ne dénonce ces contradictions
19:17 au coeur de la vie publique?
19:19 - Oui, bien sûr, vous avez des intellectuels
19:21 qui ont osé nommer la chose. On peut penser à
19:23 Michel Crote avec grand courage, Michel Tribala,
19:25 on pourrait nommer, Marcel Gauchet, d'autres
19:27 qui ont nommé cette réalité.
19:29 Pierre Brochand, aujourd'hui, sur France Culture,
19:31 c'est assez intéressant, un diagnostic très fin.
19:35 Mais lorsque vous osez nommer ces réalités,
19:38 c'est ce que j'appelle le "no pasaran",
19:40 donc l'antifascisme est appliqué à la réalité.
19:42 La réalité n'existe pas. Le réel ne passera pas,
19:45 vous ne pourrez pas le décrire.
19:47 Donc si vous voulez apprendre à voir la réalité,
19:49 c'est-à-dire un changement démographique majeur
19:51 qui fait qu'en plusieurs quartiers,
19:53 en plusieurs territoires, la culture historique française
19:55 est désormais minoritaire, quand elle n'est pas
19:57 tout simplement absente, quand les Français
19:59 ne sont pas désormais traités dans...
20:01 Les Français historiques ne sont pas traités
20:03 comme une population résiduelle de trop,
20:05 qui tarde à s'adapter au temps nouveau,
20:07 qui n'accepte pas la réalité nouvelle d'une culture autre,
20:10 qui serait la nouvelle culture normative,
20:12 eh bien si vous n'acceptez pas ça,
20:15 vous serez extrême-droitisé, et là, on rentre,
20:17 ça touche presque à la première chronique,
20:19 vous serez extrême-droitisé, vous serez diabolisé,
20:21 on vous traitera de conspirationniste,
20:23 on vous traitera de raciste,
20:25 on dira que vous êtes un nationaliste ethnique,
20:27 et là, tout un appareil conceptuel,
20:29 et surtout les étiquettes, de ça,
20:31 les étiquettes sont mobilisées pour être capables
20:33 de vous coller une telle réputation dans l'espace public
20:35 que vous n'oserez plus dire la réalité des choses,
20:37 et ça dans un contexte où la machine à assimiler
20:39 est brisée, il ne faut pas l'oublier,
20:41 pourquoi la machine à assimilation est brisée?
20:43 Parce que d'un côté, la culture nationale
20:45 ne veut plus s'imposer comme norme,
20:47 et d'un autre côté, le nombre, le nombre et le nombre,
20:49 fait en sorte que même si on voulait assimiler,
20:51 on ne serait plus capable de le faire aujourd'hui,
20:53 c'est une situation catastrophique,
20:55 et bien devant cette catastrophe,
20:57 si on est un intellectuel de gauche,
20:59 on dit que c'est une situation merveilleuse.
21:01 - Et ces chiffres ne viennent pas de nulle part,
21:03 c'est l'INSEE, donc c'est factuel,
21:05 là, on ne peut pas finalement éluder les gens.
21:07 - Mais encore là, vous noterez, dans le jeu des chiffres,
21:09 le chiffre sur lequel on a beaucoup communiqué,
21:11 c'est 10 %, pas 30 %, l'histoire est abolie.
21:13 - Évidemment. Autrement dit, le débat le plus important
21:15 de notre temps, à votre avis,
21:17 est repoussé à l'extérieur de la vie politique.
21:19 - Mais c'est rigoureusement ça.
21:21 Le débat sur l'existence même des peuples occidentaux,
21:23 la France, le Québec, je vais vous donner d'autres exemples,
21:25 il n'existe plus. La question identitaire
21:27 est décomposée en plusieurs, en fines lanières,
21:29 donc d'un côté, on dit identité,
21:31 de l'autre, on dit insécurité,
21:33 là, on dit religion, là, on dit souveraineté,
21:35 et là, on décompose cette question,
21:37 on la fragmente, et elle devient insaisissable
21:39 politiquement. La réalité est...
21:41 je dirais, désincarnée, technocratisée,
21:43 le résultat de tout ça, hélas,
21:45 c'est que c'est un résultat de dépossession démocratique,
21:47 de dépossession identitaire. Un peuple n'est même
21:49 plus capable de se poser la question de sa propre existence,
21:51 et devant tout cela, encore une fois, l'intelligentsia
21:53 applaudit, il dit "le réel ne passera pas".
21:55 - Arthur De Vatrigan, pourquoi aujourd'hui
21:57 on ne peut pas se poser cette question de l'identité
21:59 française ? Pourquoi la question migratoire
22:01 est un sujet qu'on préfère éviter ?
22:04 - Alors refaites la chronologie de la gauche en la matière.
22:06 Ils ont commencé par vous expliquer, il y a quelques années,
22:08 que ça allait bien se passer,
22:10 et que si vous pensez l'inverse, c'est parce que vous étiez raciste.
22:12 Ensuite, ils ont expliqué que ça n'existait pas.
