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Musique
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00:00 - Bonjour Florent Pagny - Mais bonjour, comment allez-vous jeune homme ?
00:02 - Ça va super.
00:03 - Vous publiez, Pagny, par Florent, aux éditions Fayard, 500 pages où vous racontez tout
00:08 de vos débuts à la maladie ces derniers mois.
00:10 Tout commence par l'enfance.
00:12 "La chorale de l'école n'avait pas voulu de vous, j'étais celui qui foutait la merde
00:15 malgré lui", écrivez-vous.
00:17 Vous étiez si turbulent que ça, enfant ?
00:19 - Ah j'étais doué, oui.
00:21 Oui, non, pour ça, j'étais bon.
00:25 Mais bon, comme un vrai hyperactif, j'arrêtais pas une seconde et j'étais toujours en quête
00:31 de voir quelle connerie je pourrais faire.
00:33 Le coup de la chorale, c'était pas forcément des conneries.
00:36 Là où je perturbais, c'est que j'avais une voix qui était un peu particulière, qui
00:40 dénotait du groupe.
00:42 J'étais pas dans ces voix aiguës de chorale d'enfant et donc cette trompette au milieu,
00:48 elle marchait pas.
00:49 Et puis bon, après, une fois qu'il y avait ce décalage, j'en profitais pour rigoler
00:56 un peu.
00:57 Donc oui, bien sûr, j'étais très turbulent.
00:58 - Vraiment hyperactif au sens médical du terme ?
01:01 - Ah oui, un vrai de vrai.
01:02 - Vous racontez ce jour, vous avez 11 ans, vous êtes malade, vous restez à la maison
01:07 et vous vous mettez à chanter comme ça "Hill" de Gérard Lenormand.
01:10 Votre maman vous surprend.
01:12 Cette maman qui chantait divinement bien, elle comprend immédiatement, vous croyez ?
01:16 - Elle comprend tellement bien que je comprends aussi.
01:18 Quand je vois sa réaction, je réalise parce que c'est vrai que c'est un drôle de moment
01:25 pour une personne, à 11 ans en plus, d'un seul coup de découvrir qu'il y a une voix
01:33 qui se met à projeter, donc à prendre de la puissance, à monter haut, à sonner bien.
01:40 Parce qu'en fait, bien chanter, c'est pas qu'une corde vocale, il faut aussi des bonnes
01:44 oreilles.
01:45 Donc mon oreille assimilait ce son et je réalisais que je pouvais suivre Gérard Lenormand qui
01:52 était juste un virtuose de la grande mélodie, donc ce "Hill" en plus, il parle aux oiseaux,
01:58 je te raconte pas comment ça montait.
01:59 Et à 11 ans, tu te mets à le faire et ça sonne, c'est joli, mais t'es tout seul, tu
02:06 sais pas.
02:07 Et puis d'un seul coup, t'es en train de le faire, t'es en train de le pratiquer, tu
02:11 tournes le dos à la porte parce que t'es...
02:13 Voilà, et puis quand tu te retournes, t'as ta mère qui est rentrée, qui a pas fait
02:17 de bruit et qui réalise que son enfant a la même chose qu'elle.
02:23 Et elle a transmis un organe qui est les cordes vocales et la musicalité.
02:29 Et là, je sens dans ses yeux que ma vie sera plus pareille.
02:34 Et puis ensuite, c'est sûr qu'une fois que je l'ai découvert, j'ai cherché à tous
02:40 les moyens, à tous les moments de le pratiquer le plus possible pour voir jusqu'où j'étais
02:45 capable d'avoir du pouvoir.
02:47 Vous allez enchaîner les radios crochés, vous commencez à vous produire notamment
02:50 dans un dancing, le luth.
02:52 Et c'est Luis Mariano qui vous fait gagner à chaque fois, comme vous le dites.
02:55 C'est votre premier tube, en fait, la fiesta bohémienne ?
02:58 Eh oui, c'est mon premier tube parce qu'il m'a permis de faire même ma première tournée,
03:03 il m'a permis de faire gagner un concours de chant pour le Dauphiné libéré.
03:08 C'était la première étape de cette course cycliste.
03:11 Et puis, le Dauphiné organisait Xapi Max, un concours de chant.
03:15 Et celui qui gagnait, il faisait une étape de la course et puis il remettait son titre
03:20 en jeu le soir dans la ville d'après.
03:22 Et je me suis retrouvé à gagner à la première et jusqu'à la fin.
03:26 Donc, je ne chantais qu'une chanson, je chantais la fiesta bohémienne, qui était un des grands
03:30 thèmes de Luis Mariano.
03:31 Mais je comprenais que je choquais un peu les gens parce que j'avais 13 ans et je chantais
03:39 de l'opérette.
03:40 Et j'avais le vibrato et ça sonnait et ça marchait.
03:43 Le titre en plus, il cartonne.
03:45 Donc, c'est comme ça que j'ai pu gagner et vivre tous ces moments et comprendre encore
03:52 plus que les choix que je ferai plus tard dans ma vie, puisque deux ans et demi après,
03:58 je fais "bon, je veux partir à la capitale", ça sera de chanter.
04:02 Et ça sera mon arme fatale.
04:06 Il faudra que je trouve le moyen d'utiliser ça.
04:11 Pourtant, c'est le cinéma qui va vous ouvrir les portes en premier.
04:14 Vous allez commencer par enchaîner des petits rôles et puis beaucoup de second rôles,
04:18 mais jamais vraiment de premier rôle.
04:20 Vous dites que vous allez avoir une carrière de petit acteur, 33 films et téléfilms tout
04:25 de même.
04:26 Pourquoi vous n'êtes jamais devenu un grand acteur ?
04:28 Parce que je n'ai pas eu...
