Rencontre entre Vincent Macaigne et une directrice de crèche dans un Ehpad | Podcast Canal+

  • l’année dernière
Réplique, c’est le podcast cinéma de CANAL+.
« Quand tu seras grand » d’Andréa Bescond et Éric Métayer, au cinéma le 26 avril.
Quand les enfants se retrouvent avec nos ainés dans une maison de retraite, l'émotion est au rendez-vous !
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Transcript
00:00 Ce qui est terrorisant, je trouve, dans les maisons de retraite, en tout cas pour moi,
00:03 c'est de me dire que la vie s'arrête finalement et qu'on nous demande d'attendre.
00:08 Et donc que la société se dise que non en fait, ça peut pas exister ça, on peut pas
00:14 demander à ceux qui sont plus fragiles de s'isoler à ce point.
00:18 Ça me paraît normal presque, ça me paraît même important de se battre pour ça.
00:23 Dans le film, il y a des résidents qui a priori n'ont pas de visite et la visite des enfants,
00:27 elle crée ce lien-là qui n'est pas forcément perpétuel dans la vie familiale.
00:33 Et ça a encore plus de sens que de faire venir les enfants auprès des résidents et
00:37 de s'attacher ou de se lier en tout cas.
00:54 En général, dans les médias, le mot EHPAD rime souvent avec scandale.
00:58 Pourtant, il existe en France des lieux dont le combat est de redonner dignité et espoir
01:03 aux résidents et à ceux qui s'en occupent.
01:05 Par exemple, quand une maison de retraite devient le théâtre d'un nouveau rapport
01:08 au monde et à la vie, quand l'accent est mis sur l'humain et surtout sur la rencontre.
01:13 Celle de nos aînés avec des enfants dans le film "Quand tu seras grand" où une école
01:17 débarque dans le quotidien d'un EHPAD.
01:19 De cette union naît la magie, celle de l'intergénérationnel et du pouvoir du partage
01:24 entre toutes les générations qui cohabitent enfin ensemble.
01:27 Pour en discuter, l'acteur Vincent Makeng, aide-soignant en EHPAD dans le film,
01:32 rencontre Jéromyne Péreigne qui dirige une crèche dans un EHPAD de Rennes
01:36 et chaque jour son rôle est de faire le pont entre anciennes et nouvelles générations.
01:40 Ils se sont retrouvés pour échanger ensemble à Paris.
01:44 Bonjour Jéromyne.
01:45 Bonjour.
01:46 Bonjour Vincent.
01:47 Bonjour.
01:48 Vincent, on te fait rencontrer aujourd'hui Jéromyne qui n'est pas originale que par son prénom.
01:53 Jéromyne a un rôle, elle aussi faire le pont entre les petits et les anciens
01:57 en gérant une crèche dans un EHPAD en Bretagne à Rennes.
02:01 Et ça tombe bien car ton rôle Vincent est celui d'un aide-soignant dans un EHPAD
02:04 qui accueille des enfants dans le film "Quand tu seras grand" d'Andréa Bescon et d'Éric Métaillé.
02:09 Ça va, je dis pas trop de bêtises jusque là ?
02:11 Non, pas trop de bêtises à part que Yannick est assez réfractaire quand même
02:16 à la venue de ses enfants dans le film.
02:19 C'est subi mais pas choisi.
02:20 Voilà.
02:21 Alors que Jéromyne les accueille pas totalement.
02:25 On va discuter ensemble des parallèles entre fiction et réalité,
02:28 enfance et vieillesse comme les deux maillons oubliés de la société.
02:32 Je cite la réalisatrice qui a des propos assez forts mais on va développer un peu tout ça ensemble.
02:37 Alors Vincent, qu'est-ce que ça te fait de rencontrer Jéromyne
02:40 qui vit au quotidien ce que ton personnage Yannick vit dans le film ?
02:43 J'ai plusieurs questions parce que moi mon personnage,
02:49 est-ce que c'est courant qu'il y ait des enfants qui soient mêlés aux gens âgés ?
02:56 Ça arrive et de plus en plus.
02:59 Et c'est une très bonne chose d'ailleurs que ça arrive de plus en plus
03:01 mais il y a beaucoup de crèches dans les EHPAD ou de rencontres intergénérationnelles avec les écoles.
03:05 Et l'idée c'est de pouvoir le développer et de le faire le plus possible justement pour créer du lien.
03:11 Et toi tu travailles, j'ai pas compris, avec plutôt les enfants ou plutôt les personnes âgées ou les deux en même temps ?
03:16 Je suis directrice de crèche dans un EHPAD et on rencontre les résidents tous les jours.
03:21 Ah trop bien !
03:22 Bonne question parce que c'est vrai que c'est pas anodin.
03:25 Ça s'appelle l'intergénérationnelle ?
03:27 Jéromyne, si tu peux nous expliquer un petit peu comment c'est né ?
03:31 Alors l'idée est née de mes deux cofondatrices Astrid Parmentier et Pauline Fèvre
03:36 qui sont partis de constats personnels de l'importance de créer du lien entre deux générations
03:42 et des bienfaits que ça pouvait apporter autant pour les seniors que pour les enfants.
03:46 Et de pouvoir aussi aller à la rencontre de l'autre et de le faire de manière quotidienne.
03:51 C'est surtout l'idée d'y aller de manière quotidienne pour créer du lien.
03:55 Et moi j'ai une question, est-ce que les personnes âgées font des choses ?
04:00 Par exemple, aident les enfants sur apprendre à lire, faire des devoirs, etc.
