Une étudiante interpelle Élisabeth Borne: l'intégrale de l'interview de Nina Fleury-Panel

  • l’année dernière
Nina Fleury-Panel, l'étudiante qui a interpellé Élisabeth Borne à Matignon, mercredi soir, est l'invitée de BFMTV.
Transcript
00:00 Alors on m'a demandé de venir à Matignon pour une carte blanche,
00:04 justement dans le fait que j'ai gagné un concours de prise de parole.
00:07 On s'attendait à ce que je fasse une carte blanche, un peu sur le rêve,
00:12 qui puisse ensuite servir notamment les politiques de Macron envers les jeunes
00:17 et servir les rencontres pour Matignon.
00:20 Et voyons, cette occasion de m'adresser à la Première Ministre,
00:24 je l'ai saisi pour dire finalement ce que j'avais sur le cœur.
00:29 Et puis parler aussi de ce mépris social que j'avais entendu plus tôt
00:34 dans la conversation de deux heures qui avait précédé.
00:38 Qu'est-ce que vous reprochez concrètement à la Première Ministre et à Emmanuel Macron ?
00:42 Alors il y a plusieurs choses.
00:44 Là, je me suis adressée à la Première Ministre.
00:46 Je pense que la politique actuelle ne plaît pas à la majorité des Français.
00:51 Mais là, ce que j'ai reproché à la Première Ministre,
00:55 c'est se défaire de toute la responsabilité qu'elle avait dans l'abstention
00:59 en mettant la faute sur les Français qui ne comprendraient pas les programmes,
01:03 au lieu de se dire que c'est peut-être de la faute des politiques
01:07 qui n'étaient pas assez engageants, des politiques aussi sur le vote
01:11 qui n'étaient pas assez précises et sur notamment le fait de mal s'inscrire,
01:19 les mal inscrits qui n'ont pas de possibilité de s'inscrire au bon endroit
01:24 moins de six semaines avant les élections.
01:27 – Alors c'est très intéressant comme sujet, en effet,
01:29 on me cesse de le dire tous les ans ou à chaque élection plus précisément.
01:34 Voilà, pourquoi les jeunes se désintéressent-ils à ce point du vote ?
01:40 Donc là, vous avez exprimé vos idées vis-à-vis, en gros,
01:44 des politiques pour faire un raccourci.
01:47 Ça veut dire que pour vous, la jeunesse n'a aucun reproche à se faire, à elle-même ?
01:54 Il n'y a aucune responsabilité de la part de la jeunesse ?
01:57 – Aujourd'hui, la jeunesse a des outils pour comprendre les politiques.
02:02 Si la jeunesse fait le choix de ne pas aller voter, c'est un choix,
02:05 ce n'est pas un manque d'information.
02:07 Et je pense que dire que c'est un manque d'information de la jeunesse,
02:12 c'est la prendre de haut, la mépriser et ne pas se rendre compte
02:17 d'à quel point nous sommes intelligents, d'à quel point nous comprenons le monde
02:22 et d'à quel point juste nous ne voulons plus
02:24 de ce qui se passe actuellement au gouvernement.
02:27 – Laure Closier vous interpelle.
02:28 – Bonjour, donc vous êtes responsable, puisque vous le faites comme un choix,
02:32 construit, décidé, vous choisissez cette abstention et vous lui reprochez.
02:37 C'est-à-dire que vous vous déresponsabilisez totalement en disant
02:40 "le résultat, finalement, c'est quand même de votre faute,
02:42 même si c'est moi qui l'ai choisie".
02:44 – Alors, personnellement, je ne suis pas une adepte de l'abstention.
02:48 Néanmoins, je comprends tout à fait les jeunes qui s'abstiennent aujourd'hui.
02:52 Et je crois que le gouvernement a assez d'experts dans ses rangs
02:57 et d'experts au niveau social pour orienter des politiques,
03:00 notamment sur l'importance du vote et pour aussi aider les mal inscrits.
03:06 On a aujourd'hui plein de jeunes en France qui veulent voter
03:09 mais ne peuvent pas voter parce qu'ils n'ont pas su,
03:12 qu'ils n'ont pas pu, par manque de temps, par manque de moyens,
03:15 par manque d'explications, se réinscrire dans la commune où ils habitent aujourd'hui.
03:20 Et donc, qui sont toujours inscrits dans leur commune natale, notamment.
03:25 – Laurent de Brame, il se trouve que je suis d'accord avec ce que vous venez de dire.
03:29 Mais une question quand même, on peut peut-être inverser l'ordre des facteurs,
03:34 mais ce qui m'intéresse c'est votre réponse.
