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Chaque dimanche, #LeGrandRDV reçoit un invité politique dans le Grand Rendez-Vous, en partenariat avec Europe 1 et Les Echos.

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00:00 Et bienvenue à vous au Grand Rendez-vous et bonjour à tous.
00:04 Bonjour Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer.
00:08 C'est votre Grand Rendez-vous ce dimanche.
00:10 Vous êtes le ministre incontournable.
00:12 Vous attirez toutes les attentions et cristallisez aussi les critiques.
00:16 Salutés par les uns pour votre fermeté, dénoncés par les autres pour votre gestion du maintien de l'ordre
00:22 dans les manifestations ou encore à Sainte-Soline.
00:24 Vous êtes au cœur de l'action et des polémiques, monsieur le ministre.
00:28 Ceux qui vous traissent des lauriers vous voient propulser à Matignon et plus.
00:31 Si affinité en 2027, soulignant votre flair politique très sarkozyen.
00:36 Quant aux autres, ils exigent votre démission et dénoncent vos manipulations, voire même vos mensonges.
00:41 C'est donc aujourd'hui une émission de clarification, un moment clé et singulier de notre pays.
00:46 Merci d'avoir accepté cette invitation pour vous interroger.
00:49 Mes camarades Stéphane Dupont-Desecaux, bonjour à vous Stéphane.
00:52 Bonjour.
00:53 Et Mathieu Bockcôté, bonjour à vous Mathieu.
00:55 Bonjour.
00:56 Gérald Darmanin, ce sont des propos qui font d'ores et déjà beaucoup réagir.
01:00 Dans le journal du dimanche ce matin, vous accusez l'extrême gauche de terrorisme intellectuel.
01:05 En quoi n'êtes-vous pas dans la surenchère des mots ?
01:08 Non, mais il y a un rouleau compresseur incontestable d'une partie extrêmement entendue ces derniers jours
01:19 sur les ondes de l'extrême gauche qui attaquent les policiers et les gendarmes en dessous de la ceinture,
01:23 qui leur tirent dans le dos.
01:25 Et il n'y a pas de doute qu'il y a, indépendamment de la terreur physique qu'ont vécu les policiers et les gendarmes
01:32 à Saint-Sauline, dans certaines zones de guérilla urbaine qu'on a vues après les manifestations classiques,
01:38 bien évidemment, il y a aussi une terreur intellectuelle.
01:42 Désarmer la police, dire qu'elle tue, inviter dans certaines facs qu'on bloque par des militants d'extrême gauche,
01:48 des gens qui ont tué eux-mêmes, regarder à Bordeaux ce qui s'est passé.
01:52 On a invité un conférencier, M. Jean-Marc Rouillant, qui a quand même été condamné à 25 ans de prison,
01:57 et on lui a demandé, présenté comme un prisonnier politique, je mets des guillemets, bien évidemment,
02:01 de discuter de ce que doit être l'avenir demain de notre pays.
02:05 Il peut, il doit y avoir une alarme sonnée.
02:08 L'extrême gauche joue un jeu très dangereux dans notre pays.
02:10 Terreur intellectuelle, c'est-à-dire qu'il y a au sein de la classe politique,
02:13 c'est bien cela dont vous parlez aujourd'hui, des élus, des élus qui sont responsables de terreur et de terrorisme intellectuel.
02:20 Il y a une complicité évidente désormais avec des gens qui ont eu leur entrée à l'Assemblée nationale,
02:26 avec des mouvements d'extrême gauche qui terrorisent.
02:30 De qui parlez-vous ? De la France insoumise ? Des élus de la France insoumise ?
02:32 Quand M. Mélenchon dit que la police tue, quand on dit qu'il faut désarmer les policiers et gendarmes,
02:38 quand M. Mélenchon dit qu'il faut rééduquer les policiers, qu'il faut les soigner, vous ne trouvez pas cela terrifiant ?
02:43 Mais vous diriez, est-ce que vous diriez que cela va se faire de l'ouest ?
02:45 C'est une question, mais vous ne trouvez pas cela terrifiant ?
02:46 La France insoumise, à tout le moins M. Mélenchon vous évoquait, est-ce qu'on pourrait parler plus largement d'un climat qui est présent à l'université ?
02:52 Ce terrorisme intellectuel dont vous parlez dans les médias, à l'université, dans l'enseignement supérieur ?
02:57 Mais ce n'est pas n'importe qui. M. Mélenchon a été deux fois candidat à la présidence de la République.
03:02 Il voulait être Premier ministre il y a quelques mois encore.
03:05 Et chacun voit qu'il est celui qui dirige en sous-main, même s'il n'est plus représenté à l'Assemblée nationale.
03:12 Ce qui pose d'ailleurs un problème démocratique extrêmement important.
03:14 Quelqu'un qui n'est plus élu, désormais, amène, me semble-t-il, le là de la gauche et d'extrême-gauche.
03:19 Il a sa carte-cour et son expérience. Il peut quand même influencer un groupe futile parlementaire.
03:23 Je constate qu'il n'est pas élu.
03:25 Ce que je veux dire, tout simplement, c'est qu'il faut dire les choses.
03:30 Il ne peut pas y avoir de renversement de valeur dans notre pays, sinon les choses pour les Français vont mal se passer.
03:37 L'agresseur ne peut pas être vu comme l'agressé et l'agresser l'agresseur.
03:42 Quand les gens attaquent au cocktail molotov des gendarmes, quand on leur envoie des pavés,
03:47 lorsqu'on voit les images, il suffit de regarder les images de ce week-end dernier à Sainte-Soline,
03:51 on ne peut pas se dire que le gendarme est l'agressé et que le casseur est finalement un gentil manifestant.
03:56 Ce n'est pas possible.
03:57 Cela va de soi, mais la question qu'on pourrait distinguer...
03:59 Cela va de soi, mais ça n'a pas été le là médiatique de cette semaine.
04:03 Vous parlez de terrorisme intellectuel, de complaisance.
04:05 La question que je vous pose, c'est de savoir jusqu'où va cette complaisance, selon vous, en ce moment.
04:08 Elle est dans les milieux intellectuels, dans les médias, dans la classe politique ?
04:11 D'abord, elle est rarement dénoncée, cette complicité de l'extrême gauche.
04:15 Elle est rarement dénoncée.
04:17 Quand M. Mélenchon parle tout le temps de Robespierre, on a l'impression, comme ça, c'est sympathique,
04:21 mais c'est une référence très étonnante, que personne n'aurait acceptée il y a encore quelques années.
04:27 Et oui, je le dis très simplement, il y a des femmes et des hommes qui sont pères et mères de famille,
04:31 qui sont des policiers et des gendarmes, qui ne sont pas très bien payés.
04:34 Pas grand monde n'aimerait faire leur métier, finalement, de se prendre des insultes, des crachats,
04:40 des pavés, des cocktails. Il ne faut pas savoir si on embrasse ses enfants quand on rentre le soir,
04:44 parce que peut-être qu'on est sur un lit d'hôpital, ou peut-être qu'on a été tué,
04:47 comme c'est le cas pendant le terrorisme, ou dans la lutte contre la délinquance tous les jours.
04:50 Et moi, qui suis ministre de la République, qui ai l'honneur d'être leur chef, je ne pourrais rien dire.
04:55 Il faudrait que je batte ma coulpe pour dire "Ah, vraiment, c'est terrible,
04:58 ah oui, les gentils casseurs et les méchants gendarmes".
05:01 Ce n'est pas comme ça que je conçois ma conception.
05:03 Moi, je veux dire que les policiers et les gendarmes, il faut les protéger.
05:06 Ils ne sont pas la police du gouvernement, ils ne sont pas la police de Gérald Darmanin,
05:10 ils sont la police de tout le monde, et personne ne les protège.
05:13 - On va en parler. Monsieur le ministre, mais vous venez quand même de parler,
05:15 c'est un terme qui est lourd de sens, peut-être de conséquence, de terrorisme intellectuel.
05:18 Je voudrais y revenir en accusant Jean-Luc Mélenchon et probablement une partie de la France insoumise,
05:23 ou toute la France insoumise. Qu'est-ce qui relève quand même de la liberté d'expression
05:27 et d'opinion dans notre pays, et qu'est-ce qui relève du terrorisme intellectuel ?
05:31 Parce que là, est-ce que vous n'êtes pas en train, par cette dénonciation, d'appeler à une forme de censure
05:35 que vous avez dit par les oppositions ?
05:37 - S'il me suffit que je puisse moi aussi mettre des mots sur les choses.
05:40 Monsieur Mélenchon met des mots très durs sur des choses, qui d'ailleurs ne correspondent pas toujours à la réalité.
05:45 Est-ce que j'ai le droit quand même de dénoncer ? Est-ce que dans ce pays, un ministre peut protéger
05:49 les policiers et les gendarmes, et de dire que oui, il y a une forme de terreur intellectuelle
05:53 quand on essaye de les défendre ?
05:54 - Vous la décrieriez comment, cette terreur intellectuelle, si je peux me permettre ?
05:57 - Il y a une volonté, je crois extrêmement forte, d'attaquer les institutions de la République,
06:02 d'attaquer la démocratie. J'essaye de démontrer dans le journal du dimanche,
06:05 je vais essayer de le faire ce matin, que l'extrême-gauche essaye d'avoir, par le désordre,
06:11 ce qu'elle n'a pas pu avoir dans les urnes.
