Serge Hercberg répond aux questions d’Alexandre Le Mer.
Retrouvez "L'invité éco" sur : http://www.europe1.fr/emissions/linterview-eco
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00:00 "Europe 1 bonjour, Alexandre Lemer et Omblin Roche."
00:03 "Europe 1, il est 6h41, vous le voyez partout au supermarché, dans vos placards, votre frigo,
00:09 le Nutri-Score fait maintenant partie de notre vie quotidienne.
00:12 Pour chaque aliment, il nous indique les bénéfices ou les risques.
00:14 Pour notre santé, son mode de calcul va changer à la fin de l'année,
00:18 pour mieux recommander les produits sains.
00:19 Votre invité, Alexandre, c'est le professeur Serge Ergberg,
00:22 spécialiste de la nutrition en santé publique, père du Nutri-Score."
00:26 "Bonjour Serge Ergberg."
00:28 "Bonjour."
00:29 "Le Nutri-Score a vu le jour en 2017, vous en êtes à l'origine,
00:33 il est entré depuis dans notre quotidien, il indique la qualité des produits alimentaires.
00:38 Comment est-il calculé ce Nutri-Score ?"
00:41 "Il est calculé de façon très simple, il reprend en considération les données
00:45 qui sont sur l'étiquette, qui est sur la face arrière des emballages des aliments,
00:49 c'est-à-dire le gras, le sucre, le sel, la vitamine C, des protéines, des fruits et légumes,
00:54 des aimants positifs et négatifs, ça donne une note.
00:57 Il y a bien sûr eu des travaux scientifiques qui ont permis d'attribuer à ces notes,
01:02 en fonction de seuil, donc des couleurs ou des lettres différentes."
01:05 "Bien, le mode de calcul va donc changer d'ici à la fin de l'année,
01:10 les entreprises vont avoir deux ans pour adapter leur étiquetage.
01:13 Qu'est-ce qui va changer très concrètement et surtout du point de vue du consommateur,
01:17 professeur Ergberg ?"
01:19 "Alors, ces changements sont liés au progrès des connaissances scientifiques
01:23 et au recul que l'on a depuis la mise en place du Nutri-Score.
01:26 Ce qui va changer, c'est que certains aliments vont être un peu moins bien classés,
01:31 par exemple la viande rouge,
01:33 donc on sait que la consommation exécutive a un effet négatif en termes de risque de cancer,
01:39 ou les céréales petits déjeuners sucrés ne se trouvent pas trop bien classés,
01:43 donc il va y avoir des modifications négatives,
01:46 il va y avoir des modifications plutôt positives,
01:48 donc l'huile d'olive ou l'huile de cozzac, il faut favoriser,
01:51 passer de C à B,
01:53 ou par exemple le pain complexe, plus facile à distinguer du pain rassuré.
01:58 Donc des modifications qui aideront encore mieux le consommateur à orienter leur choix
02:03 vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle.
02:05 Et puis surpénaliser les produits édulcorés, les boissons édulcorées,
02:09 les boissons sans sucre, zéro ou light,
02:12 qui nécessitent aujourd'hui d'être reclassées compte tenu des données scientifiques dont nous disposons."
02:17 "Alors voilà, certaines familles de produits vont remonter dans l'échelle positive du Nutri-Score,
02:23 d'autres, vous mentionnez Professeur Rigberg, les boissons édulcorées,
02:26 c'est vrai qu'il faut rappeler que comme le sucre,
02:28 l'aspartame peut avoir lui aussi des effets délétères sur notre santé."
02:33 "Oui, on a maintenant des travaux scientifiques qui montrent que d'une part, d'une façon générale,
02:39 tous les édulcorants, l'aspartame et d'autres qui sont utilisés dans les boissons,
02:43 pour retirer le sucre, n'ont pas un avantage crucial,
02:46 ils pourraient peut-être avoir des effets non favorables à la santé,
02:49 donc il était légitime de les décliner, de les déclasser en quelque sorte,
02:54 un peu par rapport à ce que l'on avait comme idée au moment où le Nutri-Score a été créé il y a quelques années."
03:00 "Oui, l'autre conséquence, une autre conséquence en tout cas,
03:03 elle concerne cette fois la viande rouge, sa note devrait être revue à la baisse ?"
03:08 "Oui, la viande rouge va être revue à la baisse, tout simplement,
03:11 parce que se sont accumulées depuis quelques années beaucoup de travaux scientifiques
03:15 qui montrent qu'une consommation importante de viande rouge, donc hors volaille,
03:19 est accompagnée d'un risque plus élevé de certains cancers, notamment du cancer colorectal,
03:23 donc encore il est légitime simplement d'alerter le consommateur
03:27 sur le fait que la viande ne doit pas être consommée en grande quantité trop fréquemment."
