Antoine de Maximy a fait le tour du monde grâce à l'émission "J’irai dormir chez vous" depuis 2003. Il raconte la FOLLE histoire de l'émission: les coulisses, la préparation, et les souvenirs qu'il garde de ses voyages !
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00:00 Salut tout le monde, je suis Antoine de Maximi et je vais vous raconter la folle histoire de J'irais dormir chez vous.
00:05 Cette idée, en fait, elle a mûri pendant des années.
00:12 Je me disais je vais partir tout seul, je peux filmer.
00:15 J'ai été caméraman, ingénieur du son, réalisateur, j'ai été présentateur, donc je peux commencer à travailler tout seul.
00:19 Je me disais j'ai envie de faire des portraits de gens normaux.
00:22 J'ai envie de retrouver ma liberté, partir quand je veux.
00:24 Je veux partir tout seul.
00:25 Enfin, toutes ces choses là, ça tournait.
00:28 Et en fait, l'idée, elle est sortie en 15 minutes, mais elle avait mûri.
00:32 J'ai juste mis sur du papier.
00:33 Alors, d'un point de vue technique, la bonne idée, c'était cet ensemble là,
00:37 c'est à dire une caméra qui me filme moi et une caméra qui filme les gens qui sont en face de moi.
00:42 L'intérêt, c'est quoi ?
00:44 C'est que tu as les mains libres, tu peux faire plein de choses et surtout, tu regardes les gens dans les yeux.
00:48 Derrière, dans le sac à dos, j'ai un sac de couchage parce que les gens, ils veulent bien t'accueillir.
00:52 Mais s'ils n'ont pas besoin de changer les draps, ça va beaucoup mieux.
00:55 Quand je me suis équipé chez moi et que je me suis regardé dans la glace,
00:58 je me suis dit, laisse tomber, c'est une connerie.
01:00 Et j'ai tout rangé, remis dans la boîte et prévu de le rendre.
01:03 Et puis, je me dis, c'est trop con.
01:05 C'est typiquement le truc que je vais regretter parce que je ne serais pas allé jusqu'au bout.
01:09 Et j'ai fait des essais au marché de gens au départ et je commence à tourner.
01:12 Et je me marre avec les gens.
01:14 Il me voit arriver, il fait ça, le mec, il regarde.
01:17 Et puis, je lui parle, c'est fini.
01:20 Le matériel, il n'existe plus. On discute.
01:22 Et je vois une authenticité que je n'ai jamais vue avant.
01:25 Et donc, je me dis, il y a quelque chose à creuser et je continue.
01:28 Et j'ai fait comme ça, juste deux tournages.
01:30 Et c'est au deuxième tournage, juste en train de faire des essais techniques
01:34 que je me dis, tiens, on va faire un truc rigolo.
01:36 Je vais essayer d'aller déjeuner chez quelqu'un.
01:38 Je peux vous accompagner ou alors vous êtes occupé?
01:41 Non, on a le temps, vous pouvez venir.
01:43 Le premier épisode a été tourné en 2003 et c'était le Mali.
01:46 Alors pourquoi le Mali? Parce que j'y étais déjà allé.
01:48 Et je me disais pour une première, ça me semble une bonne destination.
01:52 Ben voilà, je viens d'arriver au Mali.
01:55 Je vais y passer 15 jours.
01:56 Et l'idée, c'est d'aller dormir chez les gens.
01:58 Le problème, c'est que je savais absolument pas ce que j'allais rapporter.
02:01 Partir comme ça, avec aucun contact, de manière totalement improvisée.
02:06 Ça pouvait donner rien du tout.
02:09 Et ça s'est bien passé avec quelques problèmes techniques
02:12 assez costauds au début.
02:14 Eh bien, ça a été fort compliqué d'arriver là.
02:17 Alors, j'ai oublié de dire aussi un truc très important,
02:19 c'est que je suis pas tout seul.
02:20 J'ai une production qui s'appelle Bonne Pioche et ça fait 20 ans qu'on travaille ensemble.
02:24 Moi, ils m'ont pas payé.
02:25 Ils m'ont pas payé pendant presque un an.
02:27 Ils pouvaient pas payer, donc on payait pas, mais je m'en foutais.
02:29 Moi, ce qui comptait, c'était d'avancer, de le faire.
02:31 Alors, le premier tournage a été financé.
02:33 Et ça, ça va être la grosse surprise par France 2 et Voyage et France 2,
02:37 qui, quand on leur a fait voir les images, ont dit non, c'est pas bien.
02:40 Non, ça nous plaît pas.
02:42 Enfin, ils n'ont pas voulu suivre.
