Hôpital de Grenoble : "On a un plan pour rouvrir 120 lits en septembre prochain" assure la directrice du CHU

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Hôpital de Grenoble : "On a un plan pour rouvrir 120 lits en septembre prochain" assure la directrice du CHU

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00:00 - On continue avec l'invité du 6/9 ce matin. Théo, vous recevez la directrice du CHU de Grenoble.
00:05 - Oui, Monique Sorrentino, bonjour. - Bonjour.
00:08 - Merci d'être avec nous ce matin en studio, dans ce moment tendu pour le pétit hall public.
00:13 On l'a entendu dans nos journaux avec des témoignages d'infirmières notamment.
00:17 J'aimerais vous faire entendre votre chef des urgences, Marc Blanchet, qui était à ce micro il y a 15 jours,
00:23 juste après la mort d'un homme de 91 ans qui a patienté durant trois jours aux urgences.
00:28 Ecoutez ce que nous a dit Marc Blanchet.
00:31 - Il faut désengorger ces urgences. Le président l'a dit que ce serait un objectif pour 2024.
00:36 Pour le CHU de Grenoble, c'est une priorité d'avril 2023.
00:40 C'est-à-dire que si ça ne les partait en avril 2023, vous allez avoir une équipe qui va tomber.
00:45 - Alors ça, c'était le témoignage de Marc Blanchet, le chef du service des urgences de l'hôpital de Grenoble il y a 15 jours.
00:50 Depuis, Monique Sorrentino, est-ce que l'équipe a été renforcée ?
00:54 - Alors en fait, depuis, l'équipe n'a pas été renforcée.
00:57 En revanche, nous avons réorganisé de façon assez structurelle la filière de prise en charge des patients
01:03 relevant d'une hospitalisation en psychiatrie.
01:06 Et donc effectivement, l'ensemble des établissements qui accueillent des patients de psychiatrie,
01:10 l'hôpital Saint-Egreve, la clinique du Crézivaudan, la clinique du Dauphiné,
01:14 et bien sûr le CHU, se sont ensemble réorganisés avec le pilotage de l'ARS
01:19 pour réorganiser vraiment la filière psychiatrique et demander à tous un peu plus d'efforts
01:25 pour que les patients puissent trouver une solution à leur hospitalisation.
01:27 Et donc en effet, depuis la mise en place de cette réorganisation,
01:31 les flux ont un peu diminué au niveau du service des urgences.
01:37 Il y a vraiment un signal qui a été donné aux équipes des urgences
01:40 qui donc vont sans doute pouvoir continuer à travailler.
01:45 Donc c'est une action importante qui s'est mise en place.
01:48 Et on va poursuivre parce que l'équipe reste encore fragile bien évidemment.
01:52 - L'équipe reste fragile et il y a des difficultés, Marc Blanchet le pointait,
01:55 à trouver des intérimaires notamment. Le gouvernement a serré la vis là-dessus, c'est compliqué pour vous ?
02:00 - Globalement le système de santé dans son ensemble est tendu, pas que l'hôpital public.
02:03 Donc effectivement l'accès à des ressources humaines médicales et paramédicales
02:07 est beaucoup plus difficile qu'avant le Covid.
02:09 Donc les équipes sont en difficulté à droite et à gauche.
02:12 Et effectivement les intérimaires ont vu leur mode de rémunération équilibré
02:17 puisqu'avant il y avait des surenchères permanentes sur les intérimaires
02:20 et c'était quelque chose de malsain pour l'ensemble du système de santé.
02:24 Donc depuis les choses ont été remises selon une réglementation
02:28 et c'est un bien pour le système de santé.
02:30 En revanche ponctuellement il faut qu'on réorganise les choses.
02:33 Mais nous disposons de plusieurs outils juridiques pour pouvoir recruter des médecins intérimaires
02:38 ou sur des contrats à durée déterminée ou avec des tout petits temps de travail
02:42 pour venir aider les équipes d'urgence avec des modes de rémunération
02:45 qui sont beaucoup plus intéressants que ce qu'on avait dans les hôpitaux publics
02:50 jusqu'à présent à part les intérimaires.
02:53 C'est-à-dire quelle piste de réflexion vous avez pour calmer la crise
02:56 qu'on a entendu dans nos journaux ce matin ?
02:58 Il y a beaucoup de choses qui sont mises en avant, en amont,
03:01 des urgences avec toute la médecine libérale qui s'engage pour éviter des passages aux urgences.
03:05 À l'intérieur du service des urgences on essaye de recruter et d'être attractif
03:10 pour proposer des postes et des carrières intéressantes
03:13 et surtout des conditions de travail pour des équipes qui sont correctes.
03:17 C'est compliqué, visiblement ce n'est pas le cas.
03:19 Quand on arrive à libérer et accélérer les sorties de patients depuis les urgences,
03:23 ça c'est des bonnes conditions de travail.
