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00:00 On a réduit directement la question et l'approche face au chemsex de des flics aux psychiatres.
00:05 Exclure les gens, les stigmatiser, en faire soit des délinquants, soit des malades de psychiatrie,
00:10 c'est pas ça qui fait que les gens prennent soin de leur santé.
00:12 Chemsex.
00:13 Chemsex.
00:14 Chemsex.
00:15 Chemsex.
00:16 C'est l'origine du chemsex.
00:17 Chemsex dont on parle beaucoup ces derniers jours.
00:19 Trop de drogue, trop de sexe, trop d'alcool.
00:20 Ouais, on a beaucoup entendu parler du chemsex depuis quelques mois, parfois dans des termes
00:24 catastrophiques, sensationnalistes, réducteurs, et surtout en oubliant complètement les besoins
00:29 des usagers et le travail de réduction des risques, ou le travail de prévention que
00:33 des associations comme AIDE peuvent faire au quotidien.
00:35 Le chemsex, c'est la contraction de chemical, chimique, drogue et sexe.
00:40 Donc littéralement, usage de drogue et sexe.
00:43 On achète des produits, on les achète et on les consomme pour avoir des relations sexuelles,
00:47 avec beaucoup plus de performance, beaucoup plus d'endurance, pour laisser exploser ces
00:51 fantasmes.
00:52 Le plus de drogue possible à ce moment-là…
00:54 La drogue du violeur, c'est à dire qu'on la fait comme ça.
00:56 Ne lisez pas tout et n'écoutez pas tout sur les drogues qui sont consommées dans
01:00 le cadre du chemsex.
01:01 Ce sont systématiquement les mêmes produits, majoritairement des psychostimulants.
01:05 Lui, en gros, il y en a 3 ou 4, dont la 3-MMC.
01:07 Après ça, ça va être la cocaïne.
01:09 Et puis vous avez beaucoup, beaucoup de GHB, GBL, qui est un dépresseur, mais qui est
01:13 utilisé aussi dans le chemsex.
01:14 Ce sont des drogues qui sont en pathogènes et en tactogènes.
01:17 On a envie d'être avec les autres, on a envie de toucher, on a envie d'être touché.
01:20 On n'est pas fatigué, on est dans une position où on se sent comme un surhomme, on a la
01:24 libido qui explose, la performance, la désinhibition.
01:28 Moi, ce qui m'a amené au chemsex, c'est que j'ai été sollicité par des clients
01:31 à l'époque à consommer des drogues avec eux, dans le cadre de mon job d'escorting.
01:35 Et puis, peu à peu, ça a dérapé sur ma vie personnelle, avec tout ce qui peut se
01:40 passer derrière, un peu l'isolement social, familial, perdre des repères.
01:44 On a entre 90-95% de chemsexers qui sont gays.
01:48 Ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'autres groupes, mais en tout cas, ils ne sont pas
01:50 décrits aujourd'hui et on n'a pas une émergence, contrairement à ce que j'ai encore une fois
01:55 pu entendre sur des plateaux télé, de la population générale et des jeunes hétérosexuels
01:59 qui ont recours au chemsex.
02:00 Quand on a été, depuis tout petit, infériorisés, discriminés, qu'on a été exposés à des
02:06 violences, à des violences homophobes, etc.
02:08 D'un seul coup, ce n'est pas étonnant qu'on aille chercher des produits ou qu'on
02:10 aille chercher des solutions pour essayer de se sentir puissant ou de se sentir plus
02:13 fort.
02:14 On peut aussi parler de l'hécatombe sida ou de 35 années de VIH qui a frappé majoritairement
02:19 la communauté gay, qui doit représenter une part d'explication en tout cas dans ses
02:22 comportements.
02:23 Et puis après, c'est communautaire.
02:24 La sexualité, c'est le seul truc qu'on n'a jamais enlevé aux gays finalement, puisque
02:28 tout le reste nous était interdit.
02:29 Et le chemsex, c'est une manière de sociabiliser, c'est une manière de ne plus être seul.
02:32 C'est un sentiment d'appartenance à un groupe.
02:34 La couverture médiatique du chemsex ou la couverture politique du chemsex, les sécuritaires,
02:38 la drogue, c'est mal.
02:39 Il faut poursuivre les usagers parce que les usagers sont des délinquants à, attention,
02:43 les usagers sont tous des cas psychiatriques.