06:13 C'est une forme d'attaque démocratique très forte.
06:18 - Mélenchon, pour vous, c'est un factieux, alors ? C'est quelqu'un qui veut renverser la République ?
06:21 - Non, monsieur Mélenchon, c'est un cynique. Il n'a pas pu être en responsabilité politique, malgré ses plusieurs essais.
06:26 Monsieur Mélenchon, il a compris que l'extrême-gauche était extrêmement minoritaire dans les urnes
06:31 et dans l'esprit des Français. Vous savez, on parle toujours des sondages pour les retraites.
06:34 On dit "regardez les sondages, le président devrait reculer".
06:36 Moi, j'ai vu un sondage cette semaine, 70% des Français, malgré tout ce batage intellectuel,
06:41 70% des Français soutiennent la police et la gendarmerie.
06:44 Donc les Français sont massivement, la France, dans ses profondeurs, comme le disait le général,
06:47 favorables évidemment à la fermeté, à la police et la gendarmerie.
06:51 Ça ne veut pas dire qu'ils sont pour la réforme des retraites.
06:53 On peut être contre la réforme des retraites et pour les policiers.
06:56 Ça n'a strictement évidemment aucun lien.
06:58 Je voudrais terminer à votre question, monsieur Mélenchon, c'est un cynique.
07:01 Il veut manifestement...
07:04 On a l'impression depuis le début de cette émission, monsieur le ministre,
07:07 que le vrai problème de la France, c'est l'extrême-gauche.
07:09 C'est vous qui m'interrogez dessus, donc je réponds à vos questions.
07:11 Si vous me parliez des retraites ou de la répartition de la richesse, je le ferais bien volontairement.
07:15 Mais vous m'attaquez, vous m'attaquez vous-même sur le sujet de monsieur Mélenchon.
07:18 J'y réponds bien volontiers.
07:19 En ciblant comme ça la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon,
07:22 est-ce que vous n'êtes pas en train de faire une forme de stratégie de diversion
07:25 pour masquer le fait qu'en matière de maintien de l'ordre, c'est difficile ?
07:29 Bien sûr que c'est difficile le maintien de l'ordre.
07:31 D'ailleurs, le médecin de policiers, c'est difficile.
07:32 Je vous encourage à aller passer une journée avec eux, vous allez voir, c'est extrêmement difficile.
07:35 Bien sûr que c'est difficile, bien sûr que tout n'est pas absolument parfait, évidemment.
07:39 Mais la première des choses...
07:40 Un moyen de se déplacer, de vous défausser sur eux.
07:42 Non, la première des choses d'abord, c'est de vous dire que je suis chef d'une administration.
07:45 Je suis ministre de la République, je suis le serviteur de mon administration.
07:48 Et mon travail de chef, c'est pas de me planquer
07:51 lorsque ça va mal à la télévision et que les policiers et les gendarmes sont attaqués.
07:56 Mon travail de chef, c'est d'aller sur un plateau de télévision, je vous remercie, de radio,
07:59 je vous remercie de m'inviter, d'aller dans les journaux
08:01 et dire que les policiers et les gendarmes sont des gens d'honneur,
08:03 qui respectent la République, et qu'on ne peut pas leur tirer dans le dos.
08:06 Parce qu'ils ont un devoir de réserve, les policiers et les gendarmes.
08:08 Ils ne peuvent pas répondre à M. Mélenchon.
08:10 Alors c'est moi qui le fais.
08:11 Et effectivement, s'il y a des attaques, c'est normal que ce soit contre le ministre de l'Intérieur.
08:14 Mais j'ai vu, quand on a un responsable politique qui va à la télévision
08:18 et qui dit que les policiers doivent se faire soigner.
08:21 Mais attendez, vous les rencontrez, vous les policiers et les gendarmes ?
08:24 Moi j'ai vu des gens blessés.
08:25 Il parlait en particulier de la brave M.
08:27 Il parlait des policiers.
08:29 Evidemment, ce sont des policiers.
08:30 Il n'a pas dit que les policiers se tuaient.
08:31 La conséquence, M. le ministre, est-ce que ça veut dire que quand on dit cela aujourd'hui,
08:34 on est en dehors de la République ?
08:36 Est-ce que ce sont des propos qui sont contre la République, puisqu'ils sont contre la police ?
08:40 Moi, c'est pas ma conception républicaine, c'est certain.
08:43 Après, je ne suis pas petit père des peuples.
08:46 Ce n'est pas moi qui définit qui est dans le champ républicain ou pas.
08:48 Ce n'est pas ma conception de la République.
08:49 Ma conception de la République, c'est effectivement qu'on aime les policiers et les gendarmes,
08:52 qu'on les respecte, qu'on aime les professeurs,
08:54 que le professeur doit pouvoir être le maître dans sa classe
08:57 et qu'on doit toujours tenir du côté du professeur
08:59 contre la personne qui pourrait contester a priori son enseignement.
09:02 Mais reprenons vos mots.
09:03 Terrorisme intellectuel, les mots plus largement de l'exécutif.
09:06 Groupe factieux, ultra-gauche, chaos, bordélisation, fragilisation de la République,
09:10 sape de nos institutions.
09:11 L'exécutif dénonce, mais vous estimez n'avoir aucune responsabilité
09:15 dans ce qui est en train de se passer dans le pays
09:17 et ce qui est en cours par rapport aussi à nos policiers souvent mis en danger ?
09:21 Alors, il y a plusieurs choses.
09:23 Lorsque les gens manifestent, et qu'ils le font dans un cadre évidemment démocratique,
09:27 c'est l'honneur des policiers et des gendarmes de protéger ces manifestations,
09:31 surtout lorsqu'elles sont dirigées contre le gouvernement.
09:33 C'est pour ça que les policiers ne sont pas les policiers du gouvernement,
09:35 ce sont les policiers de la République.
09:37 D'ailleurs, les policiers, ils poussent, vous savez, leur honneur et leur déontologie
09:40 à protéger les manifestations, où les manifestants, parfois, pas tout le temps,
09:43 évidemment, crient "sucidez-vous aux policiers".
09:45 C'est comme ça que ça se passe quand même dans notre pays.
09:47 Donc lorsqu'ils le font dans un cadre démocratique,
09:49 et regardez ce qui s'est passé jusqu'à encore la semaine...
09:52 avant la semaine dernière, il y a eu huit grandes manifestations en France,
09:55 avec des millions de personnes cumulées qui sont passées correctement.
09:58 D'ailleurs, tout le monde tressait des louanges au nouveau schéma du maintien de l'ordre,
10:01 au ministère de l'Intérieur, aux présets de police...
10:03 Oui, mais depuis il y a eu le 49.3 et les choses ont basculé.
10:05 Non, depuis il n'y a pas eu de problème de manifestation.
10:07 C'est ce que j'essaie d'expliquer également dans le journal du dimanche.
10:10 Il y a eu des problèmes de guérilla urbaine.
10:12 Il y a eu des problèmes de guérilla urbaine dans des manifestations sauvages et à Seine-Solyne.
10:16 D'ailleurs, ce qui est très intéressant, c'est qu'on n'a pas vu, M. Mélenchon,
10:19 on n'a pas vu l'Europe Écologie-Les Verts distinguer ce qui aurait pu se passer
10:23 dans les manifestations et condamner les violences qui ont eu lieu à Seine-Solyne.
10:26 Seine-Solyne, ça n'a rien à voir avec les retraites.
10:28 Seine-Solyne, tout le monde a vu, sans aucune espèce de doute,
10:31 que l'agression a été contre les gendarmes.
10:33 Pourquoi, à partie pacifique, je mets des guillemets comme "Europe Écologie-Les Verts",
10:38 on n'est pas capable de dire "on peut être contre les bassines" ?
10:41 Et c'est une opinion que je respecte, tout à fait,
10:44 mais pas envoyer des cocktails molotovs sur des gendarmes.
10:47 Donc vous êtes en train de dire que leurs discours, leurs propos, nourrissent aujourd'hui
10:50 ce que vous qualifiez sur le terrain de scène de guérilla.
10:52 C'est-à-dire que vous faites un lien direct entre des propos politiques et des violences.
10:57 Mais Mme Habouk, quand on ne condamne pas cela,
11:00 lorsqu'on n'est pas capable, en quelques mots, de dire
11:03 "oui, ce n'est pas normal que des gendarmes puissent avoir des cocktails molotovs sur la tête
11:09 devant tous les Français",
11:11 ça ne veut pas dire qu'on est obligé d'être d'accord avec le gouvernement et d'accord avec les bassines.
11:15 - Qui le fait, M. le ministre Marine Le Pen ?
11:17 Est-ce que vous estimez qu'elle est dans une position plus républicaine, moins attaquable ?
11:23 - J'ai pas vu Mme Le Pen soutenir les policiers et les gendarmes.
11:25 Il y a même un excellent papier dans un journal ce matin,
11:28 j'ai même vu la stratégie du science de Mme Le Pen,
11:30 qui ne savait pas dire un mot pour protéger nos policiers et nos gendarmes.
11:33 Aujourd'hui, les policiers et les gendarmes, ils se sentent bien seuls.
11:36 Et moi, je veux leur dire, en tant que leur chef,
11:38 que je suis là pour prendre des coups à leur place,
11:40 que j'ai confiance en eux, et que ce sont des fils et des filles du peuple,
11:43 c'est eux les enfants des classes populaires et des classes moyennes.