04:30 Alors là, pour le coup, c'est toujours une histoire de chance.
04:33 Je n'ai pas eu la chance d'être celui qu'on a pris pour, par exemple, le premier film
04:38 qui était "Diva".
04:39 On n'était plus que deux.
04:40 Et c'est Frédéric Andréi qui a choisi, qui fait magnifiquement le personnage et qui
04:47 incarne parfaitement le film.
04:48 Mais moi, il va falloir que je me dise "bon, j'ai raté ça parce que finalement, ce n'était
04:57 pas prévu.
04:58 Je n'avais pas suivi les cours de théâtre et ça venait un petit peu, je dirais, un
05:03 peu librement.
05:04 C'est un peu du freestyle de Dominique Besnard qui faisait ses castings dehors en se disant
05:09 "je vais découvrir des stars qui ne savent même pas qu'ils sont des stars".
05:12 Et j'ai été à ça de pouvoir accompagner justement toute cette légende, comme l'a
05:20 pu le vivre une actrice extraordinaire comme Béatrice Dalle, où Dominique la découvre
05:26 dans une je ne sais pas où et puis ça devient Béatrice.
05:29 Et moi, je passe à côté.
05:32 Donc, je réalise que là, je n'ai pas la chance.
05:35 Et puis finalement, après, j'essaye de voir comment je peux quand même aller chercher
05:44 ma chance.
05:45 Et puis, ça se passe plutôt pas si mal, mais ce n'est pas comme je le voudrais vraiment.
05:51 Et surtout, mon point fort finalement, il n'est pas là.
05:56 Mon point fort, il est dans le champ et c'est là où je dois aller.
05:59 Alors, j'ai une bonne personnalité.
06:00 Des fois, ma femme me dit "tu sais, ce n'est pas bon le cinéma pour toi parce que c'est
06:04 ta voix parlée.
06:05 Ta voix parlée, elle fait moins, elle est moins charismatique que ta voix chantée".
06:11 Je dis "écoute, tu as peut-être raison parce que c'est vrai que je n'ai pas la voix grave
06:17 posée et tout qui pourrait accompagner l'acteur avec une grande carrière".
06:23 Mais bon, mon histoire, c'était le champ.
06:25 Il a fallu justement que le cinéma et la télé vous fassent comprendre qu'ils ne voulaient
06:28 plus vraiment de vous pour que vous forciez à écrire n'importe quoi.
06:31 Premier succès, on est en 87.
06:33 Il n'y a pas eu de réflexion, de positionnement, d'anticipation.
06:36 Vous dites que vous êtes devenu chanteur un peu comme une herbe folle.
06:40 En fait, c'était votre moment ? C'est ça que vous voulez nous dire ?
06:43 J'ai été le chercher.
06:46 Oui, je pense que c'est le destin.
06:49 Mais bon, de la même manière que ma première chanson, j'ai eu du mal à la faire.
06:59 Ce n'était pas mon domaine, ni la musique, ni les paroles.
07:02 Mais voilà, je m'accompagnais avec trois accords sur un piano et j'ai mélangé ces
07:10 trois accords, je les ai mis dans un autre sens et j'ai créé n'importe quoi.
07:14 Mais en même temps, ce n'importe quoi, quand il est sorti, il a atterri dans toutes les
07:23 poubelles de toutes les radios.
07:25 Donc, il n'avait pas de chance.
07:27 Il démarrait avec pas de chance parce que les mecs ne savaient pas quoi en faire.
07:31 Je rentrais dans un registre de chanteurs à voix, mais d'une jeune génération.
07:36 On était plus à une époque où on écoutait des chanteurs avec peut-être moins de voix,
07:43 avec une écriture plus ciselée et avec un charme différent.
07:49 Et les chanteurs à voix, c'était Johnny et Sardou.
07:51 Et puis les jeunes, il n'y avait pas de place.
07:55 Grâce à ma rencontre avec Gérard Louvain, on a mis le temps avant d'avoir l'occasion
08:03 de pouvoir s'être utile l'un avec l'autre.
08:06 Mais c'est lui qui, d'un seul coup, déclenche tout en prenant son téléphone avec Max Godzini
08:14 et d'un seul coup, il lui force un peu la main.
08:18 Oui, mais ils se font un deal.
08:21 En fait, c'était une autre manière de passer le filtre.
08:24 De toute façon, à la fin, le deal était honnête.
08:28 Il n'y avait pas le CSA à l'époque, le comité de censure.
08:32 Gérard propose à Max de mettre son logo, comme vous, RTL.
08:37 Là, il mettait NRJ en fond de scène sur un sacré soirée, en échange.
08:42 Passe-moi le disque du petit chanteur pendant une semaine.
08:47 Je ne t'en demande pas plus.
08:48 Passe-le.
08:49 Normal.
08:50 Mais pendant une semaine, que les gens puissent y accéder.
08:54 Et au bout d'une semaine, c'est le public.
08:55 C'est toujours moi le public qui m'a sauvé.
08:57 C'est le public qui vient et qui fait « ça, ça nous plaît ». C'est un peu différent,
09:02 mais ça nous plaît.
09:03 Lui, il chante, il braille un peu, il est marrant.
09:07 Donc là, Max rappelle Gérard et lui dit « écoute, non seulement je ne vais pas l'enlever,
09:12 mais je vais doubler les cadences ». Et trois semaines après, il triplait les cadences
09:17 et je devenais numéro un du top 50.
09:19 Ma vie basculait et changeait.
09:20 Vous racontez plusieurs de vos succès au fil des pages.
09:23 On comprend en vous lisant que le titre « Et un jour une femme » a une place à part dans
09:27 votre cœur.
09:28 Oui, parce que c'est vraiment ma femme qui l'a inspiré, cette chanson.
