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Ce mardi marque la reprise des cours après les vacances de printemps. Dans les lycées, les enseignants craignent des classes clairsemées en Terminale parce que les élèves connaissent déjà 75 % de leur note finale au bac.

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00:00 Le 6/9, France Bleu Normandie.
00:02 Bienvenue sur Média Enjoigné, les 8h15, l'heure de notre invité Didier Charpin.
00:07 Les vacances scolaires sont terminées, on évoque le contexte de cette rentrée ce matin sur France Bleu.
00:12 Et en direct avec nous Raphaël Mounier, chargé des lycées dans le Calvados pour le SNES.
00:16 Bonjour !
00:17 Bonjour !
00:18 Ce mardi marque en effet la reprise des cours après les vacances de printemps.
00:22 Ce qui est particulier pour les élèves de Terminal, c'est qu'ils ont déjà passé les épreuves de spécialité pour le bac dès le mois de mars.
00:29 Il leur reste la philo et le grand oral. Ce dernier trimestre, est-ce qu'il a un peu de dénué de sens ?
00:36 C'est exactement ce qu'on pense, même si on manque encore un peu de recul.
00:41 C'est la première année où la réforme voulue par Blanquer passe finalement avec le calendrier d'origine.
00:51 Et évidemment on est un petit peu inquiet sur l'absentéisme des élèves avec la désorganisation déjà des cours depuis le mois de mars.
00:58 Qu'est-ce qui vous rend inquiet ? Le fait qu'ils aient passé les épreuves, plus aucune envie de venir au lycée ?
01:03 Alors, le fait qu'ils aient passé les épreuves, le fait que les cours aient déjà été désorganisés par le passage des épreuves et la correction,
01:09 parce que les professeurs doivent corriger ce bac dès le mois de mars.
01:12 Donc déjà beaucoup de cours ont été supprimés de facto.
01:16 Donc ça, ça démobilise les élèves, et pas seulement en Terminal, d'ailleurs en secondaire et en première aussi.
01:20 Pourquoi en secondaire et en première ?
01:22 Parce qu'ils n'ont pas tous leurs professeurs, ils n'ont pas leur emploi du temps habituel et ça dure trois semaines.
01:27 Et le retour à un emploi du temps normal est parfois compliqué.
01:32 Est-ce que ça touche tous les élèves, tous les profils de la même façon ?
01:36 Non, évidemment. C'est-à-dire que pour les élèves qui donnent déjà du sens à leur apprentissage, à leurs études,
01:42 et qui sont déjà très motivés, ça ne va pas changer grand-chose.
01:45 Ceux-là, on va les garder avec la motivation intacte.
01:48 La difficulté, comme toujours, elle va se reporter sur les élèves en plus grande difficulté ou fragiles,
01:54 qui sont peut-être moins accompagnés à la maison ou ont plus de problèmes.
01:58 Et là, on a déjà de l'absentéisme et on sait qu'on va en avoir davantage.
02:04 Qu'est-ce que vous demandez pour corriger ça ? Une révision du calendrier ?
02:08 Pour nous, le calendrier, pour le SNES, depuis l'origine, et comme pour d'autres syndicats d'ailleurs,
02:13 c'est passer des épreuves de bac au mois de mars, ça n'a aucun sens.
02:16 Parce qu'on perd un trimestre d'apprentissage.
02:18 Et un trimestre d'apprentissage en terminale à 17-18 ans, quand on va rentrer dans le supérieur, c'est vraiment fondamental.
02:24 Est-ce qu'il faudrait tout regrouper fin juin, début juillet ?
02:27 Alors, fin juin, début juillet, on n'a jamais réussi à le faire.
02:31 Même si Blanquer avait parlé de reconquérir au mois de juin,
02:34 là on est en train de perdre au mois de mai, au mois d'avril, le mois de mars.
02:37 Donc c'est un peu embêtant. Mais au moins au mois de mai,
02:40 comme l'année dernière avec l'aménagement qui avait été fait,
02:43 là ça a recommencé à avoir un petit peu de sens.
02:46 Mais mars, c'est trop tôt.
02:47 - Autre sujet pour la syndicaliste que vous êtes, responsable du SNES,
02:53 la revalorisation des salaires des enseignants.
02:55 Alors Emmanuel Macron avait annoncé il y a quelques mois un objectif,
02:58 10% d'augmentation il y a 10 jours, lors d'un déplacement.
03:02 Il a précisé que des augmentations auront bien lieu,
03:06 entre 100 et 230 euros nets à la rentrée prochaine.
03:10 Est-ce suffisant ? La parole a-t-elle été tenue ?
03:13 - Alors, la parole n'a pas été tenue.
03:15 On est dans une opération propagande par rapport à cette revalorisation,
03:19 qui n'en est pas forcément une, parce qu'il y a deux volets.
03:22 Il y a le volet commun à tous les enseignants,
03:25 qui est en deçà des 10% annoncés,
03:27 puisque les syndicats ont compté qu'en moyenne,
03:30 on serait plutôt autour de l'ordre de 5%.
03:33 En sachant que les débuts de carrière sont favorisés
03:36 au détriment des fins de carrière.
03:38 - C'est la formule auquel un enseignant titulaire
03:40 perçoit moins de 2000 euros par mois, c'est ça ?
03:42 - Et en fait, pour les enseignants qui ont le plus d'ancienneté,
03:46 la revalorisation c'est vraiment quasiment rien du tout.
03:49 C'est quelques dizaines d'euros par mois en plus.
03:51 - Le chef de l'État a "proposé" un petit marché
03:54 sous la formule "travailler plus pour gagner plus".
03:57 - Alors ça, ça ne s'appelle pas une revalorisation.
03:59 Ça s'appelle du travail supplémentaire.
04:01 - C'est refusé, l'idée ?
04:03 - C'est très contesté, parce que nous, ce qu'on demande,
04:06 c'est une revalorisation, parce qu'on travaille déjà beaucoup.
04:09 42 à 43 heures par semaine, ça a été démontré
04:12 par un certain nombre d'études.
04:14 Y compris, alors pas pendant les vacances,
04:16 on n'est pas sur ce rythme-là, mais pendant les vacances,
04:18 on prépare des cours, parce que ça se prépare, les cours,
04:20 contrairement à ce que pensent certaines personnes.
04:22 Les corrections, ça se fait aussi.
04:24 - Et donc aller remplacer des professeurs absents au Pied-Levé ?
04:28 - Faire davantage de choses, déjà, c'est compliqué,
04:31 puisqu'en plus, on a déjà deux heures de plus
04:33 dans notre service depuis deux ans,
04:35 qui peuvent nous être imposées.
04:37 Et surtout, remplacer au Pied-Levé, ça n'a aucun sens pédagogique.
04:40 On ne peut pas arriver comme ça dans une classe.
04:44 On peut faire de la garderie, éventuellement une sorte de garderie,
04:46 d'animation, mais c'est pas du travail d'enseignant, ça.
04:51 - Et donc, pour vous, la solution, elle était pas là.
04:53 Merci Raphaël Le Mounier, chargé des lycées dans le Calvados,
04:56 pour le SNES-FSU. Bonne rentrée scolaire.
04:59 - Merci beaucoup. - Également. Et bonne journée.
05:01 - Et bonne rentrée. On salue bien sûr le corps enseignant en armes.

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