Fusillades meurtrières à Marseille : au moins trois morts et six blessés

  • l’année dernière

Chaque jour, Romain Desarbres et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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Transcript
00:00 Europe 1 midi, Romain Desarbres.
00:03 - Midi 22, bonjour Rudi Manin.
00:05 - Bonjour Romain Desarbres.
00:07 - Merci beaucoup d'être avec nous, secrétaire départemental Bouches-du-Rhône du syndicat Alliance Police Nationale.
00:12 Je voulais revenir avec vous sur ce qui s'est passé cette nuit à Marseille.
00:16 Au moins trois morts dans les quartiers nord de Marseille.
00:19 Ce sont des règlements de comptes entre trafiquants de drogue, il n'y a pas de doute là-dessus ?
00:25 - On est en train de travailler là-dessus, il semblerait que ce soit un lien avec le trafic de drogue sur Marseille.
00:34 Effectivement, maintenant la PJ travaille d'arracheté depuis hier soir à 1h du matin.
00:39 On aura des conclusions qui vont être tirées très rapidement, mais tous les pensées qu'on se dirige vers ceci.
00:47 - Vers ceci. 13 morts depuis le début de l'année dans les quartiers à Marseille, c'est énorme.
00:54 On n'arrive pas à endiguer cette violence autour du trafic de drogue ?
01:00 - Je le dis souvent, on a un océan face à nous, on a des petites cuillères, on essaie de vider l'océan en la petite cuillère.
01:07 Les services de police font ce qu'ils peuvent, comme ils peuvent, avec tous les moyens qu'on nous donne.
01:14 Effectivement, on a été renforcé, il y a une vraie volonté du ministre de l'Intérieur impulsée par la prichaine de police.
01:19 On est tous les jours dans ces cités, on fait des opérations tous les jours dans ces cités.
01:23 Mais si on pense que la police seule va réussir à résoudre le trafic de stupéfiants, on se plante complètement.
01:30 Aujourd'hui, il faut qu'on ait une coordination des services de l'État, qu'on travaille tous ensemble, main dans la main,
01:35 parce que nous, les policiers, on est les urgentistes de la société.
01:38 Et là, aujourd'hui, on nous demande de déceler la maladie, on nous demande de soigner le patient, et on nous demande après de faire la rééducation.
01:45 Ce n'est pas possible pour nous. Nous, on est là pour intervenir en cas d'urgence,
01:48 on est là pour interpeller ces auteurs de trafic de stupes, de les mettre à disposition de la justice.
01:54 Mais il y a plein de personnes qui doivent travailler avant nous, l'Éducation nationale, les associations de quartier,
01:59 et puis il y a des personnes qui doivent travailler après nous, c'est-à-dire la justice,
02:03 et condamner lourdement les plus gros trafiquants de stupes qu'on interpelle.
02:07 – Oui, alors il n'y a aucune zone de non-droit, et quand on entend les autorités dire qu'il n'y a pas de zone de non-droit en France,
02:13 bon, il peut y avoir débat, mais après, vous nous dites, la police va partout.
02:17 Bon, mais est-ce qu'il y a des zones extrêmement compliquées, où vous dites, l'éducation, mais l'éducation ce sont les parents,
02:24 il y a des parents qui sont dépassés totalement, il y a des zones perdues dans Marseille ?
02:33 – Alors je vous confirme, il n'y a pas de zone de non-droit, parce que la police franchement, elle rentre partout.
02:38 Vous avez raison de dire également qu'il y a des zones de droits différentes.
02:41 Il y a des zones où c'est beaucoup plus compliqué, où les droits sont différents.
02:44 Maintenant, la police, on continue à rentrer, on continue à faire des opérations et on continue à interpeller.
02:49 Mais malheureusement, force est de constater qu'on est un petit peu le seul service public à pouvoir entrer encore dans ces cités
02:55 et à travailler, je n'allais pas dire facilement, mais à continuer à pouvoir travailler et à exercer une toute petite autorité de l'État.
03:03 Effectivement, il doit y avoir une responsabilisation en amont, parce que quand je parle des enfants de 13, 14, 15 ans,
03:09 à mes yeux, c'est absolument incroyable qu'ils ne soient pas à l'école de la République.
03:12 On a donc affaire à des enfants complètement désœuvrés, qui n'ont pas d'orientation dans leur vie
