Allocution d'Emmanuel Macron: le débat entre Éric Woerth (Renaissance) et Éric Coquerel (LFI), en intégralité

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Le député Renaissance, Éric Worth, et le député La France insoumise, Éric Coquerel, ont débattu, ce lundi soir sur BFMTV, après l'allocution du président de la République, Emmanuel Macron.
Transcript
00:00 Éric Wörth, député Renaissance de l'Oise, qui représente donc la majorité,
00:04 et Emmanuel Macron ce soir.
00:06 Bonsoir, Éric Wörth, merci d'être avec nous.
00:07 Bonsoir, Éric Coquerel, député de la France insoumise de Seine-Saint-Denis.
00:11 Je vais prendre au mot à l'instant ce que disait Pablo Piovivien,
00:14 puisque Emmanuel Macron dit, dans les mois qui viennent,
00:17 notamment les trois mois qui viennent, les 100 jours qui viennent,
00:19 il faudra une unité d'action, il faudra qu'on fasse ça tous ensemble.
00:22 Les grands chantiers qu'il a énumérés ce soir,
00:24 la justice, le travail et le progrès.
00:27 Pourquoi ne pas les voir à gauche, Éric Wörth ?
00:30 Non, mais on peut aller voir avec toutes les personnes de bonne volonté,
00:33 toutes ceux qui partagent les thèmes qui ont été évoqués tout à l'heure
00:38 par le président de la République.
00:39 Ils sont larges, le travail, c'est très large.
00:42 C'est un peu le reproche qu'on fait au président.
00:44 Oui, mais c'est les sujets fondamentaux, enfin, c'est les sujets essentiels.
00:49 L'école, c'est un sujet essentiel.
00:51 On voit bien qu'il y a une inégalité des chances qui se crée.
00:55 Le président a raison de vouloir réagir de façon puissante.
00:58 La santé, je ne vais pas décrire le système des urgences aujourd'hui,
01:02 et plus généralement du système de santé.
01:04 Et c'est vrai qu'il y a beaucoup, beaucoup de travail sur le travail.
01:07 Il y a la nécessité non pas d'accompagner uniquement le texte sur la retraite,
01:11 c'est de faire en sorte qu'on prenne en compte toutes les volontés
01:17 et toutes les aspirations de la société sur le travail.
01:19 Vous pourriez travailler avec Éric Ockfell ?
01:21 Parce que c'était la question.
01:22 Vous savez, à l'Assemblée, on est très opposés sur plein de sujets,
01:26 mais on se respecte.
01:27 Mais il y a des missions à l'Assemblée nationale
01:30 qui sont des missions entre des gens de la majorité ou des LR,
01:35 et puis la France insoumise.
01:37 Ce n'est pas beaucoup, mais il y a des missions qui se font,
01:40 où il y a parfois des approches évidemment très différentes selon les sujets.
01:44 Le sujet fiscaux, par exemple.
01:45 Il y a des missions très importantes.
01:46 Donc on peut travailler,
01:48 ça ne veut pas dire qu'on décide de la même chose.
01:50 Mais ça veut dire qu'à un moment donné, on se concerte,
01:52 on prend mieux la position de l'autre et on construit après une réforme.
01:56 Le gouvernement gouverne.
01:57 Et la question de savoir sur quoi vous pouvez vous entendre.
02:00 C'est pas une petite déroite.
02:02 C'est ça le problème.
02:03 C'est qu'Emmanuel Macron nous a refait le coup qu'il nous fait à chaque fois
02:06 depuis quelques temps, c'est le jour sans fin.
02:08 Ça m'a fait penser à ça, le film où le héros revit la même journée.
02:11 Avec Bill Murray.
02:12 Gilets jaunes, on fait une refondation.
02:15 Refondation, travail, éducation, santé, démocratie.
02:18 Covid, on fait une refondation, éducation, santé, démocratie, etc.
02:23 Et là, il nous refait la même chose.
02:24 Et qui peut croire ce genre de fadès quand on fait exactement
02:28 l'inverse entre temps que ce qu'on a annoncé.
02:30 C'est bien là le problème.
02:31 Au niveau du travail, il nous parle partage des richesses.
02:34 On est un pays depuis cinq ans où les richesses accumulent
02:37 vers les détenteurs du capital et les plus riches.
02:40 Il nous parle éducation et hôpital.
02:42 Les budgets continuent à diminuer et ils vont continuer à diminuer.
02:46 Si on ne change pas de gouvernement fin 2023, puisqu'on nous annonce
02:50 des baisses de dépenses publiques, ne serait-ce que pour permettre
02:52 413 milliards d'euros sur les dépenses militaires.
