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00:00 - Dans l'actualité également, il y avait ce rassemblement hier matin devant la préfecture d'André Loire, organisé par des membres du collectif "Pas d'enfants à la rue"
00:07 venu interpeller les pouvoirs publics sur le manque de place en hébergement d'urgence.
00:12 - Et on est ce matin avec un membre de ce collectif, Marie Manardo, bonjour.
00:16 Vous êtes enseignante, vous, à l'école Michelet, deux fois que votre collectif héberge des familles au sein de cette école.
00:24 La dernière fois, c'était dans la nuit de mardi à mercredi. Comment on en est arrivé là ?
00:29 - Eh bien, il y a un manque de place d'hébergement d'urgence qui est criant sur l'agglomération
00:36 et on se retrouve avec de nombreux enfants sans solution très régulièrement.
00:41 - Et il s'est passé quoi, je demande, mardi à mercredi ? Vous vous avez appelé le 115 ?
00:45 - Alors, comme à chaque fois que la situation se présente, on appelle le 115 pour vérifier qu'une place s'est peut-être libérée ou serait disponible.
00:56 Généralement, le 115 nous demande en fin de matinée ou en début d'après-midi de rappeler à partir de 18h.
01:03 Donc à partir de ce moment-là, c'est très encombré et on a un petit peu de mal à les joindre.
01:10 Mardi, par exemple, j'ai réitéré 82 appels.
01:14 - 82 appels ? En combien de temps ?
01:17 - En 40 minutes.
01:18 - 40 minutes.
01:19 - Oui.
01:20 - Le fait d'héberger aujourd'hui ces familles, je ne sais pas combien il y en a d'ailleurs de familles qui sont en détresse aujourd'hui et qui ne trouvent pas...
01:27 Peut-être que vous avez la réponse ?
01:28 - Alors, c'est difficile de savoir parce que d'abord, elles ne se manifestent pas toutes auprès des enseignants.
01:36 En tout cas, mardi soir, il y avait quatre familles sur l'école Michelet et l'école d'Hydro.
01:42 - Mais le fait que ce soit vous qui repreniez la main, vous, parents d'élèves ou enseignants, c'est quand même un symbole fort.
01:48 Ça montre peut-être l'incapacité aujourd'hui d'accueillir des familles dans le besoin ?
01:53 - Alors oui, il y a un manque de budget, il y a un manque de place et il y a une sélection qui s'opère selon des critères qui me sont un petit peu obscurs.
02:07 Je ne sais pas trop.
02:08 Alors, écoutez, mardi soir, en tout cas, il y avait une maman enceinte et puis la semaine précédente, pendant les vacances,
02:18 on a accueilli une famille avec six enfants, dont un nourrisson de trois mois.
02:23 Bon, donc je ne sais pas.
02:25 Les critères sont spéciaux, on va dire.
02:30 - Vous demandez, vous avez demandé d'ailleurs hier, vous étiez rassemblée devant la préfecture, on l'a dit, vous demandez à l'État plus de moyens.
02:37 Sa réponse, c'est on en a et on en a redemandé.
02:41 Ça ne suffit plus ?
02:43 - Eh bien oui, mais ce n'est pas suffisant comme réponse.
02:46 Alors ça, c'est la réponse de l'État et on attend, on espère, une réponse du Conseil départemental qui a pour mission la protection des mineurs.
02:56 - Mais l'État est défaillante pour vous ?
02:58 - Complètement.
02:59 Complètement, à tous les niveaux, puisqu'on ne peut pas accepter qu'un enfant dorme dehors.
03:06 Ce n'est pas possible.
03:07 - Vous avez également interpellé le département d'Indre-et-Loire.
03:10 En quoi il peut faire quelque chose ce département ?
03:13 Lui, il a pour mission finalement de protéger...
03:17 - Les mineurs.
03:18 - Les mineurs.
03:19 - Voilà. Donc de ne pas laisser des mineurs dormir à la rue avec leur famille.
03:23 - Ça fait des années que vous voyez aussi ces mineurs.
03:26 Ce sont vos élèves par exemple que vous faites dormir justement à deux reprises dans les collèges ?
03:32 - De plus en plus.
03:33 Ces dernières années, il y avait très peu de situations et là je trouve que ça s'intensifie.
03:40 Moi j'ai été confrontée à deux situations en quelques mois.
03:44 Entre décembre et février, j'ai eu deux situations compliquées.
03:48 Des familles qui appelaient régulièrement le 115 et pour lesquelles aucune place n'était débloquée.
03:54 - Et ça, vous avez dit à plusieurs reprises, comment vous avez perçu ça finalement, cette difficulté ?
04:00 Ils vous le disaient ces élèves ?
04:02 - Alors oui, on finit par le savoir.
04:07 La première famille, ce n'était pas évident.
04:11 C'est lors d'un entretien au sujet des résultats et de l'investissement en classe
04:18 que le papa m'a confié que c'était compliqué puisqu'il dormait dans une voiture.
04:25 Et puis pour le deuxième petit, ça s'est passé à peu près de la même manière.
04:30 C'est lors d'un échange informel que j'ai su qu'il dormait dans des squats.
04:35 - Pour que ça ne se reproduise plus Marie Manardo, c'est quoi la suite du fond du collectif ?
04:41 - Nous on continue à se mobiliser, on continue à échanger avec les différents acteurs.
04:48 On prévoit des mobilisations de plus en plus fortes.
04:51 On prévoit de continuer à accueillir au sein des écoles, durant la nuit,
04:56 les familles qui ne seraient pas hébergées par le 115.
04:59 - Merci beaucoup Marie Manardo d'être intervenue ce matin sur France Beaux-Touraines.
05:03 Je rappelle que vous êtes enseignante et surtout membre de ce collectif Pas d'enfants à la rue.
05:08 Merci à vous.