09:32 Et que pour moi, c'est d'une telle évidence de pouvoir interpréter une chanson comme
09:37 celle-ci.
09:38 Il y a tout.
09:39 Il y a la musique, il y a les paroles.
09:40 C'est parfaitement décrit.
09:41 Il y a notre histoire.
09:44 Au moment où on se rencontre et avec ce qui est arrivé, Lionel Florence, ce n'est
09:50 pas quelqu'un que je vois beaucoup.
09:52 Mais c'est alors quelqu'un qui me connaît bien et qui nous connaît bien et qui connaît
09:56 bien ma vie.
09:57 Et une musique de Pascal Obispo.
09:58 Ah bah oui.
09:59 Obispo que vous rencontrez d'une manière un peu atypique aussi, à une soirée où
10:04 vous voulez retrouver Vanessa Paradis.
10:05 Et puis vous vous retrouvez en 97.
10:07 Vous lui tendez la main à Pascal Obispo.
10:09 Votre maison de disques n'est pas vraiment motivée, pas très séduite par l'idée.
10:13 Il vous fait écouter 30 chansons.
10:15 Il y en a une qui vous tape dans l'oreille.
10:17 Elle s'appelle « Savoir ». Et elle va changer de nom grâce à un accident de moto.
10:22 Racontez-nous.
10:23 Ah bah c'est en effet.
10:25 Après le succès de « Bienvenue chez moi », je décide de faire un album où je sollicite
10:31 une vingtaine d'auteurs-compositeurs-interprètes.
10:34 Il fallait que tous les mecs aient aussi une carrière de chanteur.
10:39 Donc je sollicite tous ces gens.
10:41 Et dans ma liste, en effet, il y avait Pascal qui n'était pas forcément le préféré
10:46 de la liste.
10:47 Mais en même temps, j'avais cette logique en disant « je ne vais pas me priver d'aller
10:53 quand même écouter ce que ce mec-là est capable de me proposer.
10:56 Parce que si ce n'est pas bien, je ne le prendrai pas.
10:57 Mais si c'est bien, je ne vais pas me gêner.
10:59 » Et en effet, c'est presque celui qui m'a fait écouter le plus de choses.
11:02 Et dans ces 30 chansons, et c'est beaucoup d'écouter 30 titres, il y avait ce titre-là.
11:07 Alors ça, ça fait aussi partie de cet instinct.
11:14 Parce que pour lui, ce n'était pas forcément le plus fort.
11:18 Il y avait des choses plus intéressantes.
11:20 Mais quand je reviens après toute l'écoute en disant « écoute, j'ai mis un Astérix
11:24 sur une, je voudrais y retourner.
11:26 Et je voudrais même peut-être essayer de poser une voile vite fait pour rester un peu
11:31 avec parce qu'il y a quelque chose que je ressens tout de suite.
11:34 Et donc, je découvre que oui, j'ai cet instinct d'identifier rapidement la chanson
11:40 qui est faite pour moi et qui peut avoir une dimension hors norme.
11:44 Et donc, c'est en effet le moment où je pose ma voix là-dessus, où je fais écouter
11:53 autour de moi à la Maison de Disque entre Yann Philippe Blanc et Pascal Nègre, les
11:59 patrons de l'époque de l'un de mon label et l'autre de la Major.
12:03 Je vois tout de suite la réaction.
12:05 C'était un peu eux qui n'étaient pas trop d'accord pour que j'aille voir Obispo.
12:08 Et quand je les vois réagir comme ça, ça me fait penser que mon pote Obispo, grâce
12:15 à ce titre, il va peut-être avoir aussi un petit changement dans son destin qui s'appelle
12:20 Johnny.
12:21 Parce que personne ne m'a rien dit.
12:23 Mais je sais où est le problème que les Maisons de Disque pouvaient avoir avec Johnny.
12:27 Ils en avaient un à ce moment-là.
12:29 Et là, d'un seul coup, ils avaient peut-être une solution.
12:32 Parce qu'ils se disaient, ce mec-là Obispo, il ne fait pas ce genre de chanson.
12:36 Et là, il vient de faire un truc sur mesure pour un chanteur comme Florent.
12:40 Alors, il doit être capable de faire quelque chose sur mesure pour un chanteur comme Johnny.
12:43 Et ça a allumé le feu avec la mer Zazie aux paroles.
12:48 - Savoir aimer, on découvre dans le livre que de nombreux passages de la chanson sont
12:53 en fait des premières prises de ce jour où vous avez fait une maquette.
12:56 - Ce ne sont même pas des nombreux passages.
12:59 J'ai corrigé deux bleuseries, comme on dit.
13:02 C'est-à-dire que je n'arrivais pas vraiment à la reproduire en studio.
13:06 Je rentrais à la maison avec toute la prod et tout.
13:09 Et il me manquait quelque chose.
13:10 Une fois, deux fois, deux séances de studio pour chanter la même chanson.
13:15 Tu fais, attends, j'ai un problème.
13:17 Pascal, la maquette, j'ai deux bleuseries, j'ai deux notes un peu tordues.
13:24 Toi, tu l'as, c'est tout en numérique aujourd'hui.
13:27 On peut peut-être corriger ces deux notes.
13:30 Il me dit, ben oui, je suis allé corriger ces deux notes.
13:32 Et c'est la version, c'était ma première prise.
13:36 Parce que la première tournerie, ça a été pour marquer avec le texte et comprendre les
13:41 paroles.
13:42 Et la première prise, c'est ce qui est sur le disque.
13:46 C'est assez rare d'ailleurs, c'est assez marrant.
13:48 - A 14 ans, à Radio Crochet, vous décidez de changer de chanson.
