Retraites : "Il y aura encore des manifestations avec un noyau de contestataires"

  • l’année dernière
"Toutes les réformes des retraites sont entrées dans les faits. (...) Il y aura encore des manifestations, mais qui se concentreront sur un noyau de contestataires" note Alain Richard, sénateur (RDPI -Renaissance) du Val-d'Oise, vice-président du Sénat.

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Transcript
00:00 – Merci Alain Richard de nous accompagner pendant cette première demi-heure.
00:03 Élu du Val d'Oise, membre du groupe Rassemblement de Démocrates Progressistes et Indépendants,
00:07 c'est le groupe des sénateurs de la majorité présidentielle,
00:09 et vous êtes vice-président du Sénat.
00:12 On va parler de cette allocution d'Emmanuel Macron,
00:15 le chef de l'État qui veut tourner la page, on va le voir dans quelques instants.
00:17 Mais d'abord cette allocution, avec un peu de recul,
00:21 est-ce que vous jugez qu'elle a été utile ?
00:23 – Il faut forcément que le Président indique ce qui va être ensuite la mission
00:29 du gouvernement, des parlementaires et des partenaires sociaux,
00:33 de se donner un certain nombre de projets, d'objectifs, de finalités
00:38 pour la période qui vient.
00:39 Alors il a dit les 100 jours, vraisemblablement une partie de ces travaux vont se prolonger.
00:45 Je crois que l'intention est de dire… – C'est pas le bon cap, c'est un peu…
00:48 – Dans les 3 mois qui viennent, beaucoup de choses seront mises en route.
00:51 Et en effet, après il y a un sujet, disons, d'attente de résultats,
00:56 et il faut qu'il y ait un rythme, c'est-à-dire il faut que les décisions
00:59 qui sont prises portent effet relativement vite.
01:02 – Est-ce que le Président, on a compris, lundi soir il cherche à tourner
01:06 la page de la réforme des retraites, vous pensez vraiment pouvoir
01:08 réussir à tourner cette page ?
01:10 – Toutes les réformes des retraites qui ont eu lieu depuis 20 ans,
01:14 et peut-être même d'ailleurs c'est une qui était assez problématique,
01:19 enfin qui rendait la retraite moins intéressante.
01:23 La première a été prise par le gouvernement d'Édouard Balladur en 94,
01:26 si j'ai bonne mémoire.
01:29 Toutes ces retraites, toutes ces réformes sont entrées dans les faits,
01:32 et sont entrées aussi dans les réflexions et dans la sensibilité des Français.
01:37 Donc je…
01:38 – Vous ne croyez pas que les oppositions disent qu'elles reviendront plus
01:41 dans les maux de pouvoir, vous les croyez pas ?
01:44 – Personne ne l'a jamais fait.
01:46 Cela dit, j'ai quand même vu mes collègues socialistes,
01:52 dans la difficulté politique, signer un accord politique,
01:57 celui de la NUPES, disant "nous sommes pour la retraite à 60 ans".
02:01 Alors que naturellement, quand nous étions aux responsabilités ensemble,
02:06 personne n'a envisagé de rabaisser l'âge de la retraite qui était de 62 ans,
02:11 et on a rajouté la condition des 42 ans d'activité à l'époque.
02:16 Donc je crois que même si c'est une réforme qui entraîne en effet
02:22 un effort supplémentaire, les Français vont entrer dedans, oui.
02:26 – Mais on le voit le présent de l'arrivée.
02:27 – Et il y aura encore pendant les mois, peut-être les semaines qui viennent,
02:33 des manifestations de mécontentement, mais qui je crois seront concentrées
02:37 de plus en plus sur un noyau militant de personnes qui de toute façon
02:42 ont envie de contester le pouvoir actuel,
02:44 en oubliant qu'elles ont été placées en minorité par les électeurs.
02:48 Et il y aura donc des incidents, des choses déplaisantes,
02:52 par exemple au moment des déplacements ministériels.
02:54 – Il aura du mal à se déplacer le chef de l'État ?