22:14 Et maintenant, ils vous expliquent, en tout cas pour une partie,
22:16 on ne peut pas régler le problème, c'est trop tard.
22:18 Bon, là, il y a un peu le feu d'artifice en ce moment,
22:21 parce qu'il y a le président Macron qui explique que la France
22:23 a toujours été une terre des migrations, comme si la France
22:25 était née au 19ème siècle,
22:27 et vous avez d'autres, comme Le Monde, qui publie
22:29 une tribune de quatre scientifiques pour expliquer,
22:31 affirmer que non, je les cite,
22:33 il n'y a pas de subversion migratoire,
22:35 il n'y a pas de régularisation, les sauvetages
22:37 en mer n'ont jamais provoqué d'appel d'air.
22:39 J'en ai connu des mythos, mais des comme ça, c'est high level.
22:42 Le truc, c'est de quelle immigration on parle.
22:45 Évidemment, on ne parle pas des Suédois.
22:47 Michel Tribala, dans notre prochain numéro, nous explique
22:49 que la population d'origine africaine en France
22:51 a augmenté de 71% en deux générations.
22:54 À partir de ces données, vous avez deux options possibles.
22:56 Soit vous pensez que les humains sont interchangeables.
22:58 Dans ce cas, pas de problème, vous les foutez dans un moule,
23:01 et hop, au bout de quelques heures, les voici tout beaux, tout neufs,
23:03 et les grandes migrations, finalement, c'est juste
23:05 un bordel au péage à régler.
23:07 Ou au contraire, vous pensez que les peuples disposent
23:09 de propres caractéristiques qui font justement la diversité
23:11 et les richesses des civilisations, et que, comme dit la gauche,
23:14 c'est cette rencontre des civilisations et des cultures en France
23:16 qui ont fait sa richesse. Dans ce cas-là, vous avez un souci,
23:18 parce qu'un territoire pour deux civilisations,
23:20 l'histoire du monde a montré que ça se finissait souvent en mal,
23:22 soit à coup d'exode, soit à coup de massacre.
23:25 Donc, comme on sait depuis l'historien Tonbi que les civilisations
23:28 meurent non pas par meurtre, mais par suicide,
23:31 je pense que ça commence sérieusement à sentir le sapin,
23:33 d'autant plus qu'on participe à ça, parce qu'en plus
23:36 des discours de la gauche, l'immigration,
23:39 ça coûte plus de 30 milliards par an à la France.
23:41 Donc on finance notre suicide. Je sais que c'est un peu
23:43 la bonne en ce moment, les piquouses, mais quand même.
23:45 Ce sera d'ailleurs la question migratoire à la une,
23:47 je le rappelle, de l'incorrect à découvrir ce mercredi
23:50 dans vos kiosques Immigration analyse d'un naufrage français.
23:52 La publicité, on revient dans un instant, vous allez recevoir
23:55 François Bousquet, journaliste écrivain, bien sûr,
23:57 et ce sera au sujet de la contestation sociale.
24:00 Est-ce qu'on se dirige vers une gilet jaunisation,
24:02 c'est pas facile à dire, du mouvement contre la réforme des retraites.
24:05 A tout de suite sur CNews pour la deuxième partie.
24:07 De face à beaucôté.
24:09 20h30 sur CNews, le point sur l'information avec Isabelle Piboulot.
24:14 Dans le Calvados, plusieurs milliers de manifestants
24:20 ont défilé à Vire, fief électoral d'Elisabeth Borne
24:23 lors des dernières législatives. Au moins 6000 personnes
24:26 selon les syndicats, 3100 d'après la préfecture.
24:29 Tous venus exprimer leur colère contre la réforme des retraites
24:32 alors que la première ministre recevra l'intersyndical
24:35 mercredi à Matignon. Dans le même temps,
24:38 les écologistes déclinent la proposition de rendez-vous
24:41 avec Elisabeth Borne. La première ministre souhaite évoquer
24:44 la pré-réforme des retraites, un exercice de communication
24:47 selon les Verts qui n'en démortent pas.
24:50 Ils réclament le retrait ou un minima à la suspension
24:53 du projet, rejoignant ainsi le boycott de LFI
24:56 et du PCF. Et puis dans le reste de l'actualité
24:59 aux Etats-Unis, les tempêtes meurtrières se poursuivent.
25:02 Au moins 11 morts et plusieurs dizaines de blessés
25:05 sont à déplorer après le passage de tornades
25:08 dans l'Arkansas, l'Indiana et l'Illinois.
25:11 Des vents violents et des orages se déplacent désormais
25:14 vers le nord-est du pays et pourraient frapper
25:17 l'état de l'Ohio. Au moins 200 000 foyers américains
25:20 ont été privés d'électricité.
25:26 - La deuxième partie de Face à Boccote est toujours
25:29 avec Mathieu, bien sûr, Arthur De Vatrigan.
25:32 Vous recevez ce samedi soir François Bousquet.
25:35 François Bousquet, bonsoir. Vous êtes, je le rappelle,
25:38 journaliste, écrivain, rédacteur en chef d'Eléments.
