Le maire SE de Quiévrechain, Pierre Griner, était invité dans La Matinale, ce lundi 17 avril, sur CNEWS. Il s'est exprimé sur la recrudescence des rodéos urbains, qui l'a poussé à démissionner : «Pierre Griner : «Il ne suffit pas d'employer des moyens technologiques, si derrière, vous n'avez pas le relais au niveau de la justice en termes de sanction, on a l'impression de ne servir à rien»»
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00:00 Exactement, bonjour à toutes et à tous, déjà merci de m'accueillir pendant votre matinale.
00:04 Effectivement, il y a un peu plus d'un mois, ma police municipale patrouillée dans ma commune
00:08 a repéré une jeune personne sur une motocrosse à l'arrêt, a souhaité l'appréhender.
00:14 À ce moment-là, le jeune a démarré, est parti en trombe, a grillé deux stops,
00:18 a pris une rue à contresens, la police municipale a réussi à l'intercepter
00:21 puisqu'il a chuté de son propre chef.
00:24 Il a été remis à l'officier de police judiciaire qui a pris contact avec le parquet.
00:31 La moto a pu être saisie temporairement et le lendemain, le parquet de Valenciennes a...
00:38 lui a... comment dire... il a reçu un rappel à la loi et a demandé à mes policiers municipaux
00:43 de lui rendre la motocrosse sur laquelle il roulait la veille.
00:48 Oui, c'est ça. Et du coup, qu'est-ce qui s'est passé ensuite ?
00:53 J'ai eu un échange directement avec madame la procureure sur le sujet, en off,
00:57 pour essayer de comprendre un petit peu la situation.
00:59 C'est une situation sur laquelle on n'avait plus l'habitude d'avoir ce type de décision,
01:04 notamment sur le fait que les motos étaient directement saisies,
01:07 puisque la plus grosse problématique, il y a la sanction d'une part,
01:11 mais il y a aussi le fait de confisquer les véhicules, parce que si vous rendez les véhicules,
01:14 on se rend compte que très rapidement, les véhicules, on les retrouve sur la voie publique
01:18 à recommencer à faire les uberlues et à pourrir la ville.
01:21 À faire les uberlues et à pourrir la vie de la commune et des différents quartiers.
01:25 Vous êtes sympa en parlant d'urluberlues.
01:27 Bon, quel est le profil du jeune à moto ? Est-ce qu'il a recommencé ?
01:32 Oui, puisque la moto, alors les faits ont eu lieu le mercredi.
01:36 La moto était restituée le vendredi matin.
01:38 Le samedi après-midi, il était dans la commune avec d'autres copains,
01:42 si on peut dire ça comme ça, en train de rouler n'importe comment sur la voie publique.
01:46 Et là, la moutarde vous est montée au nez, comme on dit, et vous avez décidé de démissionner.
01:51 Je vous ai dit, à quoi ça sert d'être maire si je n'ai aucun impact sur la vie quotidienne de mes administrés ?
02:01 Parce qu'en plus, vous aviez mis en place de la sécurité, des caméras.
02:05 Exactement. En fait, le sentiment, c'est de se dire qu'on est en tant que maire,
02:12 un acteur local en termes de prévention de la délinquance, en termes d'actions un peu plus curatives,
02:18 et que les élus ont investi toute étiquette confondue et toute taille de commune confondue.
02:22 Vous pouvez regarder, depuis plusieurs années,
02:24 ils ont investi pas mal d'argent dans la vidéoprotection, dans les polices municipales.
02:28 C'est le cas chez moi.
02:29 Et l'idée, c'était de se dire, on se donne les outils au maximum pour éviter les problématiques
02:36 et maintenir une certaine tranquillité publique.
02:39 Mais il y a aussi d'autres acteurs sur le territoire,
02:42 les acteurs qui sont représentés localement par la police nationale, par la gendarmerie.
02:47 Je suis dans un secteur police nationale,
02:49 mais aussi les services de justice qui doivent travailler dans le même sens.
02:53 Il ne suffit pas de déployer des moyens humains, des moyens technologiques
02:58 pour appréhender des jeunes qui font du rodeo ou sur d'autres bêtises.
03:01 Si derrière, vous n'avez pas le relais au niveau de la justice en termes de sanctions,
03:05 on a l'impression de servir à rien.
03:06 Donc effectivement, ce sentiment d'être inutile est arrivé en moi.
03:10 Et j'ai donc souhaité déposer ma démission auprès de la préfecture,
03:14 enfin sous préfecture de Valenciennes,
03:15 démission qui remontait jusque la préfecture du Nord à Lille.
03:18 Et à ce jour, vous êtes maire démissionnaire, vous êtes encore en fonction ou pas ?
03:23 Alors à ce jour, je suis toujours en fonction
03:25 puisque la législation est organisée de la manière suivante,
03:27 le maire remet sa démission au sous-préfet d'arrondissement, de rattachement de sa commune.
03:31 Donc pour moi, c'est ce que je disais il y a quelques instants, c'était Valenciennes.
03:34 Et puis le préfet a à peu près un mois pour répondre.
03:37 Réponse que je n'ai pas eue à l'heure actuelle.
03:40 Alors depuis, on a eu un travail un petit peu plus resserré.
03:43 Je ne suis pas resté sans réponse de la part des services de l'État.
03:48 Mais en tout cas, démission non acceptée par l'État,
03:52 qui en offre, pour être tout à fait clair avec vous,
03:54 vous dit "mais attendez, on ne peut pas accepter une démission
03:56 pour des conditions comme celle-là de la part d'un élu,
03:58 quel message on enverrait ?"
04:00 Moi, la réponse que je donne, c'est aussi, c'est malheureux d'en arriver là
04:03 et c'est malheureux qu'il y ait une prise de conscience seulement quand un maire démissionne.
04:07 Le message qu'on envoie, c'est aussi le message que peut envoyer des fois la justice
04:11 en rendant des motos ou des véhicules dangereux.
04:14 C'était l'actualité récente encore à Bordeaux.
04:16 [Musique]
04:20 [SILENCE]