Mayotte : le maire de Mamoudzou "remercie le ministre de l'Intérieur qui a pris son courage à deux mains"
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Transcript
00:00 pour cette situation à Mayotte.
00:02 On en parle à présent avec Amzbil Wahedou Soumayla,
00:06 maire de Mamoudzou, la principale commune de Mayotte.
00:09 Bonjour, merci beaucoup d'être avec nous sur France 24.
00:14 Cela fait des mois que vous alertez sur la dégradation
00:17 de la situation sécuritaire à Mayotte.
00:19 On imagine que vous vous félicitez de la dernière déclaration
00:23 du ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.
00:26 Naturellement, c'est des situations extrêmement difficiles
00:30 que nous vivons depuis plus de 15 ans maintenant sur le territoire.
00:33 Nous avons souhaité, les élus de Mayotte,
00:35 la population de Mayotte a souhaité qu'il y ait un choc
00:39 de souveraineté ici sur le territoire.
00:42 Et c'est dans ce sens que nous remercions le ministre de l'Intérieur
00:46 qui a pris son courage à deux mains
00:48 et qui a envoyé un certain nombre de forces de l'ordre ici
00:52 pour que la population de Mayotte soit rassurée,
00:56 mais surtout pour que ces voyous puissent être mis hors d'état de nuire.
01:01 Quelle était jusqu'alors la situation dans votre commune, à Mamoudzou ?
01:07 À Mamoudzou, vous savez, c'est le premier bidonville de France
01:11 où nous avons ce record.
01:14 À Mayotte et à Mamoudzou singulièrement,
01:16 nous avons le record, qui n'est pas nécessairement notre fierté,
01:21 mais c'est le record des naissances.
01:23 Nous avons 77% de la population sur ce territoire
01:27 qui vit sous le seuil de pauvreté.
01:29 Nous avons des écoles qui sont bondées, surchargées.
01:32 Nous avons tous les jours, vous savez mon agenda,
01:35 comment il s'organise, il faut que je réserve des espaces
01:39 parce que je sais que de toute façon, du matin jusqu'au soir,
01:44 je devrais me rendre dans une famille
01:48 pour aller apporter un message de soutien ou de condoléances,
01:51 soit parce que quelqu'un serait violenté,
01:56 soit parce qu'on aurait cambriolé,
01:58 soit parce que c'est un véhicule qui serait brûlé,
02:01 soit tout simplement, quelqu'un serait tué.
02:03 Voilà comment on organise l'agenda de maire de Mamoudzou
02:06 qui a une ambition pour son territoire.
02:08 Nous n'arrivons plus à avoir une ambition pour ce territoire
02:12 tant l'insécurité est prégnante sur Mayotte et sur Mamoudzou.
02:16 Et ces violences se sont accentuées, vous diriez, ces derniers mois ?
02:20 Ces dernières années, ces derniers mois, ces derniers jours,
02:23 donc raison pour laquelle, encore une fois, vous vous souvenez,
02:26 une délégation d'élus de Mayotte était venue sur Paris
02:29 pour alerter que si la République n'agit pas tout de suite,
02:35 fortement, il risquait d'y avoir guerre civile.
02:39 Et c'est dans ce sens que nous considérons
02:41 que le ministre de l'Intérieur nous a entendus.
02:43 Et si jamais il n'y avait pas ces forces
02:47 qui étaient déployées sur le territoire de Mayotte,
02:50 forcément la population commençait déjà à s'organiser,
02:53 à organiser l'autodéfense parce que, trop c'est tout,
02:57 Mayotte c'est un peuple extrêmement résilient.
03:00 Nous sommes très accueillants,
03:01 mais notre résilience a eu des limites, a été mise à l'épreuve.
03:07 Alors on l'a vu depuis hier, la liaison maritime
03:09 entre Mayotte et les Comores est suspendue jusqu'à nouvel ordre.
03:13 Les expulsions des clandestins se poursuivent quand même ?
03:17 Nous sommes d'abord, à travers l'association des maires,
03:20 à travers les unis de Mayotte qui étaient réunis hier en Réunion,
03:26 nous avons demandé à ce que la ministre des Affaires étrangères
03:31 prenne position de manière publique,
03:35 parce que ce qui se passe ici ce n'est pas acceptable.
03:38 Mayotte elle est française depuis 1841,
03:42 il y a quelques jours, il y a trois jours plus exactement.
03:46 Nous avons fêté le 25 avril 2023,
03:50 le 182ème anniversaire de l'appartenance de Mayotte dans la France.
03:56 Quand nous voyons que l'ambassadeur de Chine
04:02 remet en cause la souveraineté territoriale de l'Ukraine
04:06 en disant que la Crimée n'appartient pas à l'Ukraine,
04:09 quand nous voyons les messages,
04:10 quand nous voyons que l'ambassadeur de Chine a été convoqué
04:14 par le ministre, par le Quai d'Orsay,
04:17 il n'est pas acceptable de voir que l'ambassadeur des Comores en France
04:23 dit aisément et avec toute assurance
04:27 que Mayotte appartient aux Comores et que Madame Colonna ne dise rien.
04:32 Donc nous demandons à ce que Madame Colonna
04:34 sorte de ce silence assourdissant pour ce peuple maorais
04:38 qui continue à donner, à aimer la France
04:42 et nous avons besoin que la ministre des Affaires étrangères
04:45 se positionne et convoque l'ambassadeur de France
04:49 pour qu'il y ait un positionnement ferme et définitif.
04:52 Dernière question, M. le maire, où en sont les démolitions
04:55 de bidonvilles mises en cause par le ministre de l'Intérieur
04:58 et quel est le sort des familles qui occupaient ces logements ?
05:02 D'abord, nous sommes très heureux de savoir que la cour d'appel,
05:07 parce qu'il y avait eu une suspension,
05:09 une décision qui avait été prise en première instance ici à Mayotte,
05:13 que la cour d'appel de La Réunion ait rejeté cette suspension
05:17 et que dans les semaines, dans les jours à venir,
05:19 le préfet puisse continuer la démolition.
05:22 Vous savez, la bidonville, parce que vous êtes en métropole,
05:26 beaucoup de gens qui sont en métropole ne savent pas ce que c'est la bidonville.
05:30 Il y a une définition dans ce qu'on appelle bidonville peut-être dans la rousse,
05:35 mais la bidonville, une bidonville à Mayotte,
05:38 c'est la misère sociale, c'est l'insécurité sanitaire,
05:42 c'est l'insécurité écologique, la bidonville,
05:45 c'est l'indignité de la France, sixième puissance économique du monde.
05:50 Donc oui, nous devons continuer à débidonvilliser notre territoire
05:54 parce qu'il n'est pas acceptable que dans un département de France,
05:58 il y ait un département Mayotte qui soit pillulé par des bidonvilles.
06:03 Merci beaucoup, Amdil Boaïdou Soumaïla,