03:31 "Oui, ça veut dire que la viande blanche, comme la volaille, elle n'est pas concernée, hein ?"
03:37 "Absolument, la viande blanche ou les poissons, notamment les poissons gras,
03:40 ne sont pas concernés, eux sont plutôt à privilégier
03:44 si on souhaite manger des aliments d'origine animale."
03:47 "On entend des critiques contre le Nutri-Score, il est parfois accusé de discriminer certains produits
03:53 en ne prenant pas compte le mode de production qui peut être bio ou artisanal,
03:56 mais uniquement la valeur nutritionnelle du produit.
03:59 Est-ce que vous comprenez ces critiques, Professeur Egberg ?"
04:03 "Oui, je les comprends, mais on donne une explication à cela,
04:06 c'est qu'en effet Nutri-Score ne prend en considération que les éléments de composition nutritionnelle,
04:12 il ne prend pas en considération d'autres éléments comme le mode de production,
04:16 est-ce qu'il y a des résidus pesticides,
04:18 on ne peut pas agréger toutes ces données sous forme d'un seul logo unique,
04:22 et déjà si l'on suit le Nutri-Score, les travaux scientifiques très nombreux
04:27 ont démontré qu'on diminue le risque de maladie,
04:30 et bien sûr il faut s'informer sur les autres dimensions,
04:33 est-ce que le produit est en train de se transformer en désadditif, ou est-ce qu'il est beau ou non."
04:37 "Alors c'est important, c'est intéressant bien sûr d'avoir cet indicateur précieux sur la valeur nutritionnelle de ce que l'on achète,
04:43 ce qu'il est important aussi de rappeler, Professeur Egberg,
04:46 c'est que le Nutri-Score n'est pas obligatoire à ce jour,
04:49 les industriels ne sont pas tenus de l'afficher sur leur produit."
04:53 "Alors en effet malheureusement il n'est pas obligatoire,
04:55 car une réglementation européenne qui a été poussée à la fin des années 2000 par les lobbies
05:01 empêche les états membres de le rendre obligatoire,
05:03 ce qui fait que certaines grandes sociétés refusent encore de le mettre,
05:07 et de fournir cette transparence sur la réalité de la composition nutritionnelle
05:11 qui doit être un droit des consommateurs et un devoir des industriels."
05:15 "Oui, on pense aux produits ultra transformés,
05:17 on pense à un célèbre soda, pourquoi pas aussi à une célèbre pâte à tartiner,
05:22 on se dit quoi en tant que consommateur,
05:24 si le Nutri-Score n'apparaît pas sur tous ces produits-là,
05:26 c'est pas forcément bon signe."
05:29 "Voilà exactement, c'est un bon moyen de discriminer entre les sociétés qui jouent le jeu
05:34 et ceux qui ne le jouent pas, si on ne retrouve pas le Nutri-Score sur un produit,
05:38 même si les concufrants sont moins bien classés,
05:41 et bien ça veut dire que celui qui ne met pas le Nutri-Score a vraiment des choses à cacher,
05:44 donc il faut en prendre toutes les conséquences en tant que consommateur."
05:48 Le Nutri-Score a donc été lancé je le disais en 2017,
05:51 est-ce que ça donne un premier recul suffisant peut-être
05:53 pour mesurer son efficacité d'un point de vue épidémiologique ?
05:57 Est-ce qu'il contribue par exemple à faire régresser l'obésité ?
06:01 "Alors il faut attendre dans un Nutri-Score que ce qu'il peut donner
06:06 c'est un élément d'une politique nutritionnelle mais qui est tout de même important
06:09 puisqu'en réduisant la consommation d'aliments moins favorables,
06:13 il sera utile en termes de moins de risque d'obésité et de maladies chroniques.
06:17 On n'a pas encore un recul suffisant,
06:19 mais on a eu beaucoup de travaux scientifiques préliminaires
06:22 qui ont montré sur des larges populations suivies pendant de nombreuses années
06:26 que le fait de manger des aliments bien classés sur l'échelle du Nutri-Score
06:30 réduisait le risque à la fois d'obésité et de maladies chroniques
06:33 liées à la nutrition comme les pertes infancères, maladies cardiovasculaires ou le diabète."
06:39 Le mode de calcul du Nutri-Score va donc être revu à la fin de l'année
06:43 pour mieux avantager les produits sains.
06:44 Le principe lui reste le même,
06:46 un produit classé A ou B au Nutri-Score peut être consommé tous les jours,
06:50 un produit classé D ou E à l'inverse ne devra être consommé qu'exceptionnellement.
06:54 Merci Professeur Serge Jacques-Bergue, spécialiste de la nutrition en santé publique.
06:59 Je rappelle que vous êtes à l'origine du Nutri-Score. Merci à vous.