• l’année dernière
Ils n'ont pas le même âge, ni la même histoire et viennent d'horizons différents... Mais une chose les relie : ils sont pupilles de la Nation. Avec ce statut peu connu et unique au monde, réservé aux enfants de victimes de la guerre ou du terrorisme, l'expression « mère patrie » prend tout son sens... Celle d'une nation qui prend soin de ses enfants. Rencontre avec cinq pupilles accompagnés par l'ONaCVG : l'Office national des combattants et des victimes de guerre.
Réalisatrices : Camille Brunier et Margaux Bourgasser

Immersion au sein des forces armées.
Au travers d'images réalisées au plus près des entraînements comme en opérations, Le Journal de la Défense pose chaque mois un autre regard sur l'actualité des armées pour mieux appréhender et comprendre l'univers de la Défense.

Abonnez-vous à la chaîne YouTube LCP Assemblée nationale : https://bit.ly/2XGSAH5
Et retrouvez aussi tous nos replays sur notre site : https://www.lcp.fr/

Suivez-nous sur les réseaux !
Twitter : https://twitter.com/lcp
Facebook : https://fr-fr.facebook.com/LCP
Instagram : https://www.instagram.com/lcp_an/

#LCP #JDEF

Category

🗞
News
Transcription
00:00 ...
00:15 -Pour moi, c'était aussi une aide
00:18 et quelque chose que je devais aussi à mon père.
00:21 Je suis libérée, quoi.
00:22 Comme si j'étais libérée d'un poids qui me hantait
00:25 le reste de la semaine.
00:27 Même si notre histoire est différente,
00:30 on est tous dans le même bateau.
00:32 -Quand je réfléchis, je reconnais que l'Etat français
00:36 m'a apporté quand même pas mal.
00:38 ...
00:41 -Ils n'ont pas le même âge ni la même histoire
00:43 et viennent d'horizons différents.
00:45 Mais une chose les relie, ils sont pupilles de la nation.
00:49 Avec ce statut peu connu et unique au monde,
00:53 réservé aux enfants de victimes de la guerre ou du terrorisme,
00:56 l'expression "mère patrie" prend tout son sens.
00:59 Celle d'une nation qui prend soin de ses enfants.
01:02 Le journal de la Défense en a suivi cinq d'entre eux
01:05 dans leur accompagnement par l'ONAC-VG,
01:07 l'Office national des combattants et des victimes de guerre.
01:11 ...
01:23 C'est un jour particulier pour Noémie, 18 ans,
01:26 et son père, reconnu blessé psychique de guerre
01:29 après plusieurs opérations, notamment en ex-Yougoslavie
01:32 et en Afghanistan.
01:33 Ils ont reçu ce matin le courrier tant attendu
01:36 du tribunal de grande instance de Rennes, en Ille-et-Vilaine,
01:40 qui certifie son adoption par la nation.
01:42 -Papa, on a une lettre du tribunal.
01:45 -Ca doit être le courrier pour les pupilles,
01:48 à mon avis, dans l'immigration. On va regarder ça.
01:51 Tiens, regarde, c'est le jugement de l'Ille-et-Vilaine.
01:54 -Ils disent qu'on a une réponse par rapport à ta demande
01:59 du 19 septembre et que le procureur a commencé
02:02 à donner son avis le 29 novembre.
02:05 Il nous explique pourquoi je suis devenue pupille de la nation,
02:08 mais il explique que c'est parce que liée au blessure de guerre
02:11 que t'as eu un discours.
02:13 -OK.
02:14 Ca reprend tout le parcours avec la mission en ex-Yougoslavie
02:19 en 92 et 95, et puis l'Afghan en 2009.
02:23 Tu géreras avec Anne-Sophie.
02:24 -J'ai le droit d'avoir le statut de pupille de la nation
02:27 parce que mon père a été déclaré blessé de guerre.
02:30 C'est une aide et une reconnaissance
02:32 des blessés de guerre et des familles militaires.
02:37 ...
02:42 -C'est beaucoup d'émotion de recevoir ce courrier,
02:45 puisque pour moi, au final, après plus de 3 ans
02:48 de procédure administrative, c'est une vraie reconnaissance.