13:54 Ce n'est plus cette chanson fétiche que vous chantez.
13:55 Vous ne gagnez pas.
13:57 Et vous comprenez ce jour-là, si tu n'as pas la bonne chanson, tu n'as pas le même
14:01 pouvoir.
14:02 Il vient d'où ce flair qui ne vous a jamais quitté ?
14:05 - De prendre une tôle.
14:07 - C'est ça, vraiment ? - Ben oui.
14:09 Quand d'un seul coup, t'arrives, j'avais gagné tous mes concours avec la fiesta bohémienne.
14:14 Les mecs qui avaient suivi toute cette aventure se retrouvent à organiser un autre Radio
14:19 Crochet.
14:20 Ils m'appellent, mais ils m'appellent en gagnant.
14:22 Genre, avec ce qu'il a défoncé tout le monde pendant 10 jours.
14:25 Là, il vient et tout.
14:26 Et là, je décide de chanter un autre titre de Mariano, mais qui était moins festif,
14:33 moins puissant.
14:34 Et je ne me rappelle même plus ce que j'avais choisi, mais c'était Mauvaise Pioche, ça
14:37 s'appelle.
14:38 Et je perds.
14:39 Ils avaient même prévu le cadeau du gagnant pour moi.
14:45 C'était des skis acrobatiques.
14:47 J'étais dans le strip de vouloir faire du ski acrobatique.
14:49 Et les skis, ils partent chez un autre qui n'en avait rien à foutre d'avoir une paire
14:52 de skis.
14:53 Et là, tu fais, quelle leçon, quelle leçon.
14:56 Et tu vas chercher.
14:58 De toute façon, c'est toujours les échecs et les tôles qui te permettent de mieux comprendre.
15:02 C'est là où tu vas réfléchir le plus et analyser encore plus pour comprendre qu'est-ce
15:07 qui t'est arrivé.
15:08 Pourquoi ça s'est passé comme ça ? Eh ben, je n'avais pas la bonne chanson.
15:11 Il y a une autre prise qui a changé votre vie.
15:13 C'est Caruso.
15:14 On est en 95.
15:15 Vous créez cet album compilation avec des inédits qui s'appelle Bienvenue chez moi.
15:20 Vous dites, cette chanson, c'est votre médaille.
15:23 Elle vous ressuscite.
15:24 Elle a vraiment changé votre destin ?
15:26 Alors, celle-là, c'est l'exemple du contraire.
15:28 Ça, c'est la bonne chanson.
15:30 C'est la bonne chanson si on peut l'interpréter.
15:32 C'est là où elle donne toute sa dimension.
15:36 C'est là où elle peut devenir magique si tu peux te l'approprier.
15:40 Parce que c'est un sommet de performance.
15:43 Donc, plus cette mélodie de l'Ucciodale mélangée au refrain qui sont cette vieille
15:51 chanson napolitaine avec tout ce que ça implique dans la progression mélodique.
15:55 En France, c'est là où j'ai le plus cartonné avec ce titre.
16:00 Personne ne comprend les paroles et à peine moi.
16:03 Donc, je sais quel est le sujet.
16:05 Mais c'est vrai que ce n'est pas ma langue.
16:06 Par contre, c'est mon son.
16:08 Et je sais le véhiculer.
16:10 Je sais le proposer et provoquer avec ses fréquences, ce frisson, ce truc où finalement,
16:18 je crée une putain de surprise.
16:20 J'étais un petit chanteur de variété et je deviens une grande voix qui peut chanter
16:24 de l'opéra.
16:25 Qui n'aime même pas de l'opéra puisque c'est une chanson assez jeune.
16:28 Elle prend toute sa dimension opératique parce que Luciano Pavarotti la reprend après
16:37 que Lucio Dalla l'ait rendu célèbre.
16:39 Mais quand la voix de Pavarotti s'installe dans cette chanson, c'est Caruso.
16:44 Ça a toute cette dimension.
16:46 C'est vrai que ça te met cette référence opératique.
16:49 Et moi, j'arrive derrière en gamin et j'y vais.
16:52 Je me la fais.
16:53 J'y vais avec mon pote Fiori.
16:56 Mais je m'attaque à cette montagne, à ce monument.
16:59 Et je réussis à la passer cette montagne.
17:02 Et elle provoque tout ce qu'elle a provoqué autour.
17:04 Et elle a changé ma vie.
17:06 Bien sûr.
17:07 À chaque fois, c'est une chanson qui peut changer ma vie.
17:10 Il y a mille rencontres.
17:11 Des connues, des inconnues.
17:13 Gérard Depardieu, Pavarotti, vous en parlez.
17:15 Et Johnny Hallyday.
17:17 27 ans d'amitié.
17:18 Des duos duels ensemble.
17:20 « Tu me manques », écrivez-vous dans une quasi-lettre ouverte à la fin du livre.
17:24 Pourtant, vous écrivez « Je me suis tenu à distance.
17:26 Je n'ai pas voulu faire partie de tes meubles ».
17:28 Pourquoi est-ce que vous avez préservé votre amitié de la sorte avec Johnny ?
17:32 Johnny, il fonctionnait d'une manière où il voulait que tu sois avec lui tout le temps.
17:41 Il aimait les bandes.
17:46 Il aimait être toujours avec une bande.
17:49 Moi, je ne suis pas un mec de bande.
17:51 J'aime bien me balader dans des bandes différentes, mais je suis un lonesome cow-boy.
17:54 Je me balade un peu tout le temps tout seul.
17:56 Et puis, j'aimais tellement finalement cette relation de chant, de rencontres, où il avait
18:04 pris l'habitude de m'inviter systématiquement dans tous ses grands événements.
