Les Éclaireurs x Plastic Odyssey : Escale à Dakar [Épisode 1]

  • l’année dernière
Le navire Plastic Odyssey fait escale à Dakar dans le cadre de son expédition de trois ans autour du monde. Dans ce premier épisode, les trois Français font équipe avec le chercheur Lamine Dieng pour imaginer des solutions concrètes et simples pour transformer les déchets plastiques en ressources pour les populations.

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Voyages
Transcription
00:00 Je m'appelle Simon, je suis co-fondateur de Plastic Odyssey
00:02 et on est en ce moment même à bord de notre navire laboratoire
00:05 qui parcourt le monde pendant trois ans à la recherche des meilleures solutions
00:09 pour lutter contre la pollution plastique.
00:10 Ça y est, arrivé à Dakar ?
00:21 Eh oui, toi tu connais toi !
00:22 Ah !
00:22 C'est le seul qui connaît !
00:23 Ça fait sept ans que je n'y suis pas retourné.
00:28 En 2016, j'ai participé à une expédition.
00:31 On a fait escale à Dakar dans une des ances les plus polluées de la ville.
00:34 C'est là où j'ai pris conscience de tout le plastique
00:37 qui se déversait dans l'océan et ça a été le déclic.
00:39 Bienvenue à bord de notre atelier de recyclage.
00:48 C'est un atelier qu'on a pensé avec des machines
00:50 pour transformer et faire des prototypes d'objets utiles
00:54 à partir de déchets plastiques.
00:56 Pendant toute l'escale, on va accueillir des chercheurs et des entrepreneurs
01:00 qui travaillent sur des solutions pour réduire la pollution plastique.
01:02 On va vous présenter Lamine
01:17 qui lui travaille sur une technique pour transformer deux problèmes.
01:21 Les poches d'eau, les sachets d'eau qu'on voit partout dans les rues
01:24 et une plante invasive, le Tifa.
01:27 Quand on arrive à Dakar, on voit qu'il y a du plastique partout.
01:35 Partout.
01:36 On peut remarquer,
01:38 on a des poches plastiques comme ça, on en a de plus en plus.
01:41 Et quand c'est baissant, on arrive à ramasser
01:45 plusieurs plastiques dans quelques secondes.
01:48 Il faut une sensibilisation.
01:49 Et pour moi, la meilleure manière de sensibiliser,
01:51 c'est de montrer en sorte que le plastique, c'est de l'or.
01:54 Si on arrive à en faire des choses qui sont utiles,
01:57 les populations vont le prendre et pouvoir l'utiliser.
01:59 Mais pour l'instant, ça reste un déchet.
02:01 C'est un déchet qu'il faut valoriser.
02:03 On est dans le quartier Derklé.
02:07 C'est le quartier où je suis né.
02:09 Après le baccalauréat, j'ai eu la chance
02:12 à travailler une bourse de coopération entre la France et le Sénégal,
02:15 d'aller à Metz faire mes études jusqu'en maîtrise.
02:18 Et j'ai rejoué à Nancy, où j'ai fait mon doctorat
02:21 en mécanique des matériaux.
02:23 Il existe sur place des sociétés qui transforment le plastique.
02:27 Par contre, les sachets plastiques ne sont pas transformés.
02:31 On a mis en place un processus qui permet en fait
02:34 d'en faire un matériau de construction.
02:36 Coiture, phosphéptique, pavage, isolant thermique, isolant phonique.
02:41 L'idée, c'est de mélanger le plastique et le tifa.
02:46 Le tifa, c'est une plante, c'est un rouseau là,
02:48 qui pousse au Sénégal, partout, partout, partout.
02:52 Donc on va avoir du tifa frais.
02:53 Comme ça, vous allez vous rendre compte de l'importance
02:56 du gisement du tifa qu'on a ici.
02:58 La problématique qu'ils ont ici, c'est que le tifa est très gourmand en eau.
03:14 Donc du coup, ils prennent l'eau.
03:17 Donc finalement, ils n'ont pas assez d'eau pour arroser leur potager.
03:21 On a du tifa qui est de hauteur de 4 à 5 mètres.
03:25 Et on a encore du tifa qui pousse par là.
03:31 Ça, c'est les jeunes pousses de tifa.
03:33 Et si on ne les arrache pas, ils vont coloniser toutes les terres.
03:37 Donc c'est ça le fléau.