02:52 Noémie a pu être adoptée,
02:54 puisque j'ai été reconnu comme ayant été blessé au combat,
02:58 une blessure de guerre psychique me concernant.
03:01 J'ai appris lors de mes hospitalisations
03:03 que Noémie pouvait être adoptée, faire un dossier.
03:07 Moi, j'attends rien de particulier, de précis.
03:11 C'est juste que Noémie crée une nouvelle relation
03:13 avec quelqu'un d'autre qui n'est pas dans le domaine familial
03:17 et qu'elle puisse se sentir libre d'aborder des sujets
03:21 qu'elle ne peut pas aborder avec elle,
03:23 notamment sur la blessure.
03:24 -Passez-la la lettre.
03:25 -Pour moi, c'était aussi une aide,
03:27 quelque chose que je devais aussi à mon père,
03:30 d'être aidée et de pouvoir être suivie
03:33 pour aussi avoir une aide et être comprise,
03:35 puis pouvoir me tourner vers quelqu'un autre que ma famille
03:39 pour me confier ou pour parler.
03:40 -T'as pas enlevé la connexion ?
03:42 -En 2022, sur près de 1 100 pupilles de moins de 21 ans,
03:46 suivies par l'ONAC-VG, la moitié étaient comme Noémie,
03:49 deux enfants de militaires blessés ou tués en opération.
03:52 -Être pupille de la Nation, c'est d'abord une reconnaissance
03:58 de la part de la Nation. Ca me semble très important.
04:01 On est bien dans le premier métier, la première mission de l'office,
04:04 qui est la reconnaissance et la réparation.
04:07 C'est vrai que cela, parfois, freine les familles.
04:10 L'adoption par la Nation, le mot "adoption" fait peur.
04:14 Alors, il faut rassurer vraiment les familles
04:17 qui sont dans cette démarche.
04:19 L'adoption par la Nation est une adoption symbolique.
04:23 Ca ne prive les parents d'aucun de leurs droits.
04:26 Ca ajoute des droits à l'enfant, mais ça n'en retire pas aux parents.
04:30 -Bonjour ! -Bonjour, Anne-Sophie.
04:32 -Vous allez bien ? -Bien, merci.
04:33 -Impeccable. Je vous laisse me suivre jusqu'à mon bureau.
04:36 -Je passe avec Anne-Sophie.
04:38 -Noémie est soutenue par Anne-Sophie Guillemin.
04:41 Cette assistante de services sociaux à l'ONAC-VG de Rennes
04:44 accompagne aussi 13 autres jeunes dans leur parcours d'adoption.
04:47 Son rôle ? Atténuer le traumatisme qui a touché leur famille
04:51 et les aider à le surmonter.
04:53 -Si y a des questions...
04:54 -Le statut de pupille part d'un événement grave.
04:57 Donc, forcément, ça a un impact sur l'enfant.
05:00 Un impact direct,
05:01 parce que ça peut être des pupilles victimes d'attentats directs,
05:06 ou ça peut avoir un impact à travers leurs parents.
05:10 Un père qui a un stress post-traumatique,
05:15 qui s'isole complètement,
05:17 qui n'arrive plus à aller au foot avec son fils,
05:20 des choses comme ça,
05:22 ou même qui n'arrive plus à inviter des gens à la maison.
05:26 C'est un impact.
05:28 Et du coup, notre rôle, c'est vraiment de les accompagner,
05:31 à essayer de diminuer au maximum cet impact
05:36 en passant à travers des aides pour les psychologues,
05:40 les psychomotriciens, l'équithérapie,
05:43 essayer d'alléger le quotidien, d'améliorer le quotidien,
05:46 pour qu'ils puissent évoluer
05:49 le plus normalement possible avec ce statut.
05:52 -Pour suivre et coller le plus possible à tes besoins.
05:56 -C'est pas qu'une institution froide, l'ONAC.
05:59 C'est vraiment une maison.
06:01 On peut pas être insensible, en plus,
06:04 aux situations qu'on peut rencontrer
06:07 à travers les statuts de pupille.