02:55 Donc il y aura une baisse.
02:57 La démocratie nous a fait le coup.
02:59 Ce soir, j'ai entendu, il parle de consultation citoyenne.
03:01 Mais que n'organise-t-il pas un référendum pour sortir
03:04 de la situation dans laquelle nous sommes aujourd'hui ?
03:07 Que ne fait-il pas voter le Parlement quand il y a une loi
03:10 où il se sait minoritaire ?
03:12 Donc cet écart, ce grand écart permanent entre ce qu'il annonce
03:15 à chaque fois qu'il y a une crise et ce qu'il réalise ensuite,
03:18 il prend les Français pour des poissons rouges,
03:20 mais ils ont une mémoire et ça, ça ne marche plus.
03:22 - Eric Wörth, qu'est-ce que vous répondez au poisson rouge, Eric Coquerel ?
03:24 - Ce n'est pas une mémoire de poisson rouge.
03:27 D'abord, c'est très beau, un poisson rouge,
03:29 mais ça ne fait pas de référendum de retraite.
03:30 Et c'est des sujets trop importants.
03:33 C'est des sujets fondamentaux.
03:34 On est radicalement opposés sur la manière de traiter ces sujets,
03:37 mais on est d'accord pour le modèle par répartition,
03:39 ce qui en soit est un peu curieux.
03:42 C'est-à-dire que les Français, il y a beaucoup de Français,
03:43 sûrement 90 % ou 80 % des Français sont d'accord sur l'idée
03:47 d'un modèle par répartition, mais ils ne sont jamais d'accord,
03:50 au fond, sur la manière de le réformer.
03:51 - Qu'est-ce que vous diriez, Coquerel ?
03:52 - Et ça, c'est de la responsabilité d'un gouvernement.
03:54 - Emmanuel Macron parle de consultation ce soir,
03:56 Eric Coquerel dit "Bah chiche, référendum".
03:57 - Mais parce qu'un référendum sur les retraites, ça n'a pas de sens.
04:01 Parce qu'il faudrait pouvoir poser les bonnes questions.
04:03 Et on ne peut pas poser les bonnes questions.
04:05 Il faudrait que ce soit quasiment un QCH.
04:06 - Mais dans l'entrepôt de tour de la présidentielle,
04:08 Emmanuel Macron disait que c'était une possibilité.
04:10 - Vous faites un référendum sur le fait de faire travailler les gens,
04:12 jusqu'à 64 ans, c'est simple.
04:14 - C'est dans la réforme, il n'y a pas de majorité.
04:15 - Deuxième référendum.
04:17 - On le voit, c'est une bonne façon de sortir de l'espace.
04:18 - Oui, mais Eric Coquerel, dans ce cas-là, il faut poser toutes les questions.
04:21 Parce que vous ne pouvez pas laisser le système de retraite en l'état.
04:23 Je pense que là, au moins, il y a un consensus qui s'est à peu près créé.
04:26 - On peut pas tenir à 60 ans.
04:28 - Oui, ça, c'est votre vision des choses.
04:30 On peut toujours avoir dans sa remorque des millions de baguettes magiques,
04:35 mais ça ne sert à rien parce que ça ne marche pas.
04:37 Il faut poser, dans ce cas-là, dans un référendum, des questions.
04:41 Le peuple français, il est très adulte et très mature,
04:44 donc il faut lui poser les bonnes questions.
04:45 Est-ce que vous souhaitez qu'on réforme les régimes des retraites
04:48 par l'augmentation des cotisations sociales,
04:51 par la baisse des retraites ou par l'augmentation de l'âge ?
04:55 Ou est-ce que vous souhaitez qu'on ne le bouge pas du tout ?
04:57 Mais à ce moment-là, on fait payer aux générations qui viennent
05:00 un mur de réforme absolument infranchissable pour elles.
05:04 - Eric Wörst, je suis d'accord avec vous sur le fait que les Français sont sérieux
05:08 et savent répondre à des questions y compris compliquées.
05:10 Rappelez-vous le référendum sur le traité consigné européen,
05:13 qui explique qu'il y a des grands schismes aujourd'hui
05:15 entre les Français et leurs représentants,
05:17 puisqu'on leur a remis par la fenêtre ce qu'ils avaient refusé
05:19 par un référendum avec le traité Lisbonne.
05:21 À l'époque, qu'est-ce qu'on disait ?
05:23 On disait que ce n'était pas possible que ce soit un référendum
05:25 parce que le texte est très compliqué, les gens ne vont pas comprendre.
05:28 Ils ont lu le texte, ils ont regardé en détail.
