Florence Proriol, une habitante du quartier de la rue de Tivoli à Marseille, raconte comment elle a échappé à 8 minutes près à l'explosion. Elle se trouvait sur les lieux du drame à 00h32.
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00:00 - Racontez-nous, j'expliquais il y a un instant, la chambre de votre fils, elle donne sur la rue Thivoli,
00:04 donc l'explosion à minuit 47, vous avez entendu cette énorme explosion ?
00:08 - Ah oui, j'étais dans mon appartement, je venais de rentrer, en fait à 8 minutes, à minuit 32,
00:13 j'étais dans la rue Thivoli, devant le conteneur à poubelles, devant l'immeuble,
00:16 - Juste avant l'explosion, quelques minutes avant, vous étiez en bas de l'immeuble ?
00:20 - J'étais devant l'immeuble, devant l'immeuble, en train d'envoyer un message parce que j'avais raccompagné une dame
00:25 et j'ai averti une autre que je l'avais bien ramenée, que c'était bon.
00:28 Je rentre chez moi, j'arrive dans mon appartement, je vais me faire chauffer quelque chose au micro-ondes,
00:33 et là, une déflagration, mais je ne peux même pas l'expliquer tellement c'est quelque chose,
00:38 enfin, quand on ne l'a pas vécu, on ne peut pas comprendre tellement la force de ce souffle qui m'a propulsé,
00:45 je ne sais pas de combien, mais enfin, ça m'a propulsé, et après...
00:49 - Vous l'avez senti physiquement ? - Oui, je l'ai senti, ça m'a poussé,
00:51 enfin, le souffle m'a poussé, toutes les fenêtres se sont ouvertes,
00:55 des débris de lustres par terre, de verres, des tableaux tombés par terre,
00:59 les tours de fenêtres en bois explosés, des boulons,
01:03 dans les toilettes, le placard où il y a le compteur d'eau, la porte par terre,
01:09 enfin, des cailloux sur le lit de mon fils, son cartable expulsé à l'autre bout de la pièce.
01:14 - Il était là, votre fils, ce soir ? - Non, mon fils était à l'œuvre allemand,
01:18 et du coup, lui, ils ont entendu aussi, à l'œuvre allemand, avec ses amis, la déflagration forte,
01:22 parce que c'est juste derrière, lui, il a eu peur aussi, parce qu'il savait pas où j'étais,
01:26 et bon, en fait, après, un moment s'est passé, quand j'ai su qu'il allait bien,
01:31 voilà, j'ai commencé à tourner dans ma maison,
01:35 j'ai balayé pour essayer d'enlever les gravats qu'il y avait partout,
01:38 enfin, voilà, j'étais un peu dans un état second, je savais pas...
01:42 Je saurais pas expliquer, c'est un état un peu...
01:44 Je savais que c'était grave, mais en même temps,
01:48 je continuais à faire des trucs qui sont bêtes, du ménage, quoi,
01:53 - Du ménage, de nettoyer... - Nettoyer, parce que j'avais mes chattes,
01:56 j'avais peur qu'elles passent... - Des actions de protection, peut-être, à ce moment-là ?
01:58 - J'ai regardé, en fait, en bas, j'ai vu les cailloux, tout ça,
02:01 et j'ai entendu des gens hurler, crier...
02:04 - Parce que là, vous ouvrez la fenêtre de votre fils, et vous découvrez...
02:07 - Ah bah, elle s'est ouverte toute seule, de toute façon, donc en fait, les volets se sont ouverts tout seuls,
02:10 enfin, je veux dire, j'ai pas eu besoin de les ouvrir, ça s'est ouvert tout seul,
02:12 et du coup, bah, je me suis avancée,
02:15 et puis j'ai entendu hurler, crier, et j'ai refermé.
02:19 J'ai refermé tous mes volets, en fait.
02:22 Parce que j'ai pas voulu plus regarder,
02:25 je sais pas pourquoi j'ai pas voulu plus regarder,
02:27 j'ai eu le réflexe de fermer les volets, surtout aussi pour que mes chattes ne passent pas par la fenêtre,
02:30 parce qu'elles étaient terrorisées,
02:32 - Et vous êtes descendue aussitôt, à ce moment-là ? - Non, je suis pas descendue.
02:36 J'ai ouvert la porte d'entrée, et j'ai mon voisin d'en bas,
02:39 lui, par contre, est parti, et il me dit "c'est grave",
02:42 donc lui, il est parti, et moi, de suite, j'ai fermé la porte,
02:45 et j'ai dit "non, moi, je veux pas partir d'ici, je veux rester",
02:48 et j'ai balayé. J'ai ramassé les débris de verre.
02:53 - Vous avez balayé, et à quel moment vous avez évacué l'immeuble ?
02:56 - Ce sont les pompiers qui sont venus chez vous ? - Bah en fait, c'est les pompiers qui sont venus une première fois,
02:58 ils m'ont dit "Madame, il faut que vous partiez",
03:00 bah j'ai dit "oui, je vais partir", puis en fait, dans ma tête, je me suis dit "oui, je reste",
03:03 et j'ai continué, en fait, à ramasser,
03:06 parce que je me suis dit "je vais être obligée de partir, de toute façon, à long terme",
03:09 et je voulais pas qu'il y ait des débris de verre, parce que j'allais laisser les chattes,
03:12 et ensuite, j'ai pris un sac, j'ai pris ma pièce d'identité,
03:16 la pièce d'identité de Jordan, c'était son anniversaire, en plus, hier,
03:20 voilà, j'ai pris sa carte vitale,
03:24 et puis j'ai pris trois culottes, un parfum, un jean, un t-shirt, mon sac,
03:29 et puis il est venu une deuxième fois, et à la troisième, j'ai dû partir, le pompier.