02:56 – Oui mais après c'est quand même préparé de façon assez professionnelle,
03:00 donc il n'y a pas trop d'imprévus.
03:01 – Il veut renouer avec les Français, on le voit,
03:03 il sera cet après-midi en Alsace, demain dans l'Hérault.
03:05 Vous pensez que c'est possible, ou le lien est rompu entre lui et les Français ?
03:10 – Non, je pense qu'il y a un quart des Français qui sont très hostiles
03:15 à la politique que nous menons, et c'est vrai que ça s'assortit souvent
03:20 d'une crispation ou d'une aversion à l'égard de la personne du chef de l'État.
03:25 Et il y a un autre quart, un même un peu plus important,
03:28 qui dit "bon ça va à peu près, c'est ce qu'on souhaitait,
03:31 c'est ce qu'on croit souhaitable pour nous et pour le pays".
03:34 Et puis au milieu, il y a un éventail d'opinions et de positions
03:41 des Français dans la vie publique qui sont en désaccord sur certains points
03:46 mais qui peuvent aussi reconnaître qu'il y a des domaines
03:49 dans lesquels on a progressé, on va continuer à progresser.
03:53 – Comment vous faites pour les reconquérir ces Français ?
03:55 Qu'est-ce qu'il faut faire ?
03:56 Qu'est-ce que doit faire la majorité présidentielle ?
03:58 – Je crois qu'il y a deux sujets qui me paraissent, moi, premiers.
04:04 L'un des sujets sur lequel les projecteurs ont été mis par la réforme des retraites,
04:09 c'est les conditions de travail, la sécurité au travail,
04:12 la prévention de l'usure professionnelle,
04:15 notamment pour les gens dans la deuxième moitié de la vie professionnelle.
04:19 Donc là, il y a des accords professionnels, des arrangements,
04:22 parce qu'on parle toujours de l'épaisseur du code du travail,
04:26 60 ou 70% – et c'est heureux – de cette épaisseur,
04:30 résultent d'accords entre les organisations syndicales et les employeurs
04:35 pour améliorer des garanties, des protections, etc.
04:38 Donc je pense qu'il y a besoin d'une phase supplémentaire
04:41 pour accompagner, mieux encadrer, mieux soutenir
04:44 la deuxième partie de la vie professionnelle,
04:46 et ça englobe de retravailler sur le sujet de qui est considéré
04:50 comme en pénibilité pour le calcul de la retraite anticipée,
04:54 ça c'est le premier sujet, le deuxième sujet c'est le système de santé,
04:58 qui est à la fois extraordinairement performant
05:01 quand on voit la qualité de soin dont nous sommes capables,
05:05 et qui a des problèmes d'effectifs et d'organisation,
05:09 qui fait que nous devons au moins garder les emplois que nous avons,
05:12 et améliorer le recrutement encore pour les personnels médicaux,
05:17 et le distribuer correctement sur le territoire.
05:20 – Sur la question du travail, parce qu'effectivement c'est un chantier important,
05:24 on pensait que la loi travail serait présentée avant l'été,
05:27 hier le chef de l'État a dit qu'il laissait aux partenaires sociaux
05:30 jusqu'à la fin de l'année pour négocier le nouveau pacte sur la vie au travail,
05:33 est-ce que ça veut dire que la loi travail ne sera pas présentée avant l'été ?
05:36 – Je me pose aussi la question, et précisément,
05:39 ça correspond au premier moment de notre échange,
05:43 moi ça faisait un moment qu'en observant, en participant à tous ces débats,
05:47 je me disais, la loi travail en fait, nous avons que le quart des articles à écrire,
05:51 le reste viendra des partenaires sociaux.
05:54 Donc si on veut que ce soit conclusif,
05:57 si on veut que ça apporte vraiment des changements qui soient positifs pour les salariés,
06:02 et qui permettent de garder tous les salariés au travail,
06:06 c'est aussi ça, c'est de ne pas multiplier les conneries de maladie, les inaptitudes etc.
06:11 il vaut mieux qu'ils prennent un peu le temps.