03:36 En gros, est-ce que les jeunes se désintéressent de la politique
03:41 parce que les politiques ne parlent pas d'eux ou ne traitent pas leurs problèmes ?
03:45 Ou est-ce qu'à l'inverse, les politiques ne s'occupent pas ou peu des jeunes
03:50 parce qu'ils ne votent pas ?
03:53 – Alors, je ne pense pas déjà que les jeunes se désintéressent de la politique
03:56 parce que les jeunes sont très engagés, les jeunes font plein de choses, énormément.
04:01 Ils sont dans toutes les associations, ils sont dans tous les engagements.
04:04 – Mais ils s'abstiennent, non, je voulais dire ils s'abstiennent,
04:06 ils s'abstiennent beaucoup, voilà.
04:09 – Par rapport à l'abstention, les jeunes s'abstiennent aussi
04:12 parce qu'on ne parle pas d'eux,
04:14 aussi parce qu'il n'y a pas de politique qui leur ressemble.
04:16 J'évoquais dans la vidéo les 4 personnes de moins de 30 ans
04:20 qui appartiennent à Renaissance à l'Assemblée nationale.
04:24 Il y a seulement 20 députés de moins de 30 ans actuellement à l'Assemblée nationale,
04:30 c'est très peu.
04:31 Les jeunes votent pour des personnes qui vont établir des lois
04:35 qui ne les concerneront finalement jamais puisqu'ils sont trop vieux
04:39 pour pouvoir être les concernés.
04:42 – Vous avez 21 ans, vous êtes étudiante, je le disais.
04:47 Écoutez, au-delà du fond, parce que chacun se fera une idée,
04:50 chacun jugera de la pertinence de votre propos,
04:53 je trouve ça quand même assez gonflé et assez fort pour être honnête.
04:55 – Courageux, ben oui.
04:56 – Courageux de faire ce que vous avez fait.
04:59 Je me demandais d'ailleurs si on vous l'a reproché après coup.
05:02 Est-ce qu'on vous a dit quelque chose ?
05:04 Est-ce que vous êtes un peu fait anguirlandais ?
05:08 – Alors non, j'ai quand même eu beaucoup de bienveillance
05:11 de la part du gouvernement, j'ai vu sur la vidéo après coup
05:15 que c'est vrai que j'ai un peu choqué quelques ministres,
05:20 mais pour autant il n'y a pas eu de censure,
05:23 je ne me suis pas fait menacer, tout va bien.
05:26 Et j'ai pu tranquillement m'en aller à la fin de ce rendez-vous.
05:30 – Bien, je vous dis bien que vous n'allez pas vous mettre en prison,
05:34 mais en tout cas c'est intéressant, juste un mot François Patry à la fin ?
05:37 – D'abord mademoiselle, vous avez du talent et vous êtes très mature,
05:41 mais j'ai bien compris quand même,
05:42 il y a un côté pervers dans votre intervention,
05:45 vous avez compris que le mot qui pèse aujourd'hui c'est le mot mépris,
05:48 vous vouliez à tout prix le placer, vous vouliez placer le mot mépris,
05:52 mais vous l'avez fait en parlant des programmes à côté,
05:54 ce qui est absolument, ce que je ne comprends pas,
05:57 si les jeunes aujourd'hui ne votent pas,
05:58 d'abord c'est par esprit contestataire,
06:00 deux, moi j'ai fait des réunions,
06:01 alors ça appartient à la tronche d'âge qu'aujourd'hui vous contestez,
06:04 vous avez raison de le faire, mais ce n'est pas là,
06:06 quand on fait des réunions publiques sur les programmes,
06:09 quand on fait des rencontres sur le territoire,
06:11 les jeunes ne viennent pas, ne s'intéressent pas,
06:13 on fait des réunions qui concernent la jeunesse, l'éducation,
06:16 concernent le sport, concernent la vie associative,
06:18 j'en fais tout le temps,
06:19 moi je vois des gens qui viennent de 40, 45 ans, 50 ans,
06:21 qui s'intéressent au projet, qui s'intéressent aux jeunes,
06:23 et moi figurez-vous que si j'ai voté la réforme des retraites,
06:27 ce n'est pas pour moi,
06:28 c'est justement pour les jeunes d'aujourd'hui qui reprend le travail.
06:30 – Bien, je suis désolé, on est au terme du temps qui nous est apparti,
06:34 mais merci infiniment d'avoir répondu à nos questions,
06:36 d'avoir expliqué votre démarche,
06:38 bravo aussi pour votre prix,
06:40 Éloquence, il y a donc ce concours d'Éloquence international,
06:43 merci mille fois d'avoir accepté notre invitation.

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