06:10 Donc, forcément, on crée quelque chose avec eux.
06:14 -Un lien qui se poursuit tout au long de leur vie.
06:17 Où qu'ils soient, les pupilles pourront toujours compter
06:20 sur les services de l'office.
06:22 -Ce qui est important pour toi,
06:24 c'est qu'on est présents dans tous les départements en France.
06:27 Donc, n'importe où tu habiteras,
06:30 tu auras toujours l'ONAC qui pourra te venir en aide,
06:33 que ça se prouve au niveau administratif, financier.
06:37 C'est là pour faire un accompagnement global.
06:40 -Les pupilles de la nation sont ressortissants
06:43 de l'Office national des combattants et des victimes de guerre.
06:47 Ils sont également ressortissants,
06:49 c'est un mot un peu spécial que les Français connaissent pas bien,
06:53 mais nous, on l'utilise tout le temps.
06:55 Ils sont ressortissants du Code des pensions militaires
06:59 d'invalidité et des victimes de guerre.
07:01 C'est un statut à vie.
07:03 En tant que ressortissants de l'office,
07:05 ils sont rassurés de l'exigence de l'Office
07:08 et de l'exigence de l'OFIS.
07:09 -C'est le cas de Sylvain, 85 ans.
07:17 Son père est mort en déportation à Auschwitz, en Pologne,
07:20 en septembre 1943.
07:22 Dix ans plus tard, le 1er février 1952,
07:28 il est adopté par la nation avec sa soeur aînée, Denise.
07:32 -Ma mère, entre-temps, bien sûr,
07:34 a fait un acte de décès de mon père avec la date,
07:39 et il y a marqué la mention "mort pour la France".
07:43 Elle est veuve de guerre, elle est portionnée.
07:46 Ma mère m'a dit "Tu vas vite voir le directeur,
07:50 "parce que t'as droit à une bourse."
07:52 J'arrive chez le directeur, je me rappelle,
07:54 au collège Chapenay, à Lyon,
07:56 où tout de suite, j'ai eu une bourse, pendant quatre ans.
08:00 Donc six, sixièmes, cinquièmes, quatrièmes, troisième.
08:03 Donc j'étais pupille de la nation.
08:05 À ce moment-là, j'ai vu qu'il y avait eu
08:08 un changement d'attitude, uniquement des professeurs,
08:11 mais que, comme indécale, ils s'en foutaient royalement.
08:15 Ca les dérangeait pas, que je sois juif ou pas juif,
08:19 boursier ou pas boursier, ils s'en fichaient.
08:21 Mais les...
08:23 Le prof...
08:25 Tous les profs me considéraient davantage,
08:27 j'avais l'impression d'exister.
08:29 -Les années ont passé,
08:31 l'ONAC VG a toujours veillé sur Sylvain.
08:33 Des aides ponctuelles ont amélioré son quotidien
08:37 et compensé une petite retraite.
08:39 Comme une cure, pour se remettre de la Covid-19,
08:42 ou le remplacement d'un appareil en panne.
08:45 -C'est vrai que depuis quelques années,
08:47 où on a un frigo un petit peu en...
08:50 Un problème, l'ONAC budgétise une partie,
08:54 voire la totalité, mais bon, c'est vrai que deux fois par an,
08:58 l'ONAC...
08:59 On a...
09:02 Une aide financière,
09:05 on a toujours un geste.
09:07 Vous voyez, le fait d'avoir cette interview
09:11 et de remettre à flot
09:14 toute cette histoire,
09:16 fait que c'est pas que ça ressort,
09:19 mais quand je réfléchis, je reconnais
09:22 que l'Etat français m'a quand même apporté pas mal.
09:26 -Le statut de pupille de la nation
09:28 est une particularité française sans équivalent ailleurs.
09:32 C'est un héritage de la Grande Guerre,
09:36 un conflit qui laisse derrière lui
09:38 près d'1,4 million de morts ou disparus,
09:41 mais aussi près de 4 millions de blessés,
09:43 600 000 veuves et près d'un million d'orphelins.
09:46 La question de leur prise en charge se pose.
09:49 -Là, il y avait une unanimité.