06:13 – Donc on le renonçait à la présentée avant la fin de l'été.
06:15 – Ça nous posera un problème de management du calendrier,
06:19 puisque on a du mal à passer plusieurs textes importants pendant la session,
06:24 on a le projet de loi de finances et le financement de la sécurité sociale,
06:27 mais je pense qu'il faudra qu'on le fasse.
06:29 – Donc vous conseillez d'attendre la fin de l'année.
06:32 Laurent Berger a dit qu'il finirait par retourner à la table des négociations,
06:37 vous comprenez sa position,
06:39 vous comprenez qu'hier les syndicats ne se soient pas rendus à l'Élysée ?
06:42 – Oui bien sûr, en plus Laurent Berger,
06:46 c'est quand même l'homme qui a amené la CFDT,
06:50 après des situations où, enfin moi j'ai connu à d'autres époques,
06:55 des situations dans lesquelles en gros le poids de la CFDT,
06:58 c'était la moitié du poids de la CGT.
07:01 Il a, enfin ses prédécesseurs aussi,
07:04 mais il est celui sous la bannière duquel, sous l'autorité duquel,
07:08 la CFDT dans les élections professionnelles,
07:10 quand les salariés votent, a obtenu la première place de représentativité.
07:15 Et mon sentiment, mais je peux être jugé un peu partial,
07:19 est que l'écart continue à se creuser,
07:23 que la CFDT gagne encore en niveau de confiance.
07:27 Donc il avait un mandat de son syndicat,
07:32 alors que le débat avait lieu au sein du syndicat,
07:35 en disant est-ce qu'on accepte une nouvelle réforme des retraites
07:38 parce qu'on voit bien que le système ne va pas s'équilibrer,
07:40 c'est du genre parfaitement responsable.
07:43 Le résultat du congrès, donc une représentativité de la base de la CFDT,
07:47 a abouti à dire non, on ne négociera pas sur ce point-là.
07:50 Donc il a tenu sur cette position, il l'a fait loyalement,
07:53 et moi je n'ai pas de critique à porter sur la façon dont il s'est exprimé.
07:59 – Emmanuel Macron n'a pas été trop dur avec lui,
08:01 il s'en est beaucoup pris à la CFDT, c'est une erreur.
08:03 – C'est un sentiment de déception,
08:06 parce que c'était naturellement le partenaire
08:09 avec lequel on pensait pouvoir dialoguer.
08:13 Mais je crois qu'il faut qu'on sache, enfin je me mets à la place du président,
08:18 il faut qu'on sache dominer ce sujet de désaccord et de mésentente
08:24 au moment des retraites, et il est clair que sur un sujet en particulier
08:27 comme les progrès concrets vécus à partir des conditions réelles de travail
08:31 sur lesquelles on va pouvoir travailler, la CFDT est à mon avis
08:36 l'interlocuteur qui travaille le plus.
08:39 – Hier Bruno Le Maire et Gabriel Attal ont tous deux parlé du plan de lutte
08:42 contre la fraude fiscale et sociale, il sera présenté en mai
08:46 et Bruno Le Maire a eu cette phrase qui a fait réagir,
08:48 "nos compatriotes en auront le bol de la fraude,
08:50 ils en auront le bol de voir des personnes qui peuvent toucher des aides
08:52 qu'ils paient eux-mêmes et les renvoyer au Maghreb ou ailleurs
08:55 alors qu'ils n'y ont pas le droit, le modèle social n'est pas fait pour ça".
08:59 Vous approuvez ces propos ?
09:00 – J'aurais eu mal à… comment dire ?
09:06 D'abord le sujet de la lutte contre la fraude est en préparation
09:09 donc le gouvernement, Gabriel nous en parle pratiquement tous les 15 jours,
09:14 ça fait 3 ou 4 mois que le gouvernement travaille là-dessus
09:16 donc ça ne sort pas du chapeau.
09:18 Deuxièmement, toute fraude, enfin beaucoup de fraudes sont internationales,
09:24 une partie importante des pertes que nous faisons en recette de TVA par exemple
09:30 viennent de manipulations qui consistent à faire entrer et sortir,
09:33 parfois fictivement d'ailleurs, des marchandises imposables
09:36 de France et à la sortie.
