Maman, j'ai arrêté l'avion ! - La faim du steak ?

  • l’année dernière
« Maman, j'ai arrêté l'avion » se penche sur notre production et notre consommation de viande. Consommation qui a doublé en Europe et quintuplé dans le monde depuis 1960. La viande est devenue un marqueur de civilisation, et même un marqueur de virilité, de vitalité et de progrès social, mais à l'heure de l'urgence climatique, le mythe du steak-frites tel que décrit par Roland Barthes a du plomb dans l'aile ... car la viande pèse lourd, très lourd même dans nos émissions de gaz à effet de serre.
Un tiers des émissions mondiales de carbone sont liées à l'alimentation. La moitié est imputable à la seule consommation de viande.
En quelques décennies, celle-ci a été multipliée par 5 selon la FAO.
Un repas végétarien, c'est 14 fois moins de CO2 qu'un menu avec du boeuf. Pour 1 seul kg de boeuf, il faut 13.500 litres d'eau, soit environ 192 douches. L'Empreinte eau du boeuf par calorie est 20 X supérieure à celle des céréales et des féculents. 1kg de rumsteck = 15.000L d'eau.
La production de viande est donc très gourmande en eau alors que pays est à sec. Qu'on le veuille ou non, il va falloir modifier notre rapport au vivant si l'on veut continuer à évoluer dans un monde vivable...

Daphné Roulier reçoit :
- Pascal Lavergne, député Renaissance et agriculteur
- Benoît Biteau, député européen EELV et agriculteur
- Thierry Marx, chef étoilé et Président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie

"Maman j'ai arrêté l'avion" est un magazine sur la transition écologique présenté par Daphné Roulier.
Chaque mois, Daphné Roulier abordera un thème lié à l'actualité suivi d'un débat avec ses invités. Ensemble ils se poseront des questions concrètes et politiques quant à la transition écologique que nous devons tous mener. Comment agir ? Comment s'organiser collectivement ? Quelles solutions sont à notre portée ? Quelles sont les fausses pistes à éviter ?
L'émission de 52 minutes est construite autour de reportages tournés sur le terrain et d'interviews de politiques et/ou d'experts en plateau menées par Daphné Roulier avec, à ses côtés, Raphaël Hitier, docteur en neuroscience et réalisateur de documentaires scientifiques.
La militante écologiste Camille Etienne participera également à l'émission sous une forme artistique et percutante.

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Transcription
00:00 Bonjour à celles et ceux qui nous rejoignent.
00:01 Maman, j'ai arrêté l'avion.
00:02 Se penche ce mois-ci sur notre production et consommation de viande.
00:05 Consommation qui a doublé en Europe depuis 1960 et quintuplée dans le monde.
00:11 La viande est devenue un marqueur de civilisation
00:13 et même un marqueur de virilité, de vitalité et de progrès social.
00:17 Mais à l'heure de l'urgence climatique,
00:19 le mythe du steak frites tel que décrit par Roland Barthes a du plomb dans l'aile
00:23 car la viande pèse lourd, très lourd même, dans nos émissions de gaz à effet de serre.
00:27 Au fait, maman, j'ai arrêté l'avion.
00:30 Un steak, ce sont des centaines de litres d'eau consommée
00:53 et des kilos de CO2 émis, Raphaël Itier, et c'est loin d'être neutre.
00:58 Un tiers des émissions de carbone sont liées à notre alimentation,
01:02 dont la moitié est associée à notre consommation de viande.
01:06 Alors en quelques décennies, celle-ci a été multipliée par cinq, vous l'avez évoqué.
01:09 Et juste un dernier chiffre, Daphné,
01:12 un menu végétarien fait 14 fois moins de carbone qu'un repas qui contient du bœuf.
01:18 Alors je vais vous faire peur, juste pour compléter et vous donner un ordre de grandeur,
01:21 il faut 13 500 litres d'eau pour un seul kilo de viande, soit environ 192 douches.
01:28 La production de viande est donc très gourmande en eau,
01:30 alors que le pays est à sec, qu'on le veuille ou non.
01:33 Il va falloir modifier notre rapport au vivant si l'on veut continuer à évoluer dans un monde vivable.
01:38 Je crois dans notre agriculture, j'ai montré qu'on, depuis six ans, se bat pour elle.
01:43 On avance et je crois à notre souveraineté alimentaire.
01:45 Mais il est évident qu'on aura des territoires qu'il va falloir reprocher
01:49 vers d'autres schémas de culture et d'autres schémas agricoles,
01:52 qu'on a des productions agricoles qu'on connaît dans certains territoires
01:54 qui vont sans doute migrer vers d'autres territoires qui ne les pratiquent pas aujourd'hui
01:58 et qu'il va falloir réinventer des modèles agricoles dans d'autres territoires de notre République.
02:03 C'est une évidence.
02:05 On l'a entendu, c'est la fin de l'abondance,
02:06 alors que les nappes phréatiques sont à leur plus bas historique,
02:09 que la France connaît déjà des pénuries d'eau
02:11 et que l'on nous prédit un été plus aride que jamais.
02:14 Peut-on continuer à manger autant de viande ?
02:16 Une filière si gourmande en eau, peut-elle continuer à produire à de telles échelles ?
02:21 Quelles sont les alternatives ?
02:23 Et comment limiter notre consommation ?
02:24 Dans quelles proportions ? Avec quels effets ?
02:26 Sans faire bien sûr insulte aux agriculteurs ni aux bouchers français,
02:30 sachant que 80% des animaux que nous consommons sont issus de l'élevage intensif.
02:35 Alors, pour en débattre, le député Renaissance de l'Entre-deux-mer,
02:38 éleveur et restaurateur en Gironde, Pascal Lavergne,
02:42 le chef étoilé-Marx et l'agriculteur des députés européens,
02:46 Europe Ecologie Les Verts, Benoît Bitho, bonjour et bienvenue à tous les trois.
02:51 - Bonjour.
02:51 - Installez-vous confortablement.
02:53 Avant de vous donner la parole, nous allons partir dans le Finistère,
02:57 à L'Andunves, où l'extension d'une méga-porcherie concentre toutes les tensions.
03:01 Cette ferme-usine est passée de 9 000 à 12 000 bêtes en 2017,
03:05 malgré plusieurs victoires devant le tribunal administratif, non suivie des faits.
03:09 Les opposants ont décidé de saisir cette fois la justice pénale
03:12 pour contester l'extension de cette élevage, pourtant validée par le préfet.
03:16 Le Tout-Oppos, c'est un sujet d'Alexis Breton et de Jawar Nadi.
03:20 *Générique*
03:26 - L'Andunves, à quelques dizaines de kilomètres de Brest, en Bretagne.
03:31 Nombreux sont les habitants de ce petit village de 1 400 âmes
03:35 à se retrouver ce soir-là à la salle des fêtes.
03:38 Le sujet est inflammable, pollution et élevage intensif de porcs.
03:43 Les gendarmes sont là aussi et ils ont peut-être bien fait de venir,
03:47 car soudain, un petit groupe arrive, les éleveurs du coin.
03:51 Et ce n'était pas prévu.
03:53 *Générique*
03:56 - Euh, bah merci, merci d'être venus nombreux ce soir pour, donc, cette réunion publique.
04:03 L'organisateur, président de l'association de défense de l'environnement local,
04:07 ne se démonte pas.
04:09 - Donc notre secteur, ici, fait partie des endroits
04:12 où la concentration de gros animaux d'élevage est extrêmement importante.
04:16 Entre 400 000 et 600 000 animaux élevés industriellement, quand même,
04:22 pour 48 000 habitants dans le Finistère Nord.
04:26 Les coupables désignés vont rester debout, au fond, pendant toute la réunion.
04:31 Petite pression.
04:32 Mais les habitants ne se laissent pas impressionner non plus.
04:35 - Ca suffit. C'est nous, les habitants, c'est nous qui votons,
04:40 et c'est nous qui payons les impôts.
04:42 Donc on a aussi le droit de vivre dans un territoire vivable.
04:48 - Si on devait manger tout le porc produit sur l'Andune-Veize,
04:51 avec les habitants de l'Andune-Veize, il faudrait manger 18 porcs par an.
04:54 Ca fait... Par personne, bien sûr, ça fait beaucoup.
04:58 Bah, ce niveau, c'est... Il faut faire des calculs.
05:03 Le mot de trop pour les éleveurs.
05:04 - Je vous demande la parole, là-dedans.
05:07 Je vais quand même vous présenter, X, allié à 5, il est connu.
05:12 À cause de la pollution, certains habitants ont porté plainte contre X
05:16 pour mise en danger de la vie d'autrui.
05:18 7 éleveurs qui habitent le village se sont visés.
05:20 - Vos chiffres, quand les diviseurs sont pas les mêmes,
05:24 vos quelques pourcentages, vous savez bien qu'ils ont été faits
05:27 pour stigmatiser, pour montrer...
05:29 - Non, on a plus de vos chiffres.
05:31 - Quand on parle de la production et de la consommation
05:34 et qu'on mélange tout ça, j'ai bien vu.
05:35 Enfin, je suis pas con, je suis en énerve.
05:38 - Allez, allez, allez, allez.
05:39 Il est à la tête d'une des plus grandes porcheries bretonnes,
05:42 une exploitation qui est devenue le symbole
05:45 de ce qui se passe partout en Bretagne.
05:48 La 1re région agricole française
05:51 produit 60% des porcs et 35% des volailles du pays,
05:55 avec son cortège d'éjections animales, de bactéries, de nitrates, d'ammoniaques.
06:01 La Bretagne est aussi dévorée par la pollution.
06:04 99% des rivières de la région sont contaminées.
06:07 Et c'est donc l'agriculture et l'élevage intensifs
06:10 qui sont pointés du doigt.
06:11 Un système dont la vocation est de produire un maximum de viande
06:16 à des coûts les plus faibles possibles, et tant pis pour l'environnement.
06:20 À ce sujet, 2 visions s'opposent.
