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Transcription
00:00 J'ai tout de suite voulu racheter la rue de Verneuil,
00:02 racheter les meubles,
00:04 pour que ça bouge pas.
00:07 Mais c'était plus...
00:08 Évidemment, je voulais faire amuser,
00:11 parce que je me suis dit que c'est ce que mon père aurait voulu,
00:14 mais c'était, je pense, aussi plus égoïstement,
00:19 juste pour faire comme s'il était encore là.
00:23 Du coup, j'y m'y enfermais,
00:27 plus pour me faire du mal,
00:29 enfin, c'était la...
00:31 De toute façon, j'avais pas trop...
00:33 Enfin, si, j'avais le choix de pas y aller, mais...
00:36 Je pouvais pas aller au cimetière,
00:39 parce qu'il y avait du monde,
00:42 c'était compliqué.
00:44 En fait,
00:45 le deuil de mon père,
00:48 j'ai jamais pu le faire,
00:50 parce que j'ai pas pu, moi,
00:52 mais aussi parce que j'étais tout le temps en réaction
00:56 à ce que les gens me...
00:59 Ce qu'ils partageaient avec moi.
01:02 Ils avaient envie de me parler de mon père,
01:05 qui venait de mourir, ils avaient envie de me montrer des trucs.
01:09 Je l'entendais à la radio,
01:11 je passais devant la rue de Verneuil.
01:14 Il était...
01:17 C'était impossible de...
01:19 de se protéger, en fait.
01:22 Ce qui fait que...
01:23 Bon, donc...
01:27 Donc, j'ai pas géré.
01:28 J'ai pas géré cette disparition, le manque.
01:33 Ca m'a anéanti,
01:35 mais pendant tellement de temps.
01:38 Je pense, jusqu'à la naissance de mon fils,
01:40 j'étais dans quelque chose de très morbide.
01:43 Mais bon, c'était...
01:45 C'était comme ça. -On réagit comme on peut.
01:48 -Et c'est vrai que la rue de Verneuil,
01:51 je m'enfermais dedans,
01:53 et j'avais encore l'odeur.
01:55 Il y avait la marque sur son canapé,
01:59 comme s'il y avait la forme de son corps
02:03 encore assis dessus.
02:05 Et il venait de mourir dans sa maison,
02:10 donc sa chambre,
02:12 je le voyais encore allongé,
02:14 comme j'ai pu le voir quand il est mort.
02:17 C'est vrai que j'ai eu un rapport quand même très bizarre.
02:21 Enfin, très bizarre. Très particulier, je pense.
02:25 Mais voilà, je suis tellement, tellement heureuse que ça...
02:28 Je suis heureuse et je suis très paniquée,
02:31 mais c'est...
02:32 Je pense que les projets les plus excitants et les plus forts,
02:37 c'est un mélange de trouilles,
02:40 d'excitation, de bonheur,
02:42 quand je vois des gens y entrer.
02:46 Parce que moi, j'ai peur, encore. J'ai peur que les gens soient déçus,
02:49 j'ai peur de ne pas offrir assez.
02:51 Parce que ce sera un petit parcours, quand même.
02:55 La maison est minuscule, donc c'est par petits groupes.
02:59 Mais j'espère que j'offre une expérience très intime
03:05 à...
03:06 Voilà, un public.
03:08 Malheureusement, ça va devoir s'étaler dans le temps,
03:11 parce que là, j'ai eu la chance de comprendre
03:14 que c'était complet jusqu'à fin décembre.
03:17 C'est les premières places qu'on a mises en vente.
03:21 Après, bien sûr, ça va continuer.
03:23 Et j'espère que dans le temps, ce sera un succès, en fait.
03:27 J'ai pas pensé à...
03:30 Maintenant, j'ai l'angoisse de...
03:34 Il faut qu'on soit prêts, déjà.
03:36 Et puis, il faut que les retours soient bons,
03:40 que ce qu'on offre en face, le petit musée,
03:44 le petit café, la boutique,
03:48 tout ça, ce soit à la hauteur de mon père.
03:50 Parce que c'est...
03:51 C'est ça, l'enjeu.
03:54 Jusqu'à présent, c'était la rue de Verneuil que je gardais secret,
03:58 mais j'avais pas de compte à rendre.
04:00 Là, j'ai quand même un compte à rendre à mon père.
04:03 Sous-titrage ST' 501
04:05 [SILENCE]

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