09:39 Donc en ce qui concerne la fraude sociale, c'est-à-dire les manœuvres ou les faux
09:45 qui aboutissent à faire bénéficier une personne de prestations
09:51 auxquelles elle n'a pas le droit,
09:52 bien une partie se fait, c'est vrai, dans des familles
09:56 qui ont une branche de la famille en France
09:59 et une autre branche de la famille dans un pays d'émigration.
10:02 Donc franchement, de dire que ceci est une offense à quoi que ce soit,
10:08 c'est juste une réalité que chacun connaît et ce n'est pas scandaleux de le mentionner.
10:15 – On va parler de Taïwan, puisque vous êtes président
10:17 du groupe d'études France-Taïwan au Sénat.
10:19 Les récents propos d'Emmanuel Macron sur la Chine et Taïwan
10:22 ont provoqué la consternation de nos alliés.
10:25 On en parle avec notre journaliste parlementaire, Steve Jourdin.
10:28 [Générique]
10:34 – Bonjour Steve. – Bonjour Yann, bonjour M. le Sénateur.
10:37 – Et Steve, Emmanuel Macron a suscité quelque peu la polémique la semaine dernière
10:40 avec ses propos sur Taïwan, vous nous rappelez l'effet ?
10:42 – Oui, trois jours de visite d'État en Chine,
10:44 une interview, une quasi-crise diplomatique.
10:47 On va voir les propos qui ont suscité effectivement un tollé auprès de nos alliés.
10:51 On est dans l'avion entre Pékin et Canton,
10:53 Emmanuel Macron déclare à nos confrères des Échos la chose suivante,
10:56 "Avons-nous intérêt à une accélération sur le sujet de Taïwan ?
11:00 Non, la pire des choses serait de penser que nous, Européens,
11:03 devrions être suivistes sur ce sujet et nous adapter au rythme américain
11:07 et à une surréaction chinoise.
11:09 Le piège pour l'Europe serait qu'au moment où elle parvient à une clarification
11:13 de sa position stratégique, elle soit prise dans un dérèglement du monde
11:16 et des crises qui ne seraient pas les nôtres."
11:18 Fin de citation, levé de bouclier à Washington et dans les capitales européennes.
11:22 On reproche notamment à Emmanuel Macron de ne pas choisir entre la démocratie américaine
11:27 et le totalitarisme chinois qui ambitionne de mettre la main sur Taïwan.
11:31 Quelques heures plus tard, le chef de l'État a précisé sa pensée. Écoutez-le.
11:35 – France est pour le statu quo à Taïwan.
11:38 La France soutient la politique d'une seule Chine
11:41 et la recherche d'un règlement pacifique de la situation.
11:44 C'est d'ailleurs la position des Européens.
11:46 Et c'est une position qui, de tout temps, a été compatible avec le rôle d'allié.
11:52 Mais c'est justement là que j'insiste sur l'importance de l'autonomie stratégique.
11:55 Être allié ne signifie pas être vassal.
11:57 Ce n'est pas parce qu'on est allié, qu'on fait des choses ensemble,
11:58 qu'on décide de faire, qu'on n'a plus le droit de penser tout seul.
12:01 – Et Siv, que peut la France dans ce conflit alors que, rappelons-le,
12:04 nous n'avons pas de relation diplomatique avec Taïwan ?
12:06 – Oui, c'est vrai, officiellement, Paris n'entretient pas de relation avec l'île
12:09 mais officieusement, des échanges existent bel et bien.
12:12 Il y en a même beaucoup, notamment en matière économique, en matière scientifique.
12:16 Un chiffre pour vous montrer l'importance de Taïwan dans l'économie mondiale.
12:20 L'île produit près de 60% des semi-conducteurs de la planète.
12:24 Il s'agit de ces puces électroniques indispensables pour les voitures,
12:27 les avions, les smartphones.
12:29 Et qui dit enjeu économique, dit aussi intérêt politique.