05:30 Donc oui, moi, je vous dis, par rapport à la situation que nous avons aujourd'hui,
05:33 9 actifs sur 10 opposés à ce projet, 10 syndicats sur 10,
05:37 l'Assemblée, si on la faisait voter, très certainement opposée à ce projet.
05:40 Je pense que la solution d'un référendum,
05:43 par exemple sur la proposition de loi,
05:44 puisque la proposition de loi, ce n'est pas seulement la retraite à 64 ans,
05:48 il y a étendre les 43 annuités de cotisation.
05:51 -Vous comprenez bien que c'est mal parti, cette histoire ?
05:53 -Je pense que oui, ça pourrait être une question de référendum.
05:56 -En même temps, vous essayez aussi de faire qu'il y ait une autre motion de censure.
06:00 Est-ce que vous pouvez nous expliquer ce que vous préparez ?
06:02 -On essaie de faire ce qu'on peut.
06:04 On a une situation dans laquelle le chef de l'État avance
06:07 les yeux fermés vers un mur, parce qu'en moyenne, il est devant un mur.
06:10 Là, il parle des 100 jours, il nous parle de coalition.
06:12 Pour l'instant, il n'a plus de majorité à l'Assemblée pour voter quoi que ce soit.
06:15 C'est ça, ses 100 prochains jours.
06:17 Donc c'est plutôt Waterloo que Sterlitz, si vous voyez ce que je veux dire.
06:20 Bien, on a un chef de l'État qui est dans cette situation.
06:22 Donc à partir de là, il nous revient, nous,
06:25 de faire tout ce que nous pouvons pour arrêter de faire mal au pays.
06:28 Donc soutenir les syndicats le 1er mai, avec la mobilisation pour faire lieu,
06:33 et effectivement, à l'Assemblée, d'essayer de montrer
06:35 qu'en réalité, il y a une majorité qui n'est pas d'accord avec ça.
06:37 - Et ça n'a pas marché. - Donc on va retenter.
06:38 - La motion de censure, ça n'a pas marché. - On va retenter.
06:39 - Moi, je propose... - Jusqu'ici, pourquoi ça marcherait maintenant ?
06:42 - Attends, je vais vous expliquer.
06:43 J'ai proposé cette semaine au groupe Lyot et au groupe de la NUPES
06:46 de reposer la motion de censure. Pourquoi ?
06:48 La dernière fois, ça n'est pas passé à 9 voix près.
06:50 Dans les voix qui ont manqué, il y a des Républicains
06:53 qui avaient accepté un compromis sur les carrières longues
06:55 dans des articles qui ont été retoqués par le Conseil constitutionnel
06:59 et dont on apprend aujourd'hui, avec une note du Conseil d'État,
07:02 que le gouvernement savait très bien que ces articles allaient être retoqués
07:05 à l'avance.
07:06 Autrement dit, non seulement il y a une insincérité,
07:08 mais on peut même dire qu'il y a quelque chose de déloyal
07:10 vis-à-vis de la représentation nationale.
07:11 Et moi, ce que j'espère, c'est que l'IRA suffisamment s'apprécie
07:14 de Républicains pour dire qu'on ne peut plus continuer à gouverner comme ça.
07:17 - Vous le disez ou pas ?
07:18 Est-ce qu'il y a plus de députés à l'heure qui vous disent
07:20 "on n'est pas à voter" ?
07:21 - C'est ce qu'on est en train d'essayer de travailler
07:23 avec les parties dont je vous ai parlé, ça serait une motion de censure
07:26 menée par l'IOT, avec la NUPES, et on est en train d'essayer de tester,
07:30 parce que l'idée c'est de faire au moins aussi bien que la dernière fois,
07:32 si c'est moins bien, ce n'est pas la peine,
07:34 de voir si c'est une des solutions qui pourraient bouger.
07:36 - Vous devez déjà savoir, Éric Coquerel.
07:37 - Comment ?
07:38 - Vous devez déjà savoir, parce que vous ne l'avez pas décidé ce matin.
07:40 - Non, on est en train de travailler dessus, la proposition-là, deux jours.
07:42 - Pour l'instant, M. Courson a reçu fraîchement cette...
07:46 - Non, non, ça je l'ai...
07:47 Ne parlez pas à la place de Charles de Courson.
07:49 - Non, mais c'est ce que j'avais entendu déjà, il a lu des déclarations,
07:51 il est peut-être revenu sur ses premières déclarations.
07:53 - Je l'ai lu au téléphone avec la franc-branchée télé.
07:55 - Et il va voter avec vous la motion de censure ?
