Elle a recueilli 850 animaux… Mais aujourd’hui, ils sont en danger

  • l’année dernière
"On n'est pas chez nous, les animaux sont chez eux."

Depuis 15 ans, Dominique s'occupe de 850 animaux de la ferme dans son sanctuaire des Douages. Handicapés, victimes de maltraitance, sortis de laboratoires... Ses animaux passent avant elle, mais aujourd'hui, elle risque de fermer son refuge par manque de dons.

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Transcript
00:00 Mérinos, on l'a récupéré, il était à la firme de naissance.
00:04 Il aurait dû être égorgé.
00:06 Son propriétaire, qui était éleveur, berger, nous l'a ramené.
00:10 Je vais vous montrer celle qui n'a que trois pattes.
00:13 Voilà, j'en ai une qui manque la patte à l'avant aussi.
00:16 C'est mon toit qui va s'effondrer là,
00:19 si je ne trouve pas des sous rapidement.
00:21 À deux, vous imaginez, c'est comme si
00:24 chaque personne devait s'occuper d'un gros caisson d'animaux.
00:26 Les soins, les piqures, l'entretien, les pieds,
00:30 c'est presque inhumain.
00:31 Kofi, viens !
00:32 Mais non, fais pas pipi devant les caméras, c'est pas possible.
00:37 Il y a un animal qui arrive ici, qui pose le pied sur le domaine des doigts,
00:40 qui termine sa vie ici.
00:40 On n'est pas chez nous, les animaux sont chez eux.
00:43 Moi j'appelle ça un sanctuaire ou une réserve plutôt.
00:46 La première réserve pour animaux de ferme de France.
00:49 On se trouve dans la Nièvre, à Chantenay-Saint-Limbert.
00:52 Tous les jours, c'est une nouvelle aventure.
00:54 Tu veux venir avec nous toi ?
00:55 Allez viens, viens.
00:56 Ça c'est un moment d'adoption forcément.
00:59 Un animal qui arrive ici, on ne demande rien.
01:02 On ne demande pas de frais d'adoption,
01:03 comme ça peut être pour un chien ou un chat.
01:06 Parce que la personne va me dire,
01:07 "ben oui mais vous me demandez combien ?
01:10 120 euros pour déposer ma chèvre ou mon mouton ?
01:13 Ok, on fait demi-tour, on va la mettre sur le bon coin."
01:15 J'ai été éleveuse pendant trois ans.
01:17 Après j'ai travaillé avec un éleveur anglais pendant huit ans.
01:21 En 2009, 2008, il a voulu repartir en Angleterre.
01:24 Il voulait tout envoyer à l'abattoir.
01:26 Et donc, j'ai racheté sans savoir où j'allais.
01:29 Ça, c'est deux garçons, deux garçons castrés.
01:32 Ils appartiennent à une propriétaire.
01:34 Ça devait être pour six mois.
01:35 Ça fait cinq ans qu'ils sont là.
01:36 C'est la seule propriétaire qui, tous les mois,
01:39 depuis cinq ans, me verse une pension pour ses animaux.
01:41 Les aisselles sans corne, là il y en a cinq,
01:44 elles sortent de laboratoire, celles-ci.
01:46 En fin de test, on peut les prendre pour les sauver.
01:49 Ou alors ils partent, ils sont euthanasiés.
01:51 Le domaine des doigts n'est pas soutenu,
01:54 puisqu'il est absolument ignoré du gouvernement.
01:56 Ça fait quinze ans qu'il est porté par des privés,
01:58 par des gens qui nous font des dons.
02:00 Le souci, c'est que le don, c'est très aléatoire.
02:02 Mes animaux, ils ont toujours les mêmes besoins.
02:04 Deux mille euros de frais vétérinaires par mois,
02:06 deux mille euros d'aliments tous les mois,
02:08 du fourrage, deux mille euros.
02:09 Et puis le reste, il faut compter deux mille euros
02:11 pour un employé.
02:12 Je le paye 1400 euros net.
02:14 Je vous compte même pas moi,
02:15 moi, bénévole, c'est bon.
02:17 On arriverait à un total de combien alors,
02:18 pour s'occuper de ces deux temps ?
02:20 Je vous dis, dix, douze mille euros.
02:21 On pourrait sauver encore plus d'animaux
02:23 si on avait les fonds.
02:25 Il y a des aides pour les éleveurs,
02:26 à condition toutefois qu'ils fassent reproduire.
02:29 Si vous ne faites pas reproduire,
02:31 vous les avez comme ça, on vous ignore.
02:33 Il y a eu le plan de France Relance,
02:34 et si tous les refuges, chiens, chats, chevaux
02:37 ont été aidés,
02:39 j'ai fait la demande France Relance.