09:52 Non, non, non, ils étaient pleins,
09:56 il fallait s'en occuper, ne pas s'en occuper, c'était scandaleux.
09:59 Non, là, il y avait un consensus, il y avait une union sacrée.
10:03 C'est aussi une époque
10:05 où on commence à spécialiser la justice pour enfants,
10:09 où vous avez un service social de l'enfance
10:13 qui se constitue.
10:15 Et puis, vous avez un mouvement,
10:17 un phénomène qui va jouer un peu
10:20 pour l'adoption législative,
10:23 c'est la laïcité.
10:25 Parce que la guerre a suscité un raz-de-marée philanthropique.
10:29 Vous n'avez pas idée du nombre de centres de rééducation,
10:34 de foyers, de maisons du soldat qui ont été créés
10:38 par des gens riches qui avaient une maison importante
10:41 et qui l'ont consacrée à ça.
10:43 Notamment les œuvres catholiques.
10:45 Donc, vous avez eu des orphelinats catholiques
10:48 qui se sont empressés de prendre en charge les orphelins.
10:54 Et pour la République laïque, c'était un peu un défi.
10:58 Donc, c'est pour ça qu'ils ont créé l'office
11:02 sous la coupe, sous la tutelle du ministère.
11:05 A l'époque, on dit de l'instruction publique.
11:07 -Cet office des pupilles est instauré par l'Etat en 1917.
11:12 -Officiellement, il est rattaché à une institution profondément laïque.
11:16 Et il va d'ailleurs interpréter cette laïcité
11:19 de façon très souple,
11:20 car laïcité ne veut pas dire sectarisme.
11:25 Et donc, le dogme auquel tiennent les anciens combattants,
11:28 c'est que les enfants doivent recevoir l'éducation
11:31 que leur père aurait voulue.
11:33 Il faut respecter le droit du père, la volonté du père.
11:36 C'est le principe fondamental.
11:38 -A partir de 1935, l'office des pupilles fusionne
11:42 avec plusieurs organismes pour devenir l'Office national
11:45 des combattants et des victimes de guerre,
11:48 que l'on connaît aujourd'hui,
11:49 et désormais rattaché au ministère des Armées.
11:52 Le statut a été étendu à d'autres catégories de victimes.
11:55 Aujourd'hui, pour devenir pupille de la nation,
11:59 l'enfant doit être âgé de moins de 21 ans, révolu.
12:03 Un de ses parents ou tuteur légau doit avoir été blessé
12:07 ou tué lors d'une guerre, d'un acte de terrorisme
12:10 ou lors d'une agression dans le cadre d'une mission
12:13 de service public, ou être lui-même victime
12:16 de la guerre ou du terrorisme.
12:20 Une fois adopté, l'enfant devient ressortissant
12:23 de l'Office national des combattants et des victimes de guerre.
12:26 Il bénéficie à ce titre d'une aide morale
12:30 et d'un soutien financier.
12:32 En 2022, 126 pupilles ont été adoptées par la nation,
12:38 dont 78 enfants de militaires tués ou blessés en opération,
12:42 46 au titre du terrorisme
12:46 et deux pour des actes d'agression.
12:49 Près de 5 millions d'euros ont été consacrés
12:52 pour l'ensemble des pupilles, soit près de 20 %
12:55 du budget total de l'action sociale de l'ONAC-VG.
12:58 Pour accompagner les pupilles,
13:00 l'Office dispose de 104 services de proximité,
13:03 un dans chaque département en France métropolitaine
13:06 et en Outre-mer, ainsi qu'en Algérie et au Maroc.
13:09 À Vannes, nous retrouvons Anne Gélin,
13:18 directrice départementale de l'ONAC-VG du Morbihan.
13:21 Elle accompagne une quarantaine de pupilles
13:24 de la nation de moins de 21 ans.
13:25 -Bonjour, Solène. -Bonjour.
13:27 -Ce jour-là, Anne Gélin reçoit Solène,
13:29 veuve de guerre et maman de deux enfants,
13:32 Alia, 15 ans, et Etan, 13 ans.
13:35 Leur père militaire est décédé
13:38 des suites de ses blessures en Afghanistan, en 2009.
