Dans la Parole aux Français, l’interne en Médecine, Gaëtan Casanova, est revenu sur la grève des internes ce vendredi. Il estime que «les internes aujourd’hui ne sont pas dans des conditions qui leur permettent de soigner correctement les patients».
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00:00 - Bien, M. Bilger, vous m'enlevez les mots de la bouche,
00:03 parce qu'en réalité, ça c'est ce qui cause la plus grande souffrance.
00:08 Pourquoi cette situation est arrivée, en particulier dans les CHU ?
00:12 Ça ne vous a pas échappé qu'il y a un problème de recrutement massif des professionnels.
00:15 La différence entre un interne et un professionnel plus âgé, ou senior en tout cas,
00:20 c'est qu'il y en a un qui peut partir.
00:22 Et d'ailleurs, pour beaucoup, il ne s'empêche pas de le faire.
00:25 L'interne, lui, il est prisonnier à l'hôpital.
00:28 Il est prisonnier à l'hôpital, il est heureux d'y être,
00:30 parce qu'il ne voit pas ça comme une prison.
00:33 Au début, il voit ça comme un engagement et un bonheur.
00:35 Mais le problème, c'est que lorsqu'il n'y a plus personne pour vous aider,
00:39 indépendamment de l'âge et de l'expérience,
00:41 le fait d'avoir des collègues pour vous soutenir, pour vous aider,
00:44 pour être certain que vous apportez le meilleur soin aux patients,
00:47 eh bien, c'est une nécessité pour tous.
00:51 Les internes, aujourd'hui, ne sont pas dans des conditions
00:54 qui leur permettent de soigner correctement les patients.
00:57 Et donc, vous l'avez dit, il y a des internes qui se retrouvent littéralement seuls.
01:00 Il y a des urgences, notamment à Paris, qui ont dû momentanément fermer,
01:05 car les internes étaient livrés à eux-mêmes,
01:07 totalement livrés à eux-mêmes avec des patients.
01:10 Et parfois, il peut y avoir des catastrophes,
01:11 et on en voit régulièrement dans les médias.
01:13 Donc oui, non seulement ça crée du désarroi,
01:16 mais je vais même plus loin, ça crée de la souffrance.
01:18 Parce que lorsque vous êtes dans l'incapacité de savoir
01:21 si vous pouvez prendre correctement en charge les gens,
01:23 à partir du moment où vous avez un cœur et une conscience,
01:25 vous souffrez, c'est tout à fait normal.
01:27 Et lorsque vous êtes épuisé, j'ai envie de dire, c'est le pompon.
01:30 À ce moment-là, ça peut arriver dans des situations dramatiques.
01:33 C'est comme ça qu'on a 25 % d'internes qui, aujourd'hui, sont en dépression.
01:37 [Musique]
01:40 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org