Multiples attaques au Burkina Faso : comment enrayer cette spirale de violences ?

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Transcript
00:00 On en vient maintenant à ces nouvelles violences qui touchent le Burkina Faso.
00:03 33 soldats ont été tués hier dans l'est du pays dans une nouvelle attaque attribuée à des groupes terroristes.
00:08 Par ailleurs, on l'a appris aujourd'hui, 136 civils ont été tués le 20 avril,
00:13 parmi lesquels 50 femmes et 21 enfants dans le village de Karma dans le nord,
00:17 par des hommes qui portaient visiblement des tenues de l'armée.
00:19 D'autres villages voisins ont également été visés.
00:23 On en parle avec notre rédacteur en chef Afrique, ici à France 24, Stéphane Ballon.
00:27 Bonjour Stéphane.
00:28 Bonjour Achraïne.
00:29 Le Burkina Faso qui semble donc s'enfoncer une nouvelle fois dans une spirale de violence.
00:33 Oui Achraïne, cela fait 8 ans à peu près, depuis 2015,
00:38 que le Burkina Faso s'enfonce dans la violence, que les attaques se multiplient,
00:44 et qu'à chaque fois, l'on se dit que le pire est en train d'arriver,
00:48 et la situation s'aggrave encore.
00:50 Ces dernières semaines, les attaques se sont multipliées, vous l'avez dit.
00:54 Si vous voulez, parlons d'abord des attaques qui ont ciblé l'armée et ses supplétifs.
01:00 Vous évoquez la dernière en date, tout à l'heure,
01:03 celle qui a fait 33 morts hier, le 27 avril, à Ugaru.
01:09 On peut le voir sur la carte dans l'est du pays.
01:12 Dans laquelle l'armée burkinabé affirme avoir tué elle aussi,
01:21 ou neutralisé, ce sont les mots de l'armée burkinabé, des terroristes.
01:28 Une attaque qui a été qualifiée de complexe et d'envergure
01:32 dans le communiqué diffusé par l'armée burkinabé.
01:36 Cette attaque d'Ugaru, survenue donc hier,
01:39 intervient une dizaine de jours après celle qui endet le pays le 15 avril dernier,
01:46 à Ourema, qu'on peut voir sur la carte, la carte elle est là.
01:50 Là on parle d'une quarantaine de tués dans les rangs de l'armée et de ses supplétifs.
01:57 36 VDP, précisément volontaires pour la défense de la patrie.
02:03 Et si nous remontons encore un peu dans le temps, jusqu'au mois de février,
02:09 on peut signaler très rapidement les attaques de Tinakov,
02:13 en février, le 20 février dernier, et celles de Tinedar, près de Déhou.
02:18 On voit qu'on est dans une zone proche de la frontière du Mali avec le Niger.
02:25 On est dans la zone là, dans la zone qu'on appelle la zone des trois frontières.
02:29 Donc les attaques se multiplient, les morts s'accumulent malheureusement au fil des semaines,
02:34 mais il faut le signaler, à chaque fois, l'armée a communiqué sur le fait
02:39 qu'elle a riposté et qu'elle a fait aussi des victimes dans les rangs des groupes terroristes.
02:45 Les attaques contre l'armée et ses supplétifs se multiplient, les massacres de civils également.
02:50 Effectivement, dans cette spirale de violence, finalement, on voit que se produisent,
02:58 de manière inhumaine, il faut le dire, des tueries de civils.
03:03 Remontons là aussi un peu dans le temps pour remettre les choses dans le contexte.
03:07 On peut le voir sur une carte.
03:10 Vous vous en souvenez, cette révélation de nos confrères de Libération en mars dernier,
03:15 qui montrait dans une enquête des vidéos dans laquelle on pouvait voir des enfants,
03:21 ils étaient au nombre de sept, je crois, se faire tuer de manière tout à fait atroce.
03:28 Dans la région de Waïgouya, c'était à la mi-février, on était là, dans un camp militaire.
03:35 Et puis en mars, il y a eu également ce massacre qui a été signalé dans la commune de Rolo.
03:42 On est dans le centre nord du pays.
03:45 Et là aussi, il faut le dire, des témoins qui ont été interrogés ont dit que ce sont des hommes habillés
03:53 en tenue militaire de l'armée burkinabé.
