Rencontre avec Élisabeth Borne: la prise de parole de Marine Le Pen, en intégralité

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Marine Le Pen, présidente du groupe Rassemblement national, s'est exprimée ce mardi soir en direct après sa rencontre avec la Première ministre, Élisabeth Borne, à Matignon.
Transcript
00:00 La première ministre annonce un ralentissement du calendrier parlementaire.
00:06 Ça donne quand même le sentiment d'une forme d'atonie aujourd'hui, d'un frein de ce qui doit être fait.
00:18 J'ai donc indiqué à la première ministre ce qui m'apparaissait comme des urgences absolues sur lesquelles devait se pencher le gouvernement.
00:28 Et la première de ces urgences, c'est l'inflation alimentaire qui, aujourd'hui, est de plus en plus mal vécue par nos compatriotes,
00:36 des jeunes, des personnes âgées, des personnes modestes qui sont en train de se priver de repas, de se priver de nourriture.
00:44 Ça m'apparaît être un sujet sur lequel le gouvernement doit se pencher en urgence et apporter des solutions.
00:51 Je n'ai pour l'instant pas entendu le début d'une solution sur ce sujet. Il n'en a pas. On se contente de discuter avec la grande distribution
00:59 pour essayer d'obtenir d'elle des aménagements de primes. Et c'est tout à fait insuffisant par rapport à ce que vivent nos compatriotes.
01:07 Cette inflation alimentaire, elle se conjugue avec évidemment des factures d'énergie qui sont de plus en plus importantes, des factures de carburant qui n'ont pas baissé.
01:16 J'ai alerté la première ministre sur la situation du pays et la colère que pouvait engendrer une précarisation accélérée d'une partie de nos compatriotes.
01:27 Je lui ai également indiqué qu'il y avait un échec flagrant du gouvernement, pas seulement, bien sûr, sur le chantier de la réforme des retraites,
01:37 mais également sur le chantier de l'ordre public. Les manifestations ont démontré qu'il existe aujourd'hui des groupuscules extrêmement violents,
01:45 extrêmement organisées, contre lesquelles le gouvernement semble impuissant et qui attendent à l'ordre public et donc à la tranquillité de nos compatriotes.
01:57 Je lui ai enfin indiqué qu'il y avait une troisième urgence. Il n'y a que des urgences aujourd'hui. Mais ça, c'est le fait de la politique d'Emmanuel Macron.
02:06 Il y en a qui sont plus urgentes que d'autres, qui sont les déserts médicaux. Il faut à tout prix maintenant qu'il y ait des propositions claires qui soient faites pour résoudre le problème des déserts médicaux
02:19 dont souffrent beaucoup nos compatriotes, et notamment, bien entendu, dans la ruralité.
02:24 — Sur le chantier de la réforme des retraites, Emmanuel Macron était à l'AE, cet après-midi. Son discours a été interrompu par des manifestants qui lui ont notamment demandé
02:32 « Où est la démocratie française ? » Vous avez des millions de personnes dans la rue et vous n'écoutez pas.
02:36 — Oui, mais c'est vrai. Enfin je veux dire que ce 49.3 restera un véritable traumatisme en ce sens que le sentiment qui a été perçu pas seulement par nous,
02:47 représentants du peuple français, mais par le peuple français lui-même, c'est que le jeu démocratique a été effondré, en réalité. Cette réforme n'aurait pas dû passer.
02:59 Les représentants du peuple français s'apprêtaient à ne pas voter cette réforme, à rejeter cette réforme.
03:05 Et avoir dégainé un 49.3 dans ces circonstances-là pour forcer la main, en réalité, du peuple français a été très mal vécu.
03:14 Ça restera, je pense, une cicatrice profonde, au même titre peut-être en termes d'intensité que le référendum de 2005.
03:22 Et il y a des marqueurs comme ça qui font qu'une partie de plus en plus importante des Français ont le sentiment qu'il n'y a plus un fonctionnement démocratique correct dans notre pays.