11:45 Il y a beaucoup de jeunes, d'ailleurs, chez les policiers et chez les gendarmes,
11:47 qui s'engagent pour protéger la République.
11:49 Ils ne le font pas pour protéger la politique d'un gouvernement,
11:52 ils le font pour protéger les biens et les personnes.
11:54 – Vous avez fait un instant sur la politique, qui fait progresser Marine Le Pen ?
11:56 Dans le journal du dimanche, vous dites Jean-Luc Mélenchon,
11:58 à la gauche de la gauche, on dit que c'est vous
12:00 qui l'a fait progresser l'exécutif et la politique du gouvernement,
12:03 puisque le Rassemblement national n'a cessé de progresser
12:05 depuis l'arrivée au pouvoir de M. Macron.
12:07 – Non mais la progression du Rassemblement national
12:10 est un problème depuis plus de 20 ans.
12:12 La première fois que j'ai voté, c'était pour voter Jacques Chirac.
12:14 – Mais là, vous diluez.
12:15 – Contre Jean-Marie Le Pen, non, j'ai aucune responsabilité des collectifs,
12:17 incontestablement, incontestablement.
12:19 Simplement, moi, je pense que dans cette période,
12:21 de tirer dans le dos des policiers et des gendarmes,
12:24 et pousser au désordre…
12:25 – Tirer dans le dos ?
12:26 – Oui, moralement, évidemment.
12:28 – Je me permets de poser la question, quand un journal, par exemple,
12:31 décide de titrer, après Sainte-Soline, sur les violences policières,
12:34 et non pas sur les violences antipolicières,
12:36 est-ce que ce journal participe au terrorisme intellectuel dont vous parlez ?
12:40 – Moi, je ne suis encore une fois pas là pour donner des bons points
12:42 et des mauvais points, ce n'est pas ma conception des choses.
12:44 D'abord, vous savez, lorsque vous mettez, quand vous dites violences policières,
12:47 vous semblez mettre un titre égal, pas vous, évidemment,
12:50 mais ceux qui le disent, entre la violence des personnes
12:53 qui n'ont pas la force légitime donnée par la loi,
12:55 et ceux qui ont la force légitime donnée par la loi.
12:57 Qu'il y ait des policiers et des gendarmes,
12:59 qui individuellement ne respectent pas la déontologie
13:01 et utilisent de façon disproportionnée la force, bien sûr.
13:04 Comme dans tous les métiers, comme chez les boulangers,
13:06 comme chez les journalistes, comme chez les ministres,
13:08 comme chez les gardiens de phare, il y a des bons et des mauvais, c'est certain.
13:11 Et quand ils sont mauvais, il faut les sanctionner.
13:13 J'ai dit d'ailleurs ce matin, dans le journal du dimanche,
13:15 que chaque année, je sanctionnais à peu près entre 100 et 110 policiers et gendarmes.
13:19 Sur 250 000 policiers et gendarmes.
13:21 Est-ce que ces 100 policiers et gendarmes méritent,
13:24 parce qu'ils n'ont pas respecté la déontologie,
13:26 qu'on les compare à l'ensemble des 250 000 qui font bien leur travail ?
13:30 Est-ce que c'est une question qu'on peut se poser en France ?
13:32 Est-ce qu'on ne peut pas dire, oui, on sanctionne individuellement
13:35 un policier qui fait mal son travail, il ne doit plus porter l'uniforme de la République,
13:39 que de dire, regardez, il y a un système raciste,
13:42 il y a un système violent dans la police et dans la gendarmerie.
13:45 C'est extrêmement grave de faire cela.
13:46 Et vous savez, les policiers et les gendarmes,
13:49 lorsqu'un de leurs camarades fait une erreur,
13:52 lorsqu'il commet un délit, mais c'est eux qui se sentent insultés.
13:55 Et vous faites la différence, Gérald Darmanin.
13:57 Non mais tous les Français font la différence.
13:59 Tous les Français font la différence.
14:00 Et la question aussi, c'est quels ordres ont été donnés aux forces de l'ordre,
14:03 notamment à Sainte-Soline, on va en parler,
14:05 et plus largement aussi les manifestations,
14:07 puisque une nouvelle journée va se dérouler le 6 avril.
14:09 Merci d'être avec nous. Une courte pause et on se retrouve.
14:13 ...
14:16 ... être invité ce dimanche, le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin,
14:19 après les scènes de chaos à Sainte-Soline,
14:21 le président de la République, Emmanuel Macron,
14:23 a affirmé que des gens sont venus faire la guerre.
14:25 Rappelons le bilan de blessés, 47 gendarmes blessés.
14:29 Du côté des manifestants, il y avait deux personnes dans le coma.
14:32 L'une en est sortie, l'autre reste dans un état critique.
14:35 On va en parler, Gérald Darmanin,
14:37 mais que répondez-vous à ceux qui vous disent tout ça,
14:39 tout ça pour un trou, pour une bassine ?
14:42 D'abord, je vais avoir des mots, évidemment, pour les blessés,
14:45 pour les blessés dans la gendarmerie nationale.
14:47 Il y en avait déjà 61, dont certains extrêmement gravement,
14:50 voilà, six mois, parce que Sainte-Soline, c'était,
14:52 si j'ose dire, le retour, là.
14:54 Évidemment, du côté des personnes qui n'étaient pas dans la gendarmerie nationale
14:59 et ceux qui luttent pour la vie, évidemment,
15:01 je vais en avoir une pensée pour leurs familles.
15:03 Tout ça pour ça. De quoi parle-t-on pour Sainte-Soline ?
15:06 Moi, mon opinion, c'est pas de dire si je suis pour ou contre les bassines.
15:09 C'est pas mon sujet de ministre de l'Intérieur.
15:11 Mais ce qui se passe, c'est que vous avez dans ces bassines
15:14 des outils de production pour nos agriculteurs.
15:16 Parce que ces bassines sont là pour qu'il y ait de l'eau,
15:18 pour que nos agriculteurs puissent nous nourrir.
15:20 Et c'est un très beau métier d'agriculteur. On l'oublie.
15:23 Il y a eu des décisions de justice qui ont confirmé que ces bassines étaient légales.
15:27 C'est la justice indépendante de pays qui l'a confirmé.
15:30 Et une volonté de manifestants,
15:33 d'une part de manifester leur opinion démocratique
15:37 qui était que ces bassines ne devaient pas avoir lieu.
15:39 Il y avait à peu près 6 à 7 000 personnes, notamment à Melle,
15:42 qui s'est d'ailleurs très bien passé.
15:44 Une manifestation qui, évidemment, d'abord a été autorisée
15:47 par la mairie de Melle, notamment.
15:49 Et puis il y a eu un millier de personnes, en plus de ces manifestants,
15:52 qui étaient des casseurs, qui ont marché sur l'État de droit,
15:57 d'abord en piétinant la propriété des agriculteurs,
16:00 parce que tout le monde va sur ses champs,
16:02 qui tient à qui ils appartiennent.
16:04 La préfète, par deux fois, Desdeux-Sèvres, depuis le 17 mars,
16:06 avait dit que cette manifestation était interdite.
16:08 D'ailleurs, je constate qu'il y a des élus de l'extrême gauche,
16:10 là encore, qui ont appelé à la manifester,
16:12 malgré une manifestation interdite.
16:14 Je constate que des arrêtés de Mme la préfète ont été attaqués.
16:18 Alors qu'elle disait, par exemple,
16:20 qu'il ne fallait pas transporter des armes par destination.
16:23 Cet arrêté a été attaqué.
16:25 Et évidemment, la justice a donné raison à la préfète Desdeux-Sèvres,
16:28 qui a très bien fait son travail.
16:30 Et il a fait ce qu'il voulait faire sur place, ces casseurs.
16:33 Il voulait installer une ZAD.
16:35 Parce qu'il faut bien voir que si les gendarmes n'avaient pas été là,
16:37 non seulement les agriculteurs auraient eu leurs outils de production détruits,
16:41 ensuite il y aurait eu manifestement et sans aucun doute une ZAD installée,
16:47 et vous auriez dit quoi à la télévision ou à la radio ?
16:50 L'État n'a pas d'autorité, n'est pas capable de faire respecter...
16:53 - Si les gendarmes n'avaient pas été là, il n'y aurait pas eu de personnes...
16:57 - Non mais attendez, dans ces cas-là, on va laisser dévaster ces news et dévaster Europe 1,
17:01 on dira "on va pas mettre des policiers et des gendarmes".
17:03 - Vous revendiquez cette extrême fermeté ?
17:05 - Je revendique rien du tout. Je revendique le fait que lorsqu'il y a des décisions de justice
17:07 et qu'il faut protéger l'outil de nos agriculteurs,
17:09 et lorsqu'on sait qu'il y aura une ZAD qui va s'installer
17:11 pour éviter de renserrer Notre-Dame-des-Landes,
17:13 qui était un scandale politique qui a touché l'autorité de l'État,
17:16 oui, je fais mon travail de ministre de l'Intérieur.
17:18 - Mais en assumant ce bilan, un tel bilan avec une personnalité entre la vie et l'armement...
17:21 - A qui la faute si les gendarmes ont été attaqués au cocktail Molotov ?
17:24 Attendez, revenons quelques instants.
