• l’année dernière
Transcription
00:00 Il n'y a rien de plus dur que de se dire les souvenirs,
00:02 je les vis seules, je les pense seules, je les rêve seules.
00:05 Ces femmes, donc, qui toutes les deux se déclarent être la femme du rôle principal,
00:13 Karim Leclou, qui est amnésique et qui ne se souvient de rien,
00:15 on est toutes les deux des femmes artistes et indépendantes et qui ont réussi.
00:20 Le personnage de Leïla Bekti est photographe.
00:22 C'était assez rare pour l'époque.
00:24 C'est un personnage assez moderne.
00:25 Elle clope, elle conduit des voitures, elle met des pantalons,
00:29 ce qui, à l'époque, était assez fou.
00:31 J'aime l'idée de jamais être dans des cases,
00:33 mais même avec mes personnages, finalement.
00:35 Quand j'accepte des rôles,
00:37 j'aime l'idée que les personnages soient remplis de failles.
00:40 Ces failles-là, les mettre un peu en équilibre.
00:43 Mon personnage, il se travestit, il se met en scène dans un cabaret
00:47 exclusivement féminin.
00:49 Elle a notamment gagné beaucoup d'argent pendant la guerre.
00:51 Et le grand retour de Karim, c'est un bouleversement dans leur vie à chacune.
00:56 Il y en a une qui dit la vérité, pas l'autre.
00:58 Quand je lisais le scénario, je me disais "mais qui ?
01:01 Est-ce qu'il est Victor ? Est-ce qu'il est Julien ?"
01:03 Moi, j'étais un peu timide.
01:04 Julie, je ne vous avais pas reçue.
01:06 Je la croyais.
01:07 Vous allez dire la même chose à Louise.
01:08 Non.
01:10 Je ne vous crois pas.
01:11 C'est un sujet qui fait beaucoup parler, beaucoup réfléchir les gens
01:14 après les projections sur le sentiment amoureux.
01:16 Ce qu'on est prêt à faire, en fait, par amour, qui est plus ou moins noble.
01:20 J'ai adoré jouer une amoureuse, une grande amoureuse.
01:23 Une femme qui est prête à tout,
01:24 qui est quelquefois prête à faire des choses pas très catholiques, on va dire.
01:28 Quelquefois, même par amour, on fait les mauvais choix.
01:30 Elle demande quand même à Louise Bourgoin,
01:32 qui pense aussi que Karim est son homme.
01:36 Elle lui demande de partir et de la payer.
01:38 On tombe souvent dans des écueils quand c'est des rivalités de physique.
01:42 C'était une rivalité du cœur.
01:43 On est plutôt en rivalité avec nous-mêmes, finalement,
01:45 parce que ça nous renvoie à ce personnage qui est comme ça très spectateur et attentiste.
01:51 Il nous renvoie beaucoup à nous, à ce qu'on est prête à faire par amour,
01:54 notre capacité à vivre sans amour, sans cet amour.
01:58 Et c'est d'ailleurs basé sur des faits réels.
02:00 Deux histoires vraiment ont inspiré le metteur en scène.
02:03 La première, ce sont deux femmes en Italie en 1920
02:05 qui se sont discutées le même homme qui était amnésique.
02:08 Et la deuxième histoire, ça a défrayé la chronique à la sortie de la guerre 14-18.
02:13 C'est qu'on a retrouvé un homme sur un quai de gare,
02:16 un soldat qui était complètement amnésique.
02:18 On l'a appelé le soldat inconnu vivant.
02:21 Et il y a plus d'une centaine de familles qui l'ont réclamé
02:24 comme un frère, un père, un fils, un oncle.
02:26 Et alors qu'évidemment, il ne pouvait pas être tout ça à la fois.
02:29 Ça prouve bien que les gens ont besoin d'un palliatif
02:32 et d'un objet transitionnel pour faire leur deuil, ce qui est compréhensible.
02:35 D'ailleurs, il y avait plus de 300 000 soldats portés disparus
02:38 à la sortie de la guerre 14-18.
02:40 Donc tout ça, c'est autant de familles endeuillées.
02:42 Quand la personne a disparu, on n'arrive pas à faire son deuil.
02:45 Et c'est le cas en amour.
02:46 Le parallèle était très beau avec le sentiment amoureux,
02:49 parce qu'on n'arrive pas, quand on est très amoureuse et que ça se termine,
02:52 on a du mal à continuer à vivre.
02:55 ♪ ♪ ♪

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