04:06 Là où dans le film ils sont sollicités justement pour accompagner les enfants.
04:11 Alors ils sont pas dans les devoirs parce que leur chance à eux c'est qu'ils ont moins de 3 ans pour la plupart.
04:16 Et qu'ils ne sont pas encore là-dedans.
04:18 Mais il y a un vrai rôle de transmission des uns envers les autres.
04:20 Et c'est beaucoup les seniors qui transmettent aux tout-petits.
04:24 Et est-ce que tu penses que ça serait bien qu'il y ait des enfants un peu plus âgés du coup ?
04:29 L'intergé il a de l'intérêt dans tous les âges en fait.
04:32 Donc petit et plus grand, collégien, tout le monde a un rôle à avoir là-dedans.
04:37 Pourquoi cette question ? Parce que tu penses que les plus âgés pourraient avoir encore plus de liens ?
04:43 Moi je pense, je sais pas en fait, il s'avère que j'avais fait un film moi-même que j'avais réalisé il y a quelques années
04:48 qui s'appelle "Pour le réconfort".
04:50 C'est un film à l'arrache où j'ai filmé des maisons de retraite.
04:55 Et comme je n'avais pas d'argent ni rien, je devais demander l'aide aux maisons de retraite.
05:01 Et les seules qui ont bien voulu m'aider c'était "Les petites soeurs des pauvres".
05:04 Et où les personnes âgées en fait, à part quand elles sont vraiment diminuées on va dire,
05:09 elles s'investissent dans beaucoup de choses, dans beaucoup d'actions.
05:14 Elles trient des vêtements, elles font beaucoup de choses en fait pour la société, pour la communauté.
05:21 Et j'ai trouvé que c'était un endroit où il y avait une vraie joie par rapport aux autres maisons de retraite que j'ai pu visiter.
05:27 Où il y avait une vraie joie, une vraie vie.
05:29 Et où j'ai senti les personnes âgées bien plus en forme on va dire, sans vouloir juger quelque chose,
05:37 mais que dans des maisons de retraite on va dire privées.
05:41 Est-ce que tu peux imaginer que des enfants justement puissent apporter toute cette joie et cette vie dans un Ehpad
05:48 quand ils sont là de manière quotidienne ?
05:50 Bah évidemment, je pense que ça peut évidemment apporter beaucoup de joie.
05:54 Ce qui est terrorisant dans les maisons de retraite, en tout cas pour moi,
05:57 c'est de me dire que la vie s'arrête finalement et qu'on nous demande d'attendre.
06:02 Et donc que la société se dise que non en fait, ça peut pas exister ça.
06:07 On peut pas demander à ceux qui sont plus fragiles de s'isoler à ce point.
06:13 Ça me paraît normal presque, ça me paraît même important de se battre pour ça.
06:18 Donc oui, je trouve que le fait qu'il y ait une communication entre les enfants et les personnes âgées,
06:23 je suis d'accord et en plus je pense que c'est important.
06:27 Enfin, j'en sais rien, je trouve que toi t'es dedans.
06:29 Et c'est une réalité, nous les enfants, ils le vivent aussi au quotidien.
06:33 On le vit en tant que nous, professionnels qui travaillent auprès des résidents et des enfants.
06:37 On vit des séparations un peu tous les jours.
06:39 Les enfants avec leurs parents quand ils les laissent à la crèche.
06:41 Un enfant qui quitte un atelier de rencontre intergénérationnelle.
06:44 Un enfant qui part à l'école.
06:46 Un résident qui décède.
06:47 C'est des séparations qu'on est amené à vivre au quotidien.
06:51 Et des séparations qu'on travaille et qu'on accompagne, qu'on verbalise.
06:55 - C'est vrai que mon personnage Yannick a peur de cette séparation-là.
06:58 C'est ce qu'il résiste à cette idée-là, pour cette raison en fait,
07:02 en disant que ça va être quelque chose à gérer en fait,
07:06 la disparition potentielle d'une personne âgée pour les enfants.
07:10 Et je pense aussi que c'est vrai que je pense à l'inverse de Yannick,
07:16 que c'est même bien d'être devant la disparition potentielle,
07:21 devant la vie en fait, devant ce qui constitue la vieillesse, la fragilité,
07:26 d'être très vite dans une connexion à un monde qui est plus grand,
07:32 plus compliqué, parce que ça prend en compte la vieillesse.
07:36 Mais de toute façon, cette société, on va dire, en tout cas en France,
07:41 mais dans plein de pays, en Occident en fait,
07:44 on a une sorte de peur du vieillissement et de la fragilité.
07:52 Donc je pense que tout ce qui peut nous ramener à ça,
07:59 à se dire que la vie c'est ça en fait,
08:00 c'est d'être un adulte capable de travailler tous les jours
08:04 et aussi d'être une personne plus âgée qui a besoin de se reposer,
08:08 mais qui peut encore servir et faire des choses pour les uns et aux autres.
08:12 Enfin, je pense que c'est évident.
08:15 On est en sous-effectif, vous aussi ?
08:17 On vient d'arriver, je vous agresse pas moi.
08:18 Ça pue les gosses !
08:20 Ah ! Mais ça, faut le dire !
08:22 Moi, je les protège les enfants, hein.
08:23 Y a des gens qui meurent pour de vrai ici.
08:25 C'est mes parents, ils s'en foutent de moi.
08:27 Nous, c'est nos enfants qui se foutent de nous.
08:29 6 résidents sur 10 n'ont jamais de visite.
08:33 Ces enfants, c'est une chance de les avoir.
08:35 - Je joue avec vous ? - Oui !