18:08 Parce que dès la première rencontre vocale, qui était un sacré soirée avec toute la
18:12 musique que j'aime, il était trop content de trouver un môme d'une autre génération
18:17 capable de fighter avec lui dans ce registre-là et d'avoir la voix qui peut venir à égalité.
18:25 C'est tellement agréable de partager ça avec un autre chanteur.
18:29 Dernièrement, je chante avec Kenji.
18:30 Kenji chante de mieux en mieux.
18:31 C'est hyper agréable de chanter avec lui parce que le môme s'applique, il envoie,
18:36 et il est à sa place.
18:37 Et moi aussi, on la partage ensemble et on envoie ce nouveau message tous les deux.
18:44 Donc, avec Johnny, c'était tout le temps ce plaisir-là.
18:48 Il y avait toujours des titres nouveaux à chanter.
18:51 On a même fait un jour un duo spécialement pour l'album, pour un album à moi.
18:57 Mais c'est vrai qu'en général, j'ai toujours retrouvé Johnny sur et avec son répertoire.
19:03 Ce qui pour moi était toujours très intéressant parce que j'aime bien me frotter à plein
19:07 de répertoires différents.
19:08 Vous évoquez votre consommation de cannabis à plusieurs reprises dans le livre.
19:13 « Plus personne ne me verra faire ce geste », écrivez-vous à propos de la photo de
19:16 la couverture où vous fumez un pétard.
19:18 Il n'y a pas de doute pour vous, c'est le pétard qui vous a refilé le cancer ?
19:22 Ah non, pas du tout.
19:23 En fait, le pétard, je ne peux plus le fumer parce que je ne peux plus absorber de fumée
19:31 pour préserver mes poumons.
19:32 Mais je ne pense pas que ce soit le pétard qui m'ait filé le cancer.
19:35 Parce que moi, je n'ai pas un cancer de 40 ans de fumette.
19:41 40 ans de fumette, ça laisse plein de petites traces et moi, je ne les ai pas ces traces-là.
19:48 Donc, ce n'est pas le pétard qui me l'a filé mon truc.
19:50 Je ne sais pas d'où il est venu, mais il correspond à ce cancer-là.
19:54 Mais ce n'est pas lui.
19:55 Mais ce que m'a apporté le pétard et ce que m'apporte en général le THC, parce
19:59 que le pétard, il est loin, mais on peut quand même accéder au THC.
20:03 Ce n'est pas le CBD, moi le THC.
20:05 Le THC, ça m'a vraiment permis de gérer mon hyperactivité.
20:09 C'est comme ça que je... et de m'ouvrir aux autres, de devenir beaucoup plus réceptif,
20:15 d'avoir beaucoup plus de sensibilité et d'être plus en phase avec le partage.
20:21 Mais parce que j'étais tellement hyperactif que ça, ça a été une thérapie.
20:28 Ça m'a aidé.
20:29 Il y a des gens qui prennent du cannabis et deviennent idiots.
20:32 Donc, ce n'est pas pour tout le monde.
20:34 Vous dites "le cannabis m'a sauvé".
20:36 Oui, parce qu'il m'a rendu moins con et il m'a permis d'être plus ouvert aux autres.
20:41 Et puis de me connaître mieux.
20:44 Et puis d'aller chercher justement de développer beaucoup plus mon point fort et de pouvoir
20:49 vivre tout ça avec la bonne analyse.
20:52 Parce que ça anime, attention.
20:54 C'est quelque chose qui peut vraiment t'emmener loin.
20:58 C'est pour ça que si tu as une nature à avoir besoin toujours d'animation, comme moi, ça
21:04 peut bien t'aller.
21:05 Mais si tu es quelqu'un de plus lymphatique, tu vas dormir.
21:08 Il y a un court chapitre sur le cannabis.
21:11 Vous dites "un seul conseil, il ne faudrait pas y toucher avant 20 ans".
21:14 Il y a un grand débat national.
21:16 Vous ne vous mouillez pas.
21:17 Vous ne dites pas s'il faut légaliser ou pas.
21:19 Vous n'avez pas d'avis sur le sujet ou c'est simplement pas votre rôle ?
21:21 Ce n'est pas mon rôle.
21:23 Mais moi, je considère...
21:24 Si, je pense qu'il faut légaliser, il faut libérer tout ça.
21:28 En plus, au-delà de ce que ça peut apporter à certains dans la vie, comme avec la maladie,
21:36 attention, ça accompagne parfaitement le cancer.
21:37 C'est un anti-vomitif qui ouvre l'appétit, qui empêche de dormir.
21:40 Enfin, qui permet de dormir.
21:41 Donc, la chimio, ça t'enlève l'appétit, ça te fout la gerbe et ça t'empêche de
21:47 dormir.
21:48 Lui, il permet de palier énormément et il m'a été très utile.
21:51 Mais au-delà de tout ça, et c'est pour ça qu'il devient beaucoup plus, puisque
21:55 c'est quand même un produit issu d'une plante et il devient de plus en plus utilisé
21:58 médicalement dans plein de pays.
22:00 Au-delà de tout ça, quand on voit ce qui est en train de se passer, comment ça dégénère,
22:05 les règlements de compte, tu fais, même socialement, vous avez aussi une vocation
22:09 à devoir légaliser, libérer tout ça et gérer tout ça et qu'on arrête tout ce
22:14 qui est en train de se développer.
22:16 Mais à une échelle mondiale, attention, à force de vouloir créer des interdits,
22:21 on est en train de créer des mondes parallèles et des économies parallèles et des choses
22:26 qui vont très très loin.
22:27 Donc, soyez conscient de ce qui arrive et gérez-le de la bonne manière.
22:33 Et la meilleure manière, c'est de dire les choses et qu'elles soient libres.