17:26 On dit à tous les Français, donc on dit aux agriculteurs, à tous les propriétaires,
17:29 à tous ceux qui ont un bien quel qu'il soit,
17:31 "bon bah écoutez, c'est plus la peine de mettre des policiers et des gendarmes quelque part,
17:34 puisque il y aura forcément des blessés si les casseurs sont des casseurs,
17:38 et vous comprenez bien qu'on peut pas protéger votre bien,
17:41 parce que sinon il y aura évidemment des policiers et des gendarmes blessés,
17:44 des manifestants blessés", c'est incontestable.
17:46 - L'ultra-gauche n'est pas une nouvelle venue dans la vie policière française,
17:49 elle était présente pendant le présidentiel,
17:51 chez les écolos radicaux, le sabotage du matériel agricole, c'est pas nouveau non plus,
17:55 donc on a laissé penser... - Il y a des antennes-relais,
17:58 vous savez il y a 15 personnes d'ultra-gauche qui ont été sur des scènes de combat,
18:02 de guerre en dehors de notre pays, il y a des gens très dangereux,
18:05 il y a des gens qui sont allés au G7, dans Angou...
18:08 - Mais on les voit aller depuis quelques semaines déjà, le confortativement !
18:11 - Oui, mais je l'ai dit d'ailleurs, il y a 2200 personnes qui sont fichées S,
18:15 radicaliser ultra-gauche que l'on peut penser être potentiellement dangereux,
18:19 oui c'est une menace importante, elle est moins importante que la menace islamiste,
18:23 incontestablement, mais où il y a aussi une menace ultra-droite,
18:26 il ne faut pas non plus l'oublier, mais elle est évidemment importante.
18:29 - C'est ça que les français ne comprennent pas, vous dites qu'ils sont fichés S,
18:32 ce sont des gens qui sont connus, qui sont suivis par vos services,
18:35 et ils se retrouvent à plus de 2000 ou à casser, à casser le conflit.
18:38 - Moi je suis un ministre de l'intérieur qui respecte l'état de droit,
18:41 je fais avec les armes que me donne la démocratie et l'état de droit,
18:44 je ne peux pas interpeller des gens sous prétexte qu'ils vont commettre potentiellement des méfaits,
18:49 je ne peux le faire que lorsqu'ils ont commis ces méfaits.
18:52 Avoir une fiche de renseignement, c'est avoir du renseignement,
18:55 quand quelqu'un ensuite est accusé et envoie des pierres sur la tête des gendarmes,
18:59 oui on peut procéder à des interpellations, mais on ne peut pas faire des interpellations préventives.
19:03 - Vous annoncez dans le journal du dimanche, Gérald Darmanin, plus aucune ZAD en France.
19:07 Bien, mais on a l'impression que c'est aussi comme 100% des OQTF seront exécutés,
19:11 ça ne marche pas de part. - Non, c'est le cas, on regarde la Seine-Solide,
19:14 le travail des gendarmes, le travail de la préfète,
19:16 ça fait qu'il n'y a pas eu de ZAD à Seine-Solide.
19:18 - On a combien en France de ZAD ? - Encore une fois, là vous savez,
19:20 il y a une trentaine de projets, - Des points de crispation.
19:23 - Il y a une trentaine de projets, entre 30 et 40, on va dire une grosse trentaine,
19:26 qui peuvent faire naître ces contestations extrêmement violentes.
19:29 Encore une fois, je ne remets pas en cause parfois le sujet,
19:32 il y a une autoroute vers Castres par exemple,
19:36 il y a l'extension de l'aéroport de Lille,
19:38 il y a des bassines, il y a des lignes LGV, enfin des lignes TGV,
19:42 on peut être pour ou contre ces projets d'infrastructure.
19:44 Personnellement, je comprends les gens qui sont contre les bassines.
19:47 Ce que nous faisons là, ce n'est pas protéger une idée,
19:50 ce que nous faisons là, c'est protéger la propriété et les décisions de justice.
19:54 La police et la gendarmerie, madame Mabrouk,
19:56 font respecter les décisions de justice.
19:58 Si la justice avait dit "ces bassines ne sont pas légales",
20:02 évidemment les gendarmes n'auraient pas protégé
20:04 un endroit qui était par nature déjà condamné à être détruit.
20:07 La justice a dit "il faut protéger l'outil des agriculteurs, nous les protégeons".
20:11 L'objet, c'est les ordres qui sont donnés.
20:13 Je voudrais être claire, la question n'est pas ici de...
20:15 Les ordres qui sont donnés, par exemple la polémique
20:17 autour de l'intervention des secours qui auraient été entravées par les forces de l'ordre.
20:20 Est-ce que pour vous c'est une polémique close ?
20:22 Ou est-ce qu'il y a quand même deux plaintes en ce sens ?
20:25 Oui, c'est très bien qu'il y ait des enquêtes judiciaires.
20:28 J'ai proposé deux enquêtes déjà administratives,
20:30 j'ai rendu public d'ailleurs leurs conclusions.
20:32 Il y a des enquêtes judiciaires, on verra bien ce qu'elles diront.
20:34 Ce qui est sûr, c'est que là encore, ce sont des polémiques
20:37 qui confinent parfois la manipulation.
20:40 Vos confrères du Figaro ont fait un excellent travail journalistique
20:43 pour démontrer que rien ne pouvait qu'évidemment,
20:46 de façon organisée, les gendarmes empêcher les soignants d'aller soigner des personnes.
20:52 Qu'est-ce qui se passe Mme Mabrouk dans ce cas très précis ?
20:54 D'abord, je voudrais rappeler que lorsqu'on fait des manifestations,
20:57 on est responsable de ce qui s'y passe.
20:59 Et donc, à ceux qui organisent des manifestations,
21:02 comme un concert, comme n'importe quelle manifestation,
21:04 de prévoir des secours.
21:06 Ce n'a pas été le cas.
21:07 C'est donc la préfète, malgré le fait qu'elle ait interdit la manifestation,
21:11 et qu'elle l'ait dite par deux fois avant ce week-end de Saint-Saëns,
21:14 qui a organisé des secours.
21:15 Il y avait des pompiers, il y avait du SMUR, des médecins urgentistes,
21:18 et il y avait des médecins de la Gendarmerie nationale.
21:20 Les médecins du GIGN sont allés soigner les manifestants,
21:23 sont allés soigner certaines personnes qui étaient au milieu des casseurs.
21:26 Les médecins militaires s'étaient exprimés à ce sujet ?
21:29 Tout le monde s'est exprimé.
21:30 Le SMUR, les pompiers, la préfète, les gendarmes,
21:33 mais on continue à écrire n'importe quoi.
21:35 On n'a pas besoin d'enquête pour conclure la polémique.
21:37 On continue à écrire n'importe quoi.
21:39 Il y a des enquêtes judiciaires.
21:40 Moi, je comprends très bien que les gens qui ont leurs enfants
21:42 ou leurs proches qui sont entre la vie et la mort
21:44 souhaitent savoir ce qui s'est dit.
21:45 Moi, je le respecte tout à fait.
21:46 La justice dira ce qui s'est dit, évidemment.
21:48 Mais ce que je veux dire, c'est que ce qui s'est passé,
21:51 c'est que les médecins du GIGN,
21:52 qui sont allés parmi les casseurs pour soigner ces personnes,
21:55 ont été eux-mêmes attaqués.
21:58 Eux-mêmes attaqués.
21:59 Et ce moment incroyable où le médecin du GIGN
22:03 va soigner parmi les casseurs
22:05 quelqu'un qui est blessé et qui se fait attaquer,
22:07 ne fait l'objet d'aucune condamnation politique
22:09 de la part des gens qui, d'ailleurs,
22:11 pourraient contester ici ou là les bassines.
22:14 Comment peut-on être à ce point idéologues
22:17 contre la police et la gendarmerie,
22:19 contre nos institutions,
22:20 pour ne pas distinguer le combat contre les bassines
22:22 du fait qu'un médecin du GIGN
22:24 se fasse agresser lorsqu'il vient soigner quelqu'un ?
22:26 Je dois avouer que parfois les bras en tombent,
22:28 je pense, à beaucoup de Français.
22:30 On va continuer à en parler,
22:31 parce qu'il y a eu une autre polémique, Gérald Darmanin,
22:33 sur l'utilisation de certaines armes.
22:35 Et on va élargir quand même sur les manifestations,
22:37 le droit de manifester,
22:38 quel maintien de l'ordre aujourd'hui,
22:40 et plus largement aussi la réforme des retraites,
22:42 puisque la séquence, comme on dit,
22:44 n'est pas du tout passée.
22:45 Elle est au cœur de la préoccupation
22:47 de la majorité des Français.
22:48 A tout de suite.
22:53 C'est notre invité, le ministre de l'Intérieur,
22:55 Gérald Darmanin,
22:56 avec, au-delà des polémiques,
22:58 un hommage légitime aux forces de l'ordre,
23:01 à nos policiers, évidemment,
23:02 femmes et hommes sur le terrain.
23:04 Une majorité de Français le soulignent
23:07 et y sont attachés.
23:09 Malgré tout, Gérald Darmanin,
23:10 il y a aussi la question de l'inversion.
23:12 Vous en avez vous-même parlé des valeurs.
