Des hommes cagoulés qui paradent, armes à la main, dans un quartier niçois. 3 morts et 14 blessés à Marseille. À chaque fois, le trafic de drogue est au cœur de ces règlements de compte. Une menace récurrente depuis plusieurs années et qui s'étend au-delà des quartiers traditionnellement concernés par ces violences.
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00:00 En pleine journée, dissimulé sous sa capuche, un homme avance, avec à la main ce qui ressemble à une Kalachnikov.
00:08 Très vite, il rejoint deux autres individus armés de pistolets.
00:15 Impossible de savoir si ces armes sont réelles ou factices.
00:19 Les faits remontent au 24 mars dernier, c'est un habitant qui filme discrètement la scène.
00:27 Une vidéo relayée par le député des Alpes-Maritimes, Eric Ciotti.
00:32 Des images qui ne surprennent pas ce syndicaliste.
00:36 On tire la sonnette d'alarme, déjà depuis belle lurette.
00:40 A la vérité, pour dire les choses, est-ce que ces images, on les voit fréquemment ? Non.
00:46 Mais il nous arrive de les voir, et de plus en plus souvent, on assiste de plus en plus à des tirs.
00:55 Le jour même, trois individus sont interpellés, dont deux mis en cause pour tentative de meurtre en bande organisée.
01:02 Une dizaine de kilos de stupéfiants est également saisi.
01:07 A 400 kilomètres de là, à Sète, le quartier de l'île de Thau doit aussi faire face au trafic de drogue.
01:17 Ce commerce illégal est-il en train de gangréner le littoral méditerranéen ?
01:24 Je ne sais pas si ça ne touche que le sud de la France, mais à chaque fois, on a finalement toujours les mêmes ingrédients dans ce cocktail explosif.
01:33 D'abord, une grande précarité, parfois des problèmes d'intégration, et ensuite, un trafic de drogue omniprésent.
01:40 Depuis trois ans, Gérald Darmanin a souhaité faire de la lutte contre le trafic de drogue la mère de toutes les batailles, et on comprend bien pourquoi.
01:47 C'est une guerre d'usure, ce n'est pas une guerre éclair.
01:53 Épicentre de cette guerre, Marseille, où une nouvelle flambée de violence a ensanglanté la ville.
01:59 Dans la nuit de dimanche à lundi, deux fusillades éclatent dans les quartiers nord à quelques minutes d'intervalle.
02:08 D'abord, à 23h30, cité du Castellas, bilan, deux morts de 21 et 23 ans.
02:18 Vers minuit trente, un nouvel échange de tirs, cette fois en plein cœur de la cité phocéenne, à proximité du vieux port.
02:26 Nous avons donc un jeune qui est décédé sur place, un jeune qui était âgé de 16 ans.
02:34 Nous avons deux autres victimes, l'une qui est âgée de 15 ans, qui est en pronostic vital très engagée à cette heure, donc état vraiment très grave.
02:45 Et un autre jeune qui est âgé de 14 ans, qui a été moindre grievement blessé.
02:50 Ce lundi après-midi, des familles de victimes endeuillées par ces règlements de comptes à répétition se sont rassemblées.
02:57 Des habitants qui aussi, entre émotions et colère.
03:01 On ne veut plus, on ne veut plus, on ne veut plus, stop ! Je suis choqué de plus en plus.
03:07 Je sors, je vais avec mes enfants, je vais faire les courses, j'ai toujours peur.
03:12 Dès qu'on entend un petit pet, on est là, on a peur, on est toujours sur la défensive.
03:19 Un sentiment de ras-le-bol partagé par les syndicats de police qui réclament une mobilisation générale de l'État.
03:27 On a l'impression nous, la police, d'être tout seul dans cette arène, d'essayer d'endiguer tout seul cette marée qui nous vient sur la gueule.
03:34 Et je le dis souvent, tout seul on n'y arrivera pas.
03:36 On a besoin de toutes les institutions de l'État, on a besoin d'une éducation nationale forte qui laisse ces enfants mineurs à l'école.
03:42 On a besoin d'associations de quartier qui travaillent intelligemment dans ces cités pour essayer de prêcher la bonne parole.
03:48 Et puis aussi on a besoin de sanctions pénales lourdes, très lourdes, pour que ce genre d'individus n'ait plus envie de recommencer quand ils sortent de prison.
03:59 A Marseille, certains points de deal peuvent rapporter jusqu'à 80 000 euros par jour.
04:04 Un business très lucratif qu'aucun chef de réseau ne veut abandonner.
04:09 Résultat, une lutte sanglante entre trafiquants qui ne se limite plus au quartier Nord.
04:15 Il y a un message qui n'est pas... qui est tout à fait transparent.
04:21 Je peux donner la mort quand je veux, où je veux, en plein jour.
04:27 Avec la présence de gamins, avec la présence de famille, ça signe manifestement une prise de risque qui signifie à chacun qu'il n'y a pas de limite.
04:39 C'est très révélateur si vous voulez, d'un cap qui est franchi dans cette escalade de la violence.
04:46 Depuis le début de l'année, les règlements de compte sur fond de trafic de stupéfiants ont fait 14 morts et 43 blessés dans la cité phocéenne.
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