25:41 Pourquoi recevez-vous François Bousquet ce soir?
25:44 - Une formule revient en boucle dans l'actualité
25:47 depuis quelques semaines, quelques jours à tout le moins.
25:50 Est-ce que nous assistons à une forme de gilet jaunisation
25:53 dans le mouvement des gilets jaunes?
25:56 François Bousquet avait écrit quelques textes,
25:59 particulièrement Perspicace, pour comprendre la nature
26:02 de cette contestation et plus largement sa réflexion
26:05 sur le populisme au-delà des catégories idéologiques.
26:08 Perspicace et Films, c'est une bonne manière
26:11 de chercher à comprendre ce qui se passait maintenant avec lui.
26:14 - Question première. Je la pose presque avec la distance
26:17 exotique d'origine qui est la mienne.
26:20 Il y a eu autant de contestations depuis quelques semaines
26:23 pour une réforme des retraites qui, vu de loin,
26:26 semble modeste, très modérée.
26:29 Pourtant, la contestation est vive, la tentation
26:32 de la violence est présente. Que se passe-t-il?
26:35 Comment expliquer la vigueur de cette réaction?
26:38 - Sur les retraites, je ne pense pas que la réforme
26:41 soit très modérée. Ça rajoute 2 ans de retraite
26:44 qui affecte surtout les catégories populaires
26:47 et le revenu médian qui commence à travailler plus tôt.
26:50 Souvent des métiers beaucoup plus pénibles.
26:53 On assiste à une révolte de la France périphérique,
26:56 des préfectures, des sous-préfectures.
26:59 Il y a une note de la Fondation Jean Jaurès
27:02 très intéressante sur le sujet avec des niveaux de mobilisation
27:05 dans des sous-préfectures records, du jamais vu.
27:08 A Paris, 500 000 personnes, c'est fréquent.
27:11 On le voit tous les 5 ans, sinon c'est plus proche.
27:14 A Montreau, ça doit faire plus de 30 000 habitants.
27:17 En janvier, 15 000 habitants sortent dans la rue.
27:20 Pourquoi? Parce que ça s'inscrit dans un processus
27:23 de déclassement au long cours. Il faut élargir le champ,
27:26 élargir le spectre. C'est sur 30 ans que les classes
27:29 moyennes deviennent des classes moyennes inférieures,
27:32 des catégories populaires. Et les catégories populaires
27:35 n'arrivent pas à finir le mois. Ils le terminent
27:38 vers le 15-20 du mois. C'est cette colère à la convoi
27:41 pour l'heure sur des formes de violence, à ma connaissance.
27:44 Ou à l'heure marginale. Il y a un problème de la violence
27:47 au cœur des grands défilés dans les grandes villes,
27:50 à Paris en particulier, ou à Sainte-Sauline, on pourra en parler
27:53 sur les méga-bassines. C'est un problème de la violence
27:56 de l'extrême gauche. On peut parler des violences policières,
27:59 même si c'est une manière de ne pas en parler, puisque c'est
28:02 le préfet de police qui dirige la police. On ne va pas prendre
28:05 la partie pour le tout. Le policier n'est que le marteau,
28:08 il peut remonter jusqu'au préfet, au ministre de l'Intérieur,
28:11 jusqu'au président. On peut parler de deux formes de violence,
28:14 desquelles sont exclus. C'est peut-être le nouveau gilet jaune,
28:17 c'est la violence d'extrême gauche et la violence d'Etat.
28:20 Ce sont les deux formes de violence auxquelles nous sommes
28:23 confrontés aujourd'hui. - Je reviens sur votre description.
28:26 Vous nous dites qu'à Paris, ça se voit, les manifestations,
28:29 plusieurs centaines de milliers de personnes. Mais lorsqu'on va
28:32 en France périphérique, on ne porte moins attention à ces manifestations,
28:35 qu'à Paris, c'est la même chose. Je voudrais une question toute simple.
28:38 Est-ce que ce sont les manifestations qui s'inscrivent dans la contestation
28:41 très retraite, où c'est un malaise plus profond? Et si oui, lequel?
28:44 Quel malaise? Vous parlez de déclassement. C'est véritablement
28:47 une protestation contre le déclassement?
28:50 - Oui, la question de la retraite est le point, la focale.
28:53 Ça dépasse le cas du prétexte, que c'est une réforme lourde,
28:56 qui a quand même contre elle 90% des actifs en France.
28:59 90% des actifs. Et qui a des taux de soutien dans l'opinion,
29:02 si je m'en tiens au sein des sondages, qui sont de plus de 70 points,
29:05 retraités inclus. Donc c'est une mobilisation qui est générale.
29:08 Elle s'inscrit dans un paysage sinistré,
29:11 totalement désindustrialisé. On est le pays au monde,
29:14 enfin non, pas le pire au monde, pardon, n'exagérons pas,
29:17 le pays en Europe qui est le plus tertiarisé.