06:23 Pour les décrypter, nous avons mis face à face Agnès Lebrun,
06:27 conseillère régionale de Bretagne,
06:29 et Nicolas Legendre, journaliste au Monde et spécialiste de la région.
06:33 C'est une fierté immense de la Bretagne,
06:37 parce que c'est dans son ADN de savoir qu'elle peut être un garde-manger,
06:41 parce que c'est une très belle vocation.
06:43 Pour faire cette agriculture-là, il a fallu modifier les écosystèmes.
06:48 Et donc, c'est l'intégralité du vivant en Bretagne,
06:52 de la faune et de la flore sauvage,
06:53 qui a été impacté par ce grand chambardement.
06:58 Nous sommes sur la Côte des Légendes.
07:00 Le littoral autour de l'Andunwez est très prisé des touristes.
07:05 Mais cet environnement sauvage aux écosystèmes fragiles est en danger.
07:10 Voici la porcherie de la discorde, qui se trouve aux portes du village.
07:15 En 2016, Philippe Bizien, M. X, a agrandi son exploitation
07:20 pour produire plusieurs milliers de porcs de puce par an.
07:24 Une extension que les défenseurs de l'environnement
07:26 souhaitent faire annuler en justice.
07:28 Nous avons filmé ailleurs l'autre réalité de l'élevage industriel
07:34 et qu'il n'a pas voulu nous montrer.
07:36 Des animaux sur caille botti, coupés de la nature
07:39 et enfermés dans des endroits sans lumière naturelle.
07:43 Les hangars aux truies entravés 24h/24, quand elles ont des petits.
07:49 - Ici, on est avec ce qu'on appelle, nous, les truies gestantes.
07:52 C'est-à-dire, c'est des truies qui vont avoir des petits porcelets.
07:55 Ici, c'est un élevage qui date déjà des années 70, un cochon.
08:00 Il y avait déjà mon grand-père, mon père.
08:02 Moi, je me suis installé en 97.
08:04 Aujourd'hui, c'est un élevage où il y a 850 reproducteurs.
08:07 Ça donne à peu près 25, 26 000 cochons produits par an.
08:11 26 000 cochons et 60 tonnes d'excréments et d'urines par jour.
08:17 - Là, c'est tous les petits porcelets qui ont été sevrés.
08:20 Insupportable pour les habitants,
08:21 ils accusent la ferme de Philippe Bizien
08:24 de contribuer à la pollution de la région et de mettre leur vie en danger.
08:28 - Évidemment, nous, on le prend mal, parce qu'on investit beaucoup en temps,
08:30 en argent, sur le fait que notre élevage soit le plus vertueux possible.
08:37 On ressent un peu ça comme du harcèlement.
08:40 En Bretagne, des élevages hors sol comme celui-ci, il en existe plus de 1 700.
08:47 - Culturellement, la Bretagne est agricole.
08:50 Et vous ne trouverez pas un Breton natif
08:54 dont les ascendants n'aient pas un rapport avec le monde agricole.
08:58 - Alors aujourd'hui, on a en Bretagne environ 110 millions d'animaux d'élevage,
09:02 sachant qu'on est 3,3 millions d'humains.
09:04 La conséquence, c'est l'augmentation colossale des flux de nitrates
09:08 à partir des sols, puis avec le revissellement, dans les cours d'eau et les plans d'eau.
09:12 - Alors, quelles conséquences pour l'environnement ?
09:16 - Pains foules à 2 km de l'Andunwez, une plage magnifique,
09:20 mais polluée par des bactéries d'origine animale,
09:23 ce qui a provoqué plusieurs fois sa fermeture l'été dernier.
09:27 Pour le plus grand malheur de Laurent Leber et de ses amis Hubert et Christine,
09:32 ceux-là même qui ont organisé la réunion publique.
09:35 - T'as vu ce sable-là ? C'est là que les gamins, ils viennent tout l'été.
09:39 C'est là que j'ai appris à marcher. - Ah tiens !
09:41 - Ouais, c'est là que j'ai appris à nager, aussi.
09:44 En ce qui me concerne, je n'irais pas ici à la plage avec mes petits-enfants,
09:48 parce que c'est trop sale, ça peut être dangereux,
09:52 alors que moi, petite, je venais ici, sans aucun risque.
09:58 Et il y avait plein d'animaux dans le ruisseau, là, il y en a plus.
10:00 - Là, c'est les élevages pour sains, pour vous ? - Absolument.
10:02 - Le problème vient de la rivière.
10:04 Il y a du gizier qui est aspergé sur les champs,
10:07 et dès qu'une pluie survient, les ruissellements vont finir dans le point bas,
10:11 c'est-à-dire la rivière, et la rivière, arrivant ici sur la plage,
10:14 charrie à la fois des allusions et les bactéries.
10:18 Des bactéries comme Echerichia coli, qui provoquent diarrhées et vomissements,
10:23 et qui sont aussi néfastes pour la biodiversité.
10:28 La rivière qui se déverse ici, le Foul, est jalonnée par 31 fermes industrielles,
10:33 qui ont le droit d'épandre sur les champs
10:35 une partie des centaines de tonnes de lisiers produits chaque jour.
10:39 Le reste est traité chimiquement dans ces grandes cuves à ciel ouvert.
10:45 Mais pour la mairie de l'Andunwez, aucun problème.
10:49 La pollution vient d'ailleurs.
10:52 Pour nous livrer les coupables, l'adjointe au maire, Rachel Jaouen,
10:55 nous a donné rendez-vous sur une plage à la baignade interdite depuis 4 ans
11:00 pour cause de contamination sévère aux bactéries animales, encore elle.
11:05 Pour la seconde, l'un des élus chargés de la gestion des eaux,
11:08 Lucien Kerebel, qui est aussi agriculteur.
11:12 - On a fait des analyses sur l'intégralité du bassin versant,
11:14 on a fait des points d'analyse différents.
11:17 On ne détermine pas de pollution réellement d'origine agricole.
11:21 En revanche, effectivement, on a déterminé des pollutions d'origine d'oiseaux de mer.
11:25 - Des goélands, des mouettes ? - Tout à fait.
11:27 On a des colonies qui s'installent, notamment à marée basse.
11:32 Et les analyses sont faites, on va dire, à mi-marée.
11:35 Donc potentiellement, il y a un lessivage de la plage
11:37 qui fait qu'on détecte ce genre d'excréments dans les analyses.
11:42 Les voilà les responsables,
11:43 les méchants oiseaux qui défèquent comme des malpolis sur nos plages
11:46 depuis des millénaires et qui tout à coup se mettent à les polluer.
11:50 Les écologistes, eux, dénoncent ces analyses,
11:53 qui ne seraient pas faites au bon moment
11:55 quand l'eau des champs, fortement concentrée en bactéries et en nitrates,
11:58 ruisselle vers les plages lors des pluies.
12:02 Et il y a aussi le précédent des algues vertes, provoquées par les nitrates.
12:06 Depuis le milieu des années 90, l'INRA, l'IFREMER,
12:10 l'Institut de valorisation des algues sont d'accord.
12:15 Environ 95% des surplus de nitrates dans les cours d'eau bretonnes
12:21 sont liés aux activités agricoles.
12:24 Et là, c'est un consensus scientifique.
12:26 - Qu'il y ait un problème de pollution en Bretagne, c'est possible.
12:30 Mais un, ne stigmatisons pas, deux, ne trouvons pas de bouc émissaire.
12:34 Donc il ne faut pas imaginer que la méchante Bretagne
12:39 et les méchants agriculteurs bretons, nécessairement productivistes,
12:43 auraient un malin plaisir à détruire ce qui fait la beauté de la Bretagne
12:47 aux yeux des touristes.
12:48 Madame la conseillère régionale reconnaît qu'il est possible
12:51 qu'il y ait un problème de pollution.
12:53 C'est déjà ça.
12:55 Pourrait-il y avoir aussi un problème de santé publique ?
12:59 Dans le centre-ville de Landunwez,
13:01 Eric Leffin, un retraité, nous reçoit chez lui.
13:05 Il habite à quelques centaines de mètres de la porcherie
13:08 et il a peur pour sa santé.
13:10 - Je vais me faire un café.
13:13 Ici, j'ai des filtres.
13:19 Alors j'ai un filtre à particules et j'ai un filtre à charbon.
13:23 On ne boit que cette eau-là.
13:25 Tout est fait avec ça, le café, le pastis aussi, d'ailleurs.
13:30 Comme Eric, de nombreux habitants refusent de boire l'eau du robinet.
13:34 Ils ne font pas confiance aux autorités sanitaires
13:36 qui la considèrent pourtant comme potable.
13:39 - Qu'il y ait une population qui, par principe, de précaution,
13:42 bien que l'eau soit aux normes, refuse de la boire.
13:45 On en trouve partout.
13:47 Ça relève du libre choix de chacun.
13:50 Mais dans tous les cas, aujourd'hui,
13:52 aucune preuve scientifique n'est donnée
13:54 que ces eaux soient de mauvaise qualité.
13:58 Mais il n'y a pas que l'eau, il y a l'air aussi.
14:00 Et là, les données sont imparables.
14:03 - Si les gens peuvent penser qu'on a de l'air pur, on est surpris.
14:09 On est autant pollués que certaines villes.
14:11 La seule porcherie du village rejette 33 tonnes d'ammoniaque par an.
14:17 Un gaz qui se crée lors de la fermentation du lisier.
14:20 Un gaz responsable de la pollution de l'air aux particules fines
14:24 qui favorise notamment certains cancers.
14:27 La Bretagne en est la 1re région émettrice.
14:31 - Il y a un certain nombre d'acteurs qui disent
14:33 que le modèle agricole dominant en Bretagne n'est pas viable
14:37 parce qu'il a tendance, globalement, à épuiser les sols,
14:40 à détériorer la qualité de l'eau et à détériorer la qualité de l'air.
14:45 Donc, il est difficilement soutenable
14:47 ni d'un point de vue environnemental écologique,
14:50 ni d'un point de vue économique.