02:43 Et d'ailleurs, ça a été le début d'une grosse galère pour J'irais Dormir Chez Vous,
02:46 pour l'émission, parce que personne n'en a voulu, sauf la petite chaîne Voyage.
02:50 Et on se retrouve comme ça au bout d'un an, avec tout à coup Canal+
02:55 qui m'avait déjà dit non plusieurs fois, qui voit un épisode, c'était le Japon.
02:58 Elle m'a dit je le veux, je le veux.
03:00 C'était Christine Coquelin.
03:01 Elle a pris les dix premiers épisodes.
03:02 Donc ça, c'est le début.
03:03 Et là, on est en 2004.
03:04 Ça, c'est pour nettoyer les fesses.
03:07 Et tu peux changer la température aussi ?
03:09 Température ?
03:10 T'as raison.
03:11 Oh, ça !
03:12 Tout c'est pas vrai.
03:13 L'année d'après, je me dis, ils vont reprendre la deuxième saison.
03:16 Eh ben non, ils lancent les nouveaux explorateurs,
03:19 donc des jeunes qui partent au bout de la planète,
03:21 rencontrer des gens, mais avec un thème.
03:22 Donc je me dis, bon, ça y est, terminé.
03:25 Et là, à ce moment là, arrive France 5 avec Caroline Béard qui dit
03:28 moi, j'y crois à ton truc et c'est France 5 qui a fait connaître l'émission.
03:31 Là, ça a été la vraie confrontation avec le public,
03:38 parce que c'était pas une chaîne câblée, c'était pas une chaîne payante.
03:42 Ça a touché un public qui, en fait, a gonflé relativement vite.
03:46 Alors, chez France 5, j'ai fait une soixantaine d'épisodes,
03:48 mais il y a eu plusieurs parenthèses.
03:50 Il y a eu 2007-2008, la sortie d'un autre long métrage au cinéma aussi
03:54 qui s'appelait J'irais dormir à Hollywood et qui a été une traversée intégrale
03:58 des États-Unis tout seul de New York à Los Angeles pendant trois mois.
04:01 Et le film est sorti donc au cinéma.
04:03 Il était nommé au César.
04:05 Il l'a pas eu.
04:06 En dessous, c'est les États-Unis d'Amérique.
04:07 Alors, ça tombe bien, parce que moi, j'ai envie de traverser l'Amérique
04:10 et puis de rencontrer les Américains, surtout des gens marrants.
04:12 Je pose en général mes bagages dans un hôtel.
04:15 Et donc, si ça marche pas chez les gens, je vais pas insister au-delà du raisonnable.
04:20 En fait, j'insiste que si c'est marrant.
04:22 Par exemple, quand j'ai un mec en face de moi
04:23 qui a de la présence, du caractère, qui sait ce qu'il veut et qui veut pas
04:29 et que ça devient drôle si je commence à le titiller, à l'emmerder un peu.
04:32 Là, je vais le faire parce que je sais très bien que le mec,
04:34 je vais pas profiter de sa faiblesse.
04:36 Soit je vais le convaincre, soit il va me mettre dehors et on restera bons amis.
04:40 Voilà. Donc c'est ça, j'irais dormir chez vous.
04:42 C'est la rencontre.
04:43 Je veux rencontrer des gens rigolos.
04:45 Lui, il va être votre ami.
04:47 Je visionne pendant tout le tournage toutes les images.
04:52 C'est-à-dire des 40 heures, moi, je les ai vues quand je rentre à Paris
04:55 et je fais un rapport images très détaillé qui fait entre 70 et 90 pages
05:00 que je donne au monteur, plus un enregistrement dans lequel je lui raconte mon voyage.
05:04 Résultat, il travaille tout seul.
05:06 Pendant les premières semaines et moi, j'arrive pour les deux dernières semaines
05:09 où on construit le film.
05:10 Je connais toutes les images.
05:11 J'ai vachement de recul et je suis hyper précis.
05:13 Je sais exactement ce que je veux.
05:15 Et ça m'a permis aussi de tourner des épisodes comme ça.
05:17 C'est-à-dire je tournais 15 jours, je lui donnais les images.
05:21 Je repartais en tournant un autre direct.
05:23 Et puis, quand je revenais, je finissais le montage du précédent.
05:27 Et tac, tac, tac, tac, tac.
05:28 C'est pour ça que j'ai pu en faire comme ça neuf dans l'année.
05:31 Et Snow Massage, Snow Massage, on se fait la bise ?
05:33 On se fait la bise ?
05:35 Ah, oui, oui, oui, oui, oui, oui.
05:37 Moi, ce qu'on me demande souvent, c'est le plus beau, le plus dangereux, le plus ceci.
05:41 Mais j'ai fait trop de choses.