13:41 -Il y a déjà un an, monsieur le préfet,
13:44 vous avez tous reçu en préfecture.
13:46 Là aussi, on a le projet, au 11 novembre,
13:48 de réitérer, avant la cérémonie à Vannes,
13:50 bien sûr, à la préfecture du Morbihan,
13:53 comme c'est la maison de l'Etat,
13:54 de recevoir aussi les familles et les enfants.
13:57 Donc là, c'est un projet dont je reviendrai vers vous,
14:00 mais là, on a un peu plus de temps, ça sera à la fin de l'année.
14:04 -D'accord. -Je me suis rendue compte
14:05 que l'aspect social était primordial
14:08 et c'était justement ce qui me plaît beaucoup
14:12 dans notre métier, qui est vraiment de terrain,
14:15 n'oublions pas qu'on est un service de proximité,
14:18 donc c'est vraiment l'accueil,
14:20 l'accueil toujours dans la bienveillance,
14:22 et puis beaucoup d'écoute.
14:24 -J'ai la possibilité d'avoir un local,
14:26 comme je vous avais dit. -C'est une bonne nouvelle.
14:29 -Je croise les doigts pour que ça se fasse.
14:31 Il y a les aides, mais la partie qui est très importante,
14:35 c'est l'écoute, c'est la disponibilité.
14:37 On se sent ici, moi, personnellement,
14:39 c'est mon point de vue,
14:40 j'ai toujours plaisir à venir voir les personnes qui travaillent à l'ENA,
14:44 qu'on se connaît depuis des années.
14:46 C'est aussi une fierté, et puis c'est une confiance aussi,
14:51 parce que si demain, moi, il m'arrive quelque chose,
14:54 il y a ça aussi, il y a le poids de la responsabilité
14:57 qui est là aussi.
14:58 Jusqu'aux 18 ans, c'est le soulagement,
15:00 même si on sait qu'après, ça continue derrière.
15:03 C'est de se dire qu'ils ne seront jamais réellement seuls.
15:06 C'est comme une famille, en fait.
15:08 -Ca ne s'arrête pas à 18 ou à 21 ans, par exemple,
15:11 c'est tout au long de la vie.
15:13 -Pontuellement, ils savent qu'ils peuvent se tourner
15:16 vers leur service, vers le service départemental
15:19 où ils résident, bien sûr, de l'office.
15:21 Donc ça peut être des aides financières ponctuelles,
15:24 ça peut être une reconversion professionnelle, par exemple,
15:29 mais aussi les emplois réservés,
15:31 et puis des aides financières.
15:33 -Alia et Etan, les enfants de Solène,
15:36 ont grandi sans leur père,
15:37 mais ils sont accompagnés depuis leur naissance par l'office.
15:41 -Ce statut, pour moi, il est important,
15:44 parce qu'on a comme besoin de certaines aides.
15:49 Par exemple, moi, je vois une éducatrice,
15:51 c'est un apport qui me fait du bien, en fait.
15:54 De temps en temps, ça me fait une sortie,
15:56 je peux me confier à une personne en qui j'ai confiance.
16:00 Et puis, voilà, donc c'est l'ONEC qui aide pour ça.
16:03 Pareil, donc, pour le sport.
16:06 Voilà, donc, mon activité personnelle, c'est du volet,
16:10 mais c'est ma première année.
16:11 Avant, j'ai fait de l'équitation, c'est un sport qui coûte cher.
16:15 Sans l'ONEC, j'aurais jamais pu faire ce sport.
16:18 -Au-delà des aides, les adolescents participent souvent
16:21 aux événements organisés par l'office.
16:23 -2017, je crois, on a été invités
16:27 pour la cérémonie du 11 novembre,
16:30 à Paris,
16:32 avec la cérémonie à l'Arc de Triomphe.
16:35 J'ai pu rencontrer le président de la République.
16:38 Et on a été ensuite invitées à l'Elysée
16:43 pour un discours du président,
16:45 et on a pu rencontrer plein d'autres pubis.
16:47 -Je me rends compte que chaque histoire n'est pas la même.