07:57 - Ah bah, il l'a fait la dernière fois.
07:59 - Non, mais je parle l'année prochaine.
08:00 - Non seulement, l'idée, non seulement qu'il la vote,
08:04 mais qu'il l'amène.
08:05 - Encore une.
08:06 - Qu'il l'amène, et vous savez pourquoi ?
08:08 Parce que Charles de Courson, il a une grande qualité,
08:11 c'est un homme de résistance et qui n'aime pas
08:13 que quelque part, on passe au-dessus du Parlement où on a passé.
08:17 Et je pense pas que sa colère se soit...
08:19 - Il n'y a rien au-dessus du Parlement, il y a des institutions,
08:23 et c'est ce qui est important, et le Parlement, il a validé,
08:26 il a adopté cette réforme, Eric Coquelle,
08:29 vous pouvez tourner ça tout le temps, vous pouvez pendant des années dire ça,
08:32 en rester là, et vous aurez toujours un train de retard sur la réalité du pays.
08:37 - Dites-moi quand il a voté cette réforme.
08:39 - Mais il l'a adoptée !
08:40 - Dites-moi quand il a voté.
08:42 Là, j'ai rencontré le chef de l'État ce soir,
08:44 il a remporté le fait que les Français ne votent plus.
08:47 - Mais vous n'avez pas réussi à voir en même temps,
08:49 il empêche les représentants de voter sur une des réformes les plus importantes.
08:52 - Vous avez beaucoup parlé, je sais bien que vous êtes porte-parole
08:56 de Charles de Courson, mais c'est quand même le monde à l'envers,
08:59 il faut bien l'admettre.
09:01 En tout cas, à l'Assemblée nationale,
09:08 vous n'avez pas trouvé de majorité absolue pour repousser cela.
09:11 Donc au fond, il n'y a pas de majorité absolue,
09:13 ni pour dire oui, ni pour dire non.
09:15 Et à un moment donné, il y a un gouvernement,
09:17 le gouvernement est gouverne,
09:18 il a été désigné sous les formes parfaitement démocratiques,
09:22 incontestables, légitimes.
09:24 Et parfois, c'est très difficile, je le redis, je l'ai dit beaucoup,
09:27 mais c'est ce que je crois profondément,
09:29 parfois on fait, on est obligé de faire des choses
09:31 qui ne sont pas populaires, elles sont impopulaires,
09:33 c'est aussi la grandeur.
09:35 Alors aucun gouvernement n'a envie de le faire,
09:37 j'aime autant vous le dire, aucun n'a envie de le faire.
09:39 – Il faut le faire.
09:40 – Finalement, la question que pose l'allocution ce soir
09:45 d'Emmanuel Macron aux Inbashlos,
09:46 c'est de savoir si la page est tournée ou pas.
09:48 Le Président le souhaite, clairement, la page de cette séquence…
09:52 – C'est encore trop tôt pour le dire.
09:57 Il y a un élément qui va être important,
09:59 c'est d'analyser ce qui va se passer le 1er mai,
10:03 parce qu'on voit bien que les manifestations un petit peu comme ça,
10:07 parcellaires, n'ont pas marché ce soir,
10:09 parce que chacun se concentre sur cette échéance.
10:13 On va voir comment évolue le dialogue intersyndical,
10:17 est-ce que les choses qui ont été dites par Laurent Berger ce soir,
10:23 c'est déjà tirer un bord pour renouer les fils du dialogue ?
10:27 Sans doute pas tout de suite.
10:29 Qu'est-ce qui va se passer après ?
10:30 Moi je suis incapable de dire, je ne suis pas dans la tête
10:33 ni de Laurent Berger, ni de la Société syndicale,
10:37 ce soir ce n'est pas fini, je ne pense pas,
10:39 il faut attendre vraiment le 1er mai et les jours qui suivent.
10:43 – Et le 3 mai, il y aura le Conseil constitutionnel
10:46 avec la proposition de Ripley.
10:47 – J'ai une question pour Éric Wörth.
10:49 – Est-ce qu'elle sera moins longue que la précédente ?
10:51 – Elle sera très courte, vous allez voir.
10:53 Est-ce que le problème, ça n'est pas, sinon,
10:56 qu'au fond, Emmanuel Macron, par rapport à la promesse
10:59 qu'il portait de révolution en 2017, sa jeunesse,
11:04 toutes les nouvelles têtes qu'il a mises en avant,
11:06 le renouvellement de l'Assemblée pendant le premier quinquennat,
11:09 est-ce que le problème, c'est qu'au fond,
11:12 il ne fait pas assez de réformes en réalité ?