22:36 - Florent, vous parlez aussi d'argent, les impôts qui vont vous embêter pas une, pas
22:41 deux, mais trois fois.
22:42 Un procès de quatre années, les médias qui vous assassinent, vous sortirez blanchi,
22:47 innocenté d'absolument tous les chefs d'accusation, vous ferez même une garde à vue.
22:52 Au final, vous gardez quoi ? Un peu d'amertume ou votre plus gros succès dans votre carrière ?
22:57 - Oui, non, plutôt ça, oui.
22:59 Je garde plutôt ma plus grosse chanson qui est ma liberté de penser.
23:02 Quand je le vis, au moment où ça arrive, c'est sûr que j'ai pas autant de recul
23:08 et j'en rigole pas autant, mais ça fait aussi partie des expériences où, à un moment,
23:15 tu dois apprendre.
23:16 Et justement, la réussite, l'argent, la gestion de tout ça, ce que tu dois gérer
23:24 et ce que tu dois redistribuer, parce que ça fait partie des règles de notre société,
23:31 il faut bien le comprendre et comprendre comment tout ça doit exister.
23:35 Et puis, tu mets du temps au début, c'est pas ton truc, c'était pas mon truc moi, la compta.
23:41 Il a fallu un moment que je m'y mette et que je comprenne bien où j'étais en train d'arriver
23:47 avec ce qui était en train de m'arriver.
23:48 C'est aussi l'échec.
23:51 Je suis monté très haut, je suis retombé très bas et là, quand t'es tout en bas,
23:56 tu fais "putain, j'ai quand même, j'ai failli toucher le Graal et finalement, c'est en train
24:01 de m'échapper".
24:02 Et parce que j'ai pas tout compris.
24:05 Alors, il y avait beaucoup de monde autour de moi, j'ai viré tout le monde, j'ai gardé
24:10 que ma femme et puis on a fait ensemble et on a reconstruit ensemble et j'ai été à
24:13 prendre.
24:14 Et à partir de ce moment-là, plus jamais on pouvait me prendre à défaut parce que
24:19 je savais où j'avais mal fait, où j'avais mal agi et où j'étais mal accompagné aussi.
24:23 Et là, ça allait pas se passer.
24:25 Alors, quand ils sont revenus une deuxième fois, tu fais "là, excusez-moi, mais vous
24:28 êtes trompé".
24:29 Et c'est pour ça que ça a duré longtemps et qu'on s'est tenu tête, mais que j'ai gagné,
24:34 on a gagné parce que j'étais aussi impliqué avec Universal, donc Pascal Negre, on a gagné,
24:39 premier procès, ils ont fait appel et ils ont perdu aussi leur appel alors que c'est
24:43 l'institution.
24:44 Mais pourtant, la justice, en comprenant parfaitement le dossier, fait "bah non, vous êtes trompé".
24:51 Mais dès le début, on leur avait dit que c'était trompé.
24:53 Mais bon, c'est vrai que comme ils m'avaient quand même vraiment cherché, vider la maison,
24:58 prendre les meubles, les vendre et que Pascal, au bispo, s'était retrouvé à me rendre
25:02 au service, les récupérer, ça a inspiré cette chanson.
25:04 Quand cette chanson est arrivée, parce que moi, j'étais pas partant au départ, quand
25:08 j'ai entendu le sujet, plus le genre musical où il me dit "t'aimes Brassens", j'ai dit
25:13 "non, moi, j'aimais plutôt Brel".
25:15 Mais j'ai pris la guitare, machin, mais j'entends la chanson, je fais "ah mais si, je vais quand
25:20 même la chanter parce qu'elle a toute la dérision, l'ironie, tout ce que j'aime et
25:24 je sais le faire parce que moi, y'avait pas plus ironique que moi".
25:27 Ils ont pas vraiment aimé à Bercy.
25:29 Mais c'est ça qui a un peu bousculé, je pense, le truc et c'est ça qu'ils se sont
25:34 dit "bah lui, il vient trop nous chercher ouvertement, on va lui donner une petite leçon".
25:40 Et leur petite leçon a failli marcher, mais c'était sans compter mes rebonds.
25:45 Ou à la fin, tu dis "bon, on va aller au bout et on va le faire vraiment".
25:50 Et puis, moi, je suis honnête et donc j'ai rien à me reprocher, j'ai gagné mes procès,
25:57 j'ai pas été claironné après mes victoires, ma victoire, j'en ai juste profité en me
26:03 disant "ok, bon bah je vais aller vivre ailleurs et je vais devenir citoyen du monde et résident
26:09 dans d'autres pays".
26:10 Avant de redevenir résident français.
26:12 - Parlons de la Patagonie, vous y êtes arrivé en 1997, vous posez vos valises avec votre
26:17 famille.
26:18 Vous dites que c'est l'antidote au succès, à la notoriété.
26:23 - Bah oui.
26:24 - Ça fait vraiment partie de votre équilibre, cette double vie ?
26:27 - Bah, y'a personne.
26:29 - Même pas le wifi.
26:32 - Avant de sortir, ça commence à venir, attention, mais avant de sortir et de me retrouver avec
26:37 quelqu'un qui change de comportement parce qu'il m'a reconnu, faut que j'aille loin.
26:44 Donc bon, malgré que ces dernières années, cette internet permet beaucoup de choses.
26:51 Et comme les gens depuis toutes ces années savent qu'on m'appelle le français, savent
26:56 que je suis le français et qu'éventuellement je fais de la musique, je chante, mais bon,
27:00 ils m'écoutent pas, je passe pas à la télé, je passe pas à la radio.
27:04 Mais par contre, ces dernières années, dans des endroits assez retirés, j'ai pu voir
27:10 qu'ils me regardaient en me disant "ah mais c'est lui" et puis à me brancher un peu.