16:50 Il y a beaucoup d'histoires différentes
16:52 qui peuvent être touchantes, etc.
16:54 C'est vraiment spécial, et même si notre histoire est différente,
16:58 on est tous dans le même bateau.
17:00 Donc, c'est vrai que ça fait plaisir
17:02 de rencontrer des gens qui peuvent nous comprendre.
17:05 -Pas très habituée à ce genre de choses.
17:07 -Aux années 1980, la France subit une vague d'attentats.
17:10 Le statut de pubis de la nation
17:12 est alors étendu aux enfants victimes du terrorisme.
17:15 Une extension qui a pris tout son sens récemment.
17:19 Plus de 130 pubis ont été adoptés par la nation
17:23 au titre des attentats de 2015 à Paris
17:25 et de 2016 à Nice.
17:27 -A partir de 1986,
17:30 il y a la reconnaissance des victimes d'actes de terrorisme,
17:35 notamment sous l'impulsion de grandes personnalités.
17:39 J'ai une petite pensée pour madame Françoise Rudetsky,
17:43 qui est décédée en 2022
17:46 et qui a été l'une des personnalités qui s'est battue
17:50 pour que les victimes d'actes de terrorisme
17:53 bénéficient d'un statut.
17:55 Et c'est la loi du 23 février 1990
17:59 qui ouvre aux victimes d'attentats
18:02 le bénéfice des dispositions du code
18:06 des pensions militaires d'invalidité
18:08 et des victimes de guerre.
18:10 Et parmi ces dispositions,
18:13 il y a le statut de pubis de la nation.
18:16 Donc, à partir de 1990,
18:18 les victimes d'actes de terrorisme
18:20 peuvent se voir reconnaître le statut de pubis de la nation.
18:24 -En 2020, Noam, 10 ans,
18:27 et Marius, 7 ans, sont adoptés pour ce motif.
18:30 Les deux frères étaient présents avec leurs parents
18:34 à l'attentat de Barcelone en 2017.
18:36 Ce jour-là, sur la Rambla,
18:39 une camionnette fonce sur la foule.
18:41 Dans la famille, personne n'est blessé,
18:43 mais le traumatisme vécu est réel.
18:45 De retour chez eux, à Rennes, en Bretagne,
18:48 le père Etienne est reconnu victime d'actes de terrorisme.
18:52 Il découvre en parallèle le statut de pubis de la nation
18:56 et se rend à l'ONAC-VG pour se renseigner.
18:59 -Au début, j'étais un petit peu réticent,
19:01 comme beaucoup de parents,
19:03 et en fait, ils ont été très, très pédagogues
19:06 et ils m'ont vraiment expliqué
19:09 pourquoi il était important que les enfants soient pubis.
19:12 On se rend pas compte,
19:14 mais on a vécu quelque chose de fort,
19:17 quelque chose qui reste dans la tête.
19:19 Et même si on se dit qu'il y aura pas besoin,
19:22 que nos enfants n'ont pas besoin,
19:24 il faut savoir que les enfants, c'est des éponges.
19:28 Et ils ont vraiment, vraiment, vraiment besoin d'aide,
19:32 que ce soit de suite ou par la suite.
19:36 On peut se retrouver du jour au lendemain sans travail
19:40 parce qu'on se sent plus capable de travailler,
19:43 d'exercer ce qu'on fait.
19:44 Et là, vraiment, c'est très important
19:47 d'avoir ce soutien aussi financier que moral.
19:51 Notre conseillère, c'est un ange, elle est là pour nous.
19:55 On se sent bien, en fait, si vous voulez,
19:58 on se sent accompagnés, et c'est très important
20:01 lorsqu'on a vécu quelque chose de fort.
20:04 On se sent accompagnés, ils sont là,
20:06 et on sait qu'ils seront là tout le temps pour nos enfants.
20:11 -Pour Etienne, c'était aussi le moyen
20:14 de faire reconnaître le traumatisme familial.
20:17 -J'ai été reconnu victime d'attentat.
20:20 Et ma femme et mes enfants étaient à 3 m de moi,
20:25 mais à l'intérieur d'un monument.
20:29 Donc, eux n'ont pas été reconnus, en fait, victimes d'attentat.
