ÉDITO - Unité syndicale contre la réforme des retraites: "En coulisses, des divergences apparaissent sur la forme comme sur le fond"

  • l’année dernière
Plus de 2 millions de Français selon la CGT et près de 800.000 selon le ministère de l'Intérieur sont descendus dans les rues ce lundi pour le traditionnel défilé du 1er-Mai, associé cette année à une treizième journée de mobilisation contre la réforme des retraites.
Transcript
00:00 Dans ce contexte, l'intersyndical Mathieu Croissanteau se réunit tout à l'heure après une mobilisation bien réussie hier.
00:06 Mais on se demande si de premières fissures n'apparaissent pas au sein de l'intersyndical.
00:12 Oui, parce que cette réunion c'est un test pour l'intersyndical qui avait su montrer depuis le début de ce conflit,
00:16 vous vous souvenez, un visage uni, assez inédit.
00:19 Officiellement, alors aucun syndicat ne veut bien sûr la fin de l'unité.
00:22 Puis officiellement, aucun ne veut surtout prendre la responsabilité de briser cette unité syndicale.
00:27 Mais en coulisses, il y a des divergences qui apparaissent sur la forme comme sur le fond.
00:30 Sur la forme d'abord, avec une première question, chaque syndicat a-t-il retrouvé sa liberté de parole ou tout se décide-t-il encore tous ensemble ?
00:36 On en a eu un aperçu ces deux derniers jours, puisque à propos de la possibilité, vous savez, de se rendre à Matignon ou non à l'invitation d'Elisabeth Borne.
00:44 Laurent Berger de la CFDT, Cyril Chablanier, son homologue de la CFTC, ont déjà dit oui avant que l'intersyndical se réunisse.
00:50 Son de cloche différent pour la patronne de la CGT en revanche, Sophie Binet, on l'écoute, elle était hier notre invitée.
00:56 Nous allons le décider ensemble encore une fois.
00:58 Mais Laurent Berger l'a déjà décidé de son côté, il dit "moi je suis prêt à aller à Matignon".
01:01 Voilà, lui il décide sérieusement, moi je préfère qu'on le décide ensemble pour solidifier l'intersyndical.
01:06 Vous êtes prête à aller à Matignon ?
01:08 Eh bien on va en décider ensemble demain à l'intersyndical.
01:11 Ce qui est sûr, c'est que nous ne nous intégrerons pas dans l'agenda gouvernemental tel qu'il est aujourd'hui.
01:16 Vous voyez cette divergence de forme, mais qui traduit aussi une divergence de fond.
01:19 Bon, il n'y a pas que ça qui les oppose.
01:21 Non, la première question en fait c'est "est-ce que c'est la fin du mouvement ou pas ?"
01:24 Autrement dit, est-ce qu'il faut lancer une nouvelle journée de mobilisation ?
01:27 La CGT qui promet des mobilisations locales, des actions locales, souhaiterait maintenir la pression
01:32 au moins jusqu'à la discussion d'une proposition de loi déposée par un petit groupe à l'Assemblée,
01:36 l'IOT, qui propose de revenir sur la retraite à 64 ans.
01:40 Mais même si la mobilisation a été réussie hier, on n'a pas non plus assisté à un raz-de-marée, il faut le dire.
01:45 Et la CFDT considère que sur ce conflit contre la réforme des retraites,
01:49 on est plutôt sur la fin qu'au début et que les mobilisations, ça commence un petit peu à lasser.
01:54 Et donc il faut s'appuyer sur le succès des mobilisations qui ont été déjà organisées
01:58 pour faire pression sur d'autres sujets.
02:00 Ce qui nous amène à la deuxième question, aléammentiguement, pour parler de quoi ?
02:02 Là encore des divergences.
02:03 La CGT, pardon, sentient elle a son mandat de retrait de la réforme des retraites.
02:08 La CFDT, elle considère que cette partie est perdue, même si elle ne le dit pas encore comme ça,
02:12 et qu'il faut passer à autre chose.
02:14 Les deux centrales sont en tout cas d'accord sur une chose,
02:17 c'est ne pas se laisser imposer un agenda, un menu de discussion par la Première ministre.
02:21 La CGT refuse de jouer les pompiers de service, pour reprendre l'expression de Sophie Minet.
02:24 Quant à Laurent Berger, lui, il est bien décisé à poser sur la table
02:27 des sujets qui lui tiennent à cœur depuis longtemps,
02:29 comme revenir sur certaines dispositions des ordonnances travail, par exemple,
02:33 ou conditionner les aides publiques aux entreprises,
02:36 ce qui n'est pas forcément le cas aujourd'hui.
02:40 Tout ça fait les affaires d'Elisabeth Borne ?
02:42 Oui, car on passe à autre chose, donc c'est ce qu'elle attendait depuis longtemps.
02:45 Et puis aussi, parce que le format qu'elle va choisir,
02:47 peut-être des discussions bilatérales, c'est-à-dire entre elle et chaque leader syndical,
02:51 plutôt qu'une grande messe, ça peut l'arranger.
02:54 Mais ça ne va pas l'arranger forcément tout de suite,
02:57 parce que d'abord, ça va lui coûter cher, a annoncé Laurent Berger,
02:59 et puis surtout parce qu'une fois négocié, il faudra peut-être faire adopter un texte au Parlement,
03:02 et là, il faudra une majorité.
03:03 Et Gérald Darmanin, donc, à 8h30, bien 8h30 pile,
03:07 dans le Face à Face présenté ce matin par Benjamin Duhamel.

Recommandée