Retrouvez « La drôle d'humeur d'Alexis le Rossignol » dans la Bande Originale sur France Inter et sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-fragile-d-alexis-le-rossignol
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AmusantTranscription
00:00 Monsieur Alexis Le Rossignol !
00:02 (applaudissements)
00:04 Bonjour à tous, avec l'histoire du vendredi !
00:06 Ah ouais !
00:07 Samedi dernier, j'ai joué à Cholet, la ville des gens qui se mouchent beaucoup,
00:10 51ème au classement des villes où il fait bon vivre en France.
00:15 Pas ouf, mais j'y vais quand même.
00:17 C'est en recevant des vedettes que les villes remontent au classement.
00:19 Donc je joue le jeu.
00:21 Et il se trouve que c'était la braderie commerçante dans le centre-ville
00:24 que je surplombais depuis le balcon de ma chambre d'hôtel.
00:26 Donc j'observe les gens avec amusement et mépris,
00:29 puis je décide de descendre, voilà, et je déambule incognito.
00:32 Et à un moment donné, j'avise des chaussures.
00:34 La vendeuse me dit "Vous les essayez ?"
00:36 Je dis "Non, pas vraiment."
00:38 Elle me dit "Elles sont à 50%, allez-y, une bonne vendeuse quoi."
00:41 Et moi je sais pas dire non.
00:43 Donc elle me les donne et elle se met à genoux devant moi
00:45 pour le traditionnel "toucher du bout de la chaussure avec le pouce".
00:48 Et elle me dit "C'est bon, c'est ce qu'il vous faut."
00:50 Heureusement quand on essaie un jean, ça se passe pas pareil.
00:53 (rires)
00:56 Mais elle me plaisent toujours pas les chaussures.
00:58 Sauf que la dame s'est agenouillée devant moi.
01:00 Et je sais pas dire non à une dame qui fait ça, moi.
01:02 Parce que je suis faible, on m'implore, je cède.
01:04 C'est comme ça que les femmes ont raison de moi.
01:06 J'ai une collection de jeans à la maison, je vous raconte pas.
01:09 Donc je repars avec mes chaussures.
01:11 Des baskets mais à grosses semelles, là vous voyez.
01:14 C'est à la mode, mais c'est pas du tout ma mode à moi.
01:16 Et ça prend de la place.
01:17 En plus, il se trouve que je suis parti à Cholet avec un tout petit sac à dos.
01:20 Et après mon spectacle, les gens m'ont offert des saucissons.
01:23 En grande quantité.
01:24 Et un t-shirt et un maillot du FC Lorient.
01:26 Rien à voir avec Cholet, mais va comprendre ce qui se passe dans la tête d'un fan.
01:29 Orange et noir, c'est pas mon style non plus.
01:31 Bref, au moment de quitter l'hôtel le lendemain,
01:33 j'arrive pas à mettre les nouvelles baskets dans le sac.
01:36 Donc j'enlève mon ordinateur et je le prends à la main.
01:39 Et c'est là que l'histoire commence, messieurs-dames.
01:41 Les deux minutes précédentes, c'était la chauffe.
01:43 J'arrive à mon parnaise, ensuite je prends le métro pour la gare de l'Est,
01:47 puis un transilien pour rentrer chez moi.
01:49 J'ai fait un choix de vie, messieurs-dames. Respectez-le.
01:51 Et dans le transilien, fatigué par le voyage, je m'endors.
01:54 Et je me réveille pile quand le train s'apprête à repartir de mon arrêt.
01:57 Je dis pas où, parce que sinon ça va faire des mouvements de foule.
02:00 Et je sors précipitamment, en oubliant mon ordinateur.
02:03 Et là je dis "merde, tout ça à cause des saucissons et des baskets".
02:06 Je prends mon téléphone, je fais un message sur Twitter,
02:09 qui commence par "alerte", en expliquant la situation,
02:11 et en demandant à tout le monde de retweeter.
02:13 Et j'attends. Et il se passe rien. Les gens s'en foutent.
02:16 Premier retweet, un quart d'heure plus tard.