08:38 Je t'ai apporté un truc.
08:41 Trop classe !
08:44 Il est déjà toi ?
08:45 Ah oui !
08:46 Vous êtes battu pour le droit de vote,
08:47 vous êtes battu pour la contraception,
08:49 vous avez le droit au calme.
08:50 - Ça va la manipulation ? - Vous avez le droit au calme.
08:51 Ça se passe comment au niveau de la manipulation ?
08:52 Je manipule personne !
08:53 Ton personnage, Vincent Yann...
08:58 Enfin, non, putain, ton personnage s'appelle Yannick.
08:59 C'est un être soignant...
09:02 assez perturbé et contre au départ de l'arrivée des enfants.
09:06 Il va faire une pétition.
09:07 Alors, dans ce podcast, on fait pas de spoilers,
09:09 donc j'en dirai pas beaucoup plus.
09:11 Mais il a quand même une réplique qui m'a marquée.
09:14 Il dit à un moment donné,
09:15 "ici c'est la vraie vie, faut pas s'attacher les enfants".
09:18 Qu'est-ce que vous en pensez de cette réplique ?
09:21 Pourquoi il faudrait pas s'attacher ?
09:23 Bah non, moi je ne suis pas d'accord avec ce que dit Yannick.
09:28 Non, non, je pense qu'en fait, justement,
09:32 a priori, c'est aussi une des questions du film.
09:34 C'est qu'il dit que le film nous dit qu'il vaut mieux toujours prendre le risque
09:37 de s'attacher les uns aux autres
09:40 parce que c'est le début de la tristesse,
09:43 le fait d'avoir peur d'être les uns avec les autres.
09:48 Donc, c'est évident que tout ce qui peut créer du lien
09:51 dans une société est précieux.
09:53 Et surtout que dans le film, il y a des résidents qui,
09:55 a priori, n'ont pas de visite.
09:57 Et la visite des enfants, elle crée ce lien-là
10:00 qui n'est pas forcément perpétuel dans la vie familiale.
10:05 Et ça a encore plus de sens que de faire venir les enfants
10:08 auprès des résidents et de s'attacher ou de se lier, en tout cas.
10:12 Il y a des belles histoires, toi, Jéromyne, que tu vis au quotidien
10:15 sans faire être trop cucul.
10:18 Mais on ne sait pas du tout comment ça se passe, une rencontre.
10:23 Il y a des répliques aussi dans le film.
10:25 Est-ce que c'est vrai que parfois, t'as pu avoir des réflexions comme quoi
10:28 les gosses, ça pue ou les petits vieux, c'est le cimetière,
10:32 comme dans le film. Est-ce que c'est réel, ça ?
10:35 Alors, nos enfants sont encore un peu petits pour eux faire des réflexions,
10:37 mais les résidents ne s'empêchent pas d'en faire un peu.
10:40 Et il y a beaucoup de clichés autour du bruit que peut faire un enfant.
10:44 Mais étonnamment, les résidents qui, eux, sont plutôt apaisés,
10:49 embarquent les enfants dans cet état d'esprit.
10:51 Et les enfants sont plutôt très calmes en rencontre avec les seniors.
10:56 Et on observe des relations privilégiées entre certains enfants et certains résidents.
11:01 Ça matche très bien pour certains.
11:03 Justement, est-ce que je rebondis un peu sur ce que tu venais de dire.
11:07 Il y a des résidents, ils n'ont pas du tout de visite.
11:09 Est-ce que la présence des enfants vient un peu pallier ?
11:12 Comment ça se trame en fait, vraiment, au quotidien ?
11:15 Nous, on a ouvert en plein Covid, donc très gros challenge autour des visites.
11:20 Et justement, je pense que ça a apporté plein de bienfaits, plein de bénéfices.
11:24 Et ça a eu un vrai rôle dans la sortie de l'isolement,
11:30 parce qu'on a beaucoup de résidents qui sont vraiment isolés,
11:33 comme on disait, de maillons de visite qui sont isolés.
11:37 Et ça participe beaucoup au sentiment d'utilité,
11:41 l'estime de soi, valorisation de l'estime de soi.
11:44 Et ça permet vraiment ça, je trouve,
11:49 d'avoir les enfants qui permettent de sortir de l'isolement.
11:53 Vincent, tu as eu des rôles, on se voit souvent, musiciens, amoureux transis, médecin de nuit.
12:01 Ce rôle d'être soignant, il t'a semblé évident ?
12:05 Je ne sais pas s'il m'a semblé évident.
12:08 Non, parce qu'en fait, en vrai, le travail au tournage n'était pas du tout compliqué.
12:14 Mais je veux dire, ce qui est très beau dans le film,
12:16 c'est que j'ai l'impression qu'il y a une forme de vérité dans le film.
12:19 Je ne sais pas si je me trompe, mais du coup, la volonté d'Eric et Andréa,
12:24 c'était de faire des longs plans séquences.
12:27 Donc, on était complètement immergés.
12:28 Donc, j'ai ressenti quand même un peu le labeur que c'est,
12:31 même physiquement, d'aller de chambre en chambre, de jamais s'arrêter,
12:35 de trottiner un peu partout.
12:37 Et cette responsabilité, parce qu'il y a une forme de, enfin, même pas une forme,
12:40 il y a une responsabilité énorme à faire ce travail là et qui n'est pas considéré par la société.
12:46 Parce que je pense aussi tout bêtement, parce que quand on est en bonne santé,
12:50 on croit que ça va durer.
12:52 Du coup, on se rend compte de ça, de cette importance-là quand on est en mauvaise santé.