27:14 Mais parce que voilà, le progrès va vite maintenant.
27:17 Mais c'est vrai que c'est très facile d'être loin du monde et de vivre en harmonie avec
27:25 une nature qui est juste plus puissante que l'humain dans cette région-là.
27:31 - Le livre est aussi le portrait d'une star populaire, de quelqu'un qui est toujours resté
27:37 très droit, loyal, qui dit aussi avoir souffert d'une certaine manière au début de sa carrière
27:44 du mépris de classe.
27:46 Ça vous a heurté au début de votre carrière, cette manière dont on vous regardait, on vous
27:50 analysait ?
27:51 - Non, non, non, non.
27:52 Au contraire, à la limite, j'ai jamais trop ressenti ces choses-là et finalement, si
28:00 ça pouvait exister, ça me permettait de l'assumer encore plus et de le revendiquer encore plus.
28:07 Et donc, moi, ça fait partie, justement, éventuellement des petites batailles ou des
28:12 petites épreuves à passer pour s'affirmer et pour rester ce que je suis.
28:17 Et donc, s'il peut y avoir d'un seul coup des personnes qui le vivent d'une autre manière,
28:28 ça ne va pas me changer.
28:29 - Vous dites dans le livre "être en marge est une notion qui me correspond".
28:33 Vous êtes aussi profondément normal.
28:35 Tout ça, ça fait partie de votre éducation, vous diriez ?
28:38 - Oui, oui, parce que moi, je viens d'une famille normale.
28:44 Et puis, mon parcours a été vécu en gardant toujours ce côté un peu provincial et juste
28:55 l'après-paysan où à un moment, tu as les pieds sur terre et puis tu ne vas pas te prendre
29:00 pour un autre et tu ne vas pas inventer une histoire.
29:02 Et donc, oui, je suis quelqu'un de normal et en même temps de super particulier, ce
29:10 qui fait que ça me correspond bien.
29:12 Je peux vraiment être en marge tout en respectant la page.
29:15 Donc, je suis tout et son contraire et ça me va bien.
29:20 - C'était le nom d'un de vos albums, ce qui me fait dire que vous avez chanté en
29:25 espagnol, des grands airs lyriques, vous avez partagé un duo avec un rappeur, fait un disque
29:29 avec Gims.
29:30 Finalement, vous n'avez jamais eu peur de trop vous éparpiller ?
29:34 - Non, parce qu'en fait, c'est ma voix qui fait l'unité de tout ça.
29:43 Elle me permet…
29:44 Et puis, ma personnalité aussi.
29:46 C'est-à-dire que si j'étais que dans un genre ou avec un caractère trop défini,
29:53 je ne pourrais pas aller me balader autant dans autant de choses.
29:56 Mais moi, je suis open à tellement de trucs, à tellement de gens.
29:59 Je suis passé par toutes les couches sociales et finalement, je suis resté…
30:05 J'ai aimé tout le monde et j'ai appris de tout le monde, de toutes ses classes et
30:10 de toutes ses aventures.
30:11 Alors, dans la musique, dans les chansons, dans mon répertoire, ça se retrouve parce
30:19 que oui, je ne suis pas sectaire.
30:21 Je n'aime pas qu'une seule couleur.
30:22 - Vous parlez beaucoup de la scène.
30:24 Comment vous l'avez appréhendée, appris à l'aimer de plus en plus ?
30:28 Vous révélez quelques secrets de tournée.
30:30 Il y a la recette de votre tisane avec un petit peu de beurre salé et une autre addiction
30:34 qu'on découvre pour les crevettes.
30:36 Alors là, il faut que vous me racontiez.
30:38 Il y a une glacière qui vous attend dans votre voiture après chaque concert.
30:42 C'est vrai ?
30:43 - Oui, non, c'est mon plateau.
30:44 Mais c'est vrai que les crevettes, il y en a plein de tailles différentes.
30:48 Elles peuvent se cuisiner de plein de façons différentes ou se faire en salade ou à l'ail.
30:54 Mais en fait, le truc, c'est qu'elles me permettent de me nourrir après le spectacle
31:00 sans me gaver.
31:01 Donc, elles équilibrent ma nourriture et elles me permettent aussi… c'est comme le monologue.
31:07 C'est hyper pratique quand on est un peu tout le temps habillé pareil parce que finalement,
31:13 c'est exactement ce que j'ai besoin à ce moment-là.
31:16 Quand j'ai fini les tournées, je ne mange pas de crevettes plus que ça.
31:19 Mais pendant les tournées…
31:20 - Tous les soirs ?
31:21 - Tous les soirs, sous une forme différente à chaque fois.
31:25 C'est Betty qui me préparait ça.
31:27 Il fallait qu'elle me prépare des différentes salades.
31:31 Mais il y avait toujours le plat principal, c'était la crevette parce que c'est super
31:37 nutritif et en même temps, tu n'as pas besoin d'en manger beaucoup.
31:39 - Vous dites que votre voix, c'est une des rares choses avec lesquelles je ne plaisante
31:44 pas.
31:45 C'est quoi votre voix pour vous au fond ?
31:47 - C'est mon arme fatale.
31:49 C'est mon pouvoir.
31:50 C'est mon bijou.
31:51 C'est mon réserve.
31:52 Il faut que j'y fasse attention.
31:53 C'est cette voix qui m'a permis de vivre tout ce que j'ai vécu et tout ce que je
32:01 vis jusqu'à présent.
32:02 - Vous avez découvert chez votre ORL que vous aviez une forme d'anomalie ?
32:06 - Oui, j'ai ma corde vocale gauche qui est deux fois comme celle de droite.
32:10 En effet, je chante essentiellement.
32:12 Mon son est le plus puissant à gauche.
