Podcast - Les Voix du Crime avec Nicolas Sarkozy

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Human Bomb : 30 ans après, Nicolas Sarkozy raconte la prise d'otages de la maternelle de Neuilly du 13 mai 1993

Le 13 mai 1993, un homme qui se fait appeler "Human Bomb" prend en otage 21 enfants et leur institutrice dans une classe maternelle de Neuilly-sur-Seine. 30 ans après les faits, Nicolas Sarkozy revient en exclusivité pour RTL sur cette affaire qui a tenu en haleine la France entière pendant 46 heures. Celui qui était alors maire de Neuilly et ministre du Budget se confie comme jamais sur cet événement qui l'a profondément marqué.
Transcript
00:00 Ça dure assez longtemps, peut-être un quart d'heure, peut-être 20 minutes, je ne sais plus.
00:09 Et il ne me répond pas du tout. Il ne dit rien.
00:14 Moi j'essaie de lui dire que c'est une folie, qu'il faut laisser les enfants, etc.
00:19 Et puis au bout d'un certain temps, moi j'en ai assez qu'il ne réponde pas.
00:26 Et donc je lui dis "Maintenant je vais prendre des enfants, ils vont sortir avec moi".
00:34 Il me fait non. Je dis "Si, si, je vais prendre un enfant, il va sortir avec moi".
00:38 Enfin il y a un moment un peu tendu.
00:40 Et là il me tend une lettre. Je dis "Moi je ne prends pas de lettre".
00:47 Et il me dit "Prenez la lettre".
00:50 Je dis "Je ne prends pas la lettre, je prends la lettre que si je prends un enfant".
00:54 Et c'est comme ça. J'ai pris la lettre et un enfant.
00:57 Pour te dire la vérité, j'ai pris l'enfant qui était le plus proche.
01:01 Franchement je n'avais pas envie d'aller faire une promenade.
01:04 Et on est sortis avec l'enfant et la lettre.
01:08 C'était la première fois.
01:11 Après il y en a eu d'autres, mais la première fois c'est passé comme ça.
01:14 J'avais peur de mal faire. Je ne savais pas trop quoi dire.
01:20 Et puis à l'époque j'étais jeune et j'avais du tempérament.
01:24 Donc je me suis assez rapidement énervé contre ce monsieur HB qui commençait à m'agacer sérieusement.
01:31 Et donc c'est monté dans les tours.
01:33 Je crois d'ailleurs qu'il y a des enregistrements de la police qui existent.
01:37 Et qui peuvent témoigner de la violence de nos échanges.
01:40 Par moments c'était assez violent, assez dur.
01:46 Simplement de sa part, parce que le premier point il n'a pas parlé, mais son silence était très violent.
01:51 Je me souviens juste d'une chose, c'est que quand je suis sorti j'ai pris l'enfant dans mes bras.
01:58 Je le portais et je l'ai ramené à ses parents qui étaient à 200 mètres de là.
02:05 Je ne sais pas qui c'était les parents, mais quand je suis sorti avec l'enfant,
02:09 il y avait toutes les familles et il y a une famille qui a crié et qui est venue vers moi.
02:13 J'ai donc considéré que c'était les parents.
02:16 Et puis je sentais que j'étais un peu fatigué.
02:20 J'ai enlevé ma veste pour m'asseoir et j'ai vu que ma veste était trempée.
02:25 Donc ce n'était pas ma chemise qui était trempée, c'était ma veste.
02:29 Donc j'imagine que j'avais dû avoir peur.
02:33 Parce que c'est assez rare si vous voulez quand vous êtes en sueur,
02:38 je ne vais pas vous donner tous les détails, mais la chemise est mouillée,
02:41 mais le dos était complètement trempé.
02:45 J'étais halluciné d'ailleurs de voir ça.
02:47 Je file au ministère de l'Intérieur, de Neuilly, je descends les Champs-Élysées,
02:52 je m'en souviens très bien, à contresens.
02:54 Sirennes hurlantes.
02:57 Et le Premier ministre et le ministre de l'Intérieur, Édouard Balladur et Charles Pasquois,
03:01 m'attendent dans le bureau de Charles Pasquois.
03:04 Autant j'avais eu le Premier ministre, qui m'avait appelé,
03:07 entre deux, très gentiment, le Premier ministre me dit
03:13 "on me dit que vous êtes rentré dans la classe".
03:15 Je dis "oui, c'est la police qui m'a demandé".
03:18 "Eh bien écoutez Nicolas, parce qu'on était très proche, je vous interdis de recommencer".
03:24 Je dis "vous ne m'interdisez rien du tout, parce que c'est impossible,
03:28 je ne peux pas dire aux parents restants, avec les enfants, j'arrête, c'est impossible.
03:37 Donc je vais continuer".
03:39 "Non, si vous arrive quelque chose".
03:41 "Je ne sais pas, mais on ne peut pas, soit je rentrais, soit je ne rentrais pas,
03:46 mais une fois que le processus est lancé, tout le monde aurait fait exactement la même chose,
03:51 c'est impossible de dire j'arrive pas".
03:54 Donc ça a été une petite tension affectueuse entre lui et moi,
03:58 mais j'ai désobéi clairement, et de toute manière,
04:02 moi j'avais rédigé ma lettre de démission du gouvernement,
04:06 parce que je pensais qu'on ne les sortirait pas tous, qu'on n'y arriverait pas,
04:11 qu'à la fin, on avait beaucoup plus de chance qu'il y ait un drame, qu'on réussisse.
04:20 [Musique]

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