11:15 Et donc quand il fait, et donc quand il vient faire cette réforme,
11:19 qui à mes yeux, je pense comme vous, sur la réforme des retraites,
11:22 était nécessaire, était une espèce d'ajustement au fond
11:26 pour s'adapter au nombre d'actifs, à l'âge,
11:29 le fait qu'on vit plus longtemps, etc.
11:31 Il arrive avec cette réforme qui aurait pu passer,
11:34 présentée différemment, dans un contexte différent,
11:36 comme une espèce d'ajustement et d'adaptation,
11:38 ça devient l'alpha et l'oméga de la lutte sociale,
11:42 de la lutte des classes, etc.
11:43 Parce que peut-être qu'en fait, de l'autre côté,
11:45 tout le monde est un peu fatigué au sein de cette majorité
11:50 qui n'en est pas une, en tout cas au sein du camp présidentiel,
11:53 et qu'il y a ce, en même temps, qui paralyse un peu
11:56 l'ardeur réformatrice, ou quand même, quand on réforme,
11:59 il faut peut-être choisir, au fond,
12:00 il faut peut-être à un moment donné décider
12:02 si on est de droite ou de gauche.
12:03 - Oui, oui, je n'osais pas le dire, mais on en a 5 minutes.
12:06 - En vérité, c'est vrai qu'on n'a pas de majorité absolue,
12:09 on a une majorité relative, c'est compliqué,
12:11 il y a très peu de gouvernements qui ont été confrontés à ça,
12:13 donc c'est compliqué d'en assurer la bonne marche.
12:15 Le président de la République, il a fait plein d'autres réformes.
12:19 La première de réforme, d'ailleurs, c'est l'impact aujourd'hui
12:21 qu'il y a sur l'emploi, c'est-à-dire le fait qu'il y a plutôt
12:23 une situation économique qui est plutôt bonne,
12:26 parfois même on s'en étonne, certains économistes s'en étonnent.
12:30 On pourrait de temps en temps quand même le reconnaître
12:32 et dire sur un front aussi essentiel que l'emploi
12:35 et la situation économique, c'est absolument fondamental.
12:37 Mais moi, je ne suis pas là pour parler du passé.
12:39 Ce qui m'intéresse ce soir, c'est qu'il a posé...
12:41 - Alors comment continuez à réformer ?
12:42 - Ce qui m'intéresse, c'est que ce soir, il a posé,
12:43 on peut toujours le critiquer, j'ai entendu le flot des critiques,
12:45 mais ça, c'est le jeu français, mais je vois quand même
12:48 qu'il a posé les premiers jalons, une première étape
12:51 où on renoue le fil, où on renoue le dialogue,
12:55 mais on ne le renoue pas uniquement avec des grands mots,
12:58 on le renoue autour d'un certain nombre d'idées assez puissantes,
13:01 ce qui serait très original, ce serait de le faire,
13:03 ce serait que, par exemple, on n'attende plus aux services d'urgence
13:07 à partir de 2024, que tous les profs soient remplacés.
13:10 Honnêtement, si on arrive à faire ce genre de choses,
13:13 si on arrive à retrouver le sens du travail...
13:15 - Au moment où elle a été nommée, elle proposait de mettre en place
13:18 des majorités de projets, là, peu ou prou,
13:21 c'est ce que le président de la République a annoncé ce soir.
13:23 - Pourquoi pas ?
13:24 - Donc est-ce qu'on est dans une histoire qui bégaye,
13:26 puisque là, ça n'a pas fonctionné ?
13:27 On va reprendre ce qui s'était dit.
13:29 - C'est pas que c'est un échec, c'est que ça n'a pas marché.
13:32 - Mais alors, il y a plein d'émissions que vous faites qui ne marchent pas,
13:35 mais vous les reprenez, après, ça marche.
13:37 - Non, non, c'est toi qui reprends ça !
13:39 - La télé, la télé, c'est ça que ça s'arrête.
13:41 - Ça ne marche pas.
13:42 - Oui, c'est vrai, mais en politique, parfois aussi, d'ailleurs.
13:45 - Non, non, ce que je veux dire, c'est que ce qui serait original,
13:50 ce serait de le faire.
13:51 C'est à un moment donné d'arriver...
13:53 - "Original" !
13:54 - Mais "original", ce serait de le faire, c'est-à-dire de trouver des majorités,
13:56 au fur et à mesure du temps,
13:58 qui ne soient pas des majorités de circonstance,
13:59 mais qui soient des majorités...
14:01 Alors, peut-être pas avec un accord global, absolu, etc.
14:03 - Éric Wörth, vous pensez vraiment que, compte tenu de la faiblesse...