14:54 Fin de la réunion publique à Lendunevèze.
14:57 - Si j'étais à votre place, à chacun d'entre vous,
15:02 je serais contre mon élevage.
15:05 Tout ce qui a été dit a été transformé ou déformé pour l'essentiel
15:10 ou alors on fait un lien entre des problématiques et mon élevage
15:14 qui n'est à aucun moment avéré.
15:18 Une petite demi-heure d'échange stérile
15:20 entre éleveurs en colère et habitants qui n'en peuvent plus.
15:23 - On n'a parlé que de la pollution indirecte.
15:26 Par exemple, si on prend les 33 tonnes d'ammoniaque dans l'air,
15:30 je sais que vous ne pouvez pas forcément le prêter,
15:32 mais nous, on ne peut pas l'ignorer.
15:34 Des positions irréconciliables,
15:37 avant même que les éleveurs et leur soutien
15:39 ne sortent les éléments de langage sans s'éclore tout débat.
15:42 - La production agricole est en train de s'effondrer.
15:45 Elle est en train de s'effondrer.
15:50 Demain, enfin, il est en train d'arriver aujourd'hui à l'agriculture
15:53 ce qui est arrivé à l'industrie il y a quelques années.
15:56 Dans 20 ou 30 ans, il sera trop tard de dire
15:58 qu'il va falloir réagricoliser, comment dirais-je, la France.
16:04 La souveraineté alimentaire, l'argument m'assure.
16:08 - Vous mangerez américain si ça continue comme ça ?
16:11 - Lorsqu'on n'est pas capable de s'autosuffire, on doit importer.
16:16 Alors, OK, on va arrêter de produire en Bretagne
16:20 et on va importer du cochon de Chine.
16:22 C'est génial.
16:23 On l'a fait pour le poulet de Brésil.
16:26 Donc, celui qui veut faire une dégustation à l'aveugle, bienvenue.
16:31 Et on lui demandera à la fin ce qu'il en aura pensé.
16:33 - Entre 1960 et 2004,
16:37 le volume de production agricole globale en France a doublé.
16:41 Or, dans le même temps, la population française n'a pas doublé.
16:45 Qu'est-ce qu'on a fait de tous ces excédents ?
16:48 Principalement, on les a exportés.
16:50 - Des agronomes, merci à tous.
16:51 Deux visions du monde agricole qui ne sont pas prêts de se rapprocher.
16:56 Allant d'une veize, le procureur vient d'ouvrir une enquête
16:59 à la suite de la plainte contre X pour mise en danger de la vie d'autrui.
17:02 - Alors, une réaction peut-être à ce que l'on vient de voir.
17:10 Vous êtes tous les deux ingénieurs agronomes.
17:12 Pascal Lavergne, biologue habitaux.
17:14 - Oui, mais écoutez, ce n'est pas forcément le modèle d'agriculture
17:19 auquel j'aspire naturellement.
17:22 Pour autant, la façon dont l'agriculture a été conduite depuis les années 60
17:28 avec les lois d'orientation sur l'agriculture,
17:30 où on a dit aux agriculteurs "Produisez, on s'occupera de vendre,
17:34 mais il faut qu'on ait une alimentation pas chère pour nos populations."
17:38 Ça mène sans doute à ce type d'excès.
17:41 - Parce qu'aujourd'hui, beaucoup y voient un écosyde caractérisé.
17:45 - Qu'ils aillent aussi faire un tour en Chine,
17:47 où, là, vous avez vu, on a des porcheries sur un seul niveau.
17:52 - En Chine, maintenant, il y en a sur 25 étages.
17:55 - C'est carrément des immeubles de plusieurs étages.
17:57 - Oui, mais Pascal Lavergne n'a pas raison.
18:00 - Il y a des modèles, j'ai envie de dire, qui sont encore pires.
18:02 - Oui, mais bon.
18:03 - Est-ce qu'on est aujourd'hui en capacité de revenir
18:06 à un modèle d'agriculture quasi vivrière,
18:09 comme celle de mes grands-parents ?
18:12 - Modèle paysan.
18:13 - Le modèle paysan qui avait une truie,
18:16 qui faisait des porcelets, quelques-uns,
18:19 pas autant qu'une truie dans une porcherie industrielle comme ça,
18:23 et après, des porcelets qu'on élevait, on faisait des porcs, etc.
18:25 Ce n'est plus du tout le modèle de consommation.
18:27 Donc, il faut aussi que le consommateur
18:29 prenne sa part de responsabilité dans le développement
18:32 d'une agriculture telle que celle qui existe aujourd'hui.
18:35 Parce que le consommateur, depuis bien longtemps,
18:38 il se nourrit, il mange, en tout cas,
18:41 ou il a un apport énergétique ou protéique.
18:43 Vous nous direz tout à l'heure qu'il a un apport protéique,
18:45 ça note beaucoup plus élevé que ses besoins,
18:48 j'en conviens, mais aujourd'hui,
18:50 il y a un apport énergétique et protéique pour les consommateurs
18:55 qui se fait pour une valeur moins chère, moins élevée qu'hier.
18:58 Vous croyez que ça se fait comment, ça ?
19:01 - J'entends bien, mais à l'heure du réchauffement climatique,
19:03 de l'effondrement de la biodiversité et de la pollution des eaux,
19:06 on l'a entendu, 99 % des cours d'eau et des nappes phréatiques
19:09 en Bretagne sont contaminés par les pesticides.
19:11 20 % des Français, parce qu'à la Bagne,
19:13 soit 12 millions de personnes, ont bu en 2021 de l'eau non conforme.
19:18 Est-ce que vous pensez vraiment que ces élevages intensifs
19:21 vont dans le bon sens ?
19:22 Est-ce que ce modèle représente un horizon viable,
19:25 écologiquement viable ?
19:26 - Pour rebondir sur ce que vient de dire Pascal,
19:29 on ne peut pas contester que les orientations
19:31 ou les politiques publiques agricoles prises ces 60 dernières années
19:34 ont conduit les agriculteurs sur ce chemin-là.
19:37 Pour autant, et moi, mon père faisait partie de cette génération-là,
19:40 je ne suis pas en train de chercher des têtes à mettre sur le bio
19:43 ou de chercher des coupables.
19:44 Moi, ce qui m'intéresse, c'est est-ce qu'on peut continuer comme ça ?
19:47 Et moi, je vais prendre l'angle économique.
19:48 C'est-à-dire qu'on nous dit, si on ne continue pas,
19:50 on va être obligé d'importer.
19:52 Mais on importe déjà.
19:53 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, au motif qu'on veut exporter
19:55 des céréales, du porc, du bœuf,
19:58 on importe du soja d'Amérique latine.
20:00 Et donc, tout ça participe effectivement à accélérer le changement climatique.
20:04 Il n'est pas contestable que la concentration des animaux
20:07 émet du méthane, qui participe aussi au changement climatique.
20:11 Et donc, il faut qu'on revisite tout ça.
20:14 Et je reviens sur la dimension économique.
20:15 Donc aujourd'hui, on exporte, mais on importe beaucoup.
20:18 Donc, est-ce qu'on doit continuer d'importer du soja
20:20 ou est-ce qu'on doit, au contraire,
20:22 remobiliser nos surfaces agricoles,
20:24 trouver d'autres équilibres de production,
20:26 qui fait qu'on exportera probablement beaucoup moins,
20:29 mais on importera moins.
20:30 Et donc, si on relocalisait plutôt que de concentrer des territoires
20:33 sur des zones spécialisées, comme la Bretagne,
20:34 sur l'élevage de porcs et de volailles,
20:37 qui fait qu'on a un excédent structurel d'azote,
20:39 qui fait que l'eau est polluée
20:40 et que ça coûte très cher pour la dépolluer.
20:42 Et à l'inverse, par exemple, sur la Beauce,
20:45 où il n'y a plus du tout d'élevage,
20:46 mais où on a aussi un excédent structurel d'azote
20:49 lié à la production d'azote de synthèse,
20:51 qui participe aussi au changement climatique.
20:53 Eh bien, relocalisons un peu les productions,
20:57 faisons moins d'élevage en Bretagne,
20:58 ramenons de l'élevage dans la Beauce,
21:00 sortons de ces excédents structurels
21:02 liés d'un côté à des productions d'élevage,
21:05 de l'autre côté à l'utilisation d'engrais de synthèse,
21:08 et vous verrez que ça coûte beaucoup moins cher.
21:09 Quant à dire, je finis juste,
21:11 quant à dire qu'on doit passer par là
21:13 pour atteindre des produits pas chers
21:16 dans l'assiette des consommateurs
21:19 qui seraient les moins aisés.
21:21 Ça veut dire quoi, ça ?
21:23 Ça veut dire que parce qu'on a un revenu plus modeste,
21:25 on doit manger des produits de piètre qualité ?
21:28 C'est ça que ça veut dire ?
21:29 – Vous l'avez transformé.
21:30 – Moi, je n'adhère pas à ce truc-là.
21:32 D'autant plus que, en vérité,
21:34 les produits réputés pas chers
21:36 coûtent horriblement cher.
21:37 Parce que quand on regarde le poids de la dépollution,
21:40 des solutions curatives qu'on doit apporter
21:43 pour réparer l'eau,
21:44 ressource majeure,
21:46 René Dumont, en 1974,
21:48 nous alertait déjà sur le fait que l'eau
21:51 était un produit extrêmement central
21:53 et extrêmement menacé.
21:55 Sur la pollution de l'air,
21:57 sur la réparation de la biodiversité,
21:59 tout ça nous coûte horriblement cher
22:01 et ces produits réputés pas chers
22:03 qu'on trouve dans les rayons des grandes surfaces
22:05 sont en vérité horriblement chers
22:07 quand on y adosse ces coûts externalisés.