13:01 - Ah bah, toi t'es là, t'étais pas de nuit ?
13:02 - Si, si, mais sous-effectif ce matin.
13:04 - Bonjour, bienvenue. - Salut, salut.
13:05 - Je suis restée.
13:06 - Ouais, c'est comme d'hab, hein.
13:07 Toi, t'es pas emmerdée là par les gosses au réfectoire à midi ?
13:10 - Bon, y a plus de bruit, mais c'est vivant.
13:13 - Ah ouais, bah l'animatrice, elle est complètement dépassée.
13:16 T'as signé ma pétition ?
13:18 Dans ce que j'ai mis au foyer.
13:19 - Ta pétition, non, je l'ai vue.
13:20 Non, je l'ai pas signée, non.
13:21 Tu veux qu'ils aillent où ?
13:23 - Je sais pas, ça l'a mérite gérée, c'est pas à nous.
13:25 Oh, pas possible, là !
13:28 C'est pas possible !
13:29 Moi, je savais qu'elle était prise, 112 !
13:31 - Il est où, mon préposé, là ?
13:33 - Bah, il est là, il s'appelle Yannick.
13:34 - Et pourquoi il gueule, Yannick ?
13:36 - C'est juste, alors, le film, Jérôme ?
13:39 Est-ce que c'est très proche du réel ?
13:41 Est-ce que c'est...
13:42 On est...
13:44 Est-ce que ce sont des vrais petits vieux dans le film
13:46 ou ce sont des comédiens ?
13:47 On sait pas.
13:50 - Le doigt, il est vraiment mis sur plein de réalités du quotidien
13:53 des professionnels qui travaillent
13:56 dans des maisons de retraite EHPAD ou résidences seniors,
14:00 où c'est des vraies réalités que d'avoir un turnover,
14:05 de l'épuisement, la fatigue physique aussi,
14:09 et de voir toujours cette normalement nécessaire disponibilité
14:13 pour accueillir le résident et s'en occuper.
14:16 Et c'est un vrai combat tous les jours
14:19 d'être disponible.
14:20 Ils font des amplitudes d'horaire énormes
14:22 pour pouvoir répondre aux besoins de tout le monde
14:24 et avec des exigences parfois particulières.
14:29 Mais ça met vraiment ça en lumière.
14:31 Le film met vraiment ça en lumière.
14:33 Et pour...
14:35 Est-ce que tu as de la question ?
14:36 - Oui.
14:37 - Est-ce qu'ils sont nos anciens ?
14:39 C'est des vrais anciens ?
14:40 - C'est des vrais anciens au sens où ils ont vraiment leur âge,
14:44 je veux dire.
14:44 Mais par contre, non, c'est beaucoup d'acteurs
14:46 et ça m'a beaucoup ému de les rencontrer.
14:49 C'est souvent des acteurs qui ont fait partie de cette aventure,
14:53 dont on parle d'ailleurs pas souvent,
14:54 qui est le Thètre Public,
14:56 Thètre de la décentralisation,
14:58 qui sont pas des acteurs dont on connaît forcément le visage,
15:01 mais qui sont des gens qui ont travaillé toute leur vie,
15:03 qui ont donné leur corps, leur énergie
15:06 dans ce rêve-là, en fait.
15:08 Et c'est un vrai don parce que c'est quand même le service public,
15:11 donc c'est pas des gens qui se sont enrichis,
15:12 je peux le dire parce que je viens du Thètre Public.
15:15 Et pareil, c'est des gens qu'on regarde pas beaucoup.
15:18 Alors que, bon voilà, on est tout le temps fasciné
15:22 par les acteurs qu'on voit au cinéma,
15:24 mais en fait, c'est des gens qui contribuent
15:27 au tissu social aussi de toute la France
15:30 et à l'exception française,
15:31 parce que ça n'est qu'en France
15:35 qu'il y a ces gens qui font ce travail-là
15:39 et qui montrent des grands spectacles
15:41 et qui vont partout en France,
15:44 partout en France pour jouer
15:45 et montrer des spectacles de qualité.
15:47 Donc là, dans le spectacle, en l'occurrence,
15:49 il y a beaucoup de très grands acteurs de théâtre
15:53 que j'ai pu rencontrer, qui m'ont raconté leurs souvenirs
15:55 et c'était vraiment joyeux.
15:57 - C'est marrant, oui.
15:58 - Et tu dis qu'ils font leur âge,
16:00 mais c'est à partir de quel âge pour toi
16:02 qu'on commence à devenir vieux ou senior ?
16:05 - Non, je sais pas, mais en fait,
16:07 il y avait un peu tous les âges.
16:10 (rires)
16:11 - C'est la question du siège de Spock, Astine.
16:13 - Non, il y avait un peu de tous les âges, quoi.
16:16 Il y avait des gens qui étaient, entre guillemets, très vieux,
16:20 qui devaient avoir 85 ans, par là,
16:22 et d'autres beaucoup moins vieux.
16:25 Les personnages principaux sont beaucoup moins vieux, quand même.
16:27 - Oui.
16:28 - Oui.
16:29 - Pourquoi cette question, Jérémie ?
16:30 À partir de quel âge on peut dire qu'on est vieux ou vieil ?
16:33 - C'est justement la question qu'on peut se poser.
16:34 En Ehpad, on peut arriver à 60 ans
16:37 parce qu'on est un peu moins autonome,
16:39 comme nous, la plus vieille résidente, si je puis dire,
16:43 elle a 106 ans.
16:44 Nous, on accueille des enfants à partir de 2 mois et demi,
16:47 donc l'écartage est énorme.