29:20 L'économie tertiaire, c'est des petits salaires,
29:23 en général des ouvriers, des employés peu qualifiés,
29:26 qu'on retrouve en grande ville ou à la périphérie des grandes villes.
29:29 Donc ce sont des univers qui sont déclassés depuis 20 à 30 ans.
29:32 En réalité, quand vous vous promenez, moi je vis dans Lyon,
29:35 un exemple précis, mais les gens ne le connaissent pas,
29:38 donc il faut le donner, Tonnerre, qui était une grande ville,
29:41 une grande cité industrielle dans Lyon, années 80,
29:44 ça a permis l'emploi. Alors que c'était une ville ouvrière
29:47 qui était régie par la trilogie, la cité ouvrière, l'usine, le stade.
29:50 Tout ça, ça disparaît. Il n'y a plus d'usine. L'usine est remplacée
29:53 par le pavillon. Pardon, il n'y a plus d'usine. L'usine est remplacée
29:56 par le pavillon. La cité ouvrière est remplacée par le pavillon.
29:59 Et enfin, le stade, il est envahi par la mauvaise herbe.
30:02 Donc c'est un univers qui est à l'abandon depuis 30 ans.
30:05 Les sociologues l'ont redécouvert, Guy Lui en particulier,
30:08 il y a une vingtaine d'années. Le Front National a préempté ce vote
30:11 il y a une bonne dizaine d'années, depuis 2012, même si le vote
30:14 du Front National est en train d'évoluer, du RN, pardon.
30:17 Ce qui est frappant dans cette France périphérique, c'est qu'elle est
30:20 quand même assez peu syndicalisée. Là aussi, on a un des taux
30:23 les plus élevés, c'est le 10% de la population.
30:26 - Quand on dit que ce sont des manifestations pilotées par les syndicats,
30:29 c'est une description très limitée de la contestation dont vous parlez.
30:32 - Disons que les syndicats sont là, heureusement qu'ils sont là.
30:35 Mais ils sont là comme organisateurs de manifestations.
30:38 Le fameux mot de Cocteau, c'est que les événements qui vous dépassent,
30:41 feignez les organiser. Donc ils feignent de les organiser.
30:44 Cela étant dit, c'est eux qui capitalisent là-dessus. Ils n'ont jamais eu
30:47 un tel niveau de popularité, si je m'en tiens au frontage d'opinion.
30:50 C'est à dire que c'est plus le cas de l'UPS, LFI et Mélenchon en particulier,
30:53 que le Rassemblement national de Marine Le Pen, qui est donné en cas de
30:56 législative anticipée devant Mélenchon, avec un recul considérable
31:01 de la majorité présidentielle, et les syndicats.
31:04 Parce qu'ils sont là pour encadrer, pour fixer un point de rendez-vous.
31:08 Cela ne ressemble pas aux grèves autour des ronds-points qu'on pouvait voir
31:13 sur les gilets jaunes. Est-ce qu'il y aura une gilet jaunisation ?
31:16 Je ne sais pas. Dans le contexte, tout est là.
31:19 C'est une France, le prix du diesel flirte depuis des mois avec 2 euros.
31:24 Elle se déplace principalement en voiture. Là encore, la carte du diesel
31:27 en France est fascinante. Elle recoupe la carte de la désindustrialisation.
31:30 C'est la même géographie. La crise de l'énergie, le pouvoir d'achat
31:35 qui baisse, la grande distribution, c'est -10% en janvier.
31:39 Je ne parle pas du bio, je parle de la grande distribution,
31:42 c'est -10% en janvier.
31:44 Tout cela montre un paysage qui est au bord de la rupture,
31:47 au bord de l'asphyxie, avec une colère sourde qui n'a pas encore
31:51 de traduction politique.
31:53 - Vous ne voulez pas de traduction politique ?
31:55 Le RN ne représente pas de traduction politique ?
31:57 - Si, je veux dire de traduction élective.
32:00 - D'accord.
32:02 - Il y a 89 députés, c'est du jamais vu.
32:06 Le RN n'est pas encore à l'Elysée, à ce que je sache.
32:09 - Arthaud Levatrigan, et ensuite on passera à la question des violences.
32:12 - Justement, je voulais revenir sur ça.
32:14 Vous expliquez en 2018, sur les révoltes des Gilets jaunes,
32:17 que finalement c'était faiblement politisé.
32:20 Je me rappelle que vous expliquez que la femme ou l'homme
32:23 qui allait repolitiser ce mouvement dont il avait besoin,
32:26 allait gagner leur voix.
32:28 Est-ce que c'est Marine Le Pen, avec ses 88 députés,
32:31 qui a réussi à capitaliser finalement, ou à parler au Gilets jaunes ?
32:35 Est-ce que ce mouvement aujourd'hui est plus politisé
32:38 qu'il ne l'était il y a 4 ans ?
32:40 - Marine Le Pen, je m'en tiens au sondage qui a été fait fin 2018,
32:43 autour des ronds-points, est arrivée nettement en tête.
32:46 Je n'ai plus les chiffres en tête, 30-35 %.