03:33 — Est-ce que le Conseil constitutionnel valide cette loi ? Si le Conseil constitutionnel dit qu'elle est effectivement validée, est-ce que ça changera quelque chose pour vous ?
03:42 — Ça changera quelque chose, hélas. C'est la fin du processus. C'est bien regrettable. Je crois assez peu au référendum d'initiative partagée.
03:53 Vous savez ce que je pense ? Que c'est une arnaque démocratique qui consiste à canaliser la colère des Français en leur faisant chercher des signatures pour que
04:02 uniquement l'Assemblée nationale et le Sénat soient saisis à nouveau du même texte. Donc ça n'entraîne pas un référendum. Faut que tous les Français le sachent.
04:10 Et ce sera après par le vote que les Français pourront exprimer leur contestation et du fond et de la forme.
04:19 — Madame, qu'est-ce que vous pensez du ralentissement parlementaire ? D'Atoni ? Est-ce qu'on est en bêtise ?
04:24 — Non, je peux pas vous en dire plus. La première ministre annonce un ralentissement du rythme manifestement des textes présentés à l'Assemblée nationale.
04:36 J'en suis pas très étonnée, puisque j'avais entendu le président de la République – et ça n'était pas tombé dans l'oreille d'un sourd – nous expliquer qu'on était dans un pays où
04:44 trop de réformes passaient par la loi. Il me semblait que c'était le fondement du fonctionnement démocratique, que les réformes passent par la loi.
04:51 Mais il semble qu'ils veuillent limiter en réalité les votes qui pourraient intervenir à l'Assemblée nationale. C'est un autre moyen de contourner le peuple.
05:05 Je suis pas sûre que ce soit le bon médicament – croyez-vous – pour soigner la crise démocratique que ressentent les Français aujourd'hui.
05:13 — Qu'est-ce que vous pensez des déclarations de la changée de première ministre ?
05:17 — Je pense qu'il aurait fallu un remaniement dès le lendemain de la motion de censure, car la réalité, c'est que même si cette motion de censure n'a pas été votée,
05:26 il n'en demeure pas moins qu'elle exprimait une perte de confiance très importante de la part des représentants du peuple français à l'égard du gouvernement.
05:34 Le président de la République aurait dû immédiatement tenir compte de cette perte de confiance pour remanier.
05:41 Aujourd'hui, la première ministre incontestablement n'a plus – je crois – le crédit auprès des Français, auprès des représentants que nous sommes,
05:51 pour pouvoir mener sereinement un gouvernement. Faut changer.
05:57 — Vous voulez que ce soit d'écoute ? — Ah oui, non, mais ça, ils écoutent toujours. Ce qu'ils entendent, ça, c'est d'autre chose.
06:04 C'est toujours la question que je vous ai. Et pour le coup, je suis modérément optimiste sur leur capacité à entendre.
06:11 — Vous souhaitez le départ de Mme Le Mande ? — Mais je n'ai pas souhaité son départ. Je pense que le président de la République aurait dû encore une fois remanier.
06:19 Je pense d'ailleurs que la première ministre l'a dit elle-même. Voilà, elle avait dit au départ qu'elle servait de fusible. Non, elle ne sert pas de fusible.
06:29 Mais la motion de censure est passée à 9 voix. Et donc rien que ça, ça aurait dû la pousser, je crois, à proposer sa démission.
06:41 — Sur Taïwan... — Vous savez, encore une fois, il n'y a que deux voies en démocratie lorsqu'on est face à une crise politique.
06:51 Il y a le référendum ou il y a la dissolution. Voilà. Les deux moyens permettent de revenir au peuple et de lui redonner la parole.
06:59 Il semblerait qu'Emmanuel Macron ne souhaite ni l'un ni l'autre. Bon bah donc je vois pas comment il peut sortir fondamentalement de la crise qu'il a lui-même créée.
07:08 — Sur Taïwan, qu'est-ce que vous pensez des déclarations d'Emmanuel Macron ?

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