12:32 Pour l'Occident, des parlementaires se rendent donc régulièrement sur l'île.
12:36 On va voir des images de sénateurs en visite à Taïwan.
12:39 C'était début septembre, 5 élus ont été accueillis,
12:42 on le voit par les autorités locales.
12:45 En ce qui vous concerne, Anna Richard, vous aviez fait le déplacement,
12:48 c'était en 2021, vous êtes, on le rappelle, le président du groupe d'échange et d'études Sénat Taïwan.
12:54 Après les propos d'Emmanuel Macron, vous dites quoi aux Taïwanais ?
12:57 Pardon pour cette bourde ?
13:00 – Non, ce n'est pas l'expression que j'emploierais.
13:02 Je dirais simplement que le président a trop résumé sa pensée
13:07 et a trop concentré l'expression de ce qu'il voulait dire.
13:10 – C'est une gaffe.
13:11 – Son sujet était la relation Europe-États-Unis dans la discussion avec la Chine.
13:18 Et ce qu'il voulait montrer, c'est qu'il y avait tellement d'intérêt en jeu,
13:21 que ce soit de sécurité ou économique,
13:24 que les Européens devaient manœuvrer collectivement
13:27 et ne pas forcément suivre les initiatives des États-Unis.
13:32 Parce que, il ne faut pas qu'on ait la mémoire trop courte,
13:34 les initiatives des États-Unis, ça peut hausser des initiatives à la Trump,
13:39 avec des effets problématiques.
13:41 – On a compris, c'est qu'Emmanuel Macron a précisé ses propos,
13:43 mais vous dites que c'était une gaffe ou une erreur.
13:46 – Ce qui, moi, m'a paru ennuyeux, c'est qu'il emploie l'expression des crises
13:51 qui ne sont pas les nôtres.
13:52 Alors qu'il venait de parler des relations avec la Chine,
13:56 de dire que la situation, la tension sur Taïwan n'est pas notre problème,
14:02 ça, ce n'est pas ce qu'il pensait.
14:04 Et donc, c'est pour ça qu'il y a eu besoin d'une rectification.
14:07 – Il a parlé trop vite.
14:08 – Et par ailleurs, il y a une tension entre Européens, ça c'est vrai,
14:13 entre ceux qui pensent, et nous sommes parmi, évidemment, les premiers,
14:17 les premiers historiquement, à dire l'Europe doit assumer sa propre protection,
14:22 même s'il y a une alliance avec les États-Unis,
14:24 qui est une alliance régionale,
14:26 qui porte sur la sécurité de l'Europe et de l'Amérique du Nord.
14:31 Ça n'est pas une alliance qui porte sur la situation dans le monde entier.
14:35 Même s'il y a une coopération.
14:36 Donc, nous pensons que dans cette alliance,
14:39 l'Europe doit assumer plus et plus fortes responsabilités,
14:42 ce qui implique d'ailleurs de mieux s'armer.
14:45 On voit les déficits à l'heure actuelle,
14:48 alors qu'une partie de nos amis européens,
14:51 et je pense notamment à la Pologne, ça c'est le cas le plus flagrant,
14:54 disent "nous n'avons confiance que dans la protection des États-Unis".
14:57 Donc, l'idée d'une défense européenne autonome nous paraît être mal placée.
15:02 – En creux, dans les propos d'Emmanuel Macron,
15:04 il rejette un peu la tension dans le Détroit de Taïwan sur les États-Unis.
15:09 Est-ce que c'est ce que vous avez aussi entendu ?
15:11 Est-ce que vous êtes d'accord avec cette analyse ?
15:14 – Voilà, vous avez bien fait de me remontrer la phrase écrite.
15:17 Il n'a pas dit ça exactement, mais quand vous parlez de rythme américain
15:21 et de surréaction chinoise, et que vous êtes en Chine,
15:27 vous faites comprendre que ce qui se passe à Taïwan
15:31 viendrait d'une action américaine sur laquelle les Chinois réagiraient.