22:09 Et donc, si on payait la vérité sur ces produits-là,
22:12 c'est-à-dire le principe pollueur-payeur,
22:16 tout simplement,
22:17 qui siège d'ailleurs à la loi sur l'eau
22:19 ou à la directive cadre européenne sur l'eau,
22:21 mais ces produits seraient juste hors de prix.
22:23 Les seuls qui seraient accessibles
22:25 à tous les porte-monnaies,
22:26 ce seraient les produits bio.
22:27 – Thierry Marx, la belle bouffe,
22:28 c'est une économie du renoncement ?
22:30 – C'est une économie du renoncement,
22:31 c'est la théorie du low cost
22:32 qu'on a imposée un peu dans les années 70.
22:34 En gros, vous renoncez à la qualité
22:36 et en échange de quoi, on fait des petits prix.
22:37 Ce qui a amené, évidemment, je suis assez d'accord,
22:39 une agriculture très productiviste
22:42 pour descendre le prix
22:43 et écraser les marges de l'agriculteur.
22:45 C'est aller dans le mur.
22:46 Et aujourd'hui, il faut aller contre ça,
22:49 revenir dans l'économie du bon.
22:51 C'est quoi un bon produit ?
22:52 Son impact social,
22:53 son impact environnemental
22:54 et son impact nutritionnel.
22:56 C'est ça un bon produit,
22:57 avant qu'il soit bio ou quoi que ce soit.
22:58 Et puis, de regarder les choses en face,
23:00 c'est-à-dire dans nos modes de consommation.
23:02 Arrêtons, mangeons mieux, mangeons moins peut-être,
23:05 passons du boeuf-carotte aux carottes-boeuf.
23:07 -Mais quelle proportion, c'est 80-20 ?
23:10 -Pour moi, c'est 80-20, mais il faut refaire du...
23:12 Moi, je crois à la polyculture,
23:13 je crois à la diversification.
23:16 Moi, je suis pas un spécialiste de l'agriculture,
23:17 je suis un consommateur,
23:19 mais du consommateur, je suis devenu un mangeur.
23:22 Si on travaille avec le scolaire très tôt
23:24 sur réapprendre à former, à manger,
23:28 on aura moins de consommateurs et on n'aura pas ça.
23:30 Et encore une fois,
23:32 cette théorie du renoncement lié au low cost
23:34 est une économie mortifère pour l'agriculture,
23:36 mais pas que l'agriculture.
23:38 -On a deux éleveurs et deux agriculteurs parmi nous.
23:41 Justement, vous êtes fils et petit-fils d'agriculteurs,
23:45 et vous avez hérité de la ferme familiale
23:47 en Charente-Maritime, 255 hectares de maïs.
23:49 -Pas franchement hérité, il a fallu que je fasse le chèque.
23:52 -Alors, vous avez fait le chèque,
23:53 quoi qu'il en soit, vous êtes passé d'un modèle intensif
23:55 à bout de souffle à une ferme rentable,
23:57 sans l'amour ni pesticides, c'est donc possible.
24:01 Et sans engrais de synthèse, c'est donc possible.
24:03 -Absolument, et c'est ce que je voulais démontrer.
24:05 Dans ma vie professionnelle, avant de devenir paysan,
24:09 j'ai fait un peu de recherche, j'étais scientifique,
24:12 et j'ai côtoyé des gens qui avaient réussi cette transition.
24:15 Et donc, à un moment donné, quand mon père arrive à l'âge de la retraite,
24:18 je dis, je retrousse les manches et je tente l'aventure.
24:22 C'est du passage à l'acte pour moi,
24:24 c'est-à-dire que je suis passé de prescripteur à un acteur de terrain.
24:28 Et ce que je voulais précisément démontrer,
24:30 c'est qu'en partant de là, avec un très lourd endettement,
24:32 parce que c'est souvent ce qu'on nous met comme point de blocage
24:35 pour pouvoir engager la transition,
24:38 donc à partir de là, avec un très fort endettement,
24:41 je dis, on y va, on part sur des logiques agroécologiques,
24:44 et on fait la démonstration qu'en partant de là,
24:46 la transition est possible et qu'en plus,
24:48 elle permet d'apporter une réponse sur le plan de l'écologie,
24:50 sur le plan de l'économie, parce que l'économie est très pertinente,
24:55 et sur le plan social, parce que, putain, qu'est-ce qu'on est heureux
24:57 quand on fait les choses autrement.
24:59 -Ce que vous dites, c'est que c'est rémunérateur et résilient,
25:01 ça vous convainc, ce modèle ?
25:02 Est-ce que l'agroécologie, Pascal Lavergne, peut nous nourrir ?
25:05 -Moi, je dis déjà, il ne faut pas opposer les modèles les uns aux autres.
25:09 Si Benoît Bitho a fait cette transition,
25:12 en passant d'une génération à l'autre,
25:14 c'est parce qu'il avait réfléchi à cette question.
25:17 Je crois qu'aujourd'hui, il y a beaucoup de gens
25:19 qui sont dans cette réflexion.
25:21 Évidemment, les agriculteurs ne sont pas complètement sourds
25:24 à ce qu'ils entendent du monde extérieur.
25:26 Beaucoup s'interrogent.
25:27 Je voudrais revenir sur...
25:28 -Non seulement beaucoup s'interrogent, Pascal Lavergne,
25:30 mais en réalité, la France a perdu 100 000 agriculteurs en 10 ans,
25:34 parmi eux, beaucoup d'éleveurs,
25:36 mais paradoxalement, la surface agricole est restée simple.
25:39 Cela veut dire quoi ?
25:40 Cela veut dire que la taille des exploitations augmente,
25:43 alors que ses effectifs se réduisent.
25:45 Cela veut dire concrètement que le marché se concentre
25:47 entre les mains de quelques-uns,
25:49 au détriment des petites exploitations.
25:51 On stigmatise beaucoup les agriculteurs,
25:52 ce n'est pas les agriculteurs qui sont en cause,
25:54 c'est l'agro-business, c'est l'élevage intensif,
25:56 c'est les grosses exploitations.
25:58 C'est ça, la réalité du terrain.
25:59 -Pourquoi les petites exploitations ne sont pas reprises ?
26:01 Pourquoi les exploitations ne sont pas reprises ?
26:03 Tout simplement parce qu'elles laissent suffisamment trop peu de marge,
26:06 trop peu de revenus à ceux qui seraient en capacité de les reprendre.
26:10 Moi, j'ai créé ma propre exploitation, moi-même,
26:13 mais j'en ai quand même bavé.
26:15 -Mais vous, vous avez un restaurant,
26:17 vous avez fait du circuit court,
26:19 votre modèle, il est très résilient.
26:22 -Il est un peu particulier, mais sincèrement...
26:24 -C'est de la fourche à l'assiette.
26:25 -Je pense qu'il faut des modèles d'exploitation
26:29 qui soient peut-être moins spécialisés.
26:31 Le modèle de polyculture tel que celui qu'on avait
26:34 traditionnellement dans l'Entre-deux-Mers ou en Gironde,
26:37 puisque c'est de ce département dont je suis l'élu,
26:40 il n'existe plus et c'est dommage.
26:42 -Donc, en fait, ce que vous dites, c'est que l'élevage paysan
26:45 est mis à mal par la production industrielle.
26:47 -Il n'est pas mis à mal par la production industrielle,
26:49 il est mis à mal par le fait que les agriculteurs
26:52 n'ont pas une rémunération correcte des produits qu'ils mettent en oeuvre,
26:57 qu'ils réalisent.
26:58 À un moment donné, ça conduit à se spécialiser
27:00 pour pouvoir tirer les coûts de production vers le bas,
27:04 et finalement, on s'aperçoit qu'on débouche sur des modèles
27:07 qui sont complètement industrialisés
27:08 parce qu'il y a une concentration des exploitations.
27:11 Bon, voilà, c'est le constat.
27:13 -Sur ce que fait M. Bitouf,
27:15 vous produisez quoi pour vous en sortir, vous ?
27:17 Parce que c'est quoi, la solution ?
27:19 -Moi, ce que je produis, je suis en polyculture, polyélevage.
27:21 C'est-à-dire que ma structure fait 208 hectares, exactement.
27:25 Il y a 110 hectares de prairies,
27:26 puisque moi, j'élève des herbivores.
27:28 Alors, écoutez bien la révolution que je propose,
27:30 c'est nourrir des herbivores avec de l'herbe.
27:32 Et ils ne mangent que ça.
27:33 C'est-à-dire que je ne suis pas dépendant
27:35 ni de la production de maïs qui pose les problèmes qu'on connaît
27:37 sur la ressource en eau, ça me paraît...
27:39 -Ni du soja importé.
27:40 -Je crois que c'est de l'actualité, l'irrigation du maïs.
27:42 -Sans blague.
27:43 -Mais également, effectivement, du soja
27:45 qui vient de l'autre côté de l'Atlantique.
27:47 C'est-à-dire qu'en vérité, en France,
27:49 quand on insile un hectare de maïs pour nourrir des animaux,
27:51 on crée une dépendance d'un hectare de soja
27:53 de l'autre côté de l'Atlantique.
27:54 Donc moi, je suis sorti de ce modèle-là,
27:56 j'élève des herbivores, je les nourris avec de l'herbe.
27:57 Et donc, j'ai créé les conditions pour que ça fonctionne.
27:59 Et bizarrement, mon rectangle d'herbe
28:01 qui sert à nourrir mes herbivores,
28:03 il n'est pas coté à la bourse de Chicago.
28:06 Et donc, cette autonomie-là me donne
28:08 une liberté économique qui est formidable.
28:11 Et c'est ça, la résilience, y compris sur le plan économique,
28:15 c'est de retrouver de l'autonomie.
28:17 Et donc, je produis de la viande de bovin,
28:19 de la viande de chèvre, un peu, des chevraux.
28:22 Je produis du lait de chèvre
28:24 que je transforme en produit laitier vendu à la ferme.
28:27 Toutes mes productions animales sont vendues à la ferme,
28:29 quelques oeufs de poules pondeuses.