03:39 La section basse, qui est beaucoup plus gras, qui a moins de fibres.
03:43 Il y a la tige centrale.
03:45 Et de part et d'autre de la tige centrale, on voit apparaître des feuilles.
03:48 Ces feuilles-là, si on les sèche, on peut séparer la fibre de la cellulose.
03:55 Donc on les coupe en plusieurs morceaux.
03:57 On récupère les fibres que sont à l'intérieur.
03:59 L'idée, c'est de prélever du tifa qu'on aurait séché sur le bateau,
04:09 qu'on va peigner.
04:10 On va récupérer les fibres.
04:13 Et ces fibres-là, on va les mélanger avec du plastique et de la terre
04:16 pour faire un matériau de construction.
04:17 Ça, c'est l'objectif du projet.
04:19 Cet atelier de recyclage, c'est un petit peu comme une salle de classe.
04:34 On va y accueillir des gens dans le monde entier pour les former,
04:37 à transformer le plastique, à le recycler.
04:42 Je commence par mettre une première couche de plastique.
04:45 J'essaie de faire quelque chose d'assez ordonné.
04:48 Le procédé est assez artisanal parce qu'on est dans la phase recherche.
04:51 Mais pour remplir, on fait huit couches alternées de plastique, de tifa et du sable.
04:58 Avec ces huit couches, on va les passer au four.
05:01 En faisant une fusion du plastique, on va emprisonner les grains de sable
05:05 qui vont aider à la résistance mécanique,
05:08 mais aussi les fibres qui vont là pour assurer toute la flexion du matériau.
05:12 Une dernière couche de tifa,
05:17 et je ferme avec le plastique pour isoler le tifa.
05:19 Ne touche pas, ne touche pas, ne touche pas à mon billefeuille.
05:25 Là, il faut que ça rentre dans le four.
05:26 La partenariat avec vous, c'est que ça permet de vulgariser ce qu'on sait faire
05:32 et de faire profit à d'autres pays.
05:33 Parce que les sacs plastiques, on en trouve partout en Afrique.
05:36 Le tifa, on en trouve partout en Afrique.
05:38 Si on arrive avec les moyens que vous avez sur le bateau,
05:40 à montrer qu'on arrive à faire des grandes plaques
05:43 avec des épaisseurs qui vont servir dans la construction,
05:46 l'affaire est gagnée.
05:47 On va le passer au four pendant deux bonnes heures.
05:52 Après deux heures et demie de cuisson de la plaque,
05:59 on va regarder rapidement si le plastique est bien liquide.
06:03 Et après, on va le passer sous presse à 128 bar pendant quelques minutes.
06:08 Là, ce côté-là est bon.
06:11 Vas-y, vas-y.
06:12 C'est beau, hein ?
06:23 On retrouve le cadre métallique qui est là
06:25 et notre carreau qui est là avec les couleurs bleues qui viennent du sachet.
06:30 Il y a vraiment un dégradé de couleur.
06:33 C'est les poches qui donnent ça ?
06:34 C'est les poches parce que les poches étaient à la base bleues et blonds.
06:38 Maintenant, il faut étudier les propriétés mécaniques derrière,
06:41 propriétés thermiques, de vieillissement.
06:43 C'est ça, c'est bien d'avoir un produit qui est fini,
06:45 mais c'est bien aussi de le tester en termes de durabilité,
06:49 ça va dire combien de temps ça va durer.
06:50 Si le plastique se retrouve dans cinq ans dans la nature,
06:52 c'est pas gagné, il faut que ça reste le plus longtemps possible.
06:54 L'idée qu'on a derrière ce projet Récité Place,
06:56 c'est de pouvoir mettre dans chaque commune une machine.
07:00 Prochaine étape, ça va être de fabriquer une micro-usine pour faire des plaques.
07:05 Ou de donner les éléments pour faire une micro-usine.
07:07 C'est ça.
07:08 Ça y est, on quitte Dakar,
07:19 on est restés un mois, c'est notre plus longue escale,
07:21 on n'a jamais eu autant de monde à bord de ce bateau.
07:23 On a rencontré plein de gens incroyables,
07:25 découvert des solutions fascinantes.
07:29 On se donne rendez-vous au Cap Vert pour la prochaine escale.
07:31 [Musique]
07:41 [SILENCE]

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