03:17 et qui aujourd'hui pensent que la seule solution pour s'en sortir et gagner de l'argent, c'est le trafic de stup'.
03:22 C'est là qu'on a un vrai boulot à faire. Et ça, ce n'est pas la police qui peut le faire.
03:26 Il y a des associations, il y a l'Éducation nationale, il y a des acteurs de terrain qui doivent faire ce boulot-là.
03:31 Parce que sinon, on va retrouver de plus en plus de gamins qui vont penser qu'en rentrant dans un trafic de stup',
03:35 ils vont avoir, 15 jours après, une villa à Dubaï et qui vont dormir sur des matelas d'argent.
03:40 Et ce n'est pas possible. Et il faut leur expliquer également, et j'en terminerai là Romain,
03:45 c'est que leur espérance de vie, malheureusement, elle dépassera Romain les 25 ou 30 ans.
03:50 Ça aussi, il faut leur dire. Parce que malheureusement, c'est ce qu'on voit tous les jours dans nos cités marseillaises
03:55 et maintenant dans même toutes les cités de France, puisque le trafic de stup' n'est pas exclusivement réservé à Marseille,
04:01 mais il y a un problème national.
04:03 - Évidemment, évidemment. Nathalie nous appelle de Marseille.
04:06 Nathalie, salariée à Marseille. Bonjour Nathalie !
04:10 - Bonjour !
04:11 - Bon, salariée dans quoi ? Si vous voulez être discrète.
04:14 - Oui, dans l'énergie.
04:16 - Dans l'énergie. Bon. Vous dites, à Marseille, on est habitué, ça ne cessera jamais. Bon.
04:22 - Oui, tout à fait.
04:24 - J'espère que vous avez tort. Je vais vous dire, j'espère que vous avez tort.
04:27 - Non, enfin oui, j'espère, mais bon, il faut être quand même lucide.
04:32 Nous vivons dans un monde où effectivement, je pense que ça ne cessera jamais.
04:38 Je veux dire, on n'est pas dans un monde de bisounours.
04:41 On voit bien quand même dans le monde entier, depuis des décennies,
04:46 il y a la drogue, il y a la prostitution, il y a beaucoup de choses qui interviennent
04:51 et qui fait qu'on a les mafias, on a les clans, on sait pas.
04:54 - Vous voyez parfois des règlements de comptes en plein jour, à Marseille ?
04:58 - C'est pas arrivé, mais enfin bon, c'est quand même pas, voilà, c'est pas courant,
05:03 c'est pas quelque chose qui se passe tous les jours.
05:06 Voilà, donc moi je pense qu'il faut essayer de réguler par l'intermédiaire de la police
05:12 et puis bon, par aussi, par tout ce qui est financier aussi, par le pôle financier,
05:16 tous ces trucs-là. Mais c'est vrai que pour être née à Marseille,
05:21 et pour avoir lu aussi beaucoup de bouquins sur ça,
05:26 et ce qui ont été écrits par des anciens grands policiers marseillais, commissaires,
05:31 qui sont d'ailleurs passés aussi sur des antennes,
05:34 c'est quand même, la pèdre est quand même différente aussi.
05:37 - Oui, ça a bougé, oui, ils ont peur de rien.
05:40 - Voilà, ils ont peur de rien, les règles sont différentes, voilà.
05:45 - Il n'y a plus la morale du grand bondi, bon même si...
05:48 - Non voilà, non mais bien sûr, c'était pas tous des gens qui se foutaient de tout,
05:53 mais voilà, c'est différent.
05:54 - Est-ce que les quartiers où vous vous interdisez d'aller pour des raisons de sécurité,
05:57 vous vous dites "alors ça je n'irai jamais" ?
05:58 - Non, alors voilà, moi je ne suis peut-être pas représentative,
06:01 parce que je n'ai pas peur,
06:05 je n'ai pas aussi, je n'ai pas allé aussi à 1h du matin,
06:08 dans certains quartiers qui posent peut-être un peu des problèmes,
06:15 mais enfin, dans la journée, moi je n'ai jamais eu de problème,
06:20 ni dans le métro, ni mes enfants,
06:23 j'habite dans le 13ème, je suis née dans le 13ème,
06:27 j'ai habité, j'ai eu une maison de fonction dans le 15ème arrondissement de Marseille,
06:31 voilà, à côté justement de la Provence,
06:34 bon mais je n'ai jamais eu de problème, mais après je ne sais pas s'il n'y en a pas.
06:38 - Bon, une petite note, une petite note positive.
06:40 Merci beaucoup, merci Nathalie, et merci beaucoup Rudy Manat,
06:43 merci d'avoir été en direct avec nous, Rudy Manat, secrétaire départemental,
06:46 départementale Bouches-du-Rhône du syndicat, Alliance Police Nationale.

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