23:14 Par exemple, les manifestants de Sainte-Soline
23:16 et les élus, notamment de la NUPES,
23:18 qui y étaient,
23:19 revendiquent le droit d'y aller
23:20 même si le rassemblement est interdit
23:22 au nom, disent-ils, d'une cause
23:23 qui leur paraît juste.
23:25 Que répondez-vous à cela ?
23:27 C'est un problème très important
23:29 que de penser cela.
23:30 Pourquoi ? Parce que ça vient
23:32 taper nos institutions
23:34 et la façon dont nous fonctionnons
23:35 depuis plusieurs années,
23:37 même plusieurs dizaines d'années.
23:39 Si chacun commence à justifier
23:42 les moyens vis-à-vis de la fin
23:44 qu'il a lui-même définie,
23:45 si la cause qu'il défend
23:47 est au-dessus des décisions de justice,
23:49 au-dessus des décisions de l'État de droit,
23:51 alors c'est très compliqué
23:52 de vivre ensemble.
23:53 Nous avons tous accepté,
23:54 malgré nos opinions politiques,
23:56 religieuses, syndicales,
23:58 sociales, philosophiques,
23:59 de nous arrêter là où la justice
24:01 nous demandait de nous arrêter,
24:02 où là, la loi,
24:03 qu'est la volonté d'expression générale,
24:05 qui fait suite à des élections libres
24:06 et disputées, définit les limites.
24:08 On peut être contre quelque chose,
24:10 mais respecter, évidemment,
24:11 la décision qui a été prise
24:12 par la collectivité.
24:14 Donc je crois que le problème
24:16 qui est posé est un problème
24:17 extrêmement important,
24:19 qui est de dire,
24:20 parce qu'on est toujours d'accord
24:21 tous ensemble,
24:22 pour se dire que non,
24:23 la fin ne justifie pas les moyens,
24:25 et que lorsqu'il y a
24:26 des décisions de justice,
24:27 même lorsqu'elles nous déplaisent,
24:28 notre avis personnel
24:29 ne l'emporte pas
24:30 sur la majorité
24:31 ou sur des décisions
24:32 de justice indépendantes.
24:33 Vous avez annoncé la dissolution
24:34 du collectif
24:35 "Sous les mains de la terre",
24:36 qui était une des principales
24:38 organisations qui avait appelé
24:39 à manifester à Sainte-Soline.
24:41 Ils ont 10 jours
24:42 pour s'y opposer.
24:43 Concrètement, à quoi ça va servir ?
24:44 Parce que c'est un regroupement
24:45 d'associations,
24:46 les associations vont rester,
24:47 ça va changer quelque chose ?
24:48 Oui, ça change beaucoup de choses.
24:50 D'abord, comment ça fonctionne ?
24:53 C'est toujours très important
24:54 de dissoudre soit un groupement de faits,
24:55 ce qui est le cas des "Sous les mains de la terre",
24:57 soit une association.
24:58 C'est au Conseil des ministres,
25:00 c'est devant le Conseil d'État,
25:01 donc c'est évidemment très important
25:02 la liberté d'association.
25:03 Et quand on dissout...
25:04 C'est juste un effet d'annonce.
25:05 Non, non, c'est pas un effet d'annonce du tout.
25:06 On l'a fait pour des associations islamistes.
25:07 On l'a aussi fait
25:08 pour d'anciennes associations
25:09 d'ultra-gauche ou d'ultra-droite.
25:11 Je pense à l'ultra-gauche
25:12 pour le Bloc lorrain, par exemple.
25:13 Lorsque les gens se regroupent de nouveau,
25:15 lorsqu'ils rediscutent ensemble de nouveau,
25:17 lorsqu'ils font ensemble des actions de nouveau,
25:19 et que nous arrivons à constater
25:21 qu'il y a une reconstitution de l'Igdissout,
25:23 vient l'expression,
25:24 il y a trois ans d'emprisonnement
25:25 et il y a une très grosse amende.
25:26 Aujourd'hui, ce n'est pas le cas.
25:27 Aujourd'hui, on ne peut rien faire, évidemment,
25:29 contre des groupements de faits
25:30 ou des associations qui n'ont pas été dissoutes.
25:32 Donc l'expression "la reconstitution
25:34 d'associations dissoutes"
25:36 prend toute sa véracité
25:38 et demain, la justice
25:40 pourra condamner ces personnes
25:42 si elles refont ce genre de manifestation.
25:44 – Carole Darmanin, il y a aussi la polémique
25:46 autour des armes utilisées, dont certaines entrent,
25:48 alors là, on va rentrer un peu dans le détail,
25:50 dans une classification d'armes
25:52 relevant du matériel de guerre,
25:53 selon une classification du Code de la sécurité intérieure.
25:56 Vous n'avez pas reconnu tout de suite
25:58 l'usage de LBT lancé depuis des Quads,
26:01 qui en fait des tirs,
26:03 tout le monde le comprend, très dangereux.
26:04 Vous ne l'avez pas tout de suite reconnu,
26:06 ce qui fait dire à certains,
26:07 et en particulier vos opposants,
26:09 de gauche, que vous avez menti.
26:11 – Alors d'abord, je constate,
26:13 je ne confonds pas toute la gauche,
26:15 il y a des gens à gauche qui respectent les policiers,
26:17 les gendarmes, qui les aiment.
26:18 Bernard Cazeneuve, il compte au gouvernement,
26:19 il respecte les policiers et les gendarmes.
26:21 Donc je distingue l'extrême gauche et la gauche.
26:23 Je pense qu'il faut être aussi extrêmement clair dessus.
26:25 Il y a plein de militants socialistes,
26:26 j'imagine, qui nous écoutent,
26:27 de gens sincèrement à gauche,
26:28 qui ne soutiennent pas du tout l'extrême gauche.
26:30 Et qui sont d'ailleurs pris sans doute en otage politique
26:32 par cette forme extrémisée de la nuppes.
26:36 Ce qui est certain, c'est que ce jour-là, à Seine-Solide,
26:39 les ordres avaient été donnés de pouvoir,
26:41 évidemment, sur ces quads,
26:43 parce que ça permet de la mobilité,
26:44 et c'est tout à fait normal qu'il y ait des quads,
26:46 et c'est tout à fait normal qu'il y ait des grenades lacrymogènes
26:49 dans des champs aussi grands pour pouvoir espacer les gens,
26:51 de ne pas tirer de LBD.
26:52 Il y a eu deux tirs de LBD.
26:54 Je l'ai su, dès que je l'ai su,
26:55 je l'ai rendu public à l'émission "C'est à vous".
26:57 Deux tirs.
26:58 Les deux gendarmes d'ailleurs connaissent des sanctions
26:59 au moment où nous parlons,
27:00 et des enquêtes disciplinaires sont ouvertes,
27:04 notamment par l'IGGN, l'inspection générale de la Gendarmerie nationale.
27:07 Donc moi, je n'ai rien à cacher.
27:09 Et je veux redire une fois que si ces deux gendarmes
27:12 ont tiré des LBD alors que les ordres n'étaient pas ceux-là,
27:15 ils sont suspendus,
27:16 ça ne met pas l'ensemble de la Gendarmerie nationale
27:20 dans l'accusation d'avoir été violente,
27:23 puisque chacun constate, sur toutes les images que nous avons vues,
27:26 que c'est bien les casseurs qui ont été violents.
27:28 Vous savez, les armes de guerre, elles ont été utilisées, oui,
27:30 mais par les casseurs.
27:32 Les gendarmes, ils n'ont pas de cocktails molotov.
27:35 Ils n'ont pas d'explosifs, des tirs de mortier sur les casseurs.
27:40 Ce que j'ai vu, c'est des armes de guerre utilisées,
27:42 oui, mais par les casseurs.
27:44 Ça, j'en ai vu.
27:45 Et là, encore une fois, qu'on ne soit pas capable,
27:47 Mme Mabrouk, je pense que c'est vraiment quelque chose de très important,
27:51 de condamner la violence,
27:53 surtout quand on vient de mouvements dits pacifistes,
27:55 contre les gendarmes,
27:56 ça n'a rien à voir avec être pour ou contre les bassines,
27:59 qu'on ne soit pas capable de le faire,
28:00 je pense que c'est quelque chose de grave dans la République.
28:02 – Quelles conséquences à cela ?
28:03 Ça fait trois fois que vous le répétez depuis le début de l'émission.
28:05 – Je pense qu'il faut que nous en prenions conscience.
28:07 – On va vers quoi ? Quel basculement ?
28:08 – Il faut que nous en prenions conscience.
28:09 Si la fin justifie les moyens,
28:11 si ce n'est pas la police et la gendarmerie qui fait respecter la loi,
28:14 si on ne respecte pas les décisions de justice,
28:16 dans quelle démocratie allons-nous vivre demain ?
28:18 Ça veut dire quoi ?
28:19 Donc si les Verts et si la France Insoumise arrivent au pouvoir,
28:22 ce qu'à Dieu et à la République ne plaisent,
28:24 c'est-à-dire qu'ils accepteront que chacun fasse sa propre loi.
28:27 C'est ça que ça veut dire.
28:28 C'est que chaque cause dont personnellement on pense
28:31 qu'elle est plus importante que les autres,
28:33 qu'importe les décisions de justice, qu'importe la loi,
28:35 on est capable de l'imposer aux autres.
28:37 – Vous êtes en train de dire que nous sortirions de la démocratie.