16:50 Donc voilà, c'était par curiosité.
16:52 - On a l'impression de devoir faire les choses spontanément
16:56 et prendre cette personne, la mettre à cet endroit-là,
16:58 la doucher, la faire manger,
17:00 ne plus lui demander son avis,
17:02 comme si elle n'était plus de ce monde déjà.
17:04 - Des patients qui restent à l'ité toute la journée au lit
17:06 parce qu'on n'a pas de personnel pour les faire descendre en salle à manger,
17:09 des patients qui ne déjeunent pas
17:10 parce qu'on n'a pas eu le personnel suffisant pour leur monter le déjeuner,
17:13 des patients qu'on n'hydrate pas
17:15 parce qu'on n'a pas de poche d'hydratation.
17:17 - Après le scandale des EHPAD, celui des crèches,
17:20 des maltraitances sur les enfants,
17:21 qui est un rapport de l'inspection générale des affaires sociales
17:24 compare à ceux infligés aux résidentes des EHPAD,
17:26 des enfants laissés toute la journée dans la même couche
17:28 parce qu'ils ne pleuraient pas et n'étaient pas prioritaires,
17:31 privés de sieste, faute de lit,
17:33 des bébés de 4 mois qui hurlent de faim, de sommeil,
17:35 qui ont besoin d'être rassurés
17:37 et doivent attendre en silence si possible.
17:39 - Il y a une étude qui est sortie récemment, hier,
17:43 sur la maltraitance dans les EHPAD
17:45 ou dans les crèches, il y a une triste réalité.
17:48 En quoi aussi un film comme ça vient questionner une situation,
17:52 vient montrer une réalité ?
17:54 La maltraitance, on voit dès le début du film,
17:58 mais pas que sur les résidents,
17:59 on voit aussi sur la souffrance du personnel, des aides-soignants,
18:04 même peut-être des directeurs, directrices.
18:07 Comment ça vient un peu pointer du doigt,
18:09 ça vient un petit peu soulever une question de société
18:11 et un sujet assez fort, en fait.
18:14 - En tout cas, ce qui est vrai, c'est que dans le film,
18:18 ce qui est très beau,
18:20 vous venez de dire sur les directeurs, directrices,
18:22 mais ce qui est très beau,
18:25 c'est qu'on voit que même le directeur, en l'occurrence du film,
18:28 est un peu démuni.
18:29 Et en fait, je crois, je me demande,
18:34 mais souvent, ça bouge beaucoup, non ?
18:36 Enfin, je veux dire, ils ne restent pas si longtemps que ça,
18:40 au même endroit.
18:41 - C'est des métiers qui sont épuisants
18:44 parce qu'ils portent énormément d'équipes.
18:46 Là, c'est une grande équipe dans l'EPAD.
18:47 - En vrai, parce que moi, mon frère, qui était chef d'urgence,
18:50 et j'ai beaucoup de famille dans le milieu médical,
18:53 et il me disait que les directeurs d'hôpitaux bougeaient très souvent
18:56 pour ne pas qu'il y ait de...
18:58 Et je pense que c'est peut-être pas bien,
18:59 mais qu'il n'y ait pas d'affect qui rentre en jeu avec le personnel.
19:04 Donc, ils bougeaient beaucoup d'hôpital en hôpital.
19:08 Donc, non, c'est un vrai problème aussi.
19:11 - Et puisque tu viens à l'anecdote,
19:12 moi, mon papa est directeur d'EPAD
19:14 et ma maman, elle travaille en crèche toute sa vie.
19:17 J'ai vraiment le pont de l'intergénérationnel
19:20 et il est sur le poste depuis longtemps.
19:23 Et je pense qu'à un moment donné,
19:24 on s'épuise des responsabilités qu'on peut avoir
19:27 et de la réalité du quotidien, du turnover des équipes,
19:30 des exigences qui sont demandées aussi aux professionnels,
19:33 qui ne sont pas toujours possibles à répondre.
19:38 Et c'est des vraies réalités qui sont vraiment mises en lumière dans le film.
19:44 Et c'est aussi ce qu'on retrouve en crèche du turnover,
19:47 des difficultés budgétaires ou autres.
19:49 Il y a ces réalités-là.
19:52 - Et pour toi, c'est bien montré dans le film ?
19:54 - C'est bien montré, c'est accentué parfois,
19:57 mais puisqu'on en parle et que c'est la réalité,
20:01 oui, il faut le montrer.
20:02 Et en fait, on est des humains qui travaillent avec des humains.
20:05 Et c'est là où la difficulté, elle est très présente.
20:08 Et je pense que c'est bien mis en valeur.
20:11 - Et le manque de moyens aussi, le salaire, tout ça,
20:14 c'est pas mal abordé dans le film.
20:17 Il y a quand même des scènes assez fortes.
20:19 Est-ce que c'est une triste réalité ?
20:22 - Alors, je dirais que ça dépend des milieux,
20:24 mais en crèche comme en EHPAD,
20:27 il y a énormément de responsabilités pour les professionnels
20:29 qui travaillent dans ces deux milieux-là avec ces publics.
20:33 Et je pense que c'est nécessaire que ce soit reconnu.
20:35 - Oui, mais même pour les professeurs,
20:37 il y a beaucoup de professionnels qui sont pas très reconnus,
20:41 mais qui sont des professions, les fonctionnaires,
20:44 souvent, je pensais au tas de publics,
20:48 mais c'est vrai que par exemple, les salaires sont ridicules.