28:31 J'ai ensuite, pour l'équilibre agronomique,
28:33 ces techniques, je ne vais pas rentrer dans...
28:35 Mais j'élève aussi des bodés du poitou qui pâturent avec des chèvres
28:38 et des chevaux de trait qui pâturent avec des vaches,
28:40 mais ça, c'est pour l'équilibre de la...
28:41 - Donc vous maintenez les prairies.
28:42 - Des prairies, et c'est là où je voulais en venir.
28:44 C'est-à-dire qu'aujourd'hui, on montre l'élevage
28:46 comme une activité qui participe au changement climatique.
28:50 Quand cet élevage, dans une approche globale,
28:53 entretient des espaces prairiaux,
28:55 moi, j'élève sur une réserve naturelle régionale,
28:57 mon fils élève sur une réserve naturelle nationale,
29:00 on préserve des espaces qui sont remarquables
29:02 en termes de capacité à séquestrer des gaz à effet de serre.
29:05 Et donc, c'est précisément parce qu'ils sont entretenus par l'élevage
29:08 qu'ils ont ces facultés à séquestrer des gaz à effet de serre.
29:11 Et donc, cet élevage, ça peut en choquer certains,
29:13 participe à l'atténuation du changement climatique.
29:16 Le bilan carbone de ma structure
29:17 participe à l'atténuation du changement climatique.
29:20 Chez mon fils, c'est pareil.
29:22 Donc, vous voyez bien que c'est fondamental.
29:25 Mais au-delà de ça, c'est des espaces qui hébergent
29:27 des lois biodiversité absolument remarquables
29:29 dans un contexte où l'effondrement de la biodiversité
29:31 n'est plus à démontrer.
29:32 Et on parle beaucoup d'eau en ce moment.
29:34 C'est précisément sur ces prairies,
29:36 qui sont souvent des prairies humides,
29:37 qu'on peut stocker l'eau longtemps, l'hiver, au printemps,
29:40 pour que cette eau ait le temps de remplir les nappes souterraines
29:43 et puis satisfaire, parce que les nappes souterraines sont remplies,
29:46 tous les usages de l'eau, que ce soit l'eau potable,
29:48 que ce soit effectivement la biodiversité,
29:50 ou pourquoi pas, de l'eau utilisée pour l'irrigation.
29:53 Et donc, vous voyez bien que ça devient manichéen
29:55 entre élever avec du maïs et du soja, d'un côté,
29:58 qui est le parfait cercle vicieux,
29:59 sur le changement climatique, sur la biodiversité, sur la santé,
30:02 et de l'autre côté, des éleveurs qui pratiquent un élevage herbagé,
30:06 avec des herbivores qui mangent de l'herbe,
30:08 où là, on prend soin de la biodiversité,
30:10 on prend soin du climat, on prend soin de la santé.
30:12 - Donc l'agroécologie, c'est un modèle indispensable ?
30:14 - Économiquement, c'est pertinent,
30:16 parce que les coûts de production sont très faibles.
30:18 - Je défends vraiment cette agriculture,
30:20 c'est vraiment mon coeur de métier,
30:21 moi, en tant que travaillant pour la gastronomie, je défends.
30:24 Mais encore une fois, ce que je défends aussi,
30:26 c'est qu'il y ait un public en face.
30:28 Et il ne faut pas qu'il n'y ait qu'un consommateur en face,
30:30 il faut qu'il y ait un mangeur.
30:31 Aujourd'hui, on a une France qui a sur une fracture sociale
30:33 extrêmement dure, et on a une alimentation à deux vitesses.
30:36 On a une alimentation pour des gens qui comprennent un peu ce qu'ils mangent
30:39 et qui ont un reste à vivre suffisant,
30:40 et puis des gens qui n'ont pas un reste à vivre suffisant
30:43 et qui se contentent de l'ultra-transformer
30:45 parce que le 10 du mois, on est à l'euro près.
30:47 Donc il y a un vrai travail à faire,
30:50 et qui est un travail politique au sens étymologique du terme,
30:53 sur cette problématique de l'alimentation au global,
30:57 pour que du bon pour tous.
30:58 Mais si je n'ai pas un public en face pour comprendre
31:01 ce type d'agriculture, que je n'ai que des consommateurs
31:04 qui achètent à l'euro près, c'est un vrai débat.
31:06 Et à chaque fois, qui écrase les marges de l'agriculteur ?
31:10 Cette agriculture productiviste, elle existe
31:12 parce qu'à un moment donné, il y a un réseau de distribution
31:14 qui correspond à ça.
31:15 Et quand on fait une variable d'ajustement du pouvoir d'achat
31:18 sur l'alimentation, mais l'alimentation n'est pas un carburant
31:20 que vous mettez dans votre voiture, ça n'a rien à voir.
31:22 Ça a des conséquences sur l'impact social
31:26 et bien évidemment sur l'impact de santé des populations.
31:28 - Alors justement, ne faudrait-il pas flécher les subventions de la PAC
31:31 vers l'agroécologie et non pas vers l'industrie ?
31:35 - Il y a quand même une orientation, petit à petit,
31:38 qui est prise par rapport à ça.
31:39 Il y a un plan protéine.
31:41 Oui, il est petit, mais il faut voir le chemin parcouru.
31:43 Il reste toujours du chemin à parcourir,
31:45 mais il faut mesurer le chemin qui est parcouru malgré tout.
31:48 Moi, je crois qu'effectivement, tel que l'a décrit Benoît Bitton,
31:51 je suis ravi d'ailleurs d'entendre de la part d'un élu écologiste
31:54 le discours qu'il a tenu par rapport aux bovins.
31:56 Moi, qui suis uniquement éleveur bovin,
31:58 quand j'entends ce que j'entends dans l'hémicycle
32:00 et que j'entends ici à LCP, donc dans les locaux du Palais Bourbon,
32:04 de la part d'un élu écologiste, ça me fait quand même plaisir.
32:08 Mais ce n'est pas la même production.
32:10 Le modèle qu'il a mis en place chez lui,
32:12 le modèle herbagé, c'est le modèle parfait
32:14 pour l'élevage bovin-viande.
32:16 Il ne faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain.
32:19 En tout cas, il ne faut pas balancer nos bovins,
32:22 notre élevage bovin, tel qu'on le critique
32:25 de façon trop systématique, trop rapide.
32:28 Les bovins, ils en prennent quand même plein la tête, souvent.
32:30 Pascal Lavergne, la viande, c'est 5 kg de légumineuses
32:33 produites pour 1 kg de viande.
32:35 Autrement dit, ne devrait-on pas libérer Fissa
32:37 de l'espace agricole pour nourrir non pas les bêtes,
32:41 mais les humains ?
32:43 60 % de nos terres en Europe
32:45 servent à nourrir le bétail.
32:47 On marche un peu sur la tête, non ?
32:49 - On est d'accord. Thierry Marx nous dira ce qu'il en pense tout à l'heure.
32:51 Moi, je mange pas que pour ingérer des protéines
32:54 et ingérer de l'énergie.
32:56 Je mange aussi pour le plaisir, pour du goût,
32:58 pour une gastronomie qui s'inscrit dans l'histoire
33:01 du patrimoine français.
33:03 Cette gastronomie, elle est aussi en capacité d'évoluer.
33:06 Et je pense que des grands chefs comme Thierry Marx
33:09 ont aussi, entre guillemets,
33:11 pas une part de responsabilité, mais en tout cas,
33:13 peuvent se sentir investis d'une mission
33:15 pour pouvoir faire découvrir,
33:17 au travers d'autres pratiques gastronomiques,
33:19 faire découvrir des choses.
33:21 Voilà, ça, effectivement, c'est aussi un volet de l'histoire
33:23 que je pense qu'il faudra intégrer.
33:25 Je réponds quand même, j'insiste,
33:27 pour pouvoir répondre sur les bovins.
33:29 Les bovins, aujourd'hui, tels qu'ils sont élevés
33:31 dans notre pays et en Europe,
33:33 ça n'a rien à voir avec les Fidlots
33:35 qui sont de l'autre côté de l'Atlantique.
33:37 Aujourd'hui, nous devons encore défendre
33:40 le modèle d'élevage bovin français
33:42 qui s'appuie principalement sur l'herbager,
33:44 qui valorise à la fois des légumineuses
33:47 qui fixent l'azote de l'air
33:49 et qui évite d'avoir recours à la fertilisation azotée
33:53 issue de la pétrochimie.
33:55 On doit revoir les assolements,
33:57 on doit revoir, sous ce système prairial
33:59 de prairie naturelle,
34:01 qu'ils doivent intégrer des légumineuses,
34:03 plusieurs types de graminés.
34:05 C'est aussi la diversité qui permettra
34:07 de maintenir l'élevage français.
34:09 - Pascal Lavergne, une vache dans une ferme-usine,
34:11 ça pelue, une vache au pré, ça fertilise ?
34:13 - Une vache au pré,
34:15 ça rend un service,
34:17 également, dans le cycle de l'eau,
34:19 ça rend un service en termes de biodiversité
34:21 en fonction des milieux dans lesquels elle est.
34:23 Là, quand on parle du milieu poids de vin,
34:25 il y a un certain équilibre de biodiversité.
34:27 Quand on est sur les côteaux du Cantal,
34:29 il y a encore un autre système de biodiversité.
34:32 Les bovins, vous savez, c'est des ruminants.
34:34 Ils ont un système digestif bien particulier.
34:36 Ils ont aussi leur rôle à jouer
34:38 dans l'équilibre agronomique des sols.
34:40 C'est pour ça que la non-spécialisation
34:42 des bassins, il faudrait qu'on y revienne,
34:44 à des systèmes de polyculture-élevage
34:46 qui permettent, effectivement,
34:48 d'allier une fertilisation agronomique
34:50 issue de l'élevage,
34:52 plutôt que d'avoir recours
34:54 à de l'engrais chimique.
34:56 J'y crois aussi, à ça.
34:58 Mais voilà, on a été trop loin.