02:18 D'un mec qui a 29 abonnés et qui habite au Sénégal.
02:21 Je me dis "Alex, l'algorithme n'est pas avec toi".
02:24 Je rentre chez moi, mais vraiment triste quand on m'énigre.
02:27 Et je commence à repenser à tout ce que j'ai perdu.
02:29 Et à l'histoire de mes recherches aussi.
02:31 C'est anxiogène ça.
02:32 Y'a rien de choquant, mais je me dis quand même,
02:34 je sais pas si j'écris des chroniques humoristiques, suffira à tout justifier.
02:38 Après, pour me soulager, je pense à tous ces gens
02:44 qui ont tout perdu dans des catastrophes naturelles.
02:46 Ou dans des guerres.
02:47 Et je me dis "heureusement qu'ils sont là, ces gens".
02:48 Et en même temps, j'ai un peu honte.
02:50 Je manque de conviction sur certains sujets.
02:52 Une heure plus tard, tweet de la SNCF.
02:54 "On a votre sac, quelqu'un l'a ramené en gare de l'Est".
02:56 Le miracle !
02:57 Je réponds "c'est extraordinaire, vous êtes vraiment géniaux, vive la RATP".
03:00 Bon en fait c'est la SNCF, mais dans la précipitation j'ai mélangé les deux.
03:03 Je reprends le train vers la gare de l'Est.
03:05 Et là, en fait ils l'ont pas.
03:07 Ils me disent "on est désolé, une personne est bienvenue nous le déposer au guichet,
03:11 mais on n'est pas habilité à le prendre.
03:13 Donc on l'a envoyé aux objets trouvés".
03:15 Et malheureusement ils sont fermés le dimanche.
03:18 Et du coup, cette discussion n'avance pas.
03:20 Et ils finissent par me dire "la personne n'a pas pu le déposer, donc elle est repartie avec".
03:24 Je leur dis "mais attendez, votre collègue sur Twitter m'a affirmé que vous l'aviez".
03:27 Ils me disent "oui, on s'excuse, il s'est un peu avancé".
03:29 Je dis "enfin qu'un peu, merci l'ascenseur émotionnel".
03:32 Pendant ce temps-là, les gens sur Twitter "prochaine chronique, on a hâte, on va bien rigoler".
03:36 Franchement les gens pensent qu'à leur gueule.
03:38 Là je dis aux agents "vous avez pris le numéro de la personne ?"
03:41 Ils me répondent "non, c'est pas la procédure".
03:43 Est-ce que le bon sens devrait pas s'imposer à la procédure parfois ?
03:47 Vivement qu'on privatise tout ça !
03:49 Quand il s'agit d'y aller défilé, y'a du monde.
03:51 Bon je m'emporte, mais bon.
03:53 Les gens me disent que s'il a essayé de le déposer dimanche, il essaiera peut-être de le déposer plus tard.
03:58 Bah peut-être pas, va se voir.
03:59 Quand on ouvre l'ordinateur, mon nom apparaît.
04:01 Ça je trouve que c'est quelqu'un qui m'aime pas.
04:03 Depuis dimanche, je passe tous les jours aux objets trouvés.
04:05 À la gare de l'Est.
04:06 Les gens me connaissent, ils m'ont pris des cafés.
04:08 Ils m'appellent "sacoche noire".
04:10 Mon ordinateur était dans une sacoche noire.
04:12 Parfois derrière moi, y'a un sac à dos bleu.
04:14 C'est fou le nombre d'ordis retrouvés en tout cas.
04:17 Maintenant, ils m'en proposent d'autres pour me consoler.
04:19 Pas celui-là, ça fait un mois qu'on l'a.
04:21 Alors en tout cas, si la personne qui a trouvé mon ordi écoute cette chronique,
04:24 franchement, je lui prépare un beau panier garni.
04:26 Avec des saucissons dedans.
04:28 Et une invitation pour mon spectacle.
04:30 Ou celui de Camille, ou celui de Lisa et le Moitié.
04:32 Si ils m'aiment pas, on va s'arranger.
04:34 Allez, bonne journée.