14:05 - Sur l'école, vous le pouvez, sur l'immigration,
14:09 la lutte contre l'immigration illégale, si vous le souhaitez.
14:12 - Vous connaissez très bien la politique.
14:14 Est-ce que vous pensez vraiment, aujourd'hui,
14:16 compte tenu de l'état de faiblesse du président de la République,
14:17 de sa majorité,
14:19 les oppositions seraient prêtes à lui faire ce cadeau
14:21 que d'aller vous aider, majorité, texte par texte ?
14:25 C'est le pari que vous avez fait sur les retraites ?
14:26 Ça n'a pas marché ?
14:28 - Si, comme ça.
14:29 - Ah bah non !
14:30 Si ça avait marché, il n'y aurait pas eu de 49.3.
14:31 Il y aurait eu un vote à l'Assemblée.
14:33 - Si ça avait marché, il y aurait eu une motion de censure,
14:35 il y aurait voté, il n'y aurait pas eu de texte.
14:36 - Oui, mais...
14:37 - Je ne veux pas dire que le deal avec les Républicains a fonctionné.
14:41 - C'est autre chose.
14:42 C'est-à-dire que Mélenchon ne soit pas d'accord,
14:44 il est d'accord contre rien,
14:45 il a idéorisé la bordélisation de la société.
14:48 - Ça, c'est un autre sujet.
14:49 - Ça, c'est un autre sujet.
14:50 - Si vous attendez que l'extrême droite soit d'accord,
14:53 ça ne marchera pas.
14:54 - Vous avez vu ce soir le mode d'emploi pour gouverner.
14:58 - Il y a une majorité qui se crée,
14:59 j'espère que ce sera une majorité d'idées, à un moment donné,
15:02 selon les idées qui seront présentées.
15:03 Ce ne sont pas des idées d'eux en même temps.
15:05 Parce que moi, je pense que les réformes,
15:06 elles ne peuvent pas être d'eau tiède.
15:07 Si c'est une réforme d'eau tiède, ça ne sert à rien, au fond.
15:10 Donc il faut des réformes qui soient puissantes,
15:12 qui permettent d'installer la mutation du pays.
15:14 Alors c'est difficile.
15:15 Ça demande des efforts, il faut bien les mesurer,
15:18 il faut justement les répartir.
15:19 - Justement, je crois qu'on regarde là, depuis tout à l'heure,
15:23 un petit peu la question par le petit bout de la lorgnette.
15:25 C'est-à-dire l'idée, est-ce qu'Emmanuel Macron peut s'en sortir
15:28 en allant chercher une partie des Républicains ?
15:30 On sait que tout autre solution lui est impossible.
15:34 Alors même qu'on a une triple crise,
15:36 et que je ne vois pas comment il va tenir 4 ans
15:39 par rapport à cette triple crise.
15:40 Il y a une crise sociale, évidente.
15:42 Le projet de réforme n'est toujours pas accepté.
15:44 Et on a beau avoir des explications qui sont données,
15:48 les gens ont compris qu'on leur demandait de travailler plus,
15:50 et ils ont marre que ce soit toujours les mêmes
15:52 qui fassent des sacrifices.
15:53 Il y a une crise politique, parce que quoi qu'on dise,
15:56 Eric Wörth, le 49-3 ne sera pas toujours possible,
15:59 et il n'y a pas de majorité à l'Assemblée,
16:00 mais il y a aussi une crise de régime.
16:02 Je crois qu'il faut admettre que ce n'est plus acceptable
16:05 que quelqu'un seul comme ça peut, à un moment donné,
16:07 imposer sa loi à tout un peuple et à une Assemblée.
16:11 Moi, j'ai discuté avec des parlementaires d'autres pays en Europe,
16:15 mais ils sont hallucinés quand on leur dit qu'on a des 49-3
16:18 qu'on peut sortir 11 fois, 10 fois pour faire passer le budget,
16:21 parce qu'on est minoritaire,
16:22 une autre fois pour faire passer la réforme des retraites,
16:25 qu'à côté de ça, on peut utiliser un procédé de projet de loi
16:28 de finances réquisificatives qui, normalement,
16:30 sert uniquement à réformer un budget en cours
16:32 et pas à faire des réformes.
16:34 -M. Coquerel, ils sont parfois aussi hallucinés
16:35 quand ils voient que le fait de passer de 62 à 64 ans
16:38 a créé autant de tourments par rapport au régime de retraite
16:41 dans d'autres pays européens.
16:42 -Oui.
16:43 -J'ai aussi discuté avec des parlementaires,
16:45 ils sont hallucinés du comportement du gouvernement.