15:35 Alors, c'est vrai qu'il y a eu la visite de Mme Pelosi,
15:37 qui n'était pas forcément tout à fait judicieuse,
15:40 et qui n'était pas demandée par les Taïwanais d'ailleurs.
15:42 Mais la propension de la Chine, enfin le pouvoir chinois actuel,
15:47 à vouloir exercer une pression armée sur Taïwan
15:52 jusqu'à la reconquête par la violence, ce n'est pas une idée américaine.
15:57 Et d'ailleurs, les États-Unis continuent à dire
16:00 qu'ils n'ont pas de traité d'alliance avec Taïwan
16:05 et qu'ils ne considèrent pas que l'action américaine
16:08 serait automatique dans une telle situation.
16:11 – Vous allez, je crois, faire le déplacement à Taïwan dans quelques jours.
16:14 – Oui.
16:14 – Quel est l'objectif de ce déplacement ?
16:16 – C'est de se concerter avec, d'abord, nos partenaires parlementaires
16:21 et parler des évolutions de législation et des progrès qui se font chez eux.
16:26 Mais c'est aussi, en effet, dialoguer avec le gouvernement
16:30 sur leur situation de sécurité et puis sur les échanges économiques
16:33 du fait que Taïwan, ils le font parfois remarquer malicieusement,
16:39 pourrait être au G20, puisque c'est la 20ème économie mondiale.
16:44 Donc nous avons beaucoup de relations,
16:46 notamment sur le champ, évidemment, des process électroniques.
16:50 – Et donc vous y allez dans quelques jours avec une partie des sénateurs ?
16:53 – Oui, nous sommes une délégation de 5
16:55 et avec une représentativité des différents groupes.
17:00 – Merci Steve.
17:00 – Si on y revient, on parlera de la faute fiscale et de la faute sociale tout à l'heure.
17:03 – Ce sera à suivre dans le Club.
17:05 Un mot sur la loi de programmation militaire.
17:06 Alain Richard, vous êtes ancien ministre de la Défense.
17:08 Le gouvernement souhaite adopter cette loi 2024-2030 d'ici l'été.
17:12 413 milliards d'euros, c'est le budget.
17:15 Mais le texte a connu un premier revers à l'Assemblée nationale,
17:18 suspendu de l'ordre du jour parce que les Républicains,
17:20 suivis par les autres oppositions, ont mis en cause l'étude d'impact
17:23 qui porte sur les dispositions financières.
17:25 Le Conseil constitutionnel doit se prononcer.
17:27 Vous comprenez la démarche des Républicains ?
17:29 – Je la comprends comme une manœuvre d'opposition.
17:32 Ça fait partie... Ils ont le droit de soulever ce problème.
17:36 Et pour la première fois depuis longtemps,
17:38 il n'y a pas une majorité qui suit habituellement le gouvernement
17:43 au sein de la conférence des présidents.
17:44 La règle qui a été fixée par une réforme constitutionnelle,
17:47 qui est juste à mon avis, en 2008, c'est qu'un projet de loi
17:52 apporté par le gouvernement doit comporter toute une série de documentations
17:55 et de justificatifs qui démontrent que la solution de faire une nouvelle loi
18:00 se justifie et va produire, on en attend, des résultats
18:04 qu'on est capable d'évaluer et de chiffrer.
18:07 – Mais sur le fond, c'est justifié ou c'est une démarche politique ?
18:09 Ou il y a de vraies lacunes financières ?
18:10 – On va voir ce que va dire le Conseil constitutionnel.
18:12 Mais il y a quand même une masse d'informations et de données
18:17 qui permettent de voir ce que va être l'impact de cette loi de programmation militaire
18:21 sur 6 ans avec une série de transformations industrielles,
18:26 comme c'est l'objet des lois de programmation depuis le général de Gaulle.
18:30 Donc, il me semble qu'il y a largement de quoi informer le Parlement
18:35 sur ce que vont entraîner les mesures de la loi de programmation,
18:39 mais en droit, la conférence des présidents peut dire "stop,
18:42 nous demandons à ce que le Conseil constitutionnel atteste, vérifie
18:47 que l'étude d'impact est suffisante".