28:39 – Mais non mais c'est une question.
28:40 – La réponse, qu'elle est telle de votre part ?
28:42 – Telle que nous la connaissons en tout cas, la démocratie,
28:44 c'est pas je conteste les décisions de justice
28:46 et j'envoie des cocktails molotovs sur la tête des gendarmes.
28:48 Et je ne condamne pas lorsque je n'ai pas fait ce qu'ils ont fait.
28:51 Ça c'est un problème.
28:53 – Mais est-ce que vous ne parlez pas plus largement
28:55 de climats délétères qui existent un peu partout dans la société ?
28:58 Comme l'université de Bordeaux, on le voit,
29:00 je pensais bien à Bordeaux, la faculté saccagée.
29:02 Quand il y a des violences quelquefois contre des militants,
29:04 ça circule sur les militants de l'Uni qui s'est fait agresser
29:07 par des militants d'ultra-gauche, tout ça.
29:09 On pourrait donner d'autres exemples.
29:10 Est-ce qu'il n'y a pas un climat de violences délétères
29:12 qui s'installe dans la société et qui est toléré, normalisé, banalisé
29:15 par ceux qui croient que c'est une violence légitime ?
29:17 – D'abord cette violence, elle n'est pas nouvelle.
29:22 Vous avez parlé de Notre-Dame-des-Landes,
29:25 on peut parler des années 70 dans notre pays.
29:28 Cette violence, elle n'est pas que française.
29:31 L'ultra-gauche touche toute l'Europe, en Allemagne, en Italie, en Grèce.
29:37 Et d'ailleurs ces gens sont en connexion,
29:39 il y a eu beaucoup de personnes étrangères qui étaient à Sainte-Soline
29:42 ou qui étaient parfois dans les manifestations sauvages.
29:44 Et d'ailleurs ce n'est pas que l'alpanage de l'ultra-gauche.
29:46 Il y a aussi de l'ultra-droite, même si là nous parlons de l'ultra-gauche.
29:50 Cette violence, il faut la combattre.
29:52 Encore une fois, je veux redire aux Français qu'ils sont ultra-minoritaires.
29:56 C'est quelques milliers de personnes.
29:58 Là, ils sont vocaux parce qu'il y a par ailleurs des élus politiques
30:01 qui acceptent de faire chorus.
30:03 C'est la grande différence peut-être à ce qui se passait il y a encore 10 ou 20 ans.
30:07 Il y a encore 5 ans, 7 ans, 8 ans, vous n'auriez pas entendu
30:10 M. Cazeneuve en responsabilité politique, M. Valls, M. Chevènement,
30:14 M. Hollande, on pourrait tous les citer, M. Badinter,
30:16 M. Baudelaire, accepter qu'on tire sur les policiers à coups de cocktail Molotov.
30:20 Ils auraient évidemment condamné cela.
30:22 M. Cazeneuve a eu à gérer Sillens.
30:24 On dirait que vous dites gauche républicaine et gauche non-républicaine.
30:27 Je dis bien "on dirait", ce n'est pas mes propos.
30:29 J'ai envie de savoir quel cordon sanitaire a été levé.
30:34 Il y a une gauche qui respecte la laïcité, qui porte ses valeurs.
30:38 Il y a une gauche qui joue avec les islamistes.
30:40 C'est la gauchisme qui joue avec les islamistes.
30:42 Il y a une gauche qui aime la police et la gendarmerie.
30:44 Vous savez, pendant très longtemps, on disait que la police était majoritairement de gauche.
30:48 Parce que plutôt franc-maçonne, plutôt humaniste,
30:50 il y a une gauche très forte dans la police nationale.
30:54 Elle n'a rien à voir avec le gauchisme qui justifie les attaques contre les policiers.
30:58 Oui, il y a plusieurs gauches.
31:00 Et cette gauche, elle est contre le gouvernement,
31:02 elle est contre la réforme des retraites, très certainement.
31:04 Elle a sans doute même une fibre écologique très prononcée,
31:06 et peut-être même défavorable aux bassines.
31:08 Simplement, elle n'est pas pour qu'on envoie des cocktails Molotov à la tête des gendarmes.
31:11 Ce n'est pas très compliqué à comprendre.
31:13 Et donc oui, il y a aujourd'hui une prise en otage dans la NUPES
31:17 de la part de l'extrême gauche, de la gauche classique.
31:19 Vous savez, je le dis dans le journal du dimanche,
31:21 j'ai vu des électeurs de gauche de ma circonscription.
31:23 Ils ont pour certains d'entre eux voté pour moi,
31:25 puisque ma circonscription est plutôt à gauche.
31:28 Tourcoing est plutôt à gauche.
31:29 Puis il y a une partie qui ont voté NUPES
31:31 parce qu'ils pensaient retrouver la gauche plurielle de Lége Josmin,
31:34 ou la gauche unie de François Mitterrand.
31:36 Pardon, mais aujourd'hui, ils se sont fait avoir.
31:39 À Tourcoing, vendredi soir dernier,
31:41 je vais vous raconter une anecdote extrêmement concrète.
31:43 J'étais en train de discuter avec la maire de Tourcoing
31:46 et un ancien responsable du Parti Socialiste,
31:48 qui m'a toujours combattu et qui ne soutient pas le président de la République,
31:51 est venu me dire "je suis désolé de ce qui se passe pour les policiers".
31:56 Ça ne voulait pas dire qu'il était pour la réforme des retraites.
31:59 Et quand des gens sont, je les sens, blessés,
32:02 ces gens de gauche qui aimeraient retrouver une gauche républicaine,
32:05 aimeraient entendre davantage cette gauche républicaine,
32:08 quand ils ne voient que M. Mélenchon à la télévision
32:11 à taper moralement sur les policiers,
32:13 je pense qu'ils ne se sentent pas très bien, en effet.
32:15 Et vous faites la différence, Gérald Darmanin,
32:17 entre les violences contre les policiers et les manifestations,
32:21 évidemment, contre la réforme des retraites.
32:24 C'est de cela dont nous allons parler.
32:26 Ce droit de manifester, est-il restreint aujourd'hui ?
32:29 Certains le dénoncent.
32:30 Une courte pause et on se retrouve sur ce sujet.
32:36 Et notre invité ce dimanche, le ministre de l'Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin.
32:41 Évidemment, le mouvement social de contestation
32:44 contre la réforme des retraites se poursuit.
32:46 Une nouvelle journée de mobilisation est annoncée.
32:48 Hier, M. le ministre, le tribunal administratif de Paris
32:51 a annulé un arrêté du préfet de police
32:53 interdisant des rassemblements non déclarés en soirée.
32:57 Ce jugement affirme que l'arrêté portait atteinte à la liberté de manifester.
33:02 Est-ce que c'est un camouflet, aujourd'hui ?
33:04 Non, le préfet de police essaye, dans un contexte difficile,
33:08 de faire respecter les biens et les personnes à Paris,
33:11 dans un contexte où il y a, vous l'avez vu,
33:13 beaucoup de feux, d'incendies, d'atteinte aux biens et aux personnes.
33:16 Mais nous, nous sommes évidemment démocrates et républicains
33:19 et on accepte les décisions de justice.
33:21 Le tribunal est là pour trancher.
33:22 Il a permis et permet ses manifestations.
33:24 Nous les organiserons, bien évidemment.
33:25 Et vendredi, il y a un collectif d'avocats
33:27 qui a annoncé qu'il y a eu une centaine de plaintes
33:29 qui avaient été déposées pour dénoncer
33:31 les interpellations arbitraires,
33:34 considérant que les gens qui sont arrêtés pendant les manifs,
33:36 après ils sont relâchés, il n'y a pas de poursuite.
33:38 Alors, je pense que là, c'est un point important.
33:40 Merci de me poser cette question.
33:42 Les policiers gendarmes ne font pas d'interpellations arbitraires.
33:45 Ce qu'ils font, c'est qu'ils interpellent des personnes
33:47 lorsqu'ils sont en lien réel ou supposé
33:50 avec quelque chose qui vient de se passer.
33:52 On peut imaginer un feu de poubelle,
33:53 on peut imaginer l'atteinte à des policiers et des gendarmes.
33:55 Un officier de police judiciaire,
33:57 toujours sous l'autorité d'un magistrat,
33:59 en l'occurrence le procureur de la République,
34:01 met la personne en garde à vue.
34:03 Et puis ensuite le procureur de la République,
34:05 soit met fin à la garde à vue,
34:07 soit décide de poursuivre ces personnes,
34:09 soit considère que la garde à vue n'a pas permis
34:11 de pouvoir rassembler des preuves contre cette personne.
34:13 Donc c'est toujours dans le cadre du droit
34:15 et toujours sous l'autorité des magistrats.
34:17 Je constate, monsieur, que vous me posez la question inverse tout à l'heure.
34:19 Tout à l'heure, vous m'avez dit pourquoi vous ne vous interpellez pas préventivement.
34:21 Et maintenant, vous me dites, il y a des interpellations préventives.
34:23 Il n'y a pas d'interpellations préventives en France.
34:25 Quant à des interpellations, c'est toujours
34:27 lorsque il y a un doute important pour la police et la gendarmerie,
34:29 que ces personnes ont commis ces problèmes.
34:31 Les trois quarts sont lâchés juste après.
34:33 Non, les trois quarts ont terminé leur garde à vue.