32:49 Mélenchon est arrivé nettement en dessous, -10-15 %,
32:52 il y avait énormément d'abstentionnistes.
32:54 Quand on s'intéresse aux chiffres, aux reports de voix
32:57 entre 2017 et 2022, on se rend compte qu'il y a
33:00 une extraordinaire volatilité électorale.
33:03 L'électorat du RN, c'est à peu près 39 % de gens
33:06 qui ne se situent pas politiquement, ni à droite ni à gauche.
33:09 Il y a une minorité de gens qui se situent à droite,
33:12 une minorité de gens qui se situent à gauche.
33:15 Mais le plus gros tiers, ce sont des gens qui ne se situent nulle part.
33:18 Une personne sur deux qui a voté Macron en 2017,
33:21 n'a pas voté pour lui en 2022.
33:23 Une personne sur deux qui a voté Marine Le Pen en 2017,
33:26 n'a pas voté pour elle en 2022.
33:28 On se rend compte qu'on est dans un paysage politique
33:31 très instable, qui fait pour le moment le jeu du RN,
33:34 mais qui ne fait pas plein des voix, comme je viens de le dire.
33:37 - Une dernière question sur cette sociologie de la révolte.
33:40 La traduction politique, qu'on comprend dans votre esprit,
33:43 serait une forme de traduction populiste.
33:46 Pourtant, plusieurs voient en ce moment la NUPES
33:49 être capable de capter et canaliser une partie
33:52 de cette protestation, de cette colère.
33:55 Pour vous, la NUPES ne réussit pas à récupérer la situation?
33:58 - Non. Je ne vois pas comment elle pourrait les récupérer.
34:01 Il y a une erreur d'analyse majeure de la part de la NUPES.
34:04 C'est vrai qu'elle a parlé de droite, de CGT,
34:07 mais ce n'est vraiment pas le cas. La NUPES parle,
34:10 la rhétorique presque marxiste et luniste, des travailleurs.
34:13 Cette rhétorique-là ne parle à personne.
34:16 Les travailleurs, on leur parle de travail.
34:19 Nicolas Sarkozy leur parlait de travail.
34:22 Marine Le Pen leur parle de travail.
34:25 C'est cet univers à la mentale qui les séduit, je crois.
34:28 Le programme du RN est un programme de justice sociale.
34:31 C'est une population qui est infériorisée, abandonnée,
34:34 invisibilisée. Elle porte une politique de reconnaissance
34:37 que la NUPES ne peut pas lui donner, puisqu'elle porte des politiques
34:40 de reconnaissance des minorités, de l'islam, des noirs,
34:43 des trans, des féministes. Le RN est le seul parti
34:46 qui porte, me semble-t-il, une politique de reconnaissance
34:49 qui s'adresse directement aux majorités, aux majorités déclassées.
34:52 C'est le paradoxe des politiques. Vous les connaissez
34:55 encore plus que nous, en tant qu'Américains du Nord
34:58 et québécois, surtout, que ces politiques d'inclusion
35:01 excluent par définition le peuple majoritaire.
35:04 Et c'est à ce peuple-là que s'adresse le RN.
35:07 A priori, si je m'en tiens au sondage, c'est plutôt lui qui capitalise
35:10 sur cette révolte. Même chose avec les sondages,
35:13 même chose avec les syndicats.
35:16 C'est une femme qui a été élue à la tête de la CGT.
35:19 C'est une première. On va voir ce qu'elle va dire
35:22 sur le RN. Mais jusqu'à présent, Berger et Martinez
35:25 avaient exclu qu'on puisse être adhérents de la CGT
35:28 et électeurs du RN. Il suffit comme moi
35:31 d'y faire la France périphérique. Le nombre de cheminots
35:34 qui votent RN et qui sont à la CGT, j'en croise tous les jours
35:37 dans le train. On sympathise avec eux.
35:40 Donc, je pense que la NUPES a perdu la main.
35:43 Mais peut-être que je me trompe. Peut-être que c'est un pari.
35:46 Elle a perdu la main, en particulier avec ses catégories populaires.
35:49 – Le thème qui s'est imposé depuis le 49-3, c'est la question des violences.
35:52 Même de l'ultra-violence, de l'ultra-gauche.
35:55 On ne rajoutera pas les mots "ultra" sans arrêt.
35:58 Mais la question de la violence s'est imposée. Pour vous, cette violence,
36:01 elle n'émane pas, si je comprends bien votre propos, de la colère populaire.
36:04 Mais c'est véritablement une violence d'ultra-gauche qui perce dans le débat
36:07 et qui est d'une autre nature. – Oui, oui. Je pense que cette violence-là
36:10 n'est pas dangereuse. Même si elle est spectaculaire.
36:13 La violence des Gilets jaunes, la violence ouvrière, la violence de la France profonde.
36:16 Elle a fait trembler le pouvoir, on peut le dire. Désormais, on sait
36:19 qu'il y avait un hélicoptère près de l'Elysée. Il y a des scènes parfois surréalistes,
36:22 ou puis envelées en particulier, avec une fuite qui rappelait
36:25 la fuite à Varennes d'Emmanuel Macron avec son épouse.