03:25 Donc on y travaille et puis après tout le travail sur l'aval de l'hospitalisation.
03:29 Et donc on pense que si on a de meilleures conditions de travail à l'intérieur de l'hôpital,
03:33 ça vaut pour le service des urgences mais ça vaut pour l'ensemble du fonctionnement de l'hôpital.
03:37 On arrivera à refaire venir des personnels, à les garder, à les fidéliser
03:41 parce que l'hôpital reste attractif.
03:43 Améliorer les conditions de travail, ça passe aussi par des ouvertures éventuelles de lits.
03:47 Là la CGT par exemple dénonce la fermeture de 50 lits depuis la fin 2022.
03:52 Est-ce que d'abord ces chiffres sont valables et est-ce qu'il y a des ouvertures de lits prévues ?
03:57 Alors les chiffres, avant le Covid on avait un certain nombre de lits
04:02 et là après le Covid on a à peu près 200 lits de fermés sur l'année.
04:06 Donc c'est important. Avant le Covid on enfermait à peu près 80 à 100 par an.
04:11 Donc là on enferme deux fois plus et ça se fait sentir sur nos organisations.
04:15 Ensuite sur la réouverture de lits, c'est une priorité absolue et totale de l'établissement.
04:20 Donc on fait appel à des personnes qui veulent bien travailler plus.
04:24 On fait appel aussi à des intérimaires. On essaye de recruter en permanence.
04:27 Vous avez vu la campagne de communication que nous avons faite à partir de la semaine dernière dans la ville.
04:32 Et cet été, quand on a les nouvelles élèves infirmières qui sortent des écoles, on va pouvoir réouvrir des lits.
04:39 Donc on a un plan très précis de réouverture de lits, mais qui n'interviendront qu'en septembre.
04:44 On ne pourra pas les ouvrir avant de 120 lits et c'est déjà un nombre très important.
04:50 Donc c'est une priorité absolue de réouvrir des lits au sein du CHU
04:53 mais dans tous les autres établissements du territoire qui sont aussi confrontés à des fermetures de lits.
04:58 Notamment l'hôpital couple enfant, vous l'entendez dans les journaux, une situation très compliquée aux urgences pédiatriques
05:04 notamment avec la quasi-totalité des infirmières qui sont mises en arrêt de travail.
05:08 Ce n'est pas au sein du service d'urgence pédiatrique, c'est au sein du bloc pédiatrique
05:13 où on a une équipe qui a craqué. Elle est en sous-effectif depuis après le Covid.
05:19 On n'est pas arrivés à retrouver le niveau d'activité que nous avions avant.
05:23 Donc on a des besoins de santé à couvrir.
05:25 Le CHU sur la pédiatrie est un secteur où à peu près seul le CHU peut opérer des enfants
05:30 sur des cas compliqués ou des enfants qui sont très jeunes, etc.
05:33 Et donc là on n'a pas pu réouvrir toutes nos salles de bloc opératoire
05:37 et c'est vrai qu'on a fait peser aux équipes probablement des charges de travail trop importantes,
05:41 notamment la nuit. Et donc là c'est des équipes qui ont craqué.
05:44 Et voilà, on va reconstruire progressivement ce service pour continuer d'offrir des soins à la population
05:50 en sachant que bien évidemment toutes les urgences pédiatriques restent assurées
05:54 mais on a été contraints de reporter un certain nombre d'interventions
05:57 le temps qu'on arrive à se réorganiser en interne pour absolument et prioritairement
06:02 refaire fonctionner le bloc pédiatrique.
06:04 - Vous, rapidement, vous êtes directrice de l'hôpital de Grenoble depuis 5 ans.
06:08 Vous avez connu beaucoup de crises, le Covid notamment.
06:10 Est-ce que là c'est la crise la plus grave que vous ayez connue ?
06:13 - Alors c'est difficile d'avoir des indicateurs pour mesurer le niveau de crise.
06:16 Mais en effet, avant le Covid, les établissements étaient déjà en crise.
06:19 Donc moi, quand je suis arrivée à Grenoble, le CHU sortait déjà d'une crise
06:23 où beaucoup d'éléments qui se réexpriment aujourd'hui dans toute la France étaient déjà présents.
06:28 Le Covid a surenchéri cette difficulté aussi.
06:33 Et effectivement, là, la crise illustre le fait que le système de santé doit être refondé.
06:39 Donc il a besoin de réformes structurelles et probablement qu'il faut qu'ensemble
06:44 nous réinventions notre système de santé et en tout état de...
06:48 - Merci. Pardon.
06:50 - Non, non, mais par contre...
06:51 - On arrive à la fin de l'interview. Merci. En tout cas, on a bien compris le message.
06:55 Merci d'avoir été avec nous ce matin, Monique Sorrentino, directrice du CHU de Grenoble.
06:59 Belle journée à vous.
07:00 - Merci.
07:01 Et vous pouvez déjà réécouter cette interview sur francebleu.fr

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