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00:00 Dans tous les cas, je voulais absolument travailler, être libre et autonome.
00:04 Je me disais, je dois être libre de mes choix, libre de mes propos, libre de dire non, libre de dire oui.
00:12 La première des femmes qui me permet d'être ce que je suis devenue, ça a été ma maman.
00:21 Elle avait une force incroyable, elle était pleine de vie, elle avait une énergie,
00:27 elle ne savait pas lire, pas écrire, mais elle était toujours dans le bon sens.
00:33 Et dans le bon sens de la vie, des fois, elle me disait, ma chère, il faut que tu penses à toi.
00:40 Et puis, c'est bien, tu as eu le brevet.
00:42 Et puis, je sais que ton père te met la pression pour l'école, mais moi, je préfère te voir en bonne santé.
00:49 Donc, il y avait un équilibre de tout ça.
00:51 Puis surtout, je voyais la vie qu'elle avait pu avoir.
00:56 Elle a tué tellement de chagrin, elle a tué tellement de douleur.
01:00 Quand vous êtes enfant, vous le ressentez.
01:02 Maman, elle a été...
01:05 Elle nous a adoré.
01:07 Elle a adoré mon père.
01:09 Elle l'a voulu.
01:10 Elle l'a voulu.
01:11 La vie n'a pas été simple avec lui, mais elle l'a voulu.
01:15 Donc, elle m'a appris, en tout cas, elle nous a donné comme modèle qu'elle assumait son choix.
01:21 Moi, je n'ai jamais entendu maman dénigrer mon père.
01:23 Pourtant, la vie n'a pas été simple.
01:26 Donc, j'ai appris avec elle que quand on fait un choix,
01:31 faut ensuite en assumer les conséquences.
01:33 Et puis, une femme extrêmement forte, parce qu'elle a supporté.
01:37 Elle a eu 18 grossesses à terme.
01:40 Elle a eu 11 enfants vivants.
01:45 Et on a toujours été impeccable.
01:48 Et donc, on lui doit.
01:50 Elle nous apprenait la tenue, la politesse, la rigueur.
01:55 Personne n'a jamais eu à se plaindre de nous.
01:58 Moi, j'aime travailler avec les femmes, depuis toujours.
02:02 J'ai toujours adoré travailler avec des femmes.
02:05 J'ai été entourée de...
02:07 On habitait dans une cité, certes, mais c'était des cités ouvrières.
02:11 Donc, les femmes se retrouvaient entre elles.
02:14 Et puis, c'était des familles nombreuses, donc les femmes ne travaillaient pas.
02:16 Enfin, elles s'occupaient de leurs enfants.
02:17 Donc, moi, je me souviens, mon père, ça faisait les 3, 8,
02:20 donc il travaillait la nuit.
02:21 Et souvent, en l'été, elle descendait.
02:23 Les mamans descendaient, ce soir, sur les bancs
02:27 pour discuter avec toutes les autres femmes.
02:29 Et donc, moi, j'ai vécu là-dedans.
02:31 Et puis, des femmes qui se soutenaient
02:33 quand une était victime de violences conjugales.
02:35 Donc, elle allait voir sa voisine parce qu'elle ne déposait pas plainte
02:38 quand une autre ne voulait pas un enfant.
02:41 Elle disait « Non, mais j'ai trop d'enfants.
02:42 Je ne peux pas. Certaines n'ont aidé.
02:45 Je ne trahis pas de secret, mais je soulève un peu le voile.
02:49 Maman, n'es-tu plus là ? »
02:50 Mon père non plus, mais on a aidé des femmes à aller avorter
02:54 parce que c'était trop.
02:55 Et donc, je garde en mémoire tout ça.
02:58 Moi, j'ai une petite fille qui était…
03:00 C'était inespéré pour moi d'avoir cette petite fille.
03:04 Quand je la regarde,
03:07 et c'est compliqué, justement, ça c'est un sujet,
03:10 de pouvoir élever un enfant et d'avoir un engagement public.
03:13 Parce que l'engagement public, pardon pour les messieurs,
03:17 mais c'est vrai que l'engagement vis-à-vis de ses enfants,
03:22 et même si vous avez un mari ou un compagnon,
03:25 l'enfant est très demandeur.
03:27 Moi, je vois ma fille très demandeuse.
03:28 La mairie du 7e, j'y suis quasiment 7 jours sur 7.
03:31 Elle souhaite que je passe des week-ends avec elle, des soirées avec elle,
03:33 que je puisse avoir un goûter avec elle,
03:35 sans avoir mon téléphone, sans être dérangée.
03:37 Ou même, moi j'habite dans l'arrondissement,
03:40 donc vous croisez des gens qui vous disent…
03:43 d'ailleurs de manière très sympathique,
03:44 mais qui vous disent « Madame le maire, on voulait vous dire… »
03:47 « Oh, Madame le maire… »
03:48 Et quand elle est avec moi, parfois, ça la gêne un peu,
03:52 et il faut faire aussi attention à ça.
03:54 [Musique]