36:28 Donc le pouvoir a eu peur avec les Gilets jaunes. Là, le pouvoir n'a pas peur.
36:31 Je ne veux pas dire par là que ça n'est pas violent.
36:34 C'est une violence très spectaculaire, mais en même temps, c'est une violence
36:37 qui est abstraite puisqu'elle s'adresse à des idoles qui sont
36:40 complètement dématérialisées, complètement froides.
36:43 C'est l'État, c'est le capitalisme, c'est les absents.
36:45 – Mais lorsqu'elle s'en prend aux policiers, cela dit, c'est une violence
36:47 qui confronte l'État directement, physiquement.
36:49 – Oui, mais à partir d'une théorie qui me sent complètement biaisé,
36:53 surjouée si on fait la généalogie de cette théorie de la violence.
36:56 Déjà, ne pas se méprendre sur les Black Blocs.
36:59 Les Black Blocs, ce n'est pas un corps politique.
37:01 Les Black Blocs, c'est vraiment une formation de combat, au sens où
37:04 la torture homaine était une formation de combat.
37:06 Les Black Blocs, ce sont des gens qui s'agrègent à un moment donné,
37:10 jour J, heure D, avec un habit furtif, noir, une casquette,
37:13 donc pas repérables, qui sont depuis quand même quelques temps très entraînés.
37:19 L'Azad de Notre-Dame-des-Champs a été un terrain d'entraînement exceptionnel.
37:22 – Ils sont des milices paramilitaires.
37:24 – Oui, non, ils sont très très forts.
37:26 Pour autant, je trouve que cette violence est surjouée, parodique.
37:30 Si je dis ça, c'est que je ne veux pas donner raison à notre ministre de l'Intérieur,
37:33 Darmanin, qui a parlé de Black Bourges.
37:35 Mais il n'empêche néanmoins, rappelez-vous les défilés du 1er mai 2019,
37:40 avec les gardés à vue, c'était quand même assez fascinant,
37:43 la sociologie des gardés à vue.
37:44 C'était les Black Blocs également qui avaient sévi contre les forces de l'ordre.
37:47 Un centralien à 4 200 euros par mois, la fille d'un directeur de banque,
37:52 il y avait trois gardés à vue, et le troisième gardé à dû,
37:54 c'était le fils de quelqu'un du CNRS.
37:56 Si vous vous intéressez à Clément Méric, les parents sont des universitaires
38:00 bardés de diplômes, donc tout cet univers qui vient des sciences humaines,
38:04 qui vient de la sociologie, qui est conforté en général par l'université,
38:08 et ses grandes citadelles, Rennes-deux, Le Mirail, Tolbiac, Jussieu, Nanterre, etc.,
38:13 eh bien c'est produit une violence qui est une violence de tête,
38:17 qui est une violence purement intellectuelle, vraiment abstraite,
38:20 à laquelle je n'arrive pas à croire.
38:22 – Une violence révolutionnariste, pourrait-on dire ?
38:24 – Pseudo révolutionnaire, si vous préférez un autre terme,
38:27 c'est presque un simulacre de violence.
38:29 Pour autant elle est réelle, je le dis bien,
38:31 mais c'est un simulacre de violence qui ne met absolument pas en péril l'État.
38:34 Pourquoi ? Parce que ça n'est jamais qu'un accord groupusculaire
38:37 où on a 2000 personnes, 2500 personnes, 3000 personnes,
38:40 en réunissant des Italiens, des Allemands, des Espagnols, des Anglais.
38:43 Je ne crois pas, cette extrême gauche, ou cette ultra-gauche,
38:46 on ne sait plus comment l'appeler, elle se reproduit par sissiparité.
38:49 La sissiparité c'est le sécessionnisme pathologique,
38:53 c'est-à-dire qu'on se reproduit en se divisant, ça passe son temps à se diviser.
38:56 Quand vous essayez à définir les gens qui sont derrière les Black Blocs,
38:58 c'est impossible.
38:59 – C'est la multiplication des sectes.
39:01 – Oui, on peut le dire ainsi.
39:03 La raison pour laquelle cette violence est réelle, elle répond à un objectif politique.
39:09 L'objectif politique c'est qu'il faut détruire l'État, le pouvoir, le capitalisme,
39:15 toutes les grandes enseignes, il faut détruire la société pour créer une ZAD,
39:18 une ZAD générale.
39:19 La ZAD, ce n'est pas seulement une sorte de cours des miracles,
39:23 même si ça finit comme une cours des miracles.
39:25 La ZAD, cette zone, c'est vraiment une cité utopique.
39:29 Ces gens-là veulent créer une cité utopique qui s'appelle la ZAD,
39:32 c'est-à-dire sans État, sans autorité, sans structure patriarcale, sans institution.
39:39 C'est ça leur objectif.
39:40 Mais ils sont ultra minoritaires, leur force vient de ce qu'ils sont soutenus par l'institution.
