L'économiste Sylvie Mattely réagit sur le taux de croissance de la Russie en 2023 : «C'est assez étonnant de voir qu'on puisse sortir des statistiques aussi discutables et aussi favorables à la Russie»
Category
🗞
NewsTranscription
00:00 La Russie n'a pas l'air de souffrir du tout des trains de sanctions successifs que nous
00:05 lui affligeons depuis un an.
00:07 Le FMI lui prévoit 0,7% de croissance en 2023.
00:11 Je rappelle qu'il y a trois mois, le FMI tablait sur seulement 0,3% de croissance pour la Russie,
00:18 moins de la moitié.
00:19 Et il y a six mois, il parlait carrément d'une récession d'au moins 2,3%, donc trois
00:23 points de moins de ce qu'il annonce aujourd'hui.
00:26 Alors si vous trouvez que c'est la bonne voie, la Russie avec 0,7% de croissance, c'est-à-dire
00:34 comme la France en fait, est beaucoup mieux que la Grande-Bretagne qui elle plonge à
00:38 0,3%, toujours dans les prévisions du FMI.
00:41 Bonne affaire ou pas ?
00:43 La question qu'on peut se poser c'est d'où le FMI sort-il ces prévisions, puisqu'on
00:47 n'a aucune statistique économique en provenance de la Russie depuis le début du conflit.
00:51 Et même les Russes vraisemblablement n'ont pas du tout accès à l'information.
00:55 Donc comment sont calculés ces chiffres-là ? C'est compliqué.
00:58 Alors peut-être qu'ils sont calculés, mais le FMI a été dans l'incapacité de répondre
01:02 et a justifié ce chiffre-là par le fait que le gaz et le pétrole se vendent très
01:07 cher puisque les estimations ont été faites à la fin de l'année 2022.
01:11 Donc effectivement, on était encore sur une tendance de gaz et de pétrole assez cher,
01:15 même s'il commençait à baisser et si le gaz avait largement baissé.
01:18 Et puis ils ont expliqué qu'il y avait peut-être une politique monétaire, que les Russes
01:23 avaient réorienté leurs flux commerciaux vers le reste du monde.
01:26 Sauf que les semaines passent et on se rend compte que ça n'est peut-être pas aussi
01:30 simple que ça et que les statistiques du FMI sont peut-être très discutables.
01:34 Et justement, on peut se demander qui a décidé au Fonds monétaire international de sortir
01:39 de tels chiffres ? Le FMI, on se rappelle, c'est à Washington.
01:44 Washington, c'est quand même les États-Unis, c'est quand même le pays qui est le plus
01:47 engagé dans cette guerre contre la Russie.
01:50 C'est un organisme international aussi.
01:52 C'est un organisme international, mais clairement, les statistiques dans ce type de situation
01:56 sont aussi une arme de guerre.
01:58 C'est assez étonnant de voir qu'on puisse sortir des statistiques aussi discutables
02:05 et aussi favorables à la Russie.
02:06 Après, quel est l'impact des sanctions ? On peut imaginer qu'elles pèsent parce
02:11 qu'on a certains retours.
02:13 On voit le secteur de l'automobile qui s'est effondré.
02:16 On produit quasiment 90% de voitures en moins en Russie aujourd'hui qu'avant la guerre.
02:23 On sait qu'entre la mobilisation et le départ des jeunes Russes, on a à peu près 2 à
02:27 3 millions de jeunes Russes qui ont quitté la Russie.
02:30 Donc on sait qu'il y a des choses qui sont inquiétantes et qui justement font douter
02:33 de ces statistiques.
02:34 Mais à part ces signaux, on n'a pas beaucoup plus d'informations en réalité.
02:39 [Musique]
02:42 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]