35:00 On va revenir un peu en arrière.
35:02 Mais ça, les agriculteurs,
35:04 ils ont entendu le message.
35:06 Ils sont prêts à le faire, mais il faut leur laisser du temps.
35:08 Venons-en à la viande de synthèse.
35:10 Après les burgers végétaux high-tech,
35:12 on parle beaucoup ces temps-ci de la viande cellulaire
35:14 ou viande de synthèse.
35:16 L'idée de mettre de la technologie dans notre assiette
35:18 est-elle une bonne idée ?
35:20 Réponse dans le climatoscope de Raphaël Ittier.
35:22 [Musique]
35:29 Est-ce que c'est une bonne idée ?
35:31 Peut-être.
35:33 Mais c'est clairement pas pour le goût
35:35 qu'on fait ça.
35:37 L'intérêt principal de la viande artificielle,
35:39 avant de venir à l'intérêt,
35:41 peut-être que je peux définir ce que c'est,
35:43 ça consiste non pas à prélever de la viande
35:45 sur un animal vivant, mais juste à prélever
35:47 des cellules qu'on va mettre en culture
35:49 dans des incubateurs.
35:51 On va mélanger ça avec des ingrédients
35:53 qui vont bien et orienter...
35:55 - Ça vous rend malade.
35:57 - Je vais mettre un petit veau, le voir courir dans le champ,
35:59 quitte à ce que la vache me foute un grand coup de tête
36:01 parce qu'il ne faut pas que je m'approche du petit veau.
36:03 Sincèrement, je trouve ça plus rigolo, plus sympa
36:05 que de regarder des cellules grossir
36:07 dans des boîtes de pétri.
36:09 - Le seul intérêt de cette approche-là
36:11 étant de fournir un apport en protéines
36:13 en évitant de tuer des animaux.
36:15 Si on croit les chiffres
36:17 qui sont donnés par un des pionniers
36:19 de la viande in vitro,
36:21 c'est-à-dire qu'avec une vache,
36:23 avec les cellules d'une seule vache,
36:25 on a un million de steaks,
36:27 l'équivalent de 400 000 vaches.
36:29 Du point de vue de la vache qui va à l'abattoir,
36:31 la viande artificielle, c'est mieux.
36:33 Du point de vue écologique,
36:35 est-ce que c'est différent ?
36:37 Il faut bien se représenter ce qu'est
36:39 cette activité qui est en train d'émerger.
36:41 C'est une activité industrielle.
36:43 On ne va pas fabriquer de la viande artificielle
36:45 sur un coin de paillasse
36:47 dans un laboratoire familial.
36:49 Une des plus grosses entreprises
36:51 est en train de concevoir des bioréacteurs
36:53 qui vont envoyer du carbone dans l'atmosphère.
36:55 On est vraiment sur de l'industrie,
36:57 avec de la machine,
36:59 avec des machines qui consomment de l'énergie
37:01 et qui vont envoyer du carbone
37:03 dans l'atmosphère.
37:05 L'intérêt climatique
37:07 ou écologique de la viande artificielle
37:09 n'est pas totalement avéré,
37:11 d'autant plus que pour l'instant,
37:13 personne ne communique là-dessus,
37:15 tout le monde se tire un peu la bourre,
37:17 il y a du secret industriel derrière tout ça,
37:19 et il n'y a pas d'évaluation indépendante.
37:21 - On ne communique pas là-dessus,
37:23 au Sénat, on a eu une réponse,
37:25 on voit encore une fois que c'est pour nous couper
37:27 du monde du vivant.
37:29 Le danger, c'est la manipulation des masses avec ça.
37:31 Et on voit bien que ces portées,
37:33 90 millions de dollars ont été levés,
37:35 c'est plutôt sur la Chine,
37:37 et d'avoir ces produits in vitro
37:39 qui ne sont pas du tout environnementalement responsables
37:41 vous coupe du lien avec le vivant.
37:43 - Ce qu'il faut dire, Thierry Marx,
37:45 c'est que vous avez été le chef de file
37:47 de la cuisine moléculaire,
37:49 le chef d'un laboratoire de recherche
37:51 qui vise à améliorer le contenu de nos assiettes.
37:53 J'imagine que vous êtes penché sur la question de la viande cellulaire.
37:55 - Complètement, c'est-à-dire qu'on a vraiment regardé ça de près.
37:57 En tant que chercheur,
37:59 moi je ne suis pas chercheur, je suis qu'un artisan,
38:01 mais je travaille avec des chercheurs,
38:03 et notamment avec Raphaël Aumont,
38:05 on s'est dit "oui, pourquoi pas, ça marche, ça fonctionne,
38:07 pourquoi faire ?"
38:09 Le danger, c'est de nous couper du vivant.
38:11 Et ce qui nous a beaucoup pénalisés,
38:13 notamment dans les années 70,
38:15 quand on s'est coupé notre univers agricole,
38:17 c'était un moyen d'acheter des produits,
38:19 et je ne connais pas l'agriculteur qui le fait.
38:21 Donc là, il y avait quelque chose de dangereux.
38:23 Mais ce qui nous interpelle beaucoup,
38:25 c'est d'abord de voir les puissances
38:27 qui sont intéressées par ce business,
38:29 qui est de l'ultra-transformer.
38:31 Vous maîtrisez totalement ce que doit manger un individu,
38:33 c'est très bien, en le déconnectant
38:35 de ce monde du vivant.
38:37 Moi je trouve ça dangereux,
38:39 et comme outil de manipulation,
38:41 et de laisser croire que c'est pour des causes environnementales,
38:43 d'ailleurs les noms de ces sociétés sont très intéressantes,
38:45 "gourmet ceci", etc.
38:47 Déjà, il y a un piège marketing là-dedans.
38:49 C'est très dangereux.
38:51 Autant on peut considérer, bien que je n'aime pas le mot
38:53 "steak végétal", je peux comprendre
38:55 l'idée du steak végétal et d'avoir
38:57 cette réaction de Maillard sur un poilage de légumes.
38:59 Pourquoi pas ? Mais sur ces viandes in vitro,
39:01 il y a un vrai danger de manipulation,
39:03 et moi, ça m'inquiète beaucoup.
39:05 - C'est surtout qu'il y a une inconnue importante
39:07 pour l'instant,
39:09 puisqu'il y a peu de communication
39:11 de la part des industriels sur les ingrédients
39:13 qu'ils utilisent, donc ça pose des questions sanitaires,
39:15 ça pose des questions environnementales aussi.
39:17 Et il n'y a pas longtemps une tribune
39:19 dans le monde de la part des scientifiques
39:21 qui réclame un peu de transparence là-dessus
39:23 pour pouvoir évaluer les choses à peu près
39:25 correctement, parce que l'essentiel des gens
39:27 qui communiquent sont ceux qui se lancent
39:29 dans cette activité-là. - Vous avez remarqué
39:31 qu'il y a très très peu de publications scientifiques.
39:33 - À 300, oui. - Les cellules souches,
39:35 on ne sait pas où elles vont être prélevées.
39:37 - A priori, dans le moindre.
39:39 - Il y a une opacité absolue, mais encore une fois,
39:41 le danger de l'alimentation, c'est pas simplement
39:43 parler, comme ça vient de truquer,
39:45 de gastronomie et de chef qui auraient un rôle
39:47 d'essayer de diriger les gens.
39:49 C'est transversal,
39:51 c'est-à-dire que le cadre éducationnel
39:53 du bien manger, de devenir un mangeur
39:55 et plus un consommateur, ça commence en famille,
39:57 bien sûr, des fois, c'est un peu déséquilibré,
39:59 mais à l'école, dans l'apprentissage
40:01 du savoir manger,
40:03 il y a toute une étude de culture générale
40:05 que pouvait apporter d'en replacer
40:07 le cours de cuisine simplement à l'école
40:09 pour y trouver le mangeur
40:11 de dans 20 ans. Sinon, l'agriculture
40:13 et ce que fait monsieur n'aura pas de sens
40:15 parce qu'il n'y aura pas de public.
40:17 - La transition est toute trouvée pour parler
40:19 des cantines scolaires, de la restauration d'entreprise
40:21 et même des collectivités locales
40:23 qui sont un levier majeur pour réduire
40:25 la part de la viande.
40:27 Qu'est-ce qu'on attend pour le faire ?
40:29 Il y a un écolier sur dix aujourd'hui
40:31 qui se voit proposer un repas végétarien
40:33 par semaine à la cantine. - Parce que c'est très long,
40:35 ça dérange des codes, ça dérange des cercles
40:37 établis par d'autres avant,
40:39 des centrales d'achat,
40:41 des façons de travailler, de replacer
40:43 un véritable artisan au coeur
40:45 de la cuisine, peut-être de casser
40:47 les cuisines centrales
40:49 pour se dire "on a plutôt intérêt de remettre".
40:51 Et nous, ça nous est arrivé
40:53 en Touraine, dans un lycée en Touraine
40:55 où là, il y a le président de région qui a accepté
40:57 qu'on remette au coeur de ce lycée
40:59 un artisan qui a le droit de produire
41:01 des choses, qui peut acheter dans des filières
41:03 beaucoup plus courtes, etc.
41:05 Et évidemment, on a redonné d'attracter. Il faut 15 ans.
41:07 - Alors, regardez, je vous propose de regarder
41:09 ce qui se passe près d'Angoulême.
41:11 La chef Laure Mardoc a lancé
41:13 Cap Végui,
41:15 qui apprend aux chefs cuisiniers à végétaliser
41:17 leur menu, notamment dans les cantines scolaires.
41:19 La restauration collective, c'est 10 millions
41:21 de repas par jour en France, autant dire
41:23 un levier aussi massif
41:25 qu'efficace pour nous apprendre à manger mieux
41:27 et autrement. Alexis Breton
41:29 et Franck Vrignon ont suivi cette initiative
41:31 soutenue par la région Nouvelle-Aquitaine.
41:33 Le Monde Demain, c'est maintenant.