03:56 Et puis il y a ce drame qu'on appelle le drame de Carman,
04:01 qui depuis le début de cette semaine met l'opinion nationale au Burkina Faso,
04:06 en est moi, mais aussi l'opinion internationale dans ce drame.
04:11 Officiellement, on parle de 60 civils tués dans ce village de Carman.
04:17 On voit qu'on est dans la même région, pas loin de Waïgouya.
04:21 Mais selon les associations de civils, les ONG qui sont sur le terrain,
04:27 le bilan dépasserait les 100 civils tués.
04:31 On parle même de 150 personnes tuées.
04:34 Et là aussi, les témoins qui ont participé, qui ont vécu ce drame, qui ont assisté à ce drame,
04:42 parlent d'hommes habillés en tenue militaire qui auraient commis ce massacre-là.
04:48 Nos confrères du Monde ont sorti une enquête hier dans laquelle ils ont pu interroger quelques-uns de ces rescapés.
04:57 L'un d'entre eux le dit de manière très claire, ce sont des hommes habillés en tenue militaire qui ont commis ce massacre.
05:04 Nous pouvons l'écouter si le son est disponible.
05:08 C'est un document du Monde, une enquête qui a été publiée hier, qui montre donc des images atroces,
05:16 je vous le disais tout à l'heure, de victimes massacrées dans un village,
05:22 des victimes sur lesquelles on a tiré à bout portant, et des témoins.
05:27 Et des témoins qui le disent aussi, qui l'affirment, avoir été contrôlés par les militaires et ensuite avoir assisté à cette tuerie.
05:37 Et on va justement écouter ce document.
05:40 Nous étions dans le village et nous avons vu les soldats arriver.
05:46 Nous étions contents car nous pensions qu'ils venaient en protecteur.
05:51 Ils nous ont demandé de venir, quand nous les avons rejoints, ils nous ont demandé d'aller chercher nos pièces d'identité.
05:58 Nous y sommes allés, puis ils nous ont dépouillés de tout, de notre argent, de nos pièces d'identité, et ils ont commencé à faire l'appel.
06:08 Nous devions récupérer notre pièce et nous asseoir dans un autre lieu.
06:12 C'est à ce moment-là que j'ai entendu des bruits d'armes à feu.
06:16 Ils étaient en train de tirer sur le reste du groupe.
06:21 Donc on a entendu ce témoin qui parle d'hommes habillés en tenue militaire qui ont tiré sur des civils.
06:29 Ses propos sont à peu près confirmés par un autre témoin, un habitant de Wai-I-Gouya,
06:35 la ville qui est située à 20 kilomètres à peu près de Carmin, qui dit à peu près, qui tient à peu près les mêmes propos.
06:41 Et là aussi, c'est un document, c'est le monde, nos confrères du monde qui l'ont interrogé et qui ont obtenu ce témoignage.
06:49 Si on peut l'écouter.
06:52 On a vu effectivement des motos, de nos soldats, avec des véhicules pick-up.
06:59 Ils étaient habillés en noir, en tenue militaire, noir.
07:04 Ils ont commencé une grande colonne.
07:07 Ils étaient plus d'une centaine, disons une centaine de véhicules de motos.
07:13 C'était les véhicules de l'armée. À ce niveau, il n'y a pas de doute.
07:17 Donc on l'a entendu. Clairement, les témoins du village de Carmin, dont une partie des populations ont été massacrées,
07:27 et des habitants de la ville voisine à Wai-I-Gouya, qui n'est pas loin, disent clairement que ce sont des hommes habillés en tenue militaire qui ont commis ce massacre.
07:38 Il faut le signaler, le gouvernement a sorti une communiqué, les autorités de la transition Burkina Faso ont sorti un communiqué hier jeudi,
07:46 dans lequel ils condamnaient fermement, je cite, "des actes ignobles et barbares".
07:52 La CEDAO, qui est la communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, communauté à laquelle appartient le Burkina Faso,
07:59 a également sorti un communiqué dans lequel la CEDAO dénonce donc des attaques lâches et barbares.
08:07 Et pour finir, il faut le dire, le procureur de la région de Wai-I-Gouya, où ont été commis ces drames, a fait une sortie en début de cette semaine
08:18 pour bien préciser qu'une enquête a été ouverte pour faire toute la lumière sur cette affaire,
08:24 et les autorités assurent qu'ils feront tout ce qui est dans leur pouvoir pour que lumière soit faite sur cette affaire.
08:30 Merci beaucoup Stéphane pour...

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