20:51 Je sais que ça, c'est rien par rapport à tous les problèmes qu'il y a,
20:54 mais en fait, quelque part,
20:56 je trouverais que ça serait une preuve de bonne santé d'une société,
21:01 une société qui serait valorisée, en fait,
21:04 parce que ça coûterait pas grand chose valoriser un tout petit peu plus
21:07 les gens qui donnent de leur énergie, de leur corps, de leurs rêves,
21:11 à des rêves qui soient pas,
21:15 enfin, c'est pas un beau mot, mais capitalistes,
21:17 qui soient pas là-dedans,
21:19 parce que ça coûterait pas si cher que ça, finalement,
21:22 parce que c'est évidemment plein de gens
21:26 qui ont foi dans l'humain et foi dans ce qu'ils font
21:31 et qui cherchent pas forcément à s'enrichir.
21:33 Donc, en fait, on parle pas de gens qui veulent s'enrichir en travaillant.
21:36 Ça serait un beau geste que la société,
21:40 elle récompense, en fait,
21:42 ce don de soi, en fait,
21:46 sans que quiconque ait à demander d'être regardé et respecté à ces endroits-là.
21:52 - De la reconnaissance, tout simplement.
21:53 - C'est de la reconnaissance, quoi.
21:55 Et c'est vrai que ça coûterait très plus cher
21:59 par rapport à tout l'enrichissement qu'on peut ressentir.
22:02 Enfin, moi, j'imagine que je connais pas étonnamment les aboutissants,
22:05 mais je veux dire, on ressent quand même ça tous.
22:09 - La culture a une place aussi dans le film et dans la réalité.
22:13 La musique, le chant.
22:15 Il y a une scène qui t'a un petit peu plus marquée, Géromine ?
22:18 - Il y a la résidente qui s'appelle Marguerite,
22:21 qui chante avec la petite chanteuse.
22:26 C'est très touchant.
22:27 Et nous, on partage beaucoup ces moments-là de culture autour de la chanson.
22:31 Là, récemment, on a fait venir un danseur de hip-hop à l'EHPAD.
22:34 Il faut imaginer voir quand même des seniors faire la vague avec les bras,
22:38 je précise, parce qu'on m'a déjà questionné sur Allongez par terre.
22:42 Mais oui, on partage beaucoup de moments comme ça
22:45 et c'est des vrais beaux moments de transmission.
22:48 - Nous, l'expérience qu'on a ici,
22:50 c'est qu'on a des retours après des animateurs ou du personnel d'ici,
22:55 en disant, voilà, la personne, elle n'arrête pas de se plaindre de ses douleurs, tout ça,
22:59 depuis que vous venez, c'est plus la même, elle n'a plus mal.
23:02 - Moi, je n'ai pas de petits-enfants auprès de moi dont ça m'a changé la vie.
23:08 Vous savez, c'est formidable.
23:10 On a l'impression de rajeunir.
23:12 - Vous vouliez quelque chose à boire ?
23:13 - Non.
23:14 - Les enfants, on trouve qu'ils s'ouvrent avec les personnes âgées.
23:19 Leur timidité peut disparaître face à elles.
23:22 - C'est très bien.
23:23 Il y a beaucoup d'ambiance.
23:25 C'est vrai qu'on revit notre enfance.
23:29 - Pas que ce soit tous les jours quand même.
23:30 - D'ailleurs, Vincent, il y a une réplique de Yannick, ton personnage,
23:34 avec cette fameuse Marguerite,
23:37 où il lui demande alors, Marguerite, comment ça va ?
23:39 Et elle répond, connard !
23:41 Ça, ça arrive ?
23:43 Ça t'a fait rire, Vincent, de tourner cette scène
23:45 où il y a eu des moments un peu de relâche ?
23:48 - Non, mais oui, c'était très drôle.
23:49 En l'occurrence, la comédienne avait du mal à dire connard
23:55 parce qu'elle trouvait ça grossier.
23:57 Et donc, du coup, j'étais obligé, entre les prises,
23:59 de dire, mais vas-y, dis-moi connard.
24:02 Elle était adorable.
24:03 - Elle ne le dit pas qu'une fois.
24:04 - Ouais, après, elle s'est lâchée.
24:06 Elle s'est lâchée.
24:08 - Ça arrive, nous, que certains résidents aient des propos un peu moins mesurés,
24:12 mais je crois que devant les enfants, ils gardent la face quand même.
24:15 Ils se permettent pas nécessairement.
24:16 Je crois qu'ils sont vigilants.
24:18 - Ils font très attention.
24:19 - Ils sont vigilants parce qu'on n'a pas forcément eu à relever
24:22 beaucoup de propos un peu bordeur, comme ça.
24:25 - Et qu'est-ce que les enfants, ils apportent à nos aînés ?
24:28 - C'est vaste comme sujet.
24:31 Les enfants apportent beaucoup de joie, déjà, du dynamisme,
24:36 là où les résidents ont un rapport au temps plutôt apaisé.
24:39 Donc, ça se complète assez bien dans ce rôle-là.
24:44 Et là où, nous, en crèche, on éveille à des compétences
24:50 ou des capacités ou des fonctions cognitives,
24:52 on réveille beaucoup de seniors à ces compétences-là.
24:55 Et c'est trop chouette de voir ça au quotidien.
24:58 - Comment on fait pour garder son calme quand les anciens nous énervent ?
25:02 Ça, c'est un sujet aussi un peu du film.
25:05 Il y a des scènes, je sais pas si, Vincent,
25:07 on t'a préparé, le réalisateur et la réalisatrice, à des scènes comme ça.