41:35 Et l'Ouvre l'Appétit reportage.
41:37 [Générique]
41:44 - Aujourd'hui, près d'Angoulême,
41:46 la capitale française de la bande dessinée,
41:48 pas de feuilles blanches, ni de stylos,
41:50 mais casseroles et cuillères.
41:52 Dans ce lycée professionnel... - Je vous réunis ?
41:54 - La chef Laure Mardoc...
41:56 - Du coup, on va faire...
41:58 - Va former à la cuisine végétarienne
42:00 des chefs de cantines scolaires...
42:02 - Je vous réunis ? - Un peu dissipé.
42:04 - J'ai vendu des oeufs de lapin en seconde agriculture.
42:06 - Des oeufs de lapin ?
42:08 - Il y avait une parisienne qui était là.
42:10 - Vous, vous avez l'air drôle.
42:12 - Une recette, il y avait des oeufs.
42:14 - En même temps, c'est considéré comme une bataille.
42:16 - Il y avait un lapin en peluche à côté.
42:18 On lui a dit que c'était des oeufs de lapin.
42:20 Elle a dit à son mari, "Tu vois bien que ça existe,
42:22 les oeufs de lapin." - Cet amateur d'oeufs de lapin
42:24 et une dizaine de ses collègues de la région
42:26 vont apprendre une chose importante aujourd'hui.
42:28 C'est la recette que les saucisses dans la vie.
42:30 - Nous, voici en cuisine.
42:32 Vous allez vous répartir sur les plans de travail.
42:34 On va faire les recettes végétariennes
42:36 qu'on a décidées de mettre en production aujourd'hui.
42:38 Donc voilà.
42:40 Allez-y à la pratique, en cuisine,
42:42 et puis amusez-vous bien.
42:44 Tout est frais. Aujourd'hui, on fait tout en frais.
42:46 Ces élèves sont des chefs à l'ancienne,
42:50 pourrait-on dire, viant des poissons à tous les repas.
42:52 Ils n'ont pas beaucoup d'idées
42:54 pour travailler les légumes.
42:56 Mais ils savent, surtout, que le pied de brocoli est délicieux.
42:58 - En fait, tu vois l'écorce, là ?
43:00 - Ouais, le pourtour sans le reste.
43:02 - Ouais, c'est ça. Et en fait, le truc,
43:04 c'est que c'est la partie la plus... la plus rouge.
43:06 - D'accord.
43:08 - Au menu de la formation,
43:10 pois chiches, lentilles
43:12 et haricots de toutes les couleurs.
43:14 Des légumineuses riches en protéines
43:16 et qui vont remplacer la viande
43:18 dans les menus des cantines.
43:20 Encore faut-il réussir à convaincre les cuisiniers.
43:22 - Des galettes de haricots rouges,
43:24 c'est ça ?
43:26 - C'est une recette que vous connaissez bien ?
43:28 - Pas du tout. C'est un essai pour moi.
43:30 J'ai jamais fait ça.
43:32 - Vous êtes convaincu ou pas ?
43:34 - C'est quand je vais goûter que je suis convaincu.
43:36 Mais pour Thierry,
43:38 l'enjeu de la cuisine végétarienne
43:40 est aussi ailleurs.
43:42 - Nous, quand on fait du végétal dans des lycées,
43:44 comme j'ai une population de garçons,
43:46 ça nourrit plus la poubelle
43:48 que les élèves, parce que les élèves,
43:50 s'ils ont pas leur viande,
43:52 c'est pas leur truc.
43:54 Des rues de Limogne, ils aiment la viande.
43:56 Donc les végétales, pour eux,
43:58 ils ont pas l'impression d'avoir mangé.
44:00 Pourtant, il y a quand même des protéines végétales
44:02 qui ont le même apport que la viande.
44:04 Donc voilà, il faut arriver à leur faire comprendre ça.
44:06 C'est la région qui organise cet atelier
44:08 pour respecter la loi.
44:10 Depuis fin 2019,
44:12 les établissements scolaires français
44:14 ont l'obligation de proposer à leurs élèves
44:16 un menu végétarien par semaine.
44:18 Une disposition encore combattue
44:20 par certains à coups de barbecue
44:22 et de saucisson.
44:24 On a un public féminin qui est parfois
44:26 moins réticent à aller vers ces propositions-là.
44:28 Où il y a moins ce côté
44:30 "je dois bâtir mes muscles", etc.
44:32 Et donc du coup,
44:34 ce côté viril qui est lié à la viande.
44:36 Et puis il y a la question de la classe sociale.
44:38 Aujourd'hui, les classes populaires
44:40 mangent beaucoup plus de viande
44:42 que les classes cadres.
44:44 Donc en fait, l'assiette,
44:46 elle est politique quelque part.
44:48 Politique et cruciale pour la planète.
44:50 Petit rappel,
44:52 un kilo de bœuf produit 44 fois
44:54 plus de gaz à effet de serre
44:56 qu'un kilo de légumineuse.
44:58 Vous risquez rien.
45:00 Et selon des études officielles,
45:02 se passer de viande rouge
45:04 et servir trois repas végétariens
45:06 par semaine dans toutes les cantines
45:08 réduiraient de moitié
45:10 leurs émissions de CO2.
45:12 Une solution simple et immédiate,
45:14 rien qu'en France.
45:16 - La restauration collective aujourd'hui,
45:18 c'est entre 3 à 4 milliards de repas par an.
45:20 Donc il y a un effet massif.
45:22 Et l'impact, il va être démultiplié
45:24 aussi en restauration collective scolaire
45:26 puisqu'il y a un effet de long terme.
45:28 C'est des jeunes qui, pour toute leur vie,
45:30 vont peut-être adorer le dalle lentille
45:32 ou se dire qu'une quiche aux légumes,
45:34 ça peut faire un très bon plat.
45:36 C'est un levier de transformation
45:38 de la société énorme sur les comportements alimentaires
45:40 et aussi sur le modèle agricole.
45:42 - Alors pour changer la donne,
45:44 la société a concocté des recettes
45:46 à même de ravir les papilles et les estomacs
45:48 de l'ensemble des jeunes français.
45:50 - Ciselez les carottes.
46:00 Des plats comme les traditionnelles lasagnes.
46:02 Qui pourrait dire non
46:06 aux bourguignons de champignons,
46:08 aux faritasses de haricots rouges
46:12 ou encore aux pois chichalots normandes.
46:14 - Il faut que ça ait du goût, ça.
46:16 - Là, on n'est pas sur de la restauration collective.
46:28 C'est de la signature.
46:30 - Ça prouve qu'en collectivité,
46:32 on peut se faire plaisir.
46:34 Donc faire aussi un peu du gastro.
46:36 - Il y a une qualité de cuisinier en restauration collective
46:38 qui est absolument extraordinaire.
46:40 - Il a quand même, vous avez le chumon.
46:42 Bruno, c'est quand même le must des musts.
46:44 - C'est pour ça qu'il a la veste rouge.
46:46 - Après lui, c'est moi.
46:48 - Voici enfin venu
46:50 le moment le plus important de la journée.
46:52 La dégustation.
46:56 - On peut manger.
46:58 - Je vous invite à prendre une assiette.
47:00 - C'est très bon et même
47:04 avec les champignons comme ça cuisinés,
47:06 on croirait même
47:08 un petit goût de viande,
47:10 un petit goût de rôti.
47:12 - C'est très bon.
47:14 Je pense que ça, c'est bon d'arriver dans un lycée.
47:16 C'est un truc que les élèves, ils aimeraient.
47:18 C'est bon, c'est bon.
47:20 - Ils ont l'air de se régaler.
47:22 J'ai l'impression que ça se passe plutôt bien.
47:24 J'entends plutôt de bons échos.
47:26 Donc c'est plutôt bon.
47:28 - En 2 ans,
47:30 Laure a formé plus de 500 chefs.
47:32 Et il faut savoir qu'ils sont maîtres en leur cuisine.
47:34 Ils ont le droit de proposer
47:36 plusieurs repas végétariens par semaine.
47:38 Ces chefs peuvent devenir
47:40 des pionniers de la transition écologique
47:42 et mijoter un avenir meilleur
47:44 aux générations futures.
47:46 - Alors, on l'aura compris,
47:48 la révolution se fera par l'assiette.
47:50 Contrairement à une idée reçue
47:52 largement relayée, y compris
47:54 par le gouvernement, les menus sans viande
47:56 ne renforcent pas les inégalités.
47:58 Bien au contraire, ils rééquilibrent
48:00 le repas des enfants les plus défavorisés
48:02 car ce sont eux qui mangent le plus de viande.
48:04 - Exactement. Et puis, de manger moins de viande,
48:06 l'OMS nous le dit aussi,
48:08 c'est moins de pathologie liée à la surconsommation
48:10 de la viande. Encore une fois, il faut bien parler
48:12 de ces surconsommations car on est consommateur
48:14 et plus mangeur. Nos arrière-grands-parents
48:16 mettaient de temps en temps un poulet à rôtir
48:18 le dimanche et peut-être une viande
48:20 dans la soupe de temps en temps.
48:22 Ils étaient déjà dans cette notion du flexitarisme.
48:24 Or, de laisser croire aux gens qu'ils sont riches
48:26 parce qu'ils mangent une viande à coup bas,
48:28 eh bien, ça n'avait pas de sens.
48:30 Aujourd'hui, on est en train de rééquilibrer ça
48:32 en disant que le végétal a un apport
48:34 équilibre alimentaire, plaisir, bien-être, santé.
48:36 Et ça, évidemment, moi, je ne peux pas parler
48:38 de santé en tant qu'artisan,
48:40 mais de plaisir et de bien-être, je peux.
48:42 Mais tous les médecins, je vous le confirme,
48:44 tous les médecins que je rencontre,
48:46 nous disent "Non, non, non, effectivement,
48:48 "réduisons la viande parce que c'est trop
48:50 "et là, c'est une surconsommation
48:52 "qui crée des pathologies aussi."