18:49 Et le gouvernement peut aussi compléter l'étude d'impact,
18:52 apporter des données supplémentaires pour faciliter le dialogue.
18:55 Donc moi, je ne perds pas espoir, après tout, on peut siéger jusqu'au 20 ou 25 juillet,
19:00 je ne perds pas.
19:01 – Donc pour vous, ça n'enlèvera pas le fait que la loi sera adoptée en été ?
19:03 – Non, en plus, pardon, mais c'est vraiment viser un peu à côté de la cible,
19:06 parce que tout le monde voit que la loi de programmation militaire
19:09 apporte un soutien très important à nos armées,
19:12 permet d'accélérer un certain nombre de programmes et d'aboutir à la dotation
19:17 en armement au dernier état de technique de nos armées.
19:23 Donc sur le fond, je suis à peu près sûr que tout le monde va voter pour à la fin.
19:27 – Et un mot, donc pas de conséquences pour vous sur le calendrier,
19:30 sur les fabricants d'équipements, là non plus pour vous, ça n'aura pas de conséquences ?
19:34 – C'est le contraire, la loi de programmation, j'allais dire, est faite pour eux.
19:37 Elle est faite en tout cas pour leur dire, voilà, ce qui va se passer.
19:41 Non, non, le retard, il va se compter en semaines.
19:44 – Donc pas d'impact.
19:45 On va aller voir l'actualité du côté de chez vous.
19:48 On va à Sergy, retrouver Romain Chiron.
19:50 Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous,
19:52 chef d'édition du Parisien Valdoise.
19:55 Et Romain, on revient avec vous sur l'aménagement du Triangle de Gonesse.
20:00 Quels sont les enjeux d'abord ?
20:02 – Les enjeux, ils durent depuis maintenant plusieurs années.
20:07 L'enjeu, c'était un énorme projet d'urbanisation sur ces terres agricoles
20:12 avec le projet Europa City, un méga complexe de loisirs,
20:16 commerces et restaurants soutenus par la majorité des aînés locaux.
20:21 Mais contesté par les associations de défense de l'environnement.
20:28 Ce projet a finalement été abandonné en 2019 par Emmanuel Macron
20:32 qui jugeait ce modèle dépassé.
20:35 Ça n'a pas forcément mis fin à tous les projets d'aménagement.
20:38 Il y en a toujours qui sont en cours et notamment une gare du Grand Paris Express
20:42 qui doit arriver à l'horizon 2028,
20:47 une gare au milieu des champs selon ses détracteurs.
20:50 Moi je voulais interroger M. Richard sur le rôle de l'élu local sur ce genre de projet.
20:58 Vous avez été maire de Saint-Ouallemont pendant longtemps,
21:00 député du Val-d'Oise également.
21:02 Je voulais savoir en tant qu'élu local,
21:05 est-ce que les enjeux économiques avec les retombées d'emplois qu'il y a aussi derrière,
21:10 est-ce que ça prend le pas ou pas sur les enjeux environnementaux ?
21:18 Écoutez, nous avons transformé toute l'île de France depuis deux siècles en réalité.
21:23 Si vous prenez la carte de l'île de France au début du 19e siècle et la carte aujourd'hui,
21:30 il est clair que nous avons transformé cet espace
21:32 et que l'agriculture et la nature y ont perdu la disponibilité
21:38 et que les hommes et leurs activités et leurs conditions de vie
21:42 ont occupé une place plus grande et puis la mobilité est devenue plus importante.
21:45 On a créé tout le réseau de transport public.
21:48 Donc je sais bien que nous devons aller vers un ralentissement
21:53 puis un arrêt de la consommation d'espace.
21:56 Encore faut-il qu'on sache bien mesurer quand on consomme de l'espace
22:00 en perdant de la biodiversité car il y a aussi de la biodiversité dans les espaces urbains
22:05 et c'est notre job en tant qu'élu locaux de la préserver et de la renforcer.