25:13 Est-ce qu'il y a des scènes où on garde son calme, on essaye de se contenir ?
25:15 - Non, mais dans le tournage,
25:18 enfin, j'ai pas grand chose à dire,
25:22 parce qu'en fait, un tournage, c'est quand même un moment privilégié.
25:24 Donc, même si on perçoit un peu l'énergie
25:29 que ces gens mettent dans leur travail, on est quand même très préservés.
25:34 Donc, je peux pas vraiment répondre.
25:36 Mais évidemment, par exemple, la scène du caca,
25:38 ça m'est pas vraiment arrivé pour de vrai.
25:42 C'est-à-dire que c'est du fou caca.
25:43 C'est du cinéma, mais je sais pas si les gens comprennent.
25:50 - Tu peux raconter un petit peu, mais sans spoiler.
25:55 - Non, mais voilà, il y a une scène un peu d'engueulade
25:58 où mon personnage se retrouve avec du caca sur sa blouse
26:01 et il pète un peu les plombs.
26:03 Mon personnage, souvent, pète les plombs.
26:05 - De manière mesurée, j'ai bien entendu.
26:09 Mais de travailler avec l'humain, c'est forcément dur.
26:13 Il faut pas avoir peur non plus de ça.
26:16 C'est vrai que c'est une société qui a de plus en plus peur de l'humain,
26:18 qui s'individualise énormément.
26:21 Et en fait, on se rend compte que les Ehpad,
26:24 c'est des lieux où on est forcé de se rencontrer.
26:26 Moi, je viens du théâtre et je me disais, mais c'est marrant,
26:27 le théâtre, on est forcé d'être ensemble pour travailler.
26:30 Ça veut dire qu'on est forcé de se confronter les uns aux autres.
26:34 Et c'est des lieux de confrontation.
26:36 Et donc, ça veut dire que les lieux de confrontation,
26:38 qui sont pas forcément négatifs, ça peut être des confrontations positives,
26:41 c'est des lieux extrêmement importants pour une civilisation et pour une société.
26:45 Et à partir du moment où une société, elle se met à avoir peur de ça,
26:49 je pense qu'elle est très malade.
26:52 Voilà ce que j'en pense.
26:54 - Et quand tu dis la société est malade, je rebondis.
26:56 D'être en Ehpad ou auprès de seigneurs,
27:00 c'est aussi se confronter à la maladie, au handicap et à la mort.
27:03 - Oui, à la fragilité.
27:05 - Voilà. Et du coup, comment toi, tu envisages ça ?
27:08 Comment ton personnage, il envisage ça
27:11 au-delà de juste par rapport aux enfants, mais en tant que soignant ?
27:16 Comment ?
27:18 - En fait, Yannick, dans un premier temps, il a très peur que ses enfants
27:21 voient la maladie, voient la mort, doivent
27:24 s'habituer à faire un deuil.
27:28 Et petit à petit, il se rend compte que ce deuil,
27:30 il est même fondamental dans la société.
27:35 Donc, je pense que c'est fondamental
27:38 d'apprendre à vieillir, d'apprendre
27:41 à ne plus être aussi performant qu'on pouvait l'être.
27:45 Et je pense qu'on a un problème avec ça parce qu'on est...
27:49 Enfin, notre société nous a retiré de plus en plus
27:53 la visibilité de cette fragilité.
27:57 Et non, moi, je pense que c'est important d'être sensibilisé à ça,
28:02 parce qu'en fait, c'est ce qu'on est.
28:04 C'est même pas ce qu'on va être.
28:05 C'est ce qu'on est tous en même temps.
28:08 On a été des enfants, on sera des personnes âgées.
28:10 On sera des personnes malades ou on a été malade.
28:12 Moi, ça m'est arrivé. J'ai été malade.
28:14 J'ai fait des séjours
28:16 à l'hôpital parce que j'ai eu un AVC très jeune
28:19 et j'ai trouvé ça chouette d'être en France
28:23 et qu'on soigne et qu'on me demande pas mes papiers,
28:25 parce que j'avais pas mes papiers en l'occurrence quand je suis arrivé aux urgences.
28:29 Et je pense qu'on devrait être vigilant à ne pas perdre tout ça.
28:33 C'est une chance énorme et c'est plus qu'une chance.
28:36 C'est une façon de voir
28:38 le monde et d'être au monde.
28:43 Ce qui fait très peur, c'est que d'année en année, on perd ces choses là.
28:49 C'est vrai aussi que j'ai l'impression que l'idée de
28:53 cette séparation entre personnes âgées et personnes non âgées,
28:59 on va dire, elle s'est creusée d'année en année.
29:03 Elle est assez contemporaine, finalement.
29:05 Et ça aussi, ça fait assez peur.
29:10 Aude, quelqu'un me jette des boulettes de pain.
29:12 On ne jette pas des boulettes de pain sur Brio, c'est pas un pigeon.
29:17 Aude, mais c'est la dame.
29:26 Eh, la dame, elle a une émie de l'égime.
29:29 Tu crois vraiment que c'est elle qui t'a lancé les boulettes ?
29:31 Sans blague.
29:32 Non.
29:32 C'est pas bien, ça.
29:33 Hein, Yvon, c'est pas bien ?
29:34 Ah non, c'est pas bien.
29:35 Ah non.
29:36 Boulette.
29:38 Boulette.
29:39 Boulette.
29:41 Aude, regarde.
29:42 Et là, t'as plus du goût.
29:44 Boulette.
29:45 Boulette.
29:46 C'est vrai que là, d'avoir nos aînés,
29:51 nos petites mamies, nos petits papys avec des enfants,
29:55 il y a quelque chose d'un petit peu symbolique.