16:48 -En Espagne, c'est la gauche qui gouverne.
16:51 -La question de la démocratie et de ce qui se passe actuellement
16:55 dans ce pays est un blocage total.
16:57 -Mais si demain, il y avait une dissolution, M. Coquerel,
17:00 on serait dans une situation encore pire.
17:02 -La question...
17:03 -Non, mais...
17:06 Passons aux choses positives.
17:07 -D'abord, il faudrait voir si on est dans une situation pire,
17:09 parce que si demain, il y avait une dissolution,
17:11 je peux vous assurer une chose,
17:12 c'est que je pense qu'il n'y aurait plus beaucoup de partisans
17:14 de M. Macron dans l'Assemblée nationale.
17:15 -Mais vous verriez.
17:16 -Parce que je crois qu'on ne se rend pas compte
17:17 de ce qui se passe dans le pays.
17:19 -Vous n'auriez pas la majorité pour autant.
17:20 -Vous savez ce qu'a dit l'homme mergé ce soir.
17:21 -En tout état de cause, je vous parle...
17:22 -Est-ce que vous avez écouté...
17:23 -Je vous parle de quelque chose qui devrait vous inquiéter.
17:25 -Quand on voit dans les édits d'opinion
17:27 les intentions d'autres en M. Mélenchon,
17:30 c'est pas terrible.
17:31 -Ca provoque à un moment donné une distanciation
17:32 de toujours plus grande, et on la voit élection après élection,
17:34 des concitoyens par rapport à la politique.
17:36 Et c'est pas ce qui est en train de se passer dans le pays,
17:38 c'est-à-dire où on impose une réforme contre leur volonté,
17:41 contre la volonté de l'Assemblée nationale,
17:43 parce qu'un seul homme quasiment l'a décidé
17:46 que ça va améliorer les choses.
17:47 Je pense qu'il faut réfléchir rapidement.
17:49 Il parle de refondation.
17:50 Nous, vous le savez, on est pour une 6e République,
17:52 plus parlementaire, plus de démocratie sociale.
17:55 Je crois qu'il serait temps, justement,
17:57 de le faire de manière pacifique pour éviter,
17:59 à un moment donné, que le pays explose en tension,
18:02 parce que c'est ça qui est en train de se passer.
18:03 -Vous êtes tout le temps en train d'en regretter
18:04 de ne pas être au gouvernement.
18:06 Désolé, c'est pas Mélenchon qui est président de la République.
18:08 S'il était président de la République...
18:09 -Vous, vous êtes minoritaire.
18:11 C'est aussi votre problème.
18:12 -J'aime autant vous dire...
18:13 -C'est aussi votre problème.
18:14 -On avait plus de résultats, on avait plus de pourcentage que vous
18:17 au premier tour de l'Islam.
18:18 -Vous savez bien qu'il n'y aurait pas beaucoup de démocratie
18:21 si Mélenchon était au pouvoir aujourd'hui.
18:22 -Avec Jean-Luc Mélenchon au pouvoir,
18:23 on n'aurait pas une Assemblée nationale
18:25 qui se voit imposée par le temps.
18:26 -Les Insoumis ont quand même voté.
18:28 Vous avez vu les dessins de...
18:30 -L'Amérique latine n'a pas pu être votée
18:35 parce que votre groupe, en l'occurrence,
18:37 a décidé de ne pas aller au bout
18:38 et que ça n'a même pas pu être discuté à l'Assemblée nationale.
18:42 Si, contre l'interfédéral.
18:44 -Le CSEP n'a pas pu être voté
18:45 parce qu'on est passé par un projet de loi de finances rectificative
18:48 où on a estimé qu'en neuf jours,
18:49 il était normal qu'une Assemblée nationale...
18:50 -Les syndicats vous demandaient de retirer vos amendements
18:54 pour aller à l'article 17.
18:55 -Le CSEP n'a pas été fait au sein du Conseil de la République.
18:57 -Le CSEP a été fait au sein du Conseil de la République.
19:00 -On a pas eu de responsabilité collective.
19:01 -Allez, donnez-nous un avis !
19:03 -Arrêtez, je vais te laisser dire un mot.
19:05 -Si on est satisfait de la manière dont on traite l'Assemblée nationale
19:08 et qu'on impose à un moment donné des réformes
19:13 sans même oser faire voter l'Assemblée parce qu'on se sent minoritaire,
19:16 moi, j'appelle pas...
19:17 -Vous, vous êtes...
19:18 -Il y a un vrai problème de démocratie.
19:19 -Si nous sommes minoritaires, vous êtes ultra-minoritaires.