34:35 Et le procureur de la République a considéré qu'il n'y avait pas de poursuite.
34:37 Mais la garde à vue, ce n'est pas une condamnation.
34:39 La mise en examen, ce n'est pas une condamnation.
34:41 Une condamnation, c'est fait par, effectivement, un juge.
34:43 Mais je voudrais rappeler que lorsque des policiers
34:45 et des gendarmes mettent des gens en garde à vue,
34:47 c'est toujours l'officier de police judiciaire
34:49 qui le fait, toujours sous l'autorité des magistrats.
34:51 Monsieur le ministre, vous avez besoin de rappeler des choses
34:53 qui sont normalement évidentes.
34:55 Notre pays, et regardez aussi à l'extérieur,
34:57 dans un entretien au journal Le Monde,
34:59 le rapporteur spécial de l'ONU sur les défenseurs de l'environnement
35:01 a estimé que la réponse de l'État lui a paru
35:03 largement disproportionnée.
35:05 Le 24 mars, le Conseil de l'Europe s'est alarmé,
35:07 je cite, d'un usage excessif de la force
35:09 par les agents de l'État lors des manifestations
35:11 contre la réforme des retraites.
35:13 Est-ce que vous estimez que ce sont des inquiétudes légitimes
35:15 venant de l'extérieur, ou est-ce que,
35:17 vous pouvez vous dire, ils ne sont pas sur le terrain ?
35:19 Je pense que c'est un peu plus clair.
35:21 Vous pouvez vous dire, ils ne sont pas sur le terrain.
35:23 Ils ne vivent pas ce que vivent les forces de l'ordre sur le terrain.
35:27 Alors moi j'entends toujours les critiques,
35:29 évidemment, les critiques permettent de s'améliorer,
35:31 mais en effet, je pense qu'il est
35:33 plus objectif
35:35 d'être parmi les policiers
35:37 et les gendarmes à Saint-Sauline
35:39 ou à 23h30
35:41 dans les rues de Paris lorsqu'il y a des attaques
35:43 de policiers ou de bâtiments publics
35:45 qu'à New York ou à Bruxelles, c'est sûr.
35:47 Donc je les encourage à venir.
35:49 Nous invitons les presses à venir
35:51 suivre les policiers et les gendarmes.
35:53 Les télévisions ont voulu suivre
35:55 La Brave, ce qu'ils ont pu faire.
35:57 D'ailleurs, ça a donné des reportages, je crois, intéressants.
35:59 La défenseure des droits a été invitée.
36:01 Elle n'est pas venue, mais
36:03 elle peut revenir jeudi prochain avec plaisir.
36:05 J'ai vu que M. Bernalicis, député de la France insoumise,
36:07 avait fait un 1er avril, qui n'est pas drôle,
36:09 mais chacun son humour pour dire qu'il était invité
36:11 à passer la journée avec La Brave. Moi j'ai dit "chiche".
36:13 On accepte que des députés de la France insoumise
36:15 sont sans aucun problème, ils sont parlementaires.
36:17 - Vous avez dit M. Mélenchon, je vais préciser que...
36:19 - Mais les parlementaires, ils sont là pour... Même si M. Mélenchon
36:21 veut passer une journée avec La Brave, nous l'invitons...
36:23 - Nous enverrons ces jeunes gens se faire soigner.
36:25 Ce n'est pas une activité normale d'être candidat pour aller frapper
36:27 à deux sur une moto des gendarmes.
36:29 - Encore une fois, la police et la gendarmerie n'ont rien à cacher.
36:31 Elles n'ont pas d'opinion politique à exprimer.
36:33 Si les représentants du peuple veulent venir parmi eux...
36:35 - Est-ce que c'est de la discrimination ?
36:37 - Il y a des policiers... Quand j'étais député,
36:39 je passais la nuit avec la BAC. Je pense que
36:41 beaucoup de gens l'ont fait pour essayer de se rendre compte
36:43 des conditions de vie des policiers.
36:45 Donc si M. Mélenchon... Moi je lance un appel.
36:47 M. Mélenchon, M. Bernalicis, tous ceux qui,
36:49 malheureusement, ont des propos extrêmement difficiles.
36:51 - Vous lancez un appel en connaissant la réponse ?
36:53 - Non, parce qu'ils sont parlementaires. J'espère qu'ils parlent de ce qu'ils connaissent.
36:55 Donc je les invite à passer une journée avec les policiers
36:57 dans des conditions difficiles.
36:59 Ils verront que ce sont des ouvriers de la sécurité.
37:01 - Pourquoi toutes ces polémiques ?
37:03 - Vous savez, le policier de gendarme de base,
37:05 pardon de ce mot peut-être un peu péjoratif,
37:07 mais je crois qu'il ne vote pas
37:09 spontanément pour un parti
37:11 de gouvernement
37:13 qui serait le nôtre.
37:15 Il pourrait être tenté de voter pour des extrêmes,
37:17 ou parce qu'il est très peu payé, ou mal payé,
37:19 ou des conditions de travail difficiles, il pourrait voter très à gauche.
37:21 - Là vous répondez à ceux qui disent que
37:23 ces policiers répondent à un projet politique.
37:25 On l'a entendu, cette critique.
37:27 - Vous savez, la majorité des policiers...
37:29 Vous êtes au courant que la majorité des policiers sont contre la réforme des retraites.
37:31 Les organisations syndicales, dans leur unanimité,
37:33 m'ont dit qu'ils étaient contre.
37:35 - Là je vous rapporte ce que disaient les policiers.
37:37 - Ils ne vont pas les connaître.
37:39 Vous savez, ces gens parlent de gens qu'ils ne voient pas.
37:41 C'est ça la politique, c'est de rencontrer les personnes.
37:43 - Qu'est-ce qu'on va vous dire ?
37:45 Vous avez le monopole de la connaissance des fonctionnaires.
37:47 - Mais non, mais quand j'étais maire,
37:49 je passais, alors que je n'étais pas ministre de l'Intérieur,
37:51 des journées avec
37:53 les policiers municipaux et nationaux.
37:55 Je passais des journées avec les infirmières
37:57 et infirmiers à l'hôpital de Tourcoing.
37:59 Je passais des après-midi avec les balayeurs
38:01 de ma commune pour essayer de comprendre leurs difficultés.
38:03 J'invite les députés de la France Insoumise,
38:05 de ce subanalystisme qui manifestement a très envie
38:07 de vouloir être un jour ministre de l'Intérieur,
38:09 je l'encourage à connaître ses agents.
38:11 Passez une journée avec la BRAV ou avec les CRS.
38:13 - Mais est-ce qu'on est en train de faire de la BRAV
38:15 en ce moment un symbole à abattre ?
38:17 - Pardon ? - Est-ce qu'on est en train de faire de la BRAV en ce moment ?
38:19 - Vous savez, il y a toujours des boucs émissaires.
38:21 Moi, je préfère qu'on attaque le ministre de l'Intérieur que les policiers.
38:23 - La présence dans une émission de télévision,
38:25 Gérald Darmanin, TPMP sur C8,
38:27 de policiers dont certains se revendiquent
38:29 de la BRAVEM a suscité une avalanche
38:31 de réactions sur la véracité
38:33 de leurs identités, d'autant qu'il était
38:35 compliqué forcément de les identifier
38:37 car ils étaient cagoulés et leur voix
38:39 a été modifiée. Qu'avez-vous pensé
38:41 de cette séquence pour laquelle une enquête administrative
38:43 a été lancée par la préfecture ?
38:45 - D'abord, en effet, les policiers et gendarmes
38:47 n'ont pas à se présenter en cagoule à la télévision.
38:49 - C'est un champ de sécurité.
38:51 - Non, c'est parce qu'en fait, vous savez qu'ils ont un devoir de réserve
38:53 et donc il faut que l'administration les autorise
38:55 à parler. Ce que nous faisons d'ailleurs,
38:57 vos plateaux invitent les policiers et les gendarmes tous les jours,
38:59 les autorise évidemment à parler. Donc ceux qui veulent inviter
39:01 les policiers et les gendarmes à parler,
39:03 évidemment le ministère de l'Intérieur donne l'autorisation
39:05 qu'ils puissent parler de leur métier. Deuxièmement,
39:07 on n'est pas tout à fait certain, en effet, qu'il s'agisse
39:09 de policiers, encore moins de policiers de la BRAVEM.
39:11 Il y a au moins un policier, puisque je mets des guillemets,
39:13 qui était dans cette émission,
39:15 dont le pseudonyme serait Cédric
39:17 Vladimir, qui lui a été révoqué
39:19 de la police nationale complètement en décembre 2022,
39:21 j'étais le ministre de l'Intérieur, pour de multiples
39:23 faits contraires à la déontologie. Donc
39:25 ensuite, ce ne sont pas toujours des policiers de ce que nous
39:27 prenons. Vous savez, moi, je trouve ça bien
39:29 que M. Hanouna invite, comme d'autres,
39:31 des policiers, des policiers
39:33 des gendarmes. Donc j'ai proposé
39:35 que M. le Préfet de police, qui est le
39:37 chef de ces policiers à Paris, notamment
39:39 de la BRAVEM, puisse être invité sur le plateau
39:41 de M. Hanouna lundi, et je crois qu'il y sera.
39:43 - Avec des policiers de la BRAVEM ?
