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Le politologue et historien Patrick Buisson était l’invité de Yoann Usaï lors de Face à Bock-Côté le 15/04/2023. Il a évoqué la place des femmes dans la société : «Pendant plus d’un siècle, au nom de l’héritage de la Révolution française, la gauche va traîner les femmes dans la boue».

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Transcription
00:00 Le libéralisme avancé de Viscard, ça a effectivement consisté à lancer ces messages en direction des deux forces dynamiques sur le plan sociétal,
00:09 qui étaient les femmes et les jeunes, en leur accordant des libertés nouvelles.
00:13 L'avortement pour les femmes, le droit de vote pour les jeunes.
00:17 Et en fait, les libertés politiques ont commencé de reculer ou de régresser à ce moment-là.
00:23 Effectivement, il y a un phénomène compensatoire qui se produit entre les deux.
00:28 Je voudrais quand même ajouter, parce qu'on ne se me prenne pas, et surtout, on ne présente pas mon propos comme un propos misogyne.
00:37 Dans l'histoire, il faut quand même redire les choses d'un jour comme elles se sont passées, et de dire franchement,
00:43 la gauche a des états de service sur la misogynie absolument extraordinaires.
00:49 Il ne faut pas oublier que la révolution française a été faite, on n'en parle jamais, contre le pouvoir des femmes,
00:56 le pouvoir politique des femmes, dans les salons, les salons philosophiques, à la cour.
01:01 La révolution française a été une réaction viriliste pour remettre les femmes à leur place.
01:07 Un conventionnel qui s'appelait Amart a pu dire "les femmes, c'est le chaos et l'erreur".
01:13 Et que font d'ailleurs les conventionnels pendant la Terreur ?
01:15 En 93, ils envoient les femmes à la guillotine.
01:17 Marie-Antoinette, Madame Roland, Charlotte Corday, Olympe de Gauche, féministes mais aussi royalistes.
01:23 Et il y a cette réaction qui est de violence inuite, et qui va faire que pendant plus d'un siècle et demi,
01:30 au nom de l'héritage de la révolution française, la gauche va traîner les femmes dans la boue,
01:36 en les considérant comme des moins que rien.
01:38 C'est ce qu'on a pu appeler la République des Jules, le premier étant Jules Michelet,
01:43 qui considère les femmes comme le parti prêtre, le parti de la contre-révolution qui est sous l'influence de l'Église,
01:50 les dépositaires de l'obscurantisme.
01:53 Cette tradition, elle fait partie de notre vie politique et sociétale.
01:57 Si bien d'ailleurs que la France, la République française, a attendu 1945 pour donner le droit de vote aux femmes,
02:05 alors que toutes les monarchies européennes l'avaient fait depuis belle lurette.
02:10 Donc moi, je n'entends pas qu'on fasse ce procès en misogynie.
02:15 La réalité, effectivement, qu'est-ce qui s'est passé autour de ces lois ?
02:18 C'est évidemment la gauche a cherché, et réussit d'ailleurs, à soustraire la population féminine,
02:23 à l'influence de l'Église qui avait été prédominante pendant des siècles sur les esprits féminins.
02:29 Là aussi, c'est une révolution à bas bruit qui s'est produite,
02:33 mais on voyait bien les enjeux idéologiques et politiques que cachaient ces débats de société.
02:37 [Musique]
02:41 [SILENCE]

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