05:42 Je peux pas dire le plus.
05:44 J'en sais rien, moi, parce que je me suis retrouvé dans des positions très variées.
05:48 Mais que ça soit dans le danger, dans l'aventure, dans les trucs les plus beaux,
05:51 les gens les plus émouvants, etc.
05:53 Je peux pas répondre à cette question et je veux pas même répondre à cette question.
05:56 Il y a des rencontres fabuleuses.
05:58 Je veux dire, quand je rencontre Jeannette, qui a eu la polio à 7 ans
06:02 et qui marche à quatre pattes dans la rue et qu'on a un lien,
06:05 un échange entre nous qui n'est pas du tout misérabiliste.
06:10 Je lui pose des questions.
06:11 Qu'est ce qui t'est arrivé ?
06:12 Et qu'elle me répond,
06:15 j'ai eu la polio, machin, mais j'ai cinq enfants.
06:17 Je dis ah bon et tout ? Et que je marche à côté d'elle.
06:21 C'est vrai que c'est un peu gênant.
06:23 Les mecs venaient m'emmerder parce que je marchais à côté d'elle,
06:25 mais on discutait comment tu veux faire ?
06:27 Elle marche à quatre pattes et moi, j'étais debout.
06:30 C'est quoi votre nom en fait ?
06:33 Je m'appelle Jeannette. Et vous ? Antoine.
06:37 Antoine. Je suis content d'avoir jeté des ponts
06:41 comme ça entre des gens en faisant fi de ce qui est les convenances.
06:46 On fait pas, on doit pas parler.
06:48 Tu profites de... Je m'en fous.
06:50 Voilà, ceux qui disent ça, je les emmerde.
06:52 Et par exemple, quand j'étais au Cambodge,
06:57 à un moment, j'ai rencontré un vieux
06:59 qui était sur une maison avec le sol sur Piloti.
07:04 Donc, il était à ma hauteur, accroupi, etc.
07:06 On rigolait parce qu'on savait pas quoi se dire.
07:08 On n'arrivait pas à échanger. Rien.
07:10 Et à un moment, il a commencé à jouer avec un instrument.
07:13 Et moi, j'ai appris un truc à l'école.
07:14 Je suis pas allé longtemps, mais j'ai appris à la récré.
07:16 Souffler dans mes mains, mais j'arrive à faire de la musique.
07:18 Et tous les deux, on a joué ensemble.
07:20 C'est une rencontre qui est merveilleuse parce qu'elle dure plusieurs minutes.
07:24 On n'est pas capable de dire un truc et on devient pote.
07:28 Et ça, c'est ce que je voulais faire avec J'irais dormir chez vous.
07:31 J'ai sorti mon long métrage J'irais mourir dans les Carpates au cinéma.
07:38 Et donc, on se demande si on continue avec France 5,
07:41 on reprend contact, etc.
07:42 Ça fait deux ans que j'ai rien fait quand même.
07:44 Et puis, ils se sont pas emballés, quoi.
07:45 Moi, je pensais avoir un coup de fil, mais bon.
07:47 - C'est-à-dire qu'il n'y a même pas de coup de fil ?
07:49 - Ah mais attends, j'ai de la chance.
07:50 Parce qu'il y a des mecs, ils apprennent ça dans les journaux.
07:52 J'arrive à un moment très difficile.
07:54 Parce que je me retrouve à 62 ans
07:59 avec la chaîne qui ne veut pas continuer.
08:01 Mon long métrage est sorti.
08:03 Je ne peux plus être intermittent du spectacle
08:05 parce que j'ai tous mes trimestres.
08:06 Et il y a la retraite qui m'envoie les papiers de la retraite.
08:08 Et tu te dis, mais je vais mourir donc.
08:09 Je n'ai plus rien à faire, je vais crever.
08:11 Et là, c'est dur.
08:13 Il y a eu RMC Découverte qui était intéressé par l'émission.
08:15 Tu penses bien qu'on y est allé.
08:17 Et c'est ça que j'aime dans la vie que j'ai menée,
08:20 parce que ce genre de situation, je l'ai eu d'autres fois pour d'autres raisons,
08:22 c'est de rebondir.
08:24 Bon voilà, la folle histoire de J'irai dormir chez vous, c'est terminé.
08:27 Mais J'irai dormir chez vous, ce n'est pas terminé.
08:30 Il y a deux inédits, Serbie et Vietnam.
08:33 Et donc, si je trouvais une fin, ça serait bien.
08:36 Et donc, et donc, à bientôt.
08:38 Sous-titres par Jérémy Diaz.
08:43 Jérémy !
08:45 Sous-titres par Jérémy Diaz.