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00:00 - Et il est 7h15, dans la nouvelle écho, on continue de s'intéresser à la semaine des primeurs dans le Bordelais.
00:04 7000 experts venus du monde entier pour dire si 2022 est un bon millésime des négociants,
00:10 mais aussi des journalistes présents.
00:11 Et on en parle ce matin avec l'un d'entre eux, Thomas Cognac.
00:13 - Bonjour Mathieu Dumange. - Bonjour.
00:15 - Vous êtes grand reporter au magazine Terre de Vin,
00:17 à quoi ça ressemble le quotidien d'un journaliste spécialisé pendant les primeurs ?
00:20 - Alors pendant la semaine des primeurs, un journaliste spécialisé déguste beaucoup de vin.
00:24 Vous me posiez la question un peu juste avant, on recrache, je tiens à préciser.
00:29 - Tout, vraiment tout. - On recrache absolument tout, allez 95% du vin.
00:34 Mais voilà, c'est un exercice très particulier parce qu'on déguste des vins qui,
00:39 par définition, ne sont pas terminés, ils sont encore en cours d'élevage.
00:42 Ce sont les vins de la Vendange 2022.
00:45 On doit juger ce qu'ils vont devenir à la fin de leur élevage,
00:49 c'est-à-dire dans plus d'un an, quand ils seront mis en bouteille.
00:51 - Et vous, vous faites même les primeurs avant les primeurs ?
00:53 - Voilà, nous, la rédaction Terre de Vin, on a commencé il y a un peu plus de trois semaines.
00:56 On a quelques 520 à déguster pour notre numéro spécial Crip Primeur
01:01 qui sortira la semaine du 15 mai.
01:03 Donc ça fait pas mal de travail, oui, effectivement, en amont.
01:06 - On entend beaucoup dire ces derniers jours que le millésime 2022 sera exceptionnel.
01:10 Alors ce sont des gens de l'écosystème de Bordeaux qui nous disent ça,
01:13 quelque part ils sont dans leur rôle, ils vendent leurs produits.
01:15 Est-ce que votre avis journalistique est un peu plus nuancé ?
01:18 - Oui, tout le monde s'est toujours un peu moqué de Bordeaux pour dire
01:21 "Attention, cette année c'est le millésime du siècle".
01:23 Alors on entend souvent "c'est le millésime du siècle".
01:25 Là, est-ce que ce sera le millésime du millénaire ? On sait pas.
01:28 Ce qui est sûr, c'est qu'il y a quelques facteurs qui jouent en faveur de ce millésime
01:32 qui est assez extrême au niveau climatique.
01:35 Ça pouvait tout à fait être un désastre et finalement, c'est effectivement un très grand millésime.
01:40 - Avec la sécheresse de l'été dernier.
01:42 - Oui, voilà, ça avait commencé dès le mois d'avril avec des séquences de gel,
01:46 il y a eu de la grêle aussi, mais surtout, comme vous dites, il y a eu cet été caniculaire
01:50 qui a battu des records de chaleur et de sécheresse.
01:53 Ça aurait pu être extrêmement dommageable pour la qualité finale du vin.
01:58 - Et qu'est-ce que ça veut dire en goût quand l'été est très sec et chaud ?
02:00 - Ça peut donner des raisins surmûrs, presque cuits, avec des goûts de pruneaux,
02:04 des tannins asséchants, donc le risque, c'est ça, c'est ce qui était arrivé un petit peu il y a 20 ans, en 2003.
02:10 Et en 20 ans, la viticulture bordelaise a fait d'énormes progrès.
02:13 - À 7h17 sur France Bleu, j'ai en autre invité en direct ce matin, Mathieu Domange,
02:17 journaliste, grand reporter au magazine Terre et Vin pour parler des primeurs.
02:21 Qu'est-ce qu'on fait de mieux depuis 20 ans ? Comment les viticulteurs se sont adaptés ?
02:24 - Déjà, ils se sont adaptés dans la conduite de la vigne.
02:27 Globalement, on effeuille moins, on travaille moins les sols pour garder de la fraîcheur.
02:34 Tout ça fait que la vigne s'ajuste.
02:36 On vendange plus tôt aussi, cette année,
02:38 c'était les vendanges les plus précoces, pratiquement, de l'histoire du vignoble bordelais.
02:41 - Et Ronald Laborde, le président de l'Union des grands crus de Bordeaux,
02:44 qui organise cette semaine des primeurs, nous le disait lundi,
02:46 c'était aussi, quelque part, le retour des primeurs comme avant le Covid.
02:49 Est-ce que, économiquement aussi, ça veut dire que c'est revenu au beau fixe ?
02:54 - Alors, le contexte économique est ce qu'il est, avec l'inflation, la guerre en Ukraine,
02:59 qui a un fort impact sur la filière 20 en général, pas seulement sur les primeurs,
03:02 mais tout le coût des matières sèches qui augmente énormément.
03:05 Tout ça a des répercussions, effectivement.
03:07 Mais c'est sûr que la filière bordelaise souffle un peu après trois années compliquées à cause de la Covid.
03:14 Là, il y a beaucoup d'acheteurs qui reviennent, des acheteurs américains,
03:18 quelques acheteurs asiatiques.
03:19 Le millésime est porteur, ça a l'air de créer beaucoup de curiosités.
03:23 - Donc les grands crus vendent beaucoup ?
03:24 - Les grands crus devraient vendre.
03:26 En tout cas, les perspectives sont plutôt bonnes.
03:28 Attention aux prix, cela dit.
03:30 - Ils pourraient augmenter ?
03:31 - Ils vont augmenter, ça c'est pratiquement certain.
03:33 Quand un millésime est qualitatif et crée de l'attractivité, les prix augmentent de façon mécanique.
03:39 S'ils augmentent beaucoup, ça risque de profiter à quelques-uns et pas à tout le monde.
03:44 Si on augmente de manière mesurée, ça peut tirer toute la filière bordelaise vers le haut et elle en a besoin.
03:49 - Et on fera le bilan à la fin de cette semaine déprimeur.
03:52 Merci Mathieu Doumanche d'être venu nous en parler.
03:54 Vous êtes grand reporter au magazine spécialisé Terre de Vin.
03:56 Bonne journée à vous !
03:57 - Merci, bonne journée !