39:45 C'est ça le paradoxe, l'institution médiatique, en tout cas les médias du service public.
39:49 Moi je les appelle les médias du service public, l'institution universitaire.
39:54 – Compte tenu de complaisance à leur endroit, c'est incroyable.
39:56 – Complète, rappelez-vous, parce qu'il faut rappeler les choses,
39:59 ces gens-là, en particulier la figure d'Antonin Bernanos,
40:02 là on retombe sur la loi travail en 2016,
40:04 jette un cocktail Molotov dans une voiture où il y a trois policiers,
40:08 dont deux femmes, qui manquent d'être embrasées.
40:12 Ce fait d'Antonin Bernanos, qui est l'arrière-petit-fils d'un immense écrivain
40:15 qui ne se reconnaîtrait pas dans cette figure-là,
40:17 qui n'est jamais qu'un fils de bourgeois, étudiant à Nanterre,
40:20 a été soutenu après ça par toute la faculté de Nanterre,
40:23 le conseil d'administration de Nanterre, les professeurs de Nanterre.
40:27 Sa mère est reçue sur les ondes de France Inter et de France Culture.
40:31 Donc ils sont marginaux numériquement, combien de divisions ?
40:37 C'est zéro, c'est 2000, 3000, pour autant ils s'adossent à des parties,
40:41 puisque la gauche résonne toujours dans les termes qui ne fonctionnent pas à droite,
40:44 c'est pas de division à gauche, même si ces gens-là pensent
40:47 que les parties jouent le jeu du système, la NUPES incluse,
40:51 néanmoins la NUPES les soutient.
40:53 – Arthur Levatrigan, dernière question,
40:55 et ensuite je me permettrai de vous poser une question sur ce livre
40:57 puisque vous y êtes mentionné, Arthur Levatrigan.
40:59 – Au moment des Gilets jaunes, Emmanuel Macron a fait le pari
41:03 d'incarner le Parti de l'Ordre, il a commencé "Révolutionnaire"
41:06 avec son bouquin "Révolution" puis finalement "Hemi-Mandat",
41:08 le Parti de l'Ordre, est-ce que vous pensez que cette fois-ci,
41:11 au vu de ces déclarations, on a l'impression, encore une fois,
41:14 qu'il veut rassembler la bourgeoisie derrière lui,
41:16 sachant qu'on sait que la bourgeoisie, la seule chose qu'il craigne,
41:19 c'est la violence physique qu'on voit dans le simulacre que vous dénoncez précédemment.
41:23 Est-ce que vous pensez que cette fois-ci, ça va marcher
41:25 et pensez-vous que ça soit intentionnel de sa part de jouer le pourrissement ?
41:28 – On peut le penser, puisqu'il est en train d'endosser les habits
41:32 du garant de l'État, du garant de l'Ordre,
41:35 le paradoxe c'est que c'est lui qui a créé le désordre,
41:37 c'est lui qui a créé le chaos, en s'entêtant dans cette formule du 49-3,
41:41 il s'en sort, il y avait d'autres options pour la retraite,
41:44 on ne va pas en parler ce soir, ce n'est pas l'objet,
41:45 mais il y avait quand même beaucoup d'options,
41:47 autres que plus de 2 ans de retraite, il s'y refusait,
41:49 il s'est enfermé dans le délit, il s'est enfermé dans son château,
41:53 dans sa citadelle, aujourd'hui c'est en train d'exploser,
41:56 parce que je ne l'ai pas dit à Mathieu Bocoté,
41:58 mais la cible d'ailleurs de tout ça, c'est réellement Macron,
42:02 moi c'est fascinant, c'est là où il y a presque une réligionisation,
42:05 c'est que Macron cristallise une forme de colère dévastatrice dans la périphérie,
42:10 il incarne l'arrogance du pouvoir, l'arrogance lointaine du pouvoir,
42:14 distante et condescendante.
42:16 - Alors, vous êtes mentionné, dis-je, dans ce livre dont on parlait en première partie,
42:21 de François Krug, Réaction française, enquête sur l'extrême droite littéraire,
42:25 et vous avez vu le traitement qui lui a été réservé dans l'Obs, dans l'Ibé,
42:29 et je me permets simplement de vous demander ce que vous inspire
42:32 ce type d'enquête policière, sur certains écrivains pour les extrêmes droitisés.
42:38 Alors c'est ma petite présentation un peu éditorialisée,
42:41 mais que vous inspire tel ouvrage, que vous inspire cet ouvrage?
42:44 - Je passe après vous Mathieu, donc vous lui avez taillé un beau costard.
42:47 Je ne sais pas si vous avez en tête ce mot de Guy Debord,
42:50 sur le "je ne suis pas un journaliste de gauche, je n'ai jamais dénoncé personne".
42:54 François Krug ne relève manifestement pas de cette catégorie.
42:58 Il se trouve que c'est un livre qu'il m'a envoyé en service de presse,
43:01 et je m'en flatte, parce que c'est la première fois de ma vie,
43:03 en tant que journaliste, que je reçois un service de presse du seuil.