22:10 Et donc pour aller sur le sujet du triangle,
22:14 je rappelle que c'est une zone d'aménagement prévue par l'État depuis plus de 15 ans
22:20 et qui a un objectif d'emploi pour l'essentiel
22:23 puisque nous sommes à la croisée des voies de transport et des voies routières
22:30 qui viennent de l'aéroport Charles de Gaulle et du Nord
22:36 et donc ces terrains-là ont vocation à fournir de l'activité supplémentaire
22:41 et vous n'ignorez pas que ce même secteur est marqué par 5 ou 6 grandes communes
22:47 qui sont Villiers-le-Bel, Sarcelles, Garges, Gonesse, Goussainville
22:52 qui sont des cités populaires dans lesquelles il y a encore des déficits d'emploi.
22:57 Donc moi je n'ai pas de doute qu'une partie en tout cas du triangle de Gonesse
23:03 doit être comme c'est prévu, comme c'est dans les textes,
23:05 comme c'est dans la régularité, urbanisé
23:09 et urbanisé pour fournir de l'activité économique et de l'emploi.
23:13 – Robin, une autre question ?
23:15 – Non effectivement, ça rejoint ma question,
23:19 c'est très difficile aujourd'hui je pense de concilier
23:25 cette problématique de préservation des terres agricoles
23:28 et effectivement avec cette nécessité de développement économique
23:31 dans un département en plus qui est le plus jeune d'Île-de-France,
23:34 qui est très dynamique et où il y a des aménagements qui sont nécessaires à faire.
23:38 – Oui. – Avec un conseil qui est peu important aussi.
23:42 – Oui mais plus d'emplois hors de Paris
23:48 veut dire aussi moins de concentration, moins de tensions urbaines,
23:53 c'est-à-dire que quand vous regardez le parcours depuis 20 ou 25 ans,
23:56 la proportion des emplois d'Île-de-France qui sont hors de Paris
23:59 et qui se développent dans des sites mieux adaptés,
24:02 avec un peu d'espace et de possibilité d'évolution dans le temps,
24:07 depuis la création de la Défense il y a plus de 60 ans,
24:12 c'est un process qui continue à se développer
24:14 et qui est sain à mon avis pour une agglomération.
24:17 La présidente de la région parle maintenant d'une région des 20 minutes,
24:21 c'est-à-dire qu'on est son emploi, sa formation, son lycée, etc.
24:27 à relativement proximité de chez soi sans avoir à tout faire en passant par Paris.
24:32 Il me semble que l'aménagement du triangle,
24:35 un endroit qui est déjà desservi et où on n'est pas à 100 ou 150 hectares
24:40 d'agriculture de plaine près,
24:44 il me semble vraiment que c'est un projet qu'il faut soutenir.
24:49 – Puisqu'on parle de votre département,
24:50 Richard, vous faites partie des départements renouvelables
24:53 pour les sénatoriales de septembre, vous serez candidat à votre réélection ?
24:56 – Oui, je serai candidat.
24:58 – Merci, merci pour l'information.
25:00 – Je commencerai à présenter ma campagne et ma liste dans quelques semaines, oui.
25:05 – Et on suivra tout ça.
25:06 Merci Alain Richard, merci d'être venu nous voir.
25:08 Merci Romain Chiron d'avoir été avec nous.
25:10 La Une du Parisien, c'est Carrefour,
25:12 lève le tabou sur les congés menstruels.
25:14 C'est la Une du Parisien ce matin.
25:16 Merci beaucoup Romain d'avoir été avec nous.
25:18 Merci Alain Richard d'être venu nous voir pendant cette première demi-heure.
25:22 – C'était un plaisir.
25:24 – C'était un plaisir, merci, merci beaucoup.
25:27 Dans 20 minutes, dans le Club des territoires,
25:28 on parlera d'Emmanuel Macron, peut-il tourner la page de la réforme des retraites
25:32 comme il le souhaite, il multiplie les déplacements,
25:34 on va voir tout ça dans le Club.
25:36 Et on en parle tout de suite avec notre invité Sébastien Chenu, nous rejoignons.

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