48:54 - Toutes ces contre-vérités sur le régime végétarien
48:56 comme quoi il serait antisocial ou nuisible à la santé,
48:58 ça vous énerve, Pascal Lavergne, Benoît Bitton ?
49:00 - Le marqueur social aujourd'hui... - Même si vous êtes éleveur.
49:02 - C'est plus l'accès à la viande.
49:04 C'est-à-dire que ceux qui sont aux revenus
49:06 les plus modestes sont ceux qui mangent trop de viande.
49:08 Et donc le marqueur social aujourd'hui, c'est l'accès
49:10 aux fruits et légumes, c'est fondamental.
49:12 Après, moi, je voulais juste revenir sur le lien.
49:14 On pense que les éleveurs, ils sont juste dans la relation
49:16 d'élever leurs animaux.
49:18 Et moi qui suis en relation avec des animaux d'élevage,
49:20 je peux vous assurer que la relation avec les animaux
49:22 est un lien qui nous élève.
49:24 Et puis, on parle de biodiversité, sauvage, et tout ça.
49:26 Moi, je n'élève que des races locales et à faible effectif.
49:28 Le jour où il n'y a plus d'élevage,
49:30 ce patrimoine disparaît avec l'élevage.
49:32 - Bien sûr.
49:34 - Et donc, il faut raison garder.
49:36 C'est-à-dire que, bien sûr qu'il faut radicalement baisser
49:38 l'élevage industriel, il faut même le faire disparaître.
49:40 Mais attention à ne pas...
49:42 - Pour arriver à la neutralité carbone en 2050,
49:44 il va falloir réduire les cheptels.
49:46 - Oui, mais il faudra réduire la consommation.
49:48 C'est pour ça que les deux sujets sont intimement liés.
49:50 C'est-à-dire qu'on ne pourra pas réduire l'activité
49:52 d'élevage si on ne réduit pas la consommation
49:54 de produits carnés et de produits laitiers.
49:56 Ce n'est pas contestable.
49:58 Donc, il faudra réduire notre consommation de viande.
50:00 Mais j'insiste, le marqueur social,
50:02 ce n'est plus l'accès à la viande, et ça, c'est très important.
50:04 Il faudra appliquer scrupuleusement
50:06 le principe "pollueur-payeur", et on se rendra compte
50:08 que seuls les produits de très bonne qualité,
50:10 basés sur des pratiques agricoles
50:12 qui reviennent aux fondamentaux,
50:14 comme nourrir des herbivores avec de l'herbe,
50:16 feront que ces produits seront accessibles
50:18 à tous les budgets, et du coup,
50:20 on allumera vraiment le cercle vertueux sur le climat,
50:22 sur l'inversité et la santé.
50:24 -Le bon pour tous, c'est vraiment important,
50:26 et le marqueur social aussi.
50:28 Et puis, je termine juste là-dessus,
50:30 mais sur un éleveur, un agriculteur,
50:32 c'est aussi des économies symbiotiques,
50:34 des économies très à plat, qui vivent entre elles,
50:36 et qui arrivent à montrer
50:38 que cette relation au patrimoine,
50:40 ce lien du vivant... -C'est un lien qui nous élève.
50:42 -C'est sûr, et on vit à des gens en vie.
50:44 -Une taxe sur la viande, ou une TVA à 0%,
50:46 sur de la viande paysanne, par exemple,
50:48 d'élevage paysan, est-ce que ce serait une bonne idée ?
50:50 -Une TVA à 0% sur la viande,
50:52 pour que ce soit les distributeurs
50:54 qui se la mettent dans la poche, c'est pas nécessaire.
50:56 Par contre, qu'on puisse... -Non, sur l'élevage paysan.
50:58 -Oui, il faut se méfier,
51:00 parce qu'après, tout le monde n'a pas accès
51:02 à l'élevage paysan. Il y a aussi des gens
51:04 qui habitent dans les métropoles, et il faut qu'ils puissent
51:06 avoir accès à la ferme, c'est pas aussi évident que ça.
51:08 Sincèrement, je pense qu'il faut, effectivement,
51:10 donner un accès à la viande de qualité,
51:12 également, le plus possible, également
51:14 aux classes sociales défavorisées.
51:16 C'est la raison pour laquelle, moi, je souhaite
51:18 que l'on continue cette expérimentation
51:20 qui a été mise en place par la majorité précédente,
51:22 donc à laquelle j'appartiens,
51:24 des repas végétariens.
51:26 N'allons pas d'un excès à l'autre,
51:28 laissons les choses se faire petit à petit.
51:30 Là, on a eu un exemple de la région aquitaine.
51:32 Écoutez, hier, on avait la possibilité
51:34 d'imposer des choses par le biais
51:36 de la niche écolo qui était présentée
51:38 à l'Assemblée nationale. Nous n'avons pas souhaité
51:40 aller vers ce volet
51:42 obligation. Je vois que les régions et la région aquitaine
51:44 s'emparent de ça. -En goulême.
51:46 -C'est une excellente chose, qu'ils continuent à le faire
51:48 et on les aidera à aller dans ce sens.
51:50 Mais n'opposons pas les systèmes les uns aux autres,
51:52 essayons de conserver des équilibres.
51:54 On a vu où les excès nous menaient
51:56 dans quelques domaines que ce soit. -Donc, pour conclure
51:58 la révolution, on viendra des territoires.
52:00 Savez-vous que pour appréhender l'avenir,
52:02 on peut aussi regarder le passé ?
52:04 C'est souvent très éclairant. Charlotte Eppal
52:06 est donc allée fouiller dans les archives de l'INA
52:08 et nous a exhumé ceci, hier encore.
52:10 C'est notre coup d'œil dans le rétro et c'est maintenant.
52:13 (Générique)
52:16 ---
52:18 -L'entreprise agricole ne peut plus être gérée
52:20 comme elle était gérée autrefois.
52:22 Il faut que le chef d'entreprise agricole,
52:24 en 1964,
52:26 gère son entreprise agricole
52:28 exactement de la même façon
52:30 qu'un entrepreneur, qu'un industriel.
52:32 Il cherche, actuellement,
52:34 quelle va être la meilleure formule pour eux.
52:36 Quelles vont être les solutions qui vont leur permettre
52:38 d'atteindre cette efficacité
52:40 sur le plan économique ?
52:42 Différentes formules ont été proposées,
52:44 soit dans le cadre des grandes entreprises,
52:46 soit dans le cadre des entreprises
52:48 à structure familiale,
52:50 qui semblent progresser
52:52 de plus en plus vers des structures
52:54 d'exploitation en commun
52:56 qui leur permettront,
52:58 vraisemblablement,
53:00 d'arriver à cette notion
53:02 d'entreprise, de véritable
53:04 entreprise agricole.
53:06 -Cette succession de questions économiques,
53:08 et aussi humaines, qu'il faut résoudre,
53:10 peut sembler lointaine
53:12 à la maîtresse de maison qui a aussi ses problèmes.
53:14 Pourtant,
53:20 tirer les agriculteurs de l'inconfort
53:22 dans lequel ils vivent trop souvent,
53:24 leur permettre de s'établir, de fonder un foyer,
53:26 cela concerne la nation
53:28 tout entière, les habitants des villes,
53:30 comme ceux des campagnes.
53:32 Si les jeunes ruraux ne peuvent pas connaître
53:34 une existence meilleure,
53:36 joie de vivre,
53:38 ils partiront de leur ferme,
53:40 et c'est la production qui en souffrira.
53:42 -Le consommateur, on ne l'ignore pas,
53:56 c'est notre meilleur client.
53:58 Sans lui, inutile de penser à la viande.
54:00 Donc, s'intéresser à lui,
54:04 c'est un homme de décision,
54:06 d'une part pour qu'il ne manque pas
54:08 de viande dans l'avenir.
54:10 -Bref, plus que jamais,
54:12 le développement de l'élevage conditionne
54:14 notre plat de viande quotidien.
54:16 -Je vous sens ému.
54:18 Avant de conclure, voici
54:20 très vite quelques livres pour aller plus loin.
54:22 "L'avenir de la planète" commence dans notre assiette
54:24 de Jonathan Sofrenfeuer,
54:26 qui soulève le rôle de l'élevage intensif
54:28 dans la crise climatique.
54:30 Lecture que vous pourrez compléter
54:32 avec "Les chocs", paru en 2009,
54:34 mais toujours d'actualité.
54:36 Faut-il manger des animaux ?
54:38 Toujours édité à l'Olivier.
54:40 Vous pouvez aussi lire "Manger moins et mieux de viande"
54:42 de Gilles Davos,
54:44 chez Actes Sud,
54:46 ou "Comment le moins se transforme en plus".
54:48 Je vous engage à vous plonger
54:50 dans la fable animalière de Lucie Rico,
54:52 "Le champ du poulet sauvide",
54:54 qui interroge le lien entre ce que nous consommons
54:56 et ce que nous produisons,
54:58 et comment nous composons avec ce système.
55:00 "Le champ du poulet sauvide",
55:02 qui a été couronné par le prix du roman d'écologie 2021.
55:04 À lire ou à relire,
55:06 le très beau roman de Serge Jancourt,
55:08 "Nature humaine", disponible chez Flammarion.
55:10 Enfin, et pour terminer,
55:12 cette remarquable enquête
55:14 de Nicolas Lejean,
55:16 le journaliste du Monde,
55:18 a enquêté pendant 7 ans sur l'agro-business breton.
55:20 C'est glaçant, ces 2 éditions Artaud,
55:22 et c'est dans toutes les bonnes librairies.
55:24 Voilà, en conclusion, notre bulletin de vote
55:26 se trouve aussi dans notre assiette.
55:28 Comme disait Winston Churchill,
55:30 mieux vaut prendre le changement par la main
55:32 avant qu'il ne nous prenne par la gorge.
55:34 Merci à tous les 3.
55:36 Merci, rendez-vous le mois prochain sur LCP, évidemment.
55:38 [Musique]

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