INTERVIEW VIDEO. Nemo Schiffman (Maman, ne me laisse pas m’endormir) : "Je n’avais pas conscience de la claque que j’allais prendre"

  • l’année dernière
A l'occasion de la diffusion sur France 2 de Maman, ne me laisse pas m'endormir, Nemo Schiffman se livre à Télé Star sur ce rôle poignant

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Transcription
00:00 Je suis arrivé un peu naïvement sur ce projet en me disant
00:06 évidemment il faut que je lise le livre, c'est une histoire vraie mais bon c'est un rôle.
00:10 La chance de pouvoir jouer un rôle hyper complexe, d'un addict et tout, ça me plaisait
00:14 mais je n'avais pas conscience de la claque humaine que j'allais me prendre
00:18 et de l'intensité de ce qu'allait être incarner quelqu'un qui avait vécu.
00:21 Je me suis mis, je ne sais pas si c'est légitime ou pas, mais une pression de rendre un hommage juste
00:27 pour tous les gens qui aimaient Joseph, pour toute la famille de Joseph, tous les amis de Joseph.
00:31 Sur le tournage, le troisième assistant était le vrai frère de Joseph, qui s'appelle Max et qui est interprété dans le film.
00:37 Et il m'a accueilli à bras ouverts et on a énormément parlé de Joseph, j'ai vu plein de vidéos, plein de photos.
00:44 Il m'a raconté sa vie, comment il était. Je ne me suis pas non plus basé là-dessus pour l'imiter,
00:49 je n'avais pas du tout envie d'imiter Joseph, je savais qu'on faisait une fiction et que je devais en faire ce que j'étais.
00:53 Mais du coup, j'ai été habité par tout ça et très vite, j'ai senti Joseph très présent.
00:58 Parfois, je lui parlais, il m'accompagnait, c'était un peu une expérience mystique.
01:03 Ça a été vraiment un travail d'incarnation, de ce qu'était se ressentir le manque, de ce qu'était être addict,
01:12 mais aussi plein de vie, plein de lumière, parce que c'est ça que voulait Sylvie.
01:15 Au bout du compte, c'est un ado comme les autres, c'est un charmeur, c'est un tchatcher.
01:18 Il a sa copine, il a ses potes, il fait la teuf, il est content. Ce n'est pas quelqu'un qui a envie de mourir,
01:23 c'est juste quelqu'un qui a angoisse à la base et qui prend des médocs parce que ça le calme.
01:27 Mais je me souviens au début, quand j'ai eu le rôle, j'étais hyper content.
01:30 J'ai tout de suite dit à Sylvie, est-ce que je peux aller rencontrer des addicts ?
01:33 Tu n'aimerais pas que j'aille dans des centres ? Elle m'a dit pas du tout, pas du tout, pas du tout.
01:36 J'ai envie que tu arrives avec ta naïveté de jeune homme et que tu traverses ce truc, mais comme l'a traversé Joseph.
01:42 Joseph n'était pas conscient des risques. Joseph se prend tout dans la gueule, il arrive en cure de désintox,
01:46 il voit des gens, mais c'est des caméos à l'héroïne et tout. Il pense qu'il n'a rien à faire là.
01:51 Que Sylvie m'ait préservé de cet aspect-là, de l'addiction et de la maladie, je pense que ça a été très malin de sa part.
01:57 Ça a été important dès que j'ai lu le livre. Je ne connais pas d'addict au médicament.
02:06 C'est vraiment infime le nombre de gens qui savent à quel point on peut devenir addict en si peu de temps.
02:11 En lisant le livre, j'en ai pris conscience. J'ai regardé beaucoup de documentaires.
02:16 Il y a des femmes de 40 ans qui ont une vie hyper établie avec leur mari,
02:22 qui pour un accident au genou commencent à prendre du tramadol ou du fentanyl et deviennent addicts.
02:27 Ça leur pourrit la vie. C'est ouf.
02:29 En fait, ce qui est fou, c'est que là où la drogue, la cocaïne, les joints, c'est des gens qui aiment faire la fête,
02:34 là, ça peut arriver à tout le monde.
02:36 C'est hallucinant le nombre de minutes qui suffit pour qu'un médecin généraliste vous file un tranquillisant, un anxiolytique.
02:43 C'est impressionnant, vraiment.
02:44 Joseph, c'était quelqu'un qui était plein de vie, qui à aucun moment avait envie de mourir.
02:53 Ça déjà, je pense qu'il faut que ce soit dit.
02:55 Par contre, tout part d'un joint qui mène à une première crise d'angoisse.
03:00 On angoisse d'angoisser, c'est un cercle infernal, les crises d'angoisse.
03:03 De toute façon, après, on angoisse tout le temps et du coup, il se fait prescrire des médocs.
03:07 Ça le tranquillise.
03:08 Mais du coup, il n'angoisse plus. Alors, pourquoi s'en passer ?
03:11 Et du coup, c'est une machine infernale.
03:13 Mais à la base, ce n'est pas du tout quelqu'un qui veut combler un vide.
03:15 C'est juste quelqu'un qui est angoissé à cause d'un mauvais batterie de joint
03:19 et qui est tombé là-dedans, mais contre sa volonté.
03:21 C'est un rôle qui m'a énormément marqué.
03:28 Je suis devenu très proche de la famille de Joseph.
03:30 En fait, j'ai découvert le film il y a une semaine.
03:32 On a organisé une projection avec Gwendoline.
03:34 Et j'ai senti un immense poids tomber de mes épaules.
03:37 Une fois que je l'ai vu, c'est là que j'ai fait rendre compte que je n'en étais pas totalement sans.
03:40 Alors que je pensais que oui.
03:42 Le voir, l'objet fini, je me suis dit, c'est bon, il existe.
03:45 Joseph sera toujours partie de ma vie.
03:47 Mais du coup, je crois que j'ai été un peu quitté par cette histoire au moment où je l'ai vu.
03:52 Et je me suis dit, c'est bon, elle existe d'elle-même. Je n'ai plus à la porter avec moi.
03:55 [Musique]

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