32:13 J'ai une corde vocale qui me permet d'envoyer haut et un peu fort.
32:23 Mais au-delà de ça, il faut aussi avoir un peu de cerveau pour pouvoir permettre à
32:34 cet organe de devenir le véhicule qui va envoyer tous ses messages.
32:40 Le cerveau me permet d'identifier les messages et ensuite de ne pas avoir toujours le même
32:46 message.
32:47 - Vous avez toujours un projet en tête.
32:49 Est-ce que vous pensez au prochain album déjà ?
32:51 - J'en ai même plusieurs déjà de près.
32:54 Bien sûr, oui.
32:57 Moi, je pense toujours.
32:59 Je suis très productif.
33:00 Il y a des choses qui arrivent, il y a des projets qui arrivent où d'un seul coup,
33:06 je me dis « Ah ! »
33:07 C'était pas prévu au programme, mais finalement, cette aventure-là pourrait devenir un album.
33:12 De la même manière qu'après tout ce qui m'est arrivé et les témoignages d'amour
33:19 que j'ai reçus de tous mes camarades, dans ces témoignages d'amour, j'ai reçu beaucoup
33:22 de belles chansons, de très belles chansons.
33:24 Que ce soit de Marc Lawen en passant par Vianney, Zazie ou Calo, ou même Carla, Bruni et Pascal
33:33 Obispo, j'ai de quoi faire vraiment un très joli album dès que j'aurai repris toutes
33:39 mes facultés.
33:40 Mais avant, j'aurais peut-être déjà un projet atypique.
33:43 On verra comment tout ça arrive.
33:45 - Vous dites n'avoir jamais chanté de titres de rupture, par exemple.
33:48 Vous en refusez une de Calo Gero.
33:51 Mais cette épreuve que vous vivez, vous pourriez en faire des chansons lumineuses ?
33:55 - Non, pas forcément.
33:57 On m'a proposé un titre que j'ai rendu, qui était plutôt bien foutu, mais ça abordait
34:03 trop le sujet.
34:04 Ça devient un petit peu trop… C'est pareil, c'est comme la promo de ce livre.
34:08 À un moment, tu fais… Parce qu'on tourne beaucoup autour de ça, forcément.
34:12 C'est lui qui a aussi boosté toute cette histoire.
34:15 J'aurais fait que ma tournée des 60, terminée en beauté, il y a un an.
34:19 On aurait fait presque le même livre.
34:21 Pas tout à fait.
34:22 Mais là, d'un seul coup, il y a cette histoire qui est arrivée, qui a tout transformé.
34:27 Mais qui a tout transformé dans ma vie.
34:29 Donc, à la fin, c'est vrai qu'il faut savoir doser.
34:38 À un moment, il faut… Trop de présence, appuyer trop sur le sujet, ça ne me ressemble
34:44 pas.
34:45 Donc, ok, là, maintenant, on en parle, on aborde tout ça, c'est le moment.
34:48 Il y a un peu d'actu, ça va durer jusqu'à demain.
34:50 Et demain, c'est fini.
34:52 Vous ne me reverrez plus avant un bout de temps.
34:54 Tout va bien.
34:55 - Je ne vais certainement pas m'arrêter de chanter, dites-vous, à la fin du livre.
34:59 Le 30 juin, au festival de Nîmes, vous remonterez sur scène après une pause de 18 mois, si
35:03 tout va bien.
35:04 - Oui.
35:05 - Vous penserez à quoi en montant sur scène ?
35:06 - C'est toujours un moment particulier de monter sur scène.
35:10 On ne pense pas à grand-chose.
35:12 On a des sensations particulières.
35:14 On est partagé entre la peur, ce qu'on appelle le trac, l'appréhension, et puis cette force
35:26 qu'on doit trouver pour monter et démarrer cette histoire.
35:31 Je pense que ça va être plus l'ensemble de la soirée qui va avoir du relief et qui
35:39 va nous emmener tous, ceux qui sont venus écouter les chansons et ceux qui m'accompagnent,
35:47 moi qui les interprète, et en sachant que oui, avec toutes les épreuves passées encore,
35:53 ça a encore une autre dimension.
35:54 Donc, ça va être plus dans sa globalité que les choses vont se passer, plus que dans
36:02 le début.
36:03 Parce que ce début-là, les débuts, du premier au dernier, il y a toujours un truc qui te
36:09 fait une drôle de sensation.
36:11 Tu ne maîtrises pas tout.
36:12 Il faut justement reprendre le contrôle.
36:14 - Après les festivals, vous aimeriez reprendre le fil de cette tournée des 60 ans ?
36:19 - Non, non.
36:20 Après les festivals, il faut que j'aille encore faire d'autres expériences et comprendre
36:29 encore plus où tout ça m'amène.
36:31 Et là, on parle que dans un futur où tout va bien.
36:35 Donc, je ne peux pas imaginer ce qui va se passer.
36:40 Mais j'ai de la force.
36:42 Donc, ça, c'est important.
36:45 Et donc, oui, si j'arrive au bout de ces festivals, je serai arrivé au bout de pas
36:51 mal de petites choses entre ce livre, les festivals et un certain projet.
36:58 Et après, j'aurai besoin quand même de retraite et d'aller réfléchir.
37:03 J'ai besoin d'analyser encore plus.
37:05 - Tout ce qu'on n'a jamais su faire, on le fera en mille fois mieux.
37:08 Chantez-vous dans l'avenir l'un de vos derniers morceaux.
37:10 C'est votre envie aujourd'hui ?
37:11 - C'est pour ça.
37:12 Il faut aller réfléchir.
37:13 Si on veut que ce soit mille fois mieux, il faut penser correctement.
37:16 Merci Florent Toni.

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