02:42 Rien, pas un centime.
02:43 Il n'y a pas de possibilité de dire,
02:45 mon petit Bicket, mais moi, c'est mon animal de compagnie,
02:48 je ne veux pas en faire un animal d'élevage.
02:50 Non, ce n'est pas possible aujourd'hui.
02:51 On est en train de commencer à lancer une procédure
02:55 pour demander à ce que les animaux de ferme
02:57 puissent changer de statut.
02:59 Maintenant, j'ai un employé depuis le mois de septembre,
03:02 et il n'en peut plus, il est cassé.
03:05 Non, c'est très dur.
03:06 Je bosse, je commence le matin à 5h,
03:08 hier, j'ai terminé à 21h passée.
03:11 Je ne mange à pas d'heure,
03:12 j'ai un genou qui HS.
03:14 Il y a trois ans que je dois me faire opérer.
03:16 Je ne peux pas partir d'ici,
03:18 donc on attend.
03:19 Et puis bon, le corps, on ne l'écoute plus,
03:22 parce que le matin, on se lève, il faut...
03:25 Quand vous avez un truc comme ça,
03:27 un bélier qui fait 70, 80, voire 100 kilos,
03:31 et qu'il est couché là, au fond du parc,
03:33 il faut le relever.
03:35 Même s'il faut le mettre dans une moutonnière,
03:37 mais il faut quand même le lever, le porter.
03:38 Bon, maintenant, ça va mieux à deux,
03:40 mais quand j'étais seule, il fallait que je le fasse aussi.
03:43 C'est sûr que si on faisait la radiographie de maison,
03:46 ça serait une abomination.
03:48 Au début, quand on a commencé, on n'avait rien.
03:50 Mais rien de rien.
03:51 On n'avait pas de quoi se chauffer,
03:52 on n'avait pas de fourneau à bois.
03:54 Il faisait froid, on se couchait le soir,
03:57 il y avait le verre d'eau qui était complètement gelé
04:00 sur la table de nuit le matin.
04:02 On dormait toutes habillées d'ailleurs.
04:04 On n'avait rien à manger.
04:04 Je me souviens d'un Noël où on avait...
04:06 J'étais avec mes enfants,
04:07 je n'ai rien pu mettre sur la table de Noël.
04:09 Le lendemain, j'ai été à la Croix-Rouge,
04:11 j'ai été plusieurs fois à la Croix-Rouge,
04:13 parce que le peu qu'on avait, ça partait pour les animaux.
04:17 Vous voyez, c'est tout monté de glingues, de glingues.
04:19 Regardez ça.
04:21 Chaque fois que je passe ici,
04:22 c'est tenu avec des ficelles.
04:24 Chaque fois que je passe ici, on risque notre vie.
04:26 Regardez, la tempête.
04:28 Tout ça, ça va être à refaire.
04:29 Le toit là-bas, il a été refait hier,
04:31 ils l'ont réparé.
04:33 Je vais juste voir s'il n'y a pas de problème tant qu'à faire.
04:38 Quand je ferme, il n'y a plus que ça.
04:40 Vous voyez, ça, ça s'arrache.
04:42 Ce que je voudrais, c'est faire une vraie porte.
04:44 Faire des vraies portes partout, ce serait déjà pas mal.
04:47 On a quelques secondes pour vérifier si les moutons vont bien,
04:49 parce qu'il y a près de 700 meubles là.
04:52 En faisant le tour, on va voir s'il n'y en a pas qui sont sur le dos,
04:55 s'il n'y a pas de chiens ou d'attaques d'animaux,
04:59 s'il n'y a pas une bête qui est malade.
05:01 Il y a 2 à 3 visites par jour avec le quad.
05:04 Ça fait 3 ans qu'on a un quad, c'est vachement bien,
05:06 parce qu'avant, on faisait ça à pied 3 fois par jour.
05:08 Bon, continuer comme ça, ça fait 15 ans que
05:11 tous les mois, je suis sur le fil du rasoir en me disant
05:14 "Est-ce que le mois prochain, je vais y arriver ?"
05:15 C'est usant à la langue.
05:16 Pire des scénarios, vous dites "Ok, c'est bon, j'abandonne."
05:19 Les animaux, ils vont où ?
05:20 Mes vieux, mes handicapés, tout ce que vous voyez là,
05:23 ça, c'est euthanasier.
05:25 Qui peut prendre aujourd'hui 250 moutons ?
05:27 C'est ce qui fait que le domaine des doigts, j'ai si particulier.
05:29 Il y a des possibilités incroyables.
05:32 Un lieu de vie magnifique.
05:34 Il y a vraiment tout pour que des animaux puissent être heureux.
05:36 Ils ont de l'espace, ils ont...
05:39 Il y a juste besoin d'un peu de fond.
05:40 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
05:43 [SILENCE]

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