43:05 Je n'ai jamais reçu un seul livre du seuil qui nous boycotte, nous élément.
43:09 Et il m'a envoyé son livre parce que j'ai accepté de lui répondre,
43:12 parce que je fais le pari que, après tout, c'est peut-être pas un salaud.
43:16 Je me suis trompé dans les largeurs.
43:19 C'est un petit délateur, comme vous l'avez dépeint.
43:22 Je trouve que le monde, depuis qu'il y a Edith Plenel au Monde,
43:25 je ne suis plus là maintenant, mais il y a 40, 30 ans,
43:27 le monde qui est un journal de grands reporters est devenu un journal de petits rapporteurs.
43:31 Ce qui est François Krug, il se trouve que je fais parmi les 1000 personnes,
43:36 journaliste, éditeur, qui à Paris connaît Sylvain Tesson,
43:39 il a choisi de me rencontrer parce que j'appartiens à la Nouvelle Droite,
43:41 et je suis rédacteur en chef d'Eléments.
43:43 Il n'a pas demandé aux 999 autres à les rencontrer,
43:46 il a voulu les rencontrer que moi pour valider sa thèse.
43:48 Sylvain Tesson est d'extrême droite, Michel Walbeck est d'extrême droite,
43:51 Jean Raspail est d'extrême droite, tout le monde est d'extrême droite.
43:54 Les Schtroumpfs aussi.
43:55 - J'y reviens parce que ça me semble assez important.
43:57 C'est la technique de la délation dans le milieu littéraire.
44:00 C'est-à-dire cette idée qu'un écrivain n'existe plus par son oeuvre,
44:04 il existe par l'étiquette qu'on peut lui coller,
44:06 par les amitiés qu'on lui connaît peut-être,
44:08 par les livres qu'on trouve dans sa bibliothèque.
44:10 Est-ce que ce n'est pas le contraire même de la vie intellectuelle
44:13 que de fonctionner sur le mode de la délation et de l'inspection policière ?
44:16 - Nous, on aimerait que nos adversaires soient des chevaliers.
44:19 Ce n'est même pas des écuyers, c'est des fripouilles,
44:22 il fait la jacouille pour François Krug.
44:25 Sur Sylvain Tesson, il dit absolument n'importe quoi en plus.
44:29 C'est un grand écrivain, conservateur, oui assurément,
44:32 comme Albert Camus et quantité d'autres écrivains.
44:35 Mais il est fondamentalement apolitique,
44:37 le pouvoir de Sylvain Tesson, un écrivain de droite,
44:39 sinon d'extrême droite, est paradoxal.
44:41 Je ne suis pas un inconditionnel de Houellebecq.
44:43 Houellebecq me semble plutôt un symptôme de la post-modernité
44:45 qu'un écrivain d'extrême droite.
44:47 Mais on reste dans l'univers mental,
44:50 concentrationnaire, policier, que vous décriviez,
44:53 et qui est propre à cette gauche.
44:55 Alors là, pour le coup, institutionnel, c'est le seuil, le monde.
44:57 Mais je le redis, le monde désormais est une officine de délation.
45:00 Le grand rapporteur est devenu un petit rapporteur.
45:02 Dans la cour d'école, moi, les François Krug,
45:04 on leur disait "Faillot, faillot, faillot".
45:07 Arthur de Matrigal, il nous reste une minute pour une dernière question.
45:10 Est-ce que ce n'est pas forcément plutôt une bonne nouvelle,
45:13 vous qui militez pour le combat culturel,
45:15 de voir un journaliste de gauche attaquer
45:18 et vouloir cataloguer d'extrême droite des écrivains qui fonctionnent,
45:21 parce que peut-être, eux, à gauche, ils n'ont plus d'écrivains qui vendent ?
45:23 Vous avez raison, Arthur, oui, mille fois raison.
45:25 C'est un hommage, c'est l'éternel hommage du vice,
45:28 et de la mauvaise foi à la vertu,
45:30 en particulier à nos vertus littéraires,
45:32 pour ce qui concerne Sylvain Tesson.
45:34 Je ne vois pas à gauche un équivalent de Sylvain Tesson.
45:36 Je ne pense pour autant faire un écrivain que de droite,
45:39 parce que, précisément, Sylvain Tesson est un aventurier qui s'enfuit.
45:42 Il est très proche de l'univers mental des Russes.
45:45 Moi, je trouve que c'est le plus français des écrivains russes.
45:48 Il écrit une langue sèche,
45:51 quasiment de moraliste du Grand Siècle,
45:53 mais l'univers mental, c'est la casquette,
45:55 c'est la Sibérie, c'est le lac Baïkal.
45:57 Si ça, ça ne fait pas un pionnier soviétique fantastique.
46:01 Merci beaucoup François Bousquet,
46:03 merci à tous les deux Mathieu et Arthur.
46:05 On se retrouve évidemment la semaine prochaine,
46:07 et l'info se poursuit sur CNews.
46:09 [Musique]

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