39:45 - On va inviter d'abord M.... - Ils peuvent s'exprimer à visage
39:47 découvert, vous leur conseillez d'aller...
39:49 Parce que je suppose que les policiers veulent raconter ce qu'ils
39:51 vivent aussi, ce genre de... - Je ne conseille rien du tout,
39:53 je ne force personne. Si les policiers ou des
39:55 gendarmes, comme ça a été le cas encore sur vos
39:57 plateaux de télévision cette semaine, chacun les a vus,
39:59 veulent parler, nous les autorisons évidemment
40:01 à parler. La police et la gendarmerie... - On ne dit pas, on met
40:03 à visage découvert. - Non mais la police, c'est normal,
40:05 la République, elle n'a pas à se
40:07 cacher, elle n'a pas à mettre une cagoule pour parler.
40:09 La police et la gendarmerie, vous savez,
40:11 n'ont rien à cacher. C'est la police et la gendarmerie
40:13 du peuple, des Français.
40:15 Donc les journalistes sont les bienvenus, les
40:17 parlementaires, y compris ceux qui les insultent,
40:19 sont les bienvenus. Les policiers et gendarmes s'expriment,
40:21 je crois, largement à la télévision.
40:23 Vous savez, les policiers et les gendarmes, c'est
40:25 7% de la fonction publique.
40:27 Et c'est 50% des sanctions.
40:29 J'ai nommé
40:31 à la tête de l'inspection générale de la police nationale
40:33 une magistrate, c'est la première fois que nous le faisions.
40:35 Je publie l'intégralité
40:37 des rapports de l'IGPN et de l'IGGN.
40:39 Quelle administration est aussi transparente que la nôtre ?
40:41 Dans quelle administration il y a autant de sanctions
40:43 contre des fonctionnaires ? Bien sûr, c'est normal.
40:45 C'est normal, parce qu'ils ont la force
40:47 légitime. Mais il y a beaucoup de gens qui ont beaucoup de force,
40:49 les magistrats jugent, les médecins soignent,
40:51 il y a beaucoup de gens qui ont une forme de puissance,
40:53 bien évidemment. Il n'y a pas un ministère
40:55 plus transparent que le ministère de l'Intérieur.
40:57 On peut toujours améliorer les choses,
40:59 sans aucune espèce de doute. J'ai d'ailleurs proposé
41:01 que nous faisions une commission de déontologie
41:03 au ministère de l'Intérieur, que ce soit
41:05 un conseil d'État avec des avocats y siège.
41:07 Donc, la police à Gendarmerie
41:09 n'a rien à cacher.
41:11 En revanche, elle mérite d'être respectée.
41:13 Et moi, je suis venu vous dire ce matin
41:15 qu'on en a marre de déverser,
41:17 sur les policiers et les gendarmes,
41:19 des torrents d'insultes.
41:21 - Vous le dites avec de la colère, ce matin ?
41:23 - Je le dis avec la conviction
41:28 que des femmes et des hommes se sentent profondément blessés,
41:30 alors qu'ils ne font que leur métier.
41:32 Vous savez, quand vous vous engagez à 18, 19, 20 ans
41:34 pour être policier ou gendarme, vous ne le faites pas
41:36 en vous disant "tiens, je vais empêcher les secours d'intervenir".
41:38 "Oh super, je vais pouvoir tabasser quelqu'un".
41:40 Vous le faites parce que votre maman
41:42 a peut-être connu des problèmes
41:44 et que vous dites "tiens, un policier l'a aidé".
41:46 Ou parce qu'un jour, c'est ce policier
41:48 qui vous a aidé, ou parce que vous dites
41:50 "tiens, j'ai envie de servir mon pays".
41:52 C'est un très beau métier, le policier gendarme, sans doute le plus beau métier du monde.
41:54 Sans doute un des plus difficiles aussi.
41:56 - Depuis tout à l'heure, nous parlons,
41:58 et depuis le début de l'émission, c'était l'objectif
42:00 de sujets importants dans un contexte tendu,
42:02 socialement, avec des violences
42:04 et une vraie inquiétude sur notre pays.
42:06 La transition va être difficile,
42:08 mais il faut bien le dire, que pour connaître
42:10 l'avis du président de la République
42:12 ces derniers temps, il faut lire "Pif Gadget".
42:14 Il y a une ministre dans ce contexte-là
42:16 qui s'affiche à la une de Playboy.
42:18 Est-ce bien sérieux tout cela, monsieur le ministre ?
42:20 - Je le trouve un peu caricatural.
42:22 - C'est moi qui le suis ?
42:24 - Oui, je le trouve un peu caricatural.
42:26 Le président de la République a fait des JT,
42:28 il fait des déplacements, il parle en direct
42:30 avec les Français. Quant à Mme Schiappa,
42:32 je ne dis pas de mal Mme Schiappa, c'est une femme de caractère.
42:34 - Est-ce bienvenue, dans ce moment-là,
42:36 d'être dans ces supports-là ?
42:38 - Être une femme libérée,
42:40 ce n'est pas si facile.
42:42 Mme Schiappa a son style.
42:44 - On a cru que c'était inapproprié.
42:46 Elle l'a dit.
42:48 - Personne ne l'a vu.
42:50 Personne ne l'a vu.
42:52 Personne ne l'a vu.
42:54 D'abord, on commente des choses qu'on n'a pas vues.
42:56 Deuxièmement, Mme Schiappa a fait savoir
42:58 qu'elle n'était pas nue
43:00 dans ce magazine.
43:02 - Nous en sommes là, monsieur le ministre.
43:04 - Je ne vous ferai pas dire Mme Schiappa,
43:06 qui est une femme politique courageuse,
43:08 qui a son caractère, son style,
43:10 qui n'est pas le mien, mais je le respecte.
43:12 - Vous l'avez dit.
43:14 On vous retrouve dans une autre revue
43:16 très différente.
43:18 C'est la revue des deux mondes.
43:20 Vous avez écrit un hommage à Philippe Séguin,
43:22 qui aurait eu 80 ans cette année.
43:24 Vous dites que Séguin, le populaire,
43:26 ne vérifiera jamais s'il était aux élections
43:28 présidentielles.
43:30 Cette hypothèse restera du fantasme
43:32 pour les séguinistes, mais Séguin était populaire
43:34 pour ce qu'il était, ce qu'il défendait,
43:36 ce qu'il pensait.
43:38 - Vous avez une phrase assez intéressante
43:40 dans ce texte.
43:42 Vous dites que Séguin ne sera jamais président
43:44 de la République, mais il aura contribué
43:46 en faire gagner en 1995,
43:48 en défendant la seule ligne
43:50 qui soit valable,
43:52 une ligne sociale, rassurante
43:54 et populaire. Est-ce que vous considérez
43:56 que ça correspond à la ligne de votre gouvernement ?
43:58 - Je fais tout pour l'influencer de ce point de vue.
44:00 - Est-ce qu'elle est rassurante
44:02 en ce moment ?
44:04 - Je pense qu'on a tous des efforts à faire.
44:06 - Y compris la Première ministre, Elisabeth Borne ?
44:08 - Nous avons tous des efforts à faire incontestablement.
44:10 Je pense que la ligne politique
44:12 qu'attendent les Français, c'est d'être ferme
44:14 sur le régalien et d'être à l'écoute sociale
44:16 sur l'économique. En tout cas, moi, ça a toujours
44:18 été ma ligne politique.
44:20 Et vous savez, j'ai adhéré à...
44:22 - Vous sentez-vous majoritaire au gouvernement ?
44:24 - J'ai adhéré à 17 ans
44:26 au RPR pour Philippe Séguin.
44:28 Je crois beaucoup au guérisme social. Evidemment, ça ne veut plus
44:30 dire grand-chose 40 ans après, mais il y a quand même des choses
44:32 qui restent,
44:34 me semble-t-il. J'essaie
44:36 d'influencer, c'est pour ça que je fais de la politique,
44:38 le plus possible, les décideurs, l'opinion,
44:40 vous-même, en échangeant sur cette
44:42 ligne. Ferme sur le régalien, ferme sur
44:44 l'autorité, ouverte et sociale
44:46 sur l'économie. - C'est un discours de Premier ministre,
44:48 trable ? - C'est un discours de militant pour
44:50 notre pays, moi. J'aime mon pays.
44:52 - Merci, j'aime beaucoup. - On a une très bonne
44:54 Première ministre qui est courageuse
44:56 et qui a une énorme qualité.
44:58 C'est qu'elle fait passer l'intérêt général
45:00 avant son intérêt particulier, et c'est ça, d'avoir des chefs...
45:02 - C'est un hommage parce qu'elle ne sera plus Première ministre ?
45:04 - Non, je souhaite qu'elle reste. - C'est un hommage à la continuité.
45:06 - Je souhaite qu'elle le reste, et personnellement, je suis
45:08 très heureux, et parfois
45:10 admiratif, de son action
45:12 en tant que chef du gouvernement, et je suis très heureux de son mise à l'intérieur.
45:14 - Merci Gérald Darmanin d'avoir répondu
45:16 à nos questions ce matin, dans le Grand Rendez-Vous.
45:18 Je remercie évidemment mes camarades, Mathieu
45:20 Bocoté et Stéphane Dupont. A très bientôt.
45:22 Très bon dimanche à ceux qui nous regardent
45:24 et ceux qui nous écoutent.
45:26 Merci.

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