29:57 On a le début de la vie et on a la fin de la vie.
30:01 Ou on a des échanges, peut-être, où on reconsidère nos seniors,
30:06 on les replace dans le cadre de la vie.
30:08 Est-ce qu'on est formé, Jérémie, tu sais, si on est formé
30:12 à tous ces échanges-là ?
30:16 Comment on explique à des enfants, par exemple, que quelqu'un vieillit ?
30:19 Pas forcément est malade, mais vieillit en tout cas.
30:22 Comment on explique tout ça ?
30:24 Je pense que déjà, on part avec une belle sensibilité
30:27 sur la rencontre à l'autre et à être auprès
30:31 autant des enfants que des seniors.
30:33 Et nous, on se forme au maximum pour justement être face
30:37 à l'annonce de la maladie, l'annonce de la vieillesse, l'annonce de la mort.
30:41 Et comment on en parle ?
30:43 On essaye d'en parler le plus simplement possible
30:45 en expliquant avec des mots très simples.
30:47 Un chat est un chat, une pomme est une pomme et la mort, c'est la mort.
30:50 Et c'est surtout de verbaliser avec des mots très simples,
30:53 parce que de pas juste dire "il est parti".
30:56 Oui, mais tous les matins, vos parents partent au travail aussi.
30:59 Donc on est très vigilant aux mots qu'on peut utiliser
31:02 et on le fait toujours en accord avec les familles, évidemment,
31:05 pour avoir ce consentement autour de ce sujet un peu particulier
31:09 qu'est la mort ou qu'est la maladie.
31:11 Toi, Vincent, tu as un avis sur le rôle aussi du cinéma
31:15 pour parler de ce genre de sujet ?
31:18 Un film, ce n'est pas anodin de montrer,
31:20 surtout ce film, et montre quelque chose.
31:23 Le cinéma, c'est tout.
31:24 En fait, il a un rôle pour tout, parce qu'en fait, le cinéma, il est très large.
31:28 Enfin, le cinéma ou le théâtre ou la littérature,
31:31 évidemment qu'il a un rôle à jouer pour montrer
31:33 pour montrer ces endroits là qui ne sont pas,
31:39 en fait, dont on parle souvent, mais qui ne sont pas très vus.
31:41 C'est sûr que c'est beau que ce film
31:45 éclaire les personnes âgées, les enfants et aussi tous ces soignants.
31:51 Il en fait des héros quelque part, même si ce n'est pas Bisounours,
31:55 ce n'est pas des héros,
31:57 on va dire, ce n'est pas des héros héroïques comme Marvel,
32:02 mais c'est des gens qui sont quand même des super héros à un endroit.
32:05 Exactement. Et c'est vraiment à mettre en lumière
32:09 et d'avoir une belle reconnaissance aussi pour le métier qu'ils font.
32:12 Je termine sur une petite chose.
32:14 Notre podcast s'appelle "Répliques".
32:16 Vincent, quoi as-tu eu le sentiment d'être la réplique de Jérôme
32:20 aujourd'hui ?
32:22 Non, mais c'est étonnant.
32:24 Alors après, c'est compliqué parce que mon personnage est contre
32:28 et un peu contre ce que tu fais, quoi.
32:32 On a mis un peu de piquant aujourd'hui.
32:36 Mais non, mais c'est toujours émouvant
32:41 parce qu'en fait, c'est vrai que quand on joue au cinéma,
32:44 on imagine des choses et on essaie de retranscrire des gestes
32:48 et un corps qu'on ressent instinctivement.
32:51 Alors, je ne sais pas, on ne sait jamais si on a tort ou raison.
32:54 Donc, tant que dans la vraie vie, je t'ai fait un peu changer d'avis
32:56 sur l'importance et l'intérêt d'avoir des enfants auprès des seniors.
33:00 Ça va, je pense que c'est très important.
33:02 Et toi, Jérôme, en quoi tu as eu l'impression d'être la réplique
33:05 du personnage de Vincent ?
33:08 De par l'immersion que je peux avoir auprès des professionnels en EHPAD.
33:12 Je pense que sa réalité à lui, c'est la réalité
33:15 des collègues qui travaillent en EHPAD.
33:20 C'est pas mal ça quand on est comédien de se dire que
33:22 on a quand même bien représenté une réalité.
33:25 Il y a quelque chose d'un peu satisfaisant ou pas ?
33:28 Oui, c'est satisfaisant.
33:30 C'est validé en tout cas.
33:31 Au moins, c'est un peu validé.
33:34 Eh bien, je vous remercie à tous les deux.
33:36 Merci beaucoup. Merci beaucoup.
33:37 Vous venez d'écouter "Réplique", le podcast de Canal+
33:51 qui questionne la frontière entre fiction et réalité.
33:54 Cet épisode est produit par François Saltiel chez Art Devoir
33:58 et réalisé par Nico Bergman sur une idée originale de Steph Germont et Marie Sala.
34:03 N'oubliez pas de vous abonner à ce podcast et à lui donner plein d'étoiles.
34:07 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org
34:10 "Réplique", c'est un podcast qui vous permet de découvrir l'histoire de l'histoire de l'humanité.
34:15 "Réplique", c'est un podcast qui vous permet de découvrir l'histoire de l'humanité.
34:18 "Réplique", c'est un podcast qui vous permet de découvrir l'histoire de l'humanité.
34:21 "Réplique", c'est un podcast qui vous permet de découvrir l'histoire de l'humanité.
34:24 [SILENCE]

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