20:33 Donc, je me sentais tout seul alors qu'on était tous en famille.
20:38 Et le fait que mes enfants soient aujourd'hui pupilles de la nation,
20:43 c'est quelque chose aussi,
20:45 c'est une reconnaissance pour moi et pour eux.
20:48 Regarde, c'est sympa.
20:49 Regarde le chien. Bonjour.
20:51 -Le plus petit, Marius, voit une psychomotricienne
20:54 pour l'aider à canaliser son énergie.
20:56 Depuis quelques mois, son grand frère, Noam,
21:00 apprend à gérer ses émotions avec de l'équithérapie,
21:03 une suggestion de l'ONAC VG.
21:04 -C'est vrai qu'elle n'est pas très sale.
21:07 -Au début, on était allés voir une psychologue pour mon fils.
21:12 Ca n'avait pas mâché, ça n'avait pas marché.
21:15 Et l'ONAC VG nous a conseillés de faire de l'équithérapie.
21:20 Et c'est vrai que l'équithérapie, c'est un certain budget.
21:24 On ne peut pas en faire.
21:25 Et grâce à l'ONAC, grâce aux subventions,
21:29 c'est une aide aussi psychologique qui permet à Noam
21:33 de pouvoir avancer et de se sentir bien,
21:37 puisque c'est quelque chose qu'il apprécie,
21:39 il aime le contact avec l'animal, avec le cheval.
21:42 C'est vraiment quelque chose qui le fait se sentir mieux.
21:46 Et il peut extérioriser, il peut parler des choses
21:50 qu'il ne peut pas forcément parler avec nous ou avec d'autres personnes.
21:53 Quand je suis à l'équithérapie, je suis en contact avec le cheval.
21:58 Mais en fait, je suis libérée.
22:02 Comme si j'étais libérée d'un poids qui me hantait le reste de la semaine.
22:05 C'est quand je suis à côté de lui, je sens qu'il est thérapeutique.
22:11 Il m'apaise.
22:13 -Vas-y, tu peux aller dire avec ta voix de marché.
22:16 Elle va peut-être être intriguée par là-bas.
22:18 Reste bien concentrée avec elle, sois sûre d'où tu vas.
22:21 -Pendant les séances, Noam est accompagnée par une équicienne
22:24 dont le métier consiste à mettre en relation les chevaux
22:27 avec des personnes en situation de handicap,
22:29 de fragilité ou de souffrance.
22:32 -Elle s'appelle Amy et je pense du bien d'elle.
22:35 Je trouve que c'est pas comme une psy,
22:37 mais c'est une personne qui m'aide beaucoup en psychologie.
22:43 Tu te sens un peu mis à la pression quand tu es dans une psy,
22:46 alors que là-bas, tu sais très bien qu'elle est dans sa tête,
22:50 mais elle garde ça pour elle.
22:51 -C'est complémentaire, en fait.
22:54 Ca offre juste un autre cadre, un autre lieu pour discuter.
22:58 Après, Noam, ça va être aussi toute cette notion de plaisir-là.
23:02 On travaille un peu sur l'affirmation de soi,
23:04 ce qui est beaucoup mieux avec Noam.
23:06 On va beaucoup discuter.
23:08 En début de séance, on va parler de lui, sa semaine,
23:12 ou revenir sur ses faits passés.
23:14 -Il est super.
23:15 -Ca fait quelque chose que je le vois bien,
23:18 je le vois souriant, et c'est agréable.
23:21 Limite, c'est en pleuré, de dire que ton enfant,
23:24 il se sent bien, il est bien.
23:26 C'est top. Elle fait un travail incroyable.
23:29 On la remercie.
23:30 -Je mets mes mains sur ta main.
23:32 -Avec ce statut de pupille,
23:34 la nation assure son devoir de mémoire et de reconnaissance
23:37 envers ses enfants et leur famille.
23:40 Un statut qui, depuis plus d'un siècle,
23:42 a su évoluer au regard de l'histoire,
23:44 avec comme première mission, toujours, la réparation.
23:48 ...
23:53 [Musique]
24:05 [Musique]

Recommandations