02:46 Un cocktail explosif d'alcool, de cocaïne et de molécules de synthèse qui occasionnent
02:51 un état maniaque proche de la démence.
02:53 Et on est passé de la pénalisation à la psychiatrisation systématique.
02:56 On a fait plein d'études là-dessus.
02:58 C'est pas parce qu'on répète à des gens que la drogue c'est mal qu'ils vont pas se
03:01 droguer.
03:02 C'est pareil pour l'alcool.
03:03 L'alcool c'est mal, tout le monde boit.
03:05 Donc bon, on voit bien les effets.
03:07 En revanche dire, attention, le chemsex, bien sûr que beaucoup d'usagers y vont parce
03:10 que c'est du plaisir à la base.
03:12 En revanche, ça comporte des risques.
03:13 Oui avec le chemsex, on a des gens qui se désocialisent, on a des gens qui perdent
03:16 leur boulot, on a des gens qui finissent à l'hôpital, on a des gens qui font des intoxications
03:19 par surdose et on a des décès.
03:21 Faut pas mentir aux gens.
03:22 En revanche, aujourd'hui nous on intervient en réduction des risques, on fait pas de
03:25 l'annulation du risque.
03:26 On sait que certaines personnes consommeront, expérimenteront ce genre de produit ou ces
03:31 pratiques.
03:32 Et dans ces cas-là, notre rôle à nous c'est de les accompagner pour prendre le moins possible
03:35 des risques.
03:36 En consommant, j'avais toujours cette petite lumière à l'intérieur qui me disait
03:39 "ce que tu fais c'est pas bien, il faut que tu trouves une sortie, une issue à ça"
03:42 et je voyais bien que personne ne se rendait compte de comment j'allais mal en fait.
03:46 Ou alors maintenant avec le recul, je me dirais peut-être qu'ils ne savaient pas comment
03:49 s'y prendre en fait.
03:50 Je pense que c'est important de savoir que les personnes ne sont pas seules, qu'elles
03:53 peuvent être accompagnées, que c'est pas une fatalité, qu'il y a quelque chose quand
03:57 même derrière, que c'est possible de reprendre une vie normale, de reprendre aussi une sexualité
04:02 normale parce que je sais que ça peut être très très difficile à entendre pour des
04:05 consommateurs actuellement de se dire "comment je vais faire ?" parce que moi je vois pas
04:08 ma vie sans sexe après derrière.
04:10 Et effectivement ça a été un combat au début et au jour d'aujourd'hui vraiment je n'ai
04:14 plus du tout envie et j'éprouve même un certain dégoût en fait par rapport à la
04:18 drogue donc je sais que maintenant entre guillemets je suis gay.
04:21 Son témoignage dit beaucoup.
04:22 On sait aujourd'hui que c'est toujours difficile dans certains milieux de pouvoir dire son
04:26 orientation sexuelle, de parler de son orientation sexuelle librement et dire qu'on est un usager
04:30 de drogue ou dire qu'on est en plus comme sexeur, c'est vraiment la double peine, c'est
04:34 extrêmement compliqué.
04:35 C'est ce qui amène beaucoup d'usagers dans la solitude, dans l'isolement, dans la consommation
04:38 seule et dans l'incapacité à pouvoir arrêter.
04:41 Il dit aussi que ces produits sont extrêmement addictifs.
04:44 Tout le monde ne tombe pas dans une addiction face au cum sexe mais malheureusement il y
04:48 en a quand même un certain nombre qui plongent.
04:50 Moi si je suis là aujourd'hui c'est pour dire aux gens, si vous avez des problèmes
04:53 par rapport à vos consommations, si vous vous sentez complètement perdu, si vous consommez
04:56 non-stop et que vous prenez des risques déjà pour votre santé, pour votre vie sociale,
05:01 votre vie affective, votre vie professionnelle, allez consulter, allez voir quelqu'un.
05:04 Allez voir une asso de RDR, une asso communautaire.
05:07 Venez nous voir et venez parler de vos consommations sans être jugé parce que c'est déjà un
05:11 premier pas.
05:12 Moi ce que je pourrais dire aux cums sexeurs c'est de ne pas rester seul, d'en parler.
05:16 Il y a des gens qui sont là pour ça en fait.
05:18 Ça ouvre une porte en fait vers quelque chose de mieux et c'est possible, la preuve
05:21 je suis là aujourd'hui pour en parler.
05:22 Il y a de l'espoir.
05:23 [SILENCE]