19:22 -Voilà, point. C'est comme ça.
19:24 -C'est vous qui gouvernez.
19:25 -C'est vous qui gouvernez pas la France.
19:28 -Vous avez des propositions à la tête.
19:30 C'est pas celles que veulent les Français.
19:31 Et un gouvernement, il est là aussi de temps en temps
19:34 pour faire des choses...
19:35 -Le retour à l'improportionnel, c'est le retour à la démocratie.
19:37 -Et demain, demain, on voit bien...
19:39 -Vous êtes tellement sûrs de vous
19:41 faire voter un gouvernement qui a réussi les coups.
19:43 -Voter un vote de confiance.
19:44 -Je crois qu'on vous mettra pas d'accord.
19:46 -E. Macron, quand même.
19:47 -Non, non, non.
19:49 -C'est pour ça qu'il vous sent, je pense.
19:51 -C'est pas mal.
19:52 -C'est plus simple.
19:53 -Je trouve quand même que les macronistes, cher Éric Verne,
19:57 enterrent quand même un peu vite le fait que les Insoumis
20:00 ont pris sur eux,
20:02 et moi, je trouve qu'ils ont eu beaucoup de mérite à le faire,
20:04 pour voter Macron entre les deux tours,
20:07 au deuxième tour de la présidentielle de 2022,
20:09 contre Marine Le Pen.
20:10 Emmanuel Macron a quand même tout fait pour se retrouver
20:14 contre Marine Le Pen au deuxième tour, ça a fonctionné,
20:17 et il a fait un discours qui était d'ailleurs assez peu inspiré,
20:23 finalement, c'est une espèce de malédiction,
20:25 ce deuxième quinquennat,
20:26 on sent qu'il y a quand même un problème de souffle,
20:28 mais bon, peu importe, il a fait un discours dans lequel il a dit
20:30 "ce vote m'oblige, en gros, je prendrai en compte
20:34 le fait que des gens qui ne partagent pas du tout mes options
20:36 ont voté pour moi".
20:38 Et là, vous, ce que vous dites, c'est simplement
20:40 "les insoumis, Mélenchon, vous n'êtes pas au pouvoir,
20:43 donc en gros, taisez-vous, attendez votre tour".
20:45 Est-ce que quand même, il ne faut pas un tout petit peu plus
20:48 prendre en compte le fait que les gens qui ont voté Macron
20:50 au second tour de 2022, ils l'ont fait pour d'autres raisons ?
20:54 - Je ne suis pas du tout d'accord.
20:55 Je ne suis pas du tout d'accord, je rappelle l'élection
20:58 de François Mitterrand en 1981,
21:01 il était élu avec 52% des voix,
21:04 bien loin des 58% d'Emmanuel Macron,
21:06 on sait parce que c'est parfaitement documenté historiquement,
21:10 on sait qu'en fait, il n'a été élu que parce que les voix
21:13 des chiraciens se sont portées sur lui pour éliminer Giscard d'Estaing.
21:17 - Mais ce n'est pas du tout vrai.
21:18 - Pardon, je vais jusqu'au bout de mon explication.
21:22 Personne ensuite n'a contesté la légitimité de...
21:29 Pardon, Édith Coquerel, n'ayez pas la tentation,
21:32 Trotsky, d'occuper tout l'espace de la parole,
21:34 laissez-moi terminer jusqu'au bout.
21:36 Personne ensuite n'a contesté la légitimité de François Mitterrand,
21:41 a mené ses réformes, y compris,
21:43 et il a été combattu par les gens qui l'avaient mené au pouvoir.
21:47 - J'adore vous écouter, il a vu une lagerne, il a laissé un mot sur le clavec.
21:51 - Ah bah oui, évidemment.
21:53 - Un dernier mot sur le clavec.
21:56 J'ai entendu ce soir pas mal de paroles,
21:58 des commentaires négatifs,
22:01 j'ai entendu pas mal de paroles de gens censés
22:04 qui souhaitaient pouvoir sortir de la situation,
22:06 et pouvoir construire quelque chose.
22:08 Quand j'entends Laurent Berger indiquer à un moment donné
22:10 qu'il ne reviendra pas à la table des négociations mardi,
22:13 c'est son choix, mais que sur des sujets, sur le travail,
22:16 ils seront là, et ils seront là, évidemment,
22:18 parce qu'on doit continuer à parler, on doit continuer à progresser.
22:21 Et c'était ça le sens du second tour de l'élection présidentielle,
22:23 continuer à faire progresser la France.
22:25